La Deuxième Commission échange sur les commissions régionales, mines d’informations pour analyser les inégalités de la relance post-COVID
« Inégalités mondiales croissantes: transformer les promesses en actes ». Tel a été le thème, ambitieux, de la séance d’information de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) consacrée aux bilans des commissions régionales de l’ONU, qui s’est tenue en visioconférence.
Ces commissions ont permis d’accumuler une mine de connaissances sur les conséquences sociales, environnementales et économiques néfastes des inégalités au cours de la dernière décennie. La Directrice du Bureau de New York des commissions régionales, Mme Rosa Malango, a jeté la lumière sur ce « vaste ensemble de connaissances », en appelant à l’exploiter pour mieux cerner l’impact des inégalités sur une relance bien moins équitable, inclusive, durable et solidaire que les délégations le souhaiteraient.
La Présidente de la Deuxième Commission, Mme Vanessa Frazier, a souligné l’importance des dimensions régionales et sous-régionales du développement durable, soulignant que les actions à ce niveau permettent notamment de traiter des problèmes transfrontaliers et de préparer le terrain pour une action concertée au niveau mondial.
« Nous vivons dans un monde où la richesse et le pouvoir se sont concentrés de manière disproportionnée entre les mains de quelques-uns », a relevé Mme Rosa Malango, avant de laisser les cinq secrétaires exécutives des différentes Commissions régionales partager les dernières données de leurs régions respectives, ainsi que leurs témoignages sur la façon dont la pandémie a exacerbé les inégalités, que ce soit par l’accès inégal aux vaccins, les pertes d’emploi, les mesures d’austérité et d’autres formes de discrimination.
Mme Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, (CEPALC), a parlé d’« asymétrie mondiale », dans le sens où les plans de relance se concentrent dans les pays développés, et où la fracture numérique entre pays augmente. « L’asymétrie ne s’arrête pas là: dans la région de la CEPALC, aucune initiative de relance n’est comparable avec ce qu’il se fait en Europe ou aux États-Unis. » En matière de couverture vaccinale, l’asymétrie est également criante, a-t-elle souligné.
Pour Mme Vera Lum Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la crise a également conduit à l’inflation de produits alimentaires, ce qui renforce encore les inégalités sociales sur le continent africain. Chez les pays membres de la Communauté économique pour l’Europe (CEE), le recul enregistré à cause de la croissance perdue au cours de la pandémie empêche de réduire plus rapidement l’écart entre les pays riches et ceux moins avancés, a fait valoir la Secrétaire exécutive, Mme Olga Algayerova.
Du côté des pays, le Mexique s’est dit favorable à un renforcement de la coopération entre les organisations régionales, les Nations Unies et le G20; la Thaïlande a confirmé combien était importante la coopération et la coordination entre la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), la Deuxième Commission et les autres commissions régionales.
Celle qui coordonne d’ailleurs ces commissions, Mme Rola Dashti, Secrétaire exécutive de la CESAO, a détaillé les informations et outils fournis par cette commission aux pays qui en sont membres, pour leur permettre de s’attaquer aux défis immédiats comme aux problèmes à long terme. La CESAO a notamment développé une base de données des mesures adoptées par 191 pays, qui a été utilisée par les décideurs de la région arabe afin de formuler leurs propres plans de soutien. La Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme Armida Salshiah Alisjahbana, a quant à elle présenté les six domaines prioritaires de sa stratégie, le premier étant la santé publique.
L’après-midi a été consacré à la question de la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles.
Les conséquences catastrophiques de la pandémie sur les territoires occupés ont été décrites avec force détails. Toutes les délégations ont appelé Israël à respecter le droit international, à cesser les démolitions de maisons et de structures, et à laisser les Palestiniens disposer de leurs ressources naturelles. M. Tarik Alami, Directeur de la Division des questions émergentes et liées aux conflits de la CESAO, a dénoncé une énorme inégalité d’accès aux vaccins entre Palestiniens et Israéliens, sachant qu’Israël se classe au premier rang mondial pour le nombre de vaccinés par habitant.
L’Observateur de l’État de Palestine a fait observer que les conséquences de l’occupation israélienne pèsent de plus en plus lourd sur les épaules des Palestiniens. Il a attiré l’attention sur la situation cruelle dans les territoires occupés par des chiffres chocs: 2 millions d’habitants, soit plus de la moitié de la population, vivent en-deçà du seuil de pauvreté, dans un contexte d’insécurité alimentaire généralisée et de situation sanitaire grave. La Palestine a accusé Israël de se livrer à des « opérations systématiques » d’expansion des colonies de peuplement. L’Iran a qualifié la situation subie par les Palestiniens de « châtiment collectif », un terme repris par la Palestine qui a aussi accusé l’occupant de « crimes d’apartheid », comme l’a également fait le Groupe des États arabes.
La République arabe syrienne a, pour sa part, dénoncé le stockage d’eau par Israël dans le Golan syrien occupé pour l’usage agricole exclusif des colons israéliens, et les pressions exercées sur les Palestiniens pour qu’ils cèdent leurs droits fonciers. Il a aussi accusé la Puissance occupante d’essayer d’imposer une nouvelle idéologie éducative afin de mieux assimiler les jeunes apprenants.
Après un évènement parallèle qui se tiendra demain, la Deuxième Commission se réunira de nouveau, mercredi 20 octobre, à 10 heures, pour sa traditionnelle séance commune avec le Conseil économique et social (ECOSOC).
DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS RÉGIONALES
Inégalités mondiales croissantes: transformer les promesses en actes
Exposés
Mme VANESSA FRAZIER, Présidente de la Deuxième Commission, a rappelé comment, au cours des dernières semaines, la Deuxième Commission avait constaté que les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 continuaient d’entraver les progrès du développement durable dans le monde, ralentissant ou annulant des années de croissance économique et de progrès social durement acquis. De nombreux pays en développement sont pris au piège d’un cercle vicieux dans lequel les problèmes de liquidité, la réduction de la marge de manœuvre budgétaire et le coût de la dette entravent les investissements dans les mesures de relance urgentes, a déploré Mme Frazier.
Dans ce contexte, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 souligne l’importance des dimensions régionales et sous-régionales du développement durable, a-t-elle pointé, l’échelon régional étant essentiel pour traiter les problèmes transfrontaliers et préparer le terrain pour une action concertée au niveau mondial. Pour la Présidente de la Deuxième Commission, c’est à ce niveau régional que la reconnexion des économies, l’inversion de la désorganisation des liens commerciaux et de transport, l’exploitation du potentiel des technologies numériques et le traitement des risques transfrontaliers offrent des avantages plus immédiats.
Félicitant les secrétaires exécutifs d’avoir choisi « le thème très actuel de l’inégalité », compte tenu de son impact sur les efforts déployés pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), elle s’est dite impatiente de découvrir les possibilités et les innovations offertes par les commissions pour relever ce défi.
Pour Mme ROSA MALANGO, Directrice du Bureau de New York des commissions régionales, « nous vivons dans un monde où la richesse et le pouvoir se sont concentrés de manière disproportionnée entre les mains de quelques-uns ». La Directrice a aussi relevé que les niveaux élevés d’inégalités, combinés à des décennies de sous-investissement dans les services publics, les soins de santé et la protection sociale, ont amplifié les impacts socioéconomiques de la pandémie dans de nombreux pays, touchant de manière disproportionnée les travailleurs, les femmes et les filles, les minorités raciales et ethniques, les personnes âgées, les jeunes et les peuples autochtones. Bien que des mesures de relance budgétaire massives aient été mobilisées au niveau mondial, elles sont essentiellement concentrées dans les pays à revenu élevé, a-t-elle ajouté.
Au cours de la dernière décennie, les commissions régionales ont permis d’accumuler une « mine de connaissances sur les conséquences sociales, environnementales et économiques néfastes des inégalités », a-t-elle expliqué. Les commissions ont préconisé « des outils et des solutions » pour promouvoir une plus grande égalité par le biais de la protection sociale, de la santé, de l’éducation, du travail et des politiques fiscales.
Grâce à leurs plateformes, a-t-elle poursuivi, ces commissions ont catalysé l’action et établi des partenariats, avec leurs États membres, au sein de la famille des Nations Unies, mais aussi avec d’autres organisations régionales et sous-régionales et des acteurs clefs. Mme Malango a considéré essentiel de tirer parti de ce « vaste ensemble de connaissances et d’expertise » pour réexaminer les asymétries mondiales dominantes et leur impact sur une reprise équitable, inclusive et durable après la pandémie.
Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a attiré l’attention sur la hausse des inégalités dans la région en raison de la pandémie et des changements climatiques. En avril 2021, les États membres de la CESAP ont adopté la résolution 77/1 pour reconstruire en mieux par la coopération régionale, qui repose sur deux piliers: la santé et mieux se relever ensemble.
Mme Alisjahbana a ensuite présenté les six domaines prioritaires de cette stratégie. Premier domaine prioritaire: la santé publique qui vise notamment à surmonter les inégalités dans l’accès à la vaccination. Deuxième domaine prioritaire: l’inclusion, avec pour objectif de parvenir à des sociétés inclusives, notamment par le biais d’une couverture sanitaire universelle. Troisième domaine prioritaire: la réduction des disparités au sein et entre les pays, objectif pour lequel les membres de la CESAP demandent l’appui de l’ensemble des Nations Unies, par exemple pour l’amélioration des infrastructures. Quatrième domaine prioritaire: une transformation durable pour réduire les asymétries dans le monde, qui vise notamment à lutter contre les changements climatiques et à accélérer le passage à des énergies durables. Cinquième domaine: financement de la reprise et du développement, avec une réduction de la dette et la création d’un espace budgétaire suffisant, entre autres. Sixième domaine prioritaire: la numérisation pour réduire la fracture sociétale, notamment en accélérant l’investissement dans l’innovation technologique.
En matière de coopération régionale, a fait savoir la Secrétaire exécutive de la CESAP, il s’agit surtout de travailler en réseau et de développer les partenariats avec les organisations régionales comme l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Elle a aussi souligné l’importance de la coordination des actions régionales avec les coordonnateurs résidents et les équipes de pays de l’ONU.
Pour Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Communauté économique pour l’Europe (CEE), ce n’est pas le moment d’être complaisant ou trop confiant, car la crise n’est pas terminée, des fragilités subsistent, ainsi que des risques critiques. Cependant, elle a affirmé que « nous avons entre les mains la possibilité de construire un monde meilleur où la prospérité est vraiment partagée et l’environnement respecté ». Elle a relevé que dans la plupart des régions de la région de la CEE, la pandémie semble s’atténuer et que les restrictions à la vie sociale et économique se sont assouplies. Selon la Secrétaire exécutive de la CEE, les vaccins sont le facteur clef pour rendre possible la réouverture des économies tout en réduisant les taux d’infection et les victimes. Mais, a-t-elle reconnu, le taux de vaccination est très inégal à travers le monde, tout comme dans la région de la CEE.
Mme Algayerova a noté que l’expansion économique est de retour dans sa région. Environ la moitié des pays de la CEE ont regagné ou sont sur le point de regagner les niveaux de productivité d’avant la pandémie, a-t-elle précisé. Elle a cependant expliqué que ces augmentations de production ne vont pas forcément ramener les économies vers la croissance. Elle a également fait observer que le recul enregistré à cause de la croissance perdue au cours de la pandémie empêche de réduire plus rapidement l’écart entre les pays riches et ceux moins avancés au sein de la CEE.
La Secrétaire exécutive a évoqué les multiples facettes des inégalités et souligné que certains facteurs façonnent les inégalités et contribuent à leur reproduction. Elle a cité les mauvaises conditions de logement, les capacités de transport réduites ainsi que des obstacles d’ordre environnemental. « Nous devons donc lutter contre ces inégalités par des actions spécifiques permettant d’améliorer l’accès aux services en faveur des plus défavorisés. » Cette démarche, a-t-elle rappelé, est au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030. En conclusion, elle a misé sur « l’international » et « la coopération régionale », les seules voies permettant de faire face aux défis de l’heure.
Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, (CEPALC), a parlé d’« asymétrie mondiale », dans le sens où les plans de relance se concentrent dans les pays développés, et où la fracture numérique entre pays augmente. L’asymétrie ne s’arrête pas là: dans la région de la CEPALC, aucune initiative de relance n’est comparable avec ce qu’il se fait en Europe ou aux États-Unis. Au niveau climatique, la CEPALC est très peu émettrice, et l’adaptation n’est pas financée comme il se doit. En matière de couverture vaccinale, l’asymétrie est également criante.
Mme Bárcena a parlé de « productivité fragmentée », de « faiblesses structurelles », et d’une perte d’emplois énorme dans une région de la CEPALC « à 80% urbanisée ». Elle prévoit une « croissance médiocre pour 2022 » et « des niveaux d’investissements très bas » parce que « les importations augmentent » et « le coût des biens aussi ».
Concernant le fossé numérique, plus de 60% des foyers de la région n’ont pas accès à Internet et des millions de jeunes ont perdu une année d’éducation avec la pandémie, a-t-elle fait savoir, sans compter que beaucoup de femmes sont revenues à un travail domestique. La CEPALC est la région en développement la plus endettée au monde, a ajouté la Secrétaire exécutive.
Pour surmonter ces défis, Mme Bárcena a plaidé pour que les pays développés qui ont bénéficié des nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) en redirigent une partie vers les pays en développement. Elle a aussi recommandé de promouvoir la production et la distribution de vaccins dans le cadre d’un plan d’autosuffisance.
Elle a encore appelé à « redistribuer les liquidités », réformer l’architecture de l’aide internationale, « garantir le juste paiement de l’impôt par les multinationales ». À ce sujet, elle a suggéré que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale de l’ONU devienne un mécanisme intergouvernemental pour les affaires financières et fiscales internationales, afin de traiter des asymétries mondiales comme celles touchant les pays à revenu moyen.
En outre, Mme Bárcena a appelé à renforcer la solidarité internationale ou à établir un impôt sur la fortune sur ceux qui ont bénéficié financièrement de la pandémie, un impôt qui servirait à financer les mesures d’urgence.
Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) et coordinatrice des Commissions régionales, a indiqué que la CESAO avait lancé dès mars 2020 plusieurs actions en réponse à la pandémie de COVID-19, dans une région où environ 16 millions de personnes ont perdu leur emploi. Parmi ces actions, elle a cité notamment les bulletins d’information envoyés par la CESAO à ses États membres, qui leur permettaient de s’attaquer aux défis immédiats ainsi qu’aux problèmes à long terme. La CESAO a aussi conseillé de créer un fonds de solidarité régional pour aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, et a lancé un appel à l’allègement ou à la suspension de la dette aux institutions financières. La protection sociale pour améliorer le niveau de vie et réduire les inégalités faisaient partie de ces approches, a précisé Mme Dashti. La CESAO a également développé une base de données des mesures adoptées par 191 pays, qui a été utilisée par les décideurs de la région arabe afin de formuler leurs propres plans de soutien.
Pour la région, l’un des principaux défis tient au financement des programmes nationaux de développement, a indiqué la Secrétaire exécutive. À ce sujet, la CESAO a élaboré un outil de simulation interactif en ligne sous la forme d’un cadre de financement national intégré, ce qui a jusqu’à présent permis à 13 pays de mieux évaluer leurs besoins de financement pour la mise en œuvre du Programme 2030, en fonction de leurs objectifs nationaux. La CESAO a également mis en place une autre plateforme en ligne, qui sert d’outil de simulation et d’analyse de chocs et d’évaluation des mesures politiques sur des indicateurs macroéconomiques clefs, comme la croissance, l’inflation, l’emploi, etc. Enfin, la CESAO a proposé à ses États membres un outil en ligne pour le suivi des dépenses, notamment dans le secteur social, dans l’objectif de réduire les inégalités et d’étendre la couverture sociale, afin de « ne laisser personne de côté ».
Mme VERA LUM SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a déclaré que la solution possible aujourd’hui à la pandémie de COVID-19 en Afrique serait de renforcer la vaccination. Elle a déploré le fait que l’Afrique soit le continent ayant le moins vacciné sa population, une autre inégalité après celles ayant été observées dans la riposte à la pandémie. Elle a, en effet, relevé que le continent connaît une dépendance critique pour ses approvisionnements en biens et produits consommables, y compris dans le domaine médical. De plus, la COVID-19 est venue s’abattre sur un continent qui avait déjà un fort taux de prévalence de maladies non transmissibles.
Avec la crise, c’est 260 000 jeunes Africains qui cherchent un emploi chaque jour, a révélé Mme Songwe. Reconnaissant que la crise eût suscité de multiples mesures sociales de la part de nombreux gouvernements, elle a relevé que cela entraînait des pressions budgétaires et faisait exploser l’endettement. Désormais, le continent a un taux d’endettement de 66% par rapport à son produit intérieur brut (PIB). D’ailleurs, durant la crise, les pays africains se sont davantage tournés vers des créanciers privés qui étaient plus accessibles que les fonds publics, a fait savoir la Secrétaire exécutive.
La crise a également conduit à l’inflation de produits alimentaires, ce qui renforce encore les inégalités sociales, a-t-elle poursuivi, en parlant du continent africain. Elle a toutefois constaté avec satisfaction que les producteurs de pétrole commencent actuellement à ressentir une embellie, grâce à l’augmentation des prix sur les marchés internationaux. La Secrétaire exécutive a également rappelé que 55% du PIB du continent est tributaire du tourisme, un secteur d’activités parmi les plus affectés par la COVID-19. De plus, les investissements étrangers directs n’ont pas repris leur niveau d’avant COVID-19.
Le secteur numérique a du moins connu une certaine croissance durant la COVID-19, a constaté Mme Songwe, en signalant par exemple que, dans certains pays, des produits de base sont désormais vendus sur des plateformes numériques, avec de meilleurs bénéfices. Elle a ainsi évoqué la vente du café rwandais ou du poivre blanc camerounais en ligne. Elle a enfin salué les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI qui ont été accordés aux pays à travers le monde, même si elle a estimé que les 5% dédiés à l’Afrique sont insuffisants.
Discussion interactive
Après avoir entendu ces exposés, Mme ROSA MALANGO, Directrice du Bureau de New York des commissions régionales et modératrice du dialogue, a donné la parole aux États Membres pour entendre leurs commentaires et entamer un dialogue interactif. Ces derniers ont notamment salué le rôle joué par les commissions régionales dans le soutien aux pays, face à la pandémie de COVID-19.
À cet égard, l’Indonésie a plaidé pour un plus grand soutien des commissions régionales pour renforcer les secteurs productifs affectés par la COVID-19. La délégation a également suggéré d’harmoniser la lutte contre les inégalités et a promis d’accorder un grand intérêt à la question lors de sa présidence du G20 en 2022. Pour sa part, la République islamique d’Iran a mis l’accent sur le fait que la pandémie entrave les acquis en matière de développement. La représentante a estimé que le multilatéralisme devrait être renforcé, de même que le rôle des commissions régionales, à cet effet. En outre, la délégation a demandé aux commissions de fournir davantage d’informations sur les risques de catastrophe.
Se disant plus attachés que jamais au système multilatéral, les États-Unis ont observé que les cinq commissions régionales jouent un rôle de plus en plus important et que l’un des défis les plus urgents est la reprise post-pandémie. Celle-ci devrait prendre en compte les inégalités, la crise sanitaire et la pandémie frappant de plein fouet des populations qui « ne le méritent pas ». Les États-Unis veulent adopter une approche collaborative, a assuré le représentant. De même, le représentant de l’Union européenne (UE) a jugé important de renforcer le système des Nations Unies afin qu’il accomplisse son mandat et salué le rôle des commissions régionales.
Le Maroc a jugé que les perspectives régionales sont essentielles à la Deuxième Commission, soulignant le caractère nécessaire de ce dialogue pour contextualiser les défis pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD). Il a demandé aux participants quel rôle ils souhaitaient jouer pour promouvoir la coopération Sud-Sud, dans une stratégie de relèvement post-COVID.
Au niveau régional, le Liban a salué le rôle positif de la CESAO et a dit attendre avec intérêt des réformes sur la durabilité de la dette et les impôts, entre autres. Il a plaidé pour des commissions régionales « volontaristes » pour améliorer le multilatéralisme. L’Iraq a également salué le rôle de la CESAO et son soutien au Gouvernement iraquien, notamment dans les secteurs du développement, du renforcement des capacités du secteur public et de la production agricole, et dans l’analyse de l’influence des changements climatiques sur la production agricole iraquienne.
Le Maroc a mentionné « le taux de vaccination très bas » dans la région arabe, « le marché du travail toujours endommagé par la pandémie », particulièrement « le secteur informel et les services ». La délégation a toutefois évoqué un « potentiel immense » en matière d’économie.
Pour répondre aux interrogations du Maroc sur la coopération, Mme Rola Dashti, Secrétaire exécutive de la CESAO, a fait observer que la coopération Sud-Sud et triangulaire est au cœur de la mission de la CESAO. Des initiatives existent pour les États Membres, notamment pour les aider à réaliser les ODD et un fonds spécifique pour le Liban a été créé afin que le pays se remette des chocs multiples qu’il a subis.
Mme Dashti a confirmé que toutes les commissions régionales collaborent sur des sujets divers et variés, comme les groupes vulnérables, la protection sociale, la connectivité, l’élimination des inégalités et l’amélioration de la prospérité. L’appui des États Membres est essentiel pour cette tâche, a-t-elle souligné, en souhaitant que ce dialogue se pérennise à l’avenir.
Pour ce qui est de la perspective africaine, le Maroc a dit s’attacher à participer à des stratégies pour que l’Afrique soit au centre du relèvement post-pandémie.
Mme Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la CEA, a confirmé qu’il faut plus de vaccins contre la COVID-19 et a insisté sur la transparence dans leur fourniture et leur utilisation. Elle a demandé des ressources supplémentaires pour que les pays investissent davantage dans la numérisation et renforcent les filets de sécurité sociale.
Du côté de l’Amérique latine et des Caraïbes, le Mexique a remercié la CEPALC pour son aide face à la pandémie, sans laquelle les impacts économiques et sociaux auraient été encore plus graves. Le Mexique est très favorable à un renforcement de la coopération entre les organisations régionales, les Nations Unies et le G20. La réduction des inégalités est la grande tâche en suspens dans la région, a souligné le représentant mexicain. Il a demandé à Mme Bárcena, quelles recommandations du rapport « Notre programme commun » du Secrétaire général seraient les plus efficaces à mettre en œuvre au niveau régional.
Évoquant également les effets de la crise sanitaire, le Costa Rica l’a qualifié de « cataclysme », avec son cortège de pauvreté, de chômage, de faim, qui met en péril le Programme à l’horizon 2030. La CEPALC a montré combien la solidarité et la coopération internationales ne représentent pas seulement des solutions à la crise, mais une nécessité. Le représentant a plaidé pour une synergie entre les commissions régionales. La représentante de la République dominicaine a également appelé à renforcer le rôle du multilatéralisme et des commissions régionales, et a fait observer que l’Amérique latine et les Caraïbes était la région du monde la plus endettée.
En matière de coopération Sud-Sud, Mme Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la CEPALC, a indiqué que la CEPALC a un organe subsidiaire coordonné avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Des mesures économiques, sociales et environnementales sont prises et un nouveau portail statistique vient d’être lancé en ce sens. La CEPALC a aussi appuyé le Marché commun du Sud (Mercosur). Par ailleurs, un programme de développement intégré pour l’Amérique centrale, avec un fonds d’affectation spécial, a été lancé.
Pour répondre à la question du Mexique portant sur « Notre programme commun », la Secrétaire exécutive de la CEPALC a jugé très important d’avoir divers indicateurs de richesse, notamment pour les pays à revenu intermédiaire. Revoir le contrat social des pays après la pandémie est un autre sujet prioritaire. Une réunion entre le G20 et l’ECOSOC serait la bienvenue au sujet de la lutte contre les flux financiers illicites, a ajouté Mme Bárcena. Enfin, il faudrait combler les lacunes concernant l’accès à l’eau, l’assainissement et l’énergie.
Pour sa part, la Fédération de Russie a dit soutenir des projets visant la réduction des inégalités à l’échelle régionale. C’est aussi l’objectif de l’initiative du Président Poutine, qui envisage un partenariat eurasiatique, de Lisbonne à Vladivostok, avec la participation de la CEE et de la CESAP.
Pour la Pologne, la solidarité doit être de mise dans la reprise post-COVID-19. C’est pourquoi le pays est engagé, dans le cadre de sa coopération internationale, à soutenir les populations les plus vulnérables. S’adressant à la Secrétaire exécutive de la CEE, la Pologne a demandé comment la CEE peut appuyer la coopération économique et l’intégration régionale.
Mme Olga Algayerova, Secrétaire exécutive de la CEE, a confirmé que sa commission travaille effectivement sur la connectivité entre l’Europe et l’Asie centrale, répondant ainsi à la préoccupation de la Fédération de Russie. Elle a ensuite relevé que la région dont elle a la charge connaît de nombreuses inégalités, entre et au sein des pays. Ne laisser personne de côté reviendrait donc à assurer des filets de sécurité sociale.
Au sujet des questions de vieillissement qui touchent particulièrement la région et pourraient affecter la productivité et la main d’œuvre, elle a souligné que cela peut conduire à des conflits de générations. Cela nécessite donc la transformation des économies avec des modèles plus verts et circulaires, ce qui passe par des infrastructures nouvelles et le renforcement de la numérisation. La CEE a déjà établi des directives concernant toutes ces questions, a-t-elle affirmé.
La représentante de la Thaïlande a expliqué combien est importante, à tous les niveaux, la coopération et la coordination entre la CESAO, la Deuxième Commission et les autres commissions régionales. « Les partenariats sont importants pour réaliser nos objectifs », notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et il est donc important de trouver de nouvelles voies pour harmoniser le Programme 2030 et les stratégies nationales, a-t-elle affirmé.
La Secrétaire exécutive de la CESAP, Mme Armida Salsiah Alisjahbana, a réagi à la déclaration de la Fédération de Russie, en soulignant que sa commission régionale s’attèle à l’amélioration de la connectivité. Il est aussi question d’améliorer l’approvisionnement transfrontalier d’électricité. Étant donné que les États de la région sont très vulnérables aux catastrophes naturelles, cette question occupe une place de choix dans le travail de la CESAP, a dit la Secrétaire exécutive en réaction aux interventions de la Thaïlande et de l’Iran.
En conclusion de ce dialogue, la Directrice du Bureau de New York des commissions régionales et modératrice du dialogue a appelé les États Membres à reconnaître le travail effectué par les commissions régionales, à les soutenir et à utiliser leurs outils. Elle a aussi demandé aux délégations d’améliorer la mise en œuvre de la réforme du système des Nations Unies dans les régions.
Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles (A/76/94)
Présentation du rapport
M. TARIK ALAMI, Directeur de la Division des questions émergentes et liées aux conflits de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a présenté le rapport intitulé « Souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles » (A76/94). M. Alami a fait observer que le rapport, qui couvre la période du 1er avril 2020 au 31 mars 2021, ne parle donc pas de la situation entre les mois avril et de mai 2021, dont l’escalade militaire à Gaza. Dans la période couverte, a-t-il dit, Israël a poursuivi ses mesures visant à consolider son contrôle sur le Territoire palestinien occupé, en le fragmentant et en entravant son développement. Il a dénoncé les politiques et pratiques « discriminatoires »; l’utilisation excessive de la force; l’incapacité à protéger les Palestiniens de la violence des colons; et l’arrestation, l’incarcération et la détention arbitraire de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens, dont des centaines en détention administrative, sans inculpation ni procès pour une période indéfinie, avec des cas documentés de torture.
L’année 2020, a poursuivi M. Alami, a connu le plus grand nombre de démolitions de maisons et d’autres structures palestiniennes, ainsi qu’un déplacement des populations « souvent en relation avec des plans d’expansion des colonies ». Les démolitions et la confiscation de biens constituent « une punition collective », interdite par le droit humanitaire international, a souligné le Directeur de même que le blocus de Gaza qui dure depuis 14 ans et qui a « gravement aggravé » les conditions de vie des Palestiniens.
À cause des politiques israéliennes, les Palestiniens sont toujours privés d’accès à leurs propres ressources naturelles au profit des colonies et des industries. Les colonies reçoivent de l’eau potable de très bonne qualité, alors que les Palestiniens vivent les pénuries. À Gaza, 96% de l’eau est impropre à la consommation humaine et seuls 10% des Gazaouis ont accès au réseau public d’adduction d’eau.
Qualifiant les conditions de vie à Gaza d’« alarmantes », M. Alami a témoigné qu’après trois années de ralentissement économique et de déclin du PIB réel par habitant, 2020 a été l’une des pires années pour l’économie palestinienne depuis 2002. Le taux de chômage à Gaza a atteint 46,6%, 1,4 million de personnes à Gaza ont souffert d’insécurité alimentaire, la malnutrition frappe les femmes enceintes, les mères allaitantes et les enfants. La faculté du système de santé de faire face à la pandémie de COVID-19 a été gravement compromise, d’autant que les infrastructures sanitaires sont au bord de l’effondrement, compte tenu du blocus et des opérations militaires récurrentes. Le Directeur a aussi dénoncé une énorme inégalité d’accès aux vaccins entre Palestiniens et Israéliens; Israël se classant au premier rang mondial pour le nombre de vaccinés par habitant.
Discussion interactive
L’État de Palestine a fait observer que le rapport prouve bien l’agression israélienne, dont les conséquences pèsent de plus en plus lourd sur les épaules des Palestiniens qui ne peuvent accéder à la Méditerranée depuis plus de 20 ans. Ils ne peuvent pas non plus exploiter les ressources naturelles de la mer Morte dont plus de 70% de la superficie se trouve dans leurs Territoires. Les Palestiniens sont ainsi privés d’une importante source de revenus. La CESAO devrait aborder ces problèmes dans son prochain rapport, a estimé l’État de Palestine.
Nous coordonnerons nos efforts avec les autres agences des Nations Unies pour collecter les informations nécessaires sur les minerais et autres ressources naturelles de la mer Morte, a promis M. Alami.
Au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), la Guinée a demandé que de nouvelles mesures et actions efficaces soient prises, en conformité avec le droit international, pour éliminer les obstacles à la pleine réalisation du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation coloniale et étrangère, une réalité qui continue de nuire à leur développement économique et social ainsi qu’à leur environnement. La délégation a noté qu’en plus du marasme économique qu’il connaît, l’éducation dans le Territoire palestinien occupé était dans un état critique avant la pandémie, en grande partie en raison des politiques et pratiques liées à l’occupation, y compris les restrictions à l’accès à l’éducation, les attaques contre les étudiants et le personnel enseignant et la destruction des établissements de ce secteur. La pandémie de COVID-19 a encore aggravé cette situation, augmentant le nombre d’enfants qui doivent regagner l’école.
De même, la zone C de la Cisjordanie, qui contient les ressources naturelles les plus précieuses, continue d’être presque entièrement interdite au Gouvernement palestinien, ainsi qu’aux producteurs et investisseurs, et les bouclages, en particulier à Gaza, limitent l’accès des Palestiniens aux matériaux et technologies qui pourraient promouvoir l’utilisation efficace de l’énergie, de l’eau et d’autres ressources. La Guinée a déploré les effets néfastes des colonies israéliennes sur les ressources palestiniennes et autres ressources naturelles arabes, notamment du fait de la confiscation des terres et du détournement des ressources en eau, y compris la destruction des vergers et des cultures et la saisie des puits d’eau par les colons israéliens, avec des conséquences socioéconomiques désastreuses.
La Guinée a dénoncé le « dé-développement » de la bande de Gaza et de la crise humanitaire en cours. Elle a aussi dénoncé les pratiques d’Israël contre les Syriens dans le Golan syrien occupé, notamment en termes d’accès à la terre et à l’eau. La Guinée s’est dite très préoccupée par les changements apportés aux programmes actuellement enseignés dans les écoles du Golan syrien occupé, lesquels sont perçus comme visant à influencer les jeunes étudiants, en les détachant de leur identité syrienne et en leur imposant une nouvelle idéologie « incohérente » avec leur culture.
La Guinée a donc réitéré ses appels à Israël, Puissance occupante, pour qu’il se conforme strictement à ses obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire. Elle a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à fournir, en conséquence, une protection internationale au peuple palestinien. Nous réaffirmons, a conclu la Guinée, les droits inaliénables des Palestiniens et de la population arabe du Golan syrien occupé sur leurs ressources, y compris la terre, l’eau et les ressources énergétiques, et nous exigeons qu’Israël, la Puissance occupante, cesse l’exploitation et la mise en danger des ressources naturelles du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien occupé.
Reprenant la parole dans le cadre de la discussion générale, le représentant de l’État de Palestine a attiré l’attention sur les chiffres du rapport, qui montrent une situation cruelle dans les territoires occupés: 2 millions d’habitants, soit plus de la moitié de la population, vivent en-deçà du seuil de pauvreté, dans le contexte d’une insécurité alimentaire qui s’est généralisée. La pandémie a en outre détérioré une situation déjà grave et entravé davantage les perspectives de développement, a ajouté le représentant. Il a ensuite accusé Israël de se livrer à des opérations systématiques, citant l’expansion des colonies de peuplement, les châtiments collectifs et autres violations du droit international, ce qu’il a qualifié de crime d’apartheid, comme le relève un rapport de Human Rights Watch. Il a jugé essentiel d’établir les responsabilités et de lancer une action internationale décisive et immédiate, comme l’imposition d’un embargo à la Puissance occupante ou des sanctions économiques et diplomatiques.
Au nom du Groupe des États arabes, la Libye a dit avoir examiné avec beaucoup de préoccupation le rapport du Secrétaire général, qui indique clairement qu’Israël sape la solution des deux États et pratique un « crime d’apartheid et de répression ». Israël a pris des mesures législatives et juridiques qui visent à supprimer la délimitation avec la Palestine et ses pratiques causent une situation de « ségrégation » pour modifier le statu quo juridique à Jérusalem, en particulier en ce qui concerne la mosquée Al-Aqsa. « Israël Puissance occupante », a poursuivi la Libye, maintient sa main mise sécuritaire et militaire et continue d’autoriser la construction de colonies de peuplement illégales et d’imposer des restrictions à la liberté de circulation. Déplorant le meurtre de civils palestiniens, la Libye a fustigé l’impunité dont jouissent les militaires et les colons israéliens.
La liste des violations du droit international est longue. L’année 2020 a vu le plus grand nombre de démolitions et de déplacements, et dans la Zone C, les Palestiniens ne peuvent pas obtenir de permis de construire. Venant à la situation à Gaza, la Libye s’est impatientée devant un blocus qui dure depuis 2007, violant les droits civils, politiques et culturels de plus de 2 millions de personnes. Les colons ont détruit 10 000 arbres et déplacé de nombreuses familles palestiniennes, et ce, sous la protection des militaires israéliens, s’est encore indignée la Libye.
Le rapport, a-t-elle noté, souligne la nécessité d’une intervention multilatérale mais la communauté internationale « sombre dans la paralysie » quand il s’agit de faire appliquer les résolutions adoptées, certains pays n’hésitant pas à abuser de leur droit de veto. La Commission des droits de l’homme, a rappelé la Libye, a établi une liste noire de sociétés israéliennes opérant dans les colonies, en violation du droit international. Nous remercions les entreprises qui ont appliqué les résolutions pertinentes mais nous jugeons qu’il est temps d’actionner tous les mécanismes et instruments pour obliger Israël à se conformer au droit international et aux résolutions de l’ONU, a conclu la Libye.
Le représentant du Qatar a jugé crucial de soutenir le peuple palestinien. C’est pourquoi son pays a fourni 5 millions de dollars pour la reconstruction de Gaza, a-t-il indiqué. Le représentant a également mentionné les 40 millions de dollars qui ont été mis à disposition par le Qatar pour aider 100 000 familles palestiniennes vulnérables, qui reçoivent ainsi des transferts de fonds réguliers. Le Qatar a aussi apporté un soutien conséquent à la lutte contre la pandémie en Palestine, notamment par la livraison de produits pharmaceutiques, a ajouté le délégué.
Le représentant de la République arabe syrienne a indiqué que la Puissance occupante avait entreposé 33 millions de mètres cube d’eau pour l’usage agricole des colons israéliens dans le Golan syrien occupé, empêchant les habitants syriens locaux d’en bénéficier. Des pressions sont exercées sur ces derniers afin qu’ils cèdent leurs droits fonciers, a-t-il aussi dénoncé. Le représentant a encore expliqué que « les terres sont de toutes manières confisquées si les résidents n’acceptent pas les arrangements proposés par Israël ». Le représentant a ensuite accusé la Puissance occupante d’essayer d’imposer une nouvelle idéologie éducative afin de mieux assimiler les jeunes apprenants. Il a en conclusion invité la communauté internationale à tout faire pour mettre fin aux pratiques israéliennes.
Le représentant de la Malaisie a noté que le rapport apporte une pénible mise à jour sur les violations des droits de l’homme commises constamment par la Puissance occupante dans le Territoire palestinien occupé et dans le Golan syrien occupé. Il a passé en revue les actions d’Israël telles que la destruction de milliers de structures palestiniennes et de 10 000 arbres productifs, ainsi que les conséquences qui affectent les Palestiniens comme l’insécurité alimentaire et le manque d’hygiène. « En tant que Puissance occupante, Israël doit prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population palestinienne, mais le rapport montre que ce n’est pas le cas », a-t-il pointé. Le représentant a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il respecte le droit international. Il a fait remarquer que l’édification de la paix est cruciale pour conduire au développement durable et aux objectifs de développement (ODD). « Le Golan doit retourner dans le giron syrien », a ajouté, pour finir, le représentant malais.
Selon le représentant de l’Iraq, le rapport de la CESAO prouve que la pandémie a eu des conséquences économiques et sociales gravissimes sur le peuple palestinien. Qualifiant la colonisation de la zone C, en violation du droit international, de « discriminatoire », en écho au rapport, il a qualifié les pratiques israéliennes de « discriminatoires » et « racistes », que ce soit dans les territoires occupés ou dans le Golan syrien. Il a donc appelé la communauté internationale à trouver une solution conforme aux résolutions internationales. Il a regretté que les ODD soient inaccessibles au peuple palestinien et appelé à mettre sur pied un État de Palestine correspondant aux frontières de 1967.
La représentante des Émirats arabes unis a insisté sur les efforts à consentir pour trouver une solution juste et éviter toute détérioration de la situation en terre palestinienne. Elle a salué ceux menés par l’Égypte et la Jordanie en ce sens. Elle s’est dite convaincue de la nécessité de mettre un terme à toutes les pratiques illégales et commises en violation du droit international. « Les Émirats arabes unis estiment qu’il faut maintenir le caractère légitime et légal de Jérusalem-Est. » Ils appellent à relancer le processus de paix et se félicitent des efforts menés au niveau international et régional, à cet égard, afin de parvenir à une solution des deux États, a ajouté la déléguée. Elle a indiqué que les Émirats arabes unis ont fourni plus de 150 millions de dollars d’aide au peuple palestinien, qu’ils ont envoyé des vaccins et des fournitures médicales et qu’ils soutiennent l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
Le représentant de l’Arabie saoudite a souligné que la poursuite des violations des résolutions fait fi du droit international. Il a demandé à Israël de cesser ses pratiques contre le peuple palestinien. Les droits à la vie sont des droits fondamentaux pour tous les peuples du monde sans exception, a lancé le représentant, regrettant que le peuple palestinien continue de souffrir de la privation de ses droits. Il ne peut y avoir de développement dans le monde arabe sans solution à la cause palestinienne, a affirmé le représentant saoudien, ajoutant que la justice est impossible sans créer les conditions d’un développement. Il a plaidé pour une solution juste afin de garantir les droits légitimes du peuple palestinien et a appelé le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités pour forcer Israël à respecter les principes internationaux. Les mains de la paix sont toujours tendues et Israël devrait les prendre, a-t-il conclu.
Le représentant de Cuba a condamné la poursuite de l’occupation militaire des territoires palestinien par Israël. Il a dit soutenir la demande du Gouvernement syrien de récupérer les hauteurs du Golan, saisies par Israël en 1967. Il a demandé que les décisions nécessaires soient prises et a exigé d’Israël la fin immédiate de l’occupation des territoires palestiniens, ainsi que le respect des résolutions prises à l’ONU. Le représentant a ensuite rejeté l’action unilatérale du Gouvernement des États-Unis qui a établi sa représentation diplomatique dans la ville de Jérusalem, au mépris flagrant de la légalité internationale et des résolutions des Nations Unies. La délégation a aussi exprimé sa plus ferme condamnation de la reconnaissance par le Gouvernement américain du Golan syrien occupé en tant que territoire d’Israël, ce qui constitue à ses yeux une violation grave et flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 497 de 1981.
La représentante de l’Afrique du Sud a souligné que la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient sont minées par l’occupation continue des territoires palestiniens et syriens et par « les actions agressives du régime israélien ». Elle a dit continuer de soutenir la solution des deux États et les efforts internationaux visant à l’établissement d’un État palestinien indépendant, pleinement souverain et viable, existant côte à côte en paix avec Israël, dans le cadre internationalement reconnu. La déléguée a estimé que le manque de contrôle des Palestiniens sur leurs ressources naturelles pour faire face à la crise de l’eau et à leurs besoins énergétiques, y compris par le développement des infrastructures et d’autres travaux de reconstruction, avait entravé la reprise après la pandémie dans les territoires occupés. Elle a estimé que l’unilatéralisme menace la sécurité et la stabilité du monde, alors que la coopération internationale, le dialogue et la consultation sont essentiels pour assurer la paix entre les États. La représentante a donc appelé la communauté internationale à maintenir son soutien pour le retour de toutes les parties à la table des négociations, sans conditions préalables.
Le représentant du Bangladesh a estimé que le rapport était « rempli de souffrances indicibles ». Il a vu la pandémie comme une « crise à l’intérieur d’une crise » pour les Palestiniens. Qualifiant de « crimes de guerre » les confiscations de biens et les destructions de maison, il a rappelé la nette contraction de l’économie palestinienne en 2020, l’insécurité alimentaire qui en résulte, et le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement. Le représentant a réaffirmé le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et a demandé à la communauté internationale d’insister auprès d’Israël pour que l’occupation des territoires prenne fin.
Le représentant de l’Indonésie a parlé de « traitement épouvantable » à l’égard des Palestiniens par Israël. Il a mis l’accent sur la nécessité impérative de fournir au peuple palestinien du matériel médical ainsi que les biens nécessaires pour combler leurs besoins de base. La communauté internationale doit travailler à lui fournir des vivres et des médicaments et à soutenir les territoires occupés, a plaidé le représentant, qui a également réclamé un accès sans entraves aux vaccins, notamment via le Mécanisme COVAX. L’appui international est crucial, a-t-il conclu.
Le représentant de l’Égypte a attiré l’attention de la Deuxième Commission sur la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés, notamment en raison de la multiplication des colonies, ce qui empêche les Palestiniens d’accéder à leur droit à la souveraineté. Notant que la situation n’est pas très différente dans le Golan occupé, le représentant a souligné que les conditions de vie sont très difficiles dans ces territoires et qu’elles ont été encore aggravées par les répercussions de la COVID-19, ce qui représente une « tragédie ». Israël bloque les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a dénoncé le représentant égyptien. Il a dit que l’Égypte soutient l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) étant donné le rôle crucial que joue l’agence pour fournir une assistance de base au peuple palestinien. Plaidant pour une solution juste et globale, le délégué a appelé à reprendre les négociations pour parvenir à une solution des deux États. La question palestinienne demeure centrale pour les États arabes, a-t-il rappelé.
La représentante des Maldives s’est inquiétée de voir que l’occupation avait atteint de nouveaux records de violence. Elle a appelé la communauté internationale à être solidaire du peuple palestinien afin qu’il puisse jouir de ses droits et atteindre ses aspirations légitimes. Israël poursuit sa politique de colonisation et continue de restreindre la mobilité dans les territoires occupés, a-t-elle regretté. Les Palestiniens sont des citoyens de seconde zone alors que les colons sur les territoires occupés sont protégés, a encore dénoncé la représentante, ajoutant que le « mépris des forces israéliennes pour la vie humaine », notamment les enfants, est « inacceptable ». Elle s’est félicitée de l’enquête lancée par la Cour pénale internationale (CPI), soulignant qu’aucun pays n’est au-dessus des lois.
Quant aux Syriens du Golan occupé, la représentante des Maldives a noté qu’ils continuent également à voir leurs droits bafoués par Israël, ce qui a engendré une multitude de problèmes sociaux. Les Maldives sont solidaires du peuple palestinien et veulent que la Palestine devienne un État à part entière, a conclu la déléguée, avant d’appeler à « nous engager de toute urgence en faveur d’une solution des deux États ».
Selon le représentant du Venezuela, toutes les actions répréhensibles de la Puissance occupante constituent une punition collective et un crime de guerre contre un peuple innocent, en violation du droit international, de la Charte des Nations Unies et de toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Pour le délégué, le principal obstacle au développement de la Palestine est l’occupation d’Israël puisque, a-t-il argué, ce dernier opère un pillage des ressources naturelles et a permis le contrôle des activités économiques de la Palestine. Le représentant a fait remarquer que ces actions entravent la mise en œuvre du Programme 2030 et le droit inaliénable des Palestiniens au développement. Il a exhorté les États Membres à interdire les relations commerciales avec les entreprises de production installées dans les Territoires palestiniens et le Golan syrien occupé.
La représentante du Nicaragua a rappelé que lorsque les chefs d’État et de gouvernement ont adopté le Programme 2030 en 2015, ils se sont engagés à ne laisser personne de côté. Cependant, a-t-elle regretté, cet engagement n’a pas été respecté avec le peuple palestinien, qui a été privé de son droit au développement. La représentante a plaidé pour la solution des deux États, dans les frontières de 1967, chacun jouissant de son plein droit d’être un État souverain et indépendant, et avec Jérusalem-Est pour capitale de la Palestine. « Nous espérons que, par le dialogue, la négociation et avec la bonne foi de toutes les parties, tant les États que leurs peuples pourront exercer leur droit à une paix, une sécurité et un développement durables », a espéré le Nicaragua.
Le représentant de la République islamique d’Iran a jugé le rapport préoccupant, car il décrit Israël comme un pays violant le droit international humanitaire et les droits de l’homme. À son avis, il est impossible pour les Palestiniens et les Syriens d’avancer sur la voie du développement durable tant que les Israéliens pérennisent la violence et les traitements arbitraires. Le peuple palestinien est dans l’absolue impossibilité de parvenir à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il insisté, tant qu’il n’aura pas accès à la souveraineté de ses ressources naturelles. Il a ensuite comparé le sort des Palestiniens à un « châtiment collectif », avant de réaffirmer que l’Iran soutenait contre vents et marées le droit du peuple palestinien à un État souverain.
La représentante du Bahreïn a souligné l’importance de la paix, de la tolérance et de la coexistence pacifique. Appelant à lutter contre la violence et la haine, et pour une solution globale et durable au conflit israélo-palestinien, elle a plaidé pour la solution des deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, et avec Jérusalem-Est pour capitale.