Soixante-quinzième session,
74e & 75e séances - matin & après-midi
AG/12333

Pour « vaincre le sida d’ici à 2030 », l’Assemblée générale adopte une déclaration politique avec des dispositions contestées par certains États

L’Assemblée générale a entamé aujourd’hui sa Réunion de haut niveau de trois jours sur le VIH/sida qui, malgré la pression exercée par la pandémie de COVID-19 sur les systèmes de santé, demeure une priorité internationale.  La Déclaration politique visant à « mettre fin aux inégalités et agir pour vaincre le sida d’ici à 2030 » a été adoptée à l’issue d’un vote, à la demande de la Fédération de Russie dont les nombreux amendements ont été rejetés.

Décrit par le Président de l’Assemblée générale comme « l’épidémie des inégalités », le VIH frappe de manière disproportionnée les femmes et les filles.  En Afrique subsaharienne, six nouvelles infections sur sept parmi les jeunes âgés de 15 à 19 ans concernent les filles.  « Six sur sept! » s’est indigné M. Volkan Bozkir.  Contrairement aux promesses faites, les taux du sida ne suivent pas la tendance escomptée et avec l’apparition de la COVID-19, l’on a même assisté à une flambée, a confirmé Mme Winnie Byanyima, Directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).

« Je viens d’Ukraine, j’ai 23 ans et je suis née avec le VIH », a déclaré Yana Panfilova, membre du « GNP+ Global Network of People Living with HIV » dont la « petite pilule magique » a sauvé la vie tout comme celle de 27 millions de personnes dans le monde.  Les pilules nous maintiennent en vie mais nous mourons des pandémies de la stigmatisation et de la discrimination, a-t-elle souligné. 

Nous sommes encore loin du compte, a prévenu Mme Charlize Theron, actrice et productrice, personnalité éminente activement engagée dans la riposte au VIH/sida et Messagère de la paix des Nations Unies.  Elle a dénoncé le fait que « vivre avec le VIH ou mourir du sida est trop souvent déterminé par qui vous êtes, qui vous aimez et où vous vivez. »  La riposte au VIH a démontré qu’avec un leadership politique, un engagement communautaire fort, des approches multisectorielles et fondées sur les droits de l’homme, et une utilisation cohérente des données scientifiques, « nous pouvons atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique en 2030 », a assuré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed.

Le vote de la Déclaration politique de 73 paragraphes étalés sur 23 pages n’est intervenu qu’après le rejet, également par vote, de trois séries d’amendements présentés par la Fédération de Russie.  Elle a contesté, entre autres,  l’appel à modifier les législations nationales, « une véritable ingérence », les « neuf mesures » des programmes de prévention, traitement et prise en charge du VIH chez les usagers de drogues injectables, l’appel à des mesures « visant à faciliter l’accès à des méthodes de prévention combinée du VIH ayant fait leurs preuves » et l’approche d’ONUSIDA fondée sur les droits de l’homme, en particulier les droits sexuels et reproductifs « non définis par les instruments internationaux ».

La Fédération de Russie s’est déclarée « très déçue » d’une Déclaration politique qui comporte des éléments « destructifs » et a dénoncé le fait que le VIH soit instrumentalisé pour promouvoir des objectifs « controversés ».  De nombreuses délégations se sont opposées au paragraphe 25, qui fait référence à « certaines populations clefs », les « plus susceptibles d’être exposées au VIH ou de le transmettre » à savoir les personnes vivant avec le VIH, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes qui s’injectent des drogues, les travailleuses du sexe, les transsexuels, et les détenus.  Elles ont déjà prévenu qu’elles mettront en œuvre la Déclaration politique à la lumière de leur législation nationale et de leurs spécificités culturelles.  Plus directement, le Saint-Siège a émis des réserves sur les termes santé sexuelle et reproductive, contraception, préservatifs ou encore planification familiale dont ne saurait faire partie la question de l’avortement.  Il a aussi souligné que « le genre » n’est pas une norme sociale mais une question biologique et a également insisté sur le rôle fondamental de la famille et la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants.

Pour la Directrice de l’ONUSIDA, la Déclaration politique sera le fondement du travail à venir, ses directives reflétant clairement que « les inégalités sont le moteur des infections ».  Les nouveaux traitements antirétroviraux doivent devenir accessibles pour tous et être produits partout, y compris dans les pays du Sud, pour qu’enfin, « le sort d’un malade du sida ne dépende plus de sa nationalité », a-t-elle martelé.  Le Vice-Président de l’Afrique du Sud, M. David Mabuza, a réitéré son appui à la position de l’Union africaine, selon laquelle davantage de souplesse doit être introduite dans l’application de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).

L’Assemblée générale a prévu des tables rondes demain mercredi 9 juin à partir de 10 heures.

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA

Déclarations liminaires

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a salué les grands progrès réalisés depuis le premier cas de sida dans le monde, il y a quatre décennies.  Le nombre de morts a diminué de 61% depuis le pic de 2004 et depuis la Réunion de haut niveau de 2016, des dizaines de pays ont atteint ou dépassé les objectifs fixés.  Si ces avancées sont un « succès que nous devons reconnaître », il reste encore beaucoup à faire.  La tragique réalité est que les personnes les plus vulnérables sont les plus durement touchées par le VIH/sida.  Elles courent le plus grand risque d’être laissées pour compte, car le VIH/sida n’est pas seulement un problème de santé, mais aussi un problème plus large de développement. 

N’oublions pas, a rappelé le Président, que le VIH/sida touche souvent des gens dans la force de l’âge.  Aujourd’hui, la pandémie de COVID-19, les conflits et les urgences humanitaires ont entravé les progrès, car les systèmes de santé sont soumis à d’immenses pressions de même que les services et chaînes d’approvisionnement essentiels.  Il faut aussi noter que les catastrophes climatiques sont fréquentes dans les régions où le VIH/sida est très répandu, ce qui constitue un risque supplémentaire pour les personnes les plus vulnérables. 

Tragiquement, la stigmatisation et la discrimination persistent, isolant davantage les personnes déjà marginalisées.  En bref, le VIH/sida est « l’épidémie des inégalités ».  Y mettre fin, c’est réaliser les objectifs de développement durable, dont l’égalité des sexes.  L’année dernière, la moitié des personnes nouvellement infectées dans le monde étaient des femmes et des filles.  En Afrique subsaharienne, six nouvelles infections sur sept parmi les jeunes âgés de 15 à 19 ans concernent les filles.  « Six sur sept! » s’est indigné le Président.  En tant que « champion international pour l’égalité des sexes », il s’est dit fermement convaincu que si « nous voulons mettre fin au VIH/sida, nous devons mettre fin aux inégalités entre les sexes ».

Le moment est venu pour les États Membres de s’engager à nouveau à atteindre les objectifs fixés pour 2030 et pour ce faire, écouter les personnes touchées, la société civile, les professionnels de la santé et les épidémiologistes.  Si nous voulons éviter que les 12 millions de personnes qui vivent aujourd’hui avec le VIH ne meurent, « nous devons agir aujourd’hui ». 

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale, a rappelé que les premiers cas de sida ont été signalés il y a 40 ans et qu’à mesure que la pandémie se propageait, la peur, le déni, la stigmatisation et la négligence ont englouti les sociétés, tandis que les communautés les plus touchées appelaient au leadership politique et à l’action, tout en prenant soin des leurs mourants.  Dans ce contexte, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) a été un élément crucial de la réponse.  Il a mobilisé une solidarité mondiale sans précédent, forgé des partenariats innovants, réformé des lois et stratégies obsolètes, assuré l’engagement des personnes concernées et défendu les droits de l’homme et le partage des données.

Tout au long de l’opération, a poursuivi Mme Mohammed, l’ONUSIDA s’est concentré sur les laissés pour compte et aujourd’hui il est toujours au centre de nos efforts pour aider les pays à atteindre les objectifs de développement durable, a noté la Vice-Secrétaire générale.  Parmi les leçons tirées de la lutte contre le VIH/sida, elle a cité le rôle « essentiel » de la société civile.  Sans les campagnes et autres efforts de cette dernière, 26 millions de personnes ne seraient pas sous un traitement antirétroviral, alors qu’au tournant du millénaire, moins de 1% des personnes concernées y avaient accès dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.  Grâce à « l’infatigable activisme », les prix des médicaments contre le VIH ont chuté considérablement et l’accès au traitement a été élargi dans les pays du Sud. 

Pour Mme Mohammed, la riposte au VIH a démontré qu’avec un leadership politique, un engagement communautaire fort, des approches multisectorielles et fondées sur les droits, et une utilisation cohérente des données scientifiques, « nous pouvons atteindre l’objectif de mettre fin à l’épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique en 2030 ».  Mais « notre cheminement vers l’avant ne sera pas facile ».  Le VIH soulève en effet des questions « sensibles ou taboues », impliquant le genre, la sexualité, l’identité, l’exclusion et le pouvoir.  De plus, des inégalités aiguës et croisées entravent le progrès, les femmes et les filles sont victimes de discrimination et de violence, et les personnes vivant avec le VIH sont marginalisées voire criminalisées.  « Et maintenant, la COVID-19 nous a fait reculer, nous rappelant les coûts insupportables de la propagation des pandémies. »

Les leçons du VIH tirées sont inestimables pour la riposte à la COVID-19, tout comme l’était la réponse à l’épidémie d’Ebola de 2014-2015 en Afrique de l’Ouest et centrale.  Ces leçons sont également essentielles pour les futures pandémies, a soutenu la Vice-Secrétaire générale.  Relevant que les pandémies prospèrent dans les « lignes de fracture » des sociétés, elle a estimé que mettre fin au sida implique d’en finir avec les injustices qui entravent l’accès aux services sociaux.  Elle a donc plaidé pour la pleine mise en œuvre du nouveau programme quinquennal de l’ONUSIDA mais aussi pour une focalisation sur la lutte contre les inégalités et pour les droits de l’homme, l’égalité des sexes, un financement national et international accru et une orientation des investissements vers les pays à revenu faible et intermédiaire. 

Pour Mme WINNIE BYANYIMA, Directrice exécutive du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), la déclaration politique de cette Réunion de haut niveau sera le fondement du travail pour venir à bout de la pandémie du VIH/sida qui sévit depuis plus de 40 ans et qui a causé la mort de plus de 35 millions de personnes dans le monde.  Contrairement aux promesses faites, les taux du sida ne suivent pas la tendance escomptée et avec l’apparition de la COVID-19, l’on a même assisté à une flambée.  Il est possible de mettre fin au VIH/sida à condition de travailler de manière collective, a martelé Mme Byanyima.  Les analyses sont claires: les inégalités sont le moteur des infections.

Le travail scientifique doit contribuer à réduire ces inégalités plutôt que de les creuser.  Elle a dit parler des nouveaux traitements antirétroviraux qui doivent devenir accessibles pour tous et produits partout, y compris dans les pays du Sud, pour que « le sort d’un malade du sida ne dépende plus de sa nationalité ».  Il faut également mettre fin aux inégalités dans l’accès aux services sociaux de base comme la santé et l’éducation.  Il va donc falloir réduire le coût des services publics et donc les financer par l’impôt et la lutte contre l’évasion fiscale.  La Chef de l’ONUSIDA a également plaidé en faveur d’un rééchelonnement de la dette des pays en développement et la révision des droits de tirage spéciaux au profit des pays à faible revenu. 

Mme Byanyima a applaudi l’engagement pris par le États de réviser leurs lois pour promouvoir l’égalité des sexes, ce qui va de pair avec la prévention et le traitement.  Les mesures punitives, discriminatoires et obsolètes doivent être supprimées.  Mme Byanyima a insisté sur le rôle de la société civile qui accentue la pression pour obtenir des progrès sociaux.  La Chef de l’ONUSIDA a appelé à des actions « ambitieuses ».  Les épidémies nous poussent à être « plus ingénieux et plus forts ».

« Je viens d’Ukraine, j’ai 23 ans et je suis née avec le VIH », a déclaré YANA PANFILOVA, membre du « GNP+ Global Network of People Living with HIV ».  « Je croyais que tout le monde naissait libre.  Mais les lois iniques et la stigmatisation sociale nous ont collé des étiquettes.  J’ai été étiquetée « personne vivant avec le VIH » et la société a décidé de la manière dont je dois être perçue et si je dois vivre ou mourir.   À l’âge de 10 ans, a-t-elle poursuivi, j’avais déjà le sida et j’ai commencé à prendre une pilule quotidienne qui m’a sauvé la vie.  Aujourd’hui, cette « petite pilule magique » sauve la vie de 27 millions de personnes dans le monde  mais « ma réalité n’est pas celle de millions de personnes qui sont dans la même situation que moi ».

L’activiste a dit avoir créé « Teenergizer », le premier groupe de soutien des adolescents pour les adolescents vivant avec le VIH en Europe de l’Est et en Asie centrale.  Nous sommes descendus dans la rue et dans des salles de réunion pour faire changer les lois et les politiques.  Nous nous sommes battus pour la confidentialité des patients, la santé, les droits sexuels et reproductifs et une éducation sexuelle complète, s’est-elle enorgueillie. 

Au nom des 38 millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde, elle a dit: les pilules nous maintiennent en vie mais nous mourons des pandémies de la stigmatisation et de la discrimination mais aussi du manque de flexibilité de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  « Président Biden, vous pouvez changer notre avenir.  Tout comme vous l’avez fait avec la COVID-19, vous pouvez rendre les technologies de la santé, les traitements et les vaccins de pointe ici aux États-Unis accessibles à tous, partout », a lancé la jeune femme.  Elle a rappelé que la riposte au sida laisse encore des millions de personnes de côté: les LGBTIQ, les travailleuses et travailleurs du sexe, les toxicomanes, les migrants, les détenus, les adolescents, les jeunes, les femmes et les enfants. 

Pour mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030, il faut des ressources de toute urgence mais aussi des « choix radicaux »: une éducation sexuelle complète dans toutes les écoles et dans tous les pays; un soutien psychosocial par les pairs pour chaque adolescent vivant avec le VIH; des services de lutte contre le VIH dirigés par les communautés elles-mêmes et, enfin, un vaccin et un traitement efficaces.

Mme CHARLIZE THERON, actrice et productrice, personnalité éminente activement engagée dans la riposte au VIH/sida et Messagère de la paix des Nations Unies, a rappelé qu’il y a six ans, l’Assemblée générale a décidé à l’unanimité de « mettre fin au sida d’ici à 2030 » et s’est déclarée fière que l’Afrique du Sud, son pays, et quelques autres, soient sur la bonne voie.  Mais, a-t-elle prévenu, à son tour, « nous sommes encore loin du compte ».  Imputant aussi cette situation aux inégalités, elle s’est expliquée: « vivre avec le VIH ou mourir du sida est trop souvent déterminé par qui vous êtes, qui vous aimez et où vous vivez ».  Les populations les plus vulnérables et les plus à risque sont aussi les moins susceptibles d’avoir accès aux services dont elles ont besoin pour survivre, « ce qui n’est pas un hasard ».

Au « Charlize Theron Africa Outreach Project », nous voyons comment, a poursuivi l’activiste, les inégalités entre les sexes et la violence sexiste alimentent la propagation du VIH chez les jeunes femmes et les filles.  En Afrique australe, 8 adolescents séropositifs sur 10 sont des filles.  Cette violence fondée sur le genre ne cause pas seulement de profonds dégâts physiques et émotionnels chez les survivantes, elle les laisse aussi beaucoup plus vulnérables au VIH.  Or, a déploré l’actrice, la plupart de ces filles n’ont ni les informations ni l’accès pour faire les bons choix et sauver la vie.  Mais les femmes et les filles ne sont pas les seules victimes.  Il y a aussi les personnes transgenres, les travailleurs du sexe, les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les consommateurs de drogues injectables, les prisonniers, les migrants et les réfugiés.

La Messagère de la paix a estimé qu’il faut d’abord cesser de blâmer, d’humilier et de discriminer les personnes dans le besoin et commencer par leur apporter un soutien sous la forme d’une éducation de qualité, y compris sexuelle, à l’école et en dehors, et des services de santé sûrs et conviviaux.  Il faut leur donner la capacité de faire des choix, pour eux-mêmes et pour leurs partenaires.

Appelant à des actions élargies et ciblées, elle a dit: nous avons raté nos objectifs pour 2020 mais notre but est toujours à portée de main.  « Nous pouvons mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030, nous le pouvons vraiment ».  Elle a appelé au « démantèlement de l’apartheid dans la santé mondiale » et à rendre les services de prévention, de traitement et d’accompagnement plus accessibles aux plus vulnérables.  Elle a réclamé à l’Assemblée générale une déclaration politique « audacieuse », avec les outils, les objectifs, les droits et les ressources nécessaires.  « Suivons l’exemple d’Aya: elle veut le changement maintenant et elle se réveille tous les jours pour y arriver. »

Adoption de la Déclaration politique (A/75/L.95)

Dans une motion d’ordre, la Fédération de Russie s’est déclarée contrainte de proposer une série d’amendements oraux, plusieurs de ses propositions n’ayant pas été prises en compte.  Cela fait 20 ans que l’Assemblée générale adopte ses déclarations sur le VIH par consensus.  Les discussions pour y parvenir sont souvent houleuses mais chaque État Membre essaie de faire des concessions, ce qui n’a pas été le cas cette année.  La Déclaration politique ne tient pas la route en matière de respect des obligations et de la terminologie consacrée, a tranché la Fédération de Russie, en reprochant aux facilitateurs des négociations « leur partialité » et leur propension à privilégier certains États.  Certes, a-t-elle concédé, ils ont fait des efforts pour trouver des compromis mais ont laissé de côté des questions « importantes » qui n’ont pas été prises en compte.  La Déclaration politique, a encore critiqué la Fédération de Russie, contient des éléments que nous avons jugé « problématiques », dès le premier jour. 

Elle a rejeté l’appel à modifier les législations nationales, ce qui est « une véritable ingérence ».  Dans le droit fil de la Stratégie mondiale 2021-2025 de l’ONUSIDA, la Déclaration politique fait référence à la prostitution et à la consommation de drogue, en oubliant un peu vite que cette prostitution a diminué dans 119 États Membres et que la consommation de drogue l’a été dans 111.  De plus, a poursuivi la délégation, la Déclaration politique épingle les lois de 92 pays mais elle ne mesure pas les conséquences qu’auraient les modifications.  La Fédération de Russie a donc demandé la suppression de plusieurs paragraphes.  Il s’agit du paragraphe 1 c) qui appelle à mettre à prendre des mesures transformatrices pour mettre fin aux inégalités sociales, économiques, raciales et aux inégalités entre les genres, aux lois, politiques et pratiques restrictives et discriminatoires, à la stigmatisation et aux formes multiples et croisées de discrimination, notamment fondées sur la séropositivité, ainsi qu’aux violations des droits humains qui perpétuent l’épidémie mondiale de sida.

Il s’agit aussi du paragraphe 28 dans lequel l’on exprime une profonde préoccupation face à la stigmatisation, la discrimination, la violence et les lois et pratiques restrictives et discriminatoires qui visent les personnes vivant avec le VIH, à risque de le contracter ou touchées par le virus, et les lois qui restreignent la circulation de ces personnes.  Il s’agit encore du paragraphe 37 qui appelle l’attention sur l’insuffisance des mesures et des programmes de traitement de l’usage de substances qui améliorent l’observance du traitement du VIH, ainsi que sur le fait que l’application de lois restrictives entraîne une discrimination et une marginalisation des consommateurs de drogues, en particulier les usagers de drogues injectables, et entrave leur accès aux services liés au VIH. 

Il s’agit par ailleurs du paragraphe 65 a) qui parle de la création « ...d’un environnement juridique porteur en revoyant et modifiant, selon que de besoin, les cadres juridiques et les cadres de politique générale restrictifs, notamment les lois et pratiques discriminatoires qui créent des obstacles ou renforcent la stigmatisation et la discrimination… ».  Il s’agit enfin du paragraphe 65 b) qui appelle à l’adoption et à l’application « des lois, des politiques et des pratiques qui prohibent le recours à la violence et autres violations des droits des personnes vivant avec le VIH… ». 

Le deuxième projet d’amendement porte sur la réduction des risques, a expliqué la Fédération de Russie qui a souligné que les thérapies à base d’opium présentées comme substituts à l’héroïne n’aident personne à lutter contre la toxicomanie.  Elle a donc proposé de supprimer la note de bas de page de la page 15 qui dit « Pour être complets, les programmes de prévention, traitement et prise en charge du VIH chez les usagers de drogues injectables doivent comprendre neuf mesures que la note énumère.  La Fédération de Russie a aussi proposé la suppression du paragraphe 60 a) qui parle de renforcer le leadership national, « en allouant davantage de ressources et en intensifiant les mesures fondées sur des données factuelles visant à faciliter l’accès à des méthodes de prévention combinée du VIH ayant fait leurs preuves… ». 

Enfin, le troisième projet d’amendement a trait au mandat de l’ONUSIDA.  La Fédération de Russie a rejeté la référence à des « approches fondées sur les droits » et rappelé la résolution de l’ECOSOC sur laquelle a été fondé le Programme.  La Déclaration politique fait allusion, non pas aux droits de l’homme universellement reconnus mais à des droits sexuels « non définis par les instruments internationaux », a dit la Fédération qui a demandé la suppression du paragraphe 70 qui parle de renforcer et d’étendre « la démarche concertée unique multisectorielle, multipartite, axée sur le développement et sur les droits afin d’éliminer le sida et d’apporter, à chaque personne, la santé qui est considérée comme bien public mondial ».  Elle a fait la même demande pour le paragraphe 70 c) qui appelle les États à fournir « des ressources complètes au Programme commun, en appuyant son action visant à affiner et renforcer son modèle opérationnel unique ».

À quelle étape sommes-nous? se sont étonnés les États-Unis.  Il nous semble que la Déclaration politique ait été présentée et approuvé par les États.  Nous ne pouvons que regretter des amendements contraires à la nécessité de réformer les lois et les politiques et de les fonder sur les droits de l’homme pour une riposte plus efficace contre le VIH/sida, a commenté à son tour l’Australie, cofacilitateur des négociations.  La Déclaration politique n’est pas un texte contraignant.  Elle ne fait que présenter les meilleures pratiques, y compris scientifique.  Autre cofacilitateur, la Namibie a insisté sur la « transparence » et « la bonne foi » des négociations.  La Déclaration politique, a-t-elle argué, est le fruit « d’un équilibre délicat » entre les différentes positions des États Membres et il faut regretter que les amendements risquent de léser les délégations qui ont fait le choix du consensus.  En tant que pays du continent le plus affecté par le VIH/sida, la Namibie a dit redouter que l’absence de consensus ne nuise d’abord aux Africains. 

Reprenant la parole, les États-Unis ont rejeté en bloc les amendements russes, qu’ils ont qualifiés d’« hostiles » et « graves ».  Il y a 40 ans exactement, la communauté internationale n’a pas su réagir à temps et 40 ans plus tard, nous commettons les mêmes erreurs, se sont impatientés les États-Unis.  Deux mois de négociations, ont-ils souligné, ont permis d’aboutir à une Déclaration équilibrée et en voulant aujourd’hui mettre un accent trop marqué sur la souveraineté nationale, on risque de nuire à l’efficacité de la riposte.  Au nom de l’Union européenne, le Portugal, s’est, à son tour, opposé, aux amendements russes.

Bien que loin d’être idéal, le texte a notre soutien, a déclaré le Brésil, satisfait du seul compromis atteignable pour l’instant.  Le Canada s’est montré plus personnel.  Son représentant a parlé de « la peur » qu’il ressentait, il y a quelques années, en tant que jeune homosexuel.  Il a salué les progrès de la science qui permettent aujourd’hui aux personnes infectées par le VIH de mener une vie tout à fait épanouissante.  Le Mexique a, à son tour, rejeté les amendements russes malgré « les faiblesses » de la Déclaration politique.

Ce texte, a renchéri le Rwanda, est le meilleur moyen de mobiliser la volonté politique de l’Assemblée générale.  C’est en effet l’absence de cette volonté qui rend inaccessibles les médicaments sur le continent africain où il est difficile aujourd’hui de trouver des familles qui n’aient pas perdu de proches en raison du VIH/sida.  La Déclaration politique n’est pas « idéale » mais elle est le résultat d’un équilibre délicat et « précaire », a ajouté l’Afrique du Sud, en dénonçant des amendements « de dernière minute ».  Face à de « graves problèmes de santé publique », a conseillé le Cameroun, nous devons agir en toute responsabilité et dans l’unité, craignant que les délégations ne quittent cette salle sans une Déclaration politique en main.  C’est parce que certains veulent privilégier une couleur dans l’arc-en-ciel, que nous nous retrouvons dans cette situation « malencontreuse », a-t-il dénoncé. 

Saluons plutôt, a poursuivi la Guinée équatoriale, un « document qui n’est pas figé ».  Il s’agit, a estimé, à son tour le Maroc, d’un document « pragmatique, ambitieux et consensuel ».  Il a insisté sur une adoption par consensus, une « démarche essentielle pour notre capitale », mais aussi pour les organismes spécialisés du système des Nations Unies.  Comprenant qu’il s’agit également d’un « texte de compromis caractérisé par un équilibre délicat », « qui peut nous satisfaire ou non », il a souligné qu’il s’agit néanmoins du texte que tous les États Membres sont encouragés à approuver.  L’Algérie a d’ailleurs rappelé que le taux de participation aux négociations a attesté de la volonté d’adopter un texte « acceptable ».  Elle a aussi rappelé que compte tenu de la persistance de « certaines divergences », elle avait demandé un délai supplémentaire pour parvenir à « un texte de consensus encore plus équilibré ».  Elle a confirmé son soutien à la Déclaration politique car « la diplomatie suppose le dialogue et le compromis ». 

Les amendements ont été rejetés par une moyenne de 115 voix contre.  Reprenant la parole, la Fédération de Russie a souligné qu’elle a travaillé « de façon ouverte et constructive » pendant des négociations.  Nous avons essayé de contribuer à l’élaboration d’un texte équilibré et acceptable par tous, a-t-elle assuré, affirmant avoir fait de nombreuses concessions.  Mais comme un grand nombre de ses préoccupations n’ont pas été prises en compte, elle a demandé la mise aux voix de la Déclaration politique.

Adopté par 165 voix pour et 4 voix contre (Bélarus, Fédération de Russie, Nicaragua et Syrie), le texte a été une nouvelle fois salué par le Royaume-Uni qui a appelé à la recherche du consensus politique, soulignant que les 10 engagements de la Déclaration politique de 2016 ne sont toujours pas honorés et les difficultés de mise en œuvre se creusent encore en raison de la pression exercée par la COVID-19.  Au nom du Conseil de coopération du Golfe, le Bahreïn s’est aussi félicité de l’adoption d’un « compromis » qui devra faire l’objet d’un bon suivi.  La Chine a tout de même regretté l’absence de consensus, reconnaissant les problèmes liés à certains libellés, comme ceux liés aux défenseurs des droits de l’homme.  Ce texte comprend des éléments « destructifs », a tranché la Fédération de Russie, en reprenant une nouvelle fois la parole.

Elle a regretté que la lutte contre le VIH/sida serve de prétexte à des objectifs controversés.  Le fait que la première mouture appelait à légaliser la prostitution et la toxicomanie et ne contenait aucune référence à un mode de vie sain et aux valeurs familiales « en dit long ».  Pendant les négociations, a encore critiqué la Fédération de Russie, on a essayé d’imposer heureusement sans succès, des concepts « très controversés » comme l’éducation sexuelle complète.  Certaines délégations allant même jusqu’à s’opposer au respect des législations nationales et du droit souverain des États, en insistant de façon excessive sur des notions scientifiques non agréées.  La Fédération de Russie a estimé que le Secrétariat de l’ONUSIDA « n’ait pas été la hauteur » et prévenu qu’elle ne se sent aucunement liée par les dispositions de la Déclaration politique auxquelles elle s’est opposée.

Le Japon a, à son tour, douté de la nécessité de tenir une autre réunion de haut niveau en 2026, comme le préconise la Déclaration politique, « même si personne ne conteste l’importance de la pandémie de VIH/sida ».  Reprenant les préoccupations de la Fédération de Russie, l’Iran a dénoncé certaines notions et terminologies « controversées » et contraires à ses lois.  Il s’est donc dissocié de toutes les dispositions pertinentes.  Ne laisser personne sur le côté est un mot d’ordre universel, a souligné la Hongrie qui a promis de mettre en œuvre la Déclaration dans cet esprit.  Le Guatemala a quant à lui rejeté toute mention « des droits sexuels et reproductifs » qui pourrait être mal interprétés et être confondu avec « le droit à l’avortement ».  Ayant voté pour la Déclaration, l’Iraq a tout de même regretté certaines références qui ne sont « pas en phase » avec sa législation nationale.  Il s’est dissocié de toutes les dispositions pertinentes. 

Hélas, nous n’avons pu voter en faveur du document, a avoué le Bélarus, critiquant des négociations « entachées de partialité » et hostiles à la souveraineté nationale et aux traditions culturelles.  Il a insisté sur l’importance de la famille et de l’éducation des enfants et regretté que ces aspects n’aient pas reçu une attention suffisante.  Ce sont les parents, s’est-il expliqué, qui ont la responsabilité principale de sensibiliser leurs enfants aux dangers du VIH/sida.  Nous ne mettrons en œuvre que les dispositions conformes à notre législation et à nos priorités en matière de développement, a dit, à son tour la Libye.  Nous devons rejeter, à notre tour, les tentatives de faire l’amalgame entre lutte contre le VIH/sida et notions controversées, a renchéri l’Égypte, craignant une « fragmentation » des efforts.  Elle a insisté sur la famille, l’éthique et la religion et fait valoir le droit souverain des États à mettre en œuvre les dispositions de la Déclaration à la lumière de leur législation et de particularités culturelles.

Le Soudan a dit avoir voté en faveur de la Déclaration politique, tout en se dissociant de certaines de ses dispositions.  Nous sommes en effet préoccupés par certains termes « ambigus », a avoué la Malaisie.  Nous aurions préféré, a dit Israël, une Déclaration politique plus ambitieuse et plus consensuelle.  Nous insistons, a déclaré, le Nicaragua sur « le droit à la vie », un droit fondamental et inaliénable.  Nous insistons aussi sur notre souveraineté et nos traditions culturelles.  À ce stade, a aussi prévenu le Bangladesh, nous ne pouvons pas dire que le contexte national soit propice à la formulation de lois qui découleraient de la Déclaration politique.  Nous avons voté contre, a souligné la Syrie, contre un texte qui porte atteinte aux législations nationales dont la nôtre.  À son tour, elle a dénoncé des « formulations ambigües ou controversées » qui peuvent donner l’impression que le texte encourage la consommation de drogues et la prostitution.

Le Saint-Siège a prévenu que l’absence de consensus affaiblit l’impact de la Déclaration politique et les efforts de la communauté internationale.  Il a encouragé les comportements responsables, l’abstinence avant le mariage et la fidélité pendant le mariage pour venir à bout du VIH/sida.  Il a émis des réserves sur les termes santé sexuelle et reproductive, contraception, préservatifs ou encore planification familiale.  Le Saint-Siège a aussi souligné que « le genre » n’est pas une norme sociale mais une question biologique.  Il a également insisté sur le rôle fondamental de la famille et la responsabilité des parents dans l’éducation de leurs enfants.  La question de l’avortement ne devrait en aucun cas faire partie de la planification familiale et elle relève en outre des prérogatives nationales.

Aujourd’hui, a embrayé l’Union européenne, près de 7 millions de personnes ignorent toujours leur séropositivité et plus de 2 millions contractent la maladie chaque année.  Déçue par l’absence de consensus sur la Déclaration politique malgré « ses immenses compromis », elle s’est dite indignée par « la politisation » du VIH/sida.  Elle a salué le fait que le texte mette l’accent sur les risques et les violences sexistes, ajoutant que les « populations clefs », dont la mention est tant contestée, et leurs partenaires sexuels représentent près de 80% des nouvelles infections.  Elle a dénoncé les obstacles qui persistent comme la stigmatisation et la criminalisation des malades.   

Débat général

Parlant également au nom du Groupe des États d'Afrique, M. Felix Antoine TSHILOMBO TSHISEKEDI, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé que la COVID-19 vient d’illustrer un « tableau dramatique » des faiblesses de nos systèmes de santé et de l’interrelation entre santé et économie.  Le plus important, s’agissant du financement durable de la riposte au VIH/sida, c’est que toutes les personnes accèdent sans discrimination aux services de prévention, connaissent leur statut sérologique et que les patients concernés accèdent au traitement.  Malheureusement, l’objectif d’investir 26 milliards de dollars d’ici à 2020 au niveau mondial n’a pas été atteint, la pandémie de COVID-19 ayant bouleversé toutes les économies.

En RDC, a poursuivi le Président, la crise de la pandémie de COVID-19 a obligé à reprogrammer les dépenses existantes, sans oublier qu’outre cette nouvelle pandémie, le pays a fait face à plusieurs épisodes d’Ébola entre 2018 et 2020, avec comme conséquence la baisse de ses revenus intérieurs.  Le système de financement du secteur de la santé repose principalement sur le trépied budget de l’État, apports extérieurs et recouvrement des coûts des soins et services de santé auprès des ménages.  Concernant le VIH/sida, en 2019, les ressources extérieures ont couvert 82% des dépenses et l’État 18%.  Mais malgré les progrès enregistrés au cours des 10 dernières années en RDC, les nouvelles infections et les décès n’ont connu qu’une très faible diminution, a reconnu le Président.

La Vice-Ministre a donc plaidé pour une meilleure utilisation des ressources existantes et le renforcement de l’efficacité des programmes.  Il faut, a-t-il ajouté, accroître les investissements dans une prévention efficace et donner la priorité à un dépistage ciblé.  Il a également préconisé des financements innovants, par exemple les taxes aéroportuaires ou minières.

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a affirmé que son pays, comme d’autres, a atteint presque toutes les cibles de l’objectif 90-90-90.  Depuis 2005, le taux de prévalence du VIH s’est stabilisé à 3%.  Mais, a reconnu le Président, le temps n’est pas encore à la célébration: « il faut encore atteindre 95%, puis 100% ».  C’est pourquoi une nouvelle Déclaration politique est nécessaire pour mettre fin au VIH d’ici à 2030.  Le VIH/sida et la COVID-19 étant tous deux des pandémies, l’on peut en tirer des enseignements communs, le premier étant que la qualité et la rapidité de la riposte sont toujours déterminées par la richesse et la pauvreté.  

La riposte tardive en Afrique a été « une erreur ».  Certains pensaient même que les Africains ne seraient pas capables de prendre leurs médicaments à temps.  C’est une décennie et de nombreuses vies qui ont été perdues.  Aux yeux du Président, le tournant de la lutte contre le VIH en Afrique a été le consensus pour investir massivement dans les systèmes de santé nationaux, à travers des programmes clefs comme le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) et le Fonds mondial.  C’est ainsi qu’une large part des infrastructures dont dépend l’Afrique pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ont été construites grâce au financement de la riposte contre le VIH, a-t-il noté, citant l’exemple du laboratoire national de référence du Rwanda.  

Même dans le cadre de la lutte contre une pandémie spécifique, nous pouvons travailler ensemble, entre partenaires, pour décaisser les fonds de manière flexible en vue de poursuivre le renforcement des systèmes de santé, a soutenu le Président rwandais.  Nous devons également saisir ce moment pour renforcer la collaboration dans la recherche scientifique avec l’Afrique et investir dans la capacité de production des médicaments et des vaccins sur notre continent, a-t-il plaidé, remerciant l’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Union africaine et tous les partenaires financiers pour leurs efforts visant à en finir avec le VIH/sida « une fois pour toutes ».

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a énuméré les progrès enregistrés par son pays, au cours des cinq dernières années, grâce à l’adoption du Cadre stratégique de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles pour la période 2021-2025, dont les grandes orientations s’alignent sur celles de la nouvelle Stratégie mondiale 2021-2026.  Pour la période 2016-2020, les nouvelles infections ont connu une réduction de 13% et les décès liés au sida, de 24%.  Quant au taux de transmission de la mère à l’enfant, il est passé de 8,2% en 2016 à 5,3% en 2020.  À la fin de 2020, 78% des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique, 86% parmi elles étaient sous traitement antirétroviral. 

Le Président s’est félicité de résultats enregistrés grâce à la forte mobilisation de la société civile et à l’implication de l’ensemble des partenaires au développement.  Cependant, a-t-il averti, tous ces efforts risquent de connaître un essoufflement du fait du contexte qui est « le nôtre » marqué par le terrorisme et la pandémie de COVID-19 qui exercent une énorme pression sur nos ressources budgétaires.  Le Président a donc réaffirmé son engagement à mettre fin aux inégalités et au fléau du sida à l’horizon 2030.  Il a tenu à réaffirmer l’engagement de son gouvernement à améliorer et à poursuivre pour les années à venir les allocations budgétaires de l’État.  Au regard du contexte sécuritaire au Sahel, avec son corollaire des déplacés aggravé par les effets néfastes de la pandémie sur « nos économies », il a lancé un appel à la communauté internationale pour plus de solidarité.

La Présidente de la République-Unie de Tanzanie, Mme SAMIA SULUHU HASSAN, a fait état des progrès enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida dans son pays.  Aujourd’hui, les tests de dépistage sont beaucoup plus nombreux et dans 98% des cas on utilise les traitements antirétroviraux.  En 2020, il y a eu 32 000 décès, ce qui correspond à une baisse « considérable » de la prévalence et de la transmission de la mère à l’enfant, laquelle se situe autour de 7% actuellement.  Il n’en reste pas moins que le VIH/sida reste bien présent en Tanzanie et que la pandémie de COVID-19 a mis à mal la riposte.  Pour la Présidente tanzanienne, il ne faut pas « mélanger » les ressources et continuer d’allouer les moyens requis à la lutte contre le VIH/sida.  La riposte doit rester mondiale et tenir compte des sensibilités des différents pays, a-t-elle estimé, en affirmant qu’il est possible de venir à bout du VIH/sida à condition d’avoir les ressources et la volonté politique nécessaires à l’échelle mondiale et nationale.  La Présidente Hassan a dûment appuyé la Déclaration politique.

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a vanté le « très bon bilan » de son pays en matière de prévention, de traitement et de soins contre le VIH/sida.  Malgré les difficultés sanitaires et économiques et l’apparition de la pandémie de COVID-19, nous n’avons laissé personne de côté, a-t-il souligné, affirmant que, ce faisant, les Seychelles ont honoré leurs engagements mondiaux, régionaux et nationaux, y compris la mise en œuvre des objectifs de développement durable et des stratégies de l’ONUSIDA et de l’OMS pour mettre fin au sida.  Il a cependant reconnu que beaucoup reste à faire. 

C’est pourquoi il s’engagé à procéder aux investissements nécessaires et à continuer de favoriser une plus grande autonomisation des communautés.  Nous continuerons également de renforcer le respect des droits de l’homme et de veiller à ce que les services de lutte contre le sida soient adaptés aux besoins des personnes qu’ils servent et que leur accès reste gratuit et sans entrave.  À cet égard, M. Ramkalawan a constaté que la perte de moyens de subsistance due à la pandémie de COVID-19 influence négativement le comportement des survivants et la façon dont les gens s’engagent dans les soins pour le VIH.  Des solutions existent pour ces deux défis, l’un nouveau, l’autre persistant, a-t-il assuré, enjoignant à la communauté internationale de « se montrer à la hauteur ». 

Il s’est félicité de la Déclaration politique parce que tous ses appels à l’action s’alignent parfaitement sur la vision du développement national, a poursuivi le Président qui a dit croire au pouvoir des données, de la science et de l’innovation, ainsi qu’à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes en tant que vecteurs de progrès.  Il a promis l’élimination des vestiges de la stigmatisation et de la discrimination envers les personnes infectées par le VIH.  Enfin, il a appelé les États à libérer les ressources nécessaires et les Nations Unies à leur fournir un soutien technique dans cette « dernière étape de la course pour mettre fin au VIH/sida ».

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a déclaré que son pays a été en mesure de riposter au VIH/sida grâce à des politiques gouvernementales efficaces qui ont été élaborées et mises en œuvre au fil des ans avec l’aide des principales parties prenantes internationales.  Le Gouvernement a mis l’accent sur la mobilisation communautaire, a-t-il dit.  La maladie est restée stable au cours des deux dernières décennies, avec moins de personnes infectées.  Des services améliorés de dépistage du VIH au cours des deux dernières années ont été offerts doublant ainsi le nombre de personnes qui connaissent leur séropositivité.  En outre, les femmes enceintes sont tenues de se soumettre à un test de dépistage du VIH, de même que les couples qui ont l’intention d’officialiser leur union civile avant que des certificats de mariage ne leur soient délivrés.  Les personnes dont le test de dépistage du VIH est positif sont immédiatement conseillées et placées sous traitement antirétroviral.

La COVID-19 a submergé les systèmes de santé déjà fragiles de notre région, menaçant ainsi d’effacer les acquis et les progrès réalisés au cours des années précédentes, s’est cependant inquiété le Président.  De ce fait, l’Afrique reste le continent le plus touché et n’est pas sur la bonne voie dans son objectif de « mettre fin au sida d’ici à 2030 ».  La stigmatisation et la discrimination, les inégalités entre les sexes et la violence fondée sur le sexe demeurent des obstacles majeurs à l’accès à des services de qualité.  M. Weah s’est associé aux appels à renforcer les capacités locales de production de produits pharmaceutiques, de diagnostics et de vaccins en Afrique.

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a rappelé qu’il était présent en 2016 à New York lorsque l’Assemblée générale a adopté la Déclaration politique sur le VIH qui a consacré l’urgence de la riposte mondiale au sida.  Il a indiqué que, dès 2017, son pays a lancé un plan national d’accélération de l’accès au traitement antirétroviral.  Les résultats sont, selon lui, significatifs puisque plus de 50% des personnes vivant avec le VIH en Centrafrique ont accès au traitement, contre moins de 24% en 2016.  De plus, les décès liés au sida sont passés de près de 8 000 en 2016 à 3 800 en 2019, soit une réduction de plus de la moitié en trois ans.

M. Touadera a toutefois noté que ces progrès, soutenus notamment par l’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, restent entravés par les conflits, les violences et les crises humanitaires récurrentes.  Dénonçant les attaques contre le système de santé et les acteurs humanitaires de même que les violences sexuelles, qui fragilisent la réponse et exacerbent la vulnérabilité au VIH, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour juguler les causes profondes des conflits.  Il a également souhaité qu’aucune nation ne soit laissée pour compte dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, ce qui implique de lever les barrières des brevets pharmaceutiques et de transformer l’aide au développement en un outil de résilience.  « Notre communauté de destin nous oblige à saisir la COVID-19 comme une opportunité pour repositionner la lutte contre le sida et les autres défis de santé publique au cœur d’un nouvel ordre mondial fondé sur l’égalité et l’équité », a conclu le Président centrafricain.

M. EMMERSON DAMBUDZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a souligné l’impact négatif de l’épidémie de VIH/sida sur les économies mondiales, les moyens de subsistance des communautés et des ménages individuels.  Avec la pandémie de COVID-19, ces deux défis nous donnent une raison de renforcer le multilatéralisme, la solidarité et la coopération, a souligné M. Mnangagwa.

L’occasion pour lui de féliciter le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) d’avoir adopté la Stratégie mondiale de lutte contre le sida, qui fournit des orientations aux pays pour mettre fin au sida d’ici à 2030.  À cette fin, a-t-il dit, le Zimbabwe a finalisé son propre plan stratégique national pour 2021-2025, qui se concentre sur l’investissement dans des domaines tels que la santé et la protection sociale, entre autres, tout en protégeant les acquis obtenus jusqu’à présent. D’ores et déjà, son pays a atteint les objectifs pour 2020, à savoir que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 90% de celles qui connaissent leur statut sont sous traitement antirétroviral.  En outre, son pays a enregistré une baisse de 44% des nouvelles infections entre 2010 et 2019.

Le Président du Zimbabwe a appelé à redoubler d’efforts face à la pandémie de COVID-19 et exhorté les partenaires à continuer à fournir un financement suffisant spécifique aux pays à revenu faible et intermédiaire.

Pour finir, il a fait part de son souhait « que les nouveaux objectifs ambitieux et audacieux de la Déclaration politique que nous adoptons nous guideront et serviront de référence dans la poursuite de la lutte contre le VIH/sida ».

La pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités et inversé les progrès économiques dans de nombreux pays, a déploré M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone.  Il a regretté que les femmes, les filles et les groupes de population clefs vulnérables continuent de subir des violences sexuelles et sexistes et des violations des droits de l’homme qui accroissent leur vulnérabilité au VIH et au sida.  Dès lors, s’attaquer aux inégalités sexospécifiques et structurelles dans le contexte du développement du capital humain est essentiel.  C’est pourquoi, a expliqué le Président, son gouvernement a renforcé les lois sur les délits sexuels, accéléré les poursuites et créé des centres uniques pour les viols.  La Première Dame a mené une vigoureuse campagne de sensibilisation à l’échelle nationale, intitulée « Bas les pattes sur nos filles », qui porte également sur le mariage des enfants, la grossesse des adolescentes et l’hygiène menstruelle.  Les interventions dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène (WASH), l’éducation sexuelle et l’annulation de l’interdiction de scolariser les filles enceintes ont contribué à augmenter les taux de rétention et de réussite des filles.

Cependant, sans investissements prévisibles, nous risquons d’inverser les progrès réalisés au cours des trois dernières décennies, a averti M. Maada Bio.  L’heure est à la solidarité mondiale et au partage des responsabilités, a-t-il ajouté.  Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle flambée d’infections au VIH et de décès, a-t-il conclu en exhortant toutes les parties à travailler ensemble pour éliminer tous les obstacles structurels, juridiques et opérationnels qui limitent l’accès des populations vulnérables aux services liés au VIH/sida.

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a déclaré que son pays est devenu riche en données grâce aux résultats de la plus grande enquête menée en 2018 sur les indicateurs et l’impact du sida (NAIIS).  Les résultats de cette enquête ont permis au Nigéria de fixer des objectifs réalistes et d’identifier les personnes qui ne bénéficiaient pas des services nécessaires.  En outre, grâce au soutien des États-Unis, du Fonds mondial, de la société civile et d’autres partenaires, le Nigéria a pu inscrire près de 1,5 million de Nigérians à un traitement anti-VIH salvateur.  Nous avons enregistré une « croissance énorme » dans notre programme de traitement, en particulier au cours des deux dernières années.  Poursuivant, le Président a indiqué avoir tenu l’engagement pris lors de l’événement parallèle à la Réunion de haut niveau de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale en septembre 2017, de commencer à placer 50 000 Nigérians vivant avec le VIH sous traitement chaque année.  De plus, il a dit avoir personnellement accordé une dérogation exceptionnelle pour l’utilisation d’appels d’offres internationaux compétitifs afin d’acheter des médicaments antirétroviraux avec un rapport coût-efficacité de plus de 30%.

Le Gouvernement du Nigéria est pleinement engagé dans les objectifs de développement durable et dans d’autres initiatives internationales et régionales visant à éliminer le VIH et le sida en Afrique et dans le monde d’ici à 2030, a assuré M. Buhari.  Il a réaffirmé le soutien total de son gouvernement à une position africaine commune claire et ambitieuse et à une nouvelle déclaration politique à même de contribuer à réduire la menace du VIH pour la santé publique et renforcer la résilience pour mettre fin au sida, et faire face aux urgences sanitaires actuelles et futures.

« Nous nous engageons à traduire d’urgence toutes les déclarations politiques nouvelles et convenues en actions nationales » afin de lutter de manière décisive contre l’épidémie de VIH dans la région, a promis le Chef de l’État.

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président du Guyana, a indiqué que son pays a renouvelé son engagement à l’égard de la stratégie mondiale de l’ONUSIDA après avoir lancé son propre plan stratégique contre le VIH pour la période 2021-2025.  Le Gouvernement guyanien est déterminé à fournir un accès universel à la prévention, aux soins et au traitement pour toute personne vivant avec le VIH ou sous la menace d’infections par le VIH, a-t-il dit, assurant que les résultats du programme VIH du Guyana sont parmi les meilleurs des Caraïbes.  Au total, 95% des personnes vivant avec le VIH ont été diagnostiquées, 73% de celles qui connaissent leur statut sérologique sont sous traitement et le taux de suppression virale est de près de 90%.  De fait, a souligné le Chef d’État, au cours des 20 dernières années, le Guyana a réduit de plus de moitié les nouvelles infections à VIH.  Et s’il n’a fait que s’approcher des « trois 90 » définis par l’ONUSIDA, il entend atteindre celui de 95-95-95 fixé à l’horizon 2025.

Le Guyana, a poursuivi M. Irfaan Ali, a déjà lancé un programme complet de prophylaxie préexposition, avec un accès garanti pour toute personne risquant d’être infectée par le VIH.  Le pays a aussi développé l’autotest, tout en proposant un dépistage, un diagnostic et des traitements intégrés des maladies sexuellement transmissibles dans son système de soins de santé primaires.  Pour la période à venir, a-t-il indiqué, les efforts viseront à rendre illégale la discrimination liée au VIH, à atteindre les groupes vulnérables, à intégrer la santé mentale dans tous les programmes de lutte contre le VIH et à numériser le système actuel de surveillance.  Le Guyana, a souligné son Président, tient à ce que la Déclaration politique de 2021 reflète ces domaines d’intérêt et garantisse financement de l’ONUSIDA et du Fonds mondial.

Le Président du Niger, M. MOHAMED BAZOUM, a expliqué qu’en dépit des initiatives du Gouvernement, les personnes vivant avec le sida continuent à subir une discrimination sous diverses formes.  C’est pourquoi le Niger s’est inscrit dans la Stratégie de l’ONUSIDA.  Depuis la découverte du premier cas en 1987, l’épidémie du VIH est restée faible, avec une prévalence de 0.4%.  Le pays a enregistré également une baisse continue du nombre de décès liés au VIH qui est passé de 4 000 en 2012 à 973 en 2020.  65% des 21 330 personnes infectées ont reçu un traitement antirétroviral en 2020 et les soins continus ont été assurés au niveau de 132 sites de prise en charge alors que les capacités de dépistage ont été renforcées. 

Malgré ces résultats encourageants, le Président a concédé qu’il reste encore beaucoup à faire, pour que le Niger puisse notamment satisfaire « les trois 90 » de la Stratégie mondiale.  La transmission du VIH de la mère à l’enfant ainsi que la prise en charge pédiatrique figurent parmi les défis que le Niger s’attèle à relever.  Tous ces efforts ont bénéficié de l’appui de l’État mais surtout de ses partenaires techniques et financiers, a expliqué le Président, ce qui a permis de rendre les produits disponibles et les soins gratuits.  M. Mohamed a rendu un vibrant hommage à ces partenaires mais aussi aux organisations de la société civile, aux ONG et aux médias.  La lutte contre la pandémie de COVID-19, qui continue d’avoir de graves répercussions sur les systèmes de santé et les économies, tout comme celle contre le VIH/sida, rappellent combien il est urgent, face à des défis globaux, d’agir de façon coordonnée, sur la base d’un multilatéralisme revigoré, pour trouver les solutions durables, a conclu le Président Mohammed.

M. LAZARUS MCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a souligné les progrès accomplis par son pays dans la mise en œuvre de la Déclaration politique de 2016.  L’objectif 90-90-90 a été respecté et nous enregistrons aujourd’hui des résultats de 92%, 95% et 94%, s’est-il félicité, reconnaissant toutefois que le Malawi n’a pas réussi à réduire le nombre des nouvelles infections.  Pour le Chef d’État, l’épidémie de VIH/sida ne pourra être éliminée que par des systèmes de santé résilients aux menaces sanitaires mondiales telles que la pandémie de COVID-19.  Mais, a-t-il ajouté, nous devons aussi nous attaquer aux inégalités de genre, aux violations des droits humains, à la stigmatisation et à la discrimination. 

M. Chakwera s’est engagé à traduire la Déclaration politique dans les faits.  Il a promis l’engagement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) dont il assumera la présidence en août.  Il a également appelé tous les partenaires internationaux et de développement à accroître leurs investissements pour éviter toute inversion des gains réalisés.  Selon lui, le moment est venu de renouveler la solidarité mondiale pour mettre fin aux inégalités en veillant à ce que des ressources techniques soient mises à disposition pour mettre pleinement en œuvre la Stratégie mondiale de lutte contre le sida et la Déclaration politique.

M. SLUMBER TSOGWANE, Vice-Président du Botswana, a souligné que son pays a fait preuve d’un haut niveau d’engagement politique pour mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030.  C’est pour cette raison qu’il préside lui-même le Conseil national de promotion de la santé.  La première dame du Botswana a été nommée, pour sa part, Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour l’autonomisation et l’engagement des jeunes.  Des progrès louables ont été accomplis dans la lutte contre le VIH et le sida, avec une couverture estimée à plus de 95% des femmes enceintes séropositives sous traitement antirétroviral et une transmission mère-enfant de 1,95%.  Le Botswana a également obtenu de bons résultats en dépassant les objectifs de la procédure accélérée 90-90-90, avec une réalisation de 92%, 95% et 98%, s’est félicité M. Tsogwane.

Cependant, a reconnu le Vice-Président, le pays n’a pas atteint son objectif de contrôle de l’épidémie afin de réduire les nouvelles infections de 75% par rapport à 2010.  En effet, les nouvelles infections n’ont diminué que de 37% et les décès dus au sida de 22% depuis 2010.  Les adolescents et les jeunes, en particulier les filles et les jeunes femmes, continuent de supporter le poids des infections au VIH, a déploré M. Tsogwane.  Le Botswana a élaboré un plan national global visant à éliminer les obstacles liés aux droits de l’homme dans l’accès aux services de lutte contre le VIH et la tuberculose.  Comme dans de nombreux autres pays, la pandémie de COVID-19 a eu un impact négatif sur les services liés au VIH, a enfin constaté le Vice-Président, citant une augmentation des cas de violence sexiste et d’inceste, des conditions qui favorisent les infections au VIH.

M. DAVID MABUZA, Vice-Président de l’Afrique du Sud, a mis l’accent sur les femmes et les filles, qui continuent d’être affectées de manière disproportionnée par le VIH/sida, en particulier les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans.  C’est pourquoi il est indispensable de lutter contre les inégalités qui entravent les progrès vers l’éradication du sida, a-t-il dit, rappelant que son pays représente à lui seul 20% des infections mondiales.  Pour répondre à cette urgence, l’Afrique du Sud continue de mener une action multisectorielle fondée sur les droits de l’homme et l’égalité d’accès.  Cela comprend l’intensification de l’autonomisation économique des jeunes femmes et des filles, en veillant à ce qu’elles aient accès à des services de santé reproductive ainsi qu’à une éducation sexuelle complète, exempte de stigmatisation et de discrimination, a précisé M. Mapuza. 

Malgré les défis actuels, a-t-il ajouté, le pays a fait d’importants progrès dans la réponse à l’épidémie de VIH.  Il dispose notamment du plus grand programme de traitement au monde, avec 5 millions de personnes sous traitement antirétroviral.  Reconnaissant toutefois que l’Afrique du Sud n’a pas atteint les objectifs fixés pour 2020, le Vice-Président a indiqué que la priorité a été donnée à la mise en œuvre de plans de rattrapage VIH/TB dans chacune des provinces du pays.  Ces efforts visent à prévenir les nouvelles infections à VIH, en mettant l’accent sur les populations les plus touchée, a-t-il expliqué, souhaitant par ailleurs que la pandémie de COVID-19 ne vienne pas inverser ces réalisations.  Enfin, tout en apportant son soutien à la Déclaration politique de 2021, il a réitéré son appui à la position africaine commune élaborée sous l’égide de l’Union africaine et plaidé pour davantage de souplesse en matière de propriété intellectuelle pour permettre la production locale de produits médicaux et encourager les mécanismes de partage de technologies.

NANGOLO MBUMBA, Vice-Président de la Namibie, a fait état de progrès inégaux dans la réduction des nouvelles infections à VIH, avec un accès limité aux traitements, de trop nombreux décès liés au sida et des populations laissées pour compte.  De plus, a relevé M. Mbumba, la stigmatisation et la discrimination, ainsi que les inégalités sociales et l’exclusion, demeurent des obstacles majeurs.  Dans notre partie du monde, a-t-il noté, les jeunes femmes et les adolescentes restent vulnérables et sont touchées de manière disproportionnée par l’épidémie de VIH.  Il est donc essentiel d’intensifier les efforts de lutte contre les facteurs structurels qui aggravent la vulnérabilité de certains groupes de population, a-t-il plaidé, non sans rappeler que l’épidémie de sida affecte aussi les ménages, les communautés et la croissance économique des nations. 

Saluant le partenariat renouvelé conclu en mars entre l’Union africaine et l’ONUSIDA, le Vice-Président a indiqué qu’au niveau national, la Namibie a réussi à réduire le taux d’incidence du VIH chez les adultes et a atteint l’objectif de zéro charge virale chez plus de 73% des personnes.  Ces étapes ont, selon lui, été franchies grâce à l’augmentation des investissements dans la riposte au VIH, ainsi qu’à l’expansion stratégique de la prévention et des services de soins.  À cet égard, M. Mbumba a souligné que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité d’investir davantage dans la santé publique et d’amplifier la solidarité mondiale.  En conclusion, il s’est dit fier du rôle joué par son pays en tant que Président du Conseil de coordination des programmes de l’ONUSIDA, dans l’adoption d’une Stratégie mondiale « audacieuse ».

M. JAMES WANI IGGA, Vice-Président du Soudan du Sud, a déclaré que le VIH/sida est une urgence humanitaire qui met à mal la sécurité alimentaire et les services de santé.  Sans les investissements requis, a-t-il prévenu, il ne sera pas possible de réaliser les objectifs fixés par la Déclaration politique d’ici à 2030.  Cela signifie qu’il faut déterminer précisément les groupes et communautés laissés pour compte, a souligné M. Machar.  « Je ne peux pas parler de VIH sans reconnaître la menace posée par la COVID-19 pour notre développement », a-t-il poursuivi, en se désolant que la lutte engagée contre cette pandémie détourne des ressources nécessaires ailleurs.  Le Gouvernement sud-soudanais, sous la houlette du Président Salva Kiir, s’engage à mettre en œuvre les accords signés, à renforcer les systèmes de santé et les services de lutte contre le VIH/sida.  « Mais nous devons prendre les bonnes décisions maintenant », a ajouté le Vice-Président en conclusion.

S’il y a jamais eu un moment pour nous remotiver et voir comment mieux faire, « c’est maintenant! », a pressé M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande.

Il faut d’abord, a-t-il estimé, encourager l’« innovation » et élargir la couverture sanitaire.  Il a appelé à une forte volonté politique pour s’attaquer aux inégalités, à la stigmatisation et à la discrimination.  Il a insisté sur l’engagement communautaire, « un élément clef », pour une riposte efficace au VIH/sida.  La société civile et les populations concernées doivent être impliquées dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’amélioration des politiques et des services liés au VIH à tous les niveaux, pour refléter réellement les besoins de la population.

L’année prochaine, a indiqué le Premier Ministre, la Thaïlande présidera le Conseil de coordination de l’ONUSIDA.  Nous sommes prêts à travailler à la promotion de la Stratégie mondiale contre le sida 2021 et de la nouvelle Déclaration politique.  

M. THEMBA N. MASUKU, Premier Ministre par intérim d’Eswatini, a indiqué que son pays a fait face avec succès aux conséquences dévastatrices du VIH/sida: « 98% des personnes vivant avec le virus reçoivent un traitement antirétroviral ».  Il a indiqué que tous les programmes de lutte contre le virus sont guidés par la promotion des droits humains et de l’égalité entre les genres.  Eswatini n’a pas seulement atteint la cible mondiale 95-95-95 mais l’a dépassée, a déclaré le Premier Ministre, en faisant état d’une diminution de moitié des nouvelles infections.  Tout en qualifiant les résultats atteints « d’impressionnants », M. Masuku a indiqué qu’ils créaient un nouveau défi puisqu’il s’agit désormais de les préserver en vue de parvenir à l’objectif mondial de 2030 dans ce domaine.  Le succès de mon pays a été rendu possible grâce à l’appui robuste de ses partenaires multilatéraux et bilatéraux, a-t-il reconnu.  En conclusion, il a encouragé les donateurs à donner la priorité au financement de la lutte contre le VIH/sida afin de consolider les gains enregistrés.

M. TAOISEACH MICHEÁL MARTIN, Premier Ministre de l’Irlande, a rappelé qu’il était Ministre de la santé en 2000, lorsque l’Irlande a créé une unité dédiée au VIH/sida au sein du programme Irish Aid, et lorsque son pays s’est associé à l’ONUSIDA un an plus tard.  L’Irlande est également membre fondateur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, s’est-il félicité avant de préciser que l’Irlande contribuera à un investissement de plus de 100 millions d’euros à l’appui de la santé mondiale en 2021.  Selon lui, la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026 présente une vision audacieuse.  « Quarante ans après les premiers cas signalés, bien que le nombre de décès ait considérablement diminué, le sida reste une grave menace pour trop de personnes », a souligné le Premier Ministre.  

Néanmoins, M. Martin s’est dit convaincu que nous parviendrons à lutter contre la pandémie de VIH/sida en travaillant activement à réduire les inégalités qui en sont à l’origine.  Illustrant son propos, il a relevé que les filles représentent cinq nouvelles infections sur six chez les adolescents en Afrique subsaharienne.  Parmi les groupes le plus exposés, il a cité les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les professionnel(le)s du sexe, les personnes transgenres, les personnes qui s’injectent des drogues et les personnes en prison.  « Collectivement, ces groupes représentent 62% des nouvelles infections dans le monde », a-t-il précisé avant de rappeler que la COVID-19 nous a appris que « personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité ».  « Il en va de même pour le VIH, et nous devons nous attaquer aux moteurs sous-jacents de cette maladie », a-t-il insisté avant d’appeler à placer les droits de l’homme et l’égalité des sexes au centre de « notre réponse ».  Le Premier Ministre irlandais a également dénoncé la violence sexuelle et sexiste et les stéréotypes sexistes préjudiciables qui entretiennent l’épidémie de sida, avec des conséquences immédiates et à long terme pour les individus, les familles, les communautés et les sociétés.  Il a jugé que les personnes à risque et les personnes vivant avec le VIH doivent avoir accès à des services complets de prévention et de traitement.  « Nous devons augmenter le financement et l’accès à l’éducation, en particulier à l’éducation sexuelle des adolescentes et jeunes femmes en Afrique subsaharienne », a-t-il encore suggéré.

Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de la Serbie, a estimé que l’action contre le VIH/sida nous renvoie à celle menée contre d’autres menaces sanitaires telles que l’actuelle pandémie de COVID-19.  Grâce au triomphe de la science, nous espérons contrôler le coronavirus et sauver des vies, mais il ne faut pas nous reposer sur les acquis, a prévenu la Chef du Gouvernement serbe.  Aujourd’hui, la Serbie poursuit son travail sur le VIH/sida à partir des dernières données.  Le pays a considérablement réduit son taux d’incidence et compte 1 852 personnes bénéficiant d’un traitement moderne contre la maladie.  En outre, il a créé un centre spécialisé pour le sida et la tuberculose qui intègre les principales institutions nationales et des représentants de la société civile.  Cette structure bénéficie des efforts des toutes les parties prenantes, qu’il s’agisse du Gouvernement, des institutions de santé publique ou encore du secteur des ONG qui lutte contre la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH. 

Nous contrôlons le virus mais le travail est loin d’être fini, a reconnu la Première Ministre, selon laquelle le dépistage précoce est la priorité pour réduire le nombre des personnes infectées.  Pour cela, le plan est clair, a-t-elle assuré.  Il faut traiter tout le monde, lutter contre les discriminations et faire montre de solidarité internationale pour éradiquer la pandémie.  « Cela devrait aussi nous permettre d’en finir avec la COVID-19 tout en préservant le droit de chacun à la santé », a-t-elle conclu. 

Le Vice-Premier Ministre du Viet Nam, M. VU DUC DAM, a expliqué que son pays s’est résolument engagé dans la lutte contre le VIH/sida et qu’aujourd’hui il a réussi à contrôler l’épidémie.  Toutefois, pour aller de l’avant et éradiquer le VIH/sida d’ici à 2030, il faudra des ressources adéquates, l’accès de tous aux traitements antirétroviraux et le développement d’un vaccin.  En attendant, le Vice-Premier Ministre s’est félicité de ce que son pays ait dépassé la cible des trois 90.  En comptant sur la solidarité internationale, il s’est dit confiant que d’ici à 2030, il sera possible de venir à bout du VIH/sida.  Il a appelé les États Membres à commencer par se fixer pour objectif la cible 95-95-95. 

Depuis plus d’un an, nous luttons contre la pandémie de Covid-19, alors que nous sommes aux prises avec la VIH/sida depuis des décennies, a souligné Mme JUTTA URPILAINEN, Commissaire aux partenariats internationaux de l’Union européenne (UE).  Elle a donc encouragé un réengagement en faveur d’une stratégie revitalisée et de la fin des inégalités.  En effet, a-t-elle poursuivi, les populations vulnérables sont les plus affectées par le VIH/sida.  Les jeunes femmes et les filles sont encore les plus touchées par ce fléau. 

Plaidant pour des initiatives communautaires, elle a appelé à l’éradication de la discrimination et de la stigmatisation.  Elle a rappelé que l’Union européenne a contribué à hauteur de 2,6 milliards au Fonds mondial et ce, depuis sa création.  Il a exhorté à garantir la couverture sanitaire universelle comme « nous nous sommes engagés » à le faire.  Certes, a-t-elle reconnu, nous avons adopté de nombreuses initiatives en matière d’accès aux vaccins, aux traitements et aux nouvelles technologies sanitaires avec nos partenaires africains et c’est ensemble, a-t-elle conclu, que nous devons mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici à 2030. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BUDI GUNADI SADIKIN, Ministre de la santé de l’Indonésie, a déclaré que quatre de ses États membres ont véritablement avancé dans la lutte contre la pandémie.  Nous sommes conscients, a-t-il dit, que les inégalités ne peuvent contribuer qu’à des progrès inégaux.  La stratégie commune de l’ASEAN consiste donc à élargir l’accès au dépistage et aux traitements, dont la sûreté doit encore être améliorée, a souligné le Ministre.  Il a également reconnu la nécessité d’éradiquer les obstacles auxquels se heurtent les populations vulnérables, tout en soulignant qu’il faut tenir compte des aspects culturels et religieux propres à chaque pays dans la lutte contre le VIH/sida.  Alors que la COVID-19 est venue compliquer la tâche des États Membres, le Ministre a indiqué que son propre pays s’est engagé à redoubler d’efforts pour faciliter l’accès aux traitements et aux vaccins.  Dans ce contexte, il a appelé à la solidarité pour mobiliser tous les efforts en vue de produire les vaccins nécessaires contre cette autre pandémie, sachant l’impact qu’elle a sur les efforts d’éradication du VIH/sida.

Parlant également au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. ARMINDO DANIEL TIAGO, Ministre de la santé du Mozambique, a déclaré que le VIH/sida reste une urgence pour son pays, malgré la pandémie concomitante de COVID-19 qui représente un fardeau important pour les services de santé.  Le Mozambique est au deuxième rang des pays comptant le nombre le plus élevé de nouvelles infections au VIH dans la région de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a-t-il indiqué, précisant qu’en 2020, 2,1 millions de Mozambicains vivaient avec le VIH, parmi lesquels 130 000 étaient des enfants de moins de 15 ans.  Cette même année, le pays a enregistré 98 000 nouvelles infections et 38 000 décès. 

Entre 2010 et 2020, a-t-il poursuivi, le Mozambique a néanmoins réduit de 25% le nombre des nouvelles infections, fait passer le taux de transmission verticale de 34% à 14% et abaissé d’un tiers le nombre des décès liés au sida.  Aujourd’hui, sa riposte s’articule autour de la prévention, des soins et traitements, et de la lutte contre la stigmatisation.  Selon le Ministre, les principaux défis de la riposte nationale reposent à présent sur l’amélioration des stratégies combinées de prévention, l’augmentation des prestations de qualité, l’autonomisation des femmes et des filles et l’élimination de toutes les formes de discrimination.  Dans ce contexte, il a assuré que son pays mettra en œuvre la nouvelle Déclaration politique afin d’être en bonne voie pour éliminer la VIH/sida d’ici à 2030. 

La Ministre du développement international du Canada, Mme KARINA GOULD, a expliqué que son pays continuera de défendre les droits des populations clefs et d’autres groupes touchés de manière disproportionnée par le VIH/sida parce qu’il ne sera pas possible de venir à bout de cette maladie sans s’attaquer aux inégalités croisées, à la stigmatisation et à la discrimination qui l’alimentent.  Pour y parvenir, il faut assurer la participation active des personnes vivant avec le VIH, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des consommateurs de drogues, des professionnel(le)s du sexe, des personnes transgenres, des personnes dans les établissements correctionnels et des populations autochtones.  Notant qu’au Canada et dans toutes les régions du monde, les personnes vivant avec le VIH ont joué un rôle puissant en tant qu’agents du changement, exhortant les pays à investir dans des réponses basées sur les droits et dirigées par la communauté, et dans l’éducation sexuelle complète et la santé et les droits sexuels et reproductifs, le Ministre a appelé à les écouter.   

Au niveau international, il faut, selon elle, intensifier les initiatives de prévention, notamment en autonomisant les adolescentes et les jeunes femmes compte tenu de leur risque disproportionné de contracter la maladie.  La Ministre s’est dite convaincue que les interventions gouvernementales ont plus d’impact lorsqu’elles sont menées en partenariat avec les communautés, fondées sur des preuves et axées sur des solutions locales adaptées pour répondre à leurs besoins spécifiques.  Ce n’est que grâce à un engagement politique de haut niveau, à plus d’ambition et à des actions collectives, qu’il sera possible de respecter les engagements des objectifs de développement durable pour mettre fin à la l’épidémie de sida d’ici à 2030, a souligné Mme Gould.  Pour sa part, le Canada est fier d’amplifier la voix des personnes vivant avec le VIH et des communautés les plus touchées par le virus au cours de cette Réunion de haut niveau, a-t-elle conclu.

Mme CAROLINA DARIAS SAN SEBASTIÁN, Ministre de la santé, la consommation et du bien-être social de l’Espagne, a, d’entrée de jeu, souligné le paradoxe selon lequel, en un an seulement, plusieurs vaccins ont été mis au point pour contrer la pandémie de COVID-19, alors que le VIH/sida, près de quatre décennies plus tard, continue de tuer des centaines de milliers de personnes chaque année et reste une source de stigmatisation et de discrimination.  La pandémie de COVID-19 a bel et bien éclipsé d’autres questions de santé publique et cette Réunion de haut niveau devrait, à ses yeux, remettre le VIH-sida au centre du débat épidémiologique mondial.  Mme San Sebastián a, à cet égard, mis en exergue le « pas de géant » réalisé par son pays dans la lutte contre le VIH.  Une avancée qu’elle explique par, notamment, le rétablissement des soins de santé universels en 2018 qui a permis l’amélioration de la couverture et du financement des traitements antirétroviraux. 

Notre objectif est ferme: 95% des personnes séropositives diagnostiquées, 95% d’entre elles sous traitement et 95% d’entre elles avec une charge virale indétectable et donc non transmissible.  L’objectif de 0% de discrimination, c’est la voie que l’Espagne s’est fixée dans le cadre de son Plan stratégique 2021-2030 pour la prévention et le contrôle du VIH et des autres maladies sexuellement transmissibles.  L’Espagne, a dit Mme San Sebastian, s’aligne sur les objectifs de développement durable pour l’éradication de cette épidémie d’ici à 2030.  Un défi qui exige un haut niveau d’engagement multilatéral pour combler le fossé entre le Nord et le Sud, comme le fait l’Espagne, à travers des projets de coopération avec l’Amérique latine.  Pour Mme San Sebastián, l’éradication du VIH et l’amélioration de la vie des personnes est à portée de main, c’est une question de volonté politique, alors « faisons en sorte de rendre possible cet objectif ».

M. FLEMMING MØLLER MORTENSEN, Ministre de la coopération et du développement du Danemark, a déclaré que les droits sexuels et reproductifs pour tous doivent être réalisés.  Il est important de tenir compte du fait que certaines « populations clefs » sont plus vulnérables que d’autres.  Il faut donc, a-t-il estimé, proposer des approches spécifiques.  Le Ministre a ensuite cédé son micro à Natasha, Conseillère à la jeunesse, qui a rappelé que les jeunes filles de 15 à 25 ans figurent parmi les personnes les plus vulnérables, sachant qu’elles ne disposent pas toujours des moyens de s’informer sur les moyens de se prémunir du VIH/sida.

M. IGNAZIO CASSIS, Chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a fait le parallèle entre le moment de l’apparition de l’épidémie du VIH/sida, il y a près de 40 ans, et celui, plus récent, de l’émergence de la COVID-19.  Même si ces deux maladies sont très différentes, de nombreux phénomènes observés à l’époque sont d’une actualité brûlante, a noté M. Cassis en évoquant « la peur, le bouleversement social et la perte des libertés individuelles ».  Mais également, sur une note plus positive, « la solidarité, le rôle de la recherche scientifique, les investissements collectifs ».  

Des progrès remarquables ont été réalisés dans la lutte contre le VIH/sida, grâce en grande partie à la coopération internationale, a reconnu M. Cassis en affirmant que les partenariats entre gouvernements, secteur privé, science et société civile ont été gagnants.  « Cela n’empêche que le sida est toujours présent, surtout dans les pays les plus fragiles et qu’il ne faut pas relâcher les efforts. »  Pour lui, il s’agit d’une responsabilité collective de fournir les ressources nécessaires pour maîtriser non seulement la pandémie de COVID-19, mais aussi les autres fléaux, que ce soit la tuberculose, le paludisme, les maladies tropicales négligées et, surtout, le VIH/sida.  Des millions de personnes, nos sociétés et notre économie en dépendent, a-t-il fait valoir en exhortant à se focaliser sur ceux qui en ont le plus besoin à savoir les personnes vulnérables, et en particulier les jeunes femmes et les filles en Afrique.  Ces personnes doivent avoir accès aux mesures de prévention, aux soins et à l’information.  Malheureusement, a poursuivi M. Cassis, il n’existe pas encore de vaccin contre le VIH/sida et les efforts en ce sens doivent se poursuivre sans relâche.  La Suisse, a-t-il conclu, soutient résolument la nouvelle stratégie mondiale contre le VIH/sida, l’ONUSIDA et ses partenaires. 

M. FRANZ FAYOT, Ministre de l’économie, de la coopération au développement et des affaires humanitaires du Luxembourg, a insisté à son tour sur le fait que ce sont les inégalités qui expliquent les retards dans la réalisation des objectifs fixés pour 2020.  Parlant des femmes et des jeunes filles, il a dit: en les autonomisant, en promouvant les droits de la santé reproductive, en luttant contre la violence sexiste, en réformant les lois punitives et en investissant dans une infrastructure adéquate pour des services complets de lutte contre le VIH, nous pouvons atteindre les objectifs mondiaux d’ici à 2025.  L’objectif 3 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 nécessite plus que des services de santé de qualité.  Il requiert l’égalité des sexes, l’accès à l’éducation et à l’emploi, l’engagement communautaire et, surtout, le respect des droits de l’homme.  La fin des inégalités, a martelé le Ministre, est l’objectif le plus important à atteindre.  Dans ce cadre, il faut remédier au manque d’attention aux besoins des populations vulnérables, marginalisées et criminalisées pour leur identité et orientation sexuelles, pour ne laisser personne de côté.

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