Conseil de sécurité: vives préoccupations autour d’une résurgence de Daech en pleine pandémie de COVID-19
Les délégations ont exprimé, aujourd’hui au Conseil de sécurité, leurs vives préoccupations devant une résurgence de Daech dans le contexte actuel de pandémie. Le Conseil, qui examinait les menaces à la paix et à la sécurité causées par les actes terroristes, a entendu les exposés de M. Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, et de Mme Michele Coninsx, Chef de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) créé par la résolution 1373 (2001).
Vingt ans après l’adoption de cette résolution, M. Voronkov a exhorté les États Membres de s’engager à nouveau dans une action multilatérale contre le terrorisme, sous les auspices des Nations Unies. Le Secrétaire général adjoint, qui présentait le douzième rapport du Secrétaire général sur le sujet, a affirmé que la menace posée par Daech s’accroît de nouveau. « Il est donc essentiel que les États Membres restent concentrés et unis pour la contrer, malgré les tensions et les priorités concurrentes engendrées par la pandémie de COVID-19. »
M. Voronkov a indiqué que l’objectif principal de Daech reste la résurgence en Iraq et en Syrie, où la communauté internationale continue de lutter contre l’héritage du soi-disant « califat » du groupe. Quelque 10 000 combattants de Daech, dont des milliers de combattants terroristes étrangers, restent actifs dans la région, la majorité d’entre eux en Iraq. Ses affiliés en Afrique de l’Ouest ont mené de nombreuses attaques fin 2020, notamment dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, et dans le bassin du lac Tchad.
En dehors des zones de conflit, le Secrétaire général adjoint a indiqué que le risque d’exposition à la propagande et aux appels de Daech, en particulier des jeunes, a augmenté en raison des confinements. « Cela pourrait conduire à une soudaine vague d’attaques dans certains pays, lorsque les restrictions de mouvement liées à la COVID-19 s’atténueraient », a-t-il averti.
Parce ce que la « réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire », comme l’a affirmé la France, Mme Coninsx a détaillé les mesures prises par sa Direction pour traiter des causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme. Elle a ainsi évoqué la récente initiative intitulée « la technologie contre le terrorisme » conçue pour aider les entreprises informatiques spécialisées à repérer l’utilisation de leurs services à des fins terroristes.
À l’instar de nombreux autres orateurs, Mme Coninsx s’est aussi inquiétée du terrorisme d’extrême droite qui est « une source de préoccupation croissante dans de nombreuses régions du monde », en raison de sa dangerosité et de ses liens transnationaux. Mais c’est bien la question du sort des combattants terroristes étrangers et de leurs familles qui a dominé les interventions.
Près de deux ans après la défaite territoriale de Daech, quelque 27 500 enfants étrangers sont toujours en danger dans les camps du nord-est de la Syrie, a rappelé M. Voronkov, avant d’ajouter que 90% d’entre eux ont moins de 12 ans. Il a appelé les États à œuvrer pour le rapatriement librement consenti des adultes et des enfants bloqués en Iraq et en Syrie, conformément au droit international. Les pays européens devraient intensifier leurs efforts, a-t-il dit.
« La menace mondiale de Daech augmentera si les États concernés ne rapatrient pas leurs citoyens », ont appuyé les États-Unis. Si la Fédération de Russie a salué l’augmentation des rapatriements des combattants terroristes étrangers et de leurs familles, elle a demandé aux États de relever ce défi avec les autorités syriennes. « Il faut tout mettre en œuvre pour éviter que des enfants ne soient impliqués dans la spirale de la violence terroriste. »
De son côté, le Royaume-Uni a expliqué vouloir faciliter le retour des enfants de combattants terroristes étrangers non accompagnés ou orphelins, au cas par cas, et sous réserve de considérations de sécurité nationale. La délégation a néanmoins estimé que ceux qui se sont battus pour ou ont soutenu Daech doivent faire face à la justice sur le lieu de commission de leurs crimes.
« La France n’a pas de juridiction sur les camps où ces enfants sont retenus et n’assure pas le contrôle effectif de ces territoires », a renchéri la mission de ce pays. Elle a noté que les rapatriements n’ont pu être menés, dans une zone de guerre, qu’après des négociations complexes avec les autorités locales.
De nombreux pays, comme l’Irlande et la Norvège, ont également demandé que la lutte antiterroriste respecte les droits de l’homme. L’Estonie s’est dite préoccupée par l’utilisation abusive croissante de mesures antiterroristes pour faire taire les défenseurs des droits de l’homme, les opposants politiques et les membres de minorités religieuses ou ethniques. Enfin, pour le Kenya, l’accès au vaccin des communautés vulnérables devrait permettre de lutter contre la radicalisation.
M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, a présenté le douzième rapport semestriel du Secrétaire général sur la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à contrer cette menace, conformément à la résolution 2368 (2017) du Conseil de sécurité. Il a d’emblée présenté ses condoléances aux gouvernements et au peuple d’Afghanistan, d’Autriche, de France, d’Iraq, du Mozambique, du Niger, du Nigéria, du Pakistan, de la Somalie et tous les autres États Membres qui ont récemment subi des attaques terroristes. Il a affirmé que la menace posée par Daech à la paix et à la sécurité internationales s’accroît de nouveau. Il est donc essentiel que les États Membres restent concentrés et unis pour la contrer, malgré les tensions et les priorités concurrentes engendrées par la pandémie de COVID-19. Bien que Daech n’ait pas élaboré de stratégie ciblée pour exploiter la pandémie, ses efforts pour se regrouper et revigorer ses activités ont pris de l’ampleur au second semestre de 2020. Son noyau central en Iraq et en Syrie, ainsi que ses affiliés dans d’autres zones de conflit, ont continué de tirer parti de la perturbation causée par le virus pour intensifier leurs opérations, avec un certain nombre d’attaques importantes. Les combattants de Daech ont conservé la capacité de se déplacer et d’opérer, y compris à travers des frontières non protégées.
Au fur et à mesure que les affiliés régionaux de Daech s’enracinent et gagnent en autonomie et en force, ils pourraient fournir au groupe de nouvelles possibilités et des options pour mener des opérations externes. Les États Membres préviennent que Daech pourrait retrouver la capacité d’orchestrer des attaques dans différentes parties du monde au cours de l’année 2021. En dehors des zones de conflit, le risque d’exposition à la propagande et aux appels de Daech a continué d’augmenter du fait que les gens -en particulier les jeunes- passent plus de temps à la maison et sur Internet. Cela pourrait conduire à une soudaine vague d’attaques dans certains pays, lorsque les restrictions de mouvement liées à la COVID-19 s’atténueraient. Dans le même temps, le bilan socioéconomique et les retombées politiques de la pandémie pourraient encore aggraver la menace à long terme posée par Daech et d’autres groupes terroristes, notamment en élargissant la base d’individus réceptifs à la radicalisation et au recrutement.
M. Voronkov a indiqué que l’objectif principal de Daech reste la résurgence en Iraq et en Syrie, des endroits où la communauté internationale continue de lutter contre l’héritage du soi-disant « califat » du groupe. Quelque 10 000 combattants de Daech, dont des milliers de combattants terroristes étrangers, restent actifs dans la région, la majorité d’entre eux en Iraq, poursuivant une insurrection prolongée. On estime que ces forces restantes de Daech constituent une menace majeure, à long terme et mondiale. Ces terroristes sont organisés en petites cellules se cachant dans le désert et les zones rurales et traversant la frontière entre les deux pays pour mener des attaques. La communauté internationale n’a guère progressé dans le traitement de la situation des milliers d’individus, pour la plupart des femmes et des enfants, soupçonnés de liens avec Daech et détenus dans des conditions précaires dans la région, a regretté le Secrétaire général adjoint. Il a expliqué que la situation humanitaire et sécuritaire, déjà désastreuse dans les centres de détention et les camps de déplacés, se détériore encore davantage, en particulier à Hol. Les droits de l’homme les plus élémentaires sont compromis et de nombreux cas de radicalisation terroriste, de collecte de fonds, de formation et de provocation ont été signalés. Près de deux ans après la défaite territoriale de Daech, quelque 27 500 enfants étrangers sont toujours en danger dans les camps du nord-est de la Syrie, dont environ 8 000 enfants d’une soixantaine de pays autres que l’Iraq, a rappelé M. Voronkov, avant d’ajouter que 90% d’entre eux ont moins de 12 ans. Les défis importants auxquels sont confrontés les États Membres pour garantir la protection des personnes vulnérables, la responsabilité pour les crimes terroristes, la sécurité, ne sont pas devenus moins urgents ou complexes avec le temps, a-t-il relevé. Bien au contraire, ces défis et ces risques deviennent de plus en plus sérieux parce qu’ils sont négligés, et ils pourraient avoir un impact à long terme, non seulement dans la région mais au niveau mondial.
Le Secrétaire général adjoint a souligné qu’en octobre dernier, Daech avait réaffirmé que l’orchestration des évasions de prisons et l’aide aux évadés étaient une priorité. Au-delà de l’urgence humanitaire, de l’impératif moral et des obligations juridiques, agir est donc un impératif stratégique de sécurité. C’est pourquoi il a réitéré l’appel du Secrétaire général aux États Membres pour le rapatriement librement consenti des adultes et des enfants bloqués en Iraq et en Syrie, avec l’assentiment des gouvernements concernés et conformément au droit international. Les efforts de plusieurs États Membres à cet égard sont louables, en particulier le Kazakhstan, la Fédération de Russie et l’Ouzbékistan qui ont rapatrié des centaines d’enfants du nord-est de la Syrie. Un certain nombre d’autres États, en particulier des pays européens, ont procédé à quelques rapatriements. M. Voronkov a souhaité qu’ils intensifient leurs efforts. Il les a également encouragés à partager leurs données avec l’ONU et leur expérience avec d’autres États Membres, afin que cette situation intenable soit résolue collectivement.
Le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme a déclaré qu’au cours des six derniers mois, Daech a été particulièrement actif dans un certain nombre d’États africains touchés par des conflits. Ses affiliés en Afrique de l’Ouest ont mené de nombreuses attaques contre les militaires et les civils en fin 2020 dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, et dans le bassin du lac Tchad, faisant preuve de détermination et d’adaptabilité. La Province d’Afrique centrale de Daech est en train de devenir une filiale régionale forte, utilisant des tactiques et des capacités sophistiquées, enhardie par les récents succès opérationnels au Mozambique et en République démocratique du Congo. En Europe, une série d’attentats en France, en Allemagne, en Autriche et en Suisse, en partie inspirés par Daech, a rappelé brutalement la menace diffuse des attaques terroristes locales perpétrées par des acteurs isolés. Les attentats ont également relancé les débats en Europe sur la manière de lutter contre la radicalisation terroriste dans les prisons, d’assurer une réadaptation efficace et de mettre en œuvre des programmes de réintégration et de suivi des terroristes à leur sortie de prison. En ce qui concerne l’Asie, la filiale de Daech en Afghanistan aurait encore entre 1 000 et 2 200 combattants répartis dans plusieurs provinces. Malgré des capacités militaires dégradées, il a continué d’exploiter les difficultés du processus de paix afghan et a revendiqué un certain nombre d’attaques très médiatisées. Daech reste également résilient en Asie du Sud-Est, avec un certain nombre de factions. L’implication des femmes dans les attentats suicides s’est poursuivie, avec deux attentats de ce type aux Philippines en août 2020.
M. Voronkov a également expliqué que le Bureau de lutte contre le terrorisme qu’il dirige a continué d’innover et de travailler en étroite collaboration avec tous ses partenaires dans le cadre du Pacte mondial de coordination de la lutte contre le terrorisme des Nations Unies. Ainsi, en août 2020, le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme a lancé un nouveau cadre mondial pour coordonner avec l’UNICEF la fourniture d’un appui de 15 entités des Nations Unies, y compris la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), aux États Membres au sujet des personnes retournant ou se trouvant dans le nord-est de la Syrie et en Iraq. En septembre 2020, le Centre a également lancé un programme mondial sur les poursuites, la réhabilitation et la réintégration, en étroite coopération avec la CTED et l’ONUDC, et a ainsi mené des projets avec l’Indonésie, le Burkina Faso et les pays du bassin du lac Tchad. Si la demande était faite, le Centre est également prêt à soutenir le Mozambique dans ce domaine.
Le Bureau a en outre poursuivi la mise en œuvre du Programme mondial de renforcement des capacités de lutte contre le financement du terrorisme, lancé par le Centre en juin de l’année dernière, en réponse aux résolutions 2462 (2019) et 2482 (2019) du Conseil de sécurité. Des ateliers de formation virtuels sur la protection du secteur à but non lucratif contre les abus terroristes ont été organisés avec succès pour Bahreïn et le Tadjikistan. De même, le Bureau a lancé, le mois dernier, un nouveau programme mondial de lutte contre les menaces terroristes contre des cibles vulnérables, y compris des systèmes aériens sans pilote. Le programme aidera les États Membres bénéficiaires à élaborer des stratégies et des plans d’action nationaux pour protéger les cibles vulnérables et offrira une formation opérationnelle et des services de mentorat pour soutenir leur mise en œuvre. M. Voronkov a estimé qu’en cette année de jalons, y compris le vingtième anniversaire de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, le moment ne saurait être plus pertinent pour les États Membres de s’engager à nouveau dans une action multilatérale contre le terrorisme, sous les auspices des Nations Unies.
Mme MICHÈLE CONINSX, Secrétaire générale adjointe et Chef de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme a déclaré que les terroristes ont globalement conservé leur capacité à opérer dans les zones de conflit malgré les restrictions imposées face à la pandémie de COVID-19.
Après avoir noté que Daech et ses alliés demeurent une préoccupation particulière en Afrique, elle a précisé que le Comité contre le terrorisme et le Comité des sanctions 1267/1989/2253 relatif à Daech et d’Al-Qaida prévoient de tenir une réunion d’information publique conjointe plus tard dans l’année sur le thème « Daech en Afrique: nature de la menace et des réponses ».
Elle a noté que le rapport du Secrétaire général indique clairement que l’Iraq et la République arabe syrienne demeurent les objectifs principaux de Daech. La Direction exécutive prévoit d’effectuer une visite hybride d’évaluation de suivi en Iraq et dans les États voisins, a poursuivi Mme Coninsx. « Cela nous permettra d’identifier les défis qui doivent encore être relevés pour lutter efficacement contre l’évolution de la menace dans la région », a-t-elle dit. La Direction exécutive continue également de donner la priorité aux recommandations du Comité aux États Membres s’agissant du retour et de la réinstallation des combattants terroristes étrangers anciennement affiliés à Daech.
À partir de 2021, la Direction exécutive produira en outre des évaluations annuelles sur les lacunes qui ont été identifiées et sur les domaines exigeant une action accrue en vue de la mise en œuvre des dispositions de lutte contre le financement du terrorisme prévues par les résolutions pertinentes du Conseil, a déclaré sa Chef.
Mme Coninsx a mentionné l’initiative récemment lancée par la Direction exécutive, dans le cadre du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, afin de produire des orientations à l’intention des États sur la lutte contre le financement du terrorisme dans le plein respect du droit international des droits de l’homme. « Cela comprendra les contributions de toutes les parties prenantes concernées, en particulier nos partenaires de la société civile », a-t-elle précisé.
Alors que la technologie reste « un multiplicateur de force » important pour les groupes terroristes -y compris pour leur recrutement, leur propagande, leur communication et leur collecte de fonds– la Direction exécutive a continué à approfondir son engagement avec le secteur de la technologie. Elle a illustré son propos en citant l’initiative « La technologie contre le terrorisme » appuyée par la Direction exécutive et qui a été lancée en novembre. Cette initiative a notamment été conçue pour aider rapidement les entreprises informatiques spécialisées à repérer l’utilisation de leurs services à des fins terroristes.
« Malgré les progrès importants réalisés ces dernières années, Daech et ses affiliés demeurent une menace permanente », a déclaré Mme Coninsx. Elle s’est aussi inquiétée du terrorisme d’extrême droite, qui est une source de préoccupation croissante dans de nombreuses régions du monde, en raison de sa dangerosité et de ses liens transnationaux.
Face aux incidences de la pandémie de COVID-19 sur la lutte contre le terrorisme, Mme Coninsx a appelé à veiller à ne pas compromettre les succès obtenus jusqu’à présent. « Nous devons encourager l’identification de priorités mondiales communes, fondées sur les valeurs universelles de justice, d’égalité et de dignité humaine », a-t-elle insisté. Elle a précisé que cet objectif ne pourra être atteint que par une approche globale et coordonnée, à l’échelle de l’ONU, en appui des efforts des États.
Les États-Unis ont réitéré l’engagement de l’Administration Biden à travailler avec la coalition mondiale pour assurer la défaite durable et mondiale de Daech. « Ce groupe reste une grave menace. » Empêcher sa résurgence en Iraq et en Syrie, ainsi qu’au-delà du Moyen-Orient par ses affiliés, reste une priorité du Gouvernement américain et de ses partenaires, ont-ils dit. La délégation a ajouté que depuis la chute du califat en Iraq et en Syrie, la menace ne cesse d’évoluer. Les quatre grands axes des efforts pour combattre Daech, ont rappelé les États-Unis, sont la lutte contre le financement; les campagnes de contre-propagande; la détention, le rapatriement des combattants terroristes étrangers et l’établissement de leurs responsabilités pour les crimes commis et, enfin, la stabilisation des zones libérées du joug de Daech. Washington surveille de près la situation alarmante de dizaines de milliers de combattants terroristes étrangers présumés qui se sont réfugiés dans les zones de conflit. Les États-Unis sont préoccupés par le fait que des femmes et des enfants continuent de croupir dans des camps dans des conditions désastreuses sans accès à l’éducation, augmentant ainsi le potentiel de radicalisation. La menace mondiale de Daech augmentera si les États concernés ne rapatrient pas leurs citoyens, a averti la mission.
Les États-Unis ont encouragé la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), et l’Équipe de surveillance de l’application de la résolution 1267 (1999) à surveiller étroitement cette menace. La délégation a affirmé que la menace posée par les groupes affiliés de Daech sur le continent africain représente un danger pour tous. Les États-Unis sont impatients de travailler avec l’Équipe de surveillance du Comité 1267 et espèrent voir d’autres affiliés du groupe, y compris en Afrique, désignés dans les prochains mois. Il faut travailler ensemble pour vaincre Daech et ses affiliés, une bonne fois pour toutes, a conclu la délégation américaine.
Le Kenya a relevé que les terroristes exploitent les restrictions de déplacement liées à la pandémie pour s’attaquer aux civils, répandre leur idéologie toxique et faciliter le recrutement et la radicalisation. En Afrique, en particulier dans les zones de conflit, Al-Qaida et Daech et leurs affiliés étendent leurs activités. La délégation a dénoncé les activités des Chabab, groupe affilié à Al-Qaida, qui ont profité de la pandémie pour établir des soi-disant installations humanitaires dans lesquelles ils mènent leurs activités de recrutement et de radicalisation, sous couvert d’aide, en particulier en Somalie.
Puisant dans sa propre histoire de lutte contre le terrorisme, le Kenya a proposé de s’attaquer aux réseaux de radicalisation aux niveaux régional et mondial en resserrant la réglementation financière notamment. « Il faudrait ainsi renforcer les mécanismes nationaux de gel des avoirs des personnes accusées de se livrer à des activités terroristes. » Le Kenya a demandé le renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme des pays en développement, notamment ceux d’Afrique connaissant des contextes fragiles. De même, le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme basé au Kenya devrait voir ses ressources augmentées et connaître un élargissement de sa zone géographique de compétence. La délégation a aussi suggéré de promouvoir des récits alternatifs afin d’endiguer la propagation de l’idéologie terroriste. De même, les services de sécurité doivent assurer une surveillance des plateformes de discussion en ligne et hors ligne. Enfin, le Kenya a indiqué que l’accès au vaccin des communautés vulnérables du monde en développement permettra de limiter leur vulnérabilité au recrutement et à la radicalisation.
La Tunisie a déclaré que Daech essaie de profiter du contexte de situation sanitaire pour diffuser son idéologie. La Tunisie s’est inquiétée du fait que la pandémie de COVID-19 puisse aggraver les conditions susceptibles de conduire au terrorisme, même dans les pays qui ne sont pas en conflit. La Tunisie a relevé que Daech et Al-Qaida disposent de ressources financières abondantes et continuent à tirer profit de la criminalité organisée sous toutes ses formes. « Face à un tel tableau, le Conseil de sécurité, le Comité de sanctions contre Al-Qaida et Daech et le Comité contre le terrorisme doivent continuer à aider les pays qui éprouvent des difficultés à lutter contre le financement du terrorisme. »
Après s’être inquiétée de la présence de combattants étrangers en Libye, la Tunisie a espéré que la feuille de route adoptée à Tunis lors du Forum de dialogue politique libyen sous les auspices de l’ONU sera respectée au plus vite. La mission a aussi espéré que le cessez-le-feu sera appliqué et que tous les combattants étrangers quitteront la Libye. La Tunisie a aussi dénoncé la diffusion par des groupes d’extrême droite de leur idéologie haineuse en ces temps de pandémie. Vingt ans après l’adoption de sa résolution 1373 (2001) portant création du Comité contre le terrorisme, la Tunisie a exhorté le Conseil de sécurité à renouveler son engagement en faveur d’une riposte unie contre le terrorisme. La Tunisie a estimé que cette riposte devait inclure le renforcement des capacités des États à lutter contre les causes profondes du terrorisme, dans le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, dont les droits des réfugiés.
La Fédération de Russie a rappelé la menace que fait peser Daech dans la région sahélo-saharienne, au Mali, au Burkina Faso, dans l’ouest du Niger, en Afrique centrale où il cherche à créer un califat et au Mozambique où il cherche à s’emparer des champs gaziers afin d’obtenir une source durable de financement. La délégation a salué l’augmentation des rapatriements des combattants terroristes étrangers et de leurs familles, en particulier des enfants mineurs, et demandé aux États de relever ce défi avec les autorités syriennes. « Il faut tout mettre en œuvre pour éviter que des enfants ne soient impliqués dans la spirale de la violence terroriste. » Il est aussi important d’établir une coopération avec les États où les crimes ont été commis afin de traduire en justice les auteurs d’actes terroristes, a insisté la délégation. La Fédération de Russie a dénoncé les tentatives d’un certain nombre de pays visant à établir des mécanismes judiciaires parallèles et dénoncé des organisations prétendument humanitaires créées par les services spéciaux occidentaux, qui reçoivent des financements de la part de gouvernements étrangers.
La forte présence de Daech en Afghanistan contribue à la propagation des menaces terroristes et au trafic de stupéfiants, a poursuivi la mission. La Fédération de Russie a demandé l’ouverture d’enquête sur les crimes commis, selon elle, en Afghanistan par des contingents militaires étrangers et des d’entreprises de sécurités privées. La lutte contre Daech porte ses fruits, a ajouté la délégation. Il ne peut plus prétendre à établir un « califat terroriste ». Cependant, le groupe essaie de s’adapter au nouvel environnement et la menace est réelle, a averti la mission, ajoutant que les terroristes profitent des divisions des États et de leurs contradictions. La mission a enfin souligné l’importance de la coopération onusienne dans la lutte contre Daech.
L’Inde a accusé les autorités pakistanaises de collaborer avec des groupes terroristes tels qu’Al-Qaida. La délégation a également dénoncé les groupes terroristes qui, depuis le Pakistan, mènent des actions de déstabilisation dans des pays voisins comme l’Afghanistan. L’Inde a regretté que ces éléments ne soient pas mentionnés dans le rapport du Secrétaire général. La délégation a ensuite salué le soutien apporté par l’ONU aux États Membres dans la lutte contre le terrorisme. Elle a souhaité que les actions de l’ONU soient davantage coordonnées afin de les rendre plus efficaces. Le Bureau de lutte contre le terrorisme devrait renforcer davantage encore les capacités des États Membres. Enfin, l’Inde a rappelé sa participation à tous les efforts mondiaux de lutte contre le terrorisme.
Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est dite profondément préoccupée par la dimension transnationale et la menace en constante évolution des activités de Daech dans différentes régions du monde, au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe et en Asie. À cet égard, la délégation a jugé essentielle une coopération internationale efficace pour recueillir et partager des informations et renseignements sur les menaces émergentes pour mieux anticiper les évolutions et préparer les ripostes. Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué les efforts conjoints du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme pour faciliter la fourniture d’une assistance technique liée à la lutte contre le terrorisme aux États Membres, conformément à la résolution 2395 (2017) du Conseil de sécurité. « Il est de la plus haute importance pour les États Membres de relever collectivement les défis actuels que posent les combattants terroristes étrangers », a aussi insisté la délégation. Elle a exhorté les États Membres à coordonner les efforts déployés aux niveaux national, régional et international, conformément au droit international, en particulier aux droits de l’homme, au droit humanitaire et au droit des réfugiés.
« Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, un nombre important d’enfants affiliés à Daech ont été détenus dans le nord-est de la République arabe syrienne et en Iraq », a dit la délégation avant de réaffirmer son soutien aux États Membres impliqués dans la réadaptation et la réintégration des enfants rapatriés. Saint-Vincent-et-les Grenadines a exhorté les États à partager les bonnes pratiques et les enseignements tirés du rapatriement réussi de leurs ressortissants des principales zones de conflit. Enfin, la délégation a exhorté la communauté internationale à œuvrer pour empêcher le financement de Daech et atténuer les effets de la propagande terroriste.
Pour l’Irlande, les droits de l’homme doivent rester au cœur de la réponse au terrorisme. Toutes les mesures prises pour lutter contre le terrorisme doivent être conformes au droit international. Les mesures contre la pandémie de COVID-19 ne doivent pas saper les droits de l’homme. La délégation a demandé des efforts supplémentaires dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Elle a souligné la nécessité d’assurer la participation des femmes aux processus de lutte contre le terrorisme. Les jeunes sont aussi des agents de changement dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. L’Irlande a mis l’accent sur l’importance de tarir les sources de financement du terrorisme.
L’Irlande est préoccupée par le nombre toujours élevé d’attaques contre des civils commises par Daech et des groupes affiliés, y compris en Afrique de l’Ouest et au Sahel, ainsi que leur propagande en ligne en ces temps de pandémie. Pour y remédier, elle a prôné une approche multipartite, qui englobe les gouvernements, les partenaires sociaux et le secteur privé. L’Union européenne a élaboré une norme visant à contrecarrer la diffusion de contenus terroristes en ligne. En décembre 2020, la Commission a proposé de nouvelles règles sur les services numériques, qui prévoient une réforme globale du traitement des contenus illégaux en ligne. L’Irlande compte adopter un cadre réglementaire pour lutter contre la propagation des contenus illégaux et toxiques en ligne, a conclu la délégation.
« Nous avons le devoir et l’obligation morale de rester vigilants et de garder cette question tout en haut de notre ordre du jour », a suggéré la Norvège. Elle a condamné fermement l’attentat suicide à Bagdad le 21 janvier, revendiqué par Daech, et rappelé que la stabilité en Iraq est vitale non seulement pour sa population, mais aussi pour la sécurité régionale.
La Norvège a suggéré de travailler de manière préventive et globale, en préconisant, premièrement, de s’attaquer aux causes profondes de la radicalisation, telles que la marginalisation, l’exclusion et l’injustice. Deuxièmement, il faut résoudre les conflits et les situations de sécurité vulnérables complexes qui permettent aux organisations terroristes d’établir leur présence, a déclaré la mission.
Troisièmement, la Norvège a estimé que les changements climatiques sont un facteur sous-jacent d’instabilité et de conflit de plus en plus important. « Cela devrait être pris en compte dans les réponses contre le terrorisme. » Pour lutter contre la radicalisation en ligne, la délégation a suggéré de travailler avec les entreprises technologiques privées. Elle a souligné la nécessité d’empêcher Daech et les autres groupes terroristes de collecter des fonds. « Cela doit prendre en compte les nouvelles méthodes telles que le financement participatif et l’utilisation de crypto-monnaie ou d’actifs virtuels. » La Norvège a souligné que les efforts de lutte contre le terrorisme ne peuvent constituer une excuse pour réduire l’espace civique ou l’accès humanitaire. Les pratiques des États en matière de sécurité nationale doivent être conformes au droit international, a-t-elle insisté.
Enfin, la Norvège a mentionné l’inhumation, cette semaine, de membres de la communauté yézidi assassinés par Daech. Pour la délégation, ces images constituent un rappel des enjeux de la lutte internationale contre le terrorisme et de l’importance de l’engagement du Conseil de sécurité.
L’Estonie a noté que les extrémistes violents et les terroristes ont intensifié leurs opérations au cours de la deuxième partie de 2020, en citant les attaques de grande envergure perpétrées en Afghanistan, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. L'Estonie a noté qu’en dépit de sa défaite territoriale en 2019, Daech continue de préoccuper les États Membres. L’Estonie a estimé que l’ONU a un rôle central à jouer dans la direction des efforts antiterroristes mondiaux, de l’établissement des normes à la fourniture d’une assistance technique. Elle a jugé essentiel un engagement significatif des jeunes aux côtés des groupes de la société civile et du secteur privé. « La voix des jeunes, des femmes, des chefs religieux et communautaires doit être entendue », a déclaré la mission.
L’Estonie a exhorté les États à veiller à ce que les mesures antiterroristes soient conformes à leurs obligations en vertu du droit international, en particulier du droit international des droits de l’homme, du droit des réfugiés et du droit international humanitaire. Ignorer ces principes peut saper la lutte contre le terrorisme et conduire à une radicalisation accrue, en raison de la violence et du sentiment d’impunité, a insisté la délégation. L’Estonie s’est dite profondément préoccupée par l’utilisation abusive croissante de mesures antiterroristes pour faire taire les défenseurs des droits de l’homme, les opposants politiques et les membres de minorités religieuses ou ethniques.
Le Mexique s’est dit préoccupé par les conditions de détention de proches de membres de Daech, y compris des combattants terroristes étrangers. Ils ont droit à la protection, à des soins de santé, à un accès à l’eau et à l’éducation. Le Mexique a réitéré l’appel lancé le 8 février par les experts des Nations Unies à 57 États, afin d’accélérer les efforts de rapatriement de leurs ressortissants dans le respect du droit international des droits de l’homme. La mission est aussi préoccupée par les violences sexuelles dont les responsables ne sont pas inquiétés. Cette situation doit être l’une des priorités de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Il faudrait aussi intégrer une perspective en matière de genre, a suggéré la délégation.
S’agissant de la relation entre la lutte contre le terrorisme et le droit international humanitaire, le Mexique a d’abord salué l’étude menée conjointement par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires. La mission a ensuite souligné la compétence limitée de la DECT dans ce domaine. Enfin, le Mexique a attiré l’attention sur l’importance de la prévention du financement du terrorisme. Les mesures prises à cet effet ne doivent pas avoir des conséquences négatives sur la fourniture et l’acheminement de l’aide humanitaire, en particulier pour les acteurs de la société civile, a conclu la délégation.
Le Viet Nam a exhorté la communauté internationale à ne pas baisser la garde contre les terroristes. Dans les zones de conflit, les retombées socioéconomiques de la pandémie pourraient exacerber les conditions propices au terrorisme, y compris les inégalités, la marginalisation et les tensions, dont Daech et ses affiliés pourraient tirer profit. Nous devons, a demandé la délégation, empêcher par tous les moyens que les terroristes exploitent les vulnérabilités résultant de la crise sanitaire mondiale. L’utilisation de l’Internet par les terroristes aux fins de propagande et de radicalisation reste un défi de taille qui doit être relevé, a déclaré la mission.
« Le terrorisme est un fléau commun de toute l’humanité ». La solidarité et la coopération représentent donc la réponse la plus efficace, a indiqué le Viet Nam. Pour le Viet Nam, le traitement des combattants terroristes étrangers affiliés à Daech et des membres de leur famille doit être basé sur les normes communes du droit international, dans le respect des lois nationales. La délégation a encouragé les États Membres et les organisations internationales à améliorer le partage des meilleures pratiques s’agissant des poursuites judiciaires, du rapatriement, de la réintégration et de la réhabilitation des combattants terroristes étrangers et de leurs familles. Le meilleur intérêt des enfants qui pourraient être impliqués doit être garanti.
Enfin, le Viet Nam a défendu des stratégies mondiales pour s’attaquer aux causes sous-jacentes du terrorisme et construire notamment des sociétés robustes résistantes au terrorisme et la radicalisation.
La Chine a déclaré que la lutte internationale contre le terrorisme doit encore être intensifiée pour faire face aux menaces croissantes posées par Daech. La Chine a jugé indispensable une réelle coopération internationale afin d’éliminer complètement les groupes terroristes. « Le deux poids deux mesures doit être abandonné », a dit la Chine. Elle a exhorté la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme à s’acquitter de son rôle important consistant à aider les États à lutter contre le terrorisme. De nouveaux outils flexibles et efficaces doivent également être créés, d’autant plus qu’Internet est désormais un champ de bataille important dans la lutte contre le terrorisme, a déclaré la Chine. Elle s’est inquiétée du potentiel d’Internet comme outil de recrutement et de financement du terrorisme ainsi que d’incitation pour un passage à l’acte. Internet ne doit pas devenir un sanctuaire pour les terroristes. La Chine a aussi appelé à poursuivre le rapatriement des combattants terroristes étrangers. La Chine a exhorté les États à partager leurs expériences avec l’ONU s’agissant des meilleures pratiques en vue de créer progressivement une dynamique positive. Enfin, la Chine a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes du terrorisme, en insistant sur l’importance de l’éducation.
Le Niger a salué les développements positifs observés en 2020 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui se sont traduits par la neutralisation de plusieurs hauts cadres de commandement des groupes terroristes en Iraq et en Syrie. En dépit de ces victoires, la mission demeure préoccupée par la résilience et la capacité d’adaptation de Daech qui, tout au long de l’année 2020, a multiplié les efforts pour exploiter opportunément les vulnérabilités conséquences de la crise sanitaire mondiale de COVID-19 afin de se réorganiser et de reconstituer sa capacité opérationnelle extérieure. Les terroristes profitent de la faiblesse des systèmes de défense des pays africains, de la précarité de leurs populations ainsi que de la porosité de leurs frontières. Les conflits intercommunautaires et les instabilités politiques dans ces pays sont aussi des facteurs aggravants.
En outre, l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 dans les pays africains pourrait à moyen ou à long terme aggraver les faiblesses existantes, propices à la propagation de l’idéologie terroriste et élargir leur terreau de recrutement, a souligné le Niger. La communauté internationale doit prendre des mesures pour accompagner les efforts des États africains, en vue d’empêcher les terroristes de tirer profit des fractures sociales et autres vulnérabilités exacerbées par la pandémie. Pour la mission, la lutte contre le terrorisme n’est pas seulement une affaire de militaires. Celle-ci requiert des mesures contre le financement du terrorisme, la corruption et le blanchiment d’argent, mais aussi l’élaboration des programmes de déradicalisation et des projets de réadaptation ou de réinsertion sociale des anciens détenus terroristes et des mesures de contrôle de l’Internet pour empêcher son usage à des fins terroristes, a conclu le Niger.
La France a rappelé que la menace de Daech n’est pas éteinte, bien au contraire. L’organisation terroriste connaît un regain d’activité en Syrie, tente de reprendre pied en Iraq et fédère de nouveaux alliés, en particulier en Afrique. Pour éliminer cette menace, le maintien de nos capacités à maintenir une intense pression sur le terrain militaire est nécessaire, a souhaité la délégation. Elle a affirmé être déterminée à mener ce combat sur tous ces fronts, aux côtés de ses partenaires régionaux et internationaux, au sein de la coalition contre Daech ou dans le cadre de la coalition internationale pour le Sahel. Notre réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire, a poursuivi la France en précisant qu’il faut traiter les causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme.
Ensuite, la France a souligné plusieurs points sur lesquels les efforts doivent encore être renforcés. En premier lieu, il faut tarir les ressources des groupes terroristes, notamment l’utilisation grandissante des monnaies virtuelles comme des cagnottes en ligne. Deuxièmement, il faut contrer la propagande terroriste sur les réseaux sociaux qui constituent une caisse de résonnance majeure pour les actions des groupes djihadistes. La France a appelé tous les États à rejoindre l’Appel de Christchurch lancé par la France avec la Nouvelle-Zélande et visant à agir contre le terrorisme et l’extrémisme violent en ligne. La France a aussi plaidé pour la protection des droits de l’homme qui est une condition sine qua non pour combattre le terrorisme efficacement. La France veillera à ce que le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme soit pleinement pris en compte dans la révision de la stratégie mondiale du contreterrorisme, a-t-elle promis. La mission a en outre estimé qu’il ne peut y avoir d’impunité pour les crimes commis par Daech. Tous les terroristes doivent être jugés aussi près que possible du lieu où leurs crimes ont été commis, où les preuves de leurs actes peuvent être trouvées, et où les victimes pourront se voir accorder une réparation pour le préjudice qui leur a été causé, a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne le rapatriement, à la différence de leurs parents, les enfants n’ont pas choisi de rejoindre le terrorisme, a poursuivi la délégation. C’est la raison pour laquelle la France a rapatrié des mineurs orphelins et isolés vulnérables, quand les conditions le permettaient, en tenant compte de l’intérêt supérieur de l’enfant. La France n’a pas de juridiction sur les camps où ces enfants sont retenus et n’assure pas le contrôle effectif de ces territoires, a expliqué la délégation. Aussi les rapatriements n’ont pu être menés, dans une zone de guerre, qu’après des négociations complexes avec les autorités locales. Ces efforts en faveur des enfants ne changent pas la position constante de la France à l’égard des combattants terroristes étrangers adultes, a conclu la mission.
Le Royaume-Uni a noté que Daech reste en mesure d’infliger de graves dommages en Syrie et Iraq malgré ses pertes territoriales. Le Royaume-Uni s’est dit particulièrement préoccupé par les souffrances humanitaires et l’insécurité résultant des activités de Daech. La mission a expliqué vouloir faciliter le retour des enfants de combattants terroristes étrangers non accompagnés ou orphelins, au cas par cas, et sous réserve de considérations de sécurité nationale. Le Royaume-Uni a estimé que ceux qui se sont battus pour ou ont soutenu Daech doivent faire face à la justice sur le lieu de commission de leurs crimes. Il a rappelé que les dépouilles de plus d’une centaine de Yézédis tués par Daech en 2014 ont été enterrées dans le cadre d’une cérémonie en l’honneur des victimes des crimes de Daech, il y a quelques jours à peine, à Sinjar.
Par ailleurs, le Royaume-Uni s’est dit préoccupé par la présence de Daech dans le monde, en particulier en Afrique subsaharienne. « Cette menace en constante évolution nécessite une vigilance et une coopération sans faille », a insisté le Royaume-Uni, qui reste un membre actif de la Coalition mondiale contre Daech. Le Royaume-Uni a indiqué que l’aide humanitaire britannique à l’Iraq est de 370 millions de dollars depuis 2014 et de 4,8 milliards pour la Syrie. Le Royaume-Uni a exhorté l’ONU à mettre l’accent sur la prévention de l’utilisation abusive d’Internet par les terroristes, sur la sécurité aérienne, ainsi que sur les menaces émergentes comme celles du terrorisme d’extrême droite. Enfin, la délégation a souligné l’importance du respect des normes des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.