8878e séance - matin
CS/14661

Yémen: l’Envoyé spécial du Secrétaire général informe le Conseil de sécurité de ses récents efforts diplomatiques et lui demande son appui

Nommé en août dernier Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg a demandé ce matin, lors de son exposé sur la situation au Yémen, le soutien des membres du Conseil de sécurité pour l’aider à accomplir son objectif de parvenir à un accord sur la voie à suivre pour ramener la paix dans ce pays. 

Déterminé à accomplir sa mission, sans se « leurrer » et conscient que cette tâche « laborieuse et compliquée » prendra du temps, M. Grundberg a indiqué avoir, depuis son dernier exposé au Conseil le mois dernier, engagé des consultations avec des acteurs yéménites, régionaux et internationaux.  Les échanges ont porté sur les moyens d’avancer vers une solution politique durable pour mettre fin au conflit.   

Les Yéménites de tous horizons ont reconnu que leur pays ne peut pas être efficacement dirigé par un seul groupe et qu’une paix durable exigera le pluralisme.  « Cela dit, ce n’est un secret pour personne qu’il existe des différences entre les Yéménites », a reconnu l’Envoyé spécial.  L’écart de confiance est grand et croissant, notamment entre le Gouvernement du Yémen à Riyad et Aden, et Ansar Allah à Mascate, a-t-il relevé. 

Dans ce contexte, l’appui des membres du Conseil de sécurité, des États de la région et de la communauté internationale au sens large sera nécessaire, notamment pour rappeler aux belligérants qu’il leur appartient de se rencontrer et de s’engager sérieusement sous les auspices de l’ONU, a déclaré M. Grundberg. 

La situation sécuritaire a récemment pris une tournure « alarmante » et s’aggrave chaque jour, s’est-il inquiété.  Le Yémen est de plus en plus violent: en septembre, environ 10 000 personnes ont été déplacées à Mareb.  Le 3 octobre dernier, la ville a été la cible d’un tir de missile, attribué aux forces houthistes, qui a tué 3 enfants et blessé 21 civils.  Aden a connu des affrontements de plusieurs jours entre groupes armés rivaux.  

Les tirs d’obus et autres attaques aériennes se poursuivent également à Saada, Hajjah, Hodeïda ainsi que sur une cinquantaine d’autres lignes de front.  On dénombre aussi des exécutions publiques, des disparitions forcées, des tirs à balles réelles contre des manifestants dans plusieurs régions du pays.  Ces dernières semaines, les hostilités ont tué ou blessé 235 civils sur l’ensemble du territoire, soit 8 personnes par jour.

Sur le plan humanitaire, a expliqué le Secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence, M. Ramesh Rajasingham, le Yémen est toujours confronté à un « risque de famine »:les deux tiers de la population, soit plus de 20 millions de personnes, ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.  En outre, l’économie s’effondre, plongeant des millions de Yéménites dans la pauvreté.  Le cours du rial a chuté à Aden et les importations de denrées alimentaires ont baissé de 8% par rapport à la moyenne de l’an dernier, tandis que celles de carburants sont déjà inférieures de 64%.  

Cette situation est la conséquence directe de la guerre et de ses effets pervers, a noté M. Rajasingham, quoique « des propositions viables dont l’impact serait à la fois rapide et transformateur existent ».  L’ONU est prête à aider, a-t-il assuré.  

Pour soutenir les efforts de l’Envoyé spécial, le Conseil pourrait adopter une résolution appelant à la désescalade des tensions, à la relance économique et à la cessation des livraisons d’armes aux belligérants.  Il pourrait aussi faire pression sur l’Arabie saoudite et ses alliés de même que sur les houthistes, a suggéré Mme Maysaa Abdulrahman Shujaa Addin, membre du Centre d’études stratégiques de Sanaa. 

Le représentant du Yémen a demandé à la communauté internationale de faire pression sur les milices houthistes, qui « ne croient pas à la paix », selon lui, et ne sont pas disposées au dialogue.  Face aux « importantes » concessions faites par son gouvernement pour mettre un point final au conflit, elles ne répondent que par une intensification des attaques contre les civils et les fonctionnaires, a-t-il déploré. 

À cet appel, la représentante des États-Unis a répondu positivement: il revient en effet au Conseil de sécurité d’exhorter les houthistes à aller de l’avant.  Ses membres doivent par ailleurs faire montre d’un soutien « inébranlable » au mandat de l’Envoyé spécial qui, de son côté, ne doit pas hésiter à dire que ce sont les houthistes qui font obstruction, a-t-elle résumé. 

En attendant, d’autres solutions existent, dont l’observation d’un cessez-le-feu immédiat qui ouvrirait la voie au dialogue politique, a souligné Saint-Vincent-et-les Grenadines.  La France et l’Estonie ont rappelé que l’accord de Riyad, signé en novembre 2019 entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud et facilité par l’Arabie saoudite, permet également de parvenir à ces objectifs.  « Sa mise en œuvre doit pouvoir mettre fin aux hostilités et ouvrir une période de stabilité. » 

L’Inde, la Fédération de Russie et la Chine ont également salué l’engagement de l’Envoyé spécial ainsi que sa volonté de travailler avec les membres du Conseil pour parvenir à un accord entre les parties au conflit.

Par ailleurs, plusieurs délégations, dont le Royaume-Uni, la France, l’Irlande, les États-Unis, l’Estonie et la Norvège, ont regretté que le Conseil des droits de l’homme n’ait pas renouvelé, le 7 octobre, le mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen, un revers pour les victimes qui ont subi des violations pendant le conflit.  « Nous avons laissé tomber la population yéménite », a réagi la représentante irlandaise.

Enfin, plusieurs intervenants se sont inquiétés du danger environnemental imminent que présente le pétrolier FSO Safer pour le Yémen et la mer Rouge.

LA SITUATION AU YÉMEN

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a déclaré que depuis son dernier exposé devant le Conseil de sécurité le mois dernier, il s’est engagé dans des consultations avec des acteurs yéménites, régionaux et internationaux.  Ces échanges ont porté sur les moyens d’avancer vers une solution politique durable pour mettre fin au conflit.  Tous les acteurs yéménites, sans exception, ont souligné la nécessité de mettre fin à la guerre.  Ils ont également souligné l’urgence de répondre aux préoccupations économiques et humanitaires, notamment en stabilisant l’économie, en améliorant la prestation des services de base et en facilitant la liberté de mouvement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.  

Les Yéménites de tous horizons ont également reconnu que leur pays ne peut pas être efficacement dirigé par un seul groupe et qu’une paix durable exigera le pluralisme.  Cela dit, ce n’est un secret pour personne qu’il existe des différences entre les Yéménites, a reconnu l’Envoyé spécial.  L’écart de confiance est grand et croissant, notamment entre le Gouvernement du Yémen à Riyad et Aden, et Ansar Allah à Mascate, a-t-il souligné. 

Depuis un mois, l’escalade militaire sur le terrain a pris une tournure alarmante, a alerté M. Grundberg.  La localité de Mareb et ses environs, y compris Chaboua et Al-Bayda, restent l’épicentre de la guerre.  La situation s’y aggrave chaque jour pour les civils.  Des milliers de personnes ont été contraintes de fuir en quête de sécurité ces dernières semaines.  L’encerclement du district d’Abdiyah, dans le sud de Mareb, persiste depuis près d’un mois, laissant des milliers de personnes dans une situation désespérée.  La poursuite des combats augmente la probabilité de blessures et de décès parmi les civils dus aux tirs indirects, aux missiles et aux frappes aériennes.  

On assiste par ailleurs à des exécutions publiques, des disparitions forcées, des meurtres et à l’utilisation de balles réelles contre des manifestants dans plusieurs régions du pays.  Le manque de responsabilité et l’impunité ont diminué la confiance des Yéménites dans la possibilité d’une coexistence pacifique et d’un avenir dans lequel les droits de tous les Yéménites seront respectés.  Dans ce contexte, il est regrettable que le mandat du Groupe d’éminents experts n’ait pas été renouvelé, a-t-il déploré.

S’agissant de l’avenir, l’Envoyé spécial a estimé qu’un règlement politique global négocié est nécessaire pour mettre fin une fois pour toutes à la violence.  Il devra rétablir le fonctionnement des institutions étatiques et ouvrir la voie à la reprise économique et au développement.  Il devra prévoir une gouvernance responsable, la justice et l’obligation de rendre compte, ainsi que la primauté du droit.  Il devra en outre promouvoir et protéger l’ensemble des droits humains des Yéménites.  

Pour y parvenir, M. Grundberg a assuré qu’il poursuivra ses consultations avec les Yéménites et d’autres parties prenantes sur la voie à suivre vers un règlement politique inclusif.  « Ne nous leurrons pas, ce sera une tâche laborieuse et compliquée qui prendra du temps mais elle doit avoir lieu. »  Son objectif est de parvenir à un accord sur la voie à suivre, a indiqué l’Envoyé spécial.  Un tel accord nécessitera le soutien des membres de ce Conseil, des États de la région et de la communauté internationale au sens large, a-t-il prévenu.  « Le Conseil de sécurité doit rappeler aux belligérants qu’il est de leur responsabilité de se rencontrer et de s’engager sérieusement sous les auspices de l’ONU.

M. RAMESH RAJASINGHAM, Secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence, a prévenu que la situation humanitaire au Yémen ne cesse de s’aggraver.  Plus de 20 millions de personnes, soit les deux-tiers de la population, ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence.  La guerre est la principale cause de ces souffrances, a-t-il affirmé, en renvoyant à l’intensification du conflit au cours des dernières semaines, le cessez-le-feu restant encore aléatoire.   

L’économie s’effondre, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté.  Un tel effondrement est la conséquence directe de la guerre, et plus indirectement de ses effets pervers, a expliqué M. Rajasingham.  Livrés à eux-mêmes, des millions de Yéménites s’en remettent aux organisations humanitaires, mais l’assistance s’avère chaque fois plus ardue car, encore une fois, les agences n’ont presque plus d’argent. 

Soulignant que le Yémen est de plus en plus violent, le haut fonctionnaire a indiqué qu’au cours des dernières semaines, les forces houthistes avaient intensifié leur « offensive brutale’ à Mareb, et saisi plus de territoire dans cette région et dans d’autres parties de la province de Chaboua.  Quant à Aden, elle a connu des affrontements au début de ce mois entre les groupes armés rivaux, plusieurs jours de violence ayant provoqué la fermeture de certains quartiers.  De la même façon, les affrontements, tirs d’obus et attaques aériennes se poursuivent à Saada, Hajjah, Hodeïda et sur une cinquantaine d’autres lignes de front, a-t-il encore informé, ajoutant que l’impact sur les civils est épouvantable puisque les hostilités ont tué ou blessé 235 civils sur l’ensemble du territoire, soit 8 personnes par jour.    

M. Rajasingham a aussi souligné qu’à Mareb, les civils paient un très lourd tribut: en septembre, environ 10 000 personnes ont été déplacées à Mareb, le chiffre le plus élevé cette année.  En outre, les forces houthistes ont encerclé le district d’Al Abdiyah, au sud-ouest de Mareb, qui compte 35 000 habitants, dont la plupart avaient déjà fui pour échapper aux affrontements dans d’autres régions.  Le Secrétaire général adjoint par intérim a également fait état d’incidents de massacres de masse qui ont « choqué » la communauté internationale, notamment une attaque au missile le 3 octobre à Mareb, attribuée aux forces houthistes, qui a tué 3 enfants et blessé 21 autres civils. 

M. Rajasingham a appelé toutes les parties au conflit au respect de leurs obligations au titre du droit international humanitaire, notamment en s’attachant à épargner les civils et les biens civils au cours de leurs opérations militaires.  Il a ainsi dénoncé l’exécution de neuf personnes, le mois dernier à Sanna, un des incidents les plus regrettables parmi d’autres violations des droits de l’homme alimentées par le conflit.  Il a encore appelé les parties à faciliter l’accès humanitaire.  Les agences humanitaires ont besoin d’un accès sûr, soutenu et dans les délais impartis à toutes les communautés dans le besoin, à Mareb et ailleurs.  Toutes les parties doivent garantir la liberté de circulation, y compris le passage sécurisé dans les zones touchées par le conflit.  Insistant sur l’importance de rendre compte lorsque de graves violations sont commises, l’intervenant a déploré que le mandat du Groupe d’éminents experts, seule entité d’enquête internationale indépendante habilitée à publier des rapports sur les droits de l’homme au Yémen, n’ait pas été renouvelé en septembre. 

Revenant sur la crise économique dans le pays, M. Rajasingham a répété qu’il existe un « risque de famine » car la plupart des marchandises doivent être importées, et les personnes et les entreprises sont vulnérables aux fluctuations des prix mondiales, en particulier les taux de change et les taxes à l’importation.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que le cours du rial a chuté à Aden.  Si des denrées et articles essentiels arrivent aux principaux ports, à Hodeïda et Salif les importations de denrées alimentaires sont de 8% inférieures à la moyenne de l’an dernier, tandis que les importations de carburant sont de 64% inférieures. 

Le moment est venu de réduire les contraintes économiques sur la vie économique du pays, a martelé M. Rajasingham, en demandant l’ouverture de tous les ports du Yémen et la levée des restrictions à l’importation à Hodeïda et Salif.  Il faut également de payer les salaires des fonctionnaires, dont dépend un quart de la population.  Cela est essentiel pour que les services de base comme l’eau, l’assainissement, les soins de santé et l’éducation puissent fonctionner.  Des propositions viables existent, a-t-il assuré, ajoutant que leur impact serait à la fois rapide et transformateur et que l’ONU est prête à aider. 

« Les agences humanitaires aident environ 13 millions de personnes dans toutes les régions, soit 3 millions de plus qu’il y a quelques mois à peine, ce qui a sans doute fait reculer le risque immédiat d’une famine à grande échelle », a fait remarquer M. Rajasingham.  À cet égard, il a salué la générosité des donateurs.  Il a néanmoins prévenu que ce succès ne saurait durer si les agences ne reçoivent pas de financement suffisant, le nombre de personnes ayant besoin d’aide pouvant atteindre 5 millions. 

Mme MAYSAA ABDULRAHMAN SHUJAA ADDIN, membre du Centre d’études stratégiques de Sanaa, a commencé par réclamer plus de transparence et de responsabilité afin que les fonds humanitaires ne soient pas détournés par les parties au conflit au Yémen.  Il y a quelques mois, l’Arabie saoudite a renvoyé des travailleurs yéménites sans donner d’explications, a-t-elle rapporté, en expliquant que plus d’un million de Yéménites travaillent dans les pays du Golfe et que l’économie du Yémen dépend de leurs transferts de devises.  Pour l’intervenante, « tous les États du Golfe ont une part de responsabilité dans le conflit au Yémen et doivent au moins ouvrir leur porte aux travailleurs yéménites ». 

Appelant à trouver des solutions économiques fortes pour atténuer sans tarder les souffrances des Yéménites, elle a martelé qu’on ne pouvait attendre la fin de la guerre.  Mme Addin a suggéré au Conseil de sécurité d’adopter une résolution appelant à la désescalade des tensions et à la relance économique, en exigeant notamment la réunification des banques centrales; à la création d’un mécanisme de suivi des fonds humanitaires; à alléger l’isolement des banques yéménites afin qu’elles puissent importer des produits essentiels et couper court aux flux informels; à investir dans le système sanitaire et la campagne de vaccination; et à cesser de donner aux belligérants un accès aux armes.  

« Le Conseil de sécurité doit faire pression sur l’Arabie saoudite et ses alliés pour qu’ils mettent fin à l’expulsion des travailleurs yéménites dans le Golfe », et améliorent leurs conditions de vie, a insisté Mme Addin.  Il faut encore, selon elle, ouvrir tous les points de passage pour permettre l’entrée des biens essentiels; mettre en place une coopération avec les Émirats arabes unis pour reconstruire les zones sous leur contrôle; et faire un dépôt de fonds dans les banques centrales yéménites pour stabiliser la monnaie.  En outre, la communauté internationale doit trouver un moyen pour que le Gouvernement paye les salaires des fonctionnaires.  Quant aux houthistes, elle a appelé à mettre la pression sur eux et leurs alliés pour qu’ils cessent leurs activités militaires et lèvent le siège de Mareb et d’autres villes.  Enfin, elle a insisté sur l’impératif d’une distribution équitable des vaccins à tous les Yéménites. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a estimé que les parties doivent travailler ensemble pour que le Gouvernement du Yémen reste dans le pays.  Elle a estimé que les exposés très sombres présentés ce jour démontrent que le peuple yéménite souffre de la pire crise humanitaire créée par l’homme.  Le tableau brossé de la situation à Mareb est également très sombre, a-t-elle souligné, trouvant décourageant de voir l’offensive s’y poursuivre.  Les Yéménites ont été confrontés à l’horreur récemment lors d’une attaque indiscriminée condamnable qui a tué des enfants, a-t-elle noté.  La représentante a condamné les attaques transfrontalières de houthistes contre l’Arabie saoudite, y compris les attaques indiscriminées par drone.  Enfin, la représentante s’est dite extrêmement déçue par la non-reconduction du Groupe d’éminents experts par le Conseil des droits de l’homme le 7 octobre.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué les premiers pas de M. Grundberg en tant que nouvel Envoyé spécial, notamment les discussions qu’il a engagées avec les parties yéménites et sa volonté de coopérer avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  La Russie entend pour sa part continuer de soutenir les initiatives onusiennes et d’œuvrer avec toutes les parties pour parvenir à une résolution politique du conflit.  Le délégué leur a demandé de lever toutes les entraves au respect du droit international humanitaire, notamment en permettant l’accès de l’aide et en cessant tout blocus des ports.  Il a en outre espéré que la situation du pétrolier Safer sera vite résolue.

M. GENG SHUANG (Chine) s’est inquiété de l’aggravation des violences, exhortant les parties à mettre fin aux combats à Mareb. Il a condamné toutes les attaques contre les civils et les infrastructures civiles.  Il s’est félicité que le Gouvernement d’union nationale puisse travailler à Aden, où il a pu se rendre, et utilisera l’aide du FMI et de la communauté internationale pour venir en aide à la population, améliorer le taux de change du rial yéménite, et apporter une assistance humanitaire aux personnes dans le besoin.  Toutes les parties doivent en outre favoriser l’ouverture et le bon fonctionnement des ports.  La Chine a salué l’approche « pragmatique » de l’Envoyé spécial, souhaitant qu’une feuille de paix se concrétise bientôt.  La Chine l’a encouragé à faciliter le dialogue entre les différentes parties, avant d’appeler tous ceux ayant une influence à contribuer à la résolution de la situation au Yémen, sous tous ses aspects.  

M. ADEL BEN LAGHA (Tunisie) a espéré que la nouvelle étape au Yémen verra un engagement plus grand des parties envers la paix et la stabilité.  Il n’existe pas d’alternative à une solution politique consensuelle, a martelé le représentant en rappelant que ces dernières années ont prouvé que « le choix militaire visant à imposer un statu quo n’a fait que compliquer la situation ».  La Tunisie a donc lancé un appel aux houthistes pour qu’ils mettent fin aux hostilités et reviennent à la table des négociations sans conditions préalables.  La délégation a appelé toutes les parties au conflit à participer activement à la recherche d’un règlement politique et à s’engager à respecter un cessez-le-feu national.  Le représentant a condamné en particulier les attaques militaires des houthistes et le siège de la ville de Mareb, insistant sur l’impératif de protéger les civils.  Il a également condamné les attaques continues de cibles saoudiennes par les houthistes.  Notant que la situation humanitaire au Yémen se détériore en même temps que la situation économique, il a mis en garde contre le risque d’insécurité alimentaire qui concerne aujourd’hui près de 16 millions de personnes alors que le taux d’infection à la COVID-19 est en hausse. 

Mme TRA PHUONG NGUYEN (Viet Nam) a encouragé les partenaires régionaux à continuer de soutenir leurs efforts de paix au Yémen, se disant néanmoins préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire depuis le début de l’année.  Par ailleurs, elle a condamné les attaques commises contre le convoi de représentants du Gouvernement yéménite, qui ont fait six morts et sept blessés à Aden dimanche dernier.  « De telles attaques continuent de saper les efforts de paix et le processus politique en cours au Yémen, et les auteurs doivent être traduits en justice », a-t-elle demandé.  Elle a ensuite exhorté les parties à cesser immédiatement les violences.  De son côté, la communauté internationale et les partenaires régionaux devraient mettre en place un environnement propice aux médiations et aux négociations entre les parties sous l’égide de l’ONU et toutes les parties être tenues de mettre pleinement en œuvre les Accords de Stockholm et Riyad, a estimé la délégation.

Outre les combats prolongés et la pandémie de COVID-19, l’effondrement de l’économie et des infrastructures ont aggravé la crise au Yémen, a-t-elle fait observer.  Les deux tiers de la population du pays ont maintenant besoin d’aide, s’est alarmée la représentante.  Cinq millions de personnes sont au bord de la famine et près de 400 000 enfants courent un risque imminent de mourir de faim.  La représentante s’est dite désolée d’apprendre que 2 600 d’entre eux ont été tués ou mutilés et plus de 3 500 autres, victimes de violences graves.  Dans ce contexte, elle a plaidé en faveur d’une pérennisation de l’aide humanitaire et d’autres soutiens adéquats au Yémen.  Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, protéger les civils et mettre en œuvre la résolution 2573 du Conseil de sécurité.  Enfin, le risque d’une marée noire et ses conséquences pour la région ne peuvent être ignorés, a-t-elle dit.  Aussi, sa délégation a-t-elle exhorté les houthistes à travailler sérieusement avec l’ONU et à permettre à l’équipe de pays des Nations Unies d’effectuer sans délai l’évaluation et les réparations nécessaires sur le pétrolier.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a rappelé que les deux tiers de la population yéménite ont besoin d’une aide humanitaire, dont 400 000 enfants qui souffrent de malnutrition chronique.  Il a dénoncé les attaques contre des civils, contre des fonctionnaires gouvernementaux et contre l’Arabie saoudite.  « Les parties au conflit doivent comprendre qu’il faut cesser les violences afin de répondre aux besoins humanitaires et de parvenir à la résolution d’un conflit dont l’issue n’est pas militaire. »  Les parties doivent donc respecter le cessez-le-feu humanitaire et s’engager dans les discussions de paix sous les auspices de l’ONU, a dit le délégué.  D’autre part, les États doivent respecter l’embargo sur les armes décidé par le Conseil de sécurité.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a vigoureusement condamné l’attentat « haineux » perpétré dimanche contre un ministre du Gouvernement d’Aden.  Selon elle, une pleine reprise du dialogue entre le Gouvernement reconnu internationalement et le responsables du Conseil de transition du Sud est vitale.  La représentante a appelé à nouveau à un cessez-le-feu national et à la cessation des hostilités à Mareb, qui provoquent de nouveaux déplacements, y compris de femmes et d’enfants, a-t-elle fait remarquer.  Elle s’est inquiétée des graves violations des droits des enfants en déclarant qu’« être un enfant au Yémen est un cauchemar ».  La délégation a également condamné l’exécution de neuf personnes, dont un mineur, rappelant l’opposition de son pays à la peine de mort.  L’aide humanitaire est une bouée de sauvetage pour tous les Yéménites, a fait observer l’Irlande, en exigeant un accès sans entraves pour tous les travailleurs humanitaires.  Elle a ajouté que le versement du salaire des fonctionnaires permettrait d’accroître le pouvoir d’achat de la population, avant d’appeler toutes les parties à nouer des discussions constructives pour l’accès au pétrolier Safer afin de procéder à des réparations. 

La représentante a enfin regretté le non-renouvellement, par le Conseil des droits de l’homme, du mandat du Groupe d’éminents experts: « Nous avons laissé tomber la population yéménite », a-t-elle commenté, en saluant en revanche le courage et le travail des membres du Groupe. 

Pour M. Mr. T. S. TIRUMURTI (Inde), mettre fin aux hostilités actuelles à Mareb et ailleurs au Yémen par un cessez-le-feu global devrait être la priorité immédiate de la communauté internationale.  Il a salué les efforts de l’Envoyé spécial en ce sens et en vue de reprendre les négociations afin de parvenir à une solution politique inclusive qui réponde aux aspirations de tous les Yéménites.  Des millions de Yéménites subissent de plein fouet ce conflit prolongé, a déploré le représentant, et la crise humanitaire sans précédent a été aggravée par la situation économique précaire.  Il est urgent de s’attaquer aux conséquences économiques du conflit et de veiller au bon financement de l’aide humanitaire.  L’Inde a salué le retour du Premier Ministre du Yémen à Aden et espéré que cela ouvrira la voie au retour de tout le Gouvernement à Aden et à la mise en œuvre de l’Accord de Riyad.  Elle a encouragé le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud à poursuivre le dialogue pour résoudre les problèmes liés à la mise en œuvre de cet Accord et a réitéré son plein soutien à l’Accord de Stockholm.  À la lumière des multiples violations du cessez-le-feu, le représentant a insisté sur l’urgence qu’il y a à nommer le nouveau chef de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  Après avoir condamné les attaques transfrontalières soutenues de missiles et de drones visant l’Arabie saoudite, il a estimé que rien ne peut justifier le ciblage délibéré de civils et d’infrastructures civiles en Arabie saoudite, ce qui constitue une violation flagrante du droit international.  Dès lors, l’Inde est d’avis que l’embargo sur les armes prévu par la résolution 2216 devrait être strictement appliqué pour éviter des attaques similaires à l’avenir.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a considéré comme très préoccupante l’offensive des houthistes contre Mareb, condamnant en particulier l’attaque au missile qui a tué trois enfants.  Elle a condamné l’attaque perpétrée contre un aéroport en Arabie saoudite, soulignant que ce type d’attaques est devenu le principal obstacle à la paix.  Pour la délégation, le Conseil de sécurité doit faire montre d’un soutien inébranlable au mandat de l’Envoyé spécial, qui ne doit pas hésiter à dire que ce sont les houthistes qui font obstruction.  « Il nous revient, au Conseil, d’exhorter les houthistes à aller de l’avant », a insisté la représentante.  Elle a ensuite condamné les attaques visant les fonctionnaires du Gouvernement yéménite, se félicitant toutefois du retour du Premier Ministre à Aden.  À cet égard, elle a demandé aux États Membres de fournir un soutien financier ciblé afin d’aider le Premier Ministre à mettre en place les services essentiels à destination des Yéménites. 

La situation économique est lugubre, a-t-elle déclaré, faisant état de l’absence de services de base.  Pour les États-Unis, il faut veiller à ce que le carburant puisse être fourni à des prix acceptables.  Elle a remercié l’Union européenne, la Suède et la Suisse pour avoir coorganisé une conférence d’annonce de contributions, avant de rappeler que le Secrétaire d’État américain avait annoncé que les États-Unis verseraient 290 millions de dollars d’aide supplémentaire, ce qui porte à 800 millions l’aide de Washington pour 2021.

Par ailleurs, la représentante a estimé qu’il faut établir les responsabilités de toutes les parties pour les violations des droits de la personne.  Celles-ci sont très graves, en particulier l’exécution de neuf personnes dont un mineur, s’est-elle désolée.  En ce qui concerne le pétrolier Safer, des réparations doivent être menées d’urgence, a-t-elle ajouté.  « S’il coule et s’il y a une catastrophe environnementale, les houthistes en porteront toute la responsabilité », a-t-elle prévenu, « mais ce sont les Yéménites qui en paieront le prix ».  Elle a, en conclusion, fait part de sa déception quant au fait que le mandat du Groupe d’éminents experts établi par le Conseil des droits de l’homme n’ait pas été renouvelé.

M. NIANDOU AOUGI (Niger) a constaté qu’à mesure que les affrontements se prolongent au Yémen, le fossé entre les parties continue de s’élargir, rendant « de plus en plus difficile » le rapprochement entre elles.  Pour donner toutes ses chances à la relance du processus de paix, certaines exigences devraient nécessairement être remplies, a précisé le représentant.  Tout d’abord, les parties doivent s’engager pour un cessez-le-feu à l’échelle nationale en mettant un terme à leurs hostilités dans le pays.  Elles doivent ensuite mettre en avant le seul intérêt du Yémen et de l’ensemble de son peuple, en faisant les compromis nécessaires pour faire avancer le processus politique inclusif.  Enfin, les acteurs régionaux et les membres du Conseil de sécurité qui ont une influence sur les parties doivent continuer d’œuvrer pour le rapprochement des parties.  Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons espérer le retour de la paix au Yémen ainsi que l’amélioration de la grave crise humanitaire qui y sévit depuis plusieurs années, a conclu M. Niandou. 

La bataille de Mareb doit cesser, de même que les attaques contre le royaume saoudien, a déclaré Mme SHERAZ GASRI (France), en relevant la détérioration de la situation sécuritaire.  Ainsi, à Mareb et dans la province de Chaboua, les affrontements meurtriers se poursuivent, voire s’intensifient, dans certaines zones, entraînant de nouveaux déplacements de population.  La représentante a appelé les houthistes à renoncer à l’option militaire, jugeant inacceptables les attaques des 7 et 8 octobre derniers lancées contre les aéroports d’Abha et de Jizan, car elles menacent la sécurité du territoire saoudien et constituent une atteinte à la stabilité régionale.  Notant que le mois de septembre a « marqué un triste record » s’agissant du nombre de victimes civiles, elle a répété que la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles, doit rester un impératif absolu.

D’autre part, tout doit être fait pour garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin, a-t-elle exhorté, en appelant à la levée de l’ensemble des obstacles bureaucratiques, d’une part, et à l’accélération de la campagne de vaccination contre la COVID-19, ainsi qu’à un accès équitable à ce vaccin, d’autre part.  Regrettant l’absence d’accord au Conseil des droits de l’Homme pour renouveler le mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen, elle a rappelé que la France, qui a voté en faveur de cette résolution, a soutenu la création de ce groupe et les renouvellements successifs de son mandat. 

La France a également relevé que les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires, les actes de torture, les violences sexuelles et fondées sur le genre, le recrutement d’enfants et autres violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire se poursuivent, et insisté pour que leurs auteurs ne demeurent pas impunis.  « Nous condamnons notamment l’exécution le 18 septembre de neuf personnes par les houthistes », a-t-elle commenté, avant de réitérer l’opposition de la France à la peine capitale, en tous lieux et toutes circonstances.  Seule une solution politique globale et inclusive mettra fin à la guerre au Yémen, a-t-elle réaffirmé, en demandant aux houthistes de donner à l’ONU, immédiatement et sans préconditions, accès au pétrolier Safer, lequel représente un risque écologique, économique et humanitaire majeur pour le pays et l’ensemble de la région.  Le chantage exercé par les houthistes à ce sujet est inacceptable, a-t-elle ajouté en conclusion.

Le récent attentat à la voiture piégée à l’aéroport d’Aden est l’un des nombreux exemples de la destruction que le conflit continue de causer à la population civile, a noté Mme ISIS AZALEA MARIA GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines).  Elle a toutefois rappelé qu’il existe « une feuille de route pour faciliter la fin de la guerre », en commençant par un cessez-le-feu immédiat qui ouvrirait la voie au dialogue politique.  Diverses mesures de confiance peuvent favoriser un environnement propice à ce dialogue dont le succès dépend d’un processus dirigé et contrôlé par les Yéménites, mais également d’une véritable volonté politique des parties de donner la priorité à l’avenir du Yémen et de mettre fin à la guerre.  Tant que ces conditions ne sont pas réunies, les situations humanitaires et économiques désastreuses persisteront, a prédit la représentante.  Elle a ensuite plaidé en faveur d’une opération humanitaire soutenue pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin et salué l’annonce récente de financement supplémentaire.  Outre la nécessité de la reprise du processus politique, Saint-Vincent-et-les Grenadines ont aussi souligné qu’il ne peut y avoir de paix durable sans responsabilité.  La communauté internationale doit donc veiller à ce que les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international, et renforcer la capacité des institutions locales à garantir l’application du principe de responsabilité.  Quant à la situation du pétrolier Safer, la représentante a souhaité que les parties concernées donnent la priorité à une solution urgente compte tenu de l’impact catastrophique d’une explosion ou d’une fuite potentielle.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déclaré être profondément préoccupée par les hostilités en cours au Yémen, qui se sont intensifiées au cours des dernières semaines.  Selon l’ONU, 10 000 personnes supplémentaires ont été déplacées à Mareb au cours du mois dernier et les pertes civiles ont été considérables en septembre.  Il a appelé toutes les parties à mettre fin aux hostilités, condamnant fermement les attaques transfrontalières répétées des houthistes contre l’Arabie saoudite.  Toutes les parties doivent s’abstenir d’attaques aveugles visant des biens civils, lesquelles constituent des violations du droit international humanitaire, a-t-il déclaré. Il est temps que le Gouvernement yéménite et les houthistes s’engagent de manière constructive avec l’Envoyé spécial pour convenir ensemble d’un cessez-le-feu durable, accompagné d’un processus politique inclusif, avec la participation des femmes et des jeunes.  La situation dans les provinces du sud reste également d’une grande fragilité, comme le rappellent les récents affrontements près d’Aden qui ont fait de nombreuses victimes civiles, a constaté l’Estonie.  Elle a exhorté le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud à mettre en œuvre l’accord de Riyad, qui est dans l’intérêt du peuple yéménite et constitue un élément essentiel sur la voie d’une paix plus large, a-t-il déclaré.  « 

Le représentant a fait part de la profonde déception de son pays à la suite du vote du Conseil des droits de l’homme le 7 octobre, qui n’a pas permis de proroger le mandat du Groupe d’éminents experts.  Pourtant, il est dans l’intérêt du peuple yéménite que la responsabilité des violations et abus des droits humains soit établie.  Le délégué a fait part de sa profonde préoccupation devant les violations des droits de la personne commises par toutes les parties au conflit, notamment les violences sexuelles et le recrutement et l’utilisation d’enfants.  Plus de 8 500 violations graves visant des enfants ont été enregistrées entre 2019 et 2020.  En conclusion, le représentant estonien a appelé les parties à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et à s’entendre sur l’importation de carburant et les importations commerciales via le port de Hodeïda.  Enfin, il a réitéré son appel aux houthistes pour éviter une catastrophe environnementale et économique s’agissant des risques posés par le pétrolier Safer.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a dit être encouragée par les efforts de M. Grundberg à promouvoir un processus davantage inclusif, soulignant la nécessité pour les parties de s’engager de manière constructive, sans conditions préalables.  La délégation a aussi estimé que la situation sécuritaire, notamment à Aden, entrave les perspectives de paix.  Elle a donc exhorté toutes les parties à créer un environnement propice à une bonne gouvernance, notamment en mettant pleinement en œuvre l’Accord de Riyad. 

S’agissant de la situation humanitaire, qu’elle a qualifiée de « particulièrement alarmante » et « insoutenable », la représentante a à nouveau souligné la nécessité urgente d’une désescalade et d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Il est vital que tous les enfants yéménites aient un accès immédiat à l’aide et à la protection humanitaires, a-t-elle souligné.  Et la Norvège appelle ceux qui se livrent à des combats à Mareb, et à travers tout le Yémen, à respecter leurs obligations découlant du droit international humanitaire, notamment pour protéger les enfants, a ajouté Mme Heimerback. 

Par ailleurs, la délégation a dit regretter l’incapacité récente du Conseil des droits de l’homme à renouveler le mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen.  En mettant fin à ce mécanisme de l’ONU, nous ne reconnaissons pas les victimes yéménites et ne poursuivons pas la responsabilité et la justice, a conclu sa représentante. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est dit profondément préoccupé par les récents événements survenus au Yémen, notamment la violence renouvelée et soutenue contre Maribin Sirwah, Rahabah, Mahilyah et les districts d’Al Abidyah; l’attaque du convoi du Gouverneur d’Aden et du Ministre de l’agriculture et de la pêche le 10 octobre; l’augmentation des attaques aériennes transfrontalières par les houthistes sur les installations civiles qui ont fait plusieurs blessés en Arabie saoudite ou encore l’exécution publique de neuf hommes le 18 septembre, condamnés pour leur implication présumée dans le meurtre d’un haut responsable houthiste et l’offensive et l’escalade des hostilités dans le sud, en particulier à Chaboua et Aden.  Le Kenya maintient sa position selon laquelle il ne peut y avoir de solution militaire au conflit au Yémen.  « Le fait que certains partis cherchent à capitaliser sur les engagements diplomatiques intensifs pour intensifier leurs interventions militaires en vue de faire changer la trajectoire des négociations est assez inquiétante », a estimé le représentant.  Apportant son soutien à l’Envoyé spécial pour aider les parties à sortir de l’impasse actuelle et faciliter une solution politique, il a souligné que ses efforts seront vains à moins que les parties yéménites concernées ne soient prêtes à faire les compromis nécessaires, à convenir d’un cessez-le-feu efficace à l’échelle nationale et à renouer avec une solution politique négociée.

M. Kimani a également rappelé que plus de 10 000 personnes, dont 70% de femmes, ont été déplacées à la suite de la recrudescence des combats et que la crise humanitaire est aggravée par la propagation de la COVID-19.  Compte tenu de la fragilité des infrastructures sanitaires et de la détérioration l’économie, il a appelé la communauté internationale à intervenir.  Le représentant a également invité les institutions financières internationales et partenaires au développement à injecter les réserves indispensables pour la Banque centrale du Yémen.  Finissant sur le dossier du pétrolier Safer, il a appelé les autorités en charge du navire à s’engager d’urgence dans la recherche d’une solution à ce qui se présente comme une « catastrophe environnementale imminente ». 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déploré que « le retour des milices houthistes sur la scène nationale entrave gravement la marche glorieuse du peuple yéménite vers la prospérité et le développement pour laquelle il a consenti tant de sacrifices et d’efforts ».  En vérité, a-t-il déclaré, ces milices ne sont qu’un « instrument du Gouvernement iranien » dont le régime cherche à exporter sa vision, ce à quoi le peuple yéménite est foncièrement opposé.  Le délégué a réitéré l’attachement de son gouvernement à la paix et à la cessation de la guerre, ainsi qu’à la mise en œuvre de la résolution 2216 (2015) et autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Dans ce contexte, a-t-il assuré, le Gouvernement du Yémen a fait d’importantes concessions aux fins de mettre un point final au conflit.  Mais face à cela, les milices houthistes ne répondent, elles, que par une intensification de leurs attaques qui infligent des souffrances incalculables à la population.  

En conséquence, M. Saadi a estimé qu’il appartient à la communauté internationale de faire pression sur les milices houthistes car elles « ne croient pas à la paix » et ne savent que semer terreur et destruction en s’attaquant même aux camps de déplacés et en visant directement les civils.  Le Conseil de sécurité doit condamner les violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits de l’homme, a-t-il insisté.  Décrivant les souffrances de la population, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et au renforcement de l’aide internationale et de l’assistance humanitaire pour pouvoir relever les défis posés par le conflit, y compris en termes de développement.  Les fonds humanitaires devraient passer par la Banque centrale yéménite pour augmenter le pouvoir d’achat des familles et leur permettre de vivre dans la dignité, a-t-il proposé. 

Le Gouvernement d’union, a précisé M. Saadi, réitère son attachement sincère à la mise en œuvre de la feuille de route, pour éloigner les risques d’escalade de la violence.  Toutefois, l’attentat contre des personnalités officielles et les attaques aux missiles et autres armes ne font que prouver selon lui que les houthistes « ne sont pas disposés au dialogue ».  Il a en outre appelé le Conseil à prendre des mesures pratiques et résolues pour forcer les houthistes à fournir l’accès au pétrolier Safer pour qu’il puisse être réparé et reprendre ses activités en faveur du développement du Yémen. 

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