La Commission du développement social adopte la première résolution sur le sans‑abrisme
La Commission du développement social a achevé les travaux de sa cinquante-huitième session en adoptant par consensus la première résolution d’un organe intergouvernemental sur le sans-abrisme.
Elle a également adopté, toujours par consensus, une résolution sur les modalités du quatrième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action internationale de Madrid sur le vieillissement, ainsi qu’un texte sur les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) après avoir voté en faveur du maintien d’un paragraphe faisant référence au Plan d’action de Maputo. Les trois textes adoptés aujourd’hui seront transmis au Conseil économique et social (ECOSOC) pour approbation finale.
Cette cinquante-huitième session avait pour thème prioritaire « Assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme ».
Saluant l’adoption de ces textes, le Président de la Commission, M. Gbolié D. W. Ipo, a vu dans cette nouvelle topologie pour lutter contre le phénomène du sans-abrisme un apport à la Décennie d’action pour la réalisation du Programme 2030. « En ce vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Copenhague, la Commission entend répondre aux besoins spécifiques des groupes et personnes en situation de vulnérabilité et ainsi jouer son rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030 », a-t-il affirmé.
La Présidente de l’ECOSOC, Mme Mona Juul, a ajouté que la résolution sur le sans-abrisme recoupe différents objectifs de développement durable (ODD) et constitue une contribution à la prochaine session de l’ECOSOC et au forum politique de haut niveau pour le développement durable qui se tiendra en juillet.
La résolution sur le sans-abrisme indique qu’il est urgent d’agir à l’échelle nationale et internationale pour remédier à ce « problème complexe ». Elle encourage notamment les pouvoirs publics à améliorer l’accès à un logement abordable au moyen de politiques de logement intégrées et de mesures de protection sociale. Elle invite aussi les pouvoirs publics à stimuler l’offre d’une variété d’options de logements adéquats, sûrs, abordables et accessibles aux membres des différentes catégories de revenu de la société, et à allouer davantage de ressources à l’assainissement et à la prévention des taudis et des implantations sauvages.
Par ce texte, les États Membres sont en outre exhortés à s’employer à établir aussi vite que possible et à maintenir leurs socles de protection sociale « qui devraient comporter des garanties élémentaires de sécurité sociale ».
À l’issue de l’adoption de ce texte, les États-Unis ont estimé chaque pays devrait s’employer à réduire les coûts médicaux en impliquant toutes les parties prenantes, notant que la compétition est un moteur de réduction des coûts. Chaque pays devrait développer son propre système de soins de santé, ont-ils dit, notant par ailleurs que le terme « système de santé universel » est souvent interprété comme étant un système à payeur unique financé par le gouvernement, ce que les États-Unis n’appuient pas.
Pour sa part, le Saint-Siège a insisté sur l’importance de l’unité familiale pour prévenir et combattre le sans-abrisme, tout en regrettant que le caractère indivisible des droits humains ne soit pas reconnu dans le texte.
En début de séance, la Commission a décidé par 36 voix de maintenir le paragraphe 18 de la résolution annuelle sur le NEPAD. Les États-Unis ont voté contre et Israël s’est abstenu.
Ce paragraphe fait notamment référence au Plan d’action de Maputo pour la mise en œuvre du Cadre d’orientation continental pour la promotion des droits et de la santé en matière de sexualité et de reproduction en Afrique 2016-2030. Les États-Unis, qui avaient demandé la mise aux voix de ce paragraphe, ont décrié la référence, contenue dans ce plan, au droit des femmes à l’avortement, précisant que leur gouvernement ne considère pas l’avortement comme un moyen de planification familiale. La délégation a également souligné que les termes « santé sexuelle et reproductive » et « flux financiers illicites » n’ont pas de définition internationalement reconnue.
Le paragraphe 18 est crucial pour promouvoir l’autonomisation des femmes en Afrique, a toutefois estimé la Côte d’Ivoire, qui a ajouté que « dans l’ensemble, la résolution permettra une dynamique nouvelle pour le développement des femmes ». Au nom de l’Union européenne, le Portugal a déclaré que ce paragraphe avait été « soigneusement conçu et équilibré ». Ce paragraphe énonce simplement des faits et il n’appartient pas à cette Commission de réécrire la réalité, a défendu la délégation qui a en outre souligné que le Plan d’action de Maputo a pour objectif de sauver des vies, et d’éliminer les avortements illicites et dangereux. L’Afrique du Sud a elle aussi insisté sur le maintien de l’intégralité du texte.
Le Guyana, qui a présenté le texte au nom du G77 et de la Chine, a indiqué que par cette résolution, la Commission exhorte notamment les pays africains et les partenaires au développement à répondre aux besoins des jeunes et à les autonomiser en s’attaquant aux taux élevés de chômage des jeunes.
La résolution prend également note du lancement, lors du Forum panafricain des jeunes qui s’est tenu à Addis-Abeba en avril 2019, de l’initiative « Un million d’ici 2021 » qui vise à ce que des fonds soient débloqués directement en faveur de millions de jeunes en Afrique sur la base de l’emploi, l’entrepreneuriat, l’éducation et la motivation.
Après l’adoption de la résolution, le Royaume-Uni a fait part de sa déception au sujet du processus de négociation. La délégation a voulu que davantage de temps y soit accordé l’an prochain, estimant qu’il conviendrait également de rationaliser le texte.
L’Union européenne a elle aussi prévenu que l’absence de consultation plus complète met en danger le consensus. La délégation a par ailleurs estimé que le texte fait double emploi avec les résolutions de l’Assemblée générale sur le NEPAD et a recommandé de le présenter tous les deux ans.
L’ONU ne peut réaliser les ODD que s’il existe une collaboration et une coordination solides entre ses principaux organes, a notamment prévenu l’Union européenne. Or la répartition actuelle des tâches entre l’ECOSOC et l’Assemblée générale est loin d’être claire.
À cet égard, Mme Juul a indiqué que l’Assemblée générale examinera cette année les moyens de renforcer le travail de l’ECOSOC et celui de ses commissions fonctionnelles. L’un des objectifs de cet examen est de promouvoir une harmonisation et une coordination accrues des programmes de travail entre les commissions et l’ECOSOC, a-t-elle précisé.
Mme Juul a par ailleurs remercié la Commission pour le suivi des travaux du Sommet mondial pour le développement social et pour la mise en cohérence de ses travaux avec ceux de l’ECOSOC et du forum politique de haut niveau depuis l’adoption du Programme 2030. « C’est fondamental au moment où nous entrons dans la Décennie d’action pour la réalisation des ODD, qui vise à garantir que toutes les personnes, indépendamment de leur genre, race, ethnie, âge ou handicap, bénéficient du développement », a fait valoir la Présidente de l’ECOSOC.
Avant de clore ses travaux, la Commission a par ailleurs adopté par consensus l’ordre du jour provisoire de sa cinquante-neuvième session ainsi que le rapport de la cinquante-huitième session.
La Commission a également décidé que le thème prioritaire de sa cinquante-neuvième session portera sur le rôle des technologie numériques pour le développement social et le bien-être de tous.
Ouvrant brièvement sa cinquante-neuvième session, elle a élu, par acclamation, M. Martín García Moritán, de l’Argentine, à la présidence, et Mme Sharifa Yousef Alnesf, du Qatar, à la vice-présidence de cette même session. L’élection des membres restants du Bureau a été reportée à une date ultérieure.