La Commission du développement social se penche, 25 ans après Copenhague, sur les nouveaux problèmes sociétaux entravant le Programme 2030
La deuxième journée de la cinquante-huitième session de la Commission du développement social a été marquée, dans la matinée, par la tenue d’un forum ministériel consacré à la lutte contre les nouveaux problèmes sociétaux entravant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’occasion de faire fond sur les progrès réalisés depuis l’adoption de la Déclaration de Copenhague, il y a 25 ans.
Dans l’après-midi, la Commission a repris son débat général au cours duquel les délégations ont continué d’échanger sur les actions menées pour lutter contre le sans-abrisme et assurer l’accès à des systèmes de protection sociale.
La séance s’est ouverte sur un avertissement du Président de la Commission relatif aux nouveaux problèmes sociétaux que constituent l’évolution de la dynamique des populations, les inégalités croissantes, les changements climatiques et l’impact de la technologie sur l’avenir du travail, sans oublier la mondialisation. « Si l’on n’y répond pas par des politiques sociales, économiques et environnementales complémentaires, ces problèmes interdépendants pourraient avoir des répercussions négatives importantes sur la réalisation des principaux objectifs du Sommet mondial pour le développement social et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a notamment prévenu M. Gbolié D. W. Ipo, appuyé par le Président de l’Assemblée générale, M. Tijjani Muhammad-Bande.
Reconnaissant que la pauvreté n’ait pas encore été reléguée aux livres d’histoire, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a indiqué que pour l’éliminer avant 2030, il faudra réduire de 110 millions par an le nombre de personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour. Il s’est également préoccupé de l’augmentation de l’inégalité de revenu dans les pays développés et de son niveau très élevé dans les pays en développement, ainsi que de la persistance des inégalités d’accès à l’éducation et aux soins de santé. « Cela conduit à une concentration de la richesse et du pouvoir politique entre les mains de ceux qui sont déjà au sommet de l’échelle des revenus, menaçant ainsi la cohésion sociale », s’est-il inquiété.
Alors que le mécontentement augmente envers les institutions qui n’ont pas été en mesure de redresser les causes structurelles des inégalités, il convient, selon M. Liu, de garantir une disponibilité rapide et prévisible des ressources humaines et financières, et de donner la priorité à l’investissement dans l’éducation, la couverture sanitaire universelle et la protection sociale et la réduction des inégalités. Il a également cité l’inclusion des personnes handicapées et l’autonomisation des femmes et des filles.
Intervenant dans le cadre du forum ministériel, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, Mme Aino-Kaisa Pekonen, a rappelé que la tenue, il y a 25 ans, du Sommet mondial de Copenhague, avait marqué un jalon dans l’histoire du développement social. Pour la première fois, a-t-elle relevé, la communauté mondiale a considéré le « bien-être social » comme étant un élément fondamental du développement, et non plus la seule croissance économique. Convaincue que toute hausse de la fiscalité est acceptable si elle contribue à l’amélioration des services sociaux, la Ministre a appelé à intégrer les dimensions sociales aux objectifs de développement durable (ODD) et de veiller à ce que la mondialisation soit plus juste.
À cet égard, la Ministre des initiatives spéciales de développement du Ghana, Mme Hawa Koomson, a constaté que les pays en développement sont le plus souvent à la traîne et que les mécanismes de mobilisation des ressources sont faibles. Soulignant les efforts, notamment financiers, déployés par son pays pour faire reculer la pauvreté et améliorer le niveau de vie de ses citoyens grâce à la croissance socioéconomique, Mme Koomson a signalé que les défis en matière de développement social demeurent importants: près de 75% de la population n’a pas accès à l’eau propre et à l’assainissement et 78% à des centres de traitement des déchets. De surcroît, la production alimentaire est menacée par les changements climatiques et la dégradation des sols, ce qui entraîne de lourdes pertes financières pour les agriculteurs, a-t-elle ajouté.
De son côté, la Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou a expliqué que son gouvernement a fait de la petite enfance sa priorité « car les inégalités commencent dès cet âge ». Ce qui est en jeu, ce n’est pas uniquement l’avenir de chaque enfant, mais l’avenir du pays dans son ensemble, a-t-elle affirmé. Et un gouvernement ne peut pas faire de meilleur investissement que celui visant à améliorer la vie des jeunes enfants.
Le Sous-Secrétaire adjoint au Ministère du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar, M. Ghanem Mubarak Al Kuwari, a indiqué, pour sa part, que son gouvernement avait jeté les bases d’un système de protection sociale, notamment pour les travailleurs migrants, et s’était fixé pour objectif de garantir un travail décent pour tous. De son côté, la Ministre du travail et de la politique sociale de l’Ukraine, Mme Yulia Sokolovska, s’est attardée sur les problèmes liés au vieillissement de la population, à la pauvreté et au chômage des jeunes dans son pays.
La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 12 février, à partir de 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Forum ministériel sur le thème « Questions nouvelles: vingt-cinq ans après le Sommet mondial pour le développement social: lutter contre les nouveaux problèmes sociétaux entravant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (E/CN.5/2020/5)
Déclarations liminaires
Avant l’ouverture du forum ministériel programmé en ce deuxième jour de travaux, M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO, Président de la cinquante-huitième session de la Commission du développement social, s’est félicité des progrès enregistrés ces 25 dernières années, depuis le Sommet mondial pour le développement social, en vue de réduire l’ampleur et la gravité de la pauvreté, garantir le plein emploi et le travail décent, promouvoir l’intégration sociale et favoriser l’accès de tous à l’éducation et aux soins de santé ainsi qu’aux services de base. Ces progrès se révèlent toutefois contrastés, a-t-il concédé. En Afrique subsaharienne et dans les pays les moins avancés, a observé M. Ipo, la population subit toujours le fléau de l’extrême pauvreté. Les inégalités de revenus se sont creusées dans la plupart des pays industrialisés et dans certains pays en développement à revenu intermédiaire, mais elles ont diminué dans certains autres pays en développement, notamment en Amérique latine et en Afrique; et l’inégalité des chances fondée sur le genre, la race, l’origine ethnique et d’autres facteurs socioéconomiques persiste.
En outre, a-t-il poursuivi, le monde fait face à de nouveaux problèmes sociétaux, notamment l’évolution de la dynamique des populations, les inégalités profondes et croissantes, les changements climatiques, l’évolution technologique rapide et ses effets sur l’avenir du travail, et la mondialisation. Si l’on n’y répond pas par des politiques sociales, économiques et environnementales complémentaires, a-t-il averti, ces problèmes interdépendants pourraient avoir des répercussions négatives importantes sur la réalisation des principaux objectifs du Sommet mondial pour le développement social et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. Ipo a déclaré attendre avec impatience les discussions prévues ce jour avec les intervenants et les ministres pour célébrer cet anniversaire important. À cette occasion, a-t-il précisé, nous ferons fond sur les connaissances accumulées au cours des 25 années de la mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague pour lancer une décennie d’action en faveur de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Dans un message vidéo, le Président de l’Assemblée générale, M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE, a rappelé que la tenue, en 1995, du Sommet mondial pour le développement social avait permis de déboucher sur un nouveau consensus par l’intermédiaire de la Déclaration de Copenhague. Il s’agissait de fournir à chaque personne la possibilité d’atteindre son plein potentiel, a-t-il indiqué. Tout en notant que des progrès notables ont été réalisés ces dernières décennies, M. Muhammad-Bande a constaté que des efforts supplémentaires s’imposent. L’inégalité continue d’être un obstacle majeur qui empêche de nombreuses personnes d’atteindre leur plein potentiel et de mener une vie décente, a-t-il déploré, notant que les deux tiers de la population mondiale vivent dans des pays où l’inégalité augmente. Il a cité l’impact de l’innovation technologique, des changements climatiques et de la migration internationale, relevant que si on y répondait de manière appropriée, ces défis pourraient appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a également insisté sur l’importance de rendre l’ONU pertinente pour toutes les populations du monde et de rétablir la confiance dans le multilatéralisme. La Commission a pour sa part un rôle important à jouer pour identifier les solutions à apporter aux défis de notre époque, a-t-il ajouté.
M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le Sommet mondial pour le développement social était le précurseur des objectifs de développement durable et avait contribué à réaliser des progrès importants. Entre 1990 et 2015, plus d’un milliard de personnes sont sorties de la pauvreté, s’est-il félicité. Plus de filles vont en classe qu’auparavant, l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes progressent, la mortalité infantile et maternelle a diminué et des progrès ont été réalisés en matière d’accès aux soins de santé, à l’éducation et aux services de base.
Nous n’avons toutefois pas encore relégué la pauvreté aux livres de l’histoire, a-t-il tempéré. Le travail décent demeure un rêve inaccessible pour beaucoup. Les inégalités élevées et croissantes menacent la cohésion sociale. Et notre monde a changé en 25 ans.
Pour éliminer la pauvreté avant 2030, M. Liu a indiqué qu’il faudra réduire de 110 millions par an le nombre de personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour. Il s’est également préoccupé de l’augmentation de l’inégalité de revenu dans les pays développés, notant qu’elle reste aussi très élevée dans les pays en développement. Les inégalités d’accès à l’éducation et aux soins de santé persistent aussi, ce qui conduit à une concentration de la richesse et du pouvoir politique entre les mains de ceux qui sont déjà au sommet de l’échelle des revenus, menaçant ainsi la cohésion sociale, s’est-il inquiété.
La perception répandue, a enchaîné le Secrétaire général adjoint, est que le système socioéconomique actuel n’est pas favorable pour beaucoup. La classe moyenne a diminué dans de nombreux pays et les salaires stagnent depuis une génération, tandis que le mécontentement augmente envers les institutions qui n’ont pas été en mesure de redresser les causes structurelles des inégalités.
Le Secrétaire général adjoint s’est également attardé sur le défi que représente la transition démographique, la population mondiale devant atteindre 8,5 milliards d’individus en 2030 et 9,7 milliards en 2050. Cela accroîtra la pression sur l’approvisionnement alimentaire, le logement et d’autres ressources comme la terre et l’eau. À cela s’ajoute le vieillissement de la population dans de nombreux pays. Selon les estimations, a-t-il indiqué, d’ici à 2050, 16% de la population mondiale aura plus de 65 ans, ce qui aura un impact sur les systèmes de pension, l’emploi pour les personnes âgées, les soins de santé et les soins à long terme. En 2020, a-t-il indiqué, la Banque mondiale estime que près de 42 millions d’emplois supplémentaires devront être créés pour les personnes de plus de 65 ans.
Le quatrième enjeu est l’avenir du travail, a poursuivi M. Liu, notant que les évolutions technologiques, notamment l’intelligence artificielle et l’automatisation, auront des conséquences profondes pour les travailleurs dans de nombreux secteurs. La formation tout au long de la vie et l’appui durant les transitions du marché du travail deviendront plus pertinentes pour assurer l’égalité des chances, a-t-il dit.
M. Liu a aussi parlé des défis liés aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, notant leur impact délétère sur le bien-être des populations, notamment les plus vulnérables et celles des pays à revenu intermédiaire. Il a appelé à redoubler d’efforts pour atténuer l’impact des changements climatiques et réduire les émissions de carbone. Il convient également de garantir une disponibilité rapide et prévisible des ressources humaines et financières, d’assurer la sécurité alimentaire et de donner la priorité à l’investissement dans l’éducation, la couverture sanitaire universelle et la protection sociale, l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités, sans oublier l’inclusion des personnes handicapées et l’autonomisation des femmes et des filles.
Panélistes
Mme HAWA KOOMSON, Ministre des initiatives spéciales de développement du Ghana, a estimé que la capacité des États Membres à réaliser les ODD passe par des efforts communs pour éliminer la pauvreté et faciliter le développement des pays les moins avancés. Toutefois, a-t-elle constaté, la réalité est que les pays en développement sont à la traîne et que les mécanismes de mobilisation des ressources sont faibles. Pour sa part, le Gouvernement ghanéen s’est employé, au fil des ans, à dégager des ressources pour faire reculer l’extrême pauvreté et améliorer le niveau de vie de ses citoyens grâce à la croissance socioéconomique. Il est ainsi devenu le premier pays subsaharien à atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, s’est enorgueillie la Ministre. Selon elle, la pauvreté a fortement baissé depuis 2002-2003, passant de 28,5% à 24,2% de la population en 2012-2013, tandis que l’extrême pauvreté a été divisée par 2, passant de 18,3% en 2002-2003 à 8,4% en 2012-2013. De plus, a-t-elle indiqué, la dernière enquête du Ghana sur le niveau de vie de sa population montre que l’extrême pauvreté est aujourd’hui tombée à 8,2%.
Durant ces 25 dernières années, a-t-elle précisé, le Ghana a pris des mesures ciblant les personnes les plus laissées pour compte. Il a ainsi agi dans les domaines de l’emploi et de l’alimentation, venant en aide à plus d’un million d’agriculteurs, à plus de 300 000 foyers et à deux millions d’écoliers via le programme d’alimentation scolaire LEAP qui offre aux enfants un repas de qualité par jour. Dans le même temps, a poursuivi la Ministre, le pays a créé des logements abordables avec des modalités de prêt immobilier à des conditions avantageuses. Le Gouvernement prévoit en outre de lancer des programmes de formation au bénéfice des plus vulnérables et des petits entrepreneurs. Cela étant, a-t-elle admis, les défis en matière de développement social restent importants, près de 75% de la population n’ayant pas accès à l’eau propre et à l’assainissement et 78% à des centres de traitement des déchets. De surcroît, la production alimentaire est menacée par les changements climatiques et la dégradation des sols, ce qui entraîne de lourdes pertes financières pour les agriculteurs.
Pour assurer une vie digne aux citoyens ghanéens, il faut des politiques efficaces et des partenariats, a plaidé Mme Koomson. C’est ainsi qu’en 2017, le Gouvernement a lancé un programme d’infrastructure pour l’élimination de la pauvreté et la réalisation des ODD. Avec ce programme, a-t-elle expliqué, chaque circonscription ghanéenne bénéficie d’un million de dollars à investir chaque année dans des projets d’infrastructure que trois autorités de développement sont chargées de mettre en œuvre. Le pays travaille par ailleurs à la promotion d’une couverture sanitaire universelle, tout en traitant de la sécurité alimentaire grâce à la création d’entrepôts pour céréales et de centres de stockage d’eau pour faire face à la saison sèche. Pour accélérer la réalisation des ODD, une coordination ministérielle contribue à garantir la viabilité des projets. L’accent est mis sur une approche ascendante des projets, en lien avec les autorités locales et les groupes religieux, a souligné la Ministre.
Mme ARIELA LUNA FLOREZ, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a expliqué que son gouvernement a fait de la petite enfance sa priorité « car les inégalités commencent dès cet âge ». L’enfant est un citoyen dès la naissance, a-t-elle souligné. Et ce qui est en jeu, ce n’est pas uniquement l’avenir de chaque enfant, mais l’avenir du pays dans son ensemble. Un gouvernement ne peut pas faire de meilleur investissement que celui visant à améliorer la vie des jeunes enfants, a-t-elle insisté. Et il est plus rentable d’investir dans les enfants dès leur jeune âge, car cela permet de réduire les inégalités qui apparaissent au cours des premiers 24 mois de vie.
Le Pérou a fait le pari de l’enfance, s’est félicitée la Ministre, qui a indiqué que toutes les lois et les allocations de budget reposent sur des preuves scientifiques et mettent l’accent sur le développement de la petite enfance. Il est essentiel de veiller à ce que les enfants soient aimés et voulus, heureux, autonomes et en phase avec leur environnement, a-t-elle dit. Les politiques transversales du Pérou visent d’ailleurs à enregistrer la naissance de chaque enfance, à améliorer leur santé et prévenir les naissances prématurées, mais aussi à assurer leur accès à l’eau propre et à la vaccination, et à faciliter les inscriptions scolaires. Les mères doivent pour leur part pouvoir bénéficier de soins prénataux.
Le Gouvernement a également élaboré une stratégie pour la petite enfance menée au niveau local dont l’objectif est de recenser les enfants bien avant leur naissance pour qu’ils bénéficient de ces services. L’idée est d’adapter les services aux enfants et non les enfants aux services, a-t-elle affirmé.
Mme AINO-KAISA PEKONEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a rappelé à son tour que le Sommet mondial de Copenhague, il y a 25 ans, avait été un jalon dans l’histoire du développement social. Pour la première fois, s’est-elle félicitée, la communauté mondiale a considéré le bien-être social comme étant un élément fondamental du développement, et non plus la seule croissance économique. Cette évolution se retrouve dans l’histoire de la Finlande, a souligné la Ministre. En 1940, a-t-elle rappelé, le pays était pauvre et sortait d’une situation de conflit. Il a même été l’un des premiers pays à bénéficier d’une assistance de l’UNICEF. Or, selon de récentes études; nous sommes aujourd’hui le pays le plus heureux du monde, a-t-elle fait valoir.
De l’avis de la Ministre, investir dans la santé, l’éducation, l’emploi, l’égalité des sexes et la protection sociale a contribué à offrir à la Finlande une croissance économique durable. De fait, les Finlandais sont heureux de payer des impôts, a-t-elle relevé, assurant que la hausse de la fiscalité est acceptable si elle contribue à l’amélioration des services sociaux. Mme Pekonen a par ailleurs observé que le sommet de 1995 s’est ouvert alors que naissait Internet. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé, notamment en matière de numérisation, de multipolarité mondiale, de changements climatiques et d’égalité hommes-femmes. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 a, selon elle, combiné les approches de Copenhague et des objectifs du Millénaire pour le développement, rendant essentiel le travail de suivi de la Commission du développement social. Dans ce cadre, a-t-elle déclaré, nous devons veiller à ce que les dimensions sociales soient intégrées dans la mise en œuvre de Programme 2030 et que la mondialisation soit plus juste.
Il est fondamental que l’économie soit un instrument pour le développement et que les personnes restent au centre de notre action, a encore plaidé Mme Pekonen, notant qu’en Finlande, des institutions spécialisées et des ONG se sont engagées en faveur du partenariat pour le développement social, dont la mission et le mandat prévoient la mise sur pied de systèmes de protection sociale. Lors de sa récente présidence de l’Union européenne, la Finlande s’est employée à développer un concept de développement social mettant en avant une économie du bien-être, a indiqué la Ministre, ajoutant que le programme de son gouvernement est de faire de la Finlande une société durable économiquement et écologiquement. À cet égard, a-t-elle conclu, il importe de garantir la participation de tous et de veiller à ce que les politiques de lutte contre les changements climatiques soient appuyées par la population afin de garantir leur justice.
Mme YULIA SOKOLOVSKA, Ministre de la politique sociale de l’Ukraine, a indiqué que le Gouvernement ukrainien est le plus jeune de l’Europe, avec une moyenne d’âge de 39 ans. La population du pays est toutefois en train de vieillir et fait face à de nombreux défis liés la pauvreté et au chômage des jeunes, entre autres, a-t-elle dit, avant d’expliquer que son ministère veille à ce que les personnes handicapées, les enfants et les personnes âgées reçoivent un appui adéquat.
La Ministre a ensuite indiqué que pour combattre le chômage, plus de 35 000 personnes de moins de 35 ans ont bénéficié d’une formation professionnelle en 2018. Le Gouvernement soutient aussi le développement de la responsabilité parentale et fournit des produits de qualité à tous les nouveau-nés qui ont été 283 378 à en bénéficier en 2019. Il existe aussi le programme « mère municipale » qui rembourse les frais des crèches pour les enfants de plus de 3 ans.
Le Gouvernement a également mené une réforme du système de pension qui a permis d’augmenter de manière notable le montant des retraites qui est passé de 1,8 milliard de dollars en janvier 2019 à 3 milliards en janvier 2020. Le taux de pauvreté a, pour sa part, baissé de 29% entre 2016 et 2019. En outre, un registre des emplois a été lancé en ligne et a permis la numérisation de 10 millions de dossiers. Le Gouvernement a aussi élaboré un programme social sur l’égalité des sexes pour la période allant jusqu’en 2021 et l’écart salarial entre hommes et femmes a baissé de 6% ces dernières années, s’est félicité Mme Sokolovska. En outre, la nouvelle loi sur l’accès aux services sociaux est entrée en vigueur en 2020, et une loi sur l’amélioration de l’accès des enfants, des familles et des personnes âgées ou handicapées est en cours d’élaboration. Le Gouvernement veille également à ce que les services sociaux puissent être accessible par ordinateur, ainsi que sur les téléphones mobiles et les tablettes.
M. GHANEM MUBARAK AL KUWARI, Sous-Secrétaire adjoint chargé des affaires sociales au Ministère du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar, a indiqué que, depuis la Déclaration de Copenhague, l’État qatari a œuvré pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens et des résidents du pays. Le rapport de 2018 sur le niveau de réalisation des ODD a, du reste, montré que le Qatar avait réalisé la majorité des 17 ODD et des 160 cibles, s’est-il enorgueilli. En matière de lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté, le pays a enregistré ces 10 dernières années une nette amélioration, tout en jetant les bases d’un système robuste de protection sociale qui assure un niveau de vie de qualité à toutes les personnes vivant sur le territoire national. Pour ce qui est du renforcement de l’emploi décent et productif, le Qatar a mis en place des réformes, notamment sur le plan législatif, avec des lois du travail au service des travailleurs migrants. L’objectif du Gouvernement est de garantir un travail décent pour tous, conformément à la Vision nationale à l’horizon 2030 et aux ODD.
Depuis 1995, a-t-il poursuivi, le Qatar œuvre en outre à la promotion et à la protection des droits des femmes et des personnes handicapées, en application de ses engagements internationaux. C’est ainsi qu’en 2019, a noté le Sous-Secrétaire adjoint, le Qatar a créé une commission des femmes, des personnes handicapées et des personnes âgées. Face aux défis sociétaux auquel le pays est confronté, sa Vision à l’horizon 2030 permet de mettre au point une stratégie progressive pour appuyer le développement humain de la nation. Dans le prolongement de la stratégie nationale 2011-2019, axée sur la protection sociale, la stratégie 2018-2022 entend faire perdurer la croissance économique du pays via le renforcement du développement humain, a expliqué M. Al Kuwari. Dans le même temps, le Gouvernement veille à améliorer la protection sociale au travers du renforcement de la sécurité sociale. Enfin, a-t-il indiqué, le Qatar joue un rôle régional auprès des plus vulnérables via sa fondation « Education pour tous ». À ses yeux, le moyen le plus rapide de réalisation des ODD consiste à faire en sorte que les gouvernements s’engagent à renforcer le développement des programmes sociaux, notamment en direction des plus pauvres, en mettant l’éducation et la technologie au service de ces objectifs.
Discussion interactive
Suite aux interventions des panélistes, l’Union européenne a insisté sur la nécessité de tenir compte de la dimension sociale de la transition climatique, avant de s’interroger sur les moyens de favoriser une mise en œuvre intersectorielle des ODD. La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a insisté sur la mobilisation de la société dans son ensemble et la participation du simple citoyen à la mise en œuvre des ODD. Investir dans la protection sociale portera ses fruits, a assuré la Ministre, qui a souhaité qu’au cours des 10 prochaines années, la mondialisation soit plus juste et permette de créer des opportunités pour tous.
Le partenariat « gouvernement-société civile » reste un atout pour accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, a estimé à son tour le Sous-Secrétaire adjoint chargé des affaires sociales au Ministère du développement administratif, du travail et des affaires sociales du Qatar. Il a ajouté que les stratégies de mise en œuvre devraient placer l’individu, le suivi et la responsabilité « au cœur du processus ».
Interrogée sur l’apport du partenariat « société civile-gouvernement », la Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou a conseillé de mettre en place une plateforme où l’on débatte des questions sociales et concerte des solutions. Elle a par ailleurs mis l’accent sur l’importance de l’émancipation des femmes « car elles sont au cœur de la mobilisation de la société et des familles ». Elle a ajouté que la prise en charge de la petite enfance permet d’orienter dès le plus jeune âge les soins et l’éducation dont chaque enfant a besoin. La Ministre de la politique sociale de l’Ukraine a indiqué, pour sa part, que les programmes de soutien aux enfants handicapés permettent de les intégrer dans une société inclusive et pluraliste.
La Suisse est également intervenue pour inviter la Commission du développement social « à gagner en visibilité », notamment en s’associant à un message « clair et percutant ». La Suisse a ainsi recommandé à la Commission de poursuivre quatre objectifs: optimiser sa contribution aux examens thématiques du forum politique de haut niveau pour le développement durable; accompagner les travaux pour renouveler le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement ainsi que le Programme d’action mondial pour la jeunesse; favoriser des débats de qualité et davantage interactifs, notamment en encourageant les délégations à inclure un représentant de la jeunesse, particulièrement l’année où la résolution sur les jeunes est négociée; et poursuivre les réflexions sur le fonctionnement de la Commission pour la rendre plus efficace, y compris en envisageant la réduction de la durée des sessions.
Ce forum était modéré par Mme LOUISE CASEY, Présidente de l’Institute of Global Homelessness.
Suite du débat général
Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, Mme DORIS MENDOZA, Vice-Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Honduras, a indiqué que le nombre de personnes âgées dans le monde devrait augmenter de 46% entre 2017 et 2030, dépassant le nombre de jeunes et d’enfants de moins de 10 ans. Cette réalité vient rappeler la nécessité urgente de prêter davantage attention aux défis qu’affrontent les personnes âgées, a-t-elle estimé. Elle a ensuite expliqué que la pauvreté, suivie des mauvaises conditions de logement, figure parmi les problèmes le plus urgents que doivent gérer les seniors. Ces derniers font face à des défis pour obtenir un logement abordable et éviter le sans-abrisme. Ils sont victimes d’abus financiers, d’expulsions forcées ou d’accaparement des terres, tandis que leur état de santé entrave leur accès aux services publics liés au logement. Lorsque des immeubles, comme les abris, sont inaccessibles, les personnes âgées en souffrent davantage en raison de limites fonctionnelles ou de handicaps.
Mme Mendoza a également averti que le taux de mortalité parmi les personnes âgées sans abri est plus élevé que parmi les autres groupes se trouvant dans une situation similaire. Une attention particulière doit être accordée à la situation des femmes âgées qui sont particulièrement vulnérables et font face à de multiples formes d’abus, de violence et de discrimination, notamment en matière de droit à la propriété et à l’héritage foncier. Qui plus est, la distribution inéquitable du travail domestique non rémunéré alimente la vulnérabilité économique des femmes âgées. La Vice-Ministre a appelé à assurer la sexospécificité de tous les programmes, politiques et législations afin de tenir compte des besoins des femmes âgées. Il importe aussi d’adopter des mesures législatives pour promouvoir et protéger les droits des personnes âgées et assurer leur sécurité sociale et économique, ainsi que leur santé. Avant de conclure, Mme Mendoza a appelé au renforcement de la mise en œuvre du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement.
M. PORAMETEE VIMOLSIRI, Secrétaire permanent au Ministère du développement social et de la sécurité humaine de Thaïlande, a indiqué que son gouvernement accorde une attention particulière à la question de logement abordable, précisant par ailleurs que le taux de propriété est de 65% en Thaïlande. La Stratégie de logement du pays s’étire sur 12 ans et quelque 623 millions de dollars ont été octroyés à des taux préférentiels pour aider les familles à acquérir des logements abordables. Un projet a également été élaboré pour aider les familles à faible revenu et les fonctionnaires touchant moins de 700 dollars par mois à acheter une maison. Depuis 2003, un programme de sûreté de logement a été lancé pour régler le problème de sans-abrisme dans les bidonvilles. Plus de 200 000 maisons ont été construites dans 180 000 communes et le Gouvernement accorde aussi une aide aux gens touchant moins de 300 dollars par an pour qu’ils puissent acheter un logement abordable.
Mme MENDOZA, Vice-Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Honduras, a parlé des différentes initiatives menées par son gouvernement dont l’objectif est d’améliorer les conditions de vie des personnes vivant dans la pauvreté, l’extrême pauvreté ou des conditions de vulnérabilité. Le Honduras a récemment adopté et mis en œuvre une série de politiques publiques sociales à l’intention des personnes en situation de vulnérabilité à tous les stades de la vie, notamment la petite enfance et les personnes handicapées. Le pays travaille aussi à traduire en pratique le Programme de développement durable à l’horizon 2030, et l’indice de pauvreté multidimensionnel a été récemment revu.
Pour le Honduras, l’inclusion est un impératif moral, a poursuivi Mme Mendoza en faisant valoir que les investissements dans les sujets de droit engendrent des bénéfices sociaux et économiques pour la société. Le Gouvernement hondurien a pris des mesures de promotion des conditions de vie et de protection sociale, grâce notamment à une plateforme de « gestion pour une meilleure vie » et au programme de logement durable qui a bénéficié, depuis 2015, à un million de familles grâce à un investissement de 35 millions de dollars. Mme Mendoza a également signalé que le Gouvernement se coordonne avec les moyens de communication de masse pour la reconnaissance et la promotion des droits des personnes à faible revenu. En outre, une prime au logement social a été mise en place en décembre 2019, a-t-elle ajouté.
Mme ADORACION M. NAVARRO, Sous-Secrétaire en charge du développement aux Philippines, a expliqué que le taux de pauvreté devrait passer de 23% à 14% aux Philippines entre 2015 et 2022. Elle a indiqué que « la loi de la République 11291 » entrée en vigueur en avril 2019 impose aux agences gouvernementales de répondre aux besoins des populations les plus défavorisées en termes d’accès à la nourriture, à un emploi décent et à un logement et une éducation de qualité. Notant que son pays a été le quatrième pays le plus affecté au monde par des catastrophes naturelles et tempêtes entre 1998 et 2017, la Sous-Secrétaire a jugé indispensable d’aborder la question des catastrophes naturelles et des tempêtes lors de tout débat sur le sans-abrisme. Illustrant son propos, elle a précisé que plus de 20 typhons ont frappé les Philippines en 2019 dont le dernier, Ursula, a endommagé 527 000 logements.
Mme HALBIBI TACHJANOVA, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale du Turkménistan, a indiqué que son gouvernement avait déployé de nombreux efforts pour réaliser les ODD tout en les adaptant aux réalités nationales. La priorité est de faire en sorte que l’économie ne dépende pas de l’exploitation des ressources naturelles, a-t-il expliqué, et les mesures qui ont été prises ont permis au taux de croissance d’augmenter de plus de 6% en 2019. Le Gouvernement s’efforce en outre de répondre aux besoins sociaux de la population et a lancé une panoplie de programmes nationaux et régionaux pour améliorer les conditions de vie des gens. Face aux défis environnementaux et à la baisse mondiale des prix du pétrole, le Turkménistan a élaboré un modèle de développement industriel novateur basé sur l’utilisation optimale des ressources naturelles. Le Gouvernement a par ailleurs promulgué une loi pour lutter contre la traite des êtres humains. Il a aussi mis en œuvre une stratégie nationale de genre pour que les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes. L’emploi des jeunes est également encouragé.
Mme SANJAA MUNGUNCHIMEG, Vice-Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a indiqué que la transition à l’économie de marché avait provoqué le phénomène du sans-abrisme dans le pays, notamment dans les zones urbaines. Elle a cité la loi sur la protection sociale de 1995 qui cible les personnes âgées, les personnes handicapées, les jeunes et les femmes. En 2005, la loi a été amendée avec une clause spéciale sur la sous-traitance de l’aide sociale publique aux ONG. La Vice-Ministre a ensuite précisé que le Gouvernement offre actuellement 72 types de services sociaux et que chaque année, une moyenne de 730 000 personnes en bénéficient. Dans le but d’empêcher les personnes de devenir sans abri, un programme intitulé « The path to home » a été mis en œuvre.
Ces dernières années, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement a fait des progrès notables pour octroyer des logements abordables à des groupes cibles. Des clauses sur l’octroi de prêts hypothécaires à des conditions préférentielles et à des taux réduits ont été ajoutées aux lois sur le développement des jeunes, les personnes âgées et les droits des personnes handicapées. En outre, 3 064 logements ont été construits à l’intention de groupes ciblés, et le programme « 150 000 logements » est en train d’être mis en œuvre au niveau national pour fournir, d’ici à 2023, des logements sûrs avec accès au chauffage central et à l’assainissement avant 2023. Le Gouvernement a également offert à 1 650 anciens combattants un appartement d’une pièce ou une somme en liquide équivalente. De plus, des victimes des catastrophes naturelles, des anciens prisonniers et les orphelins de 18 à 24 ans ont reçu une habitation traditionnelle.
Mme TATIANA BARBOSA DE ALVARENGA, Vice-Ministre des femmes, de la famille et des droits de l’homme du Brésil, a assuré que l’arrivée au pouvoir du Président Jair Bolsonaro, il y a un peu plus d’un an, a permis des avancées dans le domaine du logement des plus pauvres et dans la lutte contre le sans-abrisme. Dans ce cadre, a-t-elle affirmé, le ministère qu’elle représente dispose d’un bureau spécialisé dans les plans et projets relatifs aux sans-abri. Il est aidé dans cette tâche par le Ministère des citoyens, lequel s’occupe plus spécifiquement des questions de protection sociale de ces personnes, comme l’inscription à un registre unique et le versement d’une aide en argent liquide. Ceux qui ne peuvent avoir accès à des services sociaux, faute de logement, ont ainsi accès à des protections sociales, a-t-elle souligné.
La Vice-Ministre a également fait état d’un bureau du logement, inauguré en 2009 et mobilisant les collectivités locales et les structures fédérales. Si cette structure a permis de créer plus de 30 unités de gestion pour mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre le sans-abrisme, force est toutefois de constater que, 10 ans après l’adoption de ces politiques, le modèle en place n’a pas débouché sur des résultats probants, a souligné Mme DE ALVARENGA. Or, a-t-elle observé, l’expérience d’autres pays a montré que l’on peut sortir de ce phénomène en combinant plusieurs interventions sociales. C’est la raison pour laquelle la réponse gouvernementale a été modifiée en direction de l’autonomisation des sans-abri, en s’inspirant du projet « Housing First » mis en œuvre par la Finlande. Adapté à la réalité brésilienne, ce nouveau programme s’appuie sur quatre axes: comprendre le logement comme un droit, garantir l’insertion par le travail, maintenir la protection sociale et garantir la pérennité économique de cette politique. Pour l’heure, a encore précisé la Vice-Ministre, le Gouvernement travaille à la diffusion de ce programme, qui est mis à l’essai dans deux grandes villes, tout en œuvrant à l’inclusion financière et à l’accès aux services d’éducation.
M. MPHO ROSTAH MORAPEDI (Botswana) a assuré que son gouvernement a fait du logement l’un des services publics prioritaires afin d’améliorer les conditions de vie des citoyens. Comme d’autres pays en développement, a-t-il expliqué, le Botswana souffre d’une pénurie de logements, en particulier pour les familles urbaines à bas revenus. Cette situation est, selon lui, le résultat des changements économiques, démographiques et sociaux enregistrés depuis l’indépendance du pays en 1966. Pour y remédier, le Gouvernement a mis en place différentes politiques et stratégies visant à traiter les questions de l’accès au foncier et de la fourniture de logements. Afin de répondre au besoin de logements, il a créé, en 1970, la « Botswana Housing Corporation », chargée notamment de loger les agents du secteur public et des autorités locales. Des dispositions en faveur des personnes handicapées ont été prises par le biais de la politique nationale de 1996 dédiée à cette question. La politique foncière révisée de 2019 prévoit en outre une assistance spéciale pour les groupes vulnérables en matière de logement, a précisé le représentant.
Parallèlement, a-t-il dit, la politique nationale sur le logement de 1999 vise à faciliter le logement des personnes pauvres en zones urbaines comme rurales. Un effort particulier est également fait en direction des jeunes afin de leur permettre d’accéder à un logement financé à 50% par un emprunt à taux zéro. Le Botswana dispose en outre d’un plan pour les personnes âgées, qui alloue une somme équivalente à 49,38 dollars par mois aux plus de 65 ans. Le Gouvernement a également lancé un programme de développement destiné aux personnes vivant dans des zones éloignées afin de faciliter leur accès à la terre, à l’eau, à l’éducation et aux services de santé. Enfin, a souligné M. Morapedi, en soutien des efforts de lutte contre la pauvreté, un décret présidentiel pour le logement en date d’août 2010 prévoit la fourniture de logements aux nécessiteux, par le truchement de la communauté nationale, du secteur privé et de la société civile, afin de les aider à vivre dans la dignité.
Pour Mme BLANCHARD (Canada), la réflexion sur le logement abordable et les systèmes de protection sociale en vue de lutter contre l’itinérance est particulièrement importante dans la mesure où cette session coïncide avec le début du compte à rebours de 10 ans vers l’échéance de 2030. Elle a expliqué que bon nombre des programmes du Gouvernement canadien, tant à l’échelle nationale qu’internationale, sont déjà bien harmonisés avec le Programme 2030.
En 2017, a-t-elle poursuivi, le Canada a lancé sa première stratégie nationale pour le logement, un programme ambitieux sur 10 ans assorti d’un budget de 55 milliards de dollars canadiens qui met l’accent sur des partenariats pour garantir une meilleure situation en termes de logement aux Canadiens, en particulier aux plus vulnérables d’entre eux. Sur 10 ans, cette initiative devrait permettre de diviser par deux le sans-abrisme et de sortir plus d’un demi-million de familles de situations de logement précaire. De plus, une stratégie nationale de lutte contre le sans-abrisme, Reaching Home, a été lancée en 2019 avec un budget de 2,2 milliards de dollars canadiens sur 10 ans pour réduire l’itinérance chronique de 50% d’ici à 2027-2028. Le Gouvernement canadien est conscient du fait que les personnes autochtones sont sur-représentées parmi les sans-abri et leur accorde une attention particulière dans le cadre de cette stratégie qui lui permet d’allouer des fonds directement aux municipalités et prestataires de services, garantissant ainsi une plus grande flexibilité pour répondre aux priorités locales. Une série d’initiatives ont également été lancées pour réduire la pauvreté de 50% d’ici à 2030.
M. SALIH ELSHABIK (Soudan) a indiqué que le document constitutionnel adopté après la révolution de l’année dernière favorise les droits de l’homme et les réseaux de protection sociale, y compris à l’intention des sans-abri. Les sans-abri ont participé à la révolution et ont été accueillis par les membres de la société civile, a indiqué le représentant pour lequel la réalisation des ODD passe par la résolution du problème du sans-abrisme. Plus de 15 000 sans-abri sont recensés dans le pays à cause de la sécheresse et de la guerre. Le Gouvernement applique une politique pour limiter la crise, et le plan de protection sociale compte sept centres d’accueil dans la capitale et trois au Darfour. Une stratégie nationale a aussi été élaborée à l’intention des enfants sans abri. Le représentant a estimé nécessaire de procéder à une nouvelle enquête statistique pour déterminer le nombre de sans-abri dans le pays afin de pouvoir adopter une politique adéquate visant à améliorer leurs conditions de vie. Il faut aussi construire des centres d’accueil au Darfour d’où sont originaires 36% des sans-abri du Soudan. Le représentant a également demandé de renforcer la participation des sans-abri à la réalisation des ODD.
Mme BIRCHER (Suisse) a précisé que la Suisse était le pays de l’OCDE où les prix du logement avaient le plus augmenté entre 1996 et 2018 et que cela se traduisait par des difficultés particulières pour accéder au marché du logement. Elle a indiqué que la Constitution fédérale prévoit que chaque personne puisse trouver un logement approprié à des conditions supportables. Elle a mis l’accent sur le droit des locataires contre des loyers abusifs. Elle a dit que la Confédération est active en matière de prévention, y compris à travers la promotion de logements abordables. « Les cantons, les villes et les communes sont responsables de la mise en œuvre de politiques du logement et plusieurs d’entre eux octroient des aides au logement pour les ménages socialement défavorisés », a-t-elle expliqué.
La représentante a précisé que le sans-abrisme était appréhendé avant tout en Suisse sous l’angle de politiques de lutte contre la pauvreté. Elle a cité des services et aides offerts aux personnes sans-abri, basés sur la typologie de la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri, qui prend en compte les multiples dimensions de ce phénomène. Elle a expliqué que le Fonds national suisse de recherche scientifique a donné son feu vert au recensement des connaissances en matière de sans-abrisme en Suisse, pour mettre en évidence les bonnes pratiques susceptibles d’inspirer plus largement les services concernés. Notant que l’absence de logement est souvent couplée avec des problèmes complexes, Mme Bircher a cité une approche pilote mise en œuvre par la ville de Bâle, appelé approche « Housing First » qui consiste à proposer un logement stable aux sans-abri.
M. AL-KUWARI (Qatar) a déclaré que son pays s’acquitte des objectifs de développement social, conformément à sa Vision nationale à l’horizon 2030. Dans ce cadre, a expliqué le représentant, les autorités ont pour objectif prioritaire de fournir des logements abordables pour tous. À cet effet, une législation régule les questions de droits au logement et prévoit des possibilités de prêts. De plus, un décret ministériel détermine les paramètres des logements décents pour les travailleurs et les expatriés. Il prévoit aussi des conditions minimales pour les logements des travailleurs domestiques qui font l’objet d’inspections. En parallèle, l’objectif clef de la politique démographique 2017-2022 du Qatar est de trouver un équilibre entre la croissance de la population et les besoins en développement durable. Il s’agit d’inclure les citoyens dans les politiques de développement tout en y intégrant les groupes les plus vulnérables, a-t-il indiqué.
Un comité national chargé des femmes, des enfants et des personnes âgées a été créé pour faire le suivi de leur situation. Il nous tarde, a confié le délégué, de lancer des systèmes de protection sociale pour tous les citoyens, dans le respect de leurs droits fondamentaux. Précisant que la stratégie nationale de protection sociale se divise entre les piliers du bien social, du capital social et de la famille, il a assuré que son pays entend améliorer les réalisations sociales et prévenir les violences dans la société. Enfin, il a rappelé que le Qatar a été l’un des premiers États à ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapées, eux aussi consacrés dans la Vision à l’horizon 2030.
M. KAMPERHOFF (Allemagne) a reconnu qu’il n’y a pas de solution unique au phénomène du sans-abrisme, tout en estimant que l’adoption d’un cadre juridique conséquent serait judicieux pour réguler le problème. Il a noté que la question d’accès à des logements abordables touche tous les pays, avant de souligner qu’en Allemagne, ces logements sont de plus en plus rares, notamment dans les villes. Ainsi, depuis mars 2018, le Gouvernement allemand a introduit, en coordination avec les États fédérés et les municipalités, un ensemble de mesures, dont un fonds de 5 milliards d’euros, pour financer les logements sociaux entre 2018 et 2021. Un soutien spécial aux familles et individus à faible revenu et des facilités fiscales pour bâtir de nouvelles habitations font également partie des mesures prises.
Savez-vous ce que réclament les jeunes dans votre pays? Avez-vous inclus les perspectives de la jeunesse dans vos processus de prise de décisions? a ensuite lancé Mme HEBLING, déléguée de la jeunesse de l’Allemagne. Selon elle, il importe de garder à l’esprit que les jeunes sont particulièrement sensibles aux questions de protection sociale et au sans-abrisme résultant de la discrimination, des inégalités et du manque d’intégration. Elle a également souligné que les jeunes sont particulièrement vulnérables au sans-abrisme. Elle s’est préoccupée de la situation des jeunes femmes sans abri et des difficultés qu’elles rencontrent pour obtenir des produits d’hygiène menstruelle, des contraceptifs et autres soins médicaux. Comment votre pays garantit-il une protection sociale aux jeunes femmes affectées par le sans-abrisme? a-t-elle interrogé.
Lui emboîtant le pas, M. KARANIKOLAS, délégué de la jeunesse de l’Allemagne, a rappelé que la cible 10.4 des ODD appelle à adopter des politiques, notamment sur les plans budgétaire, salarial et dans le domaine de la protection sociale, et parvenir progressivement à une plus grande égalité. Mais comment cette cible peut-elle donc être atteinte alors que nous ne permettons pas aux jeunes d’avoir la protection sociale dont ils ont besoin, a-t-il lancé. Il a appelé à répondre aux racines du sans-abrisme, à commencer par les conflits qui alimentent les flux de réfugiés, et a engagé les États à mettre un terme à la vente des armes. Il a aussi cité les changements climatiques et a appelé à punir les « entreprises fautives ». Il a par ailleurs fait observer que 95% des délégués portent sans doute des vêtements fabriqués par des enfants. Ce n’est pas parce que ce sont de meilleurs artisans mais parce que l’on peut les exploiter plus facilement, a-t-il lancé, avant d’appeler à répondre au problème de l’exploitation et du néocolonialisme.
Mme ROLON (Paraguay) a indiqué que l’objectif de garantir à toute la population des logements sûrs et abordables est l’un des principaux défis que s’est lancé le Paraguay, en relation avec les objectifs de développement durable 11.1 et 11.3. Cela nous a obligé à être créatifs dans les stratégies et politiques, a-t-elle reconnu en citant une des premières mesures adoptées: élever le niveau de l’entité qui s’occupe des questions relatives au logement et à l’habitat. La représentante a parlé du Plan national de développement du Paraguay 2030 dont l’objectif 1.4 est d’améliorer les conditions de vie et de logement, l’accès aux services de base, à l’assainissement, à l’eau, à la qualité de l’air et du sol et au traitement des ordures ménagères. Dans ces domaines, des progrès ont été engrangés grâce à des fonds et programmes mis en place.
La représentante a précisé que le Ministère de l’urbanisme, du logement et de l’habitat avait géré la construction de 11 507 logements sociaux, ce qui a en outre permis de créer 80 000 emplois. Elle a aussi mentionné ce qu’a fait le Ministère du développement social avec le programme Tekoha qui soutient des centres de population en ville et en banlieue. Grâce à tous ces efforts, les niveaux de pauvreté ont diminué au Paraguay en passant de 41,6% en 2009 à 24,2% en 2018, tandis que l’extrême pauvreté est passée dans le même temps de 11,3% à 4,8%. Un nouveau système de protection sociale a été mis en place, basé sur trois piliers: protection sociale, réinsertion professionnelle et intégration sociale.
M. CORPORAN (République dominicaine) a présenté les résultats du programme d’inclusion sociale de son gouvernement axé sur l’intégration des personnes handicapées. Une plateforme d’accessibilité a été mise en place en ligne, laquelle peut être utilisée par les entreprises. Il a ensuite annoncé que le Gouvernement organisera en avril une conférence internationale sur le tourisme accessible. Un programme spécial a aussi été élaboré pour les personnes malentendantes et un registre du handicap a été ouvert.
Le représentant a ensuite évoqué la création d’un programme d’accueil visant à offrir un logement aux « adultes abandonnés ». Les filles et les garçons de moins de 12 ans souffrant de maladies incurables bénéficient par ailleurs d’un traitement de pointe, et le Gouvernement verse aussi des pensions aux personnes handicapées et aux personnes âgées.
M. FARMAN GURBANLI (Azerbaïdjan) a indiqué que son gouvernement a pour priorité de répondre aux besoins en logement de ses citoyens issus des classes populaires et moyennes. L’Agence pour le développement du logement a été mise en place en 2016 en vue de la construction d’ensembles résidentiels. Ces projets sont situés près de services publics, d’espaces verts et de moyens de transport durables et aisés d’accès. Tous les logements sociaux octroyés aux citoyens éligibles sont meublés et peuvent être obtenus grâce à des taux d’intérêt préférentiels. Il a indiqué qu’un autre objectif est l’amélioration des conditions de vie des personnes déplacées. Les conditions de logement de près de 300 000 réfugiés et personnes déplacées ont pu être améliorées grâce à des programmes ad hoc.
M. BENEDA (Hongrie) a indiqué que, parmi les stratégies mises en place par son gouvernement pour promouvoir la protection sociale, la plus emblématique est celle visant à appuyer les familles. En 2019 et 2020, 4,6% du PIB de la Hongrie est consacré au soutien aux familles et à l’éducation des enfants, a souligné le représentant. À cette fin, une nouvelle subvention a été créée pour accorder un prêt à taux préférentiel aux familles désireuses d’acheter un logement ou d’élargir une maison existante. Les familles ayant trois enfants ou plus peuvent ainsi recevoir une indemnité de 33 000 dollars lorsqu’elles construisent une maison. Un prêt de 50 000 dollars à un taux d’intérêt étatique est également réservé aux familles nombreuses souhaitant accéder à la propriété. Dans le cadre du Plan d’action pour la protection de la famille, ce prêt est conditionné au nombre d’enfants par famille, a précisé le délégué, ajoutant que 165 000 familles ont déjà bénéficié de cette indemnité pour un total de 1,3 milliard de dollars. Un abattement de la TVA est également prévu pour les familles, avec taux préférentiel de 5% pour celles qui achètent un logement.
De plus, a poursuivi le représentant, depuis 2018, les familles qui ont au moins trois enfants peuvent réduire leur emprunt en fonction du nombre de leurs enfants. Par ailleurs, des programmes permettent d’offrir une éducation de qualité aux enfants dont les parents connaissent des difficultés, notamment en matière d’emploi. Enfin, dans le cadre de la politique familiale menée depuis 2010 en Hongrie, des allégements fiscaux sont accordés aux familles, à commencer par celles ayant deux enfants ou plus.
Mme ERIKSEN (Danemark) a indiqué que le système de protection sociale danois est bien financé. Il permet notamment aux sans-abri de bénéficier d’une aide pour qu’ils aient une existence sûre, digne et autonome. Afin de trouver des solutions au problème du sans-abrisme, le Gouvernement réalise un sondage national annuel pour avoir une vue d’ensemble et géographique du phénomène. Ces sondages ont notamment déterminé que 41% des sans-abri sont victimes de maladie mentale et que la consommation de stupéfiants est à l’origine de 33% des cas de sans-abrisme, notamment parmi les jeunes. En 2019, une stagnation du nombre des sans-abri a été constatée et le nombre des jeunes sans abri a diminué depuis 2017, bien qu’un tiers des sans-abri ont entre 18 ans et 29 ans. La représentante a également signalé une augmentation des sans-abri dans les zones rurales. Elle a prôné l’adoption d’une nouvelle approche qui privilégie l’assistance. Il faut aider les sans-abri à surmonter la dépendance, les problèmes financiers et le manque de logements abordables. Il faut aussi se concentrer sur le problème des jeunes sans abri, a-t-elle dit.
Mme MAROKO (Kenya) a expliqué que, dans le cadre de sa politique de protection sociale, son gouvernement investit dans les trois piliers que sont la sécurité sociale, l’assurance santé et l’assistance sociale. Indirectement, il a également créé un environnement propice à la participation du secteur privé à cet effort, a précisé la représentante, ajoutant que, grâce à l’assistance sociale, près de 1,4 million de foyers vulnérables bénéficient d’un versement bimensuel de près de 40 dollars. Pour trouver une solution aux problèmes socioéconomiques que rencontrent les Kényans, quatre programmes ont été mis en place avec pour objectifs la fourniture de logements abordables, l’amélioration de la sécurité alimentaire, le renforcement de l’emploi et la garantie d’une couverture sanitaire universelle. Parmi ces quatre initiatives, le programme pour le logement abordable est le plus central, a relevé la représentante.
Selon elle, le pays ne peut aujourd’hui fournir que 50 000 logements par an alors que la demande est de 250 000 logements. De plus, 2% seulement des logements construits ont pour cible les segments à très faible revenu de la population. Pour remédier à cette situation, le Gouvernement prévoit de construire 500 000 unités de logement d’ici à 2022, en s’appuyant sur une collaboration entre les autorités nationales et régionales. Après avoir créé un cadre national de protection sociale en 2006, le Kenya continue aujourd’hui de bâtir des systèmes qui garantissent l’accès aux produits et services de base, y compris un logement décent.
M. KEMAL TARUC (Indonésie) a indiqué que son pays est le plus urbanisé de sa région et que son gouvernement a élaboré une vision pour le développement urbain à long terme pour atteindre l’objectif de villes inclusives, prospères et compétitives. Le Gouvernement s’engage aussi à garantir la protection sociale de ses citoyens, a-t-il ajouté. Un programme de logement abordable pour les personnes vulnérables a été mis sur pied et doit être élargi aux zones rurales. Face aux demandes accrues en logements abordables, le représentant a jugé nécessaire d’établir un programme de financement public-privé octroyant des taux préférentiels. Il a ensuite indiqué que la politique fiscale du Gouvernement encourage la construction de logements sociaux et abordables. Depuis 2010, 2,5 milliards de dollars ont été consacrés aux programmes de logements, mais pour poursuivre sa politique de logement, le pays aura besoin de 3 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.
Mme ERICA MAGANGA (Malawi) a déclaré que le Malawi détenait l’un des plus forts taux d’exode rural d’Afrique avec 5,3% de la population se déplaçant de la campagne vers la ville chaque année. Les espoirs d’opportunités économiques placés dans les villes se sont traduits par le développement de bidonvilles comme celui de Lilongwe, dans la capitale, où 75% de la population vit dans des logements informels avec, en moyenne, une latrine pour six familles. Elle a dit la détermination du Gouvernement du Malawi à offrir un logement abordable à tous et une véritable solution pour éradiquer le sans-abrisme. Un programme de subvention au logement abordable et décent a été mis sur pied à l’intention des ménages vulnérables et à faible revenu, leur permettant d’obtenir des matériaux de construction et des prêts. Depuis 2014, le Gouvernement a également investi 60 millions de dollars pour construire des logements décents dont doivent bénéficier 37 781 personnes.
M. UMAR (Nigéria) a indiqué que pour combattre le sans-abrisme, son gouvernement a pris des mesures pour garantir des logements décents pour tous. Une autorité fédérale de logement a été créée qui a pour rôle de conseiller le Gouvernement dans ce domaine. Depuis sa création, 11 villes ont été créées sur ses recommandations. Le Fonds national de logement, créé en 1992 en partenariat avec le secteur privé, répond aux besoins en logements de la population en octroyant des prêts à taux préférentiels au moins privilégiés et plus vulnérables pour leur permettre d’accéder aux logements. La politique de vieillissement tient compte des besoins des personnes âgées dans le domaine du logement, et la Banque centrale garantit des crédits à taux minimal pour les projets de logements adaptés aux personnes handicapées.
M. MZOLISI TONI (Afrique du Sud) a indiqué que lors de la trente-troisième session de l’Assemblée de l’Union africaine, à Addis-Abeba, son pays a accepté d’assumer la présidence de l’Union africaine (UA) et qu’à cette occasion, le Président Cyril Ramaphosa s’était engagé à garantir que « la richesse de l’Afrique ne devienne pas sa pauvreté ». Compte tenu du fait que les femmes continuent d’être le visage de la pauvreté sur le continent, il n’est pas étonnant que l’UA ait fait de la période 2020-2030 la décennie de l’inclusion financière et économique des femmes africaines, a relevé le représentant.
Pour l’Afrique du Sud, a-t-il enchaîné, les systèmes de protection sociale déterminent le développement humain et le bien-être des citoyens. La fourniture de logements décents est donc au cœur du mandat du Gouvernement, dont 60% des dépenses vont aux services sociaux. Dans ce cadre, les autorités sud-africaines versent des allocations sociales à plus de 18 millions d’individus défavorisés, parmi lesquels 13 millions d’enfants et 4 millions de personnes âgées. Pour cette catégorie comme pour les personnes en situation de handicap, le pays se conforme à ses obligations internationales au regard du Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement et de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. S’agissant de la politique nationale de logement, le délégué s’est enorgueilli du fait que son gouvernement ait pu fournir jusqu’à présent plus de trois millions d’unités d’habitation décente, ce qui lui a valu d’être récompensé par ONU-Habitat. L’objectif, a ajouté le représentant, est aujourd’hui d’étendre ce programme afin d’y intégrer la construction de logements et d’abris pour les membres les plus vulnérables de la société.
Mme VEHOVAR (Slovénie) a informé que son pays compte 3 600 sans-abri et 3 000 personnes « invisibles » qui vivent dans des maisons inadaptées. Le système de protection sociale est garanti par l’État qui prévoit un programme de logement qui vise à mettre à disposition un logement aux personnes à risque. En 2019, l’État a financé 19 programmes de sécurité sociale pour les sans-abri, leur offrant un logement, du travail, des centres de soins, des conseils et une aide psychosociale. Il existe aussi huit programmes de logements d’accueil pour prémunir la violence contre les femmes, dont 12 maisons de sécurité et trois centres de crise.
Poursuivant, elle a relevé que les besoins des sans-abri se complexifient, notant que les personnes âgées, ainsi que les jeunes dépendants à la drogue et à l’alcool sont les plus susceptibles de devenir des sans-abri.
Pour M. SZCRUPAK (France), le sans-abrisme est le résultat d’une rupture dans un parcours de vie, mais il trouve ses racines dans les inégalités sociales qui existent dès la naissance de l’individu. La lutte contre le sans-abrisme est donc un double combat: contre les trop grandes inégalités qui existent dans nos sociétés et contre la brutalité des événements qui déstabilisent un individu déjà fragilisé. Pour mener ce combat, a indiqué le représentant, la France, tout comme l’Union européenne, est pleinement mobilisée pour mettre fin à cette manifestation de pauvreté. Rappelant que les ODD ont fait de l’élimination de la pauvreté leur premier objectif, il a noté que le socle européen des droits sociaux, adopté en 2018, fixe comme objectif, dans son dix-neuvième principe, qu’« un abri et des services adéquats doivent être fournis aux sans-abri afin de promouvoir leur inclusion sociale ».
D’après les chiffres officiels les plus récents, a-t-il poursuivi, la France compte environ 143 000 personnes sans domicile fixe et près de 2,8 millions de personnes sont actuellement considérées comme mal logées. Pour y remédier, a précisé le représentant, les autorités publiques ont mis en place de nombreux dispositifs d’hébergement, de logement et de prise en charge sanitaire et sociale afin de combattre le sans-abrisme, en collaboration étroite avec le secteur associatif et la société civile. Selon lui, le récent déploiement sur tout le territoire national de la politique du « Logement d’abord » témoigne de la volonté des autorités de développer toutes les initiatives pour lutter contre ce phénomène. Se félicitant que le développement de cette approche par le logement, débutée depuis 2011 en France, entre en résonnance avec les réflexions de la Commission, il a jugé important que ce sujet demeure une priorité de l’agenda social et politique des États Membres. En conclusion, il a proposé à la Commission de réfléchir sur les conditions d’une prise en charge globale de la personne sans abri, en complément d’une offre de logements abordables.
M. ANDREAS SCHALLER, Ministre fédéral des affaires sociales, de la santé, des soins et de la protection des consommateurs de l’Autriche, a indiqué que le problème du logement est devenu un enjeu sociopolitique dans son pays. Près de 4 personnes sur 10 risquent de sombrer dans la pauvreté et doivent dépenser 40% de leurs revenus pour le loyer, s’est-il inquiété. Et en 2018, près de 23 000 personnes ont été recensées comme sans-abri. Il a jugé important d’élargir la disponibilité et l’accès aux logements abordables et sociaux pour ce groupe en particulier. D’importants services ont été déployés pour lutter contre le sans-abrisme, notamment en prévenant certains cas d’expulsion. M. Schaller a ensuite énuméré les mesures prises par le Gouvernement pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées et des personnes âgées, des familles et des jeunes.