Cinquante-huitième session,
2e & 3e séances plénières - matin & après-midi
SOC/4884

La Commission du développement social se penche sur le problème du sans-abrisme

La Commission du développement social a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa cinquante-huitième session qui, a espéré son Président, M. Gbolié D. W. Ipo, devraient aboutir à l’adoption de « la première résolution sur le sans-abrisme ».

Avec l’ouverture de cette session, organisée autour du thème « Assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme », l’ONU se penche en effet pour la première fois sur le problème du sans-abrisme dans le monde, un phénomène qui, a rappelé une majorité d’intervenants, a un impact direct sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

S’appuyant sur les chiffres d’ONU-Habitat, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a signalé que 1,6 milliard de personnes vivent dans des logements inadéquats, dont 15 millions qui sont expulsées de force chaque année, avertissant en outre que le logement a été largement inabordable pour la plupart des populations mondiales ces 20 dernières années. 

Parmi les causes du sans-abrisme, il a notamment cité « l’effilochage » des communautés de la classe ouvrière, en raison de la pauvreté et des problèmes de santé, et la baisse de l’emploi dans l’industrie manufacturière, conséquence de la mondialisation, de l’automatisation et de la stagnation des salaires.  Il a aussi parlé de l’impact d’une « gentrification effrénée » qui fait augmenter le montant des loyers.

« Le sans-abrisme est une forme néfaste de discrimination systémique et d’exclusion sociale », a dénoncé M. Liu qui a appelé à fournir des logements adéquats, accessibles et abordables, des services de qualité, ainsi que des emplois décents pour aider à reconstruire des vies.  L’élargissement des systèmes de protection sociale s’impose également pour éviter que les personnes ne tombent dans le sans-abrisme suite à des chocs liés à la maladie ou à la perte d’emploi, a-t-il ajouté. 

De son côté, le Groupe des États d’Afrique, par la voix de l’Angola, a attiré l’attention sur les conséquences de l’accélération de l’urbanisation, avertissant que le nombre de sans-abri, y compris ceux vivant dans des logements inadéquats, devrait augmenter pour atteindre trois milliards en 2030.  Notant que l’Afrique et l’Asie devraient compter pour près de 60% de l’augmentation du nombre de citadins dans le monde, le Groupe a prévenu que sans politique et stratégie adéquates, l’urbanisation rapide aggravera les pénuries de terres et intensifiera l’offre foncière informelle, entraînant la prolifération des bidonvilles et des établissements informels, entres autres. 

La cherté des logements figurait également parmi les préoccupations du Comité des ONG pour le développement social qui a relevé qu’il est de plus en plus difficile pour les résidents urbains à faible revenu ou de classe moyenne d’obtenir un logement adéquat et abordable, pointant notamment la financiarisation des logements.  Cette délégation a jugé urgent de faire face aux conséquences de l’utilisation du logement comme investissement plutôt que comme bien social, notant que les marchés mondiaux de capitaux et les excès financiers sont en train de transformer le logement et l’immobilier dans le monde entier.

Face à l’augmentation du sans-abrisme dans le monde, plusieurs délégations ont appelé à suivre l’exemple de la Finlande, seul pays de l’Union européenne à avoir réussi à faire reculer le sans-abrisme.  La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, Mme Aino-Kaisa Pekonen, a mis en avant les principes de « Housing First » (logement d’abord), un programme sur lequel s’appuie son gouvernement et qui est fondé sur une idée simple: donner aux gens un logement permanent et les aider lorsqu’ils deviennent sans abri.  À titre d’exemple, la Ministre a indiqué qu’au cours des dernières années, des hôtels ont été convertis en logements à long terme pour des sans-abri, avec l’aide de municipalités. 

Le problème de la féminisation du sans-abrisme a également été soulevé à plusieurs reprises, notamment par UNANIMA International qui a indiqué que selon le Département américain du logement et du développement urbain, environ 6 personnes sans domicile fixe sur 10 sont des femmes.  Parmi les causes de ce phénomène, cette délégation a notamment cité la violence domestique, la traite et les déplacements dus aux conflits, une liste à laquelle il convient d’ajouter l’existence de droits de succession foncière inégaux et défavorables, un problème évoqué par M. Liu.

Le Secrétaire général adjoint a également alerté que la population de sans-abri plus âgée augmente rapidement et que les jeunes sont également vulnérables au sans-abrisme en raison de leur manque de stabilité financière et de ressources.  Le manque de données et de recherches sur le sans-abrisme a également été décrié à plusieurs reprises, de même que l’absence d’une définition commune du phénomène.

Cette première journée a également été marquée par l’intervention de Mme Mary McAleese, ancienne Présidente de l’Irlande, qui a témoigné que durant son enfance, sa famille s’était retrouvée sans abri pendant plusieurs années.  « J’ai su ce que cela signifiait d’être dépendant de la gentillesse d’étrangers et de la volonté des bureaucrates », a-t-elle narré.  Mais elle s’est surtout attardée sur l’évolution du sans-abrisme dans son propre pays suite aux crises immobilière et économique, à l’imposition de mesures d’austérité et aux vagues de demandeurs d’asile au cours des années 2000. 

On retiendra également l’intervention du Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti qui, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a attiré l’attention sur l’impact des catastrophes naturelles sur le sans-abrisme dans les petits États insulaires en développement (PEID).

En début de séance, Mme Sharifa Yousef Al-Nesf (Qatar), Mme Caroline Bartel (Autriche) et M. Nikola Nenov (Bulgarie) ont été élue à la vice-présidence de la Commission, Mme Al-Nesf devant également assumer les fonctions de Rapporteur.  L’élection d’un vice-président du Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes a été reportée. 

La Commission, qui a adopté son programme de travail en début de séance, poursuivra ses travaux demain, mardi 11 février, à partir de 10 heures.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations liminaires

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO, Président de la cinquante-huitième session de la Commission du développement social, a rappelé que cette Commission, créée il y a 75 ans, est la principale instance intergouvernementale où peut être tenue une concertation mondiale sur tous les aspects du développement social.  Elle joue un rôle essentiel en aidant les États Membres à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en particulier sa dimension sociale.  Surtout, a-t-il insisté, elle plaide en faveur d’un développement inclusif et centré sur les personnes, qui bénéficie à tous, partout, et qui ait pour objectif l’élimination de la pauvreté, l’emploi productif et le travail décent, et l’intégration sociale. 

Cette année, a poursuivi le Président de la Commission, sera également marquée par le vingt-cinquième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social (SMDS) qui s’est tenu à Copenhague en mars 1995.  Vingt-cinq ans plus tard, avec l’adoption du Programme 2030, les objectifs et les principes du Sommet restent tout à fait pertinents et essentiels à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il assuré, notant que l’engagement pris de faire en sorte que nul ne soit laissé de côté rappelle et renforce l’objectif de développement inclusif du Sommet de Copenhague. 

M. Ipo a ensuite indiqué que cette session coïncide avec le lancement d’une décennie d’action visant à réaliser les objectifs de développement durable au bénéfice de toutes et tous.  Précisant que la Commission a, cette année, adopté le thème prioritaire « Assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme », il a annoncé que celui-ci serait l’occasion de chercher des stratégies permettant d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable n1, 8, 10 et 11, en particulier la cible 1.3, concernant la mise en place de systèmes et de mesures de protection sociale pour tous, et la cible 11.1, qui vise à assurer l’accès de tous à un logement et des services de base adéquats et sûrs, à un coût abordable.  Nous aiderons les États Membres à atteindre ces objectifs et à assurer la réalisation du droit à un logement convenable, conformément au Nouveau programme pour les villes, a-t-il dit. 

Affirmant avoir hâte de voir la Commission adopter ce qui sera la première résolution portant sur le sans-abrisme, M. Ipo a souligné que des recommandations orientées vers l’action ainsi que des résumés des tables rondes établis par les présidents constitueront la contribution de la Commission au forum politique de haut niveau de 2020 et au débat de haut niveau du Conseil économique et social.  Les trois tables rondes programmées durant la session comprendront un forum ministériel intitulé « Vingt-cinq ans après le Sommet mondial pour le développement social: lutter contre les nouveaux problèmes sociétaux entravant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », le 11 février, ainsi qu’un forum multipartite consacré à la recherche de solutions sur le thème prioritaire, le 12 février dans la matinée, et le dialogue interactif avec de hauts fonctionnaires des Nations Unies sur ce même thème, le 12 février dans l’après-midi. 

La Commission, a encore déclaré son Président, délibérera également sur des questions relatives aux dimensions sociales du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et sur les modalités du quatrième cycle d’examen et d’évaluation de l’exécution du Plan international de Madrid de 2002 sur le vieillissement. 

Au nom du Secrétaire général, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a constaté que 25 ans après la tenue du Sommet mondial pour le développement social, à Copenhague, les conflits, la pauvreté et les maladies continuent d’écourter la vie de beaucoup de gens.  Les grandes tendances mondiales comme la hausse et le taux élevé des inégalités, le ralentissement de la croissance économique, les changements climatiques, l’évolution rapide de la technologie et son impact sur l’avenir du travail, épuisent les perspectives du développement social et durable.  Les moyens de subsistance des populations sont à risque, a-t-il prévenu, et nous ne sommes pas sur la voie de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a lancé la Décennie d’action pour réaliser les ODD d’ici à 2030. 

Poursuivant, M. Liu a indiqué que, selon le rapport mondial 2020 sur le développement social du Département des affaires économiques et sociales (DESA), 7 personnes sur 10 vivent dans des pays où les inégalités ont augmenté par rapport à 1990, tandis que le rapport sur les situations et perspectives de l’économie mondiale 2020 montre que la croissance du PIB en 2019 a atteint son niveau le plus bas en 10 ans.  De telles évolutions ont un impact notable sur la capacité des pays à mettre en œuvre la Déclaration de Copenhague ainsi que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, s’est-il inquiété.

En venant au thème de la session, le Secrétaire général adjoint a souligné qu’un logement adéquat est la base de la stabilité et de la sécurité pour les familles et les foyers.  Le sans-abrisme est une forme néfaste de discrimination systémique et d’exclusion sociale, a-t-il dénoncé.  C’est un phénomène mondial qui touche les gens partout, que ce soit dans les pays en développement ou développés, ou les zones rurales ou urbaines. 

M. Liu a expliqué que les causes du sans-abrisme sont nombreuses et liées, citant notamment « l’effilochage » des communautés de la classe ouvrière, en raison de la pauvreté et des problèmes de santé, et la baisse de l’emploi dans l’industrie manufacturière en raison de la mondialisation, de l’automatisation et de la stagnation des salaires, entre autres.  Il a aussi parlé de l’impact d’une gentrification effrénée qui fait augmenter les taxes foncières et le montant des loyers, contraignant les personnes à faible revenu à vivre loin de leur lieu de travail.

Dans de nombreux pays, l’offre de logements adéquats et abordables ne parvient pas non plus à répondre à la demande, a-t-il enchaîné.  D’après ONU-Habitat, 1,6 milliard de personnes vivent dans des logements inadéquats dont 15 millions qui sont expulsées de force chaque année.  De plus, le logement a été largement inabordable pour la plupart des populations mondiales ces 20 dernières années.  Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) estime aussi que plus de 70 millions de personnes ont été expulsées de leurs maisons, dont 25 millions de réfugiés qui sont nombreux à vivre dans des abris inadéquats.  En outre, d’après la Rapporteuse spéciale sur le logement convenable en tant qu’élément du droit à un niveau de vie suffisant ainsi que sur le droit à la non-discrimination à cet égard, le sans-abrisme est également une crise mondiale des droits de l’homme liée à l’augmentation des inégalités de revenus, et d’accès à la terre et à la propriété. 

Poursuivant, le Secrétaire général adjoint a indiqué que pour les plus vulnérables, le sans-abrisme représente aussi la perte de familles, de communauté et de sentiment d’appartenance.  Il a également relevé que la population de sans-abri plus âgée augmente rapidement et continuera de croître au cours de la prochaine décennie, et que les femmes âgées sont particulièrement à risque en raison de multiples formes de discrimination, à commencer par des droits de succession foncière inégaux et défavorables.  Les jeunes sont également vulnérables au sans-abrisme, surtout en raison de leur manque de stabilité financière et de ressources, a-t-il ajouté.  Les jeunes migrants se voient souvent refuser l’accès au logement car ils ne disposent pas d’une pièce d’identité appropriée ou sont toujours à la recherche d’un emploi. 

« Nous devons redoubler d’efforts pour débarrasser le monde du sans-abrisme », a plaidé M. Liu.  Il a appelé à fournir des logements adéquats, accessibles et abordables, des services de qualité, des écoles et des soins de santé, ainsi que des emplois décents et des moyens de subsistance, pour aider à reconstruire des vies.  L’élargissement des systèmes de protection sociale s’impose également pour éviter que les personnes ne tombent dans le sans-abrisme suite à des chocs liés à la maladie ou à la perte d’emploi.  Il a également insisté sur l’adoption de mesures d’atténuation des changements climatiques et de renforcement de la paix et la sécurité pour construire des quartiers sûrs et accessibles. 

Pour lutter efficacement contre le sans-abrisme, il faut des politiques et des partenariats adéquats entre les gouvernements, la société civile et les organisations confessionnelles, les organisations philanthropiques, les institutions financières et le secteur privé et les personnes sans-abri, a encore déclaré le Secrétaire général adjoint.  Il a, par ailleurs, réitéré la disponibilité de l’ONU à aider la Chine à combattre l’épidémie du coronavirus qui affecte le pays actuellement. 

M. DANIEL PERELL, Comité des ONG pour le développement social, s’est félicité du fait que l’ONU se penche, pour la première fois de son histoire, sur le problème du sans-abrisme dans le monde.  Notant que le sans-abrisme a un impact sur l’ensemble des ODD, il a affirmé que la communauté internationale ne parviendra à y mettre un terme que lorsqu’elle acceptera que le sans-abrisme entrave l’accès aux droits et services nécessaires à la survie.

Il a expliqué que le sans-abrisme résulte à la fois de causes structurelles, comme la pauvreté, le chômage, la discrimination ou l’exclusion sociale, et de causes personnelles comme les maladies mentales ou chroniques et la violence domestique.  Le phénomène accélère également d’autres formes de privation, comme les maladies infectieuses, la malnutrition, la vulnérabilité à la violence civile ou politique ou encore à la traite, a-t-il ajouté.

Le représentant a jugé nécessaire de s’entendre sur une définition commune du concept de sans-abrisme, en appuyant celle proposée par la Groupe d’experts de Nairobi visant à mettre fin au sans-abrisme à laquelle il a souhaité ajouter le terme « et de la mise en œuvre » avant droits humains.  La définition ainsi suggérée serait: « une situation dans laquelle une personne ou un ménage n’a pas un espace habitable, la sécurité d’un contrat de bail, des droits respectés ni la faculté de développer des relations sociales.  Le sans-abrisme est la manifestation de la pauvreté extrême et de l’échec d’une multiplicité de systèmes et de la mise en œuvre des droits humains ».

Poursuivant, M. Perell a identifié quatre types de sans-abrisme: les personnes vivant dans la rue ou dans d’autres espaces ouverts; les personnes vivant dans des logements temporaires ou des logements d’urgence; les personnes vivant dans des logements extrêmement inadéquats et précaires; et les personnes qui n’ont pas accès à un logement abordable. 

Parmi ces catégories, il a averti que la situation de gens vivant dans des squats ou des logements surpeuplés, négligés, ou sous la menace constante d’être mis à la rue représentent la forme la moins visible mais la plus importante du sans-abrisme, ces personnes donnant l’impression de vivre dans des situations adéquates.

Il est également de plus en plus difficile pour les résidents urbains à faible revenu ou de classe moyenne d’obtenir un logement adéquat et abordable, a poursuivi M. Perell.  Il a appelé les gouvernements à créer des logements abordables en adoptant des politiques permettant de créer, entre autres, des systèmes financiers octroyant des crédits aux populations vulnérables.  Il conviendrait également de fournir des conseils juridiques aux personnes affrontant des difficultés, et de mettre un terme aux expulsions forcées et à la pénalisation des personnes sans-abri.

Préoccupé par l’impact de la financiarisation des logements, il a en outre jugé urgent de faire face aux conséquences de l’utilisation du logement comme investissement plutôt que comme bien social, notant que les marchés mondiaux de capitaux et les excès financiers sont en train de transformer le logement et l’immobilier dans le monde entier.

M. Perell s’est ensuite préoccupé du manque de données fiables et de recherches sur le sans-abrisme, et a estimé que l’adoption d’une définition commune de ce phénomène permettrait de progresser en la matière. 

Il a appelé à passer à l’action en réaffirmant le consensus international sur l’habitat en tant que droit humain de base et une composante d’une condition de vie adéquate.  Entre autres recommandations, il a prôné l’établissement de systèmes de transports sûrs dans les zones de sans-abrisme et a appelé à assurer l’accès aux établissements éducatifs pour permettre aux enfants sans abri de jouir de leur droit à l’éducation et de briser ainsi le cycle de la pauvreté.  Il a aussi appelé à protéger les populations de la financiarisation du logement et à adopter des lois sur la citoyenneté, l’héritage et la propriété qui respectent les droits fonciers des femmes et des veuves, entre autres.  Une législation s’impose également pour assurer le logement des personnes victimes de déplacements forcés, de corruption ou d’industries prédatrices.

Mme OLIVIA TAN JIA YI, Association pour les relations internationales de Yale, s’exprimant au nom du grand groupe des enfants et des jeunes, a indiqué qu’en 2018, dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les ménages à faibles revenus dépensaient plus de 40% de leurs revenus pour se loger.  Certains de ces pays comptent en outre de plus en plus de jeunes sans abris.  Elle a souligné l’acuité du défi que représente le logement.  Un toit au-dessus de sa tête et quatre murs autour de soi ne sont pas un luxe mais une nécessité, a-t-elle dit, en plaidant pour un logement décent et financièrement accessible pour les jeunes, les enfants et les individus de toute classe sociale.  Il est crucial de miser sur nos jeunes maintenant, par le biais d’efforts concertés, a-t-elle insisté. 

Elle a aussi plaidé pour un filet de protection sociale robuste afin de contrecarrer les conséquences sur le long terme de la pauvreté et des discriminations.  Les enfants devraient pouvoir se lancer dans la vie depuis la même ligne de départ et en disposant des mêmes chances.  Enfin, elle a rappelé que seulement 35% des enfants dans le monde ont un accès effectif à la protection sociale et invité à y remédier, grâce à des politiques concertées et des investissements budgétaires. 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif, a présenté les différents rapports du Secrétaire général dont est saisi la Commission.  Le premier, intitulé « Assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme », attire l’attention sur le thème prioritaire de cette session.  Ce rapport, a-t-elle indiqué, évalue les tendances récentes dans les pays développés et en développement et présente des analyses des causes profondes du sans-abrisme.  Il accorde une attention particulière aux groupes sociaux les plus vulnérables, tout en mettant en avant des politiques et stratégies qui ont fait la preuve de leur efficacité dans ce domaine. 

Le deuxième rapport porte sur les aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.  Il invite à une mobilisation des ressources et à la promotion des progrès dans la mise en œuvre coordonnée de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU, qui doivent aboutir au progrès social pour combler les lacunes et relever les défis de développement en Afrique.  Il demande aux pays africains de donner la priorité politique à des mesures d’inclusivité afin de combattre les inégalités, créer des emplois décents pour tous et défendre une bonne gouvernance dans la prestation de services.  Il encourage en outre le système des Nations Unies à aider les États à cet égard. 

Le troisième rapport, a poursuivi Mme Bas, se concentre sur les modalités du quatrième cycle d’examen et d’évaluation de l’application du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement.  Son examen doit permettre d’imprimer une nouvelle dynamique pour mettre ce plan d’action en œuvre, a plaidé la haute fonctionnaire. 

S’agissant du quatrième rapport, il porte sur la mise en œuvre de l’Année internationale de la famille et met en avant les tendances familiales récentes qui relèvent du thème de cette Commission.  Les familles, en particulier les familles monoparentales, peuvent en effet être confrontées à un sans-abrisme temporaire qui souvent devient permanent.  À cet égard, a-t-elle relevé, il conviendrait que les transferts de fonds soient soutenus par davantage d’investissements dans la santé et le logement accessible, faute de quoi ces personnes se retrouveront laissées pour compte. 

Le dernier rapport, intitulé « Vingt-cinq ans après le Sommet mondial pour le développement social: lutter contre les nouveaux problèmes sociétaux entravant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », vise à faciliter l’examen de ces questions par la Commission.  Sur cette base, un forum de haut niveau sera organisé demain matin afin de mettre l’accent sur les principaux problèmes identifiés lors du Sommet pour le développement social, a-t-elle précisé.  Pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-elle conclu, il importe de réaffirmer la vision d’un développement axé sur l’être humain. 

Débat général

Au nom de l’Union européenne (UE), Mme VESNA BEDEKOVIĆ, Ministre de la démographie, de la famille, de la jeunesse et de la politique sociale de la Croatie, a indiqué que la nouvelle Commission européenne a placé la durabilité et le bien-être social au centre de son agenda politique.  La Ministre a annoncé un plan d’action pour la mise en œuvre du « Socle européen des droits sociaux » de la Commission dont les 20 principes visent l’égalité des chances, des conditions de travail équitables et la protection et l’intégration sociales.  La Commission européenne s’est fixée pour objectif l’édification d’une Europe sociale forte pour des « transitions justes » et les premières consultations sur l’établissement d’un revenu minimum ont déjà commencé.  L’Union européenne compte aussi promouvoir la justice sociale dans le reste du monde.  Par exemple, tout accord commercial bilatéral aura un chapitre consacré au développement durable et à la protection du climat, de l’environnement et de l’emploi, avec une tolérance zéro pour le travail des enfants. 

Venant au thème de la session, la Ministre a indiqué que le sans-abrisme est en hausse dans la plupart des pays membres de l’UE et que le Socle européen des droits sociaux comprend un principe sur le logement et l’aide à la réintégration sociale des sans-abri.  Il importe également d’appuyer les États Membres dans la mise en œuvre de politiques préventives qui allient des politiques de logement et des politiques d’inclusion sociale.

Poursuivant, Mme Bedeković a indiqué que les jeunes sont toujours au cœur des préoccupations de l’UE.  Leur taux de chômage est passé de 24% en 2013 à 14,2% aujourd’hui, mais malgré cela, il représente toujours le double du taux global.  Les jeunes, a-t-elle souligné, auront besoin de soutien pour exploiter les opportunités offertes par la numérisation et l’économie verte.  L’UE entend donc renforcer la « garantie européenne pour la jeunesse » dont bénéficient déjà aujourd’hui 3,5 millions de jeunes. 

La situation des femmes sur le marché du travail mérite aussi une attention particulière, a poursuivi la Ministre.  Elle a parlé de l’entrée en vigueur l’année dernière, de la directive en matière de conciliation vie familiale-vie professionnelle.  Le mois prochain, a-t-elle indiqué, la Commission européenne compte proposer une nouvelle stratégie sur l’égalité entre les sexes pour combler les fossés dans les domaines de l’emploi, des salaires et des pensions de retraite.  Ce dernier élément est d’ailleurs particulièrement important dans un espace qui subit le vieillissement de sa population. 

Pour mieux comprendre et répondre à l’impact du changement démographique, la Commission européenne entend présenter cette année un rapport et un « document vert sur le vieillissement ».  En 2021, elle présentera une stratégie renforcée pour les personnes handicapées, a ajouté la Ministre, avant de souligner qu’au niveau international, l’Union européenne espère que son consensus pour le développement continuera à être un instrument clef pour soutenir le développement social à travers le monde. 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana) s’est inquiété de l’augmentation du sans-abrisme dans le monde, notant qu’il représente l’un des symptômes les plus criants du manque d’accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi, entre autres.  Il a dit la nécessité de s’attaquer aux multiples causes et conséquence du sans-abrisme, aux défis qu’affrontent les personnes sans abri et aux conséquences sur les individus et les sociétés.  Le sans-abrisme est l’une des manifestations les plus criantes de la pauvreté, de l’inégalité et du coût du logement, a-t-il souligné.  Il touche les femmes comme les hommes, quels que soient leur âge et leur origine socioéconomique. 

M. Ten-Pow a indiqué que l’élimination de la pauvreté restait la plus haute priorité.  « Cela est particulièrement vrai alors que les effets des changements climatiques, de l’insécurité alimentaire, des conflits armés, du ralentissement de la croissance économique et les urgences humanitaires constituent autant de freins à ces efforts », a-t-il dit.  Dans ce contexte, il a rappelé l’importance, pour lutter contre la pauvreté, de systèmes de protection sociale efficaces, d’infrastructures améliorées, d’une gouvernance participative et d’une croissance économique soutenues.  Il a par ailleurs souligné la valeur ajoutée de la dimension sociale du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique à l’horizon 2063 et a salué les efforts de la Chine pour contenir la pandémie du nouveau coronavirus. 

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que l’ASEAN a fait des progrès dans la réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance économique grâce à des politiques commerciales et d’investissement robustes.  Il a indiqué que la Déclaration des droits de l’homme de l’ASEAN de 2012 reconnaît le droit à un logement adéquat et financièrement accessible.  Depuis 2015, l’ASEAN s’est mobilisée pour améliorer les conditions de vie des peuples de la région, guidée par les Grandes orientations de la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025.  Au niveau national, a-t-il poursuivi, les pays de l’ASEAN ont conduit des politiques de logement social.  Il a aussi mentionné la Déclaration de l’ASEAN sur le renforcement de la protection sociale en vue de garantir un accès plus large aux services de protection sociale.  Enfin, M. Srivihok a insisté sur l’engagement de l’ASEAN de renforcer la coopération à tous les niveaux afin de réduire les écarts de développement et d’assurer un accès de tous à la protection sociale. 

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a jugé impératif de s’attaquer aux inégalités pour venir à bout de la pauvreté, avertissant qu’à défaut, les défis ne feront que grandir avec un nombre croissant de sans-abri dans le monde.  Les causes structurelles du sans-abrisme sont multiples: même si les inégalités et la pauvreté occupent une place de choix, les effets adverses des changements climatiques peuvent également y contribuer.  En effet, les petits États insulaires en développement (PEID) qui sont particulièrement exposés aux catastrophes naturelles, constatant régulièrement des pertes significatives de maisons, d’infrastructures sociales et de terrains agricoles, a-t-il indiqué, en rappelant l’impact énorme sur les peuples et les économies des Caraïbes qu’ont eu les ouragans Dorian, Mathew, Irma et Maria ainsi que du tremblement de terre qui a frappé Haïti il y a 10 ans.

S’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, il a relevé que le nombre de personnes déplacées à cause de catastrophes naturelles est estimé à 24 millions chaque année au cours de la dernière décennie, avec neuf millions de maisons perdues ou endommagées entre 2005 et 2017.  Ces chiffres sont alarmants, a estimé le Ministre, et exigent une discussion sur comment faire face à l’impact des changements climatiques, en particulier dans le contexte de la vulnérabilité accrue des PEID.  C’est à l’État d’assurer des abris d’urgence ainsi que les services psychosociaux au lendemain de telles catastrophes, a poursuivi M. Edmond, en précisant que ce sont souvent des écoles, des églises et des centres communautaires qui servent d’abris d’urgence. 

Dans un deuxième temps, il faut assurer la transition ainsi que les services de soutien social et mental.  C’est pourquoi la CARICOM prône une approche multifacette à la problématique du sans-abrisme.  Elle mise sur l’augmentation de la résilience aux catastrophes naturelles en tant que mesure de lutte contre le sans-abrisme à travers son plan stratégique 2015-2019 qui englobe une approche multisectorielle.  La Communauté est également guidée dans ses actions par le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes naturelles, l’Accord de Paris sur le climat et le Plan d’action d’Addis-Abeba.  « Mais nous n’y arriverons pas tout seuls », a prévenu le Ministre en appelant à plus de partenariats, de financements du développement dans les PEID, y compris pour contrecarrer les effets des catastrophes et renforcer la résilience des pays de la CARICOM.  Le but, a-t-il expliqué, est de leur permettre de faire face aux inégalités en offrant notamment des logements abordables de manière à réduire le sans-abrisme.  Constatant en outre que ce phénomène frappe de manière disproportionnée les enfants, les jeunes, les femmes, les personnes handicapées et âgées, ou encore les personnes séropositives, le Ministre a assuré que les pays de la CARICOM cherchent à y répondre en renforçant leurs systèmes nationaux de protection sociale.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a indiqué que la pauvreté rurale est le principal facteur du sans-abrisme dans les pays en développement et que l’expansion et le développement urbains mal planifiés poussent également les résidents locaux hors de leur domicile ou de leurs emplois dans l’agriculture.  Ces personnes n’ont d’autres choix que de migrer dans les villes pour maintenir leurs moyens de subsistance.  Il est important que les initiatives de développement incluent des efforts de protection sociale pour assurer des salaires de base, garantis par la création d’emplois et l’accès aux services sociaux essentiels, y inclus des logements abordables durables. 

La représentante s’est préoccupée du fait qu’en 2018, il était estimé que 23,5% de la population urbaine mondiale vivait dans des bidonvilles.  Ce chiffre devrait augmenter et le rythme de l’urbanisation devrait s’accélérer dans le futur, le nombre de citadins devant passer de 4 milliards en 2015 à 5,1 milliards en 2030.  L’Afrique et l’Asie devraient compter pour près de 60% de cette augmentation, a-t-elle précisé, ajoutant que l’Afrique est le continent qui s’urbanise le plus rapidement au monde avec 300 millions de nouveaux citadins supplémentaires.  Sans politique et stratégie adéquates, l’urbanisation rapide aggravera les pénuries de terres et intensifiera l’offre foncière informelle, entraînant la prolifération des bidonvilles et des établissements informels, la surcharge des infrastructures et des services et l’aggravation de la pauvreté urbaine, a averti la représentante.  Ces projections indiquent que le nombre de sans-abri, y compris ceux vivant dans des logements inadéquats, devrait augmenter pour atteindre trois milliards en 2030.  Il est nécessaire de disposer de données pour identifier les personnes sans abri et assurer leur inclusion dans les statistiques officielles, afin de pouvoir mener des interventions efficaces et prendre des mesures appropriées, a-t-elle préconisé.

Pour lutter contre le sans-abrisme, Mme Ferreira a aussi prôné l’adoption de cadres politiques intersectoriels complets et de stratégies de logement fondées sur les droits.  Les causes structurelles du sans-abrisme doivent être traitées efficacement par le biais de partenariats, et en y apportant des réponses politiques, juridiques, financières, environnementales, économiques et sociales à tous les niveaux.  Des interventions politiques appropriées devraient être menées pour chaque catégorie de sans-abri et en distinguant les sans-abri chroniques et de transition, a-t-elle ajouté.

Mme Ferreira s’est par ailleurs préoccupée du fait que dans le monde, les 16 marchés du logement qui connaissent la croissance la plus rapide font face à une pénurie de 35 millions d’unités de logement abordable, dont 3,4 millions pour l’Afrique subsaharienne.  Elle a aussi insisté sur l’importance des abris d’urgence et des logements temporaires pour les personnes déplacées par des catastrophes naturelles ou les conflits.  Une aide à la réinstallation vers un logement permanent devrait être fournie le plus rapidement possible afin de raccourcir le temps passé sans-abri, a estimé Mme Ferreira. 

Mme CYNTHIA MAMLE MORRISON, Ministre de l’égalité des genres, de l’enfance et de la protection sociale du Ghana, a rappelé que le Sommet de Copenhague, en 1995, avait débouché sur l’identification d’objectifs visant à vaincre la pauvreté et à promouvoir l’emploi productif et l’intégration sociale.  Ces objectifs restent d’actualité, a-t-elle souligné, avant de faire le point sur les programmes de protection sociale de grande ampleur mis en œuvre par son gouvernement afin de permettre à tous les Ghanéens de contribuer au développement national.  Ces efforts, conjugués à une forte croissance économique, ont permis de faire reculer l’incidence de la pauvreté, laquelle ne concernait plus que 23,4% de la population en 2016/2017, contre 56,5% en 2002/2003, s’est-elle enorgueillie, ajoutant que durant la même période, l’incidence de l’extrême pauvreté est passée de 18,2% à 8,2%. 

Conscient de l’importance fondamentale du logement pour garantir la stabilité sociale et la sécurité nationale, le Gouvernement ghanéen a récemment lancé la construction de 250 000 unités de logement à coût abordable dans le but de réduire le déficit de logements auquel le pays est confronté, a expliqué Mme Morrison, ajoutant que la priorité a été donnée à l’accès aux prêts immobiliers pour toutes les classes de revenus.  Dans le même temps, un effort particulier a été accordé à la transformation de taudis en quartiers modernes.  Cela correspond à la volonté gouvernementale de réduction des fractures de développement des centres-villes et des communautés « Zongo ».  Il s’agit pour le Ghana de garantir que l’objectif 11 de développement durable sera atteint d’ici à 2030 et qu’aucun Ghanéen ne soit laissé pour compte et puisse bénéficier d’un logement adéquat et abordable. 

La Ministre a ensuite fait part des efforts déployés par son gouvernement pour faire face à la pauvreté.  Aujourd’hui, a-t-elle souligné, 1,4 million de personnes sur les 2,4 millions de Ghanéens pauvres bénéficient de notre programme d’alimentation contre la pauvreté (LEAP).  Parallèlement, un programme de nutrition scolaire permet de fournir un repas complet à quelque 2,9 millions d’écoliers des cycles maternels et primaires chaque jour de la semaine.  Enfin, le système national d’assurance sociale comptait, en août 2019, environ 11,7 millions de membres, parmi lesquels 540 305 Ghanéens indigents.  Pour permettre l’accès du plus grand nombre au logement abordable et lutter efficacement contre le sans-abrisme, a insisté Mme Morrison, il importe que nul ne soit laissé pour compte, notamment ceux qui n’ont rien. 

Mme ARIELA LUNA FLOREZ, Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a indiqué que son gouvernement a lancé le programme « Mon abri » pour lutter contre le manque de logements et pour améliorer la qualité des logements existants.  L’amélioration de la qualité des logements est une nécessité pour les régions d’altitude où la température peut descendre jusqu’à moins 20°C, a-t-elle expliqué.  Ce programme tient compte de différents facteurs comme les questions de violence dans les foyers, les technologies saines pour le logement, l’évacuation des fumées et le respect de l’environnement.  Le programme s’appuie sur l’énergie solaire propre et il consacre aussi un volet sur l’autonomisation des femmes qui sont chargées de construire elles-mêmes les logements améliorés.  Le programme prévoit également des prêts pour la construction et/ou l’amélioration des logements existants.  Ce programme a permis la création de 7 200 nouveaux emplois.  Il est mené dans le cadre communautaire et bénéficie aux populations les plus vulnérables et son objectif est de construire 120 000 logements d’ici à 2021, a indiqué la Ministre qui a assuré le programme de logement « Mon abri » est adossé au programme de protection sociale du Gouvernement. 

Mme AINO-KAISA PEKONEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a indiqué que l’objectif de son gouvernement est de diminuer de moitié le nombre de sans-abri et éradiquer le sans-abrisme d’ici à 2027.  Les autorités entendent également atteindre la neutralité carbone d’ici à 2035, notamment grâce à des mesures visant à diminuer l’empreinte carbone des habitations, tout en améliorant l’efficacité énergétique des immeubles actuels.  Cela passe, a-t-elle dit, par le soutien à la transition vers un chauffage sans émission.  La Ministre a dit espérer que le modèle nordique du bien-être, combiné à une gestion responsable des ressources naturelles, permette de garantir le succès futur du pays. 

En outre, le Gouvernement de la Finlande souligne l’importance de trouver des solutions à la question du logement des plus pauvres et des plus vulnérables.  Mme Pekonen a estimé que des politiques de logement appropriées sont également essentielles pour lutter contre les changements climatiques, renforcer la résilience, la mobilité et faire baisser la consommation énergétique.  Elle a salué le « partenariat pour la protection sociale universelle d’ici à 2030 » pour lequel de nombreuses agences onusiennes, des États Membres, dont la Finlande, et des organisations non gouvernementales se sont engagés.  Dans le contexte du lancement de la Décennie d’action pour les ODD, la Ministre a demandé que le mandat de la Commission du développement social prenne désormais en compte le droit à la protection sociale pour tous et le développement des systèmes de protection sociale qui soient inclusifs.  Elle a affirmé que lorsqu’un individu a un toit sur la tête, il devient plus facile de régler d’autres problèmes sociaux.  Elle s’est enorgueillie du fait que la Finlande soit le seul pays d’Europe où le nombre de sans-abri a décliné au cours de dernières années. 

Un jeune délégué finlandais, M. YURI BIRJULIN, a justement salué le succès de la politique de « logement d’abord » de son pays, même si le sans-abrisme des jeunes est en pleine croissance.  Il a expliqué que ce phénomène est parfois peu remarqué chez des jeunes quand ceux-ci habitent par exemple chez des amis.  Selon lui, le sans-abrisme est souvent la conséquence d’autres problèmes sociaux: pauvreté; dettes; maladie; problèmes mentaux; abus de stupéfiants; ou alors une combinaison de facteurs.  Il a estimé que le sans-abrisme est une forme radicale de marginalisation sociale et probablement l’un des problèmes les plus sérieux que connaissent les jeunes dans le monde.  Selon M. Birjulin, le sans-abrisme peut être considéré comme la pointe de l’iceberg, et le fléau pourrait être évité grâce à des services sociaux et de santé adéquats et des politique d’inclusion en faveur des jeunes.  Il a enfin mis l’accent sur le sans-abrisme des jeunes réfugiés, un phénomène invisible dans les statistiques officiels, a—t-il déploré. 

Mme YULIA SOKOLOVSKA, Ministre de la politique sociale de l’Ukraine, a indiqué que son président a signé, en septembre dernier, le décret sur « le développement durable du pays jusqu’en 2030 ».  Selon les dernières données, 76 000 Ukrainiens vivent dans des maisons endommagées ou des dortoirs et risquent un jour de se retrouver dans la rue.  En conséquence, une des priorités du ministère en charge de la question est la mise en place d’un système efficace de soutien aux groupes vulnérables.  Ces trois dernières années, l’État a acheté des appartements ou octroyé des subsides pour l’achat d’appartement en faveur des orphelins et des enfants dépourvus de soins parentaux.  En 2019, quelque 2 000 de ces enfants avaient leur propre appartement. 

Mais le vrai défi, a souligné la Ministre, c’est de loger les déplacés qui ont fui l’agression armée de la Fédération de Russie et ceux qui participent aux opérations antiterroristes dans le Donbass.  Entre 2017 et 2019, le Ministère des politiques sociales a fourni des logements aux soldats, aux blessés de guerre et aux déplacés.  En 2017, un nouveau mécanisme a été introduit qui donne à ces derniers une aide au logement en liquide.  Par ailleurs, l’Ukraine compte à ce jour 105 institutions pour 25 000 sans-abri.  Des équipes mobiles se déplacent dans les villes pour fournir des conseils et des informations et surveiller les comportements à risques.  En 2018, plus de 9 500 sans-abri ont, comme les y autorise la loi, enregistré leur institution comme lieu de résidence.  Le pays compte à ce jour 3 900 travailleurs sociaux répartis dans les communautés territoriales.  Le 1er janvier dernier, une nouvelle loi sur les services sociaux est entrée en vigueur dont le projet pilote est attendu dans un mois. 

M. ILDEMARO VILLARROEL ARISMENDI, Ministre du logement et de l’habitat du Venezuela, a déclaré que la protection sociale passe par la reconnaissance du droit au logement, soulignant que le logement est un droit de l’homme plus qu’une marchandise.  La construction d’un habitat inclusif avec des infrastructures résilientes n’a de sens que comme moyen de contribuer au plein développement social, a-t-il estimé.  Pour cette raison, le Gouvernement a élaboré une politique d’urbanisme révolutionnaire et innovante appelée la « Grande mission du logement ».  Celle-ci vise à transformer les modèles de production et de relation sociale en les adaptant avec leur environnement et considère le logement comme la principale unité de protection de la famille vénézuélienne.  Cette politique participe pleinement à la réalisation de l’ODD 11 sur les « villes et communautés durables », et a permis de construire plus de trois millions de logements à ce jour, en neuf ans, s’est-il félicité. 

M. BOCCHIT EDMOND, Ministre des affaires étrangères et des cultes d’Haïti, a indiqué que son pays doit répondre, avec des moyens extrêmement limités, à de nombreux défis en termes de développement social.  Du tremblement de terre du 12 janvier 2010 au cyclone Matthieu, les catastrophes naturelles successives ont un impact dans la recrudescence de l’insécurité, la corruption « insupportable » et l’augmentation du chômage dans le pays.  Ainsi, le Président Jovenel Moïse fait de son mieux pour desserrer ce « véritable carcan social », et il s’est engagé à intensifier la lutte contre la corruption qu’il a identifiée comme étant l’un des principaux problèmes du pays.  Le Ministre a indiqué que l’instabilité politique qui prévaut dans le pays depuis quelque temps a des racines profondes et constitue un handicap majeur pour la reconstruction nationale.  Le Chef de l’État a donc prôné un dialogue national inclusif pour aborder les principaux problèmes du pays.

En outre, les autorités haïtiennes reconnaissent que seule une politique sociale cohérente et basée sur la justice sociale, le respect des droits de chaque personne, l’égalité des sexes, et la prise en charge d’une jeunesse qui constitue presque 70% de la population, pourra aider le pays à combattre efficacement les inégalités et vaincre progressivement la pauvreté.  Le Gouvernement reste donc déterminé à multiplier les efforts pour améliorer significativement les conditions de vie de la population, notamment les plus vulnérables, ainsi qu’à poursuivre la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a terminé en soulignant que dans le contexte actuel que connaît Haïti, un apport international renforcé, mieux adapté et rigoureusement aligné sur les priorités nationales s’avère nécessaire. 

Pour M. ANDREI DAPKIUNAS, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, le problème du sans-abrisme peut être aussi un problème lié à l’isolement.  Le Gouvernement accorde une attention particulière au sans-abrisme qui peut frapper les familles.  Il vise à empêcher la fragmentation des familles ainsi qu’à atténuer l’impact d’une urbanisation effrénée.  Le Ministre a affirmé qu’aucun enfant n’est sans abri dans le pays.  Au Bélarus, a-t-il ajouté, le logement est un droit constitutionnel et 92% des logements sont abordables.  Le Gouvernement travaille avec les ONG internationales pour prévenir le sans-abrisme, a encore déclaré le Ministre, qui a annoncé que les projets de construction de logements relèvent directement du Président.  Ce dernier a lancé un projet pour les familles nombreuses.  Il a également initié des programmes de prêts et d’aides à la construction et à la location comme mesures de substitution.  Le Bélarus adhère à l’idée de « ville verte-ville intelligente ».  M. Dapkiunas a terminé en disant qu’il était favorable à l’adoption d’une résolution novatrice qui contribuera à mettre en œuvre les ODD. 

Réunion-débat de haut niveau sur le thème prioritaire « Assurer l’accès de tous à des systèmes de protection sociale et à un logement à un coût abordable pour lutter contre le sans-abrisme »

Déclarations liminaires

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO, Président de la Commission du développement social, a fait observer que le sans-abrisme est un problème mondial qui touche des personnes issues de milieux économiques, sociaux et culturels différents, aussi bien dans les pays développés que dans ceux en développement.  Selon ONU-Habitat, a-t-il noté, 1,6 milliard de personnes dans le monde vivent dans de mauvaises conditions de logement, et environ 15 millions sont expulsées chaque année.  Bien que de nombreux facteurs contribuent à ce phénomène, celui-ci résulte principalement de causes structurelles: inégalités, pauvreté, manque d’emplois décents et absence de protection sociale, a-t-il souligné. 

M. Ipo a ensuite constaté que, pour de nombreuses personnes en situation de vulnérabilité, les changements climatiques et les catastrophes naturelles pèsent de plus en plus lourd parmi les causes du sans-abrisme, lequel est l’un des rappels les plus frappants des défaillances structurelles de nos sociétés, a-t-il soutenu.  Pour le Président de la Commission du développement social, il est donc urgent d’y apporter des solutions si nous voulons honorer notre engagement de réaliser les objectifs de développement durable au bénéfice de tous, partout dans le monde.  Pour ce faire, a-t-il dit, il faudra peut-être des politiques globales et intersectorielles en phase avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment des politiques relatives aux logements abordables et à la protection sociale. 

La réunion-débat de cet après-midi devrait permettre de nous éclairer à cet égard, a souhaité M. Ipo, indiquant que cette table ronde se veut un espace d’échange de connaissances et d’expériences sur la manière dont les pays peuvent améliorer l’accès aux logements abordables, en particulier pour les ménages à faibles revenus, et sur le rôle que joue la protection sociale dans la prévention du sans-abrisme.  Il a enfin souhaité que ce débat permette d’aborder la manière dont les pays peuvent concevoir et appliquer des stratégies globales et des politiques appropriées pour prévenir le sans-abrisme et y répondre. 

Introduisant le débat de cette table ronde, Mme MARY McALEESE, ancienne Président de l’Irlande, s’est tout d’abord félicitée que les questions du sans-abrisme et de l’accès à un logement adapté fassent enfin partie du programme de travail des Nations Unies, et ce, pour la première fois depuis 75 ans.  Le traitement de ces questions est triste, dans la mesure où il s’agit d’un problème pressant à travers le monde, mais aussi rassurant pour les quelque 100 millions de personnes qui vivent dans ce désert et pour les 1,5 milliard d’individus qui vivent dans un logement inadéquat.  Vivre dans un logement décent, a martelé l’ancienne chef d’État, c’est la condition sine qua non du développement humain.  Or les gouvernements qui ne mettent pas ces politiques de logement au centre de leurs priorités condamnent les sans-abri à des vies ponctuées par les traumatismes, a-t-elle déploré. 

Dans ce contexte, l’Irlande constitue un microcosme de la crise mondiale du logement, a poursuivi Mme McAleese.  À une époque, les sans-abri étaient des personnes ayant des problèmes de toxicomanie, des exclus de la société, des anciens détenus, parfois considérés comme responsables de leur propre malheur.  Mais les choses ont changé rapidement, a-t-elle déclaré, évoquant les vagues de demandeurs d’asile au cours des années 2000, la hausse des prix de l’immobilier, la crise économique et ses mesures d’austérité, le taux de chômage à deux chiffres et les maisons inachevées et inhabitées.  Aujourd’hui, a-t-elle argué, nous sommes revenus au plein emploi mais cela n’est pas synonyme d’amélioration sur le plan du logement.  Au contraire, le marché du logement reste dysfonctionnel et par trop dépendant du secteur privé. 

S’agissant de la crise immobilière, tout était réuni pour qu’elle ait lieu, a estimé l’ancienne Présidente.  Elle a atterri devant la porte des ONG qui ont vu le sans-abrisme changer de visage, des personnes exclues à cause de l’explosion du prix des loyers, une offre en retard par rapport à la demande et une absence de filet de sécurité pour les exclus.  Les victimes étaient les familles les plus pauvres, les parents seuls, les personnes handicapées, les personnes âgées, les bas salaires, les anciens prisonniers, les immigrants et les demandeurs d’asile.  En 2018, a-t-elle rappelé, l’OCDE a révélé que le sans-abrisme avait cru de près de 150% entre 2014 et 2018.  Si l’on observe une baisse de ces chiffres aujourd’hui en Irlande, on compte encore presque 10 000 personnes qui sont dans des logements temporaires.  De plus, le nombre des sans-abri ne prend pas en considération les 5 000 demandeurs d’asile qui vivent dans des abris temporaires et les 60 000 qui se trouvent dans le système irlandais depuis des décennies.  La réalité reste marquée par le peu de logements disponibles, des loyers chers et un rêve inaccessible d’acquérir son logement.  Mais il est clair que le sans-abrisme ne peut supposer un désespoir sans fin, a-t-elle commenté, ajoutant que ni le secteur des ONG, ni le secteur privé, ni même l’État ne peuvent résoudre ces problèmes seuls.  De fait, il faut des orientation politiques fournies par des forums comme celui-ci, a-t-elle plaidé. 

Poursuivant, Mme McAleese a expliqué que l’initiative « Housing First », inspirée des expériences menées au États-Unis et en Finlande, sert depuis 2019 de stratégie pour faire face au sans-abrisme en Irlande.  À ses yeux, il faut mettre à disposition suffisamment de ressources pour que le modèle finlandais soit reproduit.  Il faut aussi que soit pris en compte le traumatisme du sans-abrisme, a-t-elle souligné, confiant avoir été confrontée à cette expérience dans son enfance.  Il y a de cela 50 ans, a-t-elle narré, j’ai su ce que cela signifiait d’être dépendant de la gentillesse d’étrangers et de la volonté des bureaucrates.  J’étais l’aînée de neuf enfants lorsque des paramilitaires nous ont forcés à quitter notre logement à Belfast.  Nous n’avons jamais pu y revenir.  Nous avons squatté les sofas d’amis et de familles jusqu’à ce qu’un ordre religieux nous offre un logement, a-t-elle raconté.  Lorsque nous avons été à nouveau expulsés par la force, nous avons été livrés à nous-mêmes et il a fallu deux ans à nos parents pour retrouver un logement permanent.  Affirmant ressentir de l’empathie pour les victimes de cette situation, elle a estimé que nos actions en la matière sont aujourd’hui remises en question par les différents visages du sans-abrisme, comme l’a mis en évidence le groupe de travail réuni sur cette question l’an dernier à Nairobi. 

Cette situation, a noté l’ex-Présidente de l’Irlande, des dizaines de millions de personnes la vivent de par le monde, des personnes qui auparavant ne dépendaient pas d’autres mais qui aujourd’hui se perdent dans l’océan des chiffres sur le sans-abrisme.  Tant que ces personnes ne pourront pas revenir dans ce qu’elles appellent leur maison, leur dignité sera remise en cause, et la nôtre aussi, a-t-elle averti.  Or, si les pays occidentaux ne peuvent régler ce problème, quelles sont les chances de le voir régler à l’échelle internationale si l’on ajoute à cela les changements climatiques ou la menace nucléaire, s’est-elle interrogée.  Savoir si nous serons des leaders en 2030 dépend de ce que nous ferons aujourd’hui, a-t-elle dit. 

Dans un message vidéo, Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), s’est félicitée du partenariat entre le Département des affaires économiques et sociales (DESA) et ONU-Habitat, a poursuivi la responsable.  Rappelant l’ODD 11 sur les villes et les établissements humains durables et la cible 11.1 qui vise, d’ici à 2030, à assurer l’accès de tous à un logement et des services de base adéquats et sûrs, à un coût abordable, et à assainir les quartiers de taudis, elle a insisté sur l’importante contribution du logement au bien-être et au développement durable.  L’avenir de l’urbanisation durable dépendra de la priorité accordée à la question du logement, a poursuivi Mme Sharif qui a souligné que le logement est un droit de l’homme qui exige une coordination multidisciplinaire.  Il ne s’agit pas simplement d’un toit mais de droits humains, a-t-elle insisté. 

Mme Sharif a ensuite indiqué que la pauvreté et l’inégalité, deux questions centrales du développement durable, sont également les principaux moteurs du sans-abrisme.  Elle a appelé à déployer des efforts concertés pour mettre un terme au sans-abrisme, et veiller à ce que chacun soit libre de tout traitement inhumain.  Le but est aussi de faire comprendre qu’être sans abri est un échec de la société et non un échec personnel, a-t-elle ajouté.  Mme Sharif a aussi mis l’accent sur l’importance de comprendre le sans-abrisme du point de vue des sans-abri eux-mêmes.  Parmi les autres défis à surmonter, elle a cité les catastrophes naturelles, les conflits et les flux sans précédent de migrants. 

Mme LOUISE CASEY, Présidente de l’Institute of Global Homelessness, a donné trois définitions du sans-abrisme: les personnes sans logement, les personnes vivant dans des logements temporaires ou de crise et les personnes vivant dans des logements sérieusement inadéquats et précaires.  De telles définitions permettent de mieux cibler les programmes et les politiques visant à mettre fin à la pauvreté, a-t-elle estimé, pour ensuite insister sur l’importance de mesurer l’ampleur du sans-abrisme et le nombre de personnes qui répondent aux définitions.  C’est l’unique moyen de savoir si les efforts ont été couronnés de succès dans le temps, a-t-elle dit.

Mme Casey a ensuite indiqué que le Royaume-Uni a collecté et examiné des données sur le sans-abrisme mais que de nombreux autres pays ne disposent même pas de définition ou de mesures du sans-abrisme.  Pour résoudre la crise du sans-abrisme, il faut des données fiables et savoir comment mettre en œuvre les solutions ciblées et globales, et savoir si ces solutions apportent de bons résultats, a-t-elle souligné.  Mme Casey a prévenu que les sans-abri risquent d’être laissés pour compte car ils sont les plus difficiles à atteindre et ne sont souvent pas couverts par les systèmes de protection sociale.  Il est donc important d’avoir une définition, un cadre et des mesures du sans-abrisme, a-t-elle martelé.  Ce sont les piliers manquants mais nécessaires pour notre capacité à mettre fin au sans-abrisme. 

Panélistes

Mme AINO-KAISA PEKONEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a indiqué que son gouvernement s’appuie sur le principe du « Housing First » (logement d’abord) pour faire reculer le sans-abrisme.  Le Gouvernement finlandais a en effet pour objectif de réduire de moitié le sans-abrisme au cours de son mandat, c’est-à-dire d’ici à 2027.  Il entend poursuivre la mise en œuvre de ce programme qui s’est révélé efficace.  Pour cela, a-t-elle expliqué, il prévoit de lancer un programme de coopération avec les grandes régions urbaines, les prestataires de services et les ONG.  Il souhaite, en outre, intégrer l’objectif d’éradication du sans-abrisme dans les accords nationaux relatifs au foncier, au logement et aux transports.  De plus, nous voulons mieux comprendre les origines du sans-abrisme ainsi que ses facteurs sous-jacents, ce qui impliquera une collecte de statistiques en nous fondant sur les bases de données nationales, a-t-elle précisé. 

Pour Mme Pekonen, la politique gouvernementale du logement a pour but de faire en sorte que les gens vivent dans leur maison en toute sécurité, indépendamment de leur mode de fonctionnement ou de leur richesse.  Si des groupes particuliers comme les personnes handicapées ou celles souffrant de troubles mentaux ont des besoins particuliers, cela peut être en partie résolu grâce à un logement adapté, a-t-elle fait valoir, avant de plaider pour la construction de logements abordables et le soutien des personnes à bas revenus avec des allocations au logement.  L’aide sociale peut être disponible pour des individus et des familles dont les revenus ne suffisent pas pour couvrir les dépenses quotidiennes, a assuré la Ministre. 

En Finlande, a relevé Mme Pekonen, le programme « Housing First » est fondé sur une idée simple: donner aux gens un logement permanent et les aider lorsqu’ils deviennent sans-abri.  Depuis le milieu des années 1980, traiter du sans-abrisme a été l’objet de programmes gouvernementaux successifs en Finlande.  Le pays a ainsi été le seul en Europe où le nombre des sans-abri a diminué.  Depuis 2008, a-t-elle poursuivi, la stratégie du Gouvernement s’appuie sur le programme « Housing First », qui a changé le paradigme et mis le logement en haut de la liste pour aider les sans-abri à reprendre pied dans la société.  À titre d’exemple, la Ministre a indiqué qu’au cours des dernières années, des hôtels ont été convertis en logements à long terme pour des sans-abri, avec l’aide de municipalités.  Il convient désormais d’élaborer des moyens pour améliorer leur intégration dans les quartiers, a-t-elle soutenu.  Avant de conclure, Mme Pekonen a cité les résultats d’une étude selon laquelle le logement à long terme permet de faire des économies de l’ordre de 15 000 euros par an, notamment en réduisant de moitié le recours à différents services.  De fait, a-t-elle souligné, mettre un terme au sans-abrisme est non seulement un droit moral mais aussi une nécessité rationnelle d’un point de vue économique. 

Mme LAURA-MARIA CRĂCIUNEAN-TATU, chargée de cours à l’Université Lucian Blaga de Sibiu, en Roumanie, et Vice-Présidente du Comité des droits économiques, sociaux et culturels, a souligné que les droits de l’homme dans le contexte du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, établissent un cadre normatif pour traiter les questions de logement.  La quasi-totalité de ces principes sont applicables au sans-abrisme notamment l’identification des groupes marginalisés et défavorisés, a-t-elle indiqué.  Elle a récusé l’adoption de mesures législatives et autres politiques qui priveraient les gens de leurs droits, soulignant que c’est aux États parties que revient l’obligation d’assurer l’accès aux mécanismes juridiques et d’adopter des mesures préventives pour protéger les personnes contre les violations de leurs droits.  Elle a ensuite parlé de deux décisions du Comité des droits économiques, sociaux et culturels concernant des questions liées au logement, y compris l’expulsion de locataires.  Le sans-abrisme doit être considéré et traité comme une violation des droits de l’homme, à savoir le droit à un logement, a-t-elle souligné.

M. DENNIS P. CULHANE, professeur à l’Université de Pennsylvanie, a fait l’historique de la lutte contre le sans-abrisme aux États-Unis, expliquant que celle-ci avait commencé sous la présidence de Barack Obama.  Une première initiative visait les anciens combattants et s’est soldée par une diminution de 50% des anciens combattants sans abri.  L’accent a également été placé sur les personnes devenues sans abri à la suite d’un choc.  Le Gouvernement peut ainsi leur octroyer une aide financière pour la location d’un logement ou trouver une autre solution à leur situation.  Depuis 2010, le sans-abrisme a baissé de 12% aux États-Unis, s’est-il félicité. 

Le panéliste s’est cependant inquiété du fait que 97% du marché de l’immobilier est aux mains des particuliers, et que le Gouvernement n’est pas en mesure d’en réglementer les prix.  De plus, les programmes de sécurité sociale ne marchent pas, a-t-il dénoncé.  L’autre problème est que les salaires sont très bas pour beaucoup d’Américains.  Selon M. Culhane, une approche basée sur des données scientifiques peut constituer une solution pour tirer les gens du sans-abrisme.  Toutefois, la sécurité sociale n’est pas suffisante pour protéger les gens du marché du logement aux États-Unis, a-t-il regretté. 

Mme MARISSA PLOUIN, spécialiste du logement à la Direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a insisté sur la nécessité de mesurer le sans-abrisme afin de pouvoir lutter contre ce problème.  Elle a expliqué que la façon de mesurer le sans-abrisme variait d’un pays à l’autre, ce qui rendait difficiles les comparaisons.  Elle a précisé que deux millions de personnes sont sans abri dans l’OCDE et que ce chiffre est certainement sous-estimé.  Elle a appelé à distinguer le sans-abrisme chronique, moins important mais plus visible, de celui qui est passager, plus important et moins visible.  Elle a souligné la diversité des situations en notant que le sans-abrisme des jeunes avait augmenté en Australie, Irlande et Nouvelle-Zélande mais diminuait au Danemark.  Elle s’est aussi inquiétée de l’augmentation de 50% de l’accueil de personnes âgées dans des abris entre 2005 et 2016 dans l’OCDE, notant le cas particulier de New York où le nombre de personnes âgées sans abri a triplé en 10 ans.  Si le sans-abrisme a décliné dans un quart des pays de l’OCDE au cours des dernières années, il a augmenté dans un tiers des pays, a-t-elle aussi signalé. 

Mme Plouin a ensuite indiqué que seulement 17 pays parmi les 42 de l’OCDE avaient une stratégie nationale de lutte contre le sans-abrisme.  Parmi les autres, 11 pays n’ayant pas de stratégie nationale disposent néanmoins de stratégies locales ou régionales.  Parmi les initiatives en matière de collecte de données et les outils de compréhension mis en place pour mieux comprendre la portée du sans-abrisme, elle a cité en exemple l’Australie, le Canada et l’Ecosse.  Elle a cité la Norvège comme exemple de prévention et félicité la Finlande, la France, le Danemark et les États-Unis pour leurs efforts visant à s’adapter aux différentes formes de sans-abrisme. 

M. EMEKA E. OBIOHA, professeur de sociologie à l’Université Walter Sisulu en Afrique du Sud, a insisté sur l’acuité du sans-abrisme en Afrique subsaharienne.  Il a rappelé que 55,3% de la population urbaine en Afrique subsaharienne vit dans des bidonvilles ou des zones inhabitables, alors que cette proportion est de 29,8% pour la population urbaine mondiale.  Le Nigéria compte ainsi 24,4 millions de sans-abri, tandis que 39% de la population urbaine du Ghana et 51% de la population urbaine du Togo vivent dans des bidonvilles.  En Namibie, la proportion est de 34%, la situation en Afrique du Sud étant encore pire.  Parmi les facteurs de cette situation, il a mentionné le taux de pauvreté important; l’acquisition de terres comme étant réservée aux riches; les conséquences de législations discriminatoires passées comme l’apartheid en Afrique du Sud; certaines pratiques culturelles excluant les femmes notamment; les conflits; les catastrophes naturelles et la cherté du logement dans les centres urbains.  Pour remédier à cette situation, M. Obioha a préconisé d’améliorer le système de prêt bancaire à des fins immobilières; de remédier aux difficultés d’acquérir du terrain pour construire des logements publics; de construire des dortoirs communautaires pour toutes les catégories de sans-abri, y compris les chômeurs et les enfants, ou encore de renforcer le partenariat avec le secteur privé pour des projets de logements sociaux. 

Mme JEAN QUINN, d’UNANIMA International, a fait observer que la question du sans-abrisme sous toutes ses formes a plutôt été ignorée jusqu’ici.  Les preuves sont là: les États ne font rien pour honorer leur obligation d’assurer des logements décents, faisant du sans-abrisme un des problèmes multisectoriels les plus dévastateurs.  UNANIMA International, a-t-elle rappelé, a été l’un des membres fondateurs du Groupe de travail contre le sans-abrisme, créé il y a deux ans et comptant désormais plus de 40 ONG.  Dans ce contexte, Mme Quinn a alerté sur le fait que le sans-abrisme des familles est un problème social qui s’aggrave.  Elle a cité l’exemple de l’Inde où plus de 73 millions de familles n’ont pas de logement décent, conformément d’ailleurs à la tendance mondiale.  Elle a dénoncé la féminisation du phénomène, comme l’a confirmé, l’année dernière, le Département américain du logement et du développement urbain: environ 6 personnes sans domicile fixe sur 10 sont des femmes.  En Australie, des études viennent de montrer que les femmes âgées forment le groupe des sans-abri qui croît le plus vite. 

Parmi les causes de la féminisation du sans-abrisme, Mme Quinn a cité la violence domestique, la traite, la mauvaise santé mentale, les déplacements dus aux conflits, l’absence de système de protection sociale, le manque de logements abordables, les expulsions ou encore l’impossibilité d’acquérir une carte d’identité.  Le plus grand nombre de sans-abri se trouve ainsi dans les pays les moins développés, les États faillis, les pays en conflit ou vulnérables aux catastrophes naturelles.  Pour pouvoir disposer de données fiables, a-t-elle estimé, il est impératif de s’entendre sur une définition internationale du sans-abrisme.  Sans cela, il serait tout simplement impossible de quantifier, de comparer ou de traiter efficacement du phénomène. 

En mars 2019 à Nairobi, les experts ont proposé la définition suivante: « le sans-abrisme est une situation dans laquelle une personne ou un ménage n’a pas un espace habitable, la sécurité d’un contrat de bail, des droits respectés ni la faculté de développer des relations sociales.  Le sans-abrisme est la manifestation de la pauvreté extrême et de l’échec d’une multiplicité de systèmes et des droits humains ».  C’est, a estimé Mme Quinn, une définition inclusive et holistique qui peut s’adapter au contexte social, culturel et économique de tous les États.  Prévenant que l’accès à un logement ne suffit pas à mettre fin au sans-abrisme, elle a voulu que l’on porte l’attention sur les bidonvilles et les habitations de fortune. 

Elle a d’ailleurs fait 10 recommandations et d’abord que les États honorent les engagements pris dans le Programme 2030, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention sur les droits de l’enfants, entre autres instruments internationaux.  Les États, a-t-elle aussi réclamé, doivent mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes, en s’appuyant sur l’approche droits de l’homme, et traiter du sans-abrisme des familles par des politiques qui répondent aux besoins spécifiques des femmes et des enfants, y compris des soins après le traumatisme engendré par une vie de sans domicile fixe.  Les États doivent également mettre en œuvre des politiques de protection sociale permettant aux femmes, aux enfants et aux familles de briser le cycle de la pauvreté.  Ils doivent rendre les financements nécessaires plus flexibles et collecter des données ventilées par sexe et par âge. 

Discussion interactive

Dans un premier temps, le Brésil a indiqué qu’au cours des 10 dernières années, le programme principal de fourniture de logements « Ma maison, ma vie » a été mis en œuvre dans 97% des communautés du pays et a permis de construire 7,3 millions d’appartements.  Malgré cela, le sans-abrisme touche des centaines de milliers de personnes au Brésil, bien que 90% de cette population ait été prise en charge dans des programmes et est maintenant incluse dans un registre visant à déterminer les politiques prioritaires.  Le Gouvernement a basé son intervention en la matière sur le principe du « Housing First » en l’adaptant au contexte brésilien.  Ce programme a été mis à l’essai dans trois capitales d’États brésiliens et les résultats montrent que ce modèle permet de mieux allouer les deniers publics et de rompre le cycle du sans-abrisme entre générations. 

« Le début de la solution est de considérer le logement comme un droit social », a fait valoir à son tour le Venezuela.  Quatre ans avant le lancement des objectifs de développement durable, une mission nationale pour le logement avait permis la livraison de trois millions de logements pour les plus vulnérables.  Cet effort, a déploré la délégation, a toutefois été rendu difficile par les mesures unilatérales prises par les États-Unis à l’encontre du Venezuela. 

L’Union européenne a souhaité savoir si disposer d’une définition agréée du sans-abrisme permettrait de réaliser la cible 11.1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cela, la panéliste de l’OCDE a répondu qu’une définition serait sans nul doute une contribution significative mais qu’elle dépendait toutefois des différentes formes de sans-abrisme.  Si nous avons tous une définition commune, un engagement commun en matière de typologie serait très utile, a-t-elle ajouté. 

La représentante du Maroc a dit vouloir en savoir davantage sur les moyens de prévention du sans-abrisme.  En outre, qu’en est-il de ce phénomène dans le monde arabe? s’est-elle interrogée, observant que cette question relève souvent du tabou.  Elle a aussi souhaité que l’on évoque les enfants qui vivent dans la rue, ce phénomène étant traité au rang de priorité par le Maroc. 

L’une des questions clefs est justement de déterminer pourquoi ces enfants sont devenues sans abri, a répondu la panéliste d’UNANIMA International.  Si l’on n’examine pas les familles sans abri, la prochaine génération sera celle des enfants sans abri, a-t-elle averti, estimant que les modèles fondés sur le principe « Housing First » permettent de rompre ces cycles. 

La Présidente de l’Institute of Global Homelessness a observé pour sa part que le phénomène des enfants sans abri varie selon les pays et les cultures.  Mais il faut veiller aux données collectées sur le sujet, notamment sur les enfants qui travaillent dans la rue, a-t-elle plaidé, précisant que plusieurs pays d’Amérique centrale et latine ont inscrit cet impératif dans leur stratégie contre le sans-abrisme. 

Évoquant la question de la prévention, la Ministre de la Finlande a souhaité qu’il y ait un consensus politique sur ce sujet.  En Finlande, a-t-elle relevé, le logement est un droit de la personne et mettre un terme au sans-abrisme implique une coopération entre les ministères concernés, la société civile et les autorités locales.  Ceci a permis d’appliquer de façon systémique le principe « Housing First » et d’obtenir des résultats.  Les gens ont besoin d’un logement à un prix abordable et un système est nécessaire pour les empêcher de perdre leur maison.  De même, un soutien est nécessaire pour aider les sans-abri à reprendre pied dans la société, a-t-elle expliqué. 

« On se concentre trop sur les questions structurelles et on néglige les facteurs humains », a estimé pour sa part le professeur de l’Université Walter Sisulu.  Si des enfants sont réellement sans abri, d’autres ont fugué, a-t-il expliqué, souhaitant que l’on n’amalgame pas les différentes questions liées au sans-abrisme: il y a le sans-abrisme classique et le sans-abrisme provisoire, et des données rigoureuses doivent permettre de les distinguer. 

Comment faire pour éviter la spéculation des terres notamment en zone urbaine, a demandé le Venezuela qui a également souhaité obtenir plus d’information sur « l’auto-construction » de logement.  Le professeur de l’Université Walter Sisulu a alors expliqué que dans certains pays d’Afrique subsaharienne, il existe des modalités d’accès au logement, notamment pour aider ceux qui ne peuvent apporter la somme initiale pour l’achat d’un terrain ou d’un logement.  Le marché est libre mais il convient de le réguler, de le modérer et de sortir les plus pauvres de leurs problèmes, a-t-il dit. 

La représentante d’une ONG a voulu savoir comment améliorer le système de données pour réduire les obstacles qui empêchent les différents organismes de travailler ensemble, suite à quoi le professeur de l’Université de Pennsylvanie a indiqué qu’aux États-Unis, un indicateur permet de coordonner en temps réel les informations sur les sans-abri.  Dans plusieurs juridictions est ainsi établi un lien entre les données sur les sans-abri, les données sanitaires et les programmes judiciaires.  Et il y a quelques semaines, il a d’ailleurs été suggéré d’utiliser des technologies mobiles pour envoyer des rappels aux sans-abri, les inciter à prendre des médicaments et rester en contact avec eux, a-t-il indiqué. 

Une autre représentante d’ONG a souhaité savoir qui pourrait renforcer le droit au logement pour les personnes âgées et les personnes handicapées face à la fraude et aux pratiques excessives du secteur immobilier, lesquelles vont à l’encontre des droits de la personne.  Les problèmes de ces gens sont en partie dus à l’absence de cadre législatif et réglementaire encadrant les droits des propriétaires face aux locataires vulnérables, a alors observé la panéliste de l’Université Lucian Blaga de Sibiu.  Et le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, via le protocole facultatif, est un partenaire important pour transmettre la bonne façon d’aborder ce problème. 

À son tour, le Sénégal a relevé que le sans-abrisme se présente différemment selon que l’on est dans un pays développé ou en développement.  Compte tenu de ces différences, il faudrait, selon elle, arriver à une définition consensuelle pour tenir compte au maximum de toutes les réalités. 

La représentante d’une ONG spécialisée dans la justice sociale a, quant à elle, constaté que les sans-abri sont parfois contraints de prouver leur situation ou leur handicap pour bénéficier d’une aide.  Comment sortir de ce cercle vicieux? a-t-elle demandé. 

Il y a trop d’obstacles en place qui empêchent les personnes sans abri d’être désignées comme telles, a déploré le professeur de l’Université de Pennsylvanie.  Beaucoup d’entre elles n’ont pas rempli le dossier idoine pour bénéficier d’une aide.  Aux États-Unis, a-t-il indiqué, une réforme récente permet de s’appuyer sur des témoignages, et des médecins ou des officiers de police peuvent aussi fournir une attestation confirmant qu’une personne est sans abri. 

Le représentant de ATD Quart Monde a voulu en savoir plus sur les façons dont les familles de sans-abri peuvent présenter leur expérience directement à des responsables politiques.  Cette question a été saluée par la panéliste d’UNANIMA International qui a reconnu qu’« on ne peut pas parler d’eux sans leur participation ».  Elle a ajouté que le groupe de travail d’ONG qu’elle préside présentera un rapport sur cette question demain.  On pourra entendre la voix des sans-abri, a-t-elle assuré. 

En sa qualité de modératrice, Mme Louise Casey a conclu ces échanges en souscrivant au besoin d’une définition du sans-abrisme. 

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