SC/14221

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud prévient que « le processus de paix vacille et nécessite une énergie renouvelée, un nouveau départ »

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), M. David Shearer, a fait état aujourd’hui de « quelques pas encourageants vers la paix » mais a prévenu que « le processus de paix vacille et nécessite une énergie renouvelée, un nouveau départ ».

Distanciation oblige, c’est chacun dans leur mission que les 15 membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux.  Le Directeur exécutif de « Community Empowerment for Progress Organization-CEPO », M. Edmund Yakani, a pris la parole après le Représentant spécial du Secrétaire général.

M. David Shearer a présenté les « quelques pas encourageants vers la paix exécutés depuis mars ».  Il a cité la formation du Gouvernement provisoire d’union nationale, la nomination de vice-présidents et d’un cabinet conjoint, et le rassemblement de troupes sur les sites d’entraînement pour la réunification.  Les gouverneurs doivent encore être nommés, a reconnu le Représentant spécial pour qui « ces nominations sont essentielles pour combler le vide de pouvoir ».

Le Chef de la MINUSS a alerté le Conseil de l’escalade du conflit avec la multiplication par quatre des incidents violents en deux ans.  Il a imputé cette situation à « l’absence d’un leadership national unifié », la violence étant utilisée pour régler les accords de pouvoir aux niveaux national et infranational.  « Le processus de paix vacille et nécessite une énergie renouvelée et un nouveau démarrage », a-t-il estimé.  M. Shearer a exhorté le Gouvernement provisoire d’union nationale à prendre des décisions conjointement au niveau de la présidence ou au niveau du gouvernement, dans ce qui doit devenir une habitude et non l’exception. 

Un gouvernement qui travaille ensemble, ont professé les États-Unis, peut immédiatement riposter aux flambées de violence partout dans le pays et voir dans la MINUSS et l’ONU des partenaires « précieux », non seulement dans le domaine de la sûreté et de la sécurité mais aussi dans celui de la lutte contre la COVID-19.  Un gouvernement qui travaille ensemble, ont-ils insisté, peut reconnaître le rôle essentiel des partenaires humanitaires.  « Nous n’accepterons plus aucun recul », ont averti les États-Unis.  Ils ont appelé l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à nommer le président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée car le leadership politique africain est essentiel pour faire avancer le processus de paix et mettre fin à la violence.  Seul un dialogue politique inclusif peut faire avancer le pays, a renchéri l’Afrique du Sud. 

Il est temps que le Conseil réagisse au manque de volonté politique des parties de mettre en œuvre l’Accord revitalisé du 12 septembre 2018 tout autant violé que l’Accord de cessation des hostilités du 21 décembre 2017 ou que la Déclaration de Rome, signée par le Gouvernement et l’Alliance de l’opposition du Soudan du Sud le 13 février 2020.  Le Directeur exécutif de « Community Empowerment for Progress Organization-CEPO », qui n’a pu masquer son impatience, a rappelé au Conseil les recommandations du Forum de la société civile du Soudan du Sud sur la protection des civils.  Le régime de sanctions reste indispensable, a tranché la France, avant que la Fédération de Russie n’estime que les progrès enregistrés jusqu’ici ne doivent rien à ces sanctions.  Le facteur déterminant, a-t-elle assené, a été la contribution des médiateurs régionaux et le Conseil doit procéder à un examen complet du régime de sanctions « pour l’adapter aux réalités sur le terrain ».

Sur le plan humanitaire, le Représentant spécial a indiqué que l’équipe de pays des Nations Unies vient de demander une enveloppe supplémentaire de 390 millions de dollars. 

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a insisté sur la dévastation que cause la pandémie de COVID-19 sur le peuple et l’économie du Soudan du Sud.  Même si 1 900 cas confirmés semblent peu, le nombre limité de dépistages ainsi que la stigmatisation sociale cachent la véritable ampleur du virus, selon lui.  Il a expliqué que, malgré une prise de conscience généralisée, peu de gens se soumettant au confinement car « ne pas travailler aujourd’hui signifie ne pas manger demain ». 

M. Shearer a craint avant tout les conséquences potentielles de la pandémie sur le système de santé déjà fragile.  L’interruption des vaccinations, des services de santé maternelle ou des traitements de routine pour les maladies curables comme le paludisme, la diarrhée et la pneumonie fera augmenter gravement le nombre de décès, qui seront probablement plus nombreux que les décès liés à la COVID-19, a pronostiqué le Représentant spécial qui a aussi suggéré que « pour garder les cliniques ouvertes, il est impératif que les agents de santé disposent d’équipements de protection individuelle ».  Déjà 86 agents de santé ont été infectés, a-t-il révélé en constatant que ces équipements sont rares et que les agents de santé ont peur.  Pendant ce temps, leurs salaires restent impayés, a encore déploré M. Shearer.  Alors que les experts prédisent un pic de la pandémie en juillet ou août, il a aussi prévenu qu’il y a peu de soins intensifs pour gérer les cas les plus graves. 

L’enjeu pour les Casques bleus et les humanitaires est de trouver l’équilibre entre leurs missions et le devoir de prendre soin de leurs personnels pour qu’ils puissent continuer leur travail, a fait remarquer le haut fonctionnaire.  Cela signifie que les patrouilles qui doivent interagir avec les populations locales doivent aller prioritairement dans les régions où des vies sont à risque.  Les efforts de la police des Nations Unies sont aussi plus ciblés.  « Nous demandons à nos troupes de prendre des risques pour faire leur travail, mais nous avons le devoir de nous assurer qu’elles sont bien équipées et que les risques qu’elles prennent sont nécessaires.  Si nous ne le faisons pas, nous pourrions perdre nos capacités opérationnelles et peut-être des vies », a précisé le Chef de la MINUSS. 

M. Shearer a ensuite présenté les « quelques pas encourageants vers la paix », depuis mars, comme la formation du gouvernement de transition, la nomination de vice-présidents et d’un cabinet conjoint, et le rassemblement de troupes sur les sites d’entraînement pour la réunification.  Il a jugé cela « positif », surtout si l’on compare à la situation il y a moins d’un an, lorsque la formation du gouvernement de transition semblait dans le doute et le retour de M. Riek Machar à Djouba était incertain.  Les gouverneurs doivent encore être nommés, mais les femmes doivent occuper au moins trois postes, a recommandé M. Shearer pour lequel « ces nominations sont essentielles pour combler le vide de pouvoir ». 

Venant à l’escalade du conflit avec des incidents violents multipliés par quatre en deux ans, le Représentant spécial a expliqué qu’elle est le résultat de l’impasse politique, combinée avec le confinement dû à la COVID-19.  À Jongleï, des centaines de civils ont été tués et plus de 60 000 personnes ont été déplacées, a-t-il indiqué.  Regrettant l’absence de leadership national unifié, qui aurait agi rapidement pour juguler ce conflit, il a constaté au lieu de cela que la violence avait été encouragée et utilisée pour régler les accords de pouvoir aux niveaux national et infranational.  « Ce cycle d’impunité continue d’alimenter de graves violations des droits de l’homme contre les civils.  Ces tensions se sont également transformées en émeutes entre différentes communautés vivant à l’intérieur des sites protection des civils. »

M. Shearer a également informé qu’un nouvel amendement au Plan de réponse humanitaire pour le Soudan du Sud décrit la détérioration de la situation, combinée à une hausse des prix des denrées alimentaires due aux retards de transport liés à la COVID-19.  Environ 7,4 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire, soit une augmentation de 1,6 million, y compris de nombreux citadins pauvres qui auparavant ne dépendaient pas de l’aide.  La semaine dernière, l’équipe de pays pour l’action humanitaire a lancé une demande supplémentaire de 390 millions de dollars à son plan initial pour répondre aux besoins supplémentaires. 

Avant d’énumérer ses trois recommandations, le Chef de la MINUSS a déclaré que la situation, aujourd’hui, aurait peut-être été plus sombre s’il n’y avait pas eu l’accord récent entre les parties sur la répartition des responsabilités étatiques.  « Le processus de paix vacille et il nécessite une énergie renouvelée et un nouveau démarrage », a-t-il affirmé. 

M. Shearer a alors recommandé au Gouvernement provisoire d’union nationale de prendre des décisions conjointement au niveau de la présidence ou au niveau du gouvernement, en souhaitant que cette méthode de travail devienne une habitude et non une exception.  Un gouvernement d’union agit dans le meilleur intérêt de tous les citoyens, quelle que soit leur identité ethnique, et doit agir collectivement et rapidement pour réduire les conflits dans les États.  Au sein d’un gouvernement d’union, les parties négocient leurs positions mais les décisions importantes comme celles relatives à la Constitution devraient rester conformes à l’accord de paix.  M. Shearer a aussi prôné des solutions collectives pour faire avancer les dispositions transitoires de sécurité afin que les soldats ne quittent plus les lieux en l’absence de vivres et d’approvisionnements. 

Comme autre recommandation, il a souhaité que les garants et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) restent activement engagés pour maintenir l’élan du processus de paix.  « Enfin, a prévenu M. Shearer, si la pandémie de la COVID-19 va frapper fort, la véritable menace pour le peuple du Soudan du Sud réside dans l’effondrement du système de santé déjà fragile.  Le message de l’ONU au gouvernement de transition et au peuple du Soudan du Sud, a-t-il terminé, est que les Nations Unies sont à vos côtés alors que nous traversons cette pandémie. »  « L’ONU, les partenaires humanitaires et les donateurs sont restés, et ensemble, nous sauvons et changeons des vies. »  En travaillant ensemble, nous pouvons vaincre la COVID-19 et, également, faire avancer le processus de paix afin que le Soudan du Sud puisse atteindre la paix et la prospérité durables, a-t-il espéré.

Le Directeur exécutif de « Community Empowerment for Progress Organization-CEPO », M. EDMUND YAKANI, a précisé que son organisation est membre du Forum de la société civile du Soudan du Sud, une coalition de plus de 200 entités œuvrant pour la paix, la liberté et le respect de la dignité humaine.  Cette coalition, en collaboration avec le centre CEASEFIRE, avait d’ailleurs transmis au Conseil de sécurité ses recommandations sur la protection des civils au Soudan du Sud.  M. Yakani a invité le Conseil à réagir au manque de volonté politique des parties de mettre en œuvre l’Accord revitalisé.  Il a rappelé qu’entre les mois de mai et juin 2020, les combats ont continué entre les forces gouvernementales et le Front du salut national dans les régions de Yei, Laniya et Morobo.  Ces combats ont entraîné la fuite des civils et des violations des droits de l’homme, y compris des pillages et des viols.  Il a rappelé que l’Accord de cessation des hostilités du 21 décembre 2017 et l’Accord revitalisé du 12 septembre 2018 ont été violés à plusieurs reprises.  Or personne n’a été tenu pour responsable.  La Déclaration de Rome, signée par le Gouvernement et l’Alliance de l’opposition du Soudan du Sud le 13 février 2020, a été violée à plusieurs reprises et gravement.  Ici encore, les responsables des violations jouissent d’une impunité totale, malgré les morts, les enlèvements, les cas de torture, les viols et les déplacements forcés.  L’orateur a demandé instamment au Conseil de sécurité d’insister sur la création immédiate du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et de l’autorité d’indemnisation et de réparation, et d’appuyer les efforts visant à renforcer le système national de justice pénale. 

Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, doit aussi demander à l’IGAD D’appuyer la sensibilisation des groupes armés à l’Accord de paix qu’ils ont eux-mêmes signé.  La paix et la stabilité, a insisté M. Yakani, exigent un certain degré de confiance entre les parties, afin qu’elles puissent travailler ensemble dans un même gouvernement.  Il a rappelé qu’une grande partie de la violence intercommunautaire est motivée politiquement et qu’elle vient de s’aggraver à cause de la concurrence entre les élites sur les ressources naturelles et de l’augmentation du nombre de vols de bétail.  Les divisions entre les communautés ethniques se sont tellement creusées qu’il nous est parfois difficile de coexister, a alerté M. Yakani.  Il a soutenu l’idée de faire participer les communautés au dialogue national et a exhorté le Conseil de sécurité à mobiliser un ferme appui aux initiatives locales de consolidation de la paix et à la création, en temps opportun, de la Commission vérité, réconciliation et apaisement, comme le prévoit l’accord de paix.

Cette paix exige de nous, Sud-Soudanais, que nous soyons honnêtes avec nous-mêmes, a-t-il reconnu, appelant le Conseil à réclamer le respect de la liberté d’expression et la libération des personnes détenues arbitrairement, tel que l’activiste des droits de l’homme Monday Moses.  Il a aussi encouragé le Conseil à faire pression sur les parties pour qu’elles achèvent la formation, en temps opportun, de l’Assemblée législative nationale et du Conseil des États, ainsi que la nomination des gouverneurs.  Le Conseil doit veiller à ce que le cessez-le-feu soit respecté par toutes les parties, a insisté M. Yakani, en plaidant pour la mise en place immédiate des institutions de justice transitionnelle spécifiées dans l’accord de paix de 2018, pour l’accès humanitaire et la sécurité des travailleurs humanitaires.  Le Conseil, a-t-il ajouté, doit soutenir la mise en œuvre du plan du Secrétaire général de l’ONU sur la prévention des violences sexuelles liées aux conflits et dénoncer la persécution injustifiée des journalistes et des militants.  Toutes les recommandations de la société civile sud-soudanaise sont contenues dans un document qui est sur la table du Conseil, a rappelé M. Yakani.  Le Soudan du Sud a pu connaître des avancées grâce à l’appui de la communauté internationale et il a encore besoin de son aide pour avancer, a-t-il conclu.

Le Viet Nam a dit qu’en dépit de la complexité de la situation au Soudan du Sud, la communauté internationale doit reconnaître les accomplissements importants des parties ces derniers mois.  La délégation a appelé ces dernières à résoudre les questions en suspens, dans la confiance et la compréhension mutuelle.  Les parties, a-t-il insisté ne devraient ménager aucun effort pour respecter les dispositions transitoires de sécurité, parce que ce processus est essentiel pour le bon fonctionnement du Gouvernement provisoire.  Le Viet Nam a voulu une participation accrue des femmes au processus de transition, avant de mettre en garde contre toute action susceptible de saper les efforts de paix.  Il a appelé à d’autres mesures pour lutter contre la violence intercommunautaire, y compris ses cause sous-jacentes.  À cet égard, a-t-il estimé, le rôle de la MINUSS dans la protection des civils reste important.  Compte tenu de l’impact de la COVID-19, des changements climatiques et des catastrophes naturelles, la délégation a appelé le Gouvernement provisoire et les autres parties à de faire de leur mieux pour promouvoir des moyens de subsistance durables auprès de la population.  Elle a aussi demandé la levée des sanctions « dès que les conditions le permettront ».

L’Indonésie s’est inquiétée des conséquences des limites aux déplacements imposées par le Soudan du Sud sur la liberté de circulation et les opérations de la MINUSS.  Elle a exhorté le Gouvernement à améliorer sa coopération avec la Mission dans la lutte contre la pandémie en particulier l’aide humanitaire et médicale.  Cette coopération doit assurer la sûreté, la sécurité et la santé des Casques bleus et du personnel de la Mission, a-t-elle aussi exigé.  La délégation a également souligné l’importance d’une réponse efficace et immédiate à la violence intercommunautaire nommément dans l’État de Jongleï.  Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de retour de la violence dans tout le pays, a insisté l’Indonésie.  Sur la nécessité d’accélérer le processus politique, la délégation a encouragé les parties à maintenir un dialogue qui inclut tout le monde.  La situation au Soudan du Sud exige une réponse immédiate et globale, a estimé l’Indonésie. 

L’Estonie s’est félicitée du récent compromis entre le Président Kiir et le Premier Vice-Président Machar concernant l’allocation des États et a encouragé les parties à mettre en œuvre les dispositifs de justice transitionnelle prévus par l’accord de paix.  Elle s’est déclarée alarmée par l’augmentation des violences intercommunales, qui sont perpétrées avec des armes et des tactiques militaires, et a appelé le Gouvernement à mener des enquêtes sur ces incidents et à traduire les responsables en justice.  La délégation a aussi jugé important de nommer comme gouverneurs des personnes n’ayant pas commis d’atteintes aux droits de l’homme.

Poursuivant, l’Estonie a dit être profondément préoccupée par la situation humanitaire catastrophique du pays, qui est aggravée par la pandémie.  Elle s’est notamment inquiétée du fait que 56% de la population n’a pas accès aux services de santé, de la surpopulation dans les camps, du manque d’accès à l’eau et de l’insécurité alimentaire qui règne.  Elle a appelé le Gouvernement à maintenir les flux d’aide humanitaire et de protection, notant que l’impact de la pandémie ne fait que croître.  La délégation a aussi prévenu que la pandémie ne doit pas être utilisée comme prétexte pour entraver la mise en œuvre du mandat de la MINUSS ou ralentir la mise en œuvre de l’accord de paix.  L’augmentation des violations de l’Accord sur le statut des forces est déplorant, a jugé la délégation, estimant inacceptable de refuser les vols d’évacuation sanitaire alors que les Casques bleus mettent en péril leur vie pour aider autrui.

La Tunisie a souligné que la propagation de la pandémie de COVID-19 au Soudan du Sud menace sérieusement d’inverser le cours positif du pays vers une paix inclusive et durable.  L’atténuation efficace de la pandémie de COVID-19 est essentielle pour les efforts de protection des civils, cruciale pour la mise en œuvre des principaux termes restants de l’Accord revitalisé et pour l’avancement du processus de paix, a estimé la délégation.  Elle s’est félicitée des mesures prises par le Gouvernement sud-soudanais pour lutter contre la pandémie, notamment la création d’une équipe spéciale, et a exhorté les partenaires internationaux à étendre l’assistance technique et médicale nécessaire qui, malheureusement, fait toujours défaut.

La Tunisie a salué l’engagement constant et crucial de l’IGAD dans la médiation entre les parties et pour garantir la mise en œuvre de l’accord de paix.  Elle s’est félicitée de voir se poursuivre le renforcement des capacités techniques de la MINUSS et a appuyé ses bons offices dans la promotion du processus de paix.  Compte tenu des restrictions liées à la pandémie imposées au fonctionnement de la MINUSS, il est important que la Mission puisse maintenir ses activités de sensibilisation et un engagement cohérent auprès des communautés, a estimé la délégation, et qu’elle puisse avoir un dialogue plus étroit avec le Gouvernement sud-soudanais. 

La Tunisie est fermement convaincue que le Soudan du Sud doit bénéficier d’un soutien international adéquat et souple, y compris de la part de ce Conseil, compte tenu des réalités difficiles de la transition sud-soudanaise.  Un engagement significatif du Conseil de sécurité au Soudan du Sud repose, selon elle, sur une réelle volonté de lever les sanctions.  Les sanctions devraient être considérées comme un outil coopératif plutôt que coercitif, a fait valoir la Tunisie, un outil qui vise à renforcer la confiance entre les parties sud-soudanaises et à promouvoir une paix et une croissance économique durables dans le pays.

La délégation a également insisté sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs structurels des conflits au Soudan du Sud, afin de prévenir la rechute dans la violence et les conflits, d’assurer le respect holistique des droits de l’homme et de jeter les bases d’une paix et d’un développement durables et inclusifs.

La République dominicaine a salué la décision du Président Salva Kiir d’établir une équipe spéciale de haut niveau pour combattre la COVID-19, dirigée par les premiers vice-présidents.  Cela montre ce qui peut être accompli quand le processus de paix avance, a estimé la délégation qui s’est toutefois dite préoccupée par la mise en œuvre « irrégulière » de l’accord de paix et de ses graves conséquences sur la population.  Elle a notamment déploré l’impasse politique qui entrave la nomination du leadership nécessaire à la lutte contre la COVID-19 au niveau local, ainsi que par l’escalade de la violence communautaire et la détérioration de la situation humanitaire.  La forte augmentation du nombre des cas confirmés de COVID-19 fait du Soudan du Sud l’un des pays au monde où le taux de transmission du virus est le plus élevé, alors que 56% de la population n’a pas accès à des soins de santé.  La délégation s’est également souciée de la prévalence de la violence sexuelle et de la situation des femmes confinées avec leurs agresseurs.  Elle a exhorté le Gouvernement à établir un tribunal spécialisé dans les violences sexuelles et sexistes.

Soulignant que la riposte à la COVID-19 ne doit pas se faire aux dépens de la mise en œuvre de l’Accord de paix, la République dominicaine a appelé les parties à accorder la priorité à l’Accord revitalisé et à poursuivre leurs négociations de bonne foi.  Elle a également exhorté le Gouvernement à cesser de violer l’accord sur le statut des forces et d’imposer des restrictions au mouvement du personnel de la MINUSS.

Sur la situation politique au Soudan du Sud, l’Afrique du Sud a encouragé toutes les parties à travailler ensemble pour concrétiser l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit.  La délégation a exhorté le Gouvernement à rester ferme et à continuer d’utiliser tous les moyens nécessaires pour achever la mise en place des mécanismes et commissions prévus dans l’Accord.  Cet accord, a estimé l’Afrique du Sud, est le seul mécanisme qui contribuera à créer un environnement propice à un dialogue constructif et les processus démocratiques nécessaires pour œuvrer en faveur d’une paix et d’un développement durables au Soudan du Sud.  Elle a ajouté que seul un dialogue politique inclusif, en particulier l’intégration des femmes, peut faire avancer le pays et garantir la représentation de l’ensemble de la population.  Il faut en outre briser l’impasse dans la nomination des gouverneurs et répondre à la violence intercommunautaire qui sape les progrès réalisés pour stabiliser la situation sécuritaire. 

La communauté internationale devrait soutenir le Soudan du Sud de manière unifiée, a plaidé l’Afrique du Sud, étant donné l’impact de la COVID-19 sur la situation économique qui limite encore plus les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord.  Concernant la situation humanitaire et les conséquences de la COVID-19, l’Afrique du Sud a prié la communauté internationale de contribuer aux programmes de développement et de reconstruction d’après conflit, de soutenir les efforts pour rapatrier et réinstaller les personnes déplacées et les migrants de retour au Soudan du Sud, et de rebâtir les moyens de subsistance communautaires.  Quant au Gouvernement, il doit permettre un accès sans entrave aux organismes humanitaires de l’ONU dans les zones vulnérables, a demandé la délégation.

Le Royaume-Uni a rappelé qu’en mars les membres de ce Conseil avaient unanimement félicité les parties sud-soudanaises pour leur leadership.  Le monde a changé au cours des trois derniers mois, la COVID-19 touchant tous les pays, y compris le Soudan du Sud, a ajouté la délégation qui s’est dite vivement préoccupée par les risques que le virus pose pour les personnes déplacées, y compris sur les sites de protection des civils.  Le Royaume-Uni a espéré que le Gouvernement fera son possible pour contrer la propagation du virus.  La délégation a aussi souligné les risques pour le personnel de la MINUSS et appelé le Secrétariat à prendre toutes les mesures médicales nécessaires, y compris d’évacuation, afin que la Mission puisse continuer à s’acquitter de son mandat. 

Le Royaume-Uni s’est dit très préoccupé par la recrudescence de la violence, des milliers de Sud-Soudanais ayant été tués ou blessés depuis le début de l’année, et récemment dans l’État de Jongleï en mai.  Les violences dans la région de l’Équatoria découlant de la rupture du cessez-le-feu ont causé le déplacement de centaines de personnes, a poursuivi la mission.  Elle a aussi mentionné de consternantes allégations de violence sexuelle commises par toutes les parties.  En conséquence, elle a appelé le Gouvernement de transition à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix et à prendre les décisions difficiles nécessaires.  Les retards dans la nomination des gouverneurs des États créent des vides de pouvoir de nature à alimenter la violence, a remarqué le Royaume-Uni.  Le Gouvernement doit aussi avancer sur les arrangements sécuritaires transitoires, mieux contrer les discours de haine et la désinformation et lutter contre l’impunité, a conclu le Royaume-Uni.

La Fédération de Russie a estimé que le Soudan du Sud fait face à des défis sans précédent et s’est dite « convaincue » que la tâche de la communauté internationale, y compris du Conseil de sécurité, est de fournir aux Sud-Soudanais le soutien nécessaire.  Elle a jugé important que les parties s’exercent à résoudre leurs différends par le dialogue.  Pour la Fédération de Russie, l’accord de partage des postes de gouverneur dans les 10 États offre l’occasion de calmer la situation, de lever les obstacles au processus de paix et de créer les conditions nécessaires à la réduction des violences intercommunautaires.  La délégation a estimé « qu’il ne faut pas mettre la pression sur Djouba ».  Elle a souligné que les progrès enregistrés jusqu’ici ne doivent rien aux sanctions ou aux mesures unilatérales.  Le facteur déterminant, a-t-elle dit, a été la contribution des médiateurs régionaux.  Le Conseil, a-t-elle demandé, doit procéder à un examen complet du régime de sanctions « pour l’adapter aux réalités sur le terrain ».

Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué la décision prise, il y a exactement cinq mois, par les dirigeants du Soudan du Sud de former le Gouvernement provisoire d’union nationale.  Cette décision louable demeure essentielle pour le rétablissement de la paix, de la stabilité et du développement durable, a estimé la délégation qui a exhorté toutes les parties à intégralement mettre en œuvre l’Accord revitalisé.  Il reste à relever d’importants défis, a noté la délégation, en particulier les dispositions transitoires en matière de sécurité, la nomination des gouverneurs, la création de l’Assemblée législative nationale de transition et l’adoption d’une constitution permanente.  La délégation a mis en exergue l’importance de respecter le quota de 35% de femmes au Gouvernement, comme prévu dans l’Accord revitalisé.

Elle s’est inquiétée de l’intensification des conflits intercommunautaires, des attaques contre les groupes vulnérables, comme l’enrôlement forcé des enfants, les violences sexuelles et les menaces posées aux déplacées.  Elle a également insisté sur l’importance d’établir des institutions solides capables de garantir la sécurité des civils et d’assurer la bonne gouvernance.  Elle a insisté sur l’opérationnalisation du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud.  Également préoccupée par la situation humanitaire, exacerbée par la pandémie de COVID-19 et les problèmes socioéconomiques, la délégation a demandé la levée ou l’assouplissement des mesures coercitives unilatérales.  Elle a d’ailleurs noté que le Plan de réponse humanitaire 2020 n’est financé qu’à 30%.  Elle a aussi plaidé pour des ressources techniques et financières accrues en faveur de l’Union africaine, de l’IGAD, de la Stratégie nationale de développement (2018-2021) et de la Vision 2040 du Soudan du Sud.

Le Niger a exhorté le Gouvernement et l’opposition à faire plus de compromis pour rendre l’exécutif plus efficace tout en respectant le quota de 35% pour les femmes conformément à l’Accord revitalisé de novembre 2018.  La délégation a déploré le manque de coordination au niveau de l’État et le désaccord sur la nomination des gouverneurs.  Elle s’est dite préoccupée par la grave situation humanitaire et a appelé les parties à faire de la mise en œuvre de l’accord de paix la priorité.  La nomination du président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation revitalisée contribuerait à renforcer le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et les dispositions transitoires de sécurité, a estimé le Niger qui a appelé les parties à soutenir la MINUSS, afin qu’elle puisse continuellement fournir aux autorités l’assistance technique nécessaire pour renforcer les mécanismes nationaux de surveillance et soutenir efficacement la mise en œuvre de l’accord de paix.

Pour les États-Unis, le peuple du Soudan du Sud est confronté à la fois à la montée de la violence et à la pandémie de COVID-19.  La délégation s’est dite préoccupée par la violence dans l’État de Jongleï qui a provoqué la mort d’au moins 600 personnes cette année et l’enlèvement de 150 femmes et filles.  Elle a dénoncé les retards dans le processus de paix et demandé que la nomination des gouverneurs et la mise en œuvre des dispositions transitoires de sécurité se fassent dans les plus brefs délais.  La priorité doit être la participation effective des femmes et les programmes humanitaires existants doivent se poursuivre même face aux problèmes supplémentaires posés par la COVID-19.  Nous ne pouvons accepter, ont prévenu les États-Unis, que le Gouvernement se serve du virus pour restreindre la liberté de mouvement de la MINUSS et refuser les évacuations médicales par voie aérienne.  « Cela doit cesser et cesser maintenant », a tonné la délégation.  Elle a dit attendre avec intérêt de voir comment l’ONU protège les membres de son personnel infectés par le virus. 

Les États-Unis ont demandé des mesures supplémentaires pour rendre opérationnel le Gouvernement provisoire d’union nationale.  « Nous n’accepterons plus aucun recul », ont-ils averti.  Ils ont aussi appelé l’IGAD à nommer le président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée car le leadership politique africain est essentiel pour faire avancer le processus de paix et mettre fin à la violence.  Les dirigeants du Soudan du Sud, ont-ils lancé, doivent travailler comme un seul gouvernement au service de l’intérêt du peuple.  Un gouvernement qui travaille ensemble peut immédiatement riposter aux flambées de violence partout dans le pays et voir dans la MINUSS et l’ONU des partenaires « précieux », non seulement dans le domaine de la sûreté et de la sécurité mais aussi dans celui de la lutte contre la COVID-19.  Un gouvernement qui travaille ensemble, ont insisté les États-Unis, peut reconnaître le rôle essentiel des partenaires humanitaires.  Malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui, ont regretté les États-Unis, en voyant dans la pandémie une chance de renforcer la coopération entre tous les acteurs du gouvernement de transition. 

Pour la France, les mesures de lutte contre la COVID-19 ne doivent pas avoir pour conséquence de limiter l’accès humanitaire ni la mobilité de la MINUSS.  Les violations de l’Accord sur le statut des forces entre l’ONU et le Gouvernement de la République du Soudan du Sud au cours de ces derniers mois, ainsi que les récentes attaques contre le personnel humanitaire, ne sont pas tolérables, a protesté la délégation pour qui la protection des civils, y compris celle des personnels humanitaires et médicaux, est une obligation qui s’impose à tous.  La Franca a appelé le Gouvernement à prendre des mesures pour combattre les discours de haine et les appels à la violence qui visent le personnel onusien.  Elle a ajouté que l’augmentation des violences intercommunautaires depuis le début de l’année est également très inquiétante, demandant que les violences sexuelles et les violences contre les enfants soient traitées sur le plan judiciaire.  La mise en place du Tribunal mixte, prévue par l’Accord, doit contribuer à lutter contre l’impunité et à réduire l’ampleur de ces violences, a estimé la délégation française qui a rappelé que le régime de sanctions reste indispensable pour lutter contre ces violences, limiter la prolifération des armes et dissuader les auteurs de violations des droits de l’homme. 

La France a appelé le Gouvernement provisoire à ne ménager aucun effort pour mettre en œuvre l’Accord revitalisé, car le processus de paix doit se poursuivre, malgré les contraintes fortes liées à la pandémie de COVID-19.  Un accord sur la répartition des sièges de gouverneur est urgent, a indiqué la France arguant que le manque d’autorités au niveau local favorise les violences intercommunautaires.  Des progrès sur les arrangements sécuritaires sont également attendus.  Par ailleurs, ce processus de paix doit progresser dans le respect des libertés fondamentales, notamment pour les journalistes et la société civile.  Il doit aussi associer pleinement les femmes et les jeunes, a encouragé la France. 

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