En cours au Siège de l'ONU

SC/14204

Conseil de sécurité: les opérations de paix de l’ONU face à la pandémie de COVID-19

La réunion annuelle du Conseil de sécurité sur les opérations de paix de l’ONU a été l’occasion, aujourd’hui, pour les commandants des Forces des Missions au Mali et au Soudan du Sud, et la commandante adjointe de la Force chargée d’observer le désengagement des troupes israéliennes et syriennes, de faire le point sur le défi commun qu’ils doivent désormais relever: la pandémie de COVID-19.

Comme tous les pays du monde, les opérations de paix sont confrontées à la COVID-19, a souligné le Secrétaire général adjoint à ces opérations.  Attristé par le décès de deux collègues de la Mission au Mali, les premiers à succomber au virus, M. Jean-Pierre Lacroix a précisé que la riposte vise quatre objectifs: protéger le personnel et sa capacité à poursuivre les opérations critiques; enrayer la propagation de la COVID-19 et atténuer ses effets; aider les autorités nationales dans leur réponse à la pandémie; et protéger les communautés vulnérables tout en mettant en œuvre les mandats.

En raison du confinement imposé par la pandémie de COVID-19, le Conseil de sécurité se réunit grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour lui.  Outre le Chef du Département des opérations de paix, ses membres ont ainsi pu dialoguer avec le commandant de la force de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le général Dennis Gyllensporre; celui la Force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), le général Shailesh Tinaikar; et la commandante adjointe de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), la générale Maureen O’Brien.

Ces trois commandants en ont profité pour détailler les mesures prises au sein de leurs forces respectives pour juguler la propagation du virus.

Ainsi, la Force de la MINUSMA privilégie une politique de quarantaine stricte, la hiérarchisation des opérations aériennes et la diminution des interactions avec la population lors des patrouilles.  Pour autant, la Force ne se tient pas en retrait et continuera ses opérations, bien qu’à une moindre échelle et en se concentrant sur les priorités de son mandat, a assuré le commandant Gyllensporre. 

De son côté, le commandant de la Force de la MINUSS a reconnu la nécessité de s’adapter et de suivre une « nouvelle discipline » qui repose notamment sur l’installation de dispositifs de lavage des mains, la distribution d’équipements de protection individuelle au personnel militaire ainsi que la création d’installations de traitement et d’isolement.  À cela s’ajoutent des évaluations sanitaires quotidiennes pour les cas suspects et l’observation médicale, 14 jours durant, des troupes de retour d’opérations quand elles ont été en contact avec la population.

Au Soudan du Sud, le commandant Tinaikar a également expliqué que les patrouilles et la présence des Casques bleus dans les zones peuplées avaient été réduites.  De plus, lorsque la présence des troupes est obligatoire, notamment dans les camps de protection des civils, les procédures ont été modifiées pour favoriser des patrouilles mobiles et des mesures permettant la distanciation.

La commandante adjointe de la FNUOD qui, à ce jour, n’a enregistré aucun cas positif du virus, a indiqué que la pandémie avait eu peu d’impact sur la capacité de la Force à mettre en œuvre son mandat.  Un plan d’action détaillé est mis en œuvre depuis le mois de mars pour permettre à la Force de maintenir sa capacité opérationnelle tout en limitant la propagation du virus en son sein.  Des centres de quarantaine et d’isolement ont par ailleurs été identifiés dans les camps de Faouar et de Ziouani et du matériel médical spécialisé a été obtenu.  La commandante a toutefois signalé que l’hôpital de la FNUOD a uniquement la capacité de traiter les cas bénins de COVID-19 et que les cas plus graves nécessiteront une prise en charge médicale dans le pays d’origine ou dans un centre de l’ONU.

La nécessité d’améliorer le système d’évacuation médicale des Casques bleus et de veiller au déploiement d’installations médicales appropriées et de personnel qualifié a été mise en évidence par la Chine, qui a également appelé à ajuster la politique de rotation en fonction de l’évolution de la pandémie.  De son côté l’Indonésie a estimé que « l’une des leçons que nous devons tirer de la pandémie actuelle est l’importance de la formation et du renforcement des capacités des soldats de la paix, notamment en matière de soins médicaux de base et de santé communautaire ».

L’Afrique du Sud -qui parlait aussi au nom du Niger, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de la Tunisie- a encouragé les commandants des Forces à empêcher toute transmission du virus des Casques bleus aux populations civiles, au risque, a-t-elle prévenu, de ternir considérablement la réputation des missions et d’aggraver « le sentiment anti-international que l’on voit dans certains théâtres d’opérations ».

Plusieurs délégations, dont celles de la Belgique et des États-Unis se sont préoccupées de l’impact des mesures de distanciation sociale sur l’engagement des missions, notamment pour la MINUSMA, ainsi que sur les opérations menées par la MINUSS dans les sites de protection des civils.  Le Royaume-Uni s’est soucié, pour sa part, des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les voies d’évacuation sanitaire.

La Fédération de Russie s’est préoccupée du risque que la pandémie soit utilisée comme prétexte pour entraver les développements positifs sur le terrain, voire même les processus politiques.  La délégation a donc jugé vital de continuer à encourager les parties à trouver des solutions politiques et à progresser vers la réconciliation nationale malgré les difficultés pandémiques temporaires.  « L’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général constitue une très bonne base pour de tels efforts. »

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a déclaré qu’au moment où le monde affronte le défi de la COVID-19, il en va de même pour le maintien de la paix.  Il s’est dit à cet égard attristé par le décès de deux « collègues  » de la MINUSMA des suites de la COVID-19, les premiers à décéder de cette cause. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite affirmé qu’au cours des derniers mois, les opérations de maintien de la paix ont démontré leurs capacités à s’adapter au nouveau contexte imposé par la pandémie.  Il a précisé que la riposte vise quatre objectifs : protéger le personnel et sa capacité à poursuivre les opérations critiques ; enrayer la propagation de la COVID-19 et atténuer ses effets; appuyer les autorités nationales dans leur réponse; et protéger les communautés vulnérables tout en mettant en œuvre les mandats. 

M. Lacroix a par ailleurs indiqué que l’Action pour le maintien de la paix demeure le cadre organisationnel adéquat pour le renforcement du maintien de la paix de l’ONU.  En raison de la pandémie, les priorités ont été redéfinies afin de mettre l’accent sur des objectifs précis, a-t-il expliqué.  En outre, la mise en œuvre des plans d’adaptation des forces de la MINUSMA et de la MONUSCO se poursuit, ceux-ci étant indispensables pour l’efficacité opérationnelle.

Le général de corps d’armée Dennis Gyllensporre, Commandant de la Force de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a indiqué qu’il commande la Force depuis deux ans et s’est dit fier de ce que la Mission a accompli.  Malgré les nombreux défis qui subsistent, il a rappelé plusieurs développements positifs dans le champ sécuritaire, à commencer par le déploiement de l’armée reconstituée, qui représente un pas essentiel vers une présence de l’État dans le nord du Mali et dans l’application de l’Accord de paix.  À Gao et Tombouctou, la MINUSMA a remis les sites des mécanismes opérationnels de coordination aux Forces armées maliennes et les unités reconstituées ont mené des patrouilles et des opérations sécuritaires rudimentaires.  Néanmoins, le déploiement, symboliquement important, du dernier élément à Kidal a dû être stoppé en raison de désaccords.  Notant les négociations actuelles dirigées par la MINUSMA au sein de la Commission technique de sécurité, il a dit se préparer à escorter cette unité à Kidal, bien qu’aucune décision n’ait pas encore été prise.

Le processus de désarmement, démobilisation et réintégration doit commencer le 5 juin, après l’accord obtenu au sein de la Commission la semaine dernière, a poursuivi le Commandant.  Un jalon pour le rétablissement de l’autorité de l’État dans la zone des trois frontières a été le redéploiement d’une compagnie des Forces maliennes à Labezanga.  M. Gyllensporre a salué l’importance symbolique de ce redéploiement puisqu’il s’agit d’un des trois camps d’où les Forces maliennes s’étaient retirées à la fin de l’année dernière, la MINUSMA ayant assuré le maintien de la sécurité depuis.  La protection des civils étant au cœur de ses efforts, la Force a répondu à plusieurs attaques et menaces en envoyant troupes et hélicoptères et en permettant probablement d’éviter un carnage, même si des victimes ont été à déplorer.  Le commandant a noté une réduction de la violence dans les zones où la Force mène des patrouilles au moins bimensuelles.   « Néanmoins, en raison des distances, du terrain difficile et du nombre d’attaques, il est évident que la configuration et la posture actuelles ne sont pas adaptées. » 

S’agissant de la COVID-19, le Commandant a indiqué que la Force a mis en place plusieurs mesures préventives pour juguler la propagation du virus, avec une politique de quarantaines strictes, une hiérarchisation des opérations aériennes et une diminution des interactions avec la population lors des patrouilles.  Malgré ces mesures, la Force ne se tient pas en retrait et continuera ses opérations, bien qu’à une moindre échelle, et en se concentrant sur les priorités de son mandat.

L’adaptation, qui est cruciale, a déjà commencé, a poursuivi le commandant, en détaillant les efforts pour une meilleure performance.  Afin de s’adapter, l’accent doit être mis sur la recherche d’un juste équilibre entre les fins, les modes et les moyens.  Les fins sont celles fixées par le mandat conféré par le Conseil, tandis que, s’agissant des modes d’opération, la Force continue de s’adapter à une posture proactive caractérisée par la mobilité, la flexibilité et l’agilité.  M. Gyllensporre a ainsi expliqué que les unités conduisent des opérations pendant un mois avant de regagner leur base.  Les unités d’infanterie sont déployées de manière continue et sont présentes dans des endroits principaux, en utilisant des bases opérationnelles temporaires. 

Ces opérations doivent avoir les capacités requises et pour pleinement mener à bien le concept d’adaptation, la Mission a besoin d’équipements supplémentaires et d’unités d’hélicoptères armés, mais aussi de l’engagement de toutes les parties prenantes à maintenir le rythme et les capacités de mise en œuvre.  À cette fin, la Mission doit recevoir les ressources nécessaires pour permettre des changements d’infrastructures et des opérations aériennes supplémentaires, a-t-il insisté. 

« Nous devons avoir confiance en nous, être proactifs et répondre partout de manière immédiate et robuste.  La Force n’est pas et ne sera jamais une unité contreterroriste.  Néanmoins, nous devons être capables de protéger les civils, peu importe qui est l’agresseur », a souligné le commandant.  Mon devoir, a-t-il dit, est de protéger les soldats de la paix contre les attaques, en particulier dans et autour des bases et lors des convois logistiques.  La MINUSMA a perdu six soldats le mois dernier et plus récemment deux Casques bleus ont succombé à la COVID-19.  La Mission, dans le contexte difficile qui est le sien, continuera de mettre en œuvre l’Accord de paix, de protéger les civils dans les zones dangereuses et peuplées, de permettre à ses partenaires d’améliorer la sécurité et de rehausser sa posture afin de répondre aux objectifs de long terme tout en restant suffisamment flexible pour répondre aux contingences de court terme, a conclu le Commandant.  

Le général de corps d’armée, SHAILESH TINAIKAR, commandant de la force de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud(MINUSS), a indiqué que la COVID-19 représente un défi, car il faut notamment éviter les infections tout en poursuivant la mise en œuvre du mandat.  Il a été nécessaire d’informer, de s’adapter et de suivre une «  nouvelle discipline  » et plusieurs mesures ont été adoptées à cette fin, a-t-il indiqué.  Il a notamment cité l’installation de dispositifs de lavage de mains; la distribution d’équipements de protection individuelle au personnel militaire; la création d’installations de traitement et d’isolement ainsi que la promulgation de protocoles pour l’isolement et la mise en quarantaine.  À cela s’ajoute des évaluations sanitaires quotidiennes pour les cas suspects et l’observation médicale, 14 jours durant, des troupes de retour d’opérations où elles ont été en contact avec la population, entre autres.  

Des mesures d’atténuation ont également été adoptées, à commencer par la réduction des patrouilles et de la présence des soldats dans les zones peuplées. Lorsque la présence des troupes est obligatoire, notamment dans les camps de protection des civils, les procédures ont été modifiées pour favoriser des patrouilles mobiles et des mesures permettant la distanciation.  Il a aussi indiqué que les troupes responsables de la «  protection statique  » dans les camps de protection de civils avaient été réduites jusqu’à 60% afin de disposer de contingents face aux menaces de protection.  

Le commandant de la force a ensuite détaillé la méthodologie employée pour répondre à la violence intercommunale qui frappe de nombreuses régions du pays. Des équipes intégrées interviennent de manière proactive auprès des dirigeants communautaires et des autorités pour atténuer les tensions.  Des troupes sont déployées sur le terrain dans des bases temporaires pour une durée allant jusqu’à trois mois et des patrouilles sont effectuées dans les zones en proie au conflit afin d’y renforcer la confiance, de dissuader la violence et d’encourager le retour des déplacés.  Des activités de sensibilisation visent également à informer la population des mesures de prévention face à la COVID-19. 

Le général Tinaikar s’est ensuite préoccupé de l’impossibilité de prévoir les lieux et dates des prochains incidents, citant notamment l’affrontement qui a opposé le 16 mai, «  plus tôt que prévu  », les Murles et les Nuers à Jonglei.  Il a aussi insisté sur la nécessité de bien équiper les troupes avant de souligner la nature complexe du conflit. 

Il a en outre fait savoir que les troupes opèrent depuis les bases temporaires avec un appui minimal, pour ensuite signaler que les opérations terrestres se voient réduites pendant la saison des pluies, de mai à novembre, et que la météo oblige également à diminuer considérablement les opérations menées par hélicoptères.  Une évaluation des équipements et des capacités d’autonomisation des troupes est nécessaire, a-t-il indiqué.  Par ailleurs, des améliorations précises ont été réalisées en ce qui concerne la sécurité des bases et la création, en temps voulu, d’installations pour l’isolement et les mises en quarantaine. 

La générale de brigade Maureen O’Brien, commandante adjointe de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), a déclaré que depuis mars 2020, la Force a mis en œuvre un plan d’action détaillé pour maintenir sa capacité opérationnelle et limiter la propagation du virus en son sein.  L’équipe de gestion de la crise de COVID-19 se réunit chaque semaine pour discuter des nouvelles mesures de contrôle et des conseils de l’ONU et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Les restrictions sont levées en Syrie et en Israël mais une analyse des risques est en cours sur les projets qui impliquent l’entrée des civils dans les camps.  Des centres de quarantaine et d’isolement ont été identifiées dans les camps de Faouar et de Ziouani et du matériel médical spécialisé a été obtenu.  La commandante a indiqué l’hôpital de niveau 1 de la FNUOD a la capacité de traiter les cas bénins de COVID-19, mais les cas plus graves nécessiteront une prise en charge médicale dans le pays d’origine ou un centre de l’ONU.  À ce jour, la FNUOD n’a enregistré aucun cas positif, grâce aux mesures de précaution prises par chacun des 1 016 militaires et 52 civils du personnel. 

La pandémie, a donc eu peu d’influence sur la capacité de la Force à mettre en œuvre son mandat.  En Syrie, le couvre-feu et les restrictions au mouvement entre les provinces ont été levées, ce qui a permis la reprise des  patrouilles nocturnes.  En outre, l’inspection des positions militaires syriennes dans la zone de limitation du côté B, qui avaient été interrompues pour des raisons de sécurité, pourraient reprendre par étapes.  Dans le Golan occupé, côté A, la plupart des restrictions ont également été levées.  L’inspection côté Alpha pourrait recommencer bientôt.  L’ouverture des frontières et des points de passage, a poursuivi la commandante, permettra à la FNUOD de jouir de la liberté de mouvement prévue par l’Accord sur le désengagement des forces de 1974.  La reprise des rotations est également planifiée.  

En attendant, a poursuivi Mme O’Brien, les officiers de liaison de la FNUOD ont communiqué avec les deux parties et ont organisé des visioconférences avec les ambassades des pays contributeurs de contingents.  Dans la zone B, en dépit des restrictions, la FNUOD continue de faire des progrès dans les plans de mise en œuvre du mandat dans le secteur bravo.  Après les phases 1 et 2 dudit plan, la phase de consolidation a commencé le 19 octobre dernier lorsque le contingent uruguayen a atteint sa pleine capacité opérationnelle dans le sud de la zone tampon.  La FNUOD a désormais accès à plus de 95% de cette zone. 

La commandante n’a pas pour autant caché les violations de l’Accord sur le désengagement lorsque les forces israéliennes ont attaqué des cibles en Syrie, le 30 avril dernier par exemple.  Parmi les autres violations, elle a cité la présence d’équipements militaires non-autorisés dans la zone d’armements limités et un nombre croissant d’avions et de drones au-dessus de la zone tampon où sont également présentes les forces armées syriennes, sans compter les nombreux civils qui traversent quotidiennement la ligne de cessez-le-feu.  Après avoir attiré l’attention sur la détérioration de la situation dans la province de Deraa, Mme O’Brien a déclaré: « Malgré l’environnement difficile dans lequel nous opérons actuellement, la FNUOD continuera de s’acquitter de son mandat avec impartialité ».  

S’adressant également au nom du Niger, de Saint Vincent-et-les Grenadines, de la Tunisie, l’Afrique du Sud a noté avec préoccupation la nature changeante des menaces à la paix et à la sécurité internationales et les environnements complexes, instables et dangereux dans lesquels les opérations de paix travaillent, y compris leur exposition croissante à des menaces asymétriques.  La délégation a pris l’exemple des Missions au Mali, en Somalie et en République démocratique du Congo, cette dernière étant celle qui a connu le plus grand nombre de victimes.  Les Casques bleus deviennent en effet de plus en plus vulnérables aux attaques ciblées. Il est donc urgent de les doter de technologies modernes et intelligentes pour leur permettre de contrer toute attaque.  Passant à la lutte contre la COVID-19, la délégation a encouragé les commandants des Forces à empêcher toute transmission du virus, des Casques bleus aux populations civiles, au risque de ternir considérablement la réputation des Missions et d’aggraver le sentiment anti-international que l’on voit dans certains théâtres d’opérations.  La délégation a demandé aux missions qui ont connu des succès en la matière, de partager leurs expériences avec les autorités nationales.  

Pour ce qui est de la performance des opérations de paix, l’Afrique du Sud a estimé qu’elle doit être évaluée équitablement à la lumière d’éléments concrets.  Elle a fait état de ses mesures contre les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par ses troupes.  Il faut, a-t-elle ajouté, mieux sensibiliser les soldats de la paix à la culture des pays dans lesquels ils opèrent pour les malentendus et mobiliser le soutien des communautés locales.  Il faut aussi déployer plus de femmes militaires et policières, y compris dans des postes de direction, a conclu l’Afrique du Sud, en plaidant une nouvelle fois pour le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales. 

Selon l’Indonésie, le maintien de la paix est l’action la plus visible des Nations Unies sur le terrain, et elle montre que l’ONU a fait son travail.  La délégation s’est félicitée du fait que l’Indonésie compte des femmes soldats de la paix à la MINUSMA et à la MINUSS, avant de rendre hommage aux nombreux Casques bleus tombés au combat, ainsi qu’à tous les commandants de la Force «  pour leur leadership exemplaire  ». 

L’Indonésie s’est dite profondément préoccupée par le nombre croissant de cas de COVID-19 et de décès chez les soldats de la paix, demandant ainsi instamment au Secrétariat de renforcer encore la capacité de soutien médical des missions.  En pleine épidémie de COVID-19, la délégation a indiqué que les missions doivent hiérarchiser leurs activités et leurs ressources, en se concentrant sur les aspects les plus importants de leur mandat.  Dans le même temps, les missions devraient également faire davantage pour aider les autorités locales et la population à atténuer les effets de la pandémie. 

En ce qui concerne la formation et le renforcement des capacités des soldats de la paix, l’une des leçons que nous devons tirer de la pandémie actuelle est l’importance de la formation et du renforcement des capacités des soldats de la paix, notamment en matière de soins médicaux de base et de santé communautaire, a déclaré la délégation.  Cette dernière a expliqué que cette formation permettra à tous les soldats de la paix d’acquérir les compétences nécessaires, non seulement pour prendre soin d’eux-mêmes, mais aussi pour aider la communauté plus efficacement pendant la pandémie.  Il faut donc que le Secrétariat incorpore ces compétences dans les programmes et le matériel pour les formations préalables au déploiement et en cours de mission. 

S’adressant ensuite aux trois commandants de la Force, la délégation leur a demandé quelle est leur évaluation du mandat du Conseil par rapport à sa mise en œuvre sur le terrain.  Est-il suffisamment clair et êtes-vous en mesure de traduire le mandat en actions pratiques claires sur le terrain?  À l’endroit du général Gyllensporre, la délégation a voulu savoir dans quelle mesure l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 affecte l’exécution du mandat de la MINUSMA?  Avec le renouvellement prévu du mandat ce mois-ci, quels domaines peuvent être améliorés pour garantir que la MINUSMA puisse continuer à soutenir la mise en œuvre de l’Accord de paix, les efforts de stabilisation et la protection des civils?  La délégation a ensuite demandé quelles mesures ont été prises par la MINUSS pour faire face à la montée de la violence intercommunautaire?   Que devrait faire le Conseil de sécurité pour aider la FNUOD à s’acquitter de son mandat? a-t-elle enfin lancé.  

Le Royaume-Uni a d’abord jugé prioritaire que les réformes comme l’Action pour le maintien de la paix permettent d’améliorer la planification, la collecte et l’utilisation de données à tous les niveaux afin de soutenir la prise de décisions fondée sur des preuves, tant ici au Siège de l’ONU que dans l’ensemble des paramètres des missions.  Le Royaume-Uni a souligné la nécessité de disposer de meilleures données pour mesurer les bonnes et mauvaises performances.  La délégation a expliqué qu’elle attendait avec impatience le déploiement promis du nouveau cadre de politique de performance intégrée des Nations Unies fin 2020 pour évaluer la performance des soldats de la paix en uniforme et personnels civils ainsi que la performance globale des missions, de même que pour améliorer la transparence et la responsabilité.  

Le Royaume-Uni a appelé à continuer de renforcer l’exécution des mandats de protection des civils donnés aux missions et à continuer de mettre en œuvre la dernière étape du plan d’action sur la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  « Enfin, nous devons continuer de travailler pour faciliter la transition de la phase de maintien de la paix à celle de la consolidation de la paix dans des contextes tels que le Soudan, en augmentant notre soutien au Fonds pour la consolidation de la paix et en garantissant une approche commune au sein du système des Nations Unies, des donateurs et d’autres parties prenantes », a insisté le Royaume-Uni.  

La délégation a demandé au commandant de la Force de la MINUSS des précisions sur les conséquences de l’épidémie de COVID-19 sur les voies d’évacuation sanitaires.  Notant que le virus pourrait atteindre un pic dans les prochains mois dans plusieurs environnements de missions, le Royaume-Uni a demandé quelles étaient les attentes des commandants des forces pour la période qui suivra le 30 juin, date à laquelle le gel des rotations doit être levé.  En outre, le Royaume-Uni a demandé au commandant de la Force de la MINUSS comment la connaissance de la situation et les renseignements peuvent être utilisés sur le terrain, à la fois pour prévenir et dissuader les violences sexuelles et sexistes et pour répondre aux urgences.  Le Royaume-Uni a aussi demandé si on pouvait mesurer l’impact potentiel de l’épidémie de COVID-19 sur les taux de départs volontaires de civils des sites de protection de civils ainsi que sur la façon dont la Force répartit ses ressources entre les tâches de protection statiques et mobiles.  Enfin, il a dit que le Royaume-Uni attend avec impatience le déploiement de ses 250 soldats au Mali dans la cadre de la MINUSMA. 

La Belgique, contributeur de troupes dans trois missions, a d’abord noté que l’engagement avec les communautés locales est essentiel à la protection des civils et à la prévention des attaques.  Notant que les événements de la semaine dernière dans le centre du Mali sont inquiétants - tout comme le nombre de cas de COVID-19 à la MINUSMA, la Belgique a demandé quel était l’impact de la distanciation sociale sur l’engagement de la Mission et comment les méthodes de travail étaient adaptées à cette nouvelle réalité.  Elle a demandé au Général Tinaikar et au représentant spécial du Secrétaire général, M. Shearer, quel impact avaient les restrictions à la mobilité liées à l’épidémie de COVID-19 sur l’approche « hub & spoke » et donc sur la protection des civils dans les zones plus reculées. 

Par ailleurs, la Belgique a noté que la performance est au cœur de l’action et souligné le caractère essentiel de l’intégration des différentes composantes pour le succès de la Mission.  Dans ce contexte, la délégation belge a demandé au général Tinaikar (MINUSS) des précisions sur les avantages de la mise en œuvre du C-PAS au sein de la MINUSS pour améliorer la planification intégrée entre les composantes militaire, policière et civile de la mission? 

S’agissant de la MINUSMA, la Belgique a appuyé le Plan d’adaptation des forces sur la base des principes généraux qui ont été partagés avec les États Membres.  « L'accès à un niveau de détail plus élevé -y compris sur la disponibilité des troupes- pourrait être utile à des fins de planification », a estimé la délégation belge avant de noter que certains actifs essentiels -tels que les moyens aériens et la capacité de renseignement- ne sont pas encore disponibles.  Dans ce contexte, la Belgique a demandé des précisions sur l’impact de la mise en œuvre du Plan d’adaptation. 

La Chine a estimé qu’il faut traiter avec plus d’urgence la sécurité et la sûreté des Casques bleus, «  qui affrontent les dangers au nom de l’ONU  ».  Dans le contexte particulier de la pandémie de COVID-19, les Casques bleus luttent coude à coude avec les populations locales contre la pandémie.  C’est une période difficile pour les Casques bleus, a-t-elle constaté, notant que certains d’entre eux avaient été infectés, notamment au Mali et au Soudan du Sud. 

La délégation a ensuite appelé à maintenir les opérations de maintien de la paix dans la «  bonne direction », insistant notamment sur le respect de l’appropriation des pays hôtes.  La primauté du règlement politique des différends doit être reflétée dans tous les aspects des opérations de maintien de la paix, a-t-elle dit. 

À l’énorme défi que représente la pandémie, elle a appelé le Secrétariat et les missions de maintien de la paix à prendre les mesures nécessaires pour formuler des politiques de riposte, réglementer les activités des Casques bleus, renforcer les installations de soutien médical, ajuster la politique de rotation en fonction de l’évolution de la pandémie et améliorer la capacité anti-épidémique des missions. 

Le Conseil de sécurité doit également continuer d’accorder la plus haute importance à la sécurité et à la sureté des Casques bleus, a poursuivi la Chine qui a appelé à définir les mandats en fonction de la situation sur le terrain et à veiller à ce que les missions soient dotées de ressources adéquates pour mettre en œuvre leur mandat.  La Chine a aussi jugé nécessaire d’améliorer le système d’appui médical et d’évacuation des Casques bleus blessés et de veiller au déploiement d’installations médicales appropriées et de personnel qualifié sur le terrain. 

La République dominicaine, a jugé important de surveiller de près et d'évaluer l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les opérations de paix, en particulier l’aspect « protection des civils », ce qui implique qu’il faut hiérarchiser, réadapter et probablement augmenter les ressources.  Cependant, la réponse à la pandémie ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des missions. Ces dernières doivent plutôt aider les autorités nationales.  La République dominicaine a soutenu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial pour faciliter l’acheminement de l’aide et atténuer l’impact de la pandémie. Venant aux mandats initiaux des opérations, la délégation a constaté qu’au Mali, malgré des progrès sur certains fronts, le nombre des attaques contre les forces de sécurité et les soldats de la paix ainsi que la violence intercommunautaire, continuent d’être alarmants.  Elle a voulu précisément connaître la nature des mesures prises contre l’augmentation du nombre de cas de violence sexuelle, en plein milieu de la pandémie.  Que fait-on pour contenir la propagation du virus? 

S’agissant de la Mission au Soudan du Sud, la délégation a demandé des conseils sur la manière dont le Conseil peut contribuer à la riposte à la pandémie, tout en protégeant les soldats de la paix et les communautés qu’ils servent.  La délégation a également demandé aux commandants des forces comment contribuer à une pleine mise en œuvre des résolutions 1325 (2000) sur les femmes, la paix, la sécurité et la résolution 2250 (2015) sur les jeunes, la paix, la sécurité.  

Les États-Unis ont constaté que la pandémie de COVID-19 a mis, de manière inédite et imprévue, les opérations de paix à rude épreuve, citant notamment la suspension des rotations de troupes, les restrictions de mouvement, les quarantaines et les problèmes d’accès dans des pays comme le Soudan du Sud.  La délégation a salué les efforts déployés au sein de la Mission au Mali pour maximiser les capacités des pays contributeurs de troupes grâce au Plan d’adaptation de la force, ainsi que la récente conférence sur la constitution des forces.  Elle a jugé important que les pays fournisseurs de contingents fassent clairement part de leurs réserves avant le déploiement de leurs troupes et s’engagent à une transparence opérationnelle totale.  Elle a ensuite voulu savoir quelles mesures sont prises pour assurer la sûreté et la sécurité des Casques bleus de la MINUSMA. 

S’agissant de la Mission on au Soudan au Sud, la délégation des États-Unis a salué le travail pour renforcer la présence de la force grâce à une stratégie «  en étoile  ».  Elle s’est cependant inquiétée des conséquences de la réduction du nombre des patrouilles.  Quel est l’impact sur les opérations des cas de COVID-19 signalés dans certains des sites de protection des civils? s’est-elle demandé.  Passant à la Force chargée d’observer le désengagement, elle a demandé des précisions sur la reprise des inspections dans la zone de limitation du Secteur bravo. 

Après avoir mis l’accent sur les menaces supplémentaires que constitue l’épidémie de COVID-19 sur l’efficacité des opérations de maintien de la paix, la Fédération de Russie a souhaité rappeler que ces opérations ne sont pas censées remplacer les autorités de l’État hôte, mais plutôt les aider à renforcer leurs propres capacités nationales.  « La condition essentielle au succès de toute opération de maintien de la paix est une coopération constructive et efficace avec l’État hôte » a insisté la délégation russe avant de souligner la nécessité de prendre des mesures de confiance et d’échanger des informations entre les missions et les pays hôtes.  

La Fédération de Russie a estimé que la primauté de la diplomatie et du dialogue est au cœur des mandats de maintien de la paix et demeure l’impératif pour le règlement de toute crise, là où des missions de maintien de la paix sont déployées.  Par conséquent, la délégation a jugé vital de ne pas perdre les acquis de la mise en œuvre des accords de paix et de continuer à encourager les parties à trouver des solutions politiques et à progresser vers la réconciliation nationale malgré des difficultés pandémiques temporaires.  « L’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général constitue une très bonne base pour de tels efforts », a insisté la Fédération de Russie. 

La délégation a noté les signes de normalisation de la situation au Soudan du Sud, principalement en raison des accords conclus par les parties sur la mise en œuvre de l’Accord de paix revitalisé de 2018.  Elle s’est félicitée de la formation d’organes gouvernementaux de transition et de la baisse significative du niveau de violence et des cas de violations des droits de l’homme dans le pays.  Tout en se félicitant que de plus en plus de réfugiés et de personnes déplacées retournent dans leur lieu de résidence permanent, la délégation a estimé que la situation sécuritaire est toujours fragile et que les efforts des soldats de la paix de la MINUSS restent indispensables.  

Par ailleurs, la Fédération de Russie s’est dit convaincue que la Mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali a besoin d’un appui complet, comme indiqué dans le récent rapport du Secrétaire général et dans sa lettre sur les performances de la MINUSMA.  « Certaines mesures, prises conformément au mandat de la Mission donnent déjà des résultats positifs dans les zones les plus touchées comme les régions centrales du Mali. »  La Fédération de Russie a demandé aux commandants des forces de la MINUSMA et de la MINUSS s’ils avaient relevé des cas où l’épidémie de COVID-19 était utilisée comme prétexte pour entraver les développements positifs sur le terrain ou même les processus politiques.  Elle a aussi souligné le rôle stabilisateur de la FNUOD pour réduire les tensions et prévenir les incidents et les escalades entre les parties à l’Accord de 1974.  La délégation a assuré qu’elle aidera à garantir les conditions nécessaires au retour complet de la FNUOD du côté du secteur « Bravo ». 

La France a regretté que, malgré l’épidémie de COVID-19, certains acteurs poursuivent leurs actions de déstabilisation.  Elle a salué la réactivité du Secrétariat et de chaque opération de maintien de la paix pour avoir su s’adapter aussi rapidement et efficacement à cette situation et poursuivre au maximum de leurs moyens la mise en œuvre de leurs mandats.  Le rôle de ces opérations reste essentiel dans un tel contexte, selon la délégation qui a ensuite salué le rôle clef joué par la MINUSMA et la MINUSS en matière de protection des civils.  Toutes deux ont maintenu leur activité, malgré de nombreux cas de COVID-19 dans la première et d’importantes restrictions de mouvement pour la seconde, a salué la France.  Au Général Gyllenspore, la France a demandé de préciser « quelles sont les nouvelles capacités annoncées qui feront, selon lui, une différence sur le terrain », avant de demander au général Tinaikar de quoi il a encore besoin et comment la FNUOD s’adapte à la flambée des violences intercommunautaires.  Il a aussi demandé quels enseignements et bonnes pratiques on peut retenir de l’action de la MINUSS dans la lutte contre les violences sexuelles.  

Mettant l’accent sur la dimension politique des mandats des opérations de maintien de la paix, la France a salué le rôle de premier plan de la MINUSMA pour accompagner le redéploiement de l’armée malienne reconstituée.  La France a encore demandé au commandant de la Force au Mali comment il envisageait la poursuite du processus de DDR et de redéploiement de l’armée malienne reconstituée ?  

« La FNUOD joue de son côté un rôle essentiel de liaison entre les parties, de part et d’autre de la ligne de cessez-le-feu », a souligné la France avant de souligner l’importance qu’elle puisse reprendre et intensifier ses activités d’inspections en zone Bravo, et que les différentes restrictions qu’elle subit soient levées.  

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