Conseil de sécurité: le retrait d’ici au 30 octobre de l’Opération Union africaine-ONU au Darfour est devenu « irréaliste » selon le Chef des opérations de paix
Les Secrétaires généraux aux opérations de paix et aux affaires politiques, M. Jean-Pierre Lacroix et Mme Rosemary DiCarlo, ont informé aujourd’hui le Conseil de sécurité de l’évolution de la situation au Darfour depuis le mois d’octobre de l’année dernière. M. Lacroix a estimé que le calendrier de sortie de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies dans le territoire soudanais (MINUAD) est devenu quelque peu « irréaliste ».
En raison de la distanciation sociale imposée par la COVID-19, c’est chacun dans sa Mission que les 15 membres du Conseil font leurs déclarations et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix leur a rappelé que le plan de sortie et de liquidation de la MINUAD prévoit la fermeture séquencée de 14 bases, le rapatriement de 6 550 hommes en uniforme et une réduction substantielle du personnel civil jusqu’à la fin du mandat actuel. Ce calendrier, a-t-il avoué, est devenu quelque peu « irréaliste ».
L’arrêt des opérations de retrait jusqu’à la fin du mois de mai, l’impact de la pandémie de COVID-19, la suspension de la rotation des troupes jusqu’au 30 juin et la saison des pluies en juin rendent l’idée d’un retrait de la mission d’ici au 30 octobre 2020 « complétement irréalisable ». Le Secrétaire général adjoint a tout de même parlé de la future présence des Nations Unies, une présence, a expliqué son homologue des affaires politiques, dont l’objectif sera d’aider le Soudan à réussir sa transition. Il s’agira, conformément à la demande du Premier Ministre soudanais, d’appuyer le respect des critères contenus dans la Déclaration constitutionnelle; la mise en œuvre des accords de paix dans les zones affectées par le conflit; la consolidation, le respect des droits de l’homme et les institutions de l’état de droit; et les réformes économiques. La protection des civils, a ajouté Mme DiCarlo, sera une priorité qui exige une approche globale pour être efficace à long terme. De même, l’égalité des sexes et la mise en œuvre de l’agenda « femmes, paix et sécurité » auront une forte priorité transversale.
Compte tenu de la nécessité urgente d’établir une présence sur le terrain pour soutenir la transition au Soudan, Mme DiCarlo et son collègue des opérations de paix, M. Lacroix, ont chargé une équipe de fonctionnaires onusiens de mener un exercice de planification multidisciplinaire interinstitutions au cours des prochaines semaines, en collaboration avec l’Union africaine. Comme plusieurs délégations, la Chine a insisté pour que toute décision soit prise dans le respect du pays hôte, de sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Le Soudan a d’ailleurs prévenu que toute discussion du Conseil de sécurité impliquant une référence au Chapitre VII de la Charte sera rejetée par son gouvernement.
Sur le plan sécuritaire, M. Lacroix a indiqué que la situation générale est restée largement inchangée depuis le mois d’octobre même si une évolution inquiétante est à signaler au Darfour occidental où des clashes entre les communautés ont provoqué la mort de 65 personnes, fait 46 000 déplacés et 11 000 autres réfugiés au Tchad. Alors que le Royaume-Uni a alerté l’ONU sur les risques d’un vide sécuritaire qui pourrait compromettre les efforts de paix au Darfour et la transition politique au Soudan, la République dominicaine a aussi mis en garde contre la perspective que le Soudan ne devienne « le prochain Haïti ».
Certaines délégations, dont celle des États-Unis, ont demandé au Secrétariat de l’ONU des informations sur les risques liés à la protection des civils, en prévision de la réunion que le Conseil tiendra sur le retrait de la MINUAD, avant le 31 mai prochain, en vertu de la résolution 2518 du 31 mars 2020. En attendant, Mme DiCarlo a rappelé que la situation humanitaire reste préoccupante, puisque le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire au Soudan est passé d’environ huit millions à 9,3 millions à la fin de 2019, à cause de l’aggravation de la crise économique. La semaine dernière, le Premier Ministre, M. Abdalla Hamdok, a averti que la transition pourrait s’effondrer sans un soutien économique rapide. Avec le risque d’une propagation plus large de la COVID-19 au Soudan, les défis économiques pourraient s’aggraver.
Pour accompagner le pays dans ses efforts de relèvement, l’Afrique du Sud, au nom des A3+1, a réitéré l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à la levée de toutes les formes de sanction imposées contre le Soudan, y compris sa radiation de la Liste en tant que parrain du terrorisme. Le Soudan a lui-même expliqué que le Darfour est une région adjacente à des points chauds et volatiles où des organisations terroristes telles que Boko Haram, Al-Qaida, Daech et autres sont actives, et où la migration illégale et la traite des êtres humains sont monnaie courante. Il est donc impératif de permettre aux forces de sécurité soudanaises de se préparer à toute menace potentielle.
Il a ajouté que sa présence dans la liste comme parrain du terrorisme, son impact sur l’économie et les difficultés socioéconomiques posées par la pandémie de COVID19 représentent de réelles menaces au succès de la révolution qui a renversé la dictature la plus notoire d’Afrique. Pour la Fédération de Russie, il est grand temps de se concentrer sur le développement économique.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Nous nous voyons dans des circonstances exceptionnelles, a déclaré M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, en parlant de la pandémie de COVID-19 qui n’a pas épargné le peuple soudanais et qui a déjà un impact sur le processus de paix ainsi que sur les activités au Darfour. Depuis le mois d’octobre, a-t-il indiqué, les autorités et le peuple soudanais ont avancé dans leur transition démocratique. Ces derniers mois, les autorités ont fait des progrès en renforçant la participation des femmes à la prise de décisions et en progressant dans les réformes politiques et de gouvernance, conformément à la Déclaration constitutionnelle signée en septembre 2019.
Mais, a estimé le Secrétaire général adjoint, ces changements restent fragiles et sont toujours combattus par certains, comme en atteste l’attaque scandaleuse contre le convoi du Premier Ministre, le 9 mars dernier. M. Lacroix a aussi fait part de certains progrès dans les pourparlers de paix à Djouba entre les autorités de transition et les groupes armés, sous les auspices du Président sud-soudanais. En raison des mesures prises contre la COVID-19, les pourparlers ont eu lieu indirectement et dans un cadre virtuel depuis le mois d’avril. Des accords finaux ont été signés sur les aspects centre, nord et est des négociations. S’agissant de l’aspect Nil bleu et Kordofan du Sud, un accord a été signé entre le Gouvernement et la faction Malik Agar/Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan. En revanche, aucun accord n’a été conclu avec la faction menée par Abdelaziz al-Hilu, à cause des désaccords sur les questions liées au sécularisme et à l’autodétermination.
Quant à l’aspect Darfour, un accord-cadre a été signé par le Gouvernement et certains groupes armés mais les parties doivent encore conclure un accord final. Les discussions ont, d’ailleurs une nouvelle fois, été prolongées et cette fois-ci jusqu’au 9 mai. Malheureusement la faction Abdul Wahid s’est maintenue à l’écart, compromettant les efforts visant à répondre aux préoccupations de ses partisans au Darfour.
Après l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, la faction Abdul Wahid a tout de même décrété un cessez-le-feu de facto, tout en se montrant préoccupé par les conditions sécuritaires et humanitaires au Darfour, en particulier dans la région du Jebel Marra. La faction d’Abdelaziz al-Hilu a également répondu à l’appel du Secrétaire général et décidé de la prorogation de la cessation unilatérale des hostilités dans certaines parties des deux Zones pour une autre période de trois mois, sauf pour des opérations de légitime défense. L’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) a appuyé le secrétariat pour des pourparlers à Djouba et s’est efforcé de renforcer la participation de la société civile, au nom de l’inclusivité, élément essentiel de la réalisation d’une paix durable.
Le Secrétaire général adjoint a indiqué que la situation générale est restée largement inchangée depuis le mois d’octobre même si une évolution inquiétante est à signaler au Darfour occidental où des clashes entre les communautés ont provoqué la mort de 65 personnes, fait 46 000 déplacés et 11 000 autres réfugiés au Tchad. Les informations selon lesquelles des éléments de la sécurité soudanaise auraient participé aux affrontements sont particulièrement préoccupantes, a avoué le Secrétaire général adjoint.
Dans le même temps, les troubles sociaux se sont poursuivis dans tout le Darfour. Les attaques des éleveurs contre les agriculteurs et les abus des droits de l’homme dont certains sont commis par le personnel en uniforme, montrent que la persistance de certains facteurs du conflit qui vont au-delà du champ du processus de paix et qui nécessiteront un investissement lourd dans la consolidation de la paix, a prévenu le Secrétaire général adjoint.
Après avoir énoncé les mesures prises par le Gouvernement soudanais contre la propagation de la COVID-19, M. Lacroix n’a pas caché leur impact sur les mouvements du personnel de la MINUAD et de la faculté de cette dernière à exécuter son mandat. Le rapport, a-t-il poursuivi, explique le plan de sortie et de liquidation qui prévoit la fermeture séquencée de 14 bases, le rapatriement de 6 550 hommes en uniforme et une réduction substantielle du personnel civil jusqu’à la fin du mandat actuel. Ce calendrier, a avoué le Secrétaire général adjoint, est devenu quelque peu « irréaliste » dans les circonstances actuelles. L’arrêt des opérations de sortie jusqu’à la fin du mois de mai, l’impact de la pandémie, la suspension des rotations des troupes jusqu’au 30 juin et la saison des pluies en juin ont rendu l’idée d’une sortie d’ici le 30 octobre 2020 complétement irréalisable. Pour la phase de liquidation, qui devait suivre, il est recommandé de maintenir des Casques bleus à El Fasher pour protéger le centre logistique jusqu’à la fin des activités.
La phase de retrait doit être gérée avec grande prudence et il faut réfléchir, a estimé le Secrétaire général à la future présence de l’ONU dont le but sera de préserver et consolider les gains. Le Soudan, a-t-il conclu, est entré dans une nouvelle phase de son histoire et notre objectif est d’assurer une transition sans heurt vers la future présence de l’ONU. Il faudra que le mandat de cette présence soit pleinement appuyé par les autorités soudanaises, ce qui est un élément essentiel du processus de planification est aussi un aspect critique du processus de planification, a ajouté le Secrétaire général adjoint.
La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme ROSEMARY DICARLO, a souligné que six mois après le début de la transition, le Soudan continue de faire face à d’importants défis. Ainsi, la fragilité politique du Soudan a été mise en évidence avec les dernières protestations des éléments affiliés à l’ancien régime, et avec des incidents tels que la manifestation, en janvier, des anciens agents des services de renseignement, ce qui a conduit à de violents affrontements à Khartoum.
De même, la situation humanitaire reste préoccupante. Le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire au Soudan est passé d’environ huit millions à 9,3 millions à la fin de 2019, à cause de l’aggravation de la crise économique. Les faiblesses structurelles de l’économie du Soudan ont fait grimper le taux d’inflation et entraver la faculté du pays à importer les produits de base. On a vu de longues files d’attente pour le pain et l’essence, à cause des pénuries de blé et de carburant. La semaine dernière, le Premier Ministre, M. Abdalla Hamdok a averti que la transition pourrait s’effondrer sans un soutien économique rapide. Avec le risque d’une propagation plus large de la COVID-19 au Soudan, les défis économiques pourraient s’aggraver. C’est pourquoi, a rappelé Mme DiCarlo, le Secrétaire général a encouragé la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à faire preuve de souplesse en accordant au Soudan un accès exceptionnel aux instruments financiers mis en place pour aider les pays en développement à relever les défis de la COVID-19.
Selon la Secrétaire général adjointe, la situation au Soudan est clairement désastreuse et la nécessité d’un soutien est, « réel et urgent ». Le Premier Ministre Hamdok a écrit deux fois au Secrétaire général pour demander la création d’une mission politique et de consolidation de la paix qui aiderait à surmonter ses problèmes spécifiques. Elle a dit qu’au cours de sa visite à Khartoum en février, le Premier Ministre et les principales parties prenantes du pays, notamment les groupes de la société civile lui ont fait part d’une demande similaire. En réponse à ces demandes, M. Nicholas Haysom, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Soudan, a été dépêché à Khartoum en début du mois de mars et travaille depuis sans relâche pour fournir un soutien politique et plaider auprès des principaux partenaires internationaux la cause du Soudan.
Parallèlement, dans le rapport spécial présenté le 12 mars au Conseil de sécurité, le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine ont recommandé la création d’une présence de suivi avec un mandat à l’échelle du Soudan. L’objectif de la mission serait d’aider le Soudan à mener à bien sa transition. Ces appuis comprendraient: soutenir la réalisation des repères politiques contenus dans la Déclaration constitutionnelle, la mise en œuvre des accords de paix dans les zones touchées par le conflit, l’appropriation nationale de la consolidation de la paix et le renforcement des institutions des droits de l’homme et de l’état de droit; et les réformes économiques afin de placer le Soudan sur la voie du développement durable.
La protection des civils est également un domaine prioritaire, a estimé la Secrétaire générale adjointe, ajoutant qu’il faut une approche globale pour être efficace à long terme. Par conséquent, cela fera partie intégrante des efforts onusiens de consolidation de la paix au Soudan. Elle a jugé essentiel que les Nations Unies travaillent en étroite collaboration avec les autorités soudanaises afin de les aider à s’acquitter de leur responsabilité en matière de protection. De même, en plus de rechercher une intégration de la Mission et de l’équipe de pays des Nations Unies sous une direction unique, l’on envisage une future présence des Nations Unies qui soit à la fois légère, efficace et innovante dans l’utilisation et la coordination des ressources de l’ensemble du système des Nations Unies. L’égalité des sexes et la mise en œuvre de l’agenda « femmes, paix et sécurité » auront une forte priorité transversale.
Compte tenu de la nécessité urgente d’établir dès que possible une présence sur le terrain pour soutenir la transition, Mme DiCarlo et son collègue des opérations de paix, M. Lacroix, ont chargé une équipe de fonctionnaires onusiens de mener un exercice de planification multidisciplinaire interinstitutions au cours des prochaines semaines. Cette équipe élaborera un cadre pour la future présence des Nations Unies au Soudan, sur la base des principes directeurs contenus dans le rapport spécial. L’Union africaine a été invitée à se joindre à l’exercice, en tant que partenaire clef. Étant donné que l’équipe n’a pu se rendre au Soudan en raison des restrictions imposées par la pandémie de COVID-19, l’exercice de planification de la future mission est mené depuis New York, avec des réunions virtuelles entre les participants à partir de leurs emplacements respectifs, y compris New York, Khartoum, Addis-Abeba et ailleurs. L’équipe devrait se déployer physiquement au Soudan dès que la situation le permettra afin d’affiner et de valider les résultats de l’exercice de planification avec les principales parties prenantes soudanaises, notamment le Gouvernement de transition du Soudan, les organisations de la société civile, les partis politiques, les groupes de femmes et de jeunes.
Nous devons faire tout notre possible pour soutenir la transition et aider le peuple soudanais à relever les défis existants, a plaidé la Secrétaire générale adjointe. Elle a conclu en précisant que le Secrétaire général attache la plus haute importance à cette entreprise et attend avec intérêt de travailler en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité pour y parvenir.
Le Royaume-Uni a relevé que la pandémie de COVID-19 sévit également au Soudan comme dans d’autres régions du monde, ce qui vient s’ajouter à une situation socioéconomique et humanitaire déjà difficile. Dans le cadre de notre engagement de 1 milliard de dollars contre la COVID-19, nous avons réservé une somme de 6 millions de dollars au Plan de réponse de l’ONU pour le Soudan, a rappelé le Royaume-Uni qui a encouragé toutes les parties soudanaises et la communauté internationale à rester pleinement attachées au succès de la Déclaration constitutionnelle, malgré les défis de la COVID-19.
En dépit des progrès réalisés au Soudan, le Royaume-Uni s’est avoué préoccupé par la situation sécuritaire au Darfour. Il a estimé que les quelque 1,8 million de déplacés au Darfour restent particulièrement vulnérables aux violations et abus des droits de l’homme. On ne peut ignorer les défis considérables qui demeurent au Darfour concernant la protection des civils, a insisté le Royaume-Uni.
Il a pleinement appuyé la demande du Gouvernement du Soudan d’accueillir une nouvelle mission des Nations Unies pour l’ensemble du pays. Il a invité le Conseil à y répondre favorablement dans le cadre d’une relation reposant sur l’appropriation nationale, le partenariat et la collaboration. Nous devons être prêts à agir rapidement, a pressé la délégation.
Le Royaume-Uni a en effet alerté l’ONU sur les risques d’un vide sécuritaire qui pourrait compromettre les efforts de paix au Darfour et la transition politique au Soudan. La nouvelle mission, a-t-il insisté, peut et doit être un partenaire du Gouvernement soudanais s’agissant de la protection des civils au Darfour. Le Département des opérations de paix doit faire une évaluation des besoins et des risques au Darfour et de la capacité actuelle du Gouvernement soudanais d’y assumer l’entière responsabilité de la protection, a conseillé le Royaume-Uni.
La délégation de l’Allemagne a noté que cette discussion se tient au cours du mois du premier anniversaire de la révolution pacifique au Soudan. Sous la direction courageuse du Premier Ministre Hamdok, le nouveau Gouvernement soudanais s’est lancé dans la tâche difficile d’ouvrir le pays et de conduire des réformes, tâche que la pandémie de COVID-19 a rendue encore plus ardue. L’Allemagne a promis qu’elle veillera à ouvrir un nouveau chapitre dans la coopération entre l’ONU et le Soudan. Notre objectif commun devrait être de doter le Soudan d’une mission d’appui contribuant à la consolidation de la transition politique à Khartoum et au processus de paix en cours, tout en prévenant une résurgence du conflit au Darfour, a-t-elle expliqué.
Rappelant que la MINUAD fermera ses portes, l’Allemagne a indiqué que ce Conseil a la responsabilité de gérer cette transition d’une manière qui prenne en compte les besoins du Soudan, du Gouvernement et de la population du Darfour, tout en servant d’exemple pour les transitions d’autres missions. Elle a appelé à tenir compte de la volatilité de la situation au Darfour et de la persistance du défi de la protection des civils dans l’élaboration du mécanisme de suivi de la MINUAD. En partenariat avec le Gouvernement soudanais, nous devons trouver le meilleur mécanisme pour remédier aux défis qui subsistent, a-t-elle insisté. « Nous devons être très clairs: toute violence en périphérie, comme nous l’avons vue au Darfour-Ouest au début de cette année, est susceptible d’affecter négativement la transition à Khartoum. »
Notre premier souci, a dit la France, concerne l’impact de la crise de la COVID-19 sur le Soudan. La pandémie est un défi supplémentaire qui nécessite un fort soutien de la communauté internationale. Il est nécessaire que le Soudan ait pleinement accès aux mécanismes de soutien internationaux, a plaidé la France souhaitant que l’impact négatif de la COVID-19 sur les activités et les mouvements de la MINUAD soit le moindre possible. La deuxième préoccupation, a-t-elle poursuivi, c’est la protection des civils au Darfour. Alors que nous discutons de la manière et du moment de clôturer la MINUAD et de déployer une mission politique spéciale, il y a toujours deux millions de déplacés et de graves violations des droits de l’homme. Le processus de paix en cours doit s’attaquer aux principaux facteurs de conflit, a souligné la France, en appelant à la réforme et à la reconstruction du secteur de la sécurité et des institutions locales. La protection des civils au Darfour doit rester l’une de nos principales priorités au Soudan, a martelé la France.
Au Soudan, a-t-elle estimé, la première pierre angulaire de l’espoir est que la transition politique a établi une nouvelle relation avec les partenaires internationaux, fondée sur la confiance, le dialogue et l’engagement mutuel. La France est déterminée à continuer de soutenir la transition politique au Soudan, ainsi que les pourparlers de paix en cours et insiste sur le fait que le dialogue avec les autorités soudanaises est essentiel. Le deuxième motif d’optimisme, a-t-elle dit, est la mobilisation de l’Union africaine au Soudan dont les efforts de médiation, l’année dernière, ont joué un rôle essentiel dans la négociation d’un gouvernement dirigé par des civils. « Nous ne pouvons réussir sans un partenariat solide avec l’Union africaine. Nous devons être créatifs et trouver un moyen de concevoir un partenariat ad hoc entre la mission de suivi et l’Union africaine, en tenant compte de la valeur ajoutée de chaque institution », a insisté la France.
Au nom du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, l’Afrique du Sud a déclaré que la collaboration et la coopération entre l’Union africaine et les Nations Unies ont énormément contribué à la stabilisation de la situation sécuritaire au Darfour. Elle a abouti à l’étude d’évaluation du retrait de la MINUAD et à une réflexion sur sa transformation en une mission d’appui politique et de consolidation de la paix. Le Darfour continuant de faire face à des problèmes, il faut préserver les acquis de ces 10 dernières années, a prévenu l’Afrique du Sud. Les défis nés de la COVID-19 exigent une approche pragmatique et adaptée au contexte. Le Gouvernement du Soudan doit se mettre d’accord avec l’Union africaine et les Nations Unies sur une feuille de route relative au retrait de la MINUAD qui garantisse un processus bien géré et bien échelonné, tenant compte des circonstances actuelles et aligné sur les priorités et le calendrier nationaux, afin de sauvegarder les acquis et de maintenir l’élan actuel dans le processus de paix au Darfour.
Sur le plan politique, l’Afrique du Sud a exhorté toutes les parties à rester engagées dans les pourparlers de Djouba et à privilégier le dialogue. Elle a aussi exhorté Abdul Wahid El Nur à se joindre aux pourparlers. Elle s’est félicitée de ce que le Soudan du Sud facilite ces pourparlers, avant de commenter la situation économique. Elle a réitéré l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine à la levée de toutes les formes de sanction imposées contre le Soudan, y compris sa radiation de la Liste en tant que parrain du terrorisme. La communauté internationale et les institutions financières doivent aider le Soudan, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 aggrave sa situation économique.
À la lumière de cette pandémie, l’Afrique du Sud a voulu savoir si la prorogation du mandat de la MINUAD est faisable, à ce stade, s’interrogeant sur la viabilité du retrait de la Mission. Faut-il, a-t-elle encore demandé, maintenir une présence policière au Darfour? Si la situation sécuritaire se détériore, l’ONU a-t-elle la capacité d’y répondre? Compte tenu de cette situation, le Darfour mérite-t-il que la Mission se retire d’ici à 2020? La nouvelle présence ne doit-elle s’occuper que des questions politiques et de la consolidation de la paix, avec l’appui de l’Union africaine et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)?
L’Indonésie s’est inquiétée de l’impact de l’épidémie de COVID-19 et a demandé « une fois de plus » à la communauté internationale de contribuer à la reprise économique et aux efforts de renforcement des capacités du Soudan. Le moment peut être venu, a-t-elle estimé, d’envisager la levée des sanctions. En cette période difficile, il faut aussi assurer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et autres personnels des Nations Unies. L’Indonésie a souscrit à l’évaluation du rapport spécial selon laquelle l’appropriation nationale et le soutien du Soudan sont une condition préalable au succès du mécanisme de suivi. Le plan de retrait doit se faire avec la participation de toutes les parties soudanaises et cela est particulièrement important pour soutenir les négociations de paix et faire progresser les parties vers la consolidation de la paix. Il faut un retrait sûr, fluide et responsable, sinon, tout le travail de la MINUAD risque d’être remis en question. Il faut être prudent et responsable, et tenir compte des contraintes et restrictions de la COVID-19.
Inquiète de la montée de la violence intercommunautaire dans de nombreuses régions du Darfour et de son impact sur la transition politique, l’Indonésie a estimé que la présence d’un nombre limité de soldats de la paix est encore nécessaire. La présence des Nations Unies après la MINUAD doit être flexible, efficace, allégée et adaptée aux besoins du pays hôte.
La Fédération de Russie a dit partager la plupart des principales observations et propositions énumérées dans le dernier rapport spécial préparé par l’UA et l’ONU. Elle s’est dite convaincue que la réduction et le retrait progressifs de la MINUAD devraient être mis en œuvre conformément à la décision du Conseil de sécurité. Un dialogue entre l’ONU et les autorités soudanaises devrait, a ajouté la Fédération de Russie, permettre d’établir les paramètres de la présence future de l’ONU. Le Darfour, a-t-elle estimé, est principalement confronté aujourd’hui à des problèmes de consolidation de la paix plutôt qu’à des problèmes de maintien de la paix. Il est grand temps de se concentrer sur le développement économique, a tranché la Fédération de Russie.
La délégation a en outre insisté de nouveau sur la levée de toutes les sanctions unilatérales imposées au Soudan, ce qui serait extrêmement utile pour les efforts des autorités soudanaises de revitaliser l’économie. La levée des sanctions, a-t-elle insisté, est encore plus importante dans le contexte de la pandémie. L’opinion du Soudan, en tant que pays hôte, devrait être décisive, tant pour le retrait de la MINUAD que pour le déploiement d’une éventuelle mission politique spéciale, a souligné la Fédération de Russie. Cette future présence, a-t-elle dit, devrait être basée sur le Chapitre VI de la Charte et la tâche de la protection des civils, laissée aux autorités soudanaises qui ont confirmé à plusieurs reprises leur disposition à assumer ces responsabilités. Le rôle de la communauté internationale est d’aider Khartoum à se doter des capacités nécessaires. En l’occurrence, il est très important de ne pas contourner l’Union africaine. L’organisation régionale, qui a apporté une contribution significative à la stabilisation du Darfour, devrait également jouer un rôle important dans la phase de consolidation de la paix, a plaidé la Fédération de Russie.
Le Viet Nam a estimé que la transition et les négociations de paix sont les deux tâches les plus importantes pour un Soudan pacifique et stable sur le long terme. Il a espéré que le Gouvernement soudanais et les parties concernées au Darfour pourront dégager un consensus. Il a jugé que la situation sécuritaire au Soudan en général et au Darfour en particulier est devenue plus stable, grâce non seulement au travail efficace de la MINUAD, mais aussi aux efforts actifs du Gouvernement soudanais. Toutefois, a-t-il relevé, les violences intercommunautaires et les attaques contre les camps de déplacés et le personnel des Nations Unies au Darfour restent des sujets de grande préoccupation. Le Viet Nam a donc exhorté tous les groupes armés du Darfour à faire preuve de la plus grande retenue. Il a invité les autorités soudanaises à s’attaquer aux causes profondes des problèmes.
S’agissant des défis posés par la COVID-19, il a jugé important d’aider le Gouvernement à maintenir le dialogue avec les parties concernées au Darfour, y compris par des moyens distants. Face à la propagation inquiétante de l’épidémie au cours de dernières semaines, le Viet Nam a exhorté la communauté internationale à soutenir le Gouvernement soudanais dans tous ses efforts pour contrer l’épidémie.
Alors que le Darfour est actuellement dans une phase de transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix, le Viet Nam a jugé nécessaire la mise en place d’une nouvelle présence onusienne, après la sortie de la MINUAD, pour aider le processus politique, de sécurité et de développement dans tout le Soudan, ainsi que pour promouvoir la capacité de gouvernance du Gouvernement soudanais et des autorités locales. Il a jugé important que la communauté internationale et le Conseil tiennent compte des vues du Gouvernement soudanais, qui est le principal responsable du maintien de la sécurité au Soudan.
Enfin, la délégation a appuyé fermement le rôle actif et la participation des femmes à toutes les étapes du processus de paix et apprécié les efforts de la MINUAD pour soutenir l’engagement des femmes dans de nombreux aspects, tels que la résolution des problèmes intercommunautaires et la protection des civils.
La Belgique a déclaré que la situation politique au Soudan a changé de manière spectaculaire depuis que le Conseil a commencé à se pencher sur l’avenir de la MINUAD. Elle a salué l’évolution positive « indéniable » de ces derniers mois ainsi que les efforts déployés par le Gouvernement de transition pour rétablir la paix dans le pays. Au Darfour, a-t-elle poursuivi, les progrès réalisés pour conclure les pourparlers justifient un « optimisme prudent », mais de graves incidents sécuritaires et la violence intercommunautaire illustrent la fragilité des progrès réalisés.
La délégation a salué les propositions contenues dans le rapport spécial concernant la présence de l’ONU après le retrait de la MINUAD. Elle a estimé qu’il existe de nombreux domaines de coopération à venir entre le Gouvernement de transition et l’ONU. S’agissant du Darfour, elle a indiqué que la mission de suivi aura un rôle important à jouer pour répondre aux causes sous-jacentes du conflit et a voulu que son mandat inclue la question de la protection des civils. L’appui au renforcement des droits de l’homme et de l’état de droit dans l’ensemble du pays devrait également occuper une place centrale.
L’Estonie a salué la réponse positive du Gouvernement soudanais et des mouvements armés à l’appel du Secrétaire général visant un cessez-le-feu mondial. Elle s’est félicitée que les parties aient trouvé d’autres moyens de poursuivre les pourparlers de paix au milieu de la pandémie de COVID-19. Elle a dit apprécier l’engagement du Soudan d’avoir un dialogue avec le Conseil de sécurité sur la planification du mécanisme de suivi. Nous attendons avec intérêt la création d’une nouvelle mission des Nations Unies, qui aidera le Soudan à consolider la démocratie, la paix et la prospérité, a déclaré l’Estonie qui a souhaité une mission capable de répondre aux espoirs du peuple soudanais et à ses préoccupations, y compris celles liées au retrait de la MINUAD, aux conflits intercommunautaires et à la violence sexuelle et sexiste.
Les violents affrontements au Darfour, a relevé l’Estonie, notamment l’incident à Geneina en janvier, soulignent la fragilité persistante de la situation. À cet égard, elle a jugé essentiel de garantir une capacité suffisante de protection des civils, le cas échéant, sur la base d’une évaluation réaliste des risques sur le terrain, afin d’aider le Gouvernement à réussir à assumer l’entière responsabilité de la sécurité. « Mettre trop de pression sur le Soudan à la fois risque fortement de compromettre les progrès déjà réalisés », s’est inquiétée la délégation avant de prévenir que le coût de la reprise d’un conflit serait trop élevé, non seulement pour le Soudan, mais pour toute la région. Malgré la pandémie de COVID-19 et les retards possibles qui pourraient survenir avec les calendriers de retrait, elle a appelé à continuer de remplacer la MINUAD par une nouvelle mission des Nations Unies, encore mieux équipée pour répondre aux besoins actuels du Soudan.
La Chine s’est félicitée de la stabilité qui prévaut au Darfour et de l’évolution positive du processus de paix au Soudan. Elle a appelé toutes les parties concernées à saisir l’occasion du processus politique et à répondre à l’appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général. La délégation a voulu que l’on suive de près l’impact de la pandémie de COVID-19 et a encouragé la communauté internationale à aider le Soudan à renforcer son système de santé publique. Elle a aussi appelé à la levée des sanctions et a engagé les institutions financières à examiner l’endettement du Soudan « avec flexibilité ». Pour sa part, la Chine a dit avoir fourni une quantité considérable de masques, de tests de dépistage et de combinaisons de protection.
Pour ce qui est de la présence de l’ONU, la délégation chinoise a estimé que des questions critiques comme l’établissement d’une mission politique spéciale et la définition de son mandat doivent entièrement respecter le souhait du pays hôte ainsi que sa souveraineté, son indépendance et son intégrité territoriale. Le rôle de l’Union africaine et d’autres organisations régionales mérite également d’être reconnu.
Les États-Unis se sont dits solidaires du Gouvernement soudanais qui reste engagé dans le processus de paix de Djouba, surtout maintenant qu’il est confronté à des problèmes économiques et à la pandémie de COVID-19. Condamnant la tentative d’assassinat du Premier Ministre, les États-Unis se sont dits préoccupés par le climat d’insécurité. Le mois prochain, ont-ils rappelé, nous sommes censés créer une nouvelle mission au Soudan et il serait utile, à cet égard, que nous ayons une meilleure compréhension des risques liés à la protection des civils, ont-ils dit au Secrétariat de l’ONU. Ils ont énoncé leurs priorités et d’abord une transition sans heurt entre la MINUAD et la future présence de l’ONU. Toutefois, ont-ils dit, compte tenu de l’évolution de la COVID-19 et des restrictions à la rotation des troupes, nous reconnaissons que la date butoir du 31 octobre pour la fin de la Mission ne sera pas respectée.
La réduction des effectifs doit se faire rapidement mais de façon responsable pour permettre à la nouvelle présence de s’établir. Cette réduction doit aussi prévoir des mesures pour protéger les sites restitués des pillages. La future présence, ont poursuivi les États-Unis, doit aider le Gouvernement civil de transition à entreprendre ses tâches, dont le processus de paix, la réforme constitutionnelle et l’organisation des élections et du recensement. Les États-Unis ont conclu en se déclarant gravement préoccupés par l’insécurité au Darfour et en soulignant la nécessité d’une mission de police robuste.
Pour la République dominicaine, il est essentiel de faire preuve d’une extrême prudence lorsque l’on parle du retrait de la MINUAD. Il faut en effet éviter une rechute dans la violence et garantir la stabilité à long terme, selon les priorités du Gouvernement soudanais. Tout en se félicitant des effets positifs des négociations de Djouba sur le processus de paix au Soudan, la délégation a fait part de sa préoccupation face aux violents affrontements qui se poursuivent toujours dans des régions comme le Darfour occidental d’où la MINUAD s’est retirée. Nous ne pouvons pas laisser le Soudan devenir le prochain Haïti, a averti la République dominicaine. Le Darfour, a-t-elle insisté, exige un retrait progressif qui accorde la priorité à la protection des victimes des violences passées et en cours et qui garantisse la sécurité des personnes exposées à des violations, comme les agressions sexuelles et la violence. C’est la réputation du Conseil qui est en jeu, a martelé la République dominicaine qui a jugé qu’il faut tirer parti des succès de la MINUAD et établir une mission de suivi qui soutienne la transition nationale vers un régime civil, respectueux des droits et vers une consolidation de la paix, soucieuse de la protection des plus vulnérables.
Le Soudan a affirmé que la situation globale en matière de sécurité au Darfour est en grande partie stable; le Gouvernement de transition faisant tout son possible pour sauvegarder la stabilité, prévenant les conflits intercommunautaires et en promouvant la culture de la paix et la coexistence pacifique. Le Gouvernement est capable, a affirmé le Soudan, d’assumer toutes ses responsabilités en matière de protection des civils au Darfour et dans tout le pays. Le Gouvernement a déjà mis en place une stratégie globale pour protéger les civils, s’attaquer aux causes profondes du conflit, promouvoir les droits de l’homme et instaurer une paix durable.
La paix est une des priorités essentielles, a martelé le Soudan qui a rappelé que le 18 mars dernier, la réunion conjointe entre le Conseil souverain, le Conseil des ministres et les forces politiques a convenu d’une matrice et de calendriers pour sept domaines clefs dont la plus importante est la réalisation de la paix. La deuxième semaine de mai a été fixée comme date butoir pour parvenir à un règlement viable, durable et répondant aux aspirations de tous. Le Soudan a précisé que les négociations de paix se poursuivent désormais entre partenaires et non adversaires, car les dirigeants des groupes armés font partie intégrante du changement qui a eu lieu dans le pays.
Dans ce contexte de développements positifs et d’amélioration constante de la situation sur le terrain au Darfour, le Premier Ministre, M. Hamdok, a adressé le 27 février une lettre au Président du Conseil de sécurité et au Secrétaire général de l’ONU, détaillant les domaines stratégiques pour lesquels le pays a besoin de l’aide des Nations Unies et de la communauté internationale au sens large.
Ayant sollicité volontairement l’assistance des Nations Unies, le Gouvernement a demandé que la mission de suivi soit dotée d’un mandat en vertu du Chapitre VI de la Charte. La situation actuelle au Darfour ne nécessite plus de dispositions découlant du Chapitre VII, a argué le Soudan. La mission de suivi, a-t-il insisté, doit être établie dans le respect de la souveraineté nationale et fondée sur le consentement et l’appropriation nationale. Tout déploiement de policiers ou de militaires des Nations Unies sur la base du Chapitre VII serait contraire à l’accord du Conseil souverain, du Conseil des ministres et des partis politiques, a averti le Soudan. Il a précisé par conséquent que toute discussion du Conseil de sécurité impliquant une référence au Chapitre VII sera rejetée par le Gouvernement.
Le Darfour est à un moment clef de sa transition vers la consolidation de la paix, a relevé la délégation, ajoutant que pour rendre cette transition aussi fluide que possible et éviter tout vide sécuritaire, le Gouvernement est fermement déterminé à poursuivre ses efforts pour renforcer la sécurité au Darfour en déployant des équipes de maintien de l’ordre. Lorsqu’un affrontement tribal a éclaté à Geneina, dans le Darfour occidental, au début du mois de janvier, le Vice-Président du Conseil souverain et le Premier Ministre se sont rendus sur place et y sont restés jusqu’à ce qu'un arrangement ait été mis en place.
Le Soudan a, à son tour, demandé au Conseil de réexaminer « courageusement » les sanctions imposées par la résolution 1591 adoptée, il y a 15 ans. Il a insisté sur la levée de l’embargo sur les armes à destination et à l’intérieur du Darfour. La région du Darfour, a-t-il plaidé, est adjacente à des points chauds et volatiles où des organisations terroristes telles que Boko Haram, Al-Qaida, Daech et autres sont actives, et où la migration illégale et la traite des êtres humains sont monnaie courante. Il est donc impératif de permettre aux forces de sécurité soudanaises de se préparer à toute menace potentielle. La délégation a également exhorté le Groupe des Amis du Soudan à maintenir l’élan du soutien économique jusqu’à la convocation de la conférence internationale d’annonces de contributions. Le Soudan a prévenu que le fait que les États-Unis l’aient désigné, parrain du terrorisme, les effets de cet acte sur l’économie nationale et les difficultés socioéconomiques posées par la pandémie de COVID19 représentent de réelles menaces au succès de la révolution qui a renversé la dictature la plus notoire d’Afrique.