Grands Lacs: L’Envoyé spécial dit rester optimiste sur l’avenir de la région, en dépit des conflits persistants et des épidémies d’Ebola et de COVID-19
Devant les membres du Conseil de sécurité réunis ce matin par visioconférence, l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs a confirmé garder son optimisme au vu des événements qui ont eu des effets positifs, en dépit des conflits qui persistent dans une région en proie à la double épidémie d’Ebola et de COVID-19.
Mais M. Huang Xia a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour aider les États et les peuples de la région à surmonter cette double crise sanitaire et à consolider les progrès obtenus à ce jour dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région, alors qu’il présentait le rapport semestriel sur la mise en œuvre de cet accord.
Comme ce fut le cas pour sa première déclaration devant le Conseil en octobre 2019, l’Envoyé spécial du Secrétaire général s’est de nouveau dit optimiste, en s’appuyant notamment sur les efforts déployés pour asseoir la coalition gouvernementale en RDC, ainsi que sur les progrès dans la normalisation des relations entre le Rwanda et l’Ouganda. Il a cité au même titre la formation d’un Gouvernement d’unité nationale au Soudan du Sud, les démarches diplomatiques de la RDC et de la Zambie pour régler leur différend frontalier, ainsi que les progrès accomplis dans la lutte contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC.
La délégation de la RDC est intervenue à ce débat pour témoigner de « la nouvelle dynamique impulsée par les efforts diplomatiques des Présidents de la RDC, de l’Angola, de l’Ouganda et du Rwanda, qui ont sensiblement contribué à un apaisement des tensions ». La Belgique et les États-Unis ont été parmi les membres du Conseil à relever l’élan positif qui caractérise la région depuis l’année dernière. Intervenant au nom des pays d’Afrique membres du Conseil et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie a, elle aussi, vu dans ces tendances positives le début d’une nouvelle ère dans la région, mais craint que ces avancés ne soient sapées par la COVID-19.
L’Envoyé spécial a en effet relevé que la pandémie de COVID-19 n’a pas épargné la région où le nombre de contaminations augmente, bien qu’à un rythme modéré en comparaison avec d’autres. Les répercussions négatives de la crise sanitaire sont déjà importantes, avec l’arrêt quasi-complet de certaines activités dans des secteurs névralgiques comme le transport aérien, le tourisme, l’agriculture, les industries pétrolières et extractives. Selon lui, malgré les mesures prises par les gouvernements, les pays de la région, dont certains se remettent de décennies de confits, auront besoin d’un appui déterminé et constant de la communauté internationale pour faire face durablement à la pandémie et pour en surmonter les conséquences. De ce fait, la pandémie a obligé ces pays à réorienter leurs priorités, et ceci a eu un impact sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre, avec comme conséquence notamment le report d’importantes réunions régionales.
Dans les prochains mois, l’Envoyé spécial compte donc mener des actions prioritaires dont la première est la mobilisation de la communauté internationale en faveur des pays de la région pour lutter contre une pandémie qui freine la mise en œuvre de l’Accord-cadre et qui pourrait avoir des répercussions sur la paix et la sécurité. L’Allemagne a d’ailleurs jugé indispensables des investissements massifs dans les infrastructures sanitaires, vu que la lutte contre Ebola n’est pas encore terminée et que d’autres épidémies, comme la rougeole, ont eu un lourd bilan.
Le Royaume-Uni a encouragé l’Envoyé spécial à considérer des moyens innovants en vue d’appuyer la région face à ce défi, les États-Unis lui conseillant d’utiliser, par exemple, le système de visioconférence pour aider les gouvernements de la région à trouver un équilibre entre la lutte contre la pandémie et la satisfaction des besoins politiques, sécuritaires et économiques. La Fédération de Russie a, de son côté, demandé la levée des sanctions unilatérales imposées aux pays de la région par l’Union européenne et les États-Unis, arguant qu’en période de coronavirus, une telle décision serait particulièrement pertinente et ferait écho aux mesures proposées par le Secrétaire général pour lutter contre la pandémie.
Une autre priorité de M. Xia est de soutenir les processus de facilitation en cours et, si possible, susciter de nouveaux engagements afin d’améliorer les relations entre les pays de la région, y compris en impliquant plus activement les femmes et les jeunes. Il a rappelé les défis persistants comme les activités des groupes armés et l’exploitation illicite des ressources naturelles, qui compromettent la confiance entre les pays de la région. L’insécurité qui en découle, particulièrement dans l’est de la RDC, constitue une des causes principales de la crise humanitaire dans la région, a-t-il analysé. Pour y mettre un terme, le Secrétaire général demande, dans son rapport, que l’Envoyé spécial élabore, en étroite consultation avec les parties prenantes et les partenaires concernés, une stratégie en faveur de la paix et de la sécurité dans la région des Grands Lacs.
M. Xia a demandé en outre de rester attentif aux élections dans la région, car elles ont parfois été sources d’instabilité dans le passé. Devant le choix du Gouvernement burundais d’aller de l’avant sur la voie des élections dans le contexte actuel, la France a plaidé pour que les acteurs s’abstiennent de toute action pouvant compromettre la tenue d’élections pacifiques, inclusives et crédibles.
Réagissant à des appels en faveur de l’amélioration de la situation des droits de l’homme, la RDC a fait valoir que, depuis l’entrée en fonctions du Président Tshisekedi, bien des choses ont été réalisées dans ce domaine. La délégation a également appelé les pays de la région, ainsi que les garants de l’Accord-cadre, à saisir l’opportunité de la dynamique régionale observée ces derniers mois pour mettre en œuvre les engagements auxquels ils ont tous souscrit.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. HUANG XIA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région. Il a relevé que la pandémie de COVID-19 n’a pas épargné la région où le nombre de contaminations augmente, bien qu’à un rythme modéré en comparaison avec d’autres régions du monde. À ce jour, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé 4 766 cas et 131 décès dans la région. Il a expliqué que les mesures telles que les restrictions de mouvements et la fermeture des frontières, sauf pour le fret, ont permis à ce stade de limiter la progression de la pandémie. En revanche, dans le domaine économique, les répercussions négatives de la crise sanitaire sont déjà importantes, avec l’arrêt quasi-complet de certaines activités dans des secteurs névralgiques comme le transport aérien, le tourisme, l’agriculture, les industries pétrolières et extractives. Selon l’Envoyé spécial, avec le temps, les mesures préventives prises à ce jour, ainsi que la réaffectation des ressources budgétaires pour faire face à cette pandémie, sont susceptibles d’affaiblir des économies déjà fragiles, avec des conséquences potentielles pour la paix, la sécurité et le développement de la région.
Pour M. Xia, bien qu’encourageantes, ces mesures doivent être renforcées. Et les pays de la région, dont certains se remettent de décennies de confits, auront besoin d’un appui déterminé et continu de la communauté internationale pour faire face durablement à la pandémie et pour en surmonter les conséquences. Il a salué à ce propos la décision du G20 d’accorder un moratoire jusqu’à la fin de l’année pour la dette, ce qui devrait soulager fortement les pays africains à faibles revenus. L’Envoyé spécial a relevé que la pandémie a obligé les pays de la région à réorienter leurs priorités, et ceci a eu un impact sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre, avec comme conséquence notamment le report de la deuxième Conférence sur l’investissement et le commerce dans la région des Grands Lacs, initialement prévue à Kigali, du 18 au 20 mars, ainsi que du dixième Sommet du Mécanisme régional de suivi, qui devait se tenir à Kinshasa du 27 au 29 mars. Malgré ces reports, il a dit continuer de travailler avec les pays signataires et les institutions garantes de l’Accord-cadre afin de maintenir toute l’attention nécessaire à l’organisation de ces deux événements, et de poursuivre les efforts dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre.
À la suite de sa première déclaration devant le Conseil de sécurité en octobre 2019, l’Envoyé spécial a confirmé que son optimisme demeure, au regard d’événements qui ont eu des effets positifs sur la région. Parmi eux, il a cité les efforts pour asseoir la coalition gouvernementale en RDC, les progrès réalisés pour la normalisation des relations entre le Rwanda et l’Ouganda, la formation d’un Gouvernement d’unité nationale au Soudan du Sud, ainsi que les démarches diplomatiques de la RDC et de la Zambie pour régler leur différend frontalier. De même, des progrès ont été accomplis dans la lutte contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC. M. Xia a souligné que des efforts ont été faits pour accroître la coordination et l’échange d’informations entre la RDC, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda afin d’optimiser les opérations militaires contre les groupes armés. L’Envoyé spécial a demandé le soutien du Conseil de sécurité pour la création d’un groupe de contact et de coordination des pays de la région, en complément aux opérations militaires en cours.
Malgré les avancées, il a noté que des défis persistent, dont le plus grand demeure les activités des groupes armés, y compris l’exploitation illicite des ressources naturelles, ce qui compromet la confiance entre les pays de la région. L’insécurité qui en découle, particulièrement dans l’est de la RDC où les populations continuent de payer le prix fort, constitue une des causes principales de la crise humanitaire dans la région, a-t-il expliqué. Il a invité les groupes armés à cesser immédiatement leurs actes de violence et d’atrocités et à s’engager dans les divers programmes de désarmement, démobilisation, réintégration, et réinstallation ou rapatriement (DDRRR). Il a rappelé que les crimes commis par ces groupes armés ne resteront pas impunis. « Tôt ou tard, justice sera rendue », a-t-il promis. Il a également invité les gouvernements de la région à accorder toute l’attention nécessaire à l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Pour l’Envoyé spécial, il faut rester attentif aux élections dans la région, car elles ont parfois été sources d’instabilité dans le passé. Il a dit souhaiter que les échéances à venir, notamment au Burundi et en République centrafricaine, soient l’occasion de consolider les acquis démocratiques et la stabilité dans ces deux pays. Il a encouragé tous les acteurs à garantir des processus électoraux pacifiques, inclusifs et crédibles.
En outre, M. Xia a noté que la région des Grands Lacs fait face aujourd’hui à des défis exacerbés par la pandémie de COVID-19 et la prolongation de l’épidémie d’Ebola. Il est donc question de redoubler d’efforts pour accompagner les États et les peuples de la région à surmonter cette double crise sanitaire et à consolider les progrès obtenus à ce jour dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre. Selon lui, la lutte contre la pandémie pourrait être l’occasion de bâtir une plus grande solidarité et de renforcer la coopération régionale.
Dans les prochains mois, l’Envoyé spécial compte mener des actions prioritaires. La première est la mobilisation de la communauté internationale en faveur des pays de la région pour lutter contre la pandémie qui constitue un frein à la mise en œuvre de l’Accord-cadre et qui pourrait avoir des répercussions sur la paix et la sécurité dans la région. La deuxième priorité est de soutenir les processus de facilitation en cours et si possible, susciter de nouveaux engagements afin d’améliorer les relations entre les pays de la région, y compris en impliquant plus activement les femmes et les jeunes.
M. Xia entend également faire avancer la coopération sécuritaire régionale en privilégiant une approche holistique, avec des dispositifs militaires et non militaires, dans la lutte contre les groupes armés.
Une autre priorité est d’engager des consultations régionales et internationales sur l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles. Enfin, l’Envoyé spécial entend poursuivre les consultations nécessaires à l’organisation du prochain Sommet du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre et à l’organisation de la Conférence sur l’investissement et le commerce dans la région des Grands Lacs.
La France s’est félicitée des développements positifs qui se sont produits au cours des six derniers mois dans la région. « Il est essentiel de continuer à tirer parti de l’élan encourageant qui a suivi l’élection du Président Tshisekedi en vue de réduire davantage les tensions, de renforcer la confiance et de progresser sur les autres fronts. » Elle a salué le rôle crucial joué par les Présidents Tshisekedi et Lourenço pour favoriser une dynamique prometteuse en vue d’une réconciliation entre le Rwanda et l’Ouganda.
Dans plusieurs domaines, la situation reste néanmoins préoccupante, a poursuivi la France, en mentionnant notamment la poursuite des violences dans l’est de la RDC ou bien encore la situation humanitaire. La délégation a exprimé la vigilance de la France à l’égard de la situation au Burundi. Étant donné le choix du Gouvernement burundais d’aller de l’avant sur la voie des élections dans le contexte actuel, il est crucial que les acteurs s’abstiennent de toute action qui pourrait compromettre la tenue d’élections pacifiques, inclusives et crédibles, a poursuivi la délégation.
Elle a ensuite partagé la préoccupation générale au sujet des menaces que la pandémie de COVID-19 fait peser sur la région, alors que le virus Ebola n’a toujours pas été éradiqué. Les pays de la région des Grands Lacs restent vulnérables aux pandémies à grande échelle, en raison notamment des déplacements humains importants induits par la persistance des activités de groupes hostiles. Ces pays ont également tiré les leçons des épidémies passées, a-t-elle poursuivi, ajoutant que la communauté mondiale pourrait bénéficier de leur expérience. La France a salué les mesures prises par les gouvernements nationaux pour lutter contre la propagation de l’épidémie conformément aux recommandations de l’OMS, rappelant qu’il est fondamental que leur mise en œuvre respecte les droits de l’homme. La France a mobilisé 1,2 milliard de dollars pour appuyer les efforts des pays africains contre la pandémie. Face aux conséquences socioéconomiques de celle-ci, la délégation a rappelé le plaidoyer du Président français pour un rééchelonnement de la dette publique des pays africains. « Nous saluons ainsi l’approbation par le G20 de notre proposition d’un moratoire sur cette dette. »
Enfin, la France a souligné, dans ce contexte de pandémie, l’importance cruciale de la coopération régionale, car c’est, selon elle, la seule manière de remédier aux causes profondes des conflits qui fragilisent la région des Grands Lacs.
Intervenant au nom des A3+1 (Tunisie, Afrique du Sud, Niger et Saint-Vincent-et-les Grenadines), la Tunisie a averti que les tendances positives qui peuvent marquer le début d’une nouvelle ère dans la région risquent d’être sapées par la COVID-19. La tâche immédiate est de consolider davantage ces avancées pour atténuer les risques potentiels de la pandémie, a-t-elle estimé. La délégation a relevé les évolutions positives dans une région qui, selon elle, est sur la voie d’une stabilité durable. Cette région, a-t-elle affirmé, doit être qualifiée non plus de « région marquée par les conflits » mais « de région placée sur la trajectoire du développement ». Appelant la communauté internationale à un appui à l’économie, elle l’a aussi appelée à fournir un appui rapide et concret aux gouvernements de la région pour qu’ils puissent contenir la propagation de la COVID-19 et assurer l’approvisionnement en biens essentiels. Il est donc essentiel de ne pas entraver l’acheminement de l’aide humanitaire et de mettre en place des mesures spéciales pour permettre un appui direct aux pays vulnérables à l’impact déstabilisateur du virus, a-t-elle dit.
L’Indonésie a noté qu’alors que l’épidémie d’Ebola semble arriver à sa fin, la région doit maintenant affronter le nouveau défi de la COVID-19. Saluant toutefois les progrès positifs dans la région, la délégation a souligné qu’il faut encore traiter des causes profondes du conflit. Elle a partagé l’inquiétude du Secrétaire général quant aux violations des droits de l’homme et aux efforts visant à saper les relations amicales entre les pays de la région. La paix et la stabilité restent fragiles: la menace des groupes armés, et l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles nourrissent toujours l’instabilité. L’Indonésie a appelé les parties prenantes nationales, régionales et internationales à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre leurs engagements au titre de l’Accord-cadre et à s’attaquer aux causes profondes des conflits pour permettre à la région de réaliser son « potentiel immense ».
La délégation a demandé au Conseil de sécurité de soutenir le travail des organisations régionales et des missions des Nations Unies dans la région. Elle a annoncé avec fierté que les Casques bleus indonésiens de la MONUSCO ont participé au processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), en s’engageant auprès des communautés locales, gagnant les cœurs et les esprits. Pendant la pandémie de COVID-19, a-t-elle estimé, l’aide humanitaire doit être prioritaire. Nous devons prêter assistance aux cinq millions de déplacés congolais, aux 330 000 réfugiés burundais et aux personnes vulnérables comme les femmes, les enfants et les personnes handicapées. Le partenariat avec la communauté internationale est absolument nécessaire. Pour sa part, l’Indonésie a promis de continuer sa coopération dans l’esprit qui est né en 1955 à Bandung maintenant que l’on célèbre le soixante-cinquième anniversaire de la Conférence Afrique-Asie.
Six ans après le lancement de l’Accord-cadre, les États-Unis ont dit rester optimistes quant à la faculté des pays des Grands Lacs de traiter, de manière constructive, des questions liées à l’insécurité, dont la lutte contre les flux illicites des biens qui contribuent à la corruption et la menace posée par les groupes armés. Notre confiance, se sont félicités les États-Unis, a été récompensée par l’élan positif qui caractérise la région depuis l’année dernière. Au moment où la communauté internationale riposte à la COVID-19, les États-Unis ont tenu à rappeler les « mesures extraordinaires », prises, il y a un an et demi, par les acteurs congolais et étrangers pour contenir la propagation d’Ebola dans l’est de la RDC. Ils ont réitéré l’importance de la transparence et de la nécessité de partager les données sur la santé publique avec les pays voisins et la communauté internationale.
Se tournant vers l’Envoyé spécial, ils l’ont exhorté à « innover », y compris à utiliser le système des visioconférences pour aider les gouvernements des pays des Grands Lacs qui doivent aujourd’hui trouver l’équilibre entre la lutte contre la pandémie et la satisfaction des besoins politiques, sécuritaires et économiques, « essentielle » à la paix régionale. La dynamique sera sans doute ralentie par la pandémie mais elle ne doit en aucun cas s’inverser, ont plaidé les États-Unis, en demandant à l’Envoyé spécial des informations plus régulières.
Ils ont souligné l’importance du suivi des résultats quadripartites entre le Rwanda et l’Ouganda. Ils ont aussi encouragé le Gouvernement du Burundi à tout faire pour que les citoyens puissent participer en toute sécurité aux élections prévues au mois de mai. En attendant, les États-Unis se sont dits préoccupés par les restrictions aux libertés d’expression, de réunion et d’association, lesquelles s’ajoutent aux informations sur les abus et violations des droits de l’homme. Notre message au Gouvernement burundais est clair, ont-ils martelé: des élections inclusives, pacifiques, transparentes et crédibles reflétant la volonté du peuple burundais sont essentielles pour satisfaire les revendications, améliorer la sécurité et booster la croissance économique. Les États-Unis ont assuré, en conclusion, qu’ils continueront à aider les pays des Grands Lacs à lutter contre la COVID-19, « pour préserver les gains enregistrés depuis la signature de l’Accord-cadre ».
La Belgique a noté que les dynamiques internationales ont été marquées par certaines évolutions positives, tout en avertissant du risque de perte d’élan. Elle s’est notamment inquiétée de l’impact de la COVID-19 sur la région et son développement ainsi que sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région. Elle a aussi relevé qu’en RDC, la coalition présidentielle fait face à des tensions accrues et que l’issue des prochaines élections au Burundi sera cruciale pour la stabilité de la région. De plus, la situation humanitaire et des droits de l’homme demeure désastreuse.
La délégation belge a ensuite fait part de son ferme appui à l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs. Elle a appelé à travailler ensemble et de manière proactive à l’établissement d’une nouvelle stratégie régionale qui examine l’ensemble de l’Accord-cadre, non seulement le développement économique, mais avant tout les racines du conflit dont les violations des droits de l’homme et l’exploitation illégale des ressources naturelles. La délégation a également signalé que la crise de la COVID-19 rendra plus difficile le travail dans la région et a espéré que l’Envoyé spécial réussira à maintenir ses efforts en dépit des restrictions, en privilégiant la tenue d’autres téléconférences.
La Fédération de Russie a souscrit à l’idée selon laquelle l’élan suscité par les nouveaux dirigeants à Kinshasa dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre, il y a plus d’un an, est toujours maintenu. « Notre tâche commune est de l’appuyer de toutes les manières possibles. » La délégation a salué la volonté politique des dirigeants régionaux de régler leurs différends par la négociation et de régler les incidents de sécurité transfrontaliers par le biais de mécanismes existants. Le pays s’est félicité en particulier des accords conclus entre le Rwanda et l’Ouganda avec l’aide des présidents de la RDC et de l’Angola.
La Fédération de Russie a souligné que c’est l’instabilité des provinces orientales de la RDC qui continue d’affecter le plus la sécurité régionale, avant de saluer les résultats obtenus par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la MONUSCO dans la lutte contre certains groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le Conseil national de la résistance pour la démocratie (CNRD), et se félicitant également de la reprise du rapatriement en RDC des anciens combattants du M23 (le Mouvement du 23 mars).
Par ailleurs, la Fédération de Russie a estimé que les décisions politiques ne peuvent conduire à une stabilité à long terme que si elles sont prises par les pays eux-mêmes. De ce fait, imposer des solutions aux États souverains est inacceptable, selon la délégation. Le pays a donc apporté son soutien à l’appel du Comité régional interministériel de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) qui demande la levée des sanctions unilatérales imposées aux pays de la région par l’Union européenne et les États-Unis. Pour la Fédération de Russie, « à l’époque du Coronavirus, une telle décision serait particulièrement pertinente », et elle ferait également écho aux mesures proposées par le Secrétaire général pour lutter contre la pandémie.
La Chine a dit que face aux défis qui se posent dans la région, il faut adopter des approches globales pour maintenir la paix et le développement. Elle a encouragé les pays de la région à renforcer la coopération et la confiance politique, en faisant de nouveaux progrès dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région. La Chine a appelé à intensifier les efforts pour promouvoir la paix et la stabilité régionales, en prenant des mesures militaires et non militaires pour éliminer la menace posée par les groupes armés. Les réunions des chefs des services de renseignement et de sécurité des pays signataires de l’Accord-cadre ont jeté les bases d’une coordination future des opérations.
La Chine a appelé toutes les parties à suivre l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général. Elle a aussi demandé aux Nations Unies et aux organisations régionales, y compris la CIRGL, de faire avancer le processus de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants afin de mettre fin au cercle vicieux de la violence. Il faudrait redoubler d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes des conflits en luttant contre la pauvreté et le sous-développement, a ajouté la délégation qui a noté que la Conférence sur l’investissement et le commerce dans les Grands Lacs a été reportée en raison de la pandémie de COVID-19. « Nous attendons avec intérêt sa prochaine convocation rapide lorsque les conditions le permettront », a-t-elle indiqué. Avant de terminer, la Chine a énuméré ses efforts pour lutter contre la propagation de la pandémie de la COVID-19 dans la région, notamment avec la construction d’un hôpital inauguré le 10 avril, dans la province du Haut Katanga, en RDC.
L’Allemagne s’est félicitée des tendances politiques positives observées dans la région, mais a relevé les grands défis qui subsistent, en particulier en ce qui concerne la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Elle a donc appelé à poursuivre la lutte contre les groupes armés en gardant à l’esprit les objectifs de développement socioéconomique et d’intégration. Face à la pandémie de COVID‑19, la délégation a aussi appelé à des efforts concertés et à une collaboration étroite entre les pays de la région, les organisations régionales telles que la CIRGL et l’UA devant jouer un rôle crucial pour stimuler ces efforts, tandis que la communauté internationale, notamment l’ONU et l’OMS, doit soutenir les efforts régionaux de lutte contre l’épidémie. L’Allemagne a recommandé notamment de soutenir les infrastructures de santé et de promouvoir les informations pertinentes et accessibles sur la pandémie, en fournissant aussi des lignes directrices sur les mesures efficaces de prévention de la propagation. La délégation a en outre jugé indispensable des investissements massifs dans les infrastructures sanitaires, vu que la lutte contre Ebola n’est pas encore terminée dans la région et que d’autres épidémies, comme la rougeole, ont coûté la vie à plus de 6 000 enfants l’année dernière.
L’Allemagne s’est aussi préoccupée de la persistance de violations des droits de l’homme, dont la violence sexuelle et sexiste, et du nombre toujours important de personnes déplacées et de réfugiés à l’intérieur et à l’extérieur de la RDC. Notant que l’épidémie de COVID-19 menace particulièrement les plus vulnérables, l’Allemagne a pleinement appuyé l’appel du Secrétaire général à l’arrêt de tous les combats et hostilités afin d’éviter une nouvelle crise humanitaire. De plus, la lutte contre la pandémie ne doit pas servir de prétexte pour limiter ou restreindre les droits de l’homme ou permettre l’impunité en cas de violation des droits de l’homme.
Sur la situation au Burundi, l’Allemagne a dit être préoccupée de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les préparatifs en cours des élections de mai. Elle a appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir des élections inclusives, crédibles et sûres, sans risques pour la santé du grand public, et exhorté tous les acteurs à coopérer avec l’OMS et les organisations humanitaires. En conclusion, l’Allemagne a dit appuyer la nouvelle stratégie de paix et de sécurité dans la région des Grands Lacs
L’Estonie a prévenu que la propagation de la COVID-19 risque d’exacerber les risques dans la région et que des actions s’imposent pour veiller à ce que les acteurs humanitaires soient coordonnés et capables de renforcer leur action. De leur côté, les gouvernements et autres parties prenantes doivent accorder la priorité à la riposte face à la pandémie.
La délégation s’est préoccupée des restrictions imposées à la liberté politique et aux droits de l’homme dans plusieurs parties de la région. Elle a également condamné la violence perpétrée par les groupes armés, citant notamment le groupe ADF en RDC. Au cours de la seule année écoulée, plus d’un million de personnes ont été déplacées dans l’ensemble de la région et la violence sexuelle liée au conflit a également augmenté, de même que le nombre de violations graves commises à l’encontre des enfants, s’est-elle inquiétée. Elle a ensuite appelé à la prompte mise en œuvre de la « Déclaration de Nairobi sur la justice et la bonne gouvernance ». Par ailleurs, elle a jugé très importantes les initiatives qui promeuvent la participation des femmes aux processus politiques et électoraux et à l’agenda femmes, paix et sécurité.
La délégation du Royaume-Uni a jugé encourageant l’élan régional renouvelé en vue de la mise en œuvre de l’Accord-cadre par les pays de la région. Espérons que nous pourrons capitaliser là-dessus, a-t-elle dit, avant de mentionner le défi que constitue la pandémie de COVID-19. Cette pandémie montre une fois de plus la nécessité d’une coopération régionale réellement efficace. Elle a encouragé l’Envoyé spécial à considérer des moyens innovants en vue d’appuyer la région des Grands Lacs face à ce défi. La menace d’une épidémie pourrait donner naissance à une coopération dans toute la région, dans le droit fil de l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial.
Le Royaume-Uni a souligné la nécessité de continuer de remédier aux défis sécuritaires sous-jacents dans la région, en mentionnant la récente augmentation d’incursions transfrontalières, avant de plaider pour une pleine application de l’Accord-cadre. La délégation a noté que toutes les initiatives économiques ne pourront être couronnées de succès que si les éléments qui alimentent le conflit, tels que les échanges transfrontaliers illicites de ressources naturelles, sont également traités. Elle a ensuite encouragé l’Envoyé spécial à travailler avec la MONUSCO afin de développer une stratégie commune dans l’est de la RDC. L’Envoyé spécial pourrait utilement faire le lien entre les efforts de la Mission en RDC et les efforts régionaux qui doivent appuyer ceux-ci. « Cela sera essentiel pour mettre fin au conflit. »
La délégation a salué les informations fournies aujourd’hui sur la stratégie en faveur de la paix et de la sécurité de l’ONU pour la région, y compris sur la question de savoir si la Mission et la communauté internationale seront consultées sur ladite stratégie. Enfin, préoccupée par l’environnement électoral au Burundi, elle a souhaité que tous les partis politiques aient un accès égal aux médias et exhorté le Gouvernement à mettre en œuvre des mesures en réponse au virus afin de faire en sorte que les élections soient justes.
Le Viet Nam a soulevé trois points dont le premier est l’importance primordiale de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité dans la région des Grands Lacs de la manière la plus globale et la plus collective possible, en soutenant les efforts diplomatiques et politiques en cours, en améliorant le processus de réconciliation aux niveaux national et régional, en luttant contre les menaces causées par les groupes armés, en renforçant la gouvernance des ressources naturelles et en offrant des opportunités de développement aux pays de la région. Concernant la RDC, le Viet Nam a réitéré le soutien de sa délégation au Gouvernement congolais s’agissant en particulier de ses efforts pour renforcer l’autorité de l’État dans les régions et faire face aux menaces posées par les groupes armés dans l’est du pays.
Le Viet Nam a en outre salué les travaux réalisés ainsi que les engagements pris par les garants de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, notamment l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), la Communauté de développement de l’Afrique australe et les Nations Unies. Le pays a aussi souligné le rôle central des acteurs régionaux dans cette entreprise et exprimé son appui aux bons offices du Secrétaire général et de son Envoyé spécial. Il a appelé tous les partenaires internationaux, bilatéraux et multilatéraux à continuer de fournir un appui technique et financier aux pays de la région afin de parvenir à une paix et un développement durables, et a exhorté tous les acteurs concernés à répondre à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial afin de contrôler la propagation de la pandémie de COVID-19 et de soutenir les populations les plus vulnérables.
La République dominicaine s’est félicitée des progrès observés aux niveaux bilatéral et multilatéral pour réduire les tensions dans la région des Grands Lacs, tout en regrettant la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC en dépit de l’augmentation des opérations militaires et de l’engagement du Président Félix Tshisekedi à assurer la paix et la stabilité, en sus des efforts des dirigeants de la région. « Nous déplorons également la persistance des tensions entre le Burundi et le Rwanda », a ajouté la délégation, avant de regretter aussi que les groupes armés continuent de violer l’Accord politique en République centrafricaine.
Parmi les évolutions positives, la République dominicaine a salué les accords intervenus entre le Rwanda et l’Ouganda et entre la RDC et le Rwanda, pour rapatrier les anciens combattants du M23, ainsi qu’entre le Soudan et le Soudan du Sud, pour la définition de leurs frontières communes, et le maintien du cessez-le-feu au Soudan du Sud. Elle s’est cependant inquiétée que ces avancées puissent être compromises par l’ampleur de l’épidémie de COVID 19. Il faut, selon la délégation, une réponse urgente, coordonnée, unifiée aux niveaux régional et mondial pour relever les défis mondiaux de l’épidémie de COVID-19. Il faut une coopération internationale pour aider l’Afrique et les pays de la région des Grands Lacs à faire face à la pandémie et à réactiver leurs économies.
La République dominicaine a salué l’élaboration d’une nouvelle stratégie de paix et de sécurité pour la région des Grands Lacs et félicité l’Envoyé spécial du Secrétaire général, la RDC, les dirigeants de la région, les organisations régionales et la communauté internationale pour leurs engagements au titre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. « Nous les encourageons tous à continuer de travailler ensemble pour améliorer la situation humanitaire régionale, les droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et sexiste, et à mieux gérer leurs ressources naturelles pour une région pacifique, florissante et intégrée des Grands Lacs. »
Pour la République démocratique du Congo (RDC), sur le plan politique, la situation dans la région des Grands Lacs reste dominée par la nouvelle dynamique impulsée par les efforts diplomatiques des Présidents de la RDC, de l’Angola, de l’Ouganda et du Rwanda, qui ont sensiblement contribué à un apaisement des tensions. La RDC a évoqué la situation des groupes armés nationaux et étrangers et les conflits intercommunautaires que connaît principalement la partie orientale du pays, notant que la paix et la sécurité demeurent des facteurs indispensables pour la stabilité de la région, et que cela passe par l’éradication des groupes armés. À ce propos, les Forces armées de la RDC, les FARDC, ont lancé des opérations militaires de grande envergure dans la province du Nord-Kivu, puis celle du Sud-Kivu, et se sont emparées de plusieurs bases des Forces démocratiques alliées (ADF). Des attaques ont aussi été menées contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et le Conseil national pour le renouveau et la démocratie (CNRD). Ces offensives contre les groupes armés ayant contribué à leur affaiblissement, ces derniers ont augmenté le nombre de leurs attaques contre les populations civiles en guise de représailles, a indiqué la délégation.
L’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC a des conséquences sur la paix et la sécurité du pays, ainsi que sur la protection de l’environnement, a poursuivi la délégation. Pour y faire face, le Gouvernement congolais a mis en place des dispositifs idoines et voté, le 9 mars 2018, une nouvelle loi portant sur le code minier. Pour accompagner cette réforme, le Gouvernement a lancé, le 25 octobre 2019, en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un projet qui vise à améliorer la sécurité autour des sites miniers et à réduire le trafic illicite de minerais ainsi que le travail des enfants et les violences basées sur le genre. La RDC appelle au soutien de la communauté internationale dans cette lutte en plaidant pour davantage de traçabilité de ses matières premières, notamment par l’exigence du respect et de la mise en œuvre effective des certificats d’exportation de la CIRGL par tous les États de la région et les pays importateurs et de transit.
En outre, la délégation a fait valoir que, depuis l’entrée en fonction du Président Tshisekedi, bien des choses ont été réalisées par le Gouvernement dans la quête de l’amélioration de la situation des droits de l’homme et de la justice sociale en RDC. Dans le même temps, la situation humanitaire est dominée par le problème des déplacés, la pandémie de coronavirus et la résurgence de la maladie à virus Ebola qui était pourtant en passe d’être déclarée terminée, avant de refaire surface avec trois nouveaux cas dans la province du Nord-Kivu.
Par ailleurs, le Gouvernement congolais a pris des mesures concrètes pour honorer ses engagements nationaux au titre de l’Accord-cadre, a assuré la délégation. C’est ainsi qu’il a, entre autres, conclu des partenariats avec des pays voisins et d’autres acteurs, par l’intermédiaire du mécanisme de suivi pour le rapatriement des combattants désarmés et d’autres initiatives régionales. Il est question de faire progresser le processus de rapatriement des combattants étrangers désarmés, tout en renforçant la coopération régionale en matière de sécurité, a dit la RDC avant d’appeler les pays de la région, ainsi que les garants de l’Accord-cadre, à saisir l’opportunité de la dynamique régionale observée ces derniers mois pour mettre en œuvre les engagements auxquels ils ont tous souscrit.