Conseil de sécurité: Face à la menace de la COVID-19 en Syrie, appels à un cessez-le-feu sur tout le territoire syrien et à la levée des sanctions
« Je réitère les appels du Secrétaire général à la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des pays à réagir à la pandémie de COVID-19 », a déclaré hier le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, en faisant le point au Conseil de sécurité sur la situation en Syrie. Avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Geir Pedersen, il a aussi réitéré l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat et complet dans tout le pays pour permettre un effort global contre le virus « qui représente un vrai danger pour tous les Syriens ».
Précisément à cause de la COVID-19, le Conseil de sécurité s’est réuni dans un cadre tout à fait inédit. C’est chacun dans sa Mission et par visioconférence que ses membres ont conversé avec les deux hauts responsables de l’ONU.
Le Coordonnateur des secours d’urgence a relevé qu’hier, 10 cas de COVID-19 ont été confirmés en Syrie, dont un décès. En observant ce qui se passe ailleurs, a-t-il alerté, ces chiffres constituent la pointe de l’iceberg, surtout dans un pays où les services de santé sont extrêmement fragiles. Tous les efforts pour prévenir, détecter et réagir à la COVID-19 sont donc entravés, sans compter les importants mouvements de population, les difficultés à obtenir des fournitures essentielles, y compris les équipements de protection et les respirateurs, et les obstacles au confinement et l’application des mesures de protection dans les zones où les déplacés ont convergé, lesquelles ont de fortes densités de population et de faibles niveaux de services d’assainissement. Le Coordonnateur des secours a réitéré l’appel du Secrétaire général à la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des pays à réagir à la pandémie, laquelle a déjà restreint déjà la capacité de l’ONU à accéder aux communautés touchées. La fermeture des aéroports et des frontières, y compris dans le nord-est, ainsi que les autres restrictions au mouvement viennent s’ajouter aux difficultés de longue date auxquelles le personnel humanitaire doit faire face pour se rendre là où c’est nécessaire.
Avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, il a relayé l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu global et immédiat dans tout le territoire syrien pour permettre un effort tous azimuts contre la COVID‑19. Seul un cessez-le-feu global, a confirmé M. Geir Pedersen, peut offrir la coopération qu’il faut contre le virus. Dans le nord-ouest, l’Envoyé spécial s’est félicité du changement apporté par les Présidents russe et turc qui se sont mis d’accord sur un protocole additionnel au mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb. Les deux Présidents se sont aussi mis d’accord pour créer un « couloir de sécurité » le long de l’autoroute M4 où des patrouilles conjointes sont prévues. L’Envoyé spécial s’est aussi félicité de ce que les arrangements entre les parties dans le nord-est, à savoir les États-Unis, la Fédération de Russie et la Turquie, tiennent toujours. Mais dans le nord-est comme dans le nord-ouest, il y a le risque que les hostilités reprennent et si c’est le cas, la situation serait encore plus grave pour les civils compte tenu de la propagation du virus à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de la Syrie. Nous devons éviter ce scénario, en coulant les accords dans le béton d’un cessez-le-feu global à l’échelle du pays, a-t-il insisté, avant que les 15 membres du Conseil de sécurité ne prennent la parole.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARK LOWCOCK, a d’abord évoqué la crise de la COVID-19 et ses implications potentielles, y compris pour les opérations humanitaires en Syrie. Il a relevé que ce matin, 10 cas de COVID-19 ont été confirmés en Syrie, dont un décès. En observant ce qui se passe ailleurs, a-t-il alerté, ces chiffres constituent la pointe de l’iceberg. Le virus peut en effet avoir un impact dévastateur sur les communautés vulnérables dans tout le pays, d’autant plus que les services de santé syriens sont extrêmement fragiles. À la fin de l’année dernière, seule la moitié des hôpitaux et centres de santé du pays étaient pleinement opérationnels.
Comme c’est le cas dans d’autres pays, la riposte dirigée par l’OMS recommande de mettre l’accent sur la prévention et la préparation. Cela comprend, a expliqué M. Lowcock, préparer les agents humanitaires en première ligne, dont la plupart sont des Syriens, à interagir en toute sécurité avec les communautés. En outre, les systèmes de surveillance et d’alerte précoce soutenus par l’ONU ont été renforcés à travers le pays, en collaboration avec les autorités compétentes. Des plans de préparation et d’intervention ont été développés et le prépositionnement des équipements et fournitures, la réhabilitation du Laboratoire central de santé publique, la modernisation des unités d’isolement disponibles et les programmes d’engagement communautaire sont tous en cours.
Néanmoins, le Secrétaire général adjoint a souligné que tous les efforts pour prévenir, détecter et réagir à la COVID-19 sont entravés par le système de santé fragile de la Syrie, ainsi que par d’importants mouvements de population, par les difficultés à obtenir des fournitures essentielles, y compris les équipements de protection et les ventilateurs, et par les difficultés pratiques à confiner et à appliquer des mesures de protection dans les zones où les déplacés ont convergé, lesquelles ont de fortes densités de population et de faibles niveaux de services d’assainissement. « Je réitère l’appel du Secrétaire général à la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des pays à réagir à la pandémie », a déclaré M. Lowcock.
Il a relevé que la pandémie restreint déjà la capacité de l’ONU à accéder aux communautés touchées. La fermeture des aéroports et des frontières, y compris dans le nord-est, ainsi que les autres restrictions au mouvement viennent s’ajouter aux difficultés de longue date auxquelles le personnel humanitaire doit faire face pour se rendre là où c’est nécessaire. Bien que la réponse à la COVID-19 nécessite des restrictions de mouvement, il a jugé important que des mesures soient prises pour faciliter la circulation des agents et fournitures humanitaires et les évacuations médicales, afin de soutenir le système de santé local et plus globalement la réponse humanitaire. Il a également réitéré l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu global et immédiat dans toute la Syrie afin de permettre un effort tous azimuts contre la COVID-19. Il est clair, a-t-il souligné, que cette crise sanitaire ne peut être surmontée que par une réponse véritablement mondiale. C’est pourquoi la semaine dernière, avec le Secrétaire général, le Directeur exécutif de l’UNICEF et le Directeur général de l’OMS, il a lancé un plan de réponse humanitaire mondial relatif à la COVID-19 de 2 milliards de dollars pour les pays les plus vulnérables du monde, y compris la Syrie. Il a remercié les donateurs pour les promesses déjà faites et les a incités à faire plus.
En ce qui concerne le nord-ouest du pays, il a relevé que les besoins humanitaires y demeurent énormes, et que les données de l’ONU montrent clairement une détérioration de la situation depuis décembre. On constate par exemple une augmentation des taux de retard de croissance dont il est rarement possible de guérir complétement. La situation est due à la malnutrition qui affecte près de trois enfants de moins de 5 ans sur 10 parmi les déplacés dans le nord-ouest de la Syrie. Une mission interinstitutions des Nations Unies s’est rendue le 2 mars dernier à Edleb et a pu constater que les besoins y sont vastes et complexes. Malgré le travail des agents humanitaires locaux, la réponse reste insuffisante. L’équipe a vu des coteaux parsemés de tentes et a noté que le surpeuplement oblige certaines familles à dormir à tour de rôle à l’extérieur. Des membres de la communauté ont dit que le mariage et le travail des enfants, leur recrutement comme soldats et la violence domestique sont en augmentation.
Une intensification de l’aide au nord-ouest est en cours, grâce à la réponse rapide des donateurs à l’appel de l’ONU visant à collecter une somme de 500 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents de près d’un million de civils déplacés depuis décembre. À ce jour, quelque 340 millions de dollars ont été reçus ou annoncés, mais il en faut plus, a plaidé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, avant de rappeler que les opérations transfrontalières dans le nord-ouest de la Syrie sont une bouée de sauvetage pour des millions de personnes qui ne pourraient pas recevoir de l’aide autrement. Il a appelé toutes les parties à soutenir les efforts visant à garantir un accès humanitaire sans entrave dans le nord-ouest, par-delà les lignes de front. Il a ensuite décrié tout en les condamnant les exactions et pressions contre les agents humanitaires dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie.
M. Lowcock a indiqué que l’OMS explique que la continuité des services de santé dans le nord-est de la Syrie est affectée par la paralysie du point de passage de Yaroubiyé et l’absence d’alternative. Cette situation a causé de nombreuses pénuries dans les centres de santé de la région. « J’exhorte donc à une action rapide pour apporter des fournitures médicales essentielles à tous ceux qui en ont besoin dans le nord-est », a demandé le Secrétaire général adjoint.
M. Lowcock a rappelé que ce mois marque un sombre anniversaire, celui de la dixième année du conflit en Syrie. Plus de la moitié de la population a été forcée de fuir, plus de 11 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, dont près de cinq millions d’enfants, et près de huit millions de personnes n’ont pas un accès fiable à la nourriture, a-t-il résumé. De plus, 500 000 enfants syriens souffrent de malnutrition chronique, alors que la population du pays, y compris dans les zones où les hostilités se sont apaisées, ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts.
Une crise économique, résultant principalement de la guerre, mais aussi en partie des faits inhérents à la région, a entraîné la hausse des prix de plusieurs produits de base, dont le pain et le carburant, et réduit le pouvoir d’achat, forçant les gens à recourir à des mécanismes d’adaptation encore plus négatifs. La situation économique sera également affectée par les mesures prises pour endiguer la COVID-19, a affirmé le Secrétaire général adjoint. Il a relevé que l’ONU continue de répondre aux besoins dans tout le pays, atteignant six millions de personnes chaque mois en moyenne au cours de l’année dernière. Cela comprend le soutien à 26 millions de procédures médicales, une aide alimentaire mensuelle à 4,5 millions de personnes, un soutien d’urgence en eau, assainissement et hygiène à près de 8 millions de personnes et un soutien éducatif à près de 5 millions d’élèves et d’enseignants. Il a conclu en rappelant que le Secrétaire général de l’ONU a souligné que l’on ne peut laisser la dixième année du conflit provoquer « le même carnage, le même mépris des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et la même inhumanité ».
Nous sommes arrivés à un moment critique dans le conflit en Syrie, a alerté M. GEIR O. PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie. Après les violences terribles, un calme relatif prévaut sur le terrain et maintenant, les Syriens sont confrontés à une menace potentiellement dévastatrice, la COVID-19. L’Envoyé spécial a rappelé l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat pour permettre à la famille humaine de s’attaquer à la pandémie. Moi-même, a-t-il ajouté, j’ai lancé un appel à un cessez-le-feu immédiat et complet dans tout le pays pour permettre un effort global contre la COVID-19 qui est un vrai danger pour tous les Syriens. Il s’agit d’un impératif humanitaire et politique, a souligné l’Envoyé spécial.
La Syrie, a-t-il poursuivi, court le risque réel de ne pas être en mesure de contenir la pandémie. L’Envoyé spécial a cité comme raisons les mouvements massifs de population, la surpopulation dangereuse dans les camps de déplacés et les conditions dans les lieux de détention. La gouvernance est faible voire inexistante dans certaines régions et les années de conflit ont conduit à la dégradation et la destruction des infrastructures de santé. Le virus, a prévenu l’Envoyé spécial, ne fait aucune distinction entre ceux qui vivent à l’intérieur ou à l’extérieur des zones contrôlées par le Gouvernement. Le virus met en danger tous les Syriens.
Nous avons besoin, a-t-il dit, du calme que seul un cessez-le-feu global peut offrir pour avoir la coopération qu’il faut entre les lignes de front. Il le faut maintenant, pas demain, a martelé l’Envoyé spécial. S’agissant du nord-ouest, il a indiqué que les Présidents russe et turc se sont mis d’accord sur un protocole additionnel au mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb . Ils ont convenu de l’arrêt de toutes les opérations militaires le long des lignes de contact et depuis lors, l’on a observé une réduction sensible de la violence, y compris des attaques aériennes et des opérations terrestres. Mais des incidents sporadiques ont toujours lieu, impliquant toutes les parties.
Les deux Présidents se sont aussi mis d’accord pour créer un « couloir de sécurité » le long de l’autoroute M4 où des patrouilles conjointes sont prévues. Les premières ont eu lieu les 15 et 24 mars mais pas sur l’ensemble du parcours envisagé par l’accord. La création du couloir se heurte à des difficultés, a reconnu l’Envoyé spécial, en appelant toutes les parties concernées à ne pas rendre la cessation des activités militaires dans le nord-ouest tributaires de cet aspect de l’accord. Il s’est félicité du changement apporté par l’accord et par les actes de la Fédération de Russie et de la Turquie.
Il s’est aussi félicité de ce que les arrangements entre les parties dans le nord-est, à savoir les États-Unis, la Fédération de Russie et la Turquie, tiennent toujours. Mais dans le nord-est comme dans le nord-ouest, il y a le risque que les hostilités reprennent et si c’est le cas, la situation serait encore plus grave pour les civils compte tenu de la propagation du virus à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de la Syrie. Nous devons éviter ce scénario, en coulant les accords dans le béton d’un cessez-le-feu global à l’échelle du pays.
Dans ce contexte, a estimé l’Envoyé spécial, il est également possible de discuter d’un effort antiterroriste ciblé, un effort qui respecte le droit humanitaire international et qui mette les civils à l’abri d’autres attaques. Il a d’ailleurs noté que le dernier accord de désescalade pour Edleb contient un libellé spécifique sur le rejet des attaques contre les personnes et infrastructures civiles.
Un cessez-le-feu à l’échelle du pays, a insisté l’Envoyé spécial, est ce que le Conseil demande dans sa résolution 2254. Il est aussi une réponse effective à la COVID-19, mais il ne suffira pas. M. Pedersen a profité de l’occasion pour rappeler l’appel du Secrétaire général à la « levée des sanctions qui compromettent la faculté des pays à répondre à la pandémie ». Nous faisons déjà en sorte, a-t-il indiqué, que toutes les dérogations humanitaires soient pleinement exploitées. L’Envoyé spécial s’est réjoui, à cet égard, de la coopération des États-Unis et a attiré l’attention sur l’implication de nouveaux acteurs comme la Chine et Cuba. Il a aussi rappelé son appel à la libération des détenus et des personnes enlevées, en attirant l’attention sur le décret du Président syrien relatif à l’amnistie et à la réduction des peines pour certains détenus, sans oublier les dérogations spécifiques.
L’Envoyé spécial a annoncé que les parties se sont mises d’accord sur l’agenda de la prochaine session de la Commission constitutionnelle, à savoir des discussions sur les fondations et les principes nationaux. Cet accord, a-t-il dit, n’est pas une condition préalable aux progrès sur d’autres questions.
La Belgique s’est exprimée également au nom de l’Allemagne avec laquelle elle partage le rôle de porte-plume humanitaire sur la Syrie. Elle a ainsi évoqué la situation humanitaire difficile en Syrie, avant de saluer le fait que l’OMS ait mis à disposition des tests à la COVID-19 pour les civils d’Edleb. La Belqique a souscrit à l’appel de l’Envoyé spécial au cessez-le-feu, à la libération à grande échelle des prisonniers et de personnes enlevées et un accès humanitaire total. Elle a rappelé que ces demandes urgentes sont restées lettre morte par le passé, et au vu des circonstances extraordinaires du moment, elles revêtent un caractère obligatoire.
En ce qui concerne la situation dans le nord-ouest de la Syrie, la Belgique a noté que le cessez-le-feu entre la Fédération de Russie et la Turquie est fragile, mais qu’au moins, il est respecté pour le moment. Quant au nord-est du pays, elle a relevé des déficits dans l’approvisionnement en fournitures médicales, notamment du fait que le Conseil de sécurité n’a pas renouvelé le statut du point de passage de Yaroubiyé au début de l’année. Dans son rapport, a souligné la Belgique, le Secrétaire général appelle à plus d’accès transfrontaliers. Nous, les porte-plume, avons demandé à l’ONU de produire davantage de données sur ces accès à travers la Syrie, et en particulier dans les zones et les centres médicaux du nord-est de la Syrie, a indiqué la Belgique. Pour elle, le Conseil de sécurité devrait se pencher sur la réouverture d’un point de passage dans le nord-est. Le besoin est évident, a affirmé la Belgique avant d’appeler à la responsabilité en Syrie. La tactique de Damas, a-t-elle accusé, semble être de bloquer les travaux de la Commission constitutionnelle. Nous ne contribuerons pas la reconstruction de la Syrie tant qu’une solution politique ne sera pas trouvée, a martelé la Belgique, en sa capacité nationale.
Préoccupée par les graves problèmes d’accès humanitaire constatés dans certaines parties de la Syrie, l’Allemagne a mis en garde contre des besoins potentiellement exponentiels, au cas où l’épidémie de COVID-19 se propage en Syrie. Elle s’est également dite préoccupée par le bien-être et la sécurité du personnel humanitaire sur place. Les restrictions à une aide humanitaire fondée sur des principes et à l’assistance médicale sont devenues d’autant plus inacceptables que la COVID-19 se profile à l’horizon, s’est-elle impatientée, en exigeant un accès plus large au nord de la Syrie et des passages frontaliers pour assurer le flux continu de l’aide. Il est hors de question, a prévenu l’Allemagne, d’accepter la fin des modalités transfrontalières de juillet. Bien au contraire, elles doivent être étendues pour permettre à l’aide d’atteindre tous ceux qui en ont besoin. Dans le contexte de la COVID-19, elle a exhorté les États Membres à reconsidérer leurs positions antérieures au nom de l’humanité et à tirer le meilleur parti du temps qu’il reste encore pour prendre des mesures préventives.
L’Allemagne a rappelé « à tout le monde » que les sanctions ne visent pas la population mais les « dirigeants de Damas », coupables des pires violations des droits de l’homme que l’on puisse imaginer. La situation humanitaire en Syrie est le résultat des politiques de Damas et uniquement de ces politiques, a-t-elle insisté, en rappelant que l’Allemagne et l’Union européenne (UE) font partie des plus grands donateurs humanitaires en Syrie. Depuis le début de l’année, le Gouvernement allemand a fourni une aide humanitaire de plus de 150 millions d’euros pour la crise actuelle à Edleb et l’appel lancé la semaine dernière par M. Lowcock « a été bien entendu à Berlin ».
En outre, l’Allemagne et l’UE soutiennent pleinement l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies et par l’Envoyé spécial à un cessez-le-feu immédiat et global sur toute l’étendue du territoire syrien. Comme l’a déclaré le Ministre allemand des affaires étrangères, la semaine dernière: « Nous avons la responsabilité partagée d’éviter les conséquences fatales que la COVID-19 entraînerait pour les personnes affaiblies par la guerre, les déplacements et la faim. » Il nous faut, a souligné la délégation, un cessez-le-feu dans tout le pays pour pouvoir relever les défis de la COVID-19. Elle a souligné le rôle central de l’ONU pour parvenir à un cessez-le-feu véritable et durable, ajoutant qu’il ne peut y avoir de solution militaire au conflit syrien. La paix, la stabilité et la sécurité durables ne peuvent être obtenues que par un règlement politique sous les auspices de l’ONU, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité et au Communiqué de Genève de 2012. Dès lors, l’Allemagne a appelé à un retour rapide au processus politique. Le régime syrien, a-t-elle martelé, doit cesser de faire obstruction et s’engager enfin sérieusement dans la Commission constitutionnelle. La Fédération de Russie doit à cet égard user de son influence sur Damas.
La délégation a aussi appuyé l’appel de l’Envoyé spécial à la libération à grande échelle des détenus et des personnes enlevées pour des motifs humanitaires. Elle a dit avoir pris note de l’annonce du régime de libérer au moins un certain groupe de prisonniers, à savoir les personnes âgées de plus de 70 ans. Mais, a-t-elle prévenu, ces annonces doivent maintenant être suivies d’actions concrètes, « pour une fois ». Nous avons trop souvent vu par le passé des promesses creuses et jamais été tenues, a regretté la délégation, qui a également demandé au régime syrien de permettre un accès immédiat et inconditionnel des organisations humanitaires compétentes à tous les centres de détention et de garantir des soins médicaux et des mesures de protection adéquats à tous les détenus.
Les États-Unis ont commencé par souligner à quel point le virus COVID-19 peut être perturbateur et mortel. Ils ont pleinement soutenu M. Pedersen dans ses efforts pour faire appliquer le cessez-le-feu demandé par le Conseil dans la résolution 2254. Le peuple syrien a besoin du cessez-le-feu, tel que défini dans la résolution 2254, et non pas d’une autre pause tactique qui permettrait aux forces syriennes et à leurs alliés russes et iraniens de se reposer avant de reprendre leur campagne de terreur dans le nord-ouest du pays, ont-ils souligné ajoutant qu’une telle pause ne ferait qu’encourager la solution militaire qu’elles recherchent.
Les États-Unis ont indiqué que lors de son voyage en Turquie au début du mois, leur représentante permanente a dit avoir rencontré des responsables de l’ONU et des réfugiés syriens. Elle a dit avoir vu de ses propres yeux à quel point l’ONU doit être au cœur de tout effort pour surveiller et vérifier les initiatives de cessez-le-feu. Les États-Unis ont rappelé que M. Pedersen a le pouvoir que lui confère la résolution 2254, de surveiller les lignes de contact pour garantir le respect des accords de cessez-le-feu. Faisant état des informations selon lesquelles les hôpitaux, les cliniques et même les prestataires de soins de santé ont été détruits par le « régime Assad » et les frappes aériennes russes, la délégation a estimé que, compte tenu de cette précarité des infrastructures de santé en Syrie et du début de cette pandémie mondiale, les missions de surveillance interinstitutions des Nations Unies dans le nord-ouest de la Syrie sont de la plus grande importance, tout comme un cessez-le-feu durable.
Pas plus tard qu’hier, la Syrie a signalé son premier décès par coronavirus, ce qui confirme, selon les États-Unis, le danger auquel sont confrontés les Syriens, en particulier ceux qui vivent dans les camps densément peuplés d’Edleb. Dans ce contexte, les arguments en faveur d’une augmentation des livraisons et de l’accès à l’aide transfrontalière de l’ONU ne font que se renforcer. Dans le nord-est du pays, il faut, ont-ils ajouté, exercer une pression pour que l’accès transfrontalier de l’ONU soit rétabli. Ils ont rappelé que deux voix seulement, celles de la Russie et de la Chine, ont bloqué la capacité de l’ONU de fournir 41% de l’aide humanitaire, soit aussi 41% des fournitures médicales. La délégation a exigé que le Conseil se penche sans tarder sur la manière de mettre en œuvre les recommandations du rapport du 25 février du Secrétaire général, y compris sur le rétablissement de l’aide transfrontalière à plus d’un million de personnes dans le nord-est du pays. En raison de la rapidité avec laquelle la COVID-19 se propage, les Syriens vulnérables ne peuvent tout simplement pas attendre l’approbation arbitraire de Damas pour des fournitures médicales, a-t-elle tranché ajoutant que le Conseil devrait autoriser davantage d’opérations transfrontalières de l’ONU, et pas le contraire.
Les États-Unis restent alarmés par le siège délibéré du « régime d’Assad » au camp de déplacés de Roukban. Le régime a de nouveau bloqué le trafic commercial dans le camp, et il refuse même désormais d’autoriser l’ONU à fournir une aide transversale à partir de Damas, s’est indignée la délégation devant cette nouvelle preuve du non-respect des engagements du « régime d’Assad » en faveur du peuple syrien. Cette décennie d’échecs est précisément la raison pour laquelle l’Administration Trump n’a aucune confiance dans ce régime ni dans les promesses de la Russie d’améliorer l’accès humanitaire transfrontalier, a-t-elle expliqué incitant les membres du Conseil à la prudence. « Une fois que les Syriens dans le besoin recevront une aide humanitaire régulière, soutenue et de haute qualité, les États-Unis réévalueront le régime et les promesses russes », a indiqué la délégation. D’ici là, il ne peut y avoir d’autres obstacles à l’accès humanitaire transfrontalier. Un rétrécissement de cet accès mettrait immédiatement des millions de vies en danger. L’Administration Trump, a fait savoir la délégation, exige aussi la libération immédiate de tous les civils et prisonniers politiques qui ont été arbitrairement détenus, y compris les femmes, les enfants et les personnes âgées.
La Fédération de Russie a salué et encouragé la poursuite des contacts entre l’Envoyé spécial et les parties syriennes pour aider les Syriens à trouver un terrain d’entente dans l’intérêt du processus politique. Notant que, « bien sûr », la COVID-19 affecte le calendrier du prochain cycle du dialogue, elle a assuré qu’elle appuiera les efforts de l’Envoyé spécial et qu’elle lui fournira l’aide nécessaire, notamment par le biais de ses contacts avec les parties syriennes.
À Edleb, le cessez-le-feu instauré le 6 mars est généralement respecté, a affirmé la délégation, et le nombre de violations ne dépasse pas deux ou trois par jour. La Fédération de Russie continue de travailler avec ses partenaires turcs pour créer un « couloir de sécurité » le long de l’autoroute M4 et reprendre le transport. Cependant, les groupes radicaux qui sont encore dans cette zone entravent le travail des militaires russes et turcs, a expliqué la délégation, en citant notamment les blocages et les incidents du 14 mars quand des miliciens ont investi les bureaux de la société du Croissant-Rouge arabe syrien à Edleb et Ariha. Dans le nord-est, la situation est extrêmement difficile, a regretté la Fédération de Russie, en rappelant qu’à la fin de 2019, seuls deux hôpitaux publics et quatre centres médicaux étaient pleinement opérationnels sur la rive est de l’Euphrate ce qui, compte tenu de la menace du coronavirus, est alarmant. Parmi les facteurs qui entravent l’accès humanitaire, la Fédération de Russie a cité les restrictions aux mouvements et le manque de garanties de sécurité. Selon certaines informations, a-t-elle affirmé, c’est l’aviation de la soi-disant « coalition internationale » qui a détruit des ponts sur l’Euphrate, coupant ainsi les liens entre les territoires syriens.
Prenant note des premiers cas de coronavirus à l’intérieur du camp de Roukban, la Fédération de Russie a mis en garde contre la situation dans le camp de Hol, compte tenu de son emplacement et de ses conditions sanitaires catastrophiques. Il y a peu d’espoir que le coronavirus épargne ce camp, a-t-elle averti. Rebondissant sur les commentaires faits aujourd’hui sur le camp de Roukban, la délégation russe a rappelé que ce n’est pas Damas, mais les miliciens qui le contrôlent et qui empêchent l’aide humanitaire d’y parvenir. Elle a également tenu à rappeler que la responsabilité de la population civile incombe aux forces d’occupation « illégales ». Quelles mesures prennent-elles dans les territoires syriens occupés? a-t-elle demandé.
Pour ce qui est de la livraison « bloquée » de médicaments « vitaux » dans le nord-est, la Fédération de Russie a rappelé que les 25 et 26 février, le Gouvernement syrien a autorisé le transport transfrontalier de biens humanitaires vers toutes les régions de la Syrie. La livraison aérienne ponctuelle de médicaments d’Erbil à Qamichli est également autorisée. Or, l’aéroport d’Erbil est fermé et celui de Qamichli aussi. Pourquoi la cargaison n’a pas été livrée ce mois-ci? Nul ne le sait, a dit la délégation, qui a tout de même indiqué que ce n’est certainement pas la faute des autorités syriennes. Nous attendons, a-t-elle dit, les explications de M. Lowcock.
Un vrai dialogue avec Damas, a préconisé la Fédération de Russie, peut contribuer à résoudre les problèmes liés à l’aide humanitaire. En attendant, les autorités syriennes prennent toutes les mesures nécessaires pour empêcher la propagation du virus: instauration d’un couvre-feu, distribution de biens de première nécessité, élaboration de plans d’intervention en quarantaine, ouverture de laboratoires, etc. Une amnistie a été annoncée et le recrutement au service militaire a été temporairement suspendu. La Fédération de Russie et la Chine ont déjà commencé à fournir une assistance, notamment en envoyant des fournitures médicales. L’aide humanitaire, a estimé la délégation, ne doit pas seulement être acheminée. Elle doit l’être en toute sécurité et seul le Gouvernement syrien est capable d’assurer cette sécurité. Assurant que les autorités syriennes sont prêtes à discuter avec les Nations Unies des options pour l’acheminement de l’aide humanitaire, la Fédération de Russie a estimé que l’ONU devrait s’engager de bonne foi. Elle a réitéré son appel et celui du Secrétaire général de l’ONU à la levée des sanctions qui paralysent non seulement l’économie syrienne mais qui bloquent aussi l’approvisionnement en produits et matériels médicaux.
Pour la France, il est crucial que le Conseil de sécurité continue d’échanger régulièrement sur la situation en Syrie, la priorité absolue devant être la mise en œuvre d’un cessez-le-feu national immédiat et durable pour faciliter les efforts de réponse à la crise de la COVID-19. Elle a appelé toutes les parties à travailler activement dans ce sens constatant que le risque de propagation de la pandémie de COVID-19 en Syrie est extrêmement préoccupant, notamment dans le nord-ouest et le nord-est du pays. Dès lors, a-t-elle estimé, un cessez-le-feu national est le seul moyen de faciliter les actions de prévention et de réponse à laCOVID-19. Cela est d’autant plus nécessaire que la mise en œuvre de l’accord russo-turc du 5 mars sur Edleb reste fragile et incertaine, a-t-elle ajouté.
La France appuie également pleinement l’appel lancé par l’Envoyé spécial, M. Pedersen, pour la libération à grande échelle des détenus et des personnes enlevées, en particulier des prisonniers politiques, ainsi que l’accès immédiat des organisations humanitaires compétentes aux centres de détention. Elle appelle toutes les parties, en particulier le régime syrien, à garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin, d’autant plus que les agences des Nations Unies et leurs partenaires intensifient leurs efforts pour répondre aux besoins humanitaires de la population et à la crise de la COVID-19. Ces efforts doivent être soutenus et renforcés, a-t-elle dit. Dans ce contexte, le mécanisme transfrontalier n’a jamais été aussi pertinent dans le nord-ouest, et l’intensification de l’acheminement de l’aide humanitaire à travers les deux points de passage doit se poursuivre. La France, a assuré la délégation, reste déterminée à préserver ce mécanisme de sauvetage. Elle a d’ailleurs engagé 25 millions d’euros pour 2020 dans la réponse humanitaire au nord-ouest, dont 3 millions d’euros sont alloués à la réponse à la COVID-19.
S’agissant du nord-est, la France a déploré que la récente annonce du régime concernant la livraison transversale d’articles médicaux ne se soit pas concrétisée. Les tentatives du régime de dicter les conditions de livraison de l’aide sont inacceptables, s’est-elle indignée, et en violation flagrante des principes humanitaires. Il est essentiel que le convoi de l’OMS à Damas puisse fournir une aide à toutes les personnes dans le besoin dans le nord-est, a exigé la France, qui a également demandé des mesures urgentes pour assurer des soins médicaux adéquats et des mesures de protection dans tous les lieux de détention.
Pour ce qui est de la relance urgente du processus politique, la France soutient les tentatives de l’Envoyé spécial pour trouver un accord entre les parties afin de reprendre les réunions de la Commission constitutionnelle. Cependant, il est clair que le régime syrien n’est pas disposé à s’engager dans un processus politique crédible ou à s’engager du tout, comme les cinq derniers mois l’ont suffisamment montré, a regretté la délégation. Dans ce contexte, la France demande à M. Pedersen de clairement indiquer au Conseil de sécurité lorsqu’il estime ne plus être en mesure de poursuivre ses efforts pour ce qui est de la Commission constitutionnelle. Elle le prie également de travailler instamment sur tous les aspects de la résolution 2254, « car le processus politique ne saurait être réduit à des discussions constitutionnelles ». Le cessez-le-feu est l’un de ces aspects, tout comme des élections et des conditions d’un scrutin transparent et libre, a précisé la délégation, pour laquelle l’accalmie temporaire obtenue dans le nord-ouest doit être utilisée à cet effet. En conclusion, la France a réitéré son appel à la Russie pour convaincre le régime syrien de respecter un cessez-le-feu national dans le contexte de l’épidémie de COVID-19.
La Tunisie, qui a appelé à la coopération et à la solidarité internationales et régionales, ainsi qu’à une gouvernance cohérente et bien financée de la crise COVID-19, a dit apprécier les efforts déployés par les Nations Unies en Syrie dans ce contexte ainsi que la fourniture continue d’une assistance vitale transfrontalière. Félicitant en particulier OCHA pour sa coordination globale et l’OMS pour son expertise technique et son soutien opérationnel, la Tunisie a souligné que les mesures de prévention et de réponse à la COVID-19 sont confrontées à de multiples dilemmes et défis qui mettent le droit à la santé et le droit à la vie en danger, en particulier dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie. À cet égard, l’auto-isolement volontaire est mis à mal par les déplacements forcés; la distance sociale est techniquement entravée par des abris débordés; l’hygiène est en péril après la destruction des installations d’eau et d’assainissement; et les infrastructures médicales sont largement décimées. La Tunisie estime que, dans les circonstances actuelles, un ensemble de mesures doit être respecté par les parties concernées sur le terrain et mis en œuvre de bonne foi pour faire face au mieux à une flambée potentiellement catastrophique de la maladie en Syrie.
Parmi ces mesures, la Tunisie a, d’abord et avant tout, cité un cessez-le-feu national immédiat et respecté par tous. Seule la fin des hostilités peut ramener le calme nécessaire pour se concentrer sur l’atténuation de la propagation de la maladie. Faisant ainsi écho aux appels du Secrétaire général et de son Envoyé spécial à faire taire les armes en Syrie et au-delà, la Tunisie a aussi appelé au plein respect par toutes les parties de leurs obligations au titre du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment dans le nord-ouest et le nord-est de la Syrie. Un accès humanitaire transfrontalier sûr, rapide et sans entrave, en particulier pour les articles médicaux, doit être assuré par les parties concernées.
Le sentiment d’urgence suscité par la pandémie de coronavirus justifie la relance urgente du processus politique dirigé par les Syriens, conformément à la résolution 2254 et sous les auspices de l’ONU et de son Envoyé spécial, a souligné la Tunisie. La crise du coronavirus devrait être un stimulus, pour que les parties concernées abandonnent leur combat, réunissent leurs efforts et reprennent de manière constructive et sans conditions préalables les pourparlers de Genève de la Commission constitutionnelle, a estimé la Tunisie. Elle a salué les mesures de confiance supplémentaires, notamment la libération à grande échelle de détenus. Dans ces circonstances exceptionnellement difficiles, elle a appelé le Conseil à donner le ton pour des efforts internationaux communs et crédibles. Son unité à cet égard est primordiale, a conclu la Tunisie.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué le protocole additionnel du 5 mars dernier relatif à la zone de désescalade d’Edleb, tout en souhaitant qu’il puisse conduire à un cessez-le-feu sur toute l’étendue du territoire. Le pays a estimé que la Syrie ne peut se permettre une catastrophe due à la COVID-19 en ce moment. Les mesures de prévention comme la distanciation physique et le lavage fréquent des mains ne sont pas applicables dans des environnements comme les sites de forte densité humaine et les camps de déplacés surpeuplés. Pour Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la COVID-19, et plus globalement la situation humanitaire, sont plus importants que toute dissension politique. C’est pourquoi le pays a appelé ceux qui ont imposé des sanctions unilatérales à la Syrie à s’engager dans un dialogue, afin de renforcer la réponse à la COVID-19 et de l’aider à faire face à ses besoins humanitaires urgents.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a dit soutenir le mécanisme humanitaire transfrontalier, tout comme les arrangements qui visent à maintenir un accès humanitaire sûr et sans entrave, en coordination avec le Gouvernement syrien et dans le respect des principes de l’assistance humanitaire. Le pays a indiqué que la reconstruction de la Syrie est une partie importante de l’amélioration de la situation humanitaire . C’est aussi une mesure nécessaire pour assurer un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés et déplacés. Le pays a ensuite souligné que la présence de groupes terroristes listés par le Conseil de sécurité dans le nord-ouest de la Syrie continue de poser une menace à la souveraineté nationale et au travail essentiel des organisations humanitaires. Dans ce contexte, les opérations antiterroristes doivent être menées dans le respect de droit international. Le règlement de la crise passe par un processus politique inclusif et sans ingérence étrangère, a martelé Saint-Vincent-et-les Grenadines.
Le Royaume-Uni a vu dans les déclarations de MM. Lowcock et Pedersen un ferme avertissement sur la situation en Syrie et sur le terrible coût que la COVID-19 peut représenter dans un pays plongé dans un conflit de près de 10 ans. Naturellement, a-t-il relevé, le risque est aggravé par le fait que la Russie et le régime syrien ont détruit au fil des ans toutes les infrastructures de santé. Le Royaume-Uni s’est aussi inquiété de la situation humanitaire désespérée dans le nord-ouest de la Syrie. Quelque 6,2 millions de déplacés sont particulièrement exposés et près d’un million des habitants de cette partie du pays vivent dans des conditions horribles, dépendant entièrement de l’aide transfrontalière. Cette situation, en particulier celle des femmes et des enfants, a conduit le Royaume-Uni à annoncer une autre somme de 100 millions de dollars pour renforcer la réponse humanitaire, ce qui porte à environ de 200 millions l’aide britannique.
Le Royaume-Uni a demandé à M. Lowcock si, outre le cessez-le-feu, d’autres mesures doivent être prises pour aider les Syriens à combattre la COVID-19. Il est clair que rien n’est plus efficace que l’aide transfrontalière et que pour s’attaquer à la COVID-19, il faut que cette aide soit fournie de la manière la plus efficace possible. Cela veut dire, a martelé le Royaume-Uni, aide transfrontalière dans le nord-ouest et le nord-est. Le Conseil, a-t-il dit, doit réfléchir à l’impact négatif des arrangements actuels et, à la lumière de la COVID-19, élargir l’accès humanitaire.
Pour triompher du virus, a poursuivi le Royaume-Uni, le cessez-le-feu à Edleb doit être permanent. Il doit, a-t-il insisté, être surveillé et vérifié par les Nations Unies. Le Royaume-Uni a donc appuyé l’appel de MM. Lowcock et Pedersen à un cessez-le-feu immédiat et global en Syrie pour permettre les efforts contre la propagation du virus. Relevant que la Fédération de Russie a appelé la communauté internationale à aider tous les Syriens, le Royaume-Uni a répondu que ce dont les Syriens ont vraiment besoin, c’est d’un cessez-le-feu véritable et durable dans tout le territoire et d’un processus politique inclusif, comme le demande la résolution 2254. Ceux qui ont du pouvoir et de l’influence en Syrie sont peut-être en train de condamner les Syriens à une nouvelle crise sanitaire, avec le risque de créer une crise mondiale, a-t-il prévenu.
L’Afrique du Sud a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, ainsi que celui de l’Envoyé Spécial, en faveur d’un cessez-le-feu national en Syrie pour faire face au développement exponentiel de la COVID-19. Elle s’est dite particulièrement inquiète par un virus qui peut se propager parmi une population vulnérable, en particulier dans les camps de déplacés surpeuplés. Elle s’est inquiétée de la fermeture des frontières dans le nord de la Syrie, qui empêche l’arrivée de l’aide humanitaire si nécessaire pour répondre aux besoins liés à la pandémie . Dans ce contexte, elle a fait sien l’appel de l’Envoyé spécial en faveur d’une libération massive des détenus pour raisons humanitaires. Elle a exhorté les parties au conflit à s’assurer que les fournitures médicales nécessaires, dont les tests, les respirateurs et les équipements de protection du personnel, soient disponibles dans toute la Syrie. L’Afrique du Sud a salué les efforts de l’ONU et de l’OMS pour minimiser l’impact du virus sur la population syrienne avant de demander des assurances pour que l’aide soit accordée sur l’ensemble du territoire syrien de manière impartiale et sans entrave.
L’Afrique du Sud a salué le maintien de l’accord de cessez-le-feu intervenu le 6 mars entre la Turquie et la Fédération de Russie et la diminution des hostilités qui en a résulté. Rappelant aux parties leurs responsabilités au regard du droit international humanitaire et des droits de l’homme, elle s’est félicitée de la réouverture des conduites d’eau courante provenant de la station d’Allouk qui dessert 500 000 personnes ainsi que les réfugiés du camp de Hol. Elle s’est aussi félicitée de l’accord intervenu au sein de la Commission constitutionnelle sur l’ordre du jour de sa prochaine réunion, en espérant que cette commission pourra se réunir dans ce contexte extraordinaire. L’Afrique du Sud a réitéré le fait que la situation en Syrie ne pourra être résolue que par le biais de négociations et d’un dialogue dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) qui appelle à un processus politique mené par les Syriens sans ingérence extérieure.
L’Estonie a estimé que la propagation de la COVID-19 vient ajouter une autre couche de complexité à la crise syrienne. Elle a reconnu, avec OCHA, que la fragilité du secteur syrien de la santé, combinée à la propagation du virus, va aggraver la situation des déplacés. Rappelant le caractère vital de l’aide transfrontalière, en vertu de la résolution 2504 (2020) du Conseil de sécurité, l’Estonie a déploré le fait que tant de monde en soit désormais privé. La COVID-19, a-t-elle poursuivi, menace également les détenus. Elle s’est jointe à l’appel de l’Envoyé spécial pour demander une libération de ceux qui sont arbitrairement détenus et un accès des humanitaires aux prisonniers. Elle a jugé que l’annonce d’une amnistie générale est assurément un pas dans la bonne direction, mais elle a relevé qu’il y a encore de nombreuses questions non résolues s’agissant de la mise en œuvre. Par le passé, a rappelé l’Estonie, des annonces similaires n’ont donné que des résultats très limités. Le maintien du cessez-le-feu à Edleb est crucial à la fois pour l’avenir du processus politique et pour l’accès humanitaire, a-t-elle souligné, non sans appeler à son tour à un cessez-le-feu national sur tout le territoire.
Le Niger a pleinement appuyé l’appel à un cessez-le-feu immédiat et global sur tout le territoire syrien. En ces temps inédits, a-t-il souligné, nous devons nous concentrer sur notre ennemi commun, la COVID-19. Compte tenu de l’état des infrastructures de santé, il sera très difficile, a prévenu le Niger, d’accueillir dans les hôpitaux un très grand nombre de patients. La vulnérabilité des déplacés et des réfugiés, dont la majorité sont des femmes et des enfants, créera une crise plus vaste encore, compte tenu de l’impossibilité de pratiquer la distanciation sociale dans des camps surpeuplés. Le Niger a plaidé pour l’élargissement de l’accès humanitaire et appelé le Gouvernement et les organisations de la Syrie à multiplier les partenariats pour protéger les Syriens partout où ils sont dans le pays. Le Niger a insisté sur le fait que la crise syrienne doit être résolue politiquement et pas militairement. Il a souligné la validité d’un processus mené par les Syriens eux-mêmes. Il a donc salué l’évolution positive de la Commission constitutionnelle. Les situations politique et humanitaire sont liées, a estimé le Niger, en voulant qu’elles soient résolues en même temps. Il a espéré donc que l’appel au cessez-le-feu de l’Envoyé spécial constitue un pas vers la mise en œuvre des autres aspects de la résolution 2254.
Le Viet Nam a salué l’évolution encourageante de la situation sécuritaire dans le nord-ouest de la Syrie, grâce à la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu entre la Fédération de Russie et la Turquie. Il a estimé qu’il s’agit d’un moment critique pour renforcer le dialogue, surmonter l’impasse politique, mettre fin à des années de conflit et apporter une paix durable aux Syriens. Le Viet Nam a rappelé son appui au rôle de l’Envoyé spécial. Il a aussi fermement appuyé l’appel de l’Envoyé spécial et du Secrétaire général au cessez-le-feu pour donner une chance à la paix et à la lutte contre l’ennemi commun qu’est la COVID-19.
Il s’est dit préoccupé par l’impact dévastateur du conflit sur les habitants du nord-ouest et par la pénurie des produits de première nécessité, y compris dans le nord-est. Au moment où nous vivons une pandémie impossible à stopper, nous nous inquiétons de son impact sur le peuple syrien, a-t-il dit à son tour. Cette menace ne pourra être éradiquée dans l’état actuel du secteur syrien de la santé, a-t-il souligné, en saluant par conséquent, les mesures prises par l’OMS, l’OCHA et d’autres partenaires humanitaires pour aider le Gouvernement syrien. Le Viet Nam a exhorté toutes les parties pertinentes à veiller à une fourniture rapide et sans entrave de l’aide humanitaire dans toutes les parties de la Syrie.
La République dominicaine a indiqué que les pays développés éprouvent déjà de grandes difficultés dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Ce qui pourrait se passer en Syrie, en particulier dans le nord, brise le cœur, a-t-elle déclaré, en mettant en garde contre une propagation du virus, même si le nombre de cas est peu élevé pour l’instant. La République dominicaine a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat et total dans tout le pays. Elle a en outre espéré que le cessez-le-feu du 6 mars, qui semble pour l’heure tenir, s’avérera durable. Le Conseil doit demeurer attentif à la situation sur le terrain et suivre les mouvements des forces en présence. Vivement préoccupée par la situation dans le nord-est syrien, elle a appelé toutes les parties concernées à faciliter la réponse humanitaire dans cette zone. « Si cela inclut la réouverture du point de passage de Yaroubiyé, alors nous devons l’appuyer. » Les temps extraordinaires que nous vivons exigent des mesures extraordinaires, a poursuivi la République dominicaine. « Nous ne devons penser qu’au bien-être de la population. » Enfin, elle a appuyé tous les efforts visant à lutter contre la COVID-19 en Syrie, étant donné que le pays ne pourra pas y faire face. La situation exige une action urgente et immédiate et, par-dessus tout, la solidarité de tous, a conclu la République dominicaine.
La Chine a noté que la Russie et la Turquie ont convenu d’un accord de cessez-le-feu le 6 mars et que la situation en matière de sécurité dans le nord-ouest de la Syrie s’est considérablement améliorée depuis. Elle a encouragé les parties concernées à continuer d’appliquer le cessez-le-feu. La Chine prône une solution politique et appelle l’Envoyé spécial à continuer de faciliter le dialogue entre les parties syriennes, en vue d’un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015). Elle a insisté sur le fait que l’avenir du pays doit être décidé par le peuple syrien, sans ingérence étrangère. La Chine accorde également une attention particulière aux besoins humanitaires des civils en Syrie. La question humanitaire en Syrie est très compliquée et elle doit être gérée de manière intégrée et impartiale, a-t-elle encore insisté. Elle a appelé à une coordination et une coopération renforcées entre le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le Gouvernement syrien, afin de trouver une solution pérenne et durable. En ce qui concerne l’arrangement transfrontalier de l’aide humanitaire, notre position reste inchangée, a souligné la Chine. Nous avons joué un rôle constructif et nous n’avons rien bloqué. Il faut, a-t-elle martelé, respecter pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.
La Chine s’est à son tour montrée préoccupée par l’impact potentiel de la COVID-19 sur la Syrie, même si le nombre actuel de cas confirmés en Syrie est relativement limité. Elle a pris note des mesures de précaution prises par le Gouvernement syrien et indiqué que son propre gouvernement a déjà fourni un lot de kits pour les tests. Elle s’est aussi dite gravement préoccupée par l’impact négatif des sanctions unilatérales sur la capacité des pays à faire face à la pandémie, en particulier les pays vulnérables comme la Syrie. Les civils et les populations innocentes souffrent gravement de ces sanctions, a-t-elle dénoncé, en demandant la levée complète et immédiate des mesures coercitives unilatérales.