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ECOSOC/7022

Forum politique de haut niveau « virtuel » sous l’égide de l’ECOSOC en pleine COVID-19: les actions doivent s’accélérer pour atteindre les ODD dans les temps

À l’ouverture des travaux du forum politique de haut niveau pour le développement durable, placé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), la Présidente de cet organe, Mme Mona Juul (Norvège), a parlé d’une session cruciale au moment où démarre la Décennie d’action et de réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

«  Action accélérée et solutions transformatrices: une décennie d’action et des résultats pour le développement durable  », thème de la session qui se tient du 7 au 16 juillet, a inspiré les discussions organisées par visioconférence à cause de la pandémie de COVID-19.  La décennie d’action et de mise en œuvre a été lancée par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet sur les ODD en septembre 2019, afin d’accélérer les progrès vers ces objectifs et de mettre le monde sur la bonne voie pour les atteindre d’ici à 2030. 

Aujourd'hui, le forum politique de haut niveau a achevé la première partie de sa session dans un format virtuel et donc informel, session marquée par plusieurs débats thématiques ainsi que par les examens volontaires nationaux qui s’étalent du 10 au 16 juillet: 47 pays présentent cette année leur rapport, dont 26 pour la première fois. 

De plus, pour la troisième année consécutive, une série de « laboratoires » des examens nationaux a lieu en marge des travaux.  Il s’agit d’une plateforme informelle conçue pour favoriser le partage d’expériences et la réflexion sur le processus d’examen national volontaire.  Des manifestations parallèles et des expositions sont aussi organisées en marge des sessions formelles, toujours en mode virtuel.  

Ouverture des travaux 

La Présidente de l’ECOSOC, Mme MONA JUUL (Norvège) a parlé d’un forum politique de haut niveau « crucial » alors que nous entamons la Décennie d’action et de réalisation des objectifs de développement durable.  En effet, le forum politique doit maintenir l’élan atteint lors du Sommet sur les ODD, en septembre dernier, et insuffler une nouvelle dynamique pour surmonter les conséquences négatives de la pandémie de COVID-19, a-t-elle expliqué.  Et tout cela guidé par les valeurs inscrites dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le cadre de financement du développement durable prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba. 

Face aux «  commentaires dédaigneux selon lesquels l’ONU n’a pas le pouvoir d’apporter les changements systémiques nécessaires et de faire une différence dans la vie des gens  », Mme Juul a rétorqué que «  l’ONU est un moteur d’idées révolutionnaires et de coordination mondiale  ».  Alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, montrons à nouveau le pouvoir des Nations Unies, a-t-elle clamé.  « Montrons au monde que nous sommes à la hauteur de la tâche et qu’avec détermination et actions, nous pouvons reconstruire en mieux et faire avancer le monde. »  La Présidente de l’ECOSOC a en même temps rappelé que, selon le rapport d’étape sur la mise en œuvre des ODD, les progrès accomplis jusqu’à présent sont encore inégaux et qu’il faut de nouvelles initiatives pour réaliser le Programme 2030. 

Rapport du Secrétaire général: le point annuel sur les objectifs de développement durable  

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a présenté le rapport 2020 du Secrétaire général qui fait le point annuel sur les résultats atteints par rapport aux objectifs de développement durable.  Un rapport qui souligne, a-t-il avoué, à quel point nous sommes loin de réaliser les ODD, d’autant plus que le monde est confronté à une crise aux proportions historiques.  Celle-ci menace les progrès vers la réalisation des ODD et, en plus, rend leur accomplissement d’autant plus urgent, a-t-il relevé, tout en plaidant pour une reprise véritablement transformatrice après la COVID-19.  Une reprise qui réduit le risque de crises futures et nous équipe pour atteindre les objectifs du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Pour que le monde sorte plus fort de la crise, le Secrétaire général adjoint a recommandé que l’ONU, tous les gouvernements et tous les partenaires maintiennent le cap.  Le rapport d’activité du Secrétaire général montre qu’à un tiers du chemin parcouru vers les ODD, les efforts mondiaux ont échoué, au moment où, en plus, l’on constate les effets de la COVID-19 sur les efforts de mise en œuvre des ODD.  Même avant la pandémie, les progrès étaient inégaux, précise le rapport qui a été préparé en coopération avec plus de 200 experts de plus de 40 agences internationales, en utilisant les dernières données disponibles produites par les États Membres et les estimations produites par les agences internationales.  Il faut donc adopter des mesures à un rythme plus soutenu, et ce dans la plupart des domaines.  

Récapitulant d’abord les progrès réalisés dans un certain nombre de domaines, le rapport cite le taux mondial de mortalité maternelle qui a diminué de 38% et le taux de mortalité des moins de 5 ans qui a baissé de près de 50% depuis 2000.  En outre, plus d’un milliard de personnes ont eu accès à l’électricité entre 2010 et 2018.  Il s’avère aussi que les pays ont élaboré des politiques nationales pour soutenir le développement durable et signé des accords internationaux de protection de l’environnement. 

Cependant, les progrès ont été au point mort ou inversés dans d’autres domaines.  Ainsi, le nombre de personnes souffrant d’insécurité alimentaire est en augmentation et environ deux milliards de personnes étaient touchées par une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2018.  De même, les changements climatiques se produisent beaucoup plus rapidement que prévu et l’année 2019 a été la deuxième plus chaude jamais enregistrée, de même que la décennie 2010-2019.  Les inégalités ont continué d’augmenter au sein des pays et entre eux, a encore souligné le Secrétaire général adjoint. 

Par ailleurs, les effets de la pandémie et les mesures prises pour atténuer son impact ont eu les conséquences suivantes: les systèmes de santé dans le monde ont été submergés; de nombreuses entreprises et usines ont dû fermer; 1,6 milliard d’élèves n’ont pas été scolarisés; les chaînes de valeur mondiales et l’approvisionnement en produits ont été perturbés; et on prévoit que 71 millions de personnes vont retomber dans l’extrême pauvreté.  Les femmes et les enfants sont les plus touchés, alors que la crise a considérablement affecté les moyens de subsistance de 1,6 milliard de travailleurs du secteur informel, soit la moitié de la main-d’œuvre mondiale.  Cela aggrave la vulnérabilité du milliard de personnes qui habitent les bidonvilles. 

De plus, il est prévu que la perturbation des services de santé et des interventions vitales va entraîner des centaines de milliers de décès d’enfants de moins de cinq ans et un pic de maladies et de décès dus à des maladies transmissibles et non transmissibles.  Dans le même temps, de nombreux pays ont constaté une augmentation du nombre de signalements de violence domestique à l’égard des femmes et des enfants.  Il est aussi estimé que la chute du commerce mondial sera entre 13 et 32%, que la diminution de l’investissement étranger direct ira jusqu’à 40% et que les envois de fonds vers les pays à revenu faible ou intermédiaire diminueront de 20% en 2020.  Tous ces chocs externes, conjugués aux pertes d’emplois, à la fragilité des systèmes de santé, à l’insuffisance des services de base et à la faible couverture des systèmes de protection sociale, aggravent la vulnérabilité des pays. 

Face à cette liste de problèmes à régler, le rapport souligne la nécessité plus que jamais d’une solidarité et d’une coopération au niveau mondial.  C’est pour cela que le Secrétaire général appelle à une réponse multilatérale à grande échelle, coordonnée et globale représentant au moins 10% du produit intérieur brut (PIB) mondial.  Il a préconisé une série de mesures pour donner aux pays en développement la puissance de feu financière dont ils ont besoin pour traverser la tempête. 

Combattre la faim et atteindre la sécurité alimentaire 

M. BERNARD LEHMANN, du  Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutritionde la FAO, a rappelé que le monde compte 821 millions de personnes souffrant de sous-alimentation chronique et de mauvaise nutrition, ce qui est la cause de près de 45% des décès d’enfants de moins de cinq ans.  Or, les effets économiques de la COVID-19, en particulier ses conséquences sur les systèmes alimentaires, ont atteint les perspectives de sécurité alimentaire.  

Le Groupe d’experts a donc recommandé quatre changements politiques essentiels pour atteindre les six dimensions de la sécurité alimentaire: des politiques qui favorisent une transformation radicale des systèmes alimentaires; des politiques qui tiennent compte de l’interdépendance des systèmes alimentaires avec d’autres secteurs, tels que la santé et l’environnement, l’agriculture et l’alimentation; des politiques de lutte contre la faim et toutes les formes de malnutrition; et des politiques qui développent des solutions spécifiques au contexte, en tenant compte des conditions et des connaissances locales.  

Renforcer l’action au niveau local pour contrôler la pandémie et booster les ODD 

Le Gouverneur de la préfecture de Kanagawa (Japon), M. YÛJI KUROIWA, a expliqué au cours de cette session que pour protéger sa population de la COVID-19, la préfecture avait développé une application de smartphone pour aider les gens à gérer leur santé au quotidien.  Une autre application permet d’analyser l’état d’esprit d’une personne, avec notamment le son de sa voix.  Cette approche de gestion quotidienne de la santé est vitale pour répondre à la COVID-19, a-t-il argué.  Une application différente utilise l’intelligence artificielle pour donner des conseils sur la COVID-19 en fonction de l’état de santé de l’utilisateur, l’informant s’il est entré en contact étroit avec un patient positif à la COVID-19. 

Par ailleurs, a poursuivi le Gouverneur, les autorités ont promu le télétravail et le diagnostic à distance en vue de protéger la population.  Il a affirmé que la « transformation numérique » est exactement ce dont nous avons besoin pour contrôler les épidémies comme la COVID-19.  Au printemps de l’année prochaine, Kanagawa se joindra au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour organiser le  Festival mondial d’action pour les objectifs de développement durable. 

Comment faire pour ne laisser personne de côté? 

Le Directeur de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), M. PAUL LADD, a évoqué un rapport de l’Institut qui examine si des individus et des groupes ont été laissés pour compte dans les interventions politiques visant à lutter contre la COVID-19.  Le rapport est basé sur une enquête du réseau de l’UNRISD et s’appuie sur des informations couvrant 82 pays. 

D’une manière générale, seule une minorité de pays a déployé des efforts particuliers pour venir en aide aux personnes vulnérables ou susceptibles de le devenir à cause de la crise -parce qu’elles vivent dans la pauvreté, ont des moyens de subsistance ou des revenus précaires, sont plus âgées ou issues de populations autochtones.  De nombreux pays ne disposent pas de systèmes universels de santé et de protection sociale capables de fournir un soutien en cas de crise. Pourtant, ce sont ces systèmes universels qui minimisent le risque d’amplification et de maintien des situations défavorables, tout en offrant une voie de retour à l’inclusion économique et sociale.  Le rapport conclu donc que la pandémie de COVID-19 exacerbe les inégalités existantes et risque d’enfoncer davantage certains groupes et communautés dans des situations difficiles. 

Le rapport recommande, au niveau international, de colmater les fuites fiscales et de mettre fin à l’évasion des capitaux qui ont conduit à un afflux de richesses pour les particuliers et les entreprises riches, sapant ainsi la capacité du monde à soutenir ceux qui vivent dans la pauvreté ou qui sont vulnérables. 

Mobiliser la solidarité internationale et accélérer le rythme des actions pour la réalisation du Programme 2030dans les pays africains, les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral 

La Haute Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme FEKITAMOELOA ʻUTOIKAMANU, a souligné que les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les pays africains sont particulièrement affectés par la COVID-19 et la récession mondiale que cette pandémie déclenche.  Ce sont les plus pauvres, notamment les femmes et les filles et les personnes handicapées, qui souffrent le plus, a-t-elle noté.  Elle a rappelé que les Groupes des PMA et des pays en développement sans littoral ont préparé des déclarations sur la COVID-19 dans lesquelles ils décrivent leurs problèmes particuliers et comment reconstruire en mieux. 

Mme ʻUtoikamanu a également fait observer que les préparatifs de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA de Doha sont évidemment affectés par la COVID-19.  C’est ainsi que les réunions préparatoires régionales de mars et avril au Malawi et du Bangladesh pour les PMA d’Asie-Pacifique ont dû être reportées.  En ce qui concerne la conférence en elle-même, le Qatar a proposé de la reporter à janvier 2022 afin de permettre un processus préparatoire complet et donnera l’occasion d’avoir une conférence avec des interactions en personne.  Le processus préparatoire intergouvernemental devra être ajusté en conséquence et une résolution de l’Assemblée générale confirmant les nouvelles dates devrait être adoptée prochainement. 

Examens nationaux volontaires

Les examens nationaux volontaires visent à faciliter le partage des expériences, y compris les succès, les défis et les enseignements tirés en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.  Ces examens ambitionnent également de renforcer les politiques et les institutions des gouvernements et de mobiliser le soutien et les partenariats multipartites pour la mise en œuvre des ODD.  Pour cette session, ce sont 47 pays qui se sont engagés à présenter des examens volontaires, le même nombre que l’an dernier. 

Dans ce contexte, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a présenté quelques messages clefs des examens nationaux volontaires.  Elle a souligné que la COVID-19 a rendu la mise en œuvre des ODD encore plus urgente.  S’adressant aux États Membres sur un ton encourageant, elle a dit qu’«  avec le Programme 2030 comme étoile du nord, nous pouvons protéger les gains de développement récents, prévenir les crises futures et reconstruire mieux  ». 

Elle a ensuite félicité tous les pays qui ont finalisé leurs évaluations malgré les perturbations apportées par la pandémie, tout en saluant le Groupe des amis des examens nationaux volontaires qui a jeté les bases d’un engagement plus interactif lors des présentations.  Mme Mohammed a estimé que ces examens nationaux restent le principal moyen pour les gouvernements d’examiner avec soin la mise en œuvre de leurs engagements de 2015.  Elle a salué le fait que de nombreux pays ont intégré les ODD dans leurs stratégies nationales de développement et leurs dispositions institutionnelles.  Cette année, a-t-elle indiqué, l’accent est mis sur la manière dont les pays alignent leurs budgets et leurs cadres de financement sur la mise en œuvre des ODD. 

Par ailleurs, elle a relevé que même avant la crise de la COVID-19, nous étions loin de là où nous devions être.  En effet, le rapport d’étape sur les ODD 2020 démontre que, dans un large éventail de paramètres, nous reculions ou n’allions pas assez vite -de la pauvreté à l’égalité des sexes, de la croissance économique inclusive à la biodiversité, des changements climatiques à l’objectif de justice et d’institutions efficaces.  Au cours de cette Décennie d’action, nous devons donc combler le fossé entre le processus des ODD et la progression vers ces objectifs a-t-elle plaidé.  Elle a recommandé aux États Membres de se concentrer davantage sur les politiques, les programmes, les actions et les partenariats qui soutiendront une mise en œuvre accélérée à grande échelle.  

Plus tard cette année, a-t-elle annoncé, le Secrétaire général publiera de nouvelles directives pour les examens nationaux volontaires afin de soutenir une telle évolution.  «  Nous veillerons également à ce que cet esprit soit au cœur du premier événement consacré aux ODD que le Secrétaire général organisera dans le cadre du débat général de cette septembre prochain. » 

Compte tenu de la nature virtuelle des réunions, les pays qui présentent leurs rapports l'ont fait soit en direct, soit par le biais d’exposés préenregistrés, soit en utilisant les deux procédés. 

La compilation des principaux messages relatifs aux 47 examens nationaux volontaires présentés au forum politique de 2020 est contenue dans une note du Secrétariat

Le programme des travaux de l’ECOSOC prévoit le début, demain à 9 heures, de la session ministérielle du forum politique qui coïncide avec le débat ministériel de l’ECOSOC.  Cette session, qui s’étale du mardi 14 au jeudi 16 juillet, entendra la suite de la présentation des examens nationaux volontaires entamée vendredi dernier.   Elle s’achèvera vendredi 17 juillet par l’adoption, comme chaque année, d’une déclaration ministérielle. 

La Section des communiqués de presse a effectué ce résumé des travaux du Forum politique de haut niveau pour le développement durable à partir des documents envoyés par le Secrétariat de l’ECOSOC, qui sont également disponibles sur le site internet de l’ECOSOC.

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