Conseil de sécurité: élections, relations entre les acteurs politiques, sécurité et situation humanitaire, les grands enjeux de la stabilisation en Somalie
La réunion que le Conseil de sécurité a tenue aujourd’hui sur la situation en Somalie a permis d’aborder les questions des élections, des relations entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, de la sécurité et du front humanitaire, les grands enjeux de la stabilisation en Somalie, selon le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), M. James Swann, et le Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira.
Le Conseil de sécurité s’est réuni au Siège de l’ONU à New York, dans son souci d’alterner séances en personne et séances virtuelles, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour lui.
Attirant l’attention sur le rapport du Président de la Commission électorale indépendante de la Somalie, à la Chambre du peuple, le 27 juin dernier, le Chef de la MANUSOM a annoncé qu’à ce stade, les élections au suffrage universel, prévues pour novembre 2020, ne pourraient avoir lieu qu’en mars 2021, au plus tôt, si l’on utilise l’inscription manuelle des électeurs, ou en août 2021, si l’on recourt à l’enregistrement biométrique.
La Constitution fédérale provisoire stipulant que le Parlement doit être élu au suffrage direct et qu’il doit l’être tous les quatre ans, le Chef de la MANUSOM en a conclu qu’il est désormais clair qu’il n’est pas possible de satisfaire à ces deux exigences constitutionnelles en 2020, d’autant moins que comme la Cour constitutionnelle n’a jamais été formée et qu’aucun organe judiciaire crédible ne peut résoudre ce dilemme. Pour trouver une solution, a suggéré M. James Swann, il faut un large accord politique de toutes les parties prenantes.
Le haut fonctionnaire a indiqué que le 22 juin, par visioconférence puis du 18 au 22 juillet, en personne, les dirigeants du Gouvernement fédéral et ceux des États fédérés, se sont mis d’accord en juillet à Dhuusamarreeb sur l’objectif d’élections justes et crédibles, acceptables par tous, et autorisé un comité technique à présenter des options détaillées pour examen.
Le 15 août, le Président Farmajo et trois dirigeants d’États fédérés sont retournés à Dhuusamarreeb pour poursuivre les discussions, en l’absence des Présidents du Puntland et du Djoubaland. Il appartient bien sûr aux parties prenantes somaliennes de déterminer un modèle qui guidera le processus électoral, a souligné le Chef de la MANUSOM. Mais le modèle de 2016 a d’emblée été décrié: il faut éviter, a dit l’Allemagne, un retour aux formes antérieures de gouvernance où quelques groupes décidaient pour l’ensemble du pays. L’accord à venir doit représenter des progrès évidents, a renchéri le Royaume-Uni. Cela veut dire le respect des principes et des engagements convenus dans le Cadre de responsabilité mutuelle, y compris un quota d’au moins 30% pour les femmes au Parlement dont les initiatives ont été dénoncées par la France: le vote de destitution du Premier Ministre Hassan Ali Khayre « n’a pas respecté les règles institutionnelles que nous soutenons ».
Le Chef de la MANUSOM a aussi salué le sommet des dirigeants de la Somalie et du Somaliland convoqué par le Président djiboutien, le 14 juin, avec la facilitation de l’Union européenne (UE) et des États-Unis. Il s’est inquiété de la recrudescence inquiétante des attaques des Chabab, en particulier à Mogadiscio, et dans plusieurs régions. Cette menace reste réelle, a confirmé le Chef de l’AMISON qui a plaidé pour la poursuite de l’appui de sa Mission afin que la Somalie puisse assumer ses responsabilités en matière de sécurité d’ici à 2021.
Pour assurer la capacité des Forces de sécurité somaliennes à prendre en charge les zones sous contrôle de l’AMISOM et celles qui devraient être libérées des Chabab, il faut, a insisté M. Madeira, des approches « réalistes et concrètes » afin d’accélérer le rythme de la génération des forces. La « passivité » des autorités somaliennes en la matière a été dénoncée par la Fédération de Russie. Ces autorités, a précisé la France, doivent mettre en œuvre les « benchmarks » établis par le Conseil de sécurité dans la résolution 2520 (2020).
Les décisions sur le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie après 2021 sont directement liées aux progrès qui seront accomplis, a-t-elle martelé, prévenant que le modèle actuel de soutien à la Somalie ne peut être tenu pour acquis et que celui du financement de l’AMISOM par l’UE n’est pas viable. La France a averti que l’appui de l’UE au secteur de la sécurité en Somalie dépendra de la mise en place de mécanismes de redevabilité, de la participation de l’UE aux décisions stratégiques de l’AMISOM et de la contribution financière d’autres partenaires.
Il faut continuer d’aider la Somalie à prendre en main ses problèmes de sécurité, a plaidé l’Afrique du Sud. Il faut aussi l’aider, a-t-elle dit, à atténuer les effets de la triple menace, à savoir la pandémie de COVID-19, l’invasion de criquets pèlerins et les inondations. Plus de cinq millions de personnes, soit un tiers de la population somalienne, ont encore besoin d’une aide humanitaire vitale, a rappelé le Chef de la MANUSOM, qui s’est alarmé de ce que l’appel humanitaire d’un peu plus d’un milliard de dollars pour 2020 ne soit actuellement financé qu’à un peu plus de la moitié.
Le Royaume-Uni a rappelé qu’il a débloqué une somme de 420 millions de dollars au cours du dernier exercice budgétaire et qu’il s’emploie maintenant à soutenir la riposte à la COVID-19. C’est une enveloppe de 23 millions que les États-Unis ont promis pour la pandémie, après avoir versé plus de 5,3 milliards de dollars d’aide étrangère, ces 20 dernières années.
La Somalie s’est engorgueilli des progrès « clairs » qu’elle a réalisés, déterminée à placer le peuple au centre de la démocratie, en lui donnant l’occasion « historique » de décider de son avenir par les urnes. La sécurité, a-t-elle aussi affirmé, est l’objectif premier du Gouvernement qui crée une force armée bien formée, capable d’assurer une sécurité fondée sur les droits et des institutions comptables de leurs actes. La Somalie a attiré l’attention sur le programme ambitieux de réformes budgétaires et économiques, guidé par le Fonds monétaire international (FMI) qui a permis l’allégement de la dette, le regain de confiance dans sa capacité de changement et l’accès à des ressources précieuses pour la lutte contre la pandémie de COVID-19.
LA SITUATION EN SOMALIE (S/2020/798)
Déclarations
M. JAMES SWAN, Représentant spécial pour la Somalie et Chef de Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a abordé quatre questions: les élections, les relations entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, la situation sécuritaire et les développements humanitaires. Cette semaine, a indiqué M. Swan, les principaux dirigeants somaliens se sont réunis à Dhuusamarreeb pour tenter de parvenir à un compromis sur la manière de procéder aux élections en 2020 et en 2021. Il a regretté l’absence à cette réunion du Président du Puntland, M. Said Deni, et du Président du Djoubaland, M. Ahmed Islam Madobe. Notant qu’il peut y avoir des points de vue très divergents parmi les dirigeants et que les tensions politiques sont fortes en cette période préélectorale, il a fait remarquer que c’est précisément dans de tels moments que les dirigeants de la nation somalienne doivent s’engager dans le dialogue et présenter leurs meilleures idées pour trouver des solutions dans l’intérêt du peuple somalien.
Le 27 juin, a poursuivi M. Swan, le Président de la Commission électorale nationale indépendante a informé la Chambre du peuple qu’à ce stade, les élections selon le principe « une personne-un vote » pourraient avoir lieu au plus tôt en mars 2021 si on utilise l’inscription manuelle des électeurs, ou en août 2021 si la Commission utilise l’enregistrement biométrique. En vertu de la Constitution fédérale provisoire, le Parlement doit être élu au suffrage direct et les élections parlementaires doivent avoir lieu tous les quatre ans, a rappelé M. Swan en déduisant que les élections législatives devraient avoir lieu d’ici à la fin novembre 2020. « Il est maintenant clair qu’il n’est pas possible de satisfaire à ces deux exigences constitutionnelles. » Le Représentant spécial a rappelé que, comme la Cour constitutionnelle n’a jamais été formée, il n’existe pas d’organe judiciaire crédible pour résoudre ce dilemme constitutionnel. Pour trouver une solution, il faut donc un large accord politique, a estimé M. Swan pour qui il est peu probable qu’une action unilatérale de la part d’un intervenant somalien obtienne le soutien et la légitimité nécessaires à sa mise en œuvre.
Depuis plus d’un an, les membres du Conseil de sécurité ont demandé le dialogue et la coopération entre les dirigeants du Gouvernement fédéral de la Somalie et ceux des États fédérés, a-t-il encore rappelé en signalant que ces dirigeants se sont réunis le 22 juin, puis en personne du 18 au 22 juillet à Dhuusamarreeb. Ces réunions ont été rendues possibles grâce à l’initiative du Président Farmajo qui a tendu la main au Président du Djoubaland. Ils se sont mis d’accord en juillet à Dhuusamarreeb sur l’objectif d’élections justes et crédibles, acceptables par tous, et ils ont autorisé un comité technique à élaborer et à présenter des options détaillées pour examen lors de leur sommet de suivi qui a débuté le 15 août. Malheureusement, a déclaré M. Swan, le climat de coopération vu en juillet a ensuite été quelque peu miné par les événements politiques qui ont suivi, certains États fédérés et partis politiques ayant réagi négativement à la destitution brutale du Premier Ministre, entre autres développements.
Le Président Farmajo et trois dirigeants d’États fédérés sont retournés à Dhuusamarreeb le 15 août, comme convenu, pour poursuivre les discussions mais les autres étaient absents. Il appartient bien sûr aux parties prenantes somaliennes de déterminer un modèle qui guidera le processus électoral mais, a demandé M. Swan, un tel modèle doit être trouvé par un dialogue inclusif et un compromis, fondé sur des principes. Parmi ceux-ci, il a cité la tradition de la rotation pacifique au pouvoir tous les quatre ans, l’applicabilité, la représentation beaucoup plus large que le modèle de 2016, l’inclusion des femmes et des progrès vers l’objectif d’élections à « une personne-une voix ». En ce qui concerne un autre dialogue important, le Représentant spécial a salué le sommet des dirigeants de la Somalie et du Somaliland convoqué par le président djiboutien, M. Ismael Omar Guelleh, le 14 juin, avec la facilitation par l’Union européenne (UE) et les États-Unis. « Nous demandons instamment que les discussions de suivi prévues par le Comité technique et les sous-comités se poursuivent », a déclaré M. Swan qui s’est inquiété de la recrudescence inquiétante des attaques des Chabab, en particulier à Mogadiscio, et dans plusieurs régions.
L’attaque brutale contre des civils innocents à l’hôtel Elite le 16 août fait partie d’un nombre croissant d’attaques récentes à travers la Somalie. C’est un rappel tragique de la nécessité impérative d’améliorer la sécurité en Somalie, a rappelé le haut fonctionnaire. La sécurité à long terme comprend bien sûr de nombreux aspects, tels que l’amélioration des systèmes de gouvernance et de justice et le développement économique inclusif. C’est exigeant pour les capacités et les opérations de « sécurité dure » contre les Chabab, a souligné le Représentant spécial. Saluant la capture de M. Janan, en mars dernier, il a dit que les efforts se sont concentrés sur la stabilisation des zones récupérées et la consolidation de la présence dans la région de Gedo.
Pour M. Swan, 2021 sera une année de transition cruciale au cours de laquelle la Somalie prendra les devants sur les questions de sécurité. La semaine dernière, le Gouvernement fédéral somalien a terminé une note conceptuelle pour la mise à jour du Plan de gestion de la Somalie, et des équipes techniques composées de dirigeants de la sécurité somalienne et de partenaires internationaux ont commencé à travailler sur la mise à jour cette semaine. La génération de forces a subi quelques revers lors de la réalisation des projections de 2020 à la suite de la pandémie de COVID-19, a indiqué M. Swan. Selon lui, l’approche globale de la sécurité continue de fonctionner au niveau technique, mais devrait être renforcée par des orientations stratégiques supplémentaires. Tout au long de la période considérée et malgré l’impact de la COVID-19, a ajouté le Représentant spécial, l’appui des Nations Unies pour la Somalie a continué de contribuer de manière fiable au soutien et aux opérations des forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et aux 10 900 soldats de l’Armée nationale somalienne.
En prévision des principales décisions en matière de sécurité qui seront prises en 2021, M. Swan a dit attendre avec impatience l’évaluation indépendante lancé par le Conseil. La Somalie continue de souffrir de crises humanitaires chroniques, avec des cycles destructeurs récurrents d’inondations et de sécheresse, aggravés cette année par les criquets pèlerins et la COVID-19. Plus de cinq millions de personnes, soit un tiers de la population somalienne, ont encore besoin d’une aide humanitaire vitale, a rappelé le Représentant spécial qui a regretté que l’appel humanitaire d’un peu plus d’un milliard de dollars pour 2020 ne soit actuellement financé qu’à un peu plus de la moitié. La COVID-19 a bien sûr sapé les gains en matière de santé, d’économie et de développement en Somalie. La réalisation en mars du point de décision dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) a été cruciale pour la capacité de la Somalie à obtenir des fonds pour atténuer l’impact de la COVID-19. M. Swan a souhaité que le nouveau Gouvernement et le Premier Ministre, une fois nommés, poursuivent et accélèrent le programme de réformes de la Somalie pour le développement national.
En ce qui concerne les efforts de lutte contre la violence sexuelle et sexiste, M. Swan est préoccupé par la récente initiative de certains parlementaires de présenter un nouveau projet de loi « les crimes liés aux rapports sexuels ». Cette proposition de loi violerait les protections contre le mariage des enfants et le mariage forcé, et n’est pas conforme aux engagements internationaux en matière de droits de l’homme auxquels la Somalie est partie. « Nous demandons instamment que le précédent projet de loi sur les infractions sexuelles de 2018 soit réintroduit pour examen », a déclaré M. Swan.
M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a fait état de développements significatifs en Somalie depuis le mois de mai. La reprise du dialogue et de la collaboration entre le Gouvernement fédéral et ceux des États fédérés est le développement politique « le plus marquant ». Dans le cadre du processus de Dhuusamarreeb, a poursuivi le chef de l’AMISOM, le Président Farmajo a rencontré les Présidents de Djoubaland, de Hirchébéli et de l’État du Sud-Ouest. Ces rencontres sont importantes et doivent se répéter avec la même fréquence. Elles doivent devenir la norme, a dit M. Madeira, en regrettant les Présidents de Deni et de Madobe ne soient pas présents à Dhuusamarreeb.
Le processus de Dhuusamarreeb mérite notre soutien indéfectible, a-t-il ajouté, car il représente un signal clair de l’intention des dirigeants somaliens de travailler à un consensus politique. L’AMISOM y est présente pour soutenir les forces de sécurité somaliennes. L’Union africaine se félicite aussi du dialogue en cours entre le Président Farmajo et le dirigeant du « Somaliland », M. Muse Bihi. La série de pourparlers qui s’est tenue en juin, négociée par le Président de Djibouti, M. Ismail Omar Guelleh, est la deuxième cette année. Plus important encore, a indiqué M. Madeira, elle est la preuve de l’engagement de la Somalie en faveur du dialogue comme moyen de résoudre ses différends. Le Chef de l’AMISOM a tout de même reconnu que le Comité technique mixte de négociations n’a pas encore pu se réunir.
La reprise du dialogue entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés a le potentiel réel d’agir comme un catalyseur pour réaliser les priorités nationales essentielles, dont la recherche d’une approche consensuelle des élections et de ses modalités. Le Chef de l’AMISOM a encouragé les partenaires de la Somalie à maintenir l’inclusivité des discussions parce que c’est elle qui donne la légitimité et qui déterminera la mise en œuvre du consensus qui peut être dégagé dans le processus Dhuusamarreeb.
La menace des Chabab reste réelle, a avoué le Chef de l’AMISOM, qui a appelé à des efforts concertés, à la collaboration, à la coordination, à la cohérence, au partage des informations et à la complémentarité entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés. Pour ce qui est du Plan de transition, a poursuivi M. Madeira, depuis le mois de mai, la Mission, conjointement avec ses partenaires des forces de sécurité somaliennes, a mené plusieurs opérations ciblées pour perturber, dégrader et refuser aux Chabab la liberté de mouvement et d’action. L’AMISOM est à l’origine des progrès réalisés en matière de sécurité depuis 2007 et cela doit se poursuivre pour que la Somalie puisse à terme assumer ses responsabilités en matière de sécurité d’ici à 2021. Le Chef de l’AMISOM s’est réjoui des travaux de révision du Plan de transition et que le Gouvernement ait établi une vision claire de ce que la révision doit impliquer.
Une caractéristique très positive est que l’inclusivité ait été améliorée: les États fédérés sont pleinement impliqués et ce, dès le début. Cela est d’une extrême importance car aucune opération de paix réaliste et durable ne peut réussir sans l’implication des régions concernées. Les accords conclus éclaireront l’évaluation collective du soutien global dont la Somalie aura besoin à l’approche de 2021 et après-2021. Le Représentant spécial a souligné l’urgence de résoudre la question de la capacité des Forces de sécurité somaliennes à prendre en charge et garder les zones sous contrôle de l’AMISOM et celles qui devraient être libérés des Chabab. Des approches « réalistes et concrètes » doivent être identifiées pour accélérer le rythme de la génération des forces somaliennes.
Après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes de l’attaque des Chabab contre l’hôtel Elite à Mogadiscio, le 15 août dernier, M. JAMES ROSCOE (Royaume-Uni) a estimé que la Somalie est à un moment critique du règlement politique. Alors que la date limite des élections approche à grands pas, un accord sur la voie à suivre est urgent, dans le respect des principes et des engagements convenus dans le Cadre de responsabilité mutuelle, y compris un quota d’au moins 30% pour les femmes au Parlement. Cet accord, a précisé le représentant, doit représenter des progrès évidents par rapport au modèle électoral de 2016. Le représentant a donc regretté que les Présidents du Puntland et du Djoubaland n’aient pas encore rejoint les pourparlers. Il est essentiel, a-t-il insisté, que toutes les parties prenantes, à savoir le Gouvernement fédéral, les États fédérés, le Parlement, la Commission électorale et la Commission parlementaire mixte travaillent ensemble pour parvenir à un accord et éviter les actes unilatéraux ou provocateurs qui saperaient les acquis et le partenariat avec la communauté internationale.
Le représentant s’est à son tour dit préoccupé par la « proposition de loi sur les crimes liés aux rapports sexuels ». Tout projet de loi doit refléter les obligations et les engagements internationaux de la Somalie, a prévenu le représentant qui s’est aussi dit profondément préoccupé par les atteintes à la liberté d’expression et les menaces à l’encontre des journalistes et des professionnels des médias. Le représentant a par ailleurs appelé la communauté internationale à financer la réponse humanitaire et à intensifier les efforts visant à renforcer la résilience et à atténuer l’impact à long terme des changements climatiques en Somalie. Il a rappelé que son pays a débloqué une somme de 420 millions de dollars au cours du dernier exercice budgétaire et qu’il s’emploie maintenant à soutenir la riposte à la COVID-19.
Il est essentiel, a conclu le représentant, que tous ceux qui ont investi dans le soutien à l’AMISOM et le renforcement de la sécurité en Somalie travaillent maintenant ensemble pour convenir de l’avenir du soutien international. L’évaluation indépendante menée par l’ONU sur la sécurité après 2021 doit servir de base aux discussions.
M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a salué la relance, en juillet dernier, d’un dialogue politique de haut niveau entre Gouvernement fédéral et les États membres fédérés, y voyant un développement encourageant et nécessaire pour aborder les questions urgentes. La Belgique a espéré que la mise à l’écart du Premier Ministre Khairé, « dans des circonstances qui posent question », ne soit pas le signe d’un changement d’orientation. Elle a souligné l’urgence de prendre des décisions importantes concernant l’organisation des élections, « qui doivent impérativement être le fruit d’un compromis, et non d’une décision unilatérale d’une institution ou d’un acteur politique somalien ». La Belgique a encouragé les autorités à élargir l’espace démocratique afin de permettre l’adhésion d’une grande partie de la population, y compris les femmes, les jeunes et les personnes déplacées, à ces processus déterminants pour l’avenir du pays. Dans ce contexte, la Belgique a fait part également de son inquiétude quant aux atteintes que subissent les journalistes dans leur travail et l’exercice de leur liberté d’expression. S’agissant des droits humains, elle s’est dit préoccupée par les graves violations dont sont victimes les enfants.
En sa qualité de président du groupe de travail sur les enfants en conflit armé, le représentant belge s’est dit heureux de confirmer que le groupe a adopté des conclusions concernant la Somalie, saluant les efforts réalisés par le Gouvernement fédéral. La Belgique a encouragé le Gouvernement à poursuivre les efforts pour mettre en vigueur la législation nécessaire afin de lutter contre plusieurs types de violation, telle que le projet de loi sur les violences sexuelles. Sur ce point, la Belgique s’est inquiétée de l’introduction au Parlement d’un nouveau texte qui semble incompatible avec les obligations internationales de la Somalie. L’attaque de dimanche rappelle que les Chabab restent la première menace pour la sécurité et la stabilité du pays et que le développement et le déploiement de l’armée somalienne sont indispensables pour contenir cette menace et protéger la population, selon la Belgique. « Nous attendons la révision du plan de transition qui sera le document clef pour guider la Somalie, aidée par ses partenaires, vers une reprise en main de sa sécurité et une reconfiguration de l’AMISOM. » La Belgique a enfin rappelé le soutien qu’apporte l’Union européenne à la Somalie, par le financement de l’AMISOM, par les missions EUTM et EUCAP et par l’opération antipiraterie maritime ATALANTA.
M. JOSÉ SONGER WEISINGER (République dominicaine) a salué la reprise du dialogue et de la collaboration entre le Gouvernement fédéral et les dirigeants des États fédérés en juillet et l’accord visant à créer un comité technique chargé de formuler des recommandations sur les modalités des prochaines élections. L’adoption de la réforme de la Constitution est un élément clef de la réalisation de cet objectif, a dit le représentant qui a exhorté les parties à continuer de faire les efforts nécessaires pour reprendre un dialogue constructif, inclusif et transparent, afin de parvenir à l’accord politique pour conclure le processus d’examen. Pour le représentant, un consensus par le dialogue entre les acteurs politiques somaliens sera la force motrice pour unifier le pays et rendre les prochaines élections viables et basées sur des modalités électorales acceptables pour tous les Somaliens.
La République dominicaine est préoccupée par la situation sécuritaire en Somalie, a poursuivi le représentant qui a condamné les attaques menées par le groupe terroriste des Chabab, dont certaines ont été perpétrées à l’aide d’engins explosifs improvisés. Le délégué a notamment condamné l’attaque du 16 août contre l’hôtel Elite à Mogadiscio. Il a aussi dit être préoccupé par la fragilité de la situation humanitaire en Somalie en raison de la triple menace que représente la pandémie de COVID-19, l’invasion acridienne et les inondations qui ont touché des milliers de personnes déplacées ces derniers mois. Il a alors encouragé la communauté internationale à contribuer au fonds d’aide humanitaire pour la Somalie afin de sauver des vies et d’alléger les besoins des plus vulnérables.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a dit que la Somalie se trouve à une période de grandes opportunités bien que confrontée à des défis et à des circonstances difficiles. L’attaque du week-end dernier et les autres attaques soulignent, ont fait observer les Etats-Unis, la nécessité pour la Somalie de garder le cap des élections, car elles sont fondamentales pour la stabilité et la sécurité du pays. Au moment que la situation exige des efforts concertés et unifiés de la part de ses dirigeants, les États-Unis se sont dit inquiets de la destitution du Premier Ministre qui vient exacerber les tensions et saper le processus de dialogue et de négociations en cours entre le Gouvernement fédéral les États membres de la fédération et d’autres parties prenantes. Les États-Unis ont salué les discussions en cours à Dhuusamarreeb et encouragé les parties à parvenir à un accord sur les modalités des élections.
Ils ont aussi encouragé les autorités somaliennes à maintenir l’élan des réformes qui ont abouti au rétablissement des liens avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), au mois de mars dernier. Ayant eux-mêmes versé plus de 5,3 milliards de dollars d’aide étrangère, ces 20 dernières années, les États-Unis ont dit avoir accordé une autre enveloppe de 23 millions de dollars pour soutenir la riposte à la COVID-19.
Tout en notant que les Chabab restent une force déstabilisatrice, les États-Unis se sont félicités que la Somalie, la Mission de l’Union africaine et l’AMISOM aient fait des progrès sur le champ de bataille, suivis d’efforts vitaux de stabilisation du territoire libéré. Nous restons toutefois préoccupés par le fait que la mise en œuvre des éléments clefs du Plan de transition est en retard, ont avoué les États-Unis, avant d’exhorter toutes les parties à prendre les mesures nécessaires pour accélérer le transfert des responsabilités en matière de sécurité aux autorités militaires et civiles somaliennes.
On nom du Groupe A3+1 (Niger, Afrique du Sud, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est félicité des discussions en cours entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédérés qui constituent un premier pas important vers un consensus politique nécessaire à la transition en Somalie. Les mesures prises pour normaliser les relations du Gouvernement fédéral avec l’État du Djoubaland sont essentielles pour le rétablissement de la collaboration, selon le Groupe. À cet égard, il s’est félicité de la rencontre à Djibouti entre le Président Farmajo et le Président du « Somaliland », M. Muse Bihi, à la suite de leur réunion initiale à Addis-Abeba. La délégation a salué les efforts constants de la communauté régionale, sous-régionale et internationale pour apporter la stabilité politique en Somalie et dans la Corne de l’Afrique. Elle a exhorté toutes les principales parties prenantes en Somalie à maintenir cet esprit de consultation et de coopération inclusif dans toutes les réunions de suivi, afin de parvenir à un accord général sur des questions cruciales.
S’agissant de la préparation des élections, le Groupe A3+1 a rappelé sa précédente déclaration au Conseil dans laquelle il a noté que les préparatifs et la tenue d’élections en Somalie selon le principe « une personne, une voix » sont une priorité essentielle. « Nous avons en outre souligné que la participation politique inclusive et le règlement des différends politiques entre le Gouvernement fédéral de la Somalie et les États membres fédérés sont essentiels pour le succès de ces élections et la cohésion nationale.
Sur le plan sécuritaire, le Groupe A3 + 1 a condamné les attaques des Chabab contre les civils somaliens, les forces de sécurité, l’AMISOM, les Nations Unies et la communauté internationale. Le Groupe a rendu hommage aux sacrifices ultimes de l’AMISOM et de l’Armée nationale somalienne dans leur quête de paix, de stabilité et de développement en Somalie. Le Groupe A3+1 a réitéré ses appels précédents exhortant le Gouvernement fédéral somalien, avec le soutien de l’ONU, de l’AMISOM et des partenaires internationaux, à poursuivre la génération, la formation et les ressources des forces nationales somaliennes qui soient capables et efficaces afin de pouvoir assumer à terme les responsabilités en matière de sécurité conformément au plan de transition somalien révisé et à l’architecture de sécurité nationale. Le Groupe a salué les efforts de l’armée nationale somalienne pour sécuriser toutes les zones récupérées, tout en soulignant les défis posés par la pandémie de COVID-19, ainsi que les pluies d’avril à juin qui ont eu un impact sur l’expansion de certaines activités de sécurité, notamment la libération de plus de zones. Le Groupe s’est dit encouragé par certains efforts de réconciliation de l’administration de l’État et des communautés visant à mettre fin au cycle de violence entre les clans.
Par ailleurs, le Groupe s’est inquiété d’une situation humanitaire aggravée par la triple menace de la pandémie de COVID-19, des criquets pèlerins et des inondations. « La COVID-19, en particulier, a exacerbé les vulnérabilités préexistantes, perturbé les gains socioéconomiques et affecté les moyens de subsistance des Somaliens ordinaires. » Les A3+1 ont salué le soutien des partenaires humanitaires aux autorités somaliennes pour faire face à l’impact de la COVID-19. La Somalie a besoin du soutien continu de la communauté internationale et des partenaires humanitaires pour atténuer les effets de la triple menace, a rappelé le Groupe qui a demandé instamment une relation de travail renforcée entre l’AMISOM et la MANUSOM. Il faut en effet aider la Somalie à prendre en main ses propres problèmes de sécurité, comme l’envisage le Plan de transition. « Le retrait de l’AMISOM de la Somalie devrait être conditionné à la situation en matière de sécurité. »
Mme KRISTEL LÕUK (Estonie) a estimé que compte tenu de l’enjeux des prochaines élections, il est crucial d’éviter les actions unilatérales et de conclure des accords politiques de grande envergure. Les Somaliens doivent s’entendre sur des élections inclusives et à temps, qui aillent au-delà du modèle électoral de 2016. Mme Lõuk s’est dit préoccupée par la proposition de loi sur les crimes liés aux rapports sexuels et a demandé au Parlement de rejeter cette violation des normes internationales. Elle a également appelé les autorités à s’attaquer aux atteintes à la liberté d’expression et à enquêter sur les attaques contre les journalistes et les professionnels des médias. Elle a aussi appelé le Gouvernement fédéral à avancer dans la création de la Commission nationale des droits de l’homme.
La situation en matière de sécurité demeure un défi majeur, a poursuivi Mme Lõuk qui a condamné les attaques des Chabab, de la semaine dernière. Malgré la pandémie de COVID-19, toutes les parties prenantes doivent veiller à des progrès sur le plan de la sécurité. Le Gouvernement fédéral, a-t-elle ajouté, doit accélérer la mise à jour du Plan de transition. « Des délais clairs, des tâches claires et une vision claire » sont essentiels. La représentante a conclu en avouant sa préoccupation face au sous-financement du Plan de réponse humanitaire ,alors que 3,5 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire. Nous demandons à la communauté internationale de combler le déficit, a plaidé Mme Lõuk.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des progrès observés ces derniers mois dans les discussions entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés et a espéré que les débats en cours à Galmudug permettront d'identifier les modalités des futures élections. Tout en se félicitant de l’évolution positive des consultations virtuelles entre le Gouvernement fédéral et les dirigeants du Jubbaland, du Galmudug, du Puntland, de Hirchébéli et de l’État du Sud-Ouest, la Fédération de Russie s’est inquiétée de l’échec en août de la deuxième série de pourparlers entre les délégations de la Somalie et du Somaliland autoproclamé. Dans ce contexte, la délégation a exhorté les deux parties à envisager un compromis pour résoudre les différends. Notant la volatilité de la situation sécuritaire, notamment en raison des activités terroristes des Chabab, la Fédération de Russie a estimé que la lutte contre les extrémistes est affectée par le faible approvisionnement en armes de l’AMISOM, dont les hélicoptères, le manque d’interaction avec l’armée nationale somalienne et la « passivité générale » des autorités somaliennes face au rétablissement de l’administration locale et à la mise en place des structures de sécurité dans les zones libérées.
Dans ces conditions, l’AMISOM reste une composante « extrêmement importante » de la lutte contre les terroristes, a insisté la délégation russe avant d’appuyer la prolongation du mandat des soldats de la paix africains jusqu'à la fin février 2021 et de s’opposer à la réduction des effectifs.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est félicité du Communiqué de la réunion de juillet entre les dirigeants du Gouvernement fédéral et des États fédérés, qui appelle à des élections à temps, crédibles et acceptables par tous. Mais les menaces d’attaques et l’impact de la pandémie de COVID-19 ont retardé les préparatifs de l’élection et les rendent plus difficiles, a reconnu le Viet Nam, avant de souligner la nécessité pour la Commission électorale et le Groupe de travail sur la sécurité électorale d’évaluer les sites électoraux et de mettre en place les dispositifs de sécurité. Le représentant a exhorté le Gouvernement fédéral, les États fédérés et les partis politiques à redoubler d’efforts pour parvenir à un consensus politique sur les modalités et le calendrier des élections, y compris la représentation politique des femmes et des minorités. Il a salué la réunion entre le Président Farmajo et le Président du Somaliland Muse.
Il a condamné les attaques des Chabab et a appelé les partenaires internationaux à continuer de soutenir les forces de sécurité somaliennes par la formation, la fourniture d’équipements, le renforcement des capacités et le mentorat pour contrer la menace des engins explosifs improvisés
M. GÜNTER SAUTTER (Allemagne) a plaidé pour que se tiennent des élections crédibles, libres, justes et directes à la fin de 2020, car elles sont essentielles à la construction démocratique de l’État en Somalie. Les élections seront l’étalon par lequel l’Administration somalienne actuelle sera mesurée, a prévenu le diplomate qui a reconnu que la pandémie de Covid-19 rend cela beaucoup plus difficile. Mais, a-t-il ajouté, les propositions qui sont sur la table sont insuffisantes et il faut éviter un retour aux formes antérieures de gouvernance où quelques groupes décidaient pour l’ensemble du pays. Des progrès concrets vers la mise en œuvre du suffrage universel, dans la mesure du possible, sont essentiels.
Sur la coopération politique entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, M. Sautter a pris note des récents développements positifs, y compris le sommet des dirigeants somaliens de juillet. La nomination rapide du nouveau Premier Ministre constituera une étape importante pour assurer un processus inclusif, a-t-il ajouté, y voyant la base pour parvenir à des progrès durables, y compris la question des élections et du Plan de transition. Concernant les droits de l’homme, il a exprimé sa préoccupation quant à la proposition de loi sur les crimes liés aux rapports sexuels proposée par le comité parlementaire. « C’est d’autant plus inquiétant que la Somalie n’a pas de bons antécédents en matière de violence sexuelle. » Il a exhorté la Somalie à respecter ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et à revenir à un texte inclusif et non discriminatoire. En outre, les conclusions du récent accord du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés doivent maintenant être mises en œuvre, a-t-il demandé.
Sur le plan de la sécurité, le délégué a parlé de l’attaque contre l’hôtel Elite, le week-end dernier, et souligné à cet égard que la situation sécuritaire reste un défi majeur. Il a encouragé tous les intervenants à redoubler d’efforts et à accélérer les travaux de mise à jour et de mise en œuvre du Plan de transition en matière de sécurité. À cet égard, l’évaluation indépendante de l’AMISOM, qui contribuera à l’évaluation des capacités et des lacunes des forces de sécurité somaliennes, est attendue impatiemment, a déclaré M. Sautter qui a précisé qu’elle ne remplacera toutefois pas une entente avec les parties prenantes. Le délégué a conclu en saluant et soutenant le travail de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie sur le climat et la sécurité.
M. DAI BING (Chine) a estimé que le Gouvernement fédéral de la Somalie avait fait de sérieux efforts dans l’arène politique, mais a noté qu’il est maintenant confronté à plusieurs nouveaux graves défis. Appelant à des efforts pour renforcer les institutions de l’État et pour procéder à une transition politique pacifique, il a souligné le rôle important joué par les médiateurs régionaux et la MANUSOM et a exprimé son soutien à une résolution renouvelant le mandat de cette dernière pour 12 mois. Notant que la tenue d’élections réussies sera cruciale, il a appelé à la poursuite du dialogue sur les arrangements électoraux spécifiques dans le contexte de la situation sur le terrain et des souhaits de la population. « La communauté internationale devrait respecter ces décisions nationales. »
M. Bing a ensuite mis l’accent sur l’élimination du terrorisme comme une autre priorité cruciale, appelant à un soutien international pour le renforcement des capacités des forces de sécurité nationales. Le triple choc des crises auxquelles la Somalie est confrontée a gravement affecté le développement social et économique du pays, ainsi que sa situation humanitaire, a-t-il relevé. Il a dès lors plaidé pour un appui international renforcé. La Chine, a rappelé le délégué, fournit depuis longtemps à la Somalie une aide humanitaire et un soutien au développement. Elle a déjà envoyé deux lots de fournitures médicales depuis le début de la COVID-19 et elle continuera de le faire, a-t-il déclaré.
Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné que les discussions en cours à Dhuusamarreeb entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédérés ont abouti, le mois dernier, à un accord pour la tenue d’élections « dans les temps » mais sans préciser les modalités du scrutin. La France a jugé impératif que tous les acteurs somaliens continuent de travailler de façon constructive à la préparation d’élections présidentielle et législatives qui soient pacifiques, inclusives, libres et transparentes, y compris avec le soutien de la MANUSOM. « Pour la stabilité de la Somalie, il est par ailleurs essentiel que ces élections se tiennent le plus rapidement possible, au début de l’année 2021 », a estimé la délégation française avant de regretter la destitution du Premier Ministre Hassan Ali Khayre par le Parlement somalien, « dont le vote n’a pas respecté les règles institutionnelles que nous soutenons ». La France a estimé que cette décision n’est pas de nature à favoriser la réconciliation dans le pays.
Par ailleurs, la France a aussi estimé que la Somalie demeure à un moment critique en matière sécuritaire puisque les Somaliens devront assumer eux-mêmes la responsabilité de la sécurité de leur pays d’ici à la fin de 2021. Dans ce contexte, elle a jugé nécessaire la poursuite du transfert des responsabilités en matière de sécurité de l’AMISOM vers les forces de sécurité somaliennes fédérales et régionales. La France a aussi demandé que les autorités somaliennes actualisent leur plan de transition pour septembre 2020, afin d’engager pleinement ce mouvement à l’horizon 2021, et qu’elles accélèrent la mise en place d’un plan pour la génération de nouvelles forces et l’intégration des forces régionales dans l’armée nationale. La France a aussi appelé les autorités somaliennes et leurs principaux partenaires, dont l’UE, l’ONU, l’UA et les pays contributeurs de troupes de l’AMISOM, ainsi que les bailleurs bilatéraux qui interviennent dans le secteur de la sécurité en Somalie, à s’engager sérieusement dans les discussions sur le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie après 2021.
La délégation a jugé essentiel que les autorités somaliennes mettent en œuvre les « benchmarks » établis par le Conseil de sécurité dans la résolution 2520 adoptée au mois de mai. « Les décisions sur le soutien international au secteur de la sécurité en Somalie après 2021 doivent en effet être directement liées aux progrès qui seront accomplis sur ces « benchmarks », a insisté la France en prévenant que le modèle actuel de soutien à la Somalie ne peut être tenu pour acquis. « Toutes les options doivent être envisagées, y compris les options alternatives à l’AMISOM » a dit la France en ajoutant que le modèle actuel de financement de l’AMISOM par l’UE n’est pas durable. La délégation a prévenu que l’appui de l’UE au secteur de la sécurité en Somalie dépendra de la mise en place de mécanismes de redevabilité, de la participation de l’UE aux décisions stratégiques de l’AMISOM et de la contribution financière d’autres partenaires. En outre, la France a dit sa préoccupation quant à la situation humanitaire en Somalie, aggravée par l’expansion de la pandémie de COVID-19.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) s’est félicité des discussions en cours à Dhuusamarreeb entre le Gouvernement fédéral et les États membres fédérés dans un esprit d’unité et de compromis. L’Indonésie a espéré qu’un consensus sur les modalités électorales pourra être atteint et bénéficiera du soutien de toutes les parties prenantes, en particulier de la population somalienne.
Sur le plan sécuritaire, la délégation s’est dit préoccupée par les récentes attaques des Chabab, y compris l'attaque de l’hôtel Elite à Mogadiscio dimanche dernier, ainsi que l’attaque au mortier visant l’enceinte de l’ONU. « Nous craignons qu’en dépit de la poursuite des opérations contre les Chabab et la pandémie de COVID-19, les Chabab restent capable de mener des attaques plus importantes, plus complexes et de grande envergure. » C’est pourquoi l’Indonésie a appelé à continuer à renforcer les capacités de l’Armée nationale somalienne en saluant la poursuite des opérations que mène celle-ci et l’AMISOM pour récupérer les zones sous contrôle des Chabab et pour affaiblir sa capacité à mener des attaques terroristes. L’Indonésie a jugé important d’accélérer les efforts menés pour la création de forces pour maintenir les zones récupérées et ouvrir la voie à de nouvelles activités de stabilisation.
Notant que la Somalie est confrontée au triple défi de la COVID-19, des inondations et des criquets pèlerins, la délégation a plaidé pour un soutien accru de la part des partenaires internationaux, en particulier pour soutenir le Plan de réponse humanitaire. « Un soutien est également nécessaire pour atténuer les conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 afin d’assurer le rétablissement et la résilience à long terme du peuple somalien », a ajouté la délégation avant de réaffirmer son respect pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie. Ce qui se passera dans les prochains mois déterminera l’avenir de la Somalie, a-t-elle conclu.
M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a réitéré le fait que son gouvernement est fermement attaché à son ambitieux programme de paix et d’édification de l’État. Il a fait état de progrès « clairs » et souligné que le défi pour la Somalie a été la confiscation du pouvoir par quelques-uns aux dépens du peuple somalien. Aujourd’hui, le Gouvernement est déterminé à placer le peuple somalien au centre de la démocratie, en lui donnant l’occasion « historique » de décider par les urnes de son avenir. Le Président Farmajo est à Dhusamereb avec les principaux dirigeants des États fédérés pour discuter des modalités et des stratégies pour faire du suffrage universel « une véritable possibilité ». Juste avant cette réunion, le Président s’est adressé à la Chambre des représentants pour confesser son respect du mandat constitutionnel de légiférer. Pour que la démocratie et la stabilité prospèrent en Somalie, a estimé le représentant, il est indispensable de respecter les rôles des institutions et des autres organes électoraux, dont la Commission électorale indépendante et le Comité intergouvernemental créé pour examiner les résultats du processus de Dhuusamarreeb.
M. Osman a dénoncé ceux qui cherchent à faire dérailler le processus démocratique. Le Gouvernement ne tolérera pas les détracteurs en ce moment critique de l’histoire de la Somalie, a-t-il affirmé. La sécurité a été l’objectif premier du Gouvernement. Nous créons, a dit le représentant, une force armée bien formée, capable d’assurer une sécurité fondée sur les droits et des institutions comptables de leurs actes.
Le Gouvernement somalien travaille d’arrache-pied avec son peuple pour construire un avenir plus durable, débarrassé de la pauvreté, avec une bonne protection sociale, pour créer des opportunités économiques. Le représentant a attiré l’attention sur le programme ambitieux de réformes budgétaires et économiques, guidé par le Fonds monétaire international (FMI). Cela a permis l’allégement de la dette, le regain de confiance dans la capacité de changement de la Somalie et l’accès à des ressources précieuses pour la lutte contre la pandémie de COVID-19.