Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Somalie estime que « 2020 pourrait être une année de transformation »
« 2020 pourrait être une année de transformation pour la Somalie » et « les signaux qui en viennent sont positifs », ont déclaré aujourd’hui au Conseil de sécurité les Chefs de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et de celle de l’Union africaine (AMISOM).
M. James Swan, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MANUSOM, a rappelé, qu’en octobre dernier, lors du Forum de partenariat sur la Somalie, le pays et ses partenaires internationaux se sont entendus sur un ensemble de priorités parmi lesquelles l’allègement de la dette, la tenue d’élections au suffrage universel, la finalisation de la Constitution fédérale, le renforcement de la lutte contre les Chabab et la consolidation de l’État fédéral. Des progrès sont déjà tangibles sur le plan économique; le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ayant confirmé l’éligibilité de la Somalie à l’Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).
Sur le plan politique, M. Swan s’est montré plus prudent. Il a réitéré son appel aux dirigeants somaliens pour qu’ils s’engagent dans un dialogue et mettent de côté leurs intérêts politiques. Il a regretté que les consultations entre le Président somalien et quelques chefs de parti entamées en novembre, n’aient pas continué. Il a aussi déploré l’absence de réunion depuis mai 2019 entre le Président fédéral et les dirigeants des États membres de la fédération. À la fin de cette année, a-t-il prévenu, la Somalie va se soumettre à un test déterminant avec la tenue d’élections historiques sur le principe d’une personne, un vote.
Le nouveau code électoral a été adopté et promulgué mais certaines questions nécessaires à sa mise en œuvre ne sont pas couvertes, en particulier la localisation des circonscriptions, le quota de 30% de sièges réservés à des femmes et les modalités de participation des électeurs. Les élections législatives et locales doivent aussi avoir lieu au « Somaliland », a-t-il plaidé, le dernier scrutin législatif s’y étant tenu en 2005.
Du côté de la sécurité, M. Swan a fait état du ralentissement des opérations militaires depuis la mi-2019 et de l’insuffisance de la constitution des forces face aux défis de cette année, notamment les opérations prioritaires anti-Chabab qui ont toujours les capacités de mener des attaques d’envergure à Mogadiscio, y compris contre les Nations Unies, générant des revenus et lançant des opérations au-delà des frontières somaliennes.
L’AMISOM s’est engagée à réduire ses effectifs de 1 000 hommes d’ici au 28 février, comme le prévoit la résolution 2472 du Conseil de sécurité, et avec la MANUSOM, elle a préparé une évaluation commune de la menace. Il est temps, a estimé M. Swan, d’entamer des discussions sur le transfert des questions de sécurité de l’AMISOM aux autorités somaliennes, et ce, tout en cherchant à atteindre un effet stratégique maximal contre les Chabab. Le retrait de l’AMISOM, a mis en garde son Chef, ne serait ni conforme à la réalité sur le terrain, ni au calendrier du plan de transition. M. Francisco Caetano José Madeira a plutôt prôné la reconfiguration de la Mission en forces mobiles capables de lutter contre l’ennemi.
Le Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, doit envisager des moyens de rétablir l’autorité des Forces somaliennes sur tout le territoire. « Les signaux qui viennent du terrain sont positifs » et l’élan de ces derniers mois peut être préservé, a-t-il affirmé. Toute reconfiguration de l’AMISOM ou réduction de ses effectifs doit répondre à des critères et éviter de créer un vide sécuritaire, a prévenu la Tunisie.
L’AMISOM, ont martelé les États-Unis, ne restera pas en Somalie indéfiniment. Ils ont pressé le Gouvernement fédéral de relever les défis des ressources limitées, des institutions défaillantes et de la résistance aux réformes, lesquels continuent de miner la capacité de la Somalie à générer de nouvelles forces et à assumer des responsabilités supplémentaires en matière de sécurité. Grâce à la levée partielle de l’embargo, a renchéri la Belgique, les autorités sont en mesure d’acquérir l’armement nécessaire. Elle a rappelé le soutien de l’Union européenne à la Somalie par le financement de l’AMISOM, des missions EUTM et EUCAP et de l’opération antipiraterie maritime ATALANTA.
La clef du progrès, ont martelé les États-Unis, c’est l’amélioration de la coopération et de la coordination entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération. Inquiets de l’aggravation des dissensions ces derniers mois, ils ont jugé « inacceptable » que l’armée nationale se soit déployée, « dans une offensive à motivation politique », dans la région de Gedo du Djoubaland.
Il est impératif, ont tancé les États-Unis, que les services de sécurité du Gouvernement fédéral et des États membres de la fédération se concentrent sur la lutte contre les Chabab, plutôt que de s’engager dans des conflits armés les uns contre les autres. Il faut, a suggéré l’Allemagne, dépêcher une mission d’évaluation indépendante du Conseil de sécurité. La France s’est tout particulièrement inquiétée de l’impact des changements climatiques sur la situation en Somalie. En raison des sécheresses, des inondations et des conflits à répétition, quelque 5,2 millions de personnes ont besoin aujourd’hui d’une assistance humanitaire en Somalie, a confirmé le Chef de la MANUSOM.
Le monde de demain, ce sont des opérations de paix dans des environnements sécuritaires influencés par les aléas climatiques, a expliqué le Directeur du « Stockholm International Peace Research Institute ». Pour M. Dan Smith, faire face à l’impact négatif des changements écologiques sur les opérations de paix pourrait offrir l’occasion d’établir un lien positif entre la résilience et la paix durable. Nous appelons les Nations Unies, a rebondi la France, à réaliser une analyse régulière des risques pour la sécurité des changements climatiques et à assortir cette analyse de recommandations.
La tenue des élections à la fin de cette année étant la priorité sur laquelle sont revenues toutes les délégations, la Somalie a répondu: Je vous assure que nous respecterons le principe de les organiser à temps et de manière pacifique pour un transfert ordonné du pouvoir. Elle a aussi argué que les investissements directs dans les forces de sécurité constituent le meilleur moyen de venir à bout des Chabab. La Somalie a aussi appelé à la fin de l’ingérence étrangère, en particulier celle des pays de la région.
LA SITUATION EN SOMALIE (S/2020/121)
Déclarations
À l’entame de son exposé, M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a jugé que 2020 pourrait être une année de transformation pour la Somalie. Il a rappelé, à cet égard, qu’en octobre dernier, lors du Forum de partenariat sur la Somalie, le pays et ses partenaires internationaux se sont entendus sur un ensemble de priorités parmi lesquelles l’allègement de la dette, la tenue d’élections au suffrage universel, la finalisation de la Constitution fédérale, le renforcement de la lutte contre les Chabab et la consolidation de l’État fédéral. Des progrès sont déjà tangibles sur le plan économique, a-t-il dit, notant que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont confirmé l’éligibilité de la Somalie à l’Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Il s’est également félicité de l’adoption de législations permettant de renforcer le cadre fiscal du pays, notamment la loi sur les sociétés et celle sur la gestion du trésor public.
Dans le domaine des droits de l’homme, a poursuivi M. Swan, la Somalie a remis son tout premier rapport sur la mise en œuvre de la Convention contre la torture. Elle a aussi signé la Convention de Kampala sur la protection et l’assistance des personnes déplacées et entériné sa politique nationale sur les réfugiés, les rapatriés et les déplacés. Réitérant son appel aux dirigeants somaliens pour qu’ils s’engagent dans un dialogue, au nom de l’unité nationale, et mettent de côté leurs intérêts politiques, le Représentant spécial a regretté que les consultations entre le Président somalien et quelques chefs de parti entamées en novembre, n’aient pas continué. Il a aussi déploré l’absence de réunion depuis mai 2019 entre le Président fédéral et les dirigeants des États membres de la fédération, y voyant un frein à tout progrès. Il a ajouté que, dans la foulée des consultations qu’il avait menées en décembre aux côtés de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) auprès de dirigeants politiques et de groupes de la société civile dans les États membres de la fédération, il a exhorté le Président Mohamed Abdullahi Mohamed Farmajo à reprendre un dialogue de toute urgence.
En 2020, a souligné le haut fonctionnaire, les progrès accomplis par la Somalie en matière de consolidation de la paix seront soumis à un test déterminant avec la tenue d’élections historiques sur le principe d’une personne, un vote. À cette fin, le nouveau Code électoral a été adopté par les deux chambres du Parlement et promulgué par le Président. Toutefois, a relevé M. Swan, certaines questions nécessaires pour la mise en œuvre du Code ne sont pas couvertes, en particulier la localisation des circonscriptions, le quota de 30% de sièges réservés à des femmes et les modalités de participation des électeurs. Il a donc appelé le Parlement fédéral et toutes les autres parties prenantes à résoudre ces problèmes urgemment afin de lancer la préparation technique du scrutin. Il a, par ailleurs, souhaité que des élections parlementaires et locales aient lieu aussi au « Somaliland » d’ici à fin 2020, le dernier scrutin législatif s’y étant tenu en 2005. Outre la participation de la société civile, des femmes et des jeunes au débat sur l’avenir du pays, le Représentant spécial a plaidé pour une poursuite des efforts de réconciliation, invitant à ce propos les acteurs politiques du Galmudug et du Djoubaland à nouer un dialogue et à s’abstenir de toute division qui serait exploitée par les Chabab.
Évoquant ensuite la situation sécuritaire, M. Swan a fait état de progrès louables dans la reconstruction des institutions somaliennes de sécurité. Malheureusement, a-t-il concédé, les opérations militaires se sont ralenties depuis la mi-2019 et la constitution des forces n’a pas été suffisante pour faire face aux défis de cette année, notamment les opérations prioritaire anti-Chabab et la réouverture de routes d’approvisionnement. En dépit des efforts déployés par l’armée nationale somalienne, l’AMISOM et les partenaires internationaux, a-t-il expliqué, les Chabab restent en mesure de mener des attaques d’ampleur à Mogadiscio, y compris contre les Nations Unies, ainsi que dans les zones récemment reprises du Bas-Chébéli, ce qui leur permet de générer des revenus et de lancer des opérations au-delà des frontières somaliennes.
De fait, a-t-il souligné, il est essentiel que le Gouvernement clarifie ses priorités opérationnelles et se dote de forces suffisantes pour répondre à ces urgences, dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit. Dans ce contexte, la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) s’est engagée à réduire ses effectifs de 1 000 hommes d’ici au 28 février, comme le prévoit la résolution 2472 du Conseil de sécurité. En outre, l’AMISOM et la MANUSOM ont préparé une évaluation commune de la menace, a encore précisé le Représentant spécial. À ses yeux, il est temps à présent d’entamer des discussions inclusives en vue du transfert des questions de sécurité de la mission de l’UA aux autorités somaliennes, et ce, tout en cherchant à atteindre un effet stratégique maximal contre les Chabab.
S’agissant enfin de la situation humanitaire, quelque 5,2 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’assistance en raison des sécheresses, inondations et conflits à répétition, a constaté M. Swan. À cela s’est ajouté la pire invasion acridienne de ces 25 dernières années. Tout en soulignant le soutien apporté au Gouvernement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour atténuer l’impact de ces fléaux sur la sécurité alimentaire, il a appelé les donateurs à verser au plus vite des fonds au Plan de réponse humanitaire pour 2020. Il a également plaidé en faveur de la coopération régionale, se félicitant de la rencontre, ce mois-ci, entre les Présidents de l’Éthiopie, de la Somalie et du Somaliland. Beaucoup reste à faire cette année, a-t-il conclu, mais les progrès ne se réaliseront que si les Somaliens travaillent ensemble, en partenaires, dans un esprit d’unité et de compromis.
M. FRANCISCO CAETANO JOSÉ MADEIRA, Représentant spécial pour la Somalie du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), a souligné combien 2020 est une année importante pour la Somalie, avec l’organisation des élections prévues vers la fin de l’année. Les signaux qui viennent du terrain sont positifs, a estimé le Représentant spécial, rappelant qu’en 2019, la Mission a commencé à déployer des forces pour créer les conditions propices à la tenue des élections. Mais les élections ne sont qu’une étape, a prévenu M. Madeira, car il reste beaucoup à faire. Il a exhorté les autorités somaliennes et toutes les autres parties prenantes à n’exclure aucune communauté des processus électoral et de réconciliation. Toutes les communautés somaliennes doivent être présentes à la table, a demandé le Représentant spécial.
Il a demandé à la communauté internationale d’aider la Somalie à sortir des difficultés et à démarrer le dialogue entre le Gouvernement, les États membres de la fédération et les populations. Le Représentant spécial a salué l’adoption et la ratification du Code électoral « qui est une bonne chose ». L’élan de ces derniers mois peut être préservé, a-t-il assuré, en notant la responsabilité importante de la Commission électorale indépendante laquelle mérite l’aide technique et sécuritaire de la communauté internationale. M. Madeira a aussi salué les efforts du Gouvernement dans le domaine économique, la lutte contre le blanchiment d’argent et celle contre le trafic de drogue. Il a réitéré la menace que constituent les Chabab, expliquant que pour lutter contre l’ennemi, l’AMISOM aide les forces somaliennes notamment avec un appui aérien. Il a attribué les difficultés rencontrées par la Mission à la lenteur dans la constitution des forces somaliennes. S’agissant du retrait des 1 000 autres éléments de l’AMISOM avant la fin de ce mois-ci, il a indiqué que ce retrait n’est conforme ni à la réalité sur le terrain, ni au calendrier du plan de transition. L’AMISOM doit être reconfigurée en forces mobiles capables de lutter contre l’ennemi, a-t-il souligné. Elle doit pouvoir aider les forces somaliennes à garder les zones libérées des Chabab. Le Conseil de sécurité, a-t-il conseillé, doit envisager des moyens supplémentaires pour vaincre l’ennemi et rétablir l’autorité des forces somaliennes sur tout le territoire.
M. DAN SMITH, Directeur du Stockholm International Peace Research Institute, a parlé de l’impact des changements climatiques sur les opérations de paix en Somalie. Mon exposé, a-t-il dit, est un « aperçu du monde de demain » qui verra les opérations de paix dans des environnements sécuritaires grandement influencés par les aléas climatiques. Mon institut, a-t-il fait observer, a mené une étude qu’il a publiée à la fin de l’année dernière. L’étude dit clairement que les inondations et la sécheresse ont exacerbé le conflit et les déplacements en Somalie, sapant les efforts de la MANUSOM et le travail de consolidation de la paix du Gouvernement fédéral. La pression des événements météorologiques a par exemple contribué à la remise en cause de l’Accord de partage du pouvoir actuel et ouvert la voie aux recrutements auxquels se livrent les Chabab. Faire face à l’impact négatif des changements écologiques sur les opérations de paix, pourrait offrir l’occasion d’établir un lien positif entre la résilience et la paix durable.
En Somalie, a rappelé M. Smith, on voit des conflits à l’échelle nationale et d’autres au niveau local, ces derniers étant le plus souvent liés à l’accès aux ressources naturelles, notamment la terre et l’eau. Cette situation rend ces conflits particulièrement difficiles à régler et à gérer, sachant que l’influence du climat fait partie des facteurs qui influencent les perspectives de la sécurité et de l’insécurité et celles de la paix et des conflits en Somalie. Le climat n’influe pas sur tout mais il est évident qu’une analyse qui exclut le climat et la nature serait incomplète. Depuis 1960 en effet, la Somalie a vécu une augmentation progressive de sa température moyenne, alors que les précipitations sont irrégulières et exposent le pays à des inondations et à l’érosion des sols. Les prévisions météorologiques deviennent donc difficiles et ces incertitudes ont un impact sur la vie quotidienne des populations qui dépendent largement de l’agriculture. Quand les pasteurs se déplacent toujours plus loin pour trouver les pâturages, les agriculteurs sont obligés de défendre leur terre et éviter que leurs récoltes ne subissent cette pression supplémentaire.
Cette situation climatique facilite les recrutements potentiels des Chabab. Alors que les conflits liés aux ressources se propagent, l’exode rural et les déplacements de population affaiblissent les méthodes traditionnelles de gestion et de règlement des différends. Les phénomènes climatiques extrêmes créent en outre l’insécurité hydrique et alimentaire, ce qui offre l’opportunité aux Chabab de se présenter comme des sauveurs. Du coup, leur idéologie prospère et la confiance vis-à-vis des efforts de consolidation de la paix s’étiole.
M. Smith a reconnu que la MANUSOM a pris des mesures pour réduire les risques climatiques. Mais avec l’équipe de pays des Nations Unies, la Mission peut faire mieux. Il a prôné une meilleure coordination entre le Gouvernement, les travailleurs humanitaires et les acteurs sécuritaires, tant nationaux qu’internationaux. Il est important, a-t-il jugé, que leurs réponses soient adaptées à l’évolution de la situation sur le terrain, tout en tenant compte d’un climat changeant et des conflits prolongés. Il faut aussi apporter des réponses régionales aux changements climatiques, un phénomène qui ne tient pas compte des frontières nationales. Les solutions doivent impliquer l’Union africaine et l’IGAD.
Le Directeur a ensuite noté que la MANUSOM, comme d’autres missions onusiennes au Sahel, au Moyen-Orient ou en Asie, doit impérativement se préparer à l’impact des changements climatiques. La première étape, a-t-il suggéré, est de renforcer les capacités des missions à évaluer les risques sécuritaires liés au climat. Un meilleur dialogue entre les agences onusiennes en Somalie serait par exemple un bon point de départ, a-t-il estimé. De même, en partageant davantage les informations entre différentes missions onusiennes, il serait possible, a-t-il noté, de savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas. « Osez utiliser de nouvelles réponses », a suggéré M. Smith, soulignant qu’un monde en mutation requiert de nouvelles approches. Il a milité pour une meilleure formation aux défis du climat de tous les personnels onusiens engagés dans la consolidation de la paix. Mais les réponses intégrées aux risques sécuritaires liés au climat doivent être dûment financées, a-t-il conclu.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a pris note des actions prises par le Gouvernement pour le règlement du conflit et l’allègement de la dette. Il a salué l’adoption du Code électoral mais s’est montré préoccupé par les tentatives de faire dérailler les processus électoral et politique. Les amendements à la loi sur les partis doivent être adoptés pour permettre à tous les concernés de participer aux élections. Il faut aussi respecter le quota de 30% pour la représentation des femmes dans le futur parlement. Le représentant a regretté que la Commission électorale indépendante ne puisse pas travailler dans tous les États membres de la fédération. Il a aussi prié le Gouvernement de prendre des mesures pour préserver la liberté de la presse. Pour aller de l’avant, il a prôné à son tour un dialogue constructif entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération sur les modalités d’organisation du scrutin. Tous les protagonistes doivent participer aux efforts de réconciliation et faire preuve d’un esprit de compromis.
Concernant la question sécuritaire, il a exhorté le Conseil de sécurité à encourager les autorités de la Somalie à trouver ensemble des solutions. Il s’est dit favorable à un plan de transition conduit par les Somaliens eux-mêmes et a milité pour que le retrait des forces de l’AMISOM soit conforme aux progrès dans des domaines comme la sécurité. Le représentant s’est attardé sur la situation humanitaire aggravée par l’invasion des criquets. Il a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour renforcer la résilience des populations.
M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a félicité la Somalie pour son engagement à mettre en œuvre des réformes fiscales en vue d’alléger la dette. L’annonce récente de la Banque mondiale et du FMI selon laquelle la Somalie est éligible à l’Initiative PPTE est une étape importante vers une croissance économique plus rapide, davantage de subventions et d’investissements, une augmentation des recettes publiques et une expansion des services sociaux, a noté le délégué. Pour assurer des progrès en matière d’allégement de la dette, il a exhorté le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération à se mettre d’accord sur les principes de la responsabilité financière et du partage des revenus.
Malgré les défauts des récentes élections au Djoubaland et au Galmudug, le représentant a salué le fait que de nombreux candidats se sont abstenus de toute violence et ont démontré leur attachement à un processus de réconciliation pacifique et négocié. Il s’est tout de même dit préoccupé par le fait que certains modèles électoraux à l’étude pour 2020 et 2021 ne sont pas pratiques, étant donné qu’ils pourraient exclure des communautés ou pourraient fournir un prétexte au report des élections. Le représentant a donc exhorté le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération à travailler ensemble pour maintenir le cap des élections cette année et à convenir d’un modèle pratique pour des élections pacifiques, inclusives et crédibles.
M. Hunter a rappelé que les Chabab restent une force meurtrière et déstabilisatrice en Somalie et dans la région. Depuis la réunion du Conseil en novembre dernier, a-t-il rappelé, les forces armées et la police somaliennes ont pris des mesures positives pour s’approprier la sécurité nationale. Le Gouvernement doit trouver une solution pour générer des forces capables et ne pas perdre les acquis en matière de sécurité. Le représentant a noté que le transfert des responsabilités sécuritaires au Gouvernement de la Somalie, un objectif qui doit rester une priorité absolue, est en retard. Il a rappelé que l’AMISOM ne restera pas en Somalie pour toujours, appelant les forces et institutions de sécurité somaliennes à entreprendre les réformes nécessaires, conformément au Plan de transition. Les ressources limitées, les défis institutionnels et la résistance aux réformes continuent de miner la capacité de la Somalie à générer de nouvelles forces et à assumer des responsabilités supplémentaires en matière de sécurité, a constaté le délégué qui a jugé impératif que le Gouvernement fédéral s’efforce de relever ces défis le plus rapidement possible.
La clef du progrès sur tous ces fronts est l’amélioration de la coopération et de la coordination entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, a insisté le représentant. Il s’est dit préoccupé par l’aggravation des dissensions ces derniers mois. Le rapprochement, le dialogue et les compromis seront nécessaires pour assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de la Somalie, a-t-il relevé. Il a félicité le Président pour ses contacts avec les dirigeants des États membres de la fédération, notamment avec le Président du Somaliland. Il a espéré que cela conduira à un processus de réconciliation plus large. Dans ce contexte, il a jugé inacceptable le déploiement de l’armée nationale, « dans une offensive à motivation politique », dans la région de Gedo du Djoubaland. Une telle initiative, a-t-il dit, détourne les ressources nécessaires à la feuille de route convenue pour les opérations de sécurité. Il est impératif que les services de sécurité du Gouvernement fédéral et des États membres de la fédération se concentrent sur la lutte contre les Chabab, plutôt que de s’engager dans des conflits armés les uns contre les autres pour résoudre les différends politiques. Nous demandons au Président Farmajo, a martelé le représentant, de mettre fin à l’offensive à Gedo et de s’engager dans le dialogue et la réconciliation avec le Président du Djoubaland.
Le représentant a conclu sur l’urgence humanitaire, aggravée par la grave épidémie de criquets pèlerins qui affecte la région. Étant donné que les fonds requis sont évalués à plus d’un milliard de dollars pour 2020, le représentant a appelé à une assistance opportune, fiable et plus équitable, tout en encourageant d’autres Gouvernements à se joindre aux efforts que les pays comme le sien déploient.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a dénoncé l’impasse politique entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération. Il faut des efforts redoublés pour résoudre les questions liées à la sécurité et aux élections, s’est impatienté le représentant. Il a, en revanche salué, les événements positifs comme l’Accord signé entre la Somalie et le Kenya, et entre la Somalie, l’Érythrée et l’Éthiopie. Il s’est félicité de l’adoption du Code électoral et a rappelé l’importance d’inclure les femmes, y compris avec le quota de 30%, et les jeunes, dans les processus électoral et politique. Il est essentiel que la Constitution fédérale amendée soit approuvée. Le représentant a conclu en reconnaissant que l’impact des changements climatiques constitue un défi pour la Somalie. Il faut doter les autorités des outils nécessaires à la préparation et à la riposte, a-t-il plaidé, avant de se montrer préoccupé par les attaques des Chabab dont celle de 28 décembre à Mogadiscio.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué les préparatifs des élections en Somalie, ainsi que le début des consultations, le mois dernier, au sujet de la révision de la Constitution. Mais, a-t-il prévenu, l’absence d’un dialogue entre Mogadiscio et les États membres de la fédération est un frein à la réconciliation nationale et au règlement des différends politiques. Il a suggéré la création d’un mécanisme permanent de communication entre l’État fédéral et les États membres de la fédération, y compris le « Somaliland ». Il a ensuite rappelé que le principal problème sécuritaire du pays, ce sont les Chabab. Il a aussi rappelé avoir plusieurs fois demandé que le porte-plume sur la Somalie, à savoir le Royaume-Uni, prenne en compte l’idée d’organiser un débat au Conseil de sécurité sur la question des mines en Somalie. Constatant que cette demande n’a pas été prise en compte, il a souligné que la question des engins explosifs est tout aussi importante que celle des changements climatiques. Le représentant a aussi insisté sur le transfert des responsabilités sécuritaires aux autorités nationales, tout en veillant à renforcer les capacités de combat des forces nationales et des forces africaines. Mon pays, a-t-il conclu à son tour, entend contribuer au règlement de la crise somalienne, et ce, dans le respect de la souveraineté nationale.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a pris acte de l’adoption et de la signature de la loi électorale. Mais, a-t-il nuancé, certaines de ses paragraphes ne sont pas applicables et ne sont pas conformes aux normes électorales. Le représentant a par ailleurs regretté que les tensions dans le Galmudug ne soient toujours pas réglées. Il a estimé à cet égard, que la réunion de coordination doit reprendre rapidement et être convoquée de manière régulière car les processus politique et électoral doivent continuer. Il a exhorté le Gouvernement fédéral et le « Somaliland » à poursuivre leur dialogue en vue des prochaines élections. Soulignant l’importance des conditions sécuritaires pour l’organisation des élections, il a réitéré la nécessité d’envoyer une mission d’évaluation indépendante du Conseil. S’agissant de la situation humanitaire, le délégué s’est dit préoccupé par la situation et les conséquences de l’invasion de criquets. Il a rappelé que son pays a versé la somme de 3 millions d’euros à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il a réservé son dernier mot à la question de la liberté de presse, exigeant qu’elle soit protégée en Somalie.
M. YAO SHAOHUN (Chine) a salué les avancées politiques faites en Somalie ces derniers temps, tout en notant que des problèmes persistent dans plusieurs domaines. La communauté internationale doit aider le pays, tout en respectant sa souveraineté. Il a insisté sur un processus politique mené par les Somaliens eux-mêmes et prôné une meilleure coopération entre l’ONU, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). La question somalienne doit être traitée en priorité par les Africains eux-mêmes, a martelé le représentant. Les efforts de développement, a-t-il ajouté, doivent viser à venir à bout de la crise humanitaire. Mon pays, a-t-il conclu, entend poursuivre son aide au développement de la Somalie, avec un accent sur les infrastructures.
M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) s’est inquiété du blocage des relations entre le Gouvernement fédéral somalien et certains États fédérés, qui entrave les chantiers cruciaux pour la Somalie, à savoir la préparation des élections de 2020/2021, le processus de révision constitutionnelle, les réformes sécuritaires et le processus d’allègement de la dette. Il a donc plaidé pour la reprise urgente du dialogue, notamment entre les autorités fédérales somaliennes et celles du Djoubaland et du Puntland. Concernant les élections, il a pris note de la promulgation de la loi électorale, tout en soulignant les incertitudes qui demeurent sur des problématiques clefs, qu’il faut impérativement et rapidement clarifier. Cela est nécessaire pour que les élections de 2020/2021 puissent se tenir selon le calendrier prévu, de façon pacifique, inclusive et transparente, et en suivant le principe d’« une personne, un vote ». M. Michon a aussi demandé aux autorités somaliennes d’élargir l’espace démocratique.
En matière sécuritaire, le représentant, inquiet de la fréquence des attaques des Chabab à Mogadiscio, a plaidé pour la poursuite de la mise en œuvre du plan de transition sécuritaire de l’AMISOM vers les forces de sécurité somaliennes, souhaitant à cette fin des efforts accrus de la part des autorités fédérales somaliennes. Celles-ci doivent accélérer la mise en œuvre des réformes sécuritaires, a-t-il demandé en contrepartie de la poursuite du soutien financier de l’Union européenne à l’AMISOM.
La France est aussi préoccupée par l’impact des changements climatiques sur la situation en Somalie, a encore exprimé M. Michon en évoquant la hausse du nombre des déplacés qui, conjuguée à la raréfaction des ressources naturelles et à l’insécurité alimentaire, augmente les tensions entre les personnes déplacées et les communautés d’accueil, en exacerbant aussi les rivalités intercommunautaires. Ce contexte est appelé à se répéter dans d’autres régions du monde, a prévenu le représentant en prônant, dans le domaine de la prévention des conflits, une analyse régulière des impacts des changements climatiques sur la sécurité. « Nous appelons les Nations Unies à réaliser une analyse régulière des risques pour la sécurité des changements climatiques, et à assortir cette analyse de recommandations de mesures de prévention qui seront mises en œuvre par les autorités nationales, leurs partenaires de développement et les agences des Nations Unies. »
Pour M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie), 2020 sera une année décisive pour la Somalie alors qu’une réforme multisectorielle est en cours tout comme le renforcement de son secteur de la sécurité et que des élections au suffrage universel doivent y avoir lieu. Il a noté que le cadre de responsabilité mutuelle est important et ambitieux et a espéré qu’il sera pleinement appliqué. À cet égard, a-t-il estimé, il est nécessaire de sortir de l’impasse politique entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération dans la mesure où les priorités nationales fixées par le cadre requièrent leur coopération, a-t-il souligné en appelant les deux parties à engager un dialogue constructif pour régler pacifiquement toutes les questions en suspens. La tenue d’élections pacifiques reste une priorité pour 2020, a martelé, à son tour, le représentant qui a jugé impératif d’adopter la loi électorale pour le respect du calendrier.
Profondément préoccupé par la menace persistante des Chebab, il a souligné la nécessité de continuer d’évaluer les conséquences possibles du retrait prévu de 1 000 autres membres de l’AMISOM ce mois-ci. Saluant l’engagement du Gouvernement à appliquer le plan de transition, le représentant a appelé à un soutien international accéléré et coordonné pour appuyer la constitution des forces somaliennes et le renforcement de leurs capacités. C’est crucial, a-t-il insisté, pour avoir des forces bien formées, bien équipées et capables de prendre le relais. Le représentant a aussi parlé de la situation humanitaire, en rappelant l’impact dévastateur des dernières inondations sur la sécurité alimentaire et les déplacements de populations.
Au nom du Groupe A3 +1 (Niger, Afrique du Sud, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), M. TAREK LADEB (Tunisie) a espéré que le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération continueront d’avancer vers un accord politique et un consensus sur les priorités nationales. Un dialogue constructif et inclusif permettra aux Somaliens de faire face aux défis politiques, sécuritaires, humanitaires et de développement, a-t-il souligné. Il a espéré qu’un tel dialogue sera aussi de nature à ouvrir la voie aux élections de 2020. C’est important, a insisté le représentant, pour progresser vers la stabilisation et l’édification d’un État fédéral opérationnel. Il a insisté sur la participation des femmes et des jeunes à la vie politique.
Sur le plan sécuritaire, il s’est dit préoccupé par la persistance de la menace terroriste posée par les Chabab. Il a exprimé son appui aux forces de sécurité somaliennes et a dit apprécier le soutien de l’AMISOM et des autres partenaires pour réduire les capacités des Chabab et des autres groupes terroristes. Il a salué l’évaluation commune de l’ONU, de l’Union africaine et du Gouvernement fédéral et appelé la communauté internationale à fournir l’aide nécessaire aux autorités somaliennes, tant sur le plan fédéral que local. Il a répété que toute reconfiguration de l’AMISOM ou réduction de ses effectifs doit répondre à des critères et éviter de créer un vide sécuritaire. Il a exhorté le Gouvernement fédéral somalien à tout mettre en œuvre pour renforcer les capacités d’une armée nationale qui devra être en mesure de faciliter la tenue des élections à la fin de 2020 et d’assurer la sécurité du pays en 2021. Il a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour reconstituer le Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM et celui pour les forces de sécurité somaliennes. Concluant sur la situation humanitaire aggravée par les conditions climatiques et la menace terroriste, le représentant a demandé un appui urgent aux mesures d’adaptation et de résilience.
M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a jugé important que cette année ne serve pas seulement à consolider les progrès mais aussi à les faire avancer. Le dialogue entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération est « crucial », s’est-il expliqué, pour assurer des progrès dans les priorités nationales. Le représentant a soutenu l’idée d’un mécanisme pour le dialogue et la formation d’un consensus sur les élections à venir mais aussi les solutions aux problèmes politiques, sécuritaires, humanitaires et de développement. Ces problèmes ne peuvent être résolus que dans le cadre du dialogue constructif entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération. Pour 2020, la priorité doit être l’organisation d’élections crédibles et pacifiques. Il faut donc combler les lacunes dans la loi électorale et graver dans la législation le quota de 30% pour la représentation des femmes, a précisé le représentant.
Il s’est par ailleurs dit préoccupé par la force de frappe des Chabab. Il a jugé crucial que la diminution des effectifs de l’AMISOM corresponde aux menaces sur le terrain. Il a condamné les graves violations des droits de l’homme et le nombre de recrutements parmi les enfants. Il a aussi appelé à des efforts pour s’attaquer à la violence sexuelle et a appelé le Parlement à adopter sans plus tarder la loi sur les infractions sexuelles. Le représentant a réservé son dernier mot à la situation humanitaire aggravée ces derniers temps par l’invasion de criquets et le choc climatique.
M. HUNG NHO DINH(Viet Nam) a affirmé que les évolutions positives en Somalie laissent présager plus de stabilité et de sécurité. Un optimisme prudent est toutefois de mise, a-t-il estimé, car les menaces « traditionnelles et non traditionnelles » continuent d’être une source de graves préoccupations. Le représentant a appelé les parties concernées à redoubler d’efforts pour participer à un dialogue constructif, se félicitant notamment des récentes réunions entre le Président Farmajo et d’autres dirigeants politiques. Il a également salué la promulgation, le 21 février, de la loi électorale notant que celle-ci impose notamment un quota de 30% de femmes parlementaires. La tenue des élections doit demeurer la principale priorité de 2020, a-t-il souligné.
M. Dinh a aussi appelé à redoubler d’efforts pour faire face à la menace continue du terrorisme et répondre à l’afflux illégal d’armes. Préoccupé, à son tour, par l’impact des crises météorologiques, il a encouragé les partenaires internationaux à aider le Gouvernement somalien. On ne saurait trop insister sur l’importance des solutions aux questions économiques sous-jacentes, notamment le développement agricole, a-t-il ajouté.
La Somalie développe actuellement son système fédéral et la Belgique comprend la complexité de la tâche, a assuré d’emblée M. MARC PECSTEEN de BUYTSWERVE (Belgique). Il a salué la bonne coopération technique entre niveaux fédéraux, en vue d’obtenir l’allègement de la dette, mais, a-t-il noté, il faut maintenant élargir cette coopération à d’autres domaines et y ajouter un dialogue constructif au niveau politique. Même si la Somalie progresse sur plusieurs questions cruciales, comme la réforme du secteur de la sécurité et la préparation des élections, sans dialogue politique interne, a prévenu le représentant, les solutions ne pourront être qu’incomplètes. Certains aspects du Code électoral doivent être revus alors que le temps presse pour assurer l’organisation de l’élection présidentielle dans les délais prévus. Le représentant a encouragé le Gouvernement fédéral à élargir l’espace démocratique afin de permettre la participation de tous, y compris les femmes, les jeunes et les personnes déplacées. Il faut également trouver une issue juste et raisonnable pour sortir des tensions liées aux élections régionales au Galmudug et au Djoubaland, a-t-il ajouté.
S’agissant des questions de sécurité, il a estimé, le dialogue insuffisant entre le Gouvernement fédéral et certains États membres de la fédération sur le plan de transition en vue du départ de l’AMISOM. Une meilleure coordination permettrait à la Somalie d’avancer sur la mise en œuvre de son architecture de sécurité, et à l’Armée nationale somalienne d’accroître ses effectifs. S’agissant de la menace pour la sécurité et la stabilité que restent les Chabab, le représentant a souligné que le déploiement de l’armée somalienne est indispensable pour contenir cette menace et protéger la population. Grâce à la levée partielle de l’embargo, les autorités sont en mesure d’acquérir l’armement nécessaire, a-t-il souligné. Il a rappelé le soutien de l’Union européenne à la Somalie par le financement de l’AMISOM, des missions EUTM et EUCAP et de l’opération antipiraterie maritime ATALANTA.
Les crises humanitaires et les déplacements de population dus aux conflits et à des phénomènes climatiques comme la sécheresse et les inondations se renforcent mutuellement, a noté le représentant. Leur prise en compte accrue par la MANUSOM permettrait d’améliorer l’efficacité de la Mission, a-t-il estimé.
M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a déclaré que le Gouvernement fédéral en place depuis trois ans s’est engagé sur des réformes ambitieuses et multisectorielles. Compte tenu des problèmes dont nous avons hérités, nous avons, a-t-il affirmé, surmonté d’énormes obstacles et assuré des progrès en « un temps incroyable court ». Grâce au partenariat fort entre le Gouvernement fédéral, les États membres de la fédération et les partenaires internationaux, nous nous sommes attaqués à certaines des menaces à la paix et à la sécurité somaliennes, a encore affirmé le représentant. Notre réforme phare, a-t-il dit, c’est la relance économique, dont un nouveau partenariat avec les institutions financières internationales. Ce but est aujourd’hui à portée de main, s’est enorgueilli le représentant qui s’est félicité « du grand succès et des réformes « inimaginables » comme en atteste les mesures d’allègement de la dette. Il a aussi parlé du neuvième Plan national de développement qui vient d’être adopté, s’est félicité de l’éligibilité de son pays à l’Initiative PPTE.
Nous savons, a assuré le représentant, que nous devons faire plus pour parvenir au point d’achèvement, un chemin qui ne peut qu’encourager l’investissement étranger direct (IED) pour diversifier l’économie, créer des emplois et garantir la faculté du Gouvernement de financer les services sociaux de base. Il a expliqué que cette semaine, la Somalie deviendra le cent quatre-vingt-deuxième État membre de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI)).
Mon pays, a-t-il poursuivi, a aussi enregistré des progrès « irréversibles » dans la réforme du secteur de la sécurité. Les forces de sécurité nationales sont au beau milieu de la phase II du plan de réforme, ce qui permettra de mettre en œuvre la loi sur les pensions et les indemnités qui attend la signature du Président ainsi que les mesures liées au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration qui sont à l’étude. Les investissements directs dans les forces de sécurité constituent le meilleur moyen de venir à bout des Chabab, a souligné le représentant. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Gouvernement fédéral a augmenté de 200% le budget de la réforme du secteur social et du développement.
Le Gouvernement travaille aussi pour faire émerger un processus politique inclusif. Les efforts dans le Galmudug portent des fruits. Le peuple vient d’ailleurs de former une assemblée législative inclusive. Dans tout le pays, la politique est de plus en plus centrée sur les questions et les élections seront guidées par des liens programmatiques. Le représentant a conclu en appelant tous les acteurs extérieurs, en particulier les pays de la région, de cesser leur ingérence et d’appuyer plutôt les acquis somaliens qui sont bénéfiques pour toute la corne de l’Afrique. Nos préparatifs électoraux se poursuivent. Le Président a promulgué le modèle électoral approuvé par les deux Chambres du Parlement. Je vous assure, a-t-il dit aux membres du Conseil, que nous respecterons le principe visant à organiser les élections à temps et de manière pacifique pour un transfert ordonné du pouvoir.