8706e séance (reprise) – matin
CS/14086

Face à l’escalade des tensions au Moyen-Orient, les délégations appuient un ordre international basé sur des règles et dénoncent l’inaction du Conseil de sécurité

Il faut faire preuve de la plus grande retenue et s’engager de nouveau sur la voie de la diplomatie et du dialogue pour réduire les tensions au Moyen-Orient.  Tel a été le constat unanime des délégations, ce matin, au deuxième jour du débat ouvert du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. 

Qu’il s’agisse de la République arabe syrienne, du Yémen, de la Libye ou de la question palestinienne, ce sont les solutions politiques qui ont été mises en avant comme unique voie de sortie de ces crises, par opposition à l’option militaire.  Pour y arriver, le Moyen-Orient a non seulement besoin de voir l’application du droit international renforcée, comme l’ont souligné les Émirats arabes unis, mais également que l’on mette fin aux ingérences étrangères dans les différents conflits, comme l’a notamment exigé la Ligue des États arabes.  Pour les uns, cela signifie un retrait des forces turques du nord de la Syrie, comme l’a demandé l’Union européenne, alors que pour l’Iran, c’est en premier lieu un retrait des forces américaines qui s’impose au motif que leur présence a toujours été source d’instabilité.  L’Arabie saoudite et le Bahreïn ont, eux, dénoncé le soutien iranien aux milices houthistes.

En outre, l’invocation, ces derniers mois, du droit à la légitime défense -tel que prévu par l’Article 51 de la Charte des Nations Unies- comme base juridique pour justifier une action militaire préventive a été jugée inquiétante par le Liechtenstein.  Mettant en garde contre une interprétation trop large et non vérifiée de cet article, cette délégation a craint que cela n’affaiblisse l’ordre international basé sur des règles. 

Pour l’Iran, le droit international a clairement été violé avec un acte de « terrorisme d’État », l’assassinat par les États-Unis de Qasem Soleimani, « une figure politique iranienne hautement influente et respectée dans la région ».  L’Iran n’a pas hésité à pointer du doigt le silence et l’inaction du Conseil de sécurité face à de tels cas de violation.  Des reproches similaires ont été faits au Conseil sur le dossier palestinien parce qu’au fil des ans, voire des décennies, il n’a pas été en mesure de faire appliquer ses propres résolutions, et en particulier la résolution 2334 (2016), comme l’a notamment relevé le Mouvement des pays non alignés.  S’agissant du dossier syrien, le Liechtenstein a constaté que le Conseil n’est toujours pas parvenu à donner la priorité à la protection de la population, même s’il a réussi, la semaine dernière, à trouver une solution a minima pour le passage de l’aide transfrontière.

Face à cette inaction du Conseil, que l’Iran a expliquée par « une protection systématique » du régime israélien par le États-Unis qui ont posé pas moins de 44 vetos à cet effet, certaines délégations se sont tournées vers la Cour pénale internationale (CPI) pour faire avancer les choses.  À l’instar des membres du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et de la Ligue des États arabes, elle se sont félicitées de l’annonce faite par la Procureure générale de la CPI de l’ouverture d’une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis par Israël en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, à la suite d’une enquête indépendante.  Une telle procédure démontre, selon elles, l’importance d’un ordre international fondé sur des règles. 

Sur une note plus positive, l’implication de la communauté internationale en vue de créer un environnement propice à la paix a été relevée en saluant l’Allemagne qui vient de convoquer la Conférence de Berlin sur la Libye.  Comme l’a dit le Bahreïn, le communiqué final de cette conférence et ses résultats sont autant de pas dans la bonne direction pour parvenir à la paix et la stabilité en Libye, sur la base de l’accord signé en 2015 au Maroc.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Pour M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie), la question palestinienne est liée de façon intrinsèque au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Les Palestiniens vivent toujours sous une occupation brutale et un blocus répressif, a déploré le délégué en notant qu’ils sont privés des ressources de leurs terres et que leurs mouvements sont restreints.  Ces souffrances sont imposées par l’occupant en toute impunité alors que la communauté internationale reste impuissante, s’est-il indigné.  Il a condamné l’occupation illicite de Jérusalem ainsi que les colonies de peuplement illégales.  La Malaisie ouvrira une ambassade accréditée pour la Palestine à Amman et continuera de soutenir l’UNRWA, a indiqué le représentant.

M. Aidid a affirmé que le processus politique légitime est la seule solution pour régler ce conflit et répondre aux questions du statut final.  Il a apporté son soutien à la solution des deux États.  Avant de conclure, il a appelé à raviver le processus de paix et a exhorté le Conseil de sécurité à agir, parce qu’il a la « responsabilité morale de mettre un terme aux actes immoraux commis par Israël dans les territoires occupés ».

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a appelé la communauté internationale à travailler de concert pour améliorer le sort des populations du Moyen-Orient.  L’escalade doit être évitée en Iraq, a-t-il demandé.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, le Brésil préconise une solution positive et novatrice et appelle les parties à créer un environnement propice à une solution politique en vue de parvenir à un règlement juste et global.  Les dynamiques qui ne cessent d’évoluer sur le terrain exigent une réponse claire de la communauté internationale pour veiller au respect du droit international, a fait valoir le représentant.

S’agissant de la Syrie, il a condamné toute attaque contre les personnes et les installations civiles et humanitaires.  Le Brésil appuie les efforts de l’Envoyé spécial, M. Geir Pedersen, et reste convaincu que seul un processus politique pris en main par les Syriens, sous l’égide des Nations Unies, pourra venir à bout de cette crise.  Au Yémen, le Brésil appelle les parties à pleinement respecter l’Accord de Stockholm et à poursuivre leur coopération avec l’Envoyé spécial, M. Martin Griffiths, pour faire avancer le processus politique dans le pays.  Le représentant a rappelé que le Brésil a déployé du personnel militaire et de police au Yémen dans le contexte de l’Accord sur Hodeïda.  Enfin, s’agissant de la Libye, le représentant a insisté sur le fait qu’il n’existe pas de solution militaire à la crise et a soutenu les efforts de l’Envoyé spécial, M. Ghassan Salamé.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est inquiété de la montée des tensions entre les États-Unis et l’Iran et a appelé toutes les parties, impliquées directement ou indirectement, à faire preuve de la plus grande retenue et à s’engager de nouveau à utiliser la voie diplomatique pour réduire les tensions.  Après avoir rappelé que la Charte des Nations Unies prévoit des règles claires pour l’utilisation de la force, il a craint que les récents développements ne viennent saper les tenants du droit international.  Il a noté en particulier que, ces derniers mois, le droit à la légitime défense prévu par l’Article 51 de la Charte est avancé comme base juridique pour justifier une action militaire préventive, mettant en garde contre une interprétation trop large et non vérifiée de l’Article 51.  Cela peut affaiblir l’ordre international basé sur des règles, a-t-il prévenu avant de déclarer son fort attachement à l’intégrité et à l’autorité de la Charte des Nations Unies.

Préoccupé aussi de l’état précaire du Plan d’action global commun, le représentant a salué la décision des signataires européens de déclencher le mécanisme de règlement des différends.  Il a aussi rappelé que la résolution 2231, toujours en vigueur, reste contraignante pour tous les États, avec « une responsabilité particulière pour tous les membres du Conseil de sécurité ».  Passant au dossier syrien, M. Wenaweser a noté que les discussions récentes ont montré que le Conseil de sécurité n’est toujours pas parvenu à donner la priorité à la protection du peuple syrien.  Il a toutefois salué l’engagement des membres élus du Conseil à trouver une solution au minimum pour le passage de l’aide transfrontière ainsi que leurs demandes de justice pour les pires crimes commis en Syrie.  Bien que le Conseil continue d’ignorer ces opinions, en particulier celle du renvoi à la CPI, le Liechtenstein se félicite que de la création du mécanisme indépendant et impartial qui a été établi comme organe subsidiaire de l’Assemblée générale.

Enfin, s’agissant du conflit israélo-palestinien, le représentant a plaidé pour la solution des deux États sur la base du droit international applicable.  Il a dit suivre de près les activités menées par la Procureure de la CPI dont l’examen préliminaire de la situation en Palestine a conclu que tous les critères prévus par le Statut de Rome sont remplis pour l’ouverture d’une enquête.  Une telle procédure démontre l’importance d’un ordre international fondé sur des règles, a souligné le représentant. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a jugé inacceptable que la force occupante poursuive certaines pratiques répréhensibles sans que le Conseil de sécurité n’agisse pour faire changer les choses.  L’Accord d’Oslo conclu il y a 25 ans reste encore lettre morte et Israël poursuit sa politique d’occupation et de répression, a-t-il regretté, décrivant le sort de familles palestiniennes chassées de leurs terres alors que, de leur côté, les colonies de peuplement continuent de prospérer. 

La Puissance occupante a également renforcé le blocus de Gaza et des centaines de martyrs sont morts depuis le lancement de la Grande marche du retour, a encore déploré M. Alotaibi.  Il a estimé que le moment est venu pour le Conseil de prendre des mesures adéquates.  À défaut, c’est une autre année de souffrance qui s’annonce pour les Palestiniens, a-t-il craint.  Il a enfin rappelé l’importance du « plan arabe de paix » afin de conduire à l’établissement d’un État palestinien souverain.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné que les rivalités régionales ont pris un nouveau tour avec l’influence des puissances étrangères au Moyen-Orient.  On ne peut se permettre de voir naître un nouveau conflit, a—t-il dit.  C’est pourquoi le Premier Ministre du Pakistan a pris l’initiative d’envoyer son Ministre des affaires étrangères à Téhéran et à Washington pour apaiser les tensions.  Le Pakistan, a promis le délégué, va continuer à être un partenaire de la paix dans la région. 

En ce qui concerne la Syrie, il a salué la mise en œuvre de la Commission constitutionnelle.  Il a aussi dit espérer que la Conférence de Berlin sur la Libye soit suivie d’actions concrètes.  Le représentant a en outre déploré le fait que les perspectives de paix s’éloignent de plus en plus entre Palestiniens et Israéliens.  Il a appelé la communauté internationale à poursuivre la promotion de l’idée de l’établissement d’un État palestinien souverain, évoluant aux côtés d’Israël. 

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a dénoncé les « manœuvres et politiques israéliennes » qui cherchent à maintenir le statu quo, voire même annexer une grande partie de la Cisjordanie, « ce qui ferme la porte au règlement de ce conflit ».  Israël promulgue des lois et adopte des politiques antipalestiniennes, a estimé le représentant avant de réaffirmer que pour l’Arabie saoudite, la cause palestinienne est une cause centrale.  L’Arabie saoudite continuera à défendre les droits des Palestiniens jusqu’à ce qu’on parvienne à la solution des deux États, avec Jérusalem-Est pour capitale et sur la base de l’Initiative de paix arabe.  Elle dénonce l’illégalité des colonies de peuplement israéliennes, qui constituent selon elle un obstacle majeur à la paix.

La délégation saoudienne a rejeté l’ingérence étrangère dans le conflit libyen, estimant que cela a contribué à l’escalade militaire et augmenté la souffrance des Libyens.  Elle a exhorté les parties libyennes à la retenue et à protéger l’unité, l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Libye.  En ce qui concerne la Syrie, le représentant a appelé à l’apaisement et dit espérer que la Commission constitutionnelle y contribue.  Il a aussi appelé à la sortie de toutes les milices étrangères du territoire syrien.  Le délégué a rappelé que l’Arabie saoudite a toujours appelé à faire montre de retenue et à opter pour le dialogue.  Le pays a notamment fait preuve de la plus grande retenue lorsque les installations d’Aramco ont été visées par une attaque terroriste revendiquée par des milices houthistes, a-t-il donné comme exemple.

Passant à l’Iraq, il a fait part de ses préoccupations face à l’escalade des tensions dans ce pays et appelé toutes les parties à la retenue, car la situation actuelle risque d’avoir des répercussions au-delà des frontières iraquiennes, selon le représentant.  Pour ce qui est du Yémen, le représentant a rappelé que la mise en œuvre de l’Accord de Riyad a entamé sa deuxième phase, mais a regretté que les milices houthistes, « soutenues par l’Iran », continuent de perpétrer des attaques terroristes qui sapent délibérément la solution politique.  En conclusion, le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à renforcer son rôle dans la prévention des conflits au Moyen-Orient.

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a estimé que la situation au Moyen-Orient reste une grande source de préoccupation et regretté que, malgré les appels internationaux, l’expansion des colonies de peuplement illégales d’Israël continue, tout comme les démolitions de maisons palestiniennes.  Cela représente à ses yeux une négation du droit au développement des Palestiniens.  La poursuite des politiques israéliennes ne fait qu’accroître le sentiment d’injustice et la colère des Palestiniens, a-t-il dénoncé.  S’agissant de la crise financière de l’UNRWA, il a mis en garde contre l’impact d’une baisse potentielle des services apportés par l’Office et a appelé à lui fournir des fonds sur une base plus stable.  La Turquie reste attachée à la solution des deux États, a-t-il ajouté en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien.

Pour ce qui est de la Syrie, il a déploré les déplacements massifs de personnes à Edleb, suite aux offensives militaires, ce à quoi s’ajoutent des conditions hivernales très rudes.  Pour la Turquie, l’argument de la lutte contre le terrorisme est inacceptable dans la zone de désescalade.  Le représentant a assuré que son pays restera engagé pour aider à faire progresser le processus politique en Syrie.

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a indiqué que la naissance d’un nouveau conflit dans le Golfe pourrait avoir des conséquences désastreuses.  Il faut donc continuer d’encourager toutes les parties à rechercher une solution par la voie des négociations, a-t-il recommandé.  Le Japon entend poursuivre ses efforts diplomatiques à cet effet, a assuré le représentant en notant que le processus de paix au Moyen-Orient demeure une priorité pour la communauté internationale.  Sans une solution à cette question, une paix et une stabilité durables dans la région ne peuvent avoir lieu, a-t-il mis en garde. 

Le délégué a déploré l’expansion des colonies de peuplement et la démolition des structures palestiniennes, avant d’appeler le Gouvernement israélien à mettre un terme aux activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé, y compris ses projets de construction qui sapent la possibilité de la solution des deux États.  M. Ishikane a également condamné les attaques terroristes contre des innocents, y compris par des tirs de roquettes.  Il a invité les deux parties à promouvoir les mesures de renforcement de la confiance.  Dans ce cadre, le Japon entend inviter, en fin de mois, 10 jeunes gens des deux bords afin de soutenir l’établissement de telles mesures entre eux, espérant ainsi que ces derniers pourront ouvrir la voie vers la paix et la sécurité en offrant l’espoir aux générations futures.

Le représentant a terminé en soulignant que, « tous les trois mois, nous répétons les mêmes discours déprimants au Conseil de sécurité ».  Il a dit espérer que des étapes positives seront franchies au cours des prochains mois, y compris la tenue des élections générales palestiniennes. 

Mme ADELA RAZ, Vice-Présidente du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a estimé que les tensions géopolitiques et les troubles accrus dans la région rappellent à tous que la paix ne doit jamais être considérée comme acquise et qu’elle doit être préservée et soutenue.  « Nous devons défendre et appliquer les valeurs consacrées dans la Charte des Nations Unies », a-t-elle ajouté avant de souligner la nécessité du débat sur la question palestinienne qui risque fort d’être occultée, voire oblitérée, par les troubles actuels.  Mme Raz a vu dans l’absence de réponse à la question palestiniennes une « grave négligence de notre devoir collectif au regard de la Charte et une menace pour la paix et la sécurité de la région et au-delà ».  Elle a dénoncé plus particulièrement la poursuite de l’occupation illégale du territoire palestinien et l’aggravation de la situation sur le terrain, citant les chiffres qui démontrent une augmentation des démolitions et confiscations de maisons palestiniennes, et en même temps des constructions de logements de colons « dans des colonies illégales dans tout le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ». 

La Vice-Présidente du Comité a réaffirmé que les colonies de peuplement israéliennes dans les zones occupées sont illégales au regard du droit international, comme le dit la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, appelant Israël à cesser immédiatement et complètement la construction et l’expansion des colonies.  Elle a aussi mis en garde que les tensions provoquées par les attaques menées par les forces d’occupation israéliennes contre les fidèles sur l’esplanade de la mosquée Al-Aqsa menacent de déstabiliser encore davantage la situation.  « Le Comité demande instamment à Israël, Puissance occupante, de respecter toutes les obligations que lui impose le droit international et de s’abstenir de toute action compromettant un statu quo déjà fragile. »

Se félicitant de la prorogation du mandat de l’UNRWA jusqu’en 2023, par « un vote à majorité écrasante », Mme Raz a souligné l’appui indéfectible de la communauté internationale à l’Office et l’action indispensable de celui-ci pour aider 5,5 millions de réfugiés de Palestine.  Elle a demandé aux États Membres de fournir à l’UNRWA le financement fiable et durable dont il a besoin.  Elle a aussi noté que l’Assemblée générale avait adopté, « avec une confortable majorité », toutes les résolutions sur la question de Palestine en décembre: celle sur le mandat du Comité et celle sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination ont recueilli le soutien de plus de 90% des Membres de l’ONU.  Cela témoigne que ces résolutions sont fortement ancrées dans la Charte des Nations Unies, le droit international et les droits de l’homme, selon Mme Raz.  De plus, a-t-elle recommandé, ce consensus international doit être maintenu et doit servir de fondement à tous nos efforts collectifs visant à promouvoir une solution juste, durable et pacifique.

Mme Raz s’est aussi félicitée de l’annonce faite par la Procureure générale de la CPI de l’ouverture d’une enquête sur les allégations de crimes de guerre commis en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, à la suite d’une enquête indépendante.  Elle a aussi attiré l’attention sur la situation humanitaire des deux millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza où l’action humanitaire est « une urgence absolue ».  Elle a exigé à cet égard la levée du blocus qu’Israël impose à Gaza depuis 12 ans.  La Vice-Présidente du Comité a aussi réaffirmé l’appui du Comité au processus de réconciliation mené par l’Égypte et d’autres pays, avant d’exprimer son soutien à la tenue d’élections générales dans l’État de Palestine, y compris à Jérusalem-Est.  Elle a conclu en appelant le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, à appliquer ses résolutions et à prendre les mesures qui s’imposent concernant la question palestinienne.

Selon M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte), cette réunion du Conseil de sécurité s’ajoute aux centaines déjà organisées sur le même sujet.  « Combien de temps le peuple palestinien va-t-il encore attendre? » a-t-il demandé.  Il a estimé qu’il est inutile de continuer à tenir des réunions mensuelles sur la question palestinienne juste pour faire le point de l’évolution de la situation sur le terrain.  Il ne pourra y avoir de solution durable tant que le peuple palestinien ne jouira pas de ses droits et que tous les territoires occupés en 1967 ne seront pas libérés, a-t-il argué.

Le représentant a ensuite relevé que le Moyen-Orient est témoin de l’ingérence des acteurs extérieurs.  Il a aussi déploré le fait que des acteurs dans le Golfe aient ciblé des structures civiles.  Selon M. Edrees, les États doivent éviter de soutenir des groupes armés et des milices.  Il faut donc adopter des mesures de confiance dans la région afin d’éviter l’escalade.  Le représentant a en outre déploré la dégradation de la situation en Libye, décriant la violation de l’embargo sur les armes, ce qui contribue à menacer la stabilité d’autres pays, notamment dans le Sahel.  Après la Conférence de Berlin, l’Égypte a dit soutenir toutes les initiatives visant à contribuer à la paix en Libye. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal), au nom de l’Union européenne (UE), a réaffirmé son attachement à la solution des deux États; l’objectif étant de parvenir à un État d’Israël et un État de Palestine viables, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  Mais, a-t-il avoué, le processus de paix au Moyen-Orient est toujours au point mort, alors que l’incertitude politique règne en Israël et dans les territoires occupés.  Il a prévenu que la poursuite de la politique des colonies de peuplement ces derniers mois, notamment dans des lieux extrêmement sensibles, constitue un obstacle à la paix et remet en cause la solution des deux États.  Toute annexion de territoire serait également une violation « grave » du droit international, a-t-il aussi prévenu, en condamnant dans la foulée, la démolition de biens palestiniens.

Pour qu’elle soit viable, a-t-il poursuivi, la solution des deux États doit pouvoir s’appuyer sur des institutions palestiniennes fortes et un gouvernement palestinien fort, comptable de ses actes et légitime.  Dès lors, a dit le représentant, l’Union européenne demande qu’une date soit fixée pour la tenue des élections en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza et que toutes les factions palestiniennes s’engagent dans ce sens.  Le représentant n’a pas manqué de dénoncer l’augmentation du nombre des actes de violence commis par des colons israéliens et a demandé à Israël de les traduire en justice.  L’Union européenne s’oppose par principe, et quels qu’en soient les auteurs, à toutes les formes de terrorisme et rejette de la même façon toutes les formes d’incitation à la haine, car elles sont incompatibles avec la solution des deux États.

L’un des paramètres fondamentaux de la paix au Moyen-Orient reste, a martelé le représentant, une solution juste à la question des réfugiés palestiniens.  En attendant, il est capital que l’UNRWA continue à leur offrir ses services et sa protection.  Sans un effort renouvelé en faveur du processus de paix israélo-palestinien, la situation risque de se dégrader davantage, a-t-il mis en garde, en soulignant la centralité de ce conflit au Moyen-Orient.  L’Union européenne, a-t-il assuré, est disposée à travailler avec toutes les parties pour faire avancer les perspectives d’une paix durable.

S’agissant de la situation en Syrie, le représentant a noté la fragilité de la situation dont l’escalade de la violence dans le nord-ouest.  La présence de groupes terroristes, a-t-il prévenu, ne saurait justifier les frappes aveugles.  Il a donc appelé le régime syrien à respecter le droit international humanitaire et à épargner la population civile.  Il a aussi demandé à la Turquie de retirer ses forces, privilégiant le processus diplomatique pour répondre aux préoccupations sécuritaires turques.  En Syrie, a souligné le représentant, il faut une solution globale et inclusive.  Il a donc dénoncé les conditions préalables que le régime a fixées à la Commission constitutionnelle alors qu’elle pourrait servir de tremplin à un processus politique.  Il n’y a pas, a souligné le représentant, de solution militaire à la crise syrienne.  Tout en se félicitant du renouvellement du mandat du mécanisme d’aide transfrontière, il a regretté la fermeture du point de passage de Yaroubiyé.  Il a conclu sur la nécessité de lutter contre l’impunité en Syrie et sur celle d’assurer le retour des réfugiés dans des conditions sûres et dignes, lesquelles sont toujours inexistantes.  L’Union européenne, a-t-il répété, ne fournira aucune aide au développement dans les zones où les droits des populations sont foulés au pied.  Elle restera aux côtés de l’Envoyé spécial pour débloquer le processus politique en Syrie.

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) s’est impatienté devant l’absence de progrès dans le dossier israélo-palestinien au cours de l’année 2019.  Il a réaffirmé la solidarité de la Ligue avec le peuple palestinien.  La solution est connue par tous et on ne peut rien imposer de manière unilatérale, forcée et injuste.  C’est au Conseil de sécurité de défendre le respect de la Charte et de faire en sorte que ses propres résolutions soient respectées, a rappelé le représentant qui a pointé du doigt l’incapacité de ce même Conseil à exécuter son mandat.  Nous attendons du Conseil, s’est-il expliqué, qu’il tienne Israël pour responsable de ses actes.  L’absence de justice ne peut que renforcer l’impunité, déstabiliser encore plus la situation sur le terrain et réduire à néant toute perspective de paix. 

Le représentant a dénoncé l’intransigeance d’Israël, ses politiques et mesures illégales.  Il a appelé au plein respect de la résolution 2334 du Conseil de sécurité qui fixe les paramètres pour arriver à la solution des deux États.  Israël, a-t-il martelé, doit immédiatement mettre un terme à ses tentatives de modifier le caractère démographique, l’identité et le statut légal des territoires occupés et des lieux saints.  Israël, a ajouté le représentant, doit se retirer du Golan syrien occupé, conformément à la résolution 497 (1981).  Il a saisi cette occasion pour condamner la déclaration du Président américain selon lequel les « hauteurs du Golan font partie d’Israël ».  En attendant une solution, a conclu le représentant, il faut apporter une aide humanitaire et socioéconomique au peuple palestinien, y compris aux réfugiés.  Dans ce contexte, il a salué le travail de l’UNRWA et s’est félicite du renouvellement de son mandat jusqu’au 30 juin 2023.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a souligné que la solution des deux États profitera aux Israéliens comme aux Palestiniens, tout en contribuant de manière significative à la paix et la stabilité de tout le Moyen-Orient.  Trois ans après l’adoption de la résolution 2334 (2016), a-t-elle relevé, aucun progrès n’est visible sur le terrain, bien au contraire.  Elle a dénoncé l’annexion de territoires et l’expansion des colonies de peuplement, sans oublier le blocus de Gaza.  Elle a aussi dénoncé les centaines de morts parmi les civils et les milliers d’autres blessés, imputables aux deux côtés.  Mme Byrne Nason a rappelé qu’en décembre dernier, son Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères s’est rendu en Israël et dans le Territoire palestinien occupé pour réitérer aux dirigeants la disponibilité de l’Irlande à soutenir les initiatives liées à la solution des deux États.  La représentante a estimé, dans ce cadre, que les élections générales palestiniennes pourraient être une étape cruciale vers la réconciliation intrapalestinienne.  En ce qui concerne la situation en Syrie, elle a exigé que les auteurs des violations du droit international soient poursuivis en justice, et, le cas échéant, devant la CPI.  Elle a conclu en saluant les résultats de la Conférence de Berlin sur la Libye. 

Mgr FREDRIK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a, en reprenant les mots du pape François, souligné qu’il est de la plus haute importance que l’appui et l’engagement de la communauté internationale gardent vivante la flamme du dialogue et que les problèmes soient traités par une approche holistique.  Un engagement soutenu et effectif, a ajouté le pape François, est nécessaire pour déchirer le voile du silence qui risque de tomber sur la guerre en Syrie.  Le silence et l’indifférence, a aussi souligné le pape, risquent d’aggraver le conflit au Yémen caractérisé par l’une des crises humanitaires les plus graves de l’histoire récente.  Insistant sur la vocation de la ville sainte de Jérusalem en tant « cité de la paix », le pape François a aussi insisté sur la nécessité urgente pour l’ensemble de la communauté internationale de réaffirmer, « avec courage et sincérité » et conformément au droit international, son engagement à appuyer le processus de paix israélo-palestinien.  Ce que le pape a dit sur Israël et la Palestine, a fait observer Mgr Hansen, s’applique aussi à la région tout entière, voire au monde entier, à la veille du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU. 

Au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a exigé de la communauté internationale des actions concrètes face aux actes d’Israël qui continue de violer le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2334 (2016).  Ces actes, a-t-elle prévenu, sapent la perspective de la solution des deux États, une vision en accord avec les résolutions pertinentes de l’ONU et l’Initiative de paix arabe.  La représentante a salué, dans ce cadre, la décision de la CPI d’ouvrir une enquête sur les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien.  En attendant, elle a appelé tous les États Membres à augmenter leurs contributions à l’UNRWA, au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et aux autres entités onusiennes qui apportent une assistance aux Palestiniens.  La représentante en a profité pour fermement condamner le plan visant à intégrer les écoles de l’UNRWA à Jérusalem-Est dans le système éducatif israélien.  Mme Fatima a en outre appelé tous les acteurs extérieurs à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales de la Syrie, tout en rappelant le soutien de l’OCI à une solution politique à la crise, en vertu de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. 

À titre national, elle a avoué son inquiétude devant la baisse du budget de l’UNRWA, dans un contexte où les besoins humanitaires des Palestiniens ne cessent d’augmenter.  Elle a prié la communauté internationale d’assurer un financement prévisible et durable à l’Office.  L’expérience de notre lutte pour l’indépendance et du génocide de 1971 nous prédispose à nous placer du côté des opprimés, s’est expliquée la représentante. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Ligue des États arabes, a rappelé que le Moyen-Orient fait face, en ce début d’année, à l’une de ses pires crises, aggravée par une crise de légitimité internationale et exacerbée chaque jour par la crise palestinienne.  Le peuple palestinien ne voit plus de crédibilité chez son partenaire israélien et les prises de position unilatérales des États-Unis ne font qu’aggraver ce sentiment.  Nonobstant ces obstacles à une paix durable et complète, les autorités palestiniennes continuent d’avancer pour jeter les bases d’un État, notamment en renforçant les institutions et en promouvant son éligibilité à devenir membre à part entière de l’ONU.  La Ligue, a souligné le représentant, appelle au respect immédiat de la résolution 2334 du Conseil de sécurité et à la reconnaissance de l’État de Palestine.  Elle appelle aussi la CPI à ouvrir une enquête sur les violations par Israël du droit international et du droit international humanitaire.  La Procureure de la CPI, a affirmé le représentant, a d’ailleurs estimé que les conditions d’une telle enquête sont réunies.

La région a plus que jamais besoin d’une désescalade, a martelé l’observateur, et cela commence par la fin des ingérences extérieures.  Ces ingérences, s’est-il expliqué, ne se limitent pas à des opérations militaires en Iraq.  On assiste en effet au même phénomène en Libye.  La Ligue, a dit le représentant, travaille aux côtés de l’ONU et de l’Union africaine à un règlement pacifique de la crise libyenne.  Elle rejette par ailleurs l’agression militaire dans le nord de la Syrie et demande le retrait des agresseurs, y compris des zones tampons.  La Ligue félicite en revanche le Soudan et l’Algérie pour leur transformation pacifique en réponse aux revendications des peuples.  Elle lance un appel aux Nations Unies et au Conseil de sécurité pour qu’ils œuvrent à la désescalade au Moyen-Orient, favorisent les relations de bon voisinage et mettent fin aux ingérences extérieures.

Mme CATHERINE IMAJI UDIDA (Nigéria) a dit que la communauté internationale doit se focaliser sur les efforts visant à relancer les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens.  Elle a appelé Israël à arrêter toutes les activités de colonisation dans le Territoire palestinien occupé et les dirigeants palestiniens à démontrer leur volonté de retourner à la table des négociations.  La déléguée a invité le Conseil de sécurité à ne pas décevoir les Palestiniens qui réclament l’exercice de leur droit à l’autodétermination.  Elle a souhaité que cette année le débat donne lieu à des propositions concrètes pour relever les défis de la mise en œuvre des résolutions de l’ONU.

M. OSCAR LEON GONZÁLEZ (Cuba) a accusé le Conseil de sécurité de garder le silence alors qu’Israël continue sa politique d’annexion des territoires palestiniens.  Le représentant a imputé l’impasse du Conseil à la position des États-Unis et en a profité pour confirmer le soutien de son pays à l’entrée de la Palestine comme membre de plein droit des Nations Unies.  Les mesures agressives et injustifiées de Washington au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi, entraînent une escalade dangereuse dans la région.  Le représentant a d’emblée rejeté le prétendu « deal du siècle » élaboré par le Gouvernement américain, sans tenir compte de la solution des deux États.  Il a condamné une nouvelle fois, comme « graves violations du droit international », le fait que les États-Unis aient reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et le Golan syrien occupé comme territoire israélien.  Il a conclu en condamnant fermement le bombardement de l’aéroport de Bagdad par les États-Unis.

Pour Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis), il existe aujourd’hui des chances d’apporter apaisement et désescalade au Moyen-Orient.  Il est impératif, pour ce faire, que les pays de la région mais également la communauté internationale s’engagent à respecter la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Nous regrettons à cet égard, a avoué la représentante, les violations répétées par Israël de ces résolutions et du droit international, comme en témoignent l’expansion des colonies de peuplement illégales, la démolition de biens palestiniens et le blocus de Gaza.

Notre région a besoin de voir le respect du droit international renforcé, a martelé la représentante pour laquelle il est nécessaire de parvenir à l’apaisement, en agissant sur le volet politique.  La communauté internationale doit créer un environnement propice à la paix, a souligné la représentante en saluant les efforts de l’Allemagne qui vient de convoquer la Conférence de Berlin sur la Libye.  Il faut mettre l’accent sur des solutions politiques, que ce soit en Syrie, au Yémen ou en Libye.  À ce titre, l’ONU a un rôle de chef de file à jouer, a souligné la représentante.  Mais, a-t-elle prévenu, l’ONU doit s’appuyer sur les organisations régionales.  La question palestinienne demeure la question centrale de « l’Umma islamique », a conclu la représentante, en insistant sur la solution des deux États.

Nous commençons cette année comme nous avons commencé la précédente, s’est désolée Mme FARZANA ZAHIR (Maldives).  Nous sommes toujours préoccupés par les violations des droits du peuple palestinien et nous avons les mêmes appréhensions quant à la réalisation de la paix au Moyen-Orient.  Le Conseil de sécurité peut et doit faire mieux pour régler ce long conflit, s’est impatientée la représentante.  Il est clair, a-t-elle estimé, que la seule solution à ce vieux conflit est la création d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, dans les frontières de 1967 et vivant en paix avec Israël.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle insisté, doit faire plus pour faire respecter par tous ses résolutions et décisions.  Si nous échouons à honorer nos obligations, nous ne pourrons pas assurer le règlement pacifique des conflits, a-t-elle prévenu. 

Au nom du Groupe des pays arabes, M. HOSNI MUSTAFA (Soudan) s’est impatienté face à la non-mise en œuvre des résolutions sur la question de Palestine, ce qui a un impact négatif sur la stabilité d’une région déjà en proie à de graves turbulences.  Le représentant a réaffirmé l’attachement de son groupe au droit à l’autodétermination du peuple palestinien et à la solution des deux États, « seule solution viable ancrée dans le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité ».  Les résolutions de ce Conseil, a-t-il martelé, sont juridiquement contraignantes.  L’absence de justice, a-t-il aussi prévenu, donne la victoire à l’impunité, au risque de dégrader encore davantage la situation sur le terrain.  Le représentant a donc appelé à la levée du blocus de Gaza et exigé qu’Israël s’abstienne de toute nouvelle mesure visant à changer le caractère démographique et l’identité de Jérusalem-Est et le statut des lieux saints à Jérusalem.  Il a aussi demandé qu’Israël se retire du Golan syrien occupé et que le Conseil de sécurité condamne les provocations et mesures unilatérales israéliennes.  Avant de conclure, le représentant s’est félicité de ce que le mandat de l’UNRWA ait été renouvelé jusqu’en juin 2023. 

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a rappelé que le Conseil de sécurité vient de tenir un débat sur le respect de la Charte alors que l’occupation par Israël des territoires arabes, dont il parle aujourd’hui, est une violation pure et simple de ce texte fondateur.  Le Qatar, a-t-elle dit, continue de financer des projets de développement et humanitaires en faveur des Palestiniens.  Passant à la situation en Syrie, elle a plaidé pour une solution politique pour réaliser les aspirations du peuple syrien.  Elle n’a pas manqué de condamner les attaques des groupes rebelles contre le Gouvernement légitime en Libye, et s’agissant du Yémen, elle a dit privilégier, ici aussi, le dialogue et la solution politique, dans le respect du droit international.  La représentante n’a pas manqué de s’insurger contre le blocus unilatéral imposé contre son pays depuis deux ans, en violation du droit international et des principes de la Charte.  Ce différend doit être réglé par la médiation. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a insisté sur la nécessité de mettre fin à la colonisation israélienne: Jérusalem-Est est occupée depuis 1967 et doit être la capitale du futur État palestinien.  Le représentant a d’ailleurs voulu que l’on préserve le statut de Jérusalem, ville multiconfessionnelle et patrimoine de l’humanité.  Le rôle de garant du Roi de Jordanie sur les sites sacrés de la ville doit être préservé, a-t-il martelé.  Il a invité les parties à reprendre les négociations, sur la base de la confiance, en vue de la solution des deux États. 

Pour M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran), il est tout à fait opportun de s’interroger sur les raisons qui font que le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de régler le conflit le plus long du monde: la question palestinienne.  Il a relevé que le Conseil n’a pas été capable de défendre les droits fondamentaux de millions de Palestiniens opprimés chez eux et à l’étranger, ni de confronter un régime d’occupation qui a commis, à maintes reprises, les quatre principaux crimes internationaux.  Pour lui, la réponse est claire: les États-Unis, par la violation des normes et principes fondamentaux du droit international et au mépris des normes de conduite internationales, des principes moraux et d’humanité et en abusant de leur statut de membre permanent du Conseil de sécurité, continuent de protéger systématiquement le régime israélien.  Avec 44 vetos posés par les États-Unis pour protéger Israël, l’Iran constate une attitude qui ne fait qu’encourager ce régime à commettre toujours plus de crimes et de brutalités, et ce, en toute impunité.

Toutefois, les États-Unis se sont livrés à d’autres activités déstabilisantes au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi leur reprochant leur « animosité intrinsèque » contre les nations musulmanes de cette région.  L’Iran a illustré « les aventures militaires américaines dans la région » en parlant du récent assassinat du « martyre » Qasem Soleimani et de ses compagnons à l’aéroport international de Bagdad.  Cet assassinat, a affirmé le représentant, est un acte de terrorisme d’État qui doit engager la responsabilité internationale des États-Unis.  Il a rejeté catégoriquement les « inventions américaines » avancées pour justifier ce crime haineux, les États-Unis ayant accusé Soleimani de planifier des attaques contre des cibles américaines dans la région.  Pourtant les États-Unis savent le rôle joué par M. Soleimani dans la lutte contre l’EIIL en Iraq et en Syrie, s’est indigné le représentant, avant de rappeler que la victime était une figure politique hautement influente et respectée dans la région pour ses contributions à la stabilité.  Pour l’Iran, il ne fait pas de doute que son assassinat visait clairement à attiser les tensions dans la région.  Son décès est « un véritable cadeau américain aux groupes terroristes de la région », a ironisé le représentant.  Cet aventurisme américain témoigne d’un fait, selon lui: « après cet assassinat lâche, la région est moins sûre et moins stable ».  Il en a conclu que le meilleur moyen pour parvenir à la paix et la sécurité dans la région est le retrait des forces américaines de la région, dans la mesure où « ces forces ont toujours été une source d’instabilité dans notre voisinage ».

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à résoudre la crise de confiance, de légitimité et de crédibilité qu’il traverse, qui est selon lui le fruit de son inaction face à des cas clairs de violation du droit international, comme son silence suite à cet assassinat le prouve.  Pour remédier aux erreurs du passé au Moyen-Orient, l’Iran demande au Conseil d’honorer ses responsabilités et de faire en sorte que soit évitée toute politique illégale des États-Unis et d’Israël dans la région.  Il lui demande de rester vigilant pour ne pas permettre à Israël d’abuser des débats dans cette enceinte quand il accuse d’autres pays, comme l’Iran, d’une série de mensonges qui ne méritent pas de réponse, tout en passant totalement sous silence la question de Palestine qui est pourtant le sujet de cette réunion.

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a dit que la question palestinienne a toujours été une source de préoccupation pour son pays.  Elle a réaffirmé la validité de la résolution 2334, en regrettant son manque d’application sur le terrain.  À cet égard, la représentante a dénoncé la démolition et la saisie par Israël de 234 structures palestiniennes ainsi que la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement illégales.  Elle a également déploré les nombreux morts parmi les civils palestiniens aux mains des forces israéliennes au cours de l’année 2019.

Les deux parties doivent agir conformément au droit international et s’abstenir de toute provocation et d’incitation à la haine, a plaidé la représentante.  Elle a aussi incité les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix juste et durable.  L’ Équateur, a-t-elle ajouté, exhorte le Conseil de sécurité à agir pour faire respecter ses résolutions sur la question palestinienne.  Il faut des solutions politiques, a-t-elle tranché en en appelant à la communauté internationale pour que des progrès tangibles soient réalisés sur la base de la solution des deux États. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a plaidé pour que soit trouvée une solution politique au long conflit israélo-palestinien.  L’absence de consensus international ne fait qu’exacerber la complexité du différend, a-t-il relevé.  Le représentant a aussi fait remarquer que la paix se bâtit sur le dialogue et la solidarité internationale.  Pour lui, la folie serait de refaire encore et encore les mêmes erreurs et de s’attendre à des résultats différents.  Le Costa Rica plaide pour une solution pacifique qui soit juridiquement contraignante pour tous, a-t-il conclu. 

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a souligné que ce débat a lieu alors même que se tient la commémoration des événements de la Deuxième Guerre mondiale, notamment la mort de six millions de Juifs au cours de l’Holocauste.  Il a invité les délégations à regarder vers le passé alors que l’on vit la montée de l’antisémitisme à travers le monde.

Le délégué a ensuite évoqué la tragédie du vol 752 qui a été frappé par un missile au-dessus de Téhéran, causant la mort de 176 personnes, dont 57 Canadiens.  Son gouvernement ne laissera pas passer ce drame sans obtenir de l’Iran la justice que ces victimes méritent, a-t-il promis avant d’indiquer que le Canada travaille avec les autres pays affectés afin d’assurer une enquête sérieuse et crédible, suivie de la reddition de la justice, avec des dédommagements.  Il a rappelé à cet égard les propos du Premier Ministre Trudeau, qui estime que s’il n’y avait pas eu de tensions dans la région, ces Canadiens seraient en ce moment chez eux avec leurs familles.

En Iraq, le Canada est engagé dans des activités de développement, dans l’humanitaire, ainsi que dans les sphères militaire et diplomatique, a poursuivi le représentant.  Le Canada intervient par exemple dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour apporter des formations en direction des forces armées iraquiennes.  Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, M. Blanchard a réitéré l’engagement du Canada en faveur de la solution des deux États, plaidant pour des pourparlers directs entre les deux parties.  Il a conclu en rappelant que des millions de Canadiens sont originaires de cette région, des personnes qui ont contribué à la fabrique sociale du pays, y compris ces quelque 60 000 réfugiés syriens qui sont arrivés au Canada depuis 2016 et qui deviennent citoyens de leur pays d’accueil.

Pour M. HATEM ABDULHAMEED MOHAMED SHARIF HATEM (Bahreïn), la paix et la stabilité au Moyen-Orient passent par la volonté politique, des actions concertées et un environnement propice.  Pour cela, il a demandé que l’on mette fin aux ingérences étrangères dans la région.  Il a par ailleurs apporté son soutien à la solution des deux États dans le contexte du conflit israélo-palestinien.  Pour le Yémen, il a évoqué l’attaque récente d’une mosquée pour souligner que les actes terroristes commis par les milices houthistes, avec le soutien de l’Iran, entravent un règlement politique.  Sur le dossier libyen, il a salué le communiqué final de la Conférence de Berlin sur la Libye, en estimant que ces résultats sont autant de pas dans la bonne direction pour parvenir à la paix et la stabilité dans ce pays, sur la base de l’accord signé en 2015 au Maroc.  En conclusion, il a affirmé que la stabilité du Moyen-Orient exige que l’on présente un front uni pour surmonter les obstacles qui entravent actuellement la paix et la sécurité.

M. SATYAJIT ARJUNA RODRIGO (Sri Lanka) a mis en exergue la situation fragile au Moyen-Orient dans un contexte d’escalade des tensions.  Il a plaidé pour plus de diplomatie et plus de dialogue en vue de parvenir à un apaisement.  S’agissant de la question de Palestine, le représentant a dénoncé les violations répétées par Israël du droit international.  Compte tenu de la situation grave à Gaza, il a appelé à la levée du blocus.  Sri Lanka souhaite la mise en œuvre de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur cette question et encourage des mesures de confiance à cet effet, a ajouté le représentant.  Il a aussi déclaré rester engagé en faveur de la création d’un État de Palestine souverain et indépendant.  Soulignant que l’aide humanitaire et l’assistance socioéconomique en faveur des Palestiniens sont louables, le représentant a insisté sur le caractère essentiel du rôle de l’UNRWA.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a souligné qu’on constate au Moyen-Orient la violation de la Charte des Nations Unies et de ses principes.  Elle en a voulu pour preuve la situation des Palestiniens qui vivent dans le désespoir total, selon les rapports de l’ONU.  Selon elle, la possibilité d’une solution équitable au conflit a été « démantelée » par les actions unilatérales d’Israël, comme c’est le cas avec les annexions qui sapent la perspective de la solution des deux États.  Elle a plaidé pour un avenir différent, jugeant que le statu quo n’est plus tenable. 

Mme Mudallali a indiqué qu’un nouveau gouvernement a été formé la nuit dernière au Liban par le Premier Ministre Hassan Diab, après trois mois de crise politique et une vague de manifestations comme le pays n’en avait jamais eue.  Ce gouvernement surnommé « gouvernement de salut » entend sortir le pays de cette période de crise et il compte sur le soutien des amis du Liban, a-t-elle indiqué, en précisant que la stabilité du Liban est importante pour toute la région.  Elle a affirmé que la situation au sud du pays reste calme, même si les forces de défense libanaises ont répertorié pas moins de 2 620 violations de l’intégrité territoriale du pays en 2019.  Elle a expliqué que ces violations font perdurer les tensions dans le sud du Liban, celles commises par voie aérienne étant particulièrement traumatisantes pour les populations au quotidien.  Au vu de la situation actuelle au Moyen-Orient, la représentante a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à l’unité autour de l’idée, lancée hier par le représentant allemand, selon laquelle « le droit international n’est pas un menu à la carte ».  Ainsi, le Conseil se doit d’assurer la mise en œuvre de ses résolutions sur la Palestine comme sur le Liban et d’autres zones du Moyen-Orient, afin de faire que la région connaisse justice et paix, a conclu la représentante.

M. BEN BOURGEL (Israël) a pris de nouveau la parole après l’intervention de sa délégation hier.  Il a réagi aux commentaires de certains orateurs qui déploraient le fait que son pays n’ait pas évoqué le conflit avec la Palestine.  Il a donc rappelé que le thème du débat était « La situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ».  De ce fait, sa délégation, comme les autres, a choisi les sujets qui lui siéent dans l’éventail des questions relatives au Moyen-Orient.  Il a rappelé que les activités de l’Iran sont une menace à la paix et la stabilité de la région, soulignant que ce pays appelle régulièrement à la destruction d’Israël, un État qui est Membre des Nations Unies depuis 1949. 

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