En cours au Siège de l'ONU

8703e séance – matin
CS/14080

Mali: la situation sécuritaire se détériore à un rythme alarmant sur fond de lents progrès dans le processus politique

Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation au Mali où, selon le dernier rapport* du Secrétaire général, la situation sécuritaire se détériore à un rythme alarmant.  Pour renforcer la capacité de la MINUSMA à protéger les civils dans les régions les plus touchées -le centre et le nord du Mali-, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a fait part d’un projet de création d’une force opérationnelle mobile.  De son côté, le Ministre des affaires étrangères du Mali, M. Tiébilé Dramé, a affirmé « la reconnaissance éternelle du Mali à la MINUSMA ».

Outre les 18 Casques bleus blessés la semaine dernière au cours d’une attaque contre le camp de la MINUSMA à Tessalit, le Secrétaire général adjoint Jean-Pierre Lacroix a mentionné les 89 soldats nigériens tués le 9 janvier lors d’une attaque contre leur base près de la frontière malienne et les 14 enfants tués, le 4 janvier, dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière malienne, dans une attaque contre un autobus.

Les groupes terroristes prolifèrent dans les régions de Ménaka et Gao, a expliqué le haut fonctionnaire, en déplorant la multiplication des attaques contre les convois des Nations Unies par engin explosif improvisé.  Il a aussi déploré que le terrorisme continue d’alimenter la violence intercommunautaire dans le centre du Mali.  On compte actuellement plus de personnes déplacées souffrant de la faim dans la région de Mopti que par le passé, a alerté M. Lacroix. 

C’est dans ce contexte que le Secrétaire général adjoint a plaidé pour rendre la MINUSMA plus agile, flexible et mobile avec des unités sur mesure et des capacités améliorées, surtout une mobilité aérienne supplémentaire.  Il s’est dit conscient de la difficulté d’obtenir des capacités supplémentaires mais a insisté sur le caractère indispensable de sa proposition.  L’autre élément dont la Mission a besoin de toute urgence est l’accès à des terres supplémentaires à Gao et à Mopti, a-t-il indiqué, en priant le Gouvernement malien de les rendre disponibles le plus rapidement possible.

Sur le plan politique, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015 a été mis en œuvre de manière lente et irrégulière, a poursuivi M. Lacroix, une lenteur que les membres du Conseil de sécurité ont regrettée.  La France a néanmoins souligné certains progrès grâce au redéploiement, dans le nord du pays, des premières unités de l’armée malienne reconstituée, ainsi que la convocation pour le 19 janvier du Comité de suivi de l’Accord de paix, une réunion que le Ministre malien a confirmée.

Le Niger a appelé les partenaires bilatéraux et multilatéraux à renforcer leur soutien au Gouvernement du Mali dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.  En même temps, le mécontentement semble grandir au sein de la population, qui dénonce la présence de forces étrangères mais aussi l’absence, l’inefficacité, voire même l’illégitimité des services de l’État.  C’est la crédibilité même de notre action qui est en jeu, a souligné la Belgique. 

La République dominicaine a donc appelé à renforcer les initiatives de communication avec les parties pertinentes au Mali pour mieux faire comprendre le mandat de la Mission.  Il faut gagner la confiance des populations locales pour qu’elles adhèrent aux travaux de la MINUSMA, a renchéri l’Estonie.  Ce à quoi le Ministre des affaires étrangères du Mali a répondu que le peuple malien, dans sa grande majorité, continue de reconnaître et d’apprécier le soutien des forces étrangères.  La Mission est présente dans le pays à la demande des autorités nationales et conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.

Le Royaume-Uni a illustré le soutien de son pays à la MINUSMA en rappelant avoir déployé un contingent supplémentaire de 250 soldats.  Pour la France, qui accueillait, il y a trois jours, le Sommet de Pau avec les pays du G5 Sahel, la MINUSMA est une composante essentielle du dispositif international au Mali et elle remplit des fonctions qu’aucun autre acteur n’est en mesure d’assurer, qu’il s’agisse de la protection des civils, du soutien à la mise en œuvre de l’Accord de paix ou encore de l’appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.  

Le représentant de la France a indiqué que le Sommet de Pau avait donné naissance à une « coalition pour le Sahel » dont l’objectif militaire est d’affaiblir durablement les mouvements terroristes, et l’objectif politique d’assurer le retour de l’État dans toutes les régions du Sahel, aussi bien à Kidal que dans le nord du Burkina Faso.  L’ensemble des pays et organisations intéressés sont invités à rejoindre cette initiative qui sera organisée autour de quatre piliers: lutte contre le terrorisme, renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité des pays du Sahel, retour de l’État et développement économique et social.  Le prochain sommet se tiendra à Nouakchott en juin prochain pour faire un suivi précis de la mise en œuvre de la coalition, a informé la France.

Cette réunion a mis en évidence certaines différences de vues sur l’avenir du mandat de la MINUSMA.  Les États-Unis, pour qui la Mission n’est pas forcément le meilleur moyen pour faire face au terrorisme dans la région, ont proposé une évaluation lucide de la MINUSMA d’ici à juin.  Ils ont souhaité qu’on lui retire comme priorité l’appui à la mise en œuvre de l’accord d’Alger, étant donné que le Gouvernement du Mali et les groupes armés signataires se sont montrés peu disposés à mettre en œuvre cet accord.  La position américaine est que la MINUSMA doit mettre l’accent sur la protection des civils et rediriger ses ressources vers le centre du pays qui est le plus dense et le plus stratégique.  Les États-Unis ont aussi conseillé de réduire la taille de la Mission pour allouer les ressources ainsi dégagées à des initiatives plus efficaces à la lutte contre le terrorisme dans la région.  Mais pour l’instant, la Fédération de Russie n’est pas prête à examiner des propositions de réforme du mandat de la Mission, a dit son représentant.

* S/2019/983

LA SITUATION AU MALI (S/2019/983)

Déclarations

Selon le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. JEAN-PIERRE LACROIX, la situation sécuritaire au Mali et dans l’ensemble de la région du Sahel se détériore à un rythme alarmant. La semaine dernière, 18 soldats de la paix ont été blessés lors d’une attaque contre le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Tessalit, et 89 soldats nigériens ont été tués le 9 janvier lors d’une attaque contre leur base près de la frontière malienne. Le 4 janvier, 14 enfants ont perdu la vie dans le nord du Burkina Faso, près de la frontière malienne, dans une attaque contre un autobus. De même, les groupes terroristes prolifèrent dans les régions de Ménaka et Gao, a détaillé M. Lacroix, qui a également parlé d’une augmentation du nombre d’attaques contre les convois onusiens par engin explosif improvisé, faisant plusieurs blessés chez les Casques bleus. Il a relevé que ces incidents se produisent presque quotidiennement et que le terrorisme continue d’alimenter la violence intercommunautaire dans le centre du Mali. On compte actuellement plus de personnes déplacées souffrant de la faim dans la région de Mopti que par le passé.

Sur le plan politique, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a été lente et irrégulière, a-t-il poursuivi.  Des décisions importantes ont été reportées à cause de désaccords entre les parties signataires ou en leur sein.  Il y a néanmoins eu des avancées comme le dialogue national inclusif qui s’est conclu à Bamako le 22 décembre, neuf mois après l’annonce de sa tenue.  M. Lacroix a aussi salué la forte participation des femmes, soulignant qu’il n’y a pas de paix durable sans leur contribution.  S’il a regretté l’absence de participation des partis d’opposition au dialogue national, il a tout de même félicité la Coalition des mouvements de l’Azawad pour avoir rejoint les dernières étapes du dialogue et salué sa précieuse contribution aux débats.  Il est maintenant important, selon M. Lacroix, que le Gouvernement malien respecte son engagement de mettre en œuvre les résultats obtenus et continue de tendre la main aux membres de l’opposition.  Il a également jugé essentiel que les parties signataires de l’Accord de paix saisissent cette occasion pour convenir des prochaines étapes concrètes pour atteindre les objectifs fixés par la résolution 2480 (2019), prévenant que les défis croissants en matière de sécurité risquent de contrarier les gains durement acquis depuis la signature de l’Accord.  Selon lui, une rapide mise en œuvre de l’Accord de paix demeure le seul chemin viable pour la stabilisation du Mali, car il offre un cadre pour des réformes politiques et institutionnelles et prévoit également des mécanismes pour la résolution des préoccupations de ceux qui se sentent exclus de la vie politique et économique du pays.

Sur le plan sécuritaire, le redéploiement des unités des forces de défense et de sécurité dans le nord du pays est une priorité, a affirmé le Secrétaire général adjoint en indiquant que le premier bataillon reconstitué est censé arriver à Kidal à la fin du mois.  C’est une étape importante pour restaurer l’autorité de l’État dans tout le pays, a-t-il jugé, arguant que le déploiement des forces de sécurité devrait tracer la voie à celui des services publics, notamment les personnels de justice, les enseignants et les travailleurs de la santé devant arriver dans le nord.  Au cours des derniers mois, conformément à la résolution 2480 (2019), la MINUSMA a fait tout son possible pour mettre en œuvre sa deuxième priorité stratégique dans le Centre, tout en continuant d’exécuter des tâches à l’appui de sa principale priorité stratégique dans le nord, a assuré M. Lacroix.  Ainsi, le renforcement des activités de la MINUSMA dans la région de Mopti a contribué à empêcher une nouvelle escalade de la violence intercommunautaire et des massacres à grande échelle.  De même, la création de bases opérationnelles temporaires a accru la capacité de la MINUSMA à assurer la sécurité et l’a aidée à protéger la population locale et faciliter le retour des forces de sécurité nationales et des services gouvernementaux dans les cercles de Koro, Bankass et Bandiagara.  Cependant, a-t-il prévenu, il n’est pas possible pour la MINUSMA de mettre en œuvre sa priorité stratégique supplémentaire au centre sans ressources supplémentaires.  Avoir essayé de le faire sans ressources suffisantes a entraîné des lacunes dangereuses dans les régions du nord du Mali où la présence de la Mission est critique et urgente, comme Ménaka et Gao, a-t-il dit. 

Afin de relever ce défi, la MINUSMA a élaboré un plan viable pour l’adaptation de son personnel en uniforme au sein des troupes et des forces de police autorisées, en tenant compte des besoins de la composante civile pour exécuter efficacement son mandat dans le centre et le nord du Mali.  Le plan prévoit la création d’une force opérationnelle mobile, qui renforcera la capacité de la Mission à exécuter son mandat et à protéger les civils.  Il rendra la MINUSMA plus agile, flexible et mobile avec des unités sur mesure et des capacités améliorées, surtout une mobilité aérienne supplémentaire.  Pour réussir la mise en œuvre de ce plan ambitieux, il faudra l’appui du Conseil et des autres États Membres, des fournisseurs de contingents et de police, du gouvernement hôte et d’autres partenaires, a réclamé le Secrétaire général adjoint.  Prévoyant que l’obtention des capacités requises serait difficile, M. Lacroix a néanmoins insisté sur le fait que c’est indispensable pour permettre à la MINUSMA de s’acquitter de son mandat.  L’autre élément dont la Mission a besoin de toute urgence pour réaliser la mise en œuvre de ce plan et remplir son mandat est l’accès à des terres supplémentaires à Gao et à Mopti.  M. Lacroix a exhorté le Gouvernement malien à les rendre disponibles le plus rapidement possible, conformément aux discussions en cours.

Il a ensuite réitéré l’appel du Secrétaire général à tous les dirigeants maliens pour qu’ils fassent preuve de leadership et travaillent ensemble pour relever les défis auxquels leur pays est confronté, avec l’appui de la communauté internationale.  Il a rappelé que la MINUSMA n’est qu’un élément d’une réponse collective plus large pour lutter contre l’instabilité et la violence et leurs causes profondes au Mali et dans la région du Sahel, ainsi que pour protéger les civils.  Dans le cadre de son engagement dans le Sahel, la Mission n’a ménagé aucun effort pour fournir à la Force conjointe du G5 Sahel un soutien opérationnel et logistique conformément aux résolutions 2391 et 2480 et a répondu favorablement à toutes les requêtes qu’elle avait reçues de la Force conjointe, a-t-il assuré, tout en regrettant que la Force conjointe n’ait pas été en mesure de tirer pleinement parti de ce soutien, car elle n’a pas les moyens de transporter des articles consommables essentiels fournis par la MINUSMA à tous ses secteurs et contingents.  Par conséquent, l’ONU est prête à mettre en œuvre des solutions plus créatives et proactives pour faire en sorte que l’appui nécessaire parvienne à la Force conjointe, dans le cadre du mandat existant, a dit M. Lacroix.

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), après l’adoption de la résolution 2480, la réunion d’aujourd’hui est un bilan d’étape.  Sur le plan sécuritaire au Sahel, il a remarqué qu’il faut faire face à l’extension géographique et à une mutation de la menace.  « Les groupes terroristes ne cessent de s’adapter aux défaites que nous leur imposons », a-t-il noté: à défaut de pouvoir contrôler un territoire, ils veulent empêcher le retour de l’État, a-t-il expliqué ajoutant que si les civils en sont les premières victimes, les soldats sahéliens ont également accusé de lourdes pertes.  Le représentant en a profité pour saluer la mémoire des victimes et des combattants.

Face à cette situation, il a rappelé que la France avait organisé lundi, à Pau, un sommet avec les pays du G5 Sahel, auquel ont également participé le Secrétaire général et des représentants de l’Union européenne, de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  À l’issue de ce sommet, il a été décidé, avec les partenaires de la France, de mettre en place une « coalition pour le Sahel » dont l’objectif militaire est d’affaiblir durablement les mouvements terroristes, et l’objectif politique, d’assurer le retour de l’État dans toutes les régions du Sahel, aussi bien à Kidal que dans le nord du Burkina Faso, a précisé M. de Rivière.  La France invite l’ensemble des pays et organisations intéressés à rejoindre cette initiative qui sera organisée autour de quatre piliers, à savoir la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité des pays du Sahel, l’appui au retour de l’État et le développement économique et social.  Le représentant a rappelé que plusieurs actions que la France mène avec ses partenaires, en particulier l’Allemagne, s’inscrivent déjà dans ce cadre.  Cette coalition sera basée sur l’efficacité et les résultats, a-t-il souligné en précisant que les chefs d’État se retrouveront à Nouakchott au format de Pau en juin prochain pour faire un suivi précis de la mise en œuvre de la Coalition et du respect des engagements respectifs.

M. de Rivière a également abordé le processus de paix et la situation politique au Mali en remarquant que le dialogue national inclusif a constitué une étape importante, et en saluant le fait que de nombreuses femmes aient participé à l’exercice.  La mise en œuvre de l’Accord de paix a connu certains progrès, a poursuivi le représentant en citant le redéploiement en cours dans le nord du pays des premières unités de l’armée malienne reconstituée.  La France salue en outre la tenue annoncée pour le 19 janvier d’un comité de suivi de l’Accord, alors que les travaux de cette instance étaient interrompus depuis août.  Il faut profiter de ce contexte pour avancer sur les autres mesures attendues, à savoir achever le transfert de 30% des ressources de l’État aux autorités locales, mener un projet pilote de développement du nord, ainsi que garantir la participation des femmes au processus, a suggéré le représentant.  Sur tous ces aspects, le rôle de la MIMUSMA demeurera crucial, a-t-il noté en suggérant de la doter des ressources nécessaires pour remplir ses missions.  L’Accord d’Alger doit rester notre horizon, a poursuivi M. de Rivière pour lequel cet accord fournit le seul cadre pour une réconciliation durable entre les Maliens, la condition impérative de la stabilisation du pays.  Il en a profité pour rappeler à ceux qui entravent sa mise en œuvre qu’ils s’exposent à des sanctions du Conseil de sécurité.

Revenant sur les critiques contre les partenaires internationaux, et notamment la MINUSMA, M. de Rivière a fait valoir que cette mission est une composante essentielle du dispositif international au Mali et qu’elle remplit des fonctions qu’aucun autre acteur n’est en mesure d’assurer, qu’il s’agisse de la protection des civils, du soutien à la mise en œuvre de l’Accord de paix ou encore de l’appui logistique à la Force conjointe du G5 Sahel.  La France salue toutefois le projet d’adaptation de la force de la MINUSMA qui doit accroître sa mobilité et sa flexibilité pour la rendre mieux à même de remplir son mandat de protection des civils.

M. ABDOU ABARRY (Niger), après avoir salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, a lancé un appel aux partenaires bilatéraux et multilatéraux en leur demandant de renforcer leur soutien au Gouvernement du Mali dans la mise en œuvre de l’Accord.  La situation au Mali, a ajouté le représentant, nécessite de toute urgence que des efforts concertés soient déployés pour aider les forces de défense et de sécurité, par le renforcement des capacités logistiques et opérationnelles et de renseignement.  Ces types de mesure, a estimé M. Abarry, aideront les autorités maliennes à rétablir leur contrôle et leur influence sur l’ensemble du territoire national et à reprendre la fourniture des services sociaux indispensables.  Il dit appuyer la deuxième priorité stratégique énoncée dans la résolution 2480 (2019) relative au renouvèlement du mandat de la MINUSMA, qui préconise de fournir un appui aux autorités maliennes dans leurs efforts pour protéger les civils dans le centre du pays.

L’intensification des actions et des attaques récurrentes des groupes armés terroristes dans les régions du nord et du centre du Mali, ainsi que dans la zone des trois frontières Burkina Faso-Mali-Niger, est une cause réelle de préoccupation, a poursuivi le représentant.  Au Niger, a-t-il précisé, toutes les attaques perpétrées dans les régions de Tahoua et de Tillabéry, dont celles récentes d’Inates et de Chinegodar qui ont fait respectivement 71 et 89 morts, proviennent des groupements terroristes sévissant dans la zone frontière avec le Mali.  C’est pourquoi, il est urgent d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, dans le cadre du Comité de suivi de l’Accord, et de rendre effective la présence de l’État malien sur l’ensemble du territoire du Mali. 

Le délégué a aussi appelé les partenaires du Mali à honorer leurs engagements à l’égard de la Force conjointe du G5 Sahel.  Saluant l’élargissement de l’accord technique tripartite (MINUSMA, Union européenne et Force conjointe du G5 Sahel) aux autres zones d’opérations, et soulignant la nécessité d’associer préalablement la Force conjointe quant à l’acheminement des soutiens qui lui sont destinés, M. Abarry a proposé que cet acheminement se fasse dans les pays concernés par les canaux existants des organes de l’ONU.  Avant de conclure, il a invité la communauté internationale, en particulier l’ONU, à prendre en compte, au regard de leur pertinence, les conclusions du Sommet de la CEDEAO, tenu à Abuja.  Ce sommet a adopté un plan d’action 2020-2024 avec une dotation initiale des pays membres de 2,3 milliards de dollars, dont 1 milliard provenant des fonds propres, a rappelé le représentant.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a remarqué que six mois après l’adoption de la résolution 2480, les progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix malien restent lents, notant entre autres que des millions de Maliens souffrent de malnutrition et que les ONG humanitaires connaissent des difficultés d’accès.  Dans cet environnement, les groupes terroristes attisent les conflits intercommunautaires et les Casques bleus sont en danger, s’est-elle inquiétée. Elle en a voulu pour preuve que 18 d’entre eux ont été blessés, en même temps que des soldats sahéliens et des civils sont morts lors d’attaques.  Les États-Unis reconnaissent le rôle de chef de file de la France sur cette question, a ajouté Mme Norman-Chalet.

Elle a suggéré que le Conseil de sécurité commence à chercher une autre solution pour faire face à l’instabilité croissante au Mali et reconnaisse que la MINUSMA n’est pas forcément le meilleur moyen pour faire face au terrorisme dans la région.  Dès lors, la délégation américaine propose une évaluation claire de la MINUSMA d’ici à juin, a-t-elle dit, souhaitant que son rôle soit appuyé pour ce qui concerne la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.  Il faudrait que la Mission mette l’accent sur la protection des civils, a poursuivi la représentante, avant de suggérer de réduire sa taille pour allouer les ressources ainsi dégagées à des initiatives plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme dans la région.  Elle a également demandé que toutes les entités, y compris les membres des groupes armés et les fonctionnaires qui répondent aux critères, soient amenées à rendre des comptes.

Les États-Unis sont préoccupés, a-t-elle ajouté, par le fait que certains commandants locaux ne répondent pas aux ordres, ce qui met en danger les Casques bleus.  Toute modification au mandat de la MINSUMA doit, selon la délégation se faire de manière transparente.  Les États-Unis veulent la paix et la sécurité au Mali, au Sahel et en Afrique de l’Ouest, ce dont témoigne leur soutien à la MINUSMA, a conclu la représentante, en recommandant de développer une nouvelle démarche d’ici à juin, date du renouvellement du mandat de la mission.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a exprimé ses préoccupations quant à la dégradation de la sécurité au Mali ces derniers mois.  Pour le représentant, l’élément central du retour à la paix est la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015.  Il a noté que le processus de désarmement et d’intégration des anciens combattants porte ses fruits.  Il a souhaité que les unités du mécanisme de coordination soient déployées dans les zones prévues pour son déploiement.  Le représentant a encouragé les forces de défense et de sécurité maliennes à se déployer dans le nord et le centre du pays.  Le délégué a également salué la conclusion du dialogue national, « mais la participation de tous les partis est un impératif », a-t-il ajouté.

Le représentant a en outre fait part de sa préoccupation face à la grave situation humanitaire au Mali, qui frappe en particulier les couches les plus vulnérables.  Pour la Fédération de Russie, la situation en Libye continue d’avoir des conséquences au Mali et dans la région y compris à la frontière des trois pays (Mali, Burkina Faso et Niger).  Le terrorisme se répand dans la région comme un cancer, a-t-il constaté tout en saluant la détermination des États de la CEDEAO à relever les défis sécuritaires.  Il a applaudi le principe de « solution africaine aux problèmes africains » qui doit rester selon lui la pierre angulaire des actions menées pour résoudre la situation.  Si, a reconnu le représentant, la MINUSMA doit pouvoir exécuter son mandat dans le centre et le nord du Mali, « nous ne sommes pas disposés à examiner son mandat », a-t-il précisé.  

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a rappelé que la MINUSMA est chargée d’un nombre important de missions dont le soutien aux autorités maliennes pour leur permettre de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord de paix de 2015.  Elle a appelé à mieux intégrer les efforts des pays de la région en matière de coopération sécuritaire, d’action humanitaire, de développement économique et de maintien de la paix.  « Pour résoudre et prévenir l’extrémisme violent et la prolifération des groupes armés, nous avons besoin d’inclusion, de dialogue et surtout du plein retour de l’autorité de l’État dans toutes les parties du territoire malien », a insisté Mme King.  Elle a jugé indispensable que tous les auteurs d’actes terroristes soient tenus responsables de leurs actes.

Par ailleurs, la représentante s’est inquiétée de certains défis à relever dans la mise en œuvre du processus de paix en appelant à des efforts renouvelés de la part de la MINUSMA pour promouvoir la participation des femmes dans tous les processus.  Néanmoins, elle s’est dit encouragée par la conclusion, en décembre, du dialogue national inclusif ainsi que par la volonté exprimée par les mouvements signataires de reprendre les réunions de mise en œuvre de l’Accord de paix.  En outre, la représentante a jugé indispensable l’introduction de moyens aériens supplémentaires pour faire face aux défis sécuritaires dans le nord du Mali.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est dit encouragé par le dialogue national inclusif au Mali.  Il a rappelé que la République dominicaine a toujours appuyé le rôle important des femmes dans les processus de prise de décisions, et, à ce sujet, a salué leur participation accrue à ce dialogue.  Le Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés s’est rendu au Mali en décembre dernier, a rappelé le représentant, qui en a profité pour demander au Gouvernement malien de continuer à renforcer le cadre de protection des enfants et pour saluer le rôle de la MINUSMA dans ce domaine.  Plus de 1 000 écoles restent fermées à cause de l’insécurité qui perdure, ce qui signifie que plus de 240 000 enfants ne sont pas scolarisés en ce moment, s’est-il indigné.  Dès lors la délégation demande au Gouvernement malien d’agir et aux groupes armés de cesser leurs attaques contre des écoles et des enseignants.

Au titre des priorités, le représentant a cité la réforme constitutionnelle, la représentation des femmes dans les mécanismes de l’Accord de paix et le redéploiement des forces maliennes sur l’ensemble du territoire.  Il a également appelé à répondre au désespoir des jeunes de la région, au lieu de les voir exploités par des groupes terroristes.  En outre, pour répondre aux critiques contre les partenaires internationaux, et en particulier la MINUSMA, le représentant a appelé à renforcer les initiatives de communication et de dialogue avec les parties pertinentes au Mali pour mieux faire comprendre le mandat de la Mission.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a noté la spirale de violence dans la région et a appuyé la position de la France qui est déterminée, avec l’Allemagne, à assurer la sécurité dans la région.  M. Heusgen a assuré que sa délégation continue de rester aux côtés des partenaires du G5 Sahel.  Il a ensuite indiqué qu’il ne faut pas commettre l’erreur de considérer que les menaces ne sont que militaires ou sécuritaires.  « Nous devons régler tous les griefs de la population », a-t-il ajouté, en notant que celle-ci demande la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et l’impunité, le respect des droits de l’homme, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, la mise en place de l’autorité de l’État dans tout le pays, la protection des enfants et l’éducation.  Si les enfants ne sont pas scolarisés, on doit s’attendre à l’augmentation de la violence, a prévenu le délégué qui a aussi souligné l’importance de la participation des femmes au processus de paix.  M. Heusgen a aussi mis en exergue l’importance d’accroître la résilience aux changements climatiques.

En réponse aux critiques contre la MINUSMA, le représentant a fait remarquer qu’elle travaille dans un cadre difficile.  En outre, a-t-il dit, la Mission ne peut faire son travail sans la coopération du Gouvernement malien.  Il a également répondu aux propositions des États-Unis concernant le mandat de la Mission: « on va les étudier », a-t-il dit, avant de conclure en appelant le Conseil de sécurité et le Secrétaire général à veiller à ce que la MINUSMA ait les moyens de son mandat. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a jugé important d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix avant de se féliciter de la conclusion du dialogue national inclusif qui s’est traduit par d’importantes résolutions, dont celle concernant les élections législatives et la réforme constitutionnelle.  Il a souligné l’urgence du redéploiement des forces de sécurité maliennes dans le nord du pays et a salué l’intégration dans les forces armées nationales de 1330 ex-combattants des mouvements signataires.  S’agissant de la situation sécuritaire, le représentant a noté la pression supplémentaire subie par la Mission du fait qu’elle a dû se concentrer davantage sur le centre du Mali.  Dans ce contexte, il a invité la Mission à s’adapter pour trouver un bon équilibre dans la répartition de ses forces et moyens.

Le représentant a fait siennes les remarques du Secrétaire général qui a estimé que les organisations partenaires sont mieux placées pour mener de grandes opérations de combat et de lutte antiterroriste et fournir un appui spécialisé au-delà du mandat de la Mission et des capacités du système des Nations Unies.  Par ailleurs, selon l’Indonésie, le meilleur moyen de s’attaquer aux causes sous-jacentes de l’instabilité est d’améliorer les conditions de vie de la population malienne.  Dans ce contexte, le représentant a jugé crucial d’éliminer la pauvreté et l’insécurité alimentaire en fournissant des opportunités, notamment par le biais d’activités génératrices de revenus et d’emplois.  

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a mis l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre l’Accord de paix qui reste la condition sine qua non pour garantir le succès du processus politique au Mali, ainsi que deux autres questions: la détérioration de la situation sécuritaire et l’importance de la redevabilité.  Tout en se félicitant de la conclusion du dialogue national inclusif le 22 décembre 2019, il a exhorté le Gouvernement du Mali et les parties signataires à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour mettre en œuvre les recommandations issues de ce dialogue.  Il s’est inquiété du nombre croissant d’attaques terroristes avant de souligner l’impérieuse nécessité de gagner la confiance des populations locales et de les voir adhérer aux missions dont est chargée la MINUSMA. 

En ce qui concerne les efforts de lutte contre le terrorisme, le représentant a estimé que leur efficacité exige une bonne coopération transfrontalière entre les organisations régionales et sous-régionales.  Dans ce contexte, il a salué les efforts de la Force conjointe du G5 Sahel en précisant que le Parlement estonien vient de décider de doubler la contribution de l’Estonie à l’opération Barkhane conduite par la France.  Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de traduire en justice tous les auteurs d’abus de droits de l’homme, qu’ils soient issus de la population locale ou des Casques bleus. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a regretté les nombreux civils et soldats morts au Mali au cours des derniers mois et a exprimé les condoléances et la solidarité de la Belgique.  Certaines évolutions positives sont néanmoins à saluer dont la tenue du dialogue national inclusif, la baisse des violences intercommunautaires dans le centre grâce notamment aux efforts du Gouvernement et de la MINSUMA, de timides avancées en direction d’un redéploiement d’unités reconstituées à Kidal, ou encore des signaux en matière de lutte contre la corruption.  Le rapport final de la Commission d’enquête internationale sur le Mali sera présenté un juin, a-t-il rappelé.  Constatant malgré tout que le Mali tarde à sortir de la crise, il a dit attendre des avancées dans la mise en œuvre de l’Accord de 2015 comme dans l’ensemble des actions prioritaires mentionnées dans la résolution 2480, dont les termes sont clairs: les auteurs de manœuvres dilatoires s’exposent à des sanctions.

S’agissant des critiques faites ces derniers mois à la MINUSMA, aux forces françaises et à la Force conjointe du G5 Sahel, le représentant a remarqué que le mécontentement semble grandir au sein de la population, qui dénonce la présence de forces étrangères mais aussi l’absence, l’inefficacité, voire même l’illégitimité des services de l’État.  En effet, c’est la crédibilité même de notre action qui est en jeu, a souligné M. Pecsteen de Buytswerve en prévenant que c’est avant tout une aubaine pour les ennemis de la paix.  Il a donc recommandé de mener cette action en protégeant les populations sur l’ensemble du territoire, en étant à leur écoute, en offrant un avenir désirable à la jeunesse malienne, à commencer par une éducation et des emplois de qualité, en assurant la fourniture des services de base à tous les Maliens, et en agissant en faveur de la justice et contre l’impunité.  Outre la réponse militaire indispensable dans l’immédiat, il est donc urgent d’approfondir la démocratie malienne pour mettre un frein à l’attirance croissante pour le modèle de société prôné par les jihadistes, a prévenu le représentant pour qui la décentralisation politique et administrative constitue un chantier prioritaire.  S’agissant du mandat de la MINUSMA, il a rappelé que pour protéger les civils, la Mission peut adopter une posture offensive et aller au-devant des menaces.  Le projet d’une Mission plus mobile, agile et flexible a le plein soutien de la Belgique, a-t-il conclu.

M. HAITAO WU (Chine) a souligné la fragilité de la situation sécuritaire et la grave situation humanitaire au Mali.  Le Gouvernement du Mali et les autres parties maliennes doivent prendre des mesures nécessaires pour régler tous ces problèmes, a-t-il lancé.  Il a recommandé notamment au Gouvernement d’écouter toutes les parties et de promouvoir le processus de paix et la réconciliation nationale.  C’est la seule voie durable pour la paix, a estimé le représentant.  Il a ajouté que le Gouvernement doit renforcer la coopération régionale pour répondre aux attaques terroristes. 

Reconnaissant que la dynamique sécuritaire constitue un défi pour le Mali, il a appelé le Gouvernement à protéger son territoire et sa population, ainsi qu’à maintenir la stabilité dans le centre et le nord du pays, améliorer la stabilité économique et promouvoir la paix par le développement.  Il a souhaité que le Gouvernement malien en fasse davantage dans le nord et le centre.  S’agissant des rôles de la MINUSMA et du représentant spécial du Secrétaire général, il a estimé qu’ils sont importants pour la paix et la promotion du processus de paix.  Il a souligné toutefois le contexte particulièrement difficile dans lequel travaille cette mission.  En conclusion, il a encouragé le Gouvernement du Mali à travailler et à bien se coordonner avec la Mission.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a estimé, au vu des nombreuses victimes civiles et militaires de ces derniers mois au Mali, qu’il est urgent que la communauté internationale et le Gouvernement malien œuvrent ensemble pour parvenir à la paix et la stabilité dans la région.  À cet égard, il a regretté que l’Accord de paix de 2015 ne soit toujours pas pleinement mis en œuvre.  Les parties doivent accélérer ce processus, a-t-il exigé avant de se féliciter du récent dialogue national inclusif engagé au Mali et de la participation accrue des femmes à cet exercice.

S’alignant sur la position américaine, le représentant a exigé que les critères fixés par ce Conseil soient respectés et a demandé que les acteurs qui ne s’y conforment pas soient sanctionnés.  Il s’est dit préoccupé par la dynamique dans le centre du Mali et a appelé à des mesures concrètes, « car il ne saurait y avoir de sécurité sans développement et vice versa ».  Conscient du fait que « c’est plus facile à dire qu’à faire », le représentant a néanmoins estimé qu’il n’en reste pas moins impératif de mettre en œuvre tous les volets de l’Accord de paix de 2015.  Enfin, le représentant a illustré le soutien de son pays à la MINUSMA en rappelant avoir déployé un contingent supplémentaire de 250 soldats.  Il a conclu en appelant à un leadership malien fort, condition pour que les efforts internationaux portent des fruits.

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a dit que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali de 2015 doit rester la clef de toute stratégie visant à promouvoir la paix et la sécurité dans ce pays.  Il a salué les résultats atteints lors du processus de dialogue national inclusif, avec la conclusion de ses sessions de novembre et décembre 2019, avant d’appeler à encourager la participation la plus large de toutes les parties concernées pour qu’elles puissent surmonter leurs divergences.  Il s’est félicité des efforts entrepris pour accélérer le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) dans le nord du Mali. 

Le représentant du Viet Nam a aussi exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations de protection des civils, en particulier les femmes et les enfants.  Il a aussi jugé déterminant de favoriser la participation des femmes et des jeunes aux processus de décisions économiques et politiques.  Il a salué le soutien apporté au Gouvernement malien par la MINUSMA et mis l’accent sur la contribution de l’UA et de la CEDEAO à la paix et au développement durable du Mali.  Enfin, il a salué la coopération conjointe entre la France et la Force conjointe du G5 Sahel qui s’est renforcée avec le sommet du 13 janvier 2020 tenu à Pau, en France. 

M. TIÉBILÉ DRAMÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, s’exprimant par visioconférence depuis Bamako, a annoncé que le Comité de suivi de la mise en œuvre de l’Accord, dont les travaux avaient été suspendus, se réunira de nouveau le 19 janvier à Bamako.  Il a rappelé que le dialogue national inclusif, qui a eu lieu du 14 au 22 décembre dernier, a adopté 118 recommandations consensuelles, dont quatre vont faire l’objet de résolutions.  La première résolution est relative à l’organisation des élections législatives sur la base des circonscriptions électorales actuelles, étant entendu que le processus de réorganisation territoriale et le nouveau découpage administratif et électoral sera engagé en 2020 à l’intérieur du pays et au sein de la diaspora.  La deuxième résolution est relative à l’organisation d’un référendum en vue de réviser la Constitution du 25 février 1992.  Ensuite, il est question, en vertu d’une autre résolution, de redéployer immédiatement sur l’ensemble du territoire national des forces de défense et de sécurité reconstituées, et d’adopter au cours de cette année une loi sur le rôle des chefferies traditionnelles et des autorités religieuses dans la prévention et la gestion des conflits.  La quatrième résolution est relative à la relecture de certaines dispositions de l’Accord de paix.  Pour le Ministre, le dialogue national a sorti l’Accord d’un « tête-à-tête » entre les mouvements signataires et le Gouvernement et lui a donné davantage de légitimité.

En ce qui concerne le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées et réformées, le Ministre a affirmé qu’à ce jour, 1 330 ex-combattants, désignés par les mouvements signataires et membres du Mécanisme opérationnel de coordination de Gao, Kidal et Tombouctou, ont été intégrés dans l’armée malienne, après un processus de DDR accéléré.  Leur déploiement a débuté le 6 janvier, vers Gao, Bourem et Kidal.  La réforme du secteur de la sécurité se poursuit et se renforce avec l’adoption du Plan d’action du Conseil national de la réforme du secteur de la sécurité, a-t-il souligné.

Sur la question du développement des régions du nord du Mali, le Ministre a évoqué la promulgation de l’ensemble des textes constituant le cadre juridique et institutionnel de la zone de développement du nord du Mali.  De même, il a parlé de la mise en place du Fonds de développement durable qui est l’instrument financier chargé de la mise en œuvre de la stratégie de développement des régions du nord du Mali.  Dans le même temps, la Commission justice, vérité et réconciliation a enregistré à ce jour 16 000 dépositions de victimes et les auditions ont commencé le 8 décembre dernier.  Il a précisé que la loi d’Entente nationale prônant l’amnistie exclut de son champ d’application les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les viols et les crimes réputés imprescriptibles.  Globalement, a-t-il relevé, l’Accord de paix est mis en œuvre dans un environnement marqué par la détérioration de l’environnement sécuritaire au nord et au centre du Mali, ainsi que dans le contexte de tensions intercommunautaires et le déficit de ressources financières, dont les fonds pourtant promis par les partenaires.

M. Dramé a déploré le fait que les « forces hostiles », à savoir les groupes terroristes, les narcotrafiquants, les trafiquants de migrants et autres, sont bien déterminés à déstabiliser le Mali, les pays voisins et la région.  Il a expliqué qu’après les violences que le centre du Mali a connues au premier semestre de l’année écoulée, plusieurs auteurs présumés ont été interpelés et se trouvent entre les mains de la justice.  Mais, à cause des conditions sécuritaires, de l’absence de services publics compétents dans certaines localités et le déficit d’expertise dans certains domaines, il n’est pas aisé d’aboutir à des résultats rapides dans les procédures judiciaires ouvertes. 

Le Ministre a affirmé que les difficultés auxquelles sont confrontées les populations sont malheureusement instrumentalisées par des personnes de mauvaise foi.  Cela a conduit à des manifestations occasionnant le saccage des dépôts de la MINUSMA à Sévaré le 12 octobre dernier.  Il a rappelé que des manifestations contre la présence de la force onusienne se sont déroulées également à Bandiagara il y a quelques jours.  Le Gouvernement, qui a fermement condamné ces actes, a rappelé que la MINUSMA est présente dans le pays à la demande des autorités nationales et conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Selon le Ministre, le peuple malien dans sa grande majorité continue de reconnaître et apprécier le soutien des forces étrangères et apprécie les sacrifices, souvent ultimes, des forces internationales.

M. Dramé a en outre a déclaré que la multiplication des attaques terroristes dans la région du Sahel souligne l’urgence pour la communauté internationale de s’investir davantage aux côtés des autorités de la région, afin de garantir à la Force conjointe du G5 Sahel les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la réalisation de son mandat.  Il a salué les conclusions du Sommet de Pau entre les chefs d’État du Sahel et celui de la France, notamment la détermination commune à lutter ensemble contre les groupes terroristes actifs qui opèrent dans la zone, en concentrant immédiatement leurs efforts militaires dans la région des trois frontières.  Parmi ces conclusions, il a aussi cité la restauration de l’autorité de l’État partout dans les pays du Sahel, particulièrement à Kidal, et le besoin de travailler en synergie pour le développement de la région.

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