En cours au Siège de l'ONU

1ere séance plénière - matin
CCP/136

La Commission de consolidation de la paix élit son bureau pour 2020 et entend les cinq priorités de son Président

La Commission de consolidation de la paix (CCP) a élu, ce matin, par acclamation, le Bureau de sa quatorzième session, après avoir adopté le rapport* de sa précédente session.  Le nouveau Président, M. Marc-André Blanchard du Canada, a énoncé ses cinq priorités, pour une année où l’ONU va célébrer son soixante-quinzième anniversaire et mener un autre examen de l’architecture de consolidation de la paix, quatre ans après le dernier.

La Commission a également réélu les pays suivants à la présidence de ses formations de pays jusqu’au 31 décembre 2020: le Brésil présidera la formation Guinée-Bissau; le Canada, la formation Sierra Leone; le Maroc, la formation République centrafricaine; la Suède, la formation Libéria et la Suisse, la formation Burundi.

La Commission de consolidation de la paix est un organe consultatif intergouvernemental de l’ONU qui appuie les efforts de paix dans les pays touchés par un conflit.  Elle est composée de 31 États Membres, élus au sein de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC) mais aussi des principaux contributeurs financiers et contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix.

Avant de céder la place à son successeur, le Président sortant, M. Fernandez de Soto Valderrama, de la Colombie, a fait un bref bilan de l’année dernière.  2019, a-t-il dit, a été marquée par la première réunion de la CCP hors du Siège de l’ONU.  La réunion de Carthagène en Colombie a permis de lier les discussions de la CCP aux réalités du terrain, s’est félicité l’ancien Président.  Il a également évoqué les visites menées en Sierra Leone, au Libéria, en Côte d’Ivoire, dans les pays de l’Union du fleuve Mano, ajoutant que la situation au Sahel a également été l’une des priorités de son mandat.

M. Valderrama a rappelé les réunions thématiques organisées pour discuter des questions telles que la stratégie d’égalité entre les sexes dans le cadre de la consolidation de la paix, ce qui va en droite ligne des discussions tenues sur les femmes, les jeunes, la paix et la sécurité.  La Commission a aussi mené des activités visant à renforcer ses relations avec les principaux organes de l’ONU, ainsi qu’avec les organisations régionales et les institutions financières internationales, notamment le Groupe de la Banque mondiale.

Le nouveau Président, M. Marc-André Blanchard du Canada, a rappelé qu’au cours des dernières années, la CCP a élargi son engagement, en allant au-delà des formations spécifiques pour toucher un large éventail de pays, de régions et de questions thématiques.  Selon lui, le véritable test est de savoir si « les pays et leur population sont mieux lotis parce qu’ils ont choisi de s’engager avec la CCP », ou encore si un gouvernement peut dire aujourd’hui que « s’engager avec la Commission s’est traduit par un meilleur soutien dans la réalisation de ses priorités nationales ». 

M. Blanchard a identifié les priorités de sa présidence: soutenir les pays intéressés qui risquent de tomber ou de retomber dans un conflit; assoir le rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité sur les questions relatives aussi bien au mandat des missions de maintien de la paix qu’à leur reconfiguration et leur processus de transition; et renforcer les liens avec le Groupe de la Banque mondiale, le Fonds monétaire internationale (FMI) et les banques régionales de développement pour que les risques macroéconomiques, les priorités fiscales et économiques et les besoins des populations affectées par les conflits soient effectivement intégrés dans le processus de prise de décisions à l’ONU. 

En 2020, il sera aussi question pour la CCP de renforcer le rôle de pont de la Commission au sein de l’ONU et avec les organisations régionales et sous-régionales, afin de mieux aligner son soutien aux priorités nationales de consolidation de la paix.  La dernière priorité sera d’organiser des consultations ouvertes à tous les États Membres, en droite ligne du rôle confié à la Commission dans la phase informelle de l’examen 2020 de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies. 

M. Blanchard a promis que sa présidence va s’efforcer d’attirer l’attention sur les moteurs économiques et les risques pour la paix.  Des efforts supplémentaires doivent être faits en amont pour aider les pays à établir les fondations d’une croissance économique inclusive et durable.  Il a donc souhaité que les discussions de la CCP intègrent des thématiques telles que la viabilité de la dette, les réformes et ajustements des politiques macroéconomiques, la corruption et les flux financiers illicites et le développement de pratiques commerciales soucieuses de paix.

Il a invité les États Membres à être sérieux sur les questions financières.  On ne peut continuer à demander au système onusien de faire mieux sans répondre à l’appel du Secrétaire général qui demande un « saut quantique » pour financer le Fonds de consolidation de la paix.  La CCP est plus efficace quand elle place l’appropriation nationale au cœur de tout ce qu’elle entreprend.  Cela revient, a noté le Président, à intégrer la dimension genre dans toutes les discussions de la CCP, tout en renforçant le rôle de la Commission dans la mise en œuvre de l’agenda jeune, paix et sécurité.  Le Président a aussi demandé aux États de suivre l’exemple de l’Allemagne qui s’était proposée de servir de coordonnateur des relations entre la CCP et le Conseil de sécurité, l’un des principaux organes de l’ONU avec l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC). 

À la suite de M. Blanchard, les nouveaux et anciens Vice-Présidents de la CCP ont pris la parole.  Le Japon qui va assurer la Vice-Présidence en 2020 aux côtés de la Colombie a souligné que la clef de la consolidation de la paix, c’est l’appropriation nationale que rien ne peut remplacer.  L’ancienne Vice-Présidente, l’Égypte, a promis de poursuivre son appui au Bureau, alors que la Roumanie qui partageait ce statut en 2019 a souhaité que cette année soit fructueuse. 

Le Sous-Secrétaire général chargé du Bureau d’appui à la consolidation de la paix, M. Oscar Fernandez-Taranco, a indiqué que cette année est très importante pour le travail de l’ONU en matière de consolidation de la paix.  En effet, quatre ans après le dernier examen de l’architecture de consolidation de la paix, les États Membres s’attèleront au même exercice cette année.  Il les a invités à poursuivre l’expérience « heureuse » des réunions hors Siège, surtout après le succès de Carthagène. 

M. Fernandez-Taranco a également salué les synergies entre la Commission et le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix, un Fonds qui est une composante clef de la réforme de l’ONU et un instrument tout aussi important de promotion de la cohérence.  Le Fonds est un instrument qui atténue les risques des investissements consentis dans des domaines où d’autres donateurs peuvent ou ne veulent pas s’engager.  Les demandes de financement adressées au Fonds dépassent les contributions reçues.  De ce fait, a-t-il regretté, le Fonds ne pourra pas répondre favorablement à certaines demandes de 2019 qui portent pourtant sur des situations critiques.  Il a réitéré l’appel du Secrétaire général en faveur d’un « saut quantique » des contributions afin d’atteindre les 500 millions de dollars par an, soit 0,029% des dépenses militaires mondiales faites chaque année dans le monde. 

Il a enfin rappelé qu’avec les réformes de l’ONU, le Bureau d’appui à la consolidation de la paix fait désormais partie du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix.  L’un des avantages du changement apporté au pilier « paix et sécurité » est que l’Organisation améliore sa capacité d’agir plus rapidement, de planifier et de développer rapidement des stratégies, en utilisant tous les éléments de la boîte à outils du maintien et de la consolidation de la paix.

Le Brésil, Président de la formation Guinée-Bissau, a demandé un plus grand soutien en faveur de ce pays qui est résolument tourné vers la consolidation de la paix comme l’ont montré les élections législatives et présidentielle qui viennent de s’y dérouler.  C’est la dernière fois que je fais personnellement ce plaidoyer, puisque mon mandat à l’ONU prend fin.  À son tour, la Suisse, à la tête de la formation Burundi, a annoncé que son représentant part ce soir-même pour Bujumbura et a espéré les élections générales prévues en mai prochain seront transparentes et pacifiques.

Le Maroc, Président de la formation République centrafricaine, a annoncé également une mission prochaine en RCA afin de juger de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de la préparation des élections prévues cette année.  À sa suite, la Suède qui préside la formation Libéria a milité pour la multiplication des partenariats avec les organisations régionales, les institutions financières, les organisations des jeunes et des femmes. 

D’autres États Membres ont également pris la parole pour mettre l’accent sur leurs priorités pour 2020.  Le Népal a insisté sur l’appropriation nationale, tout en mettant l’accent sur la possibilité de mener des actions locales susceptibles de créer des emplois.  En plus de l’appropriation nationale, la Slovaquie a insisté sur « les trois C »: cohérence de la CCP, coordination avec d’autres acteurs pertinents et complémentarité avec d’autres initiatives similaires.  Le Kenya a plaidé pour que l’on renforce les efforts communautaires de consolidation de la paix, appelant à un recueil des meilleures pratiques pour une large vulgarisation. 

L’Allemagne a rappelé qu’elle assume la coordination des relations entre la CCP et le Conseil de sécurité et a plaidé pour un plus grand soutien au Fonds pour la consolidation de la paix auquel elle a versé l’an dernier, 40 millions d’euros.  Le Pérou a également dit vouloir assumer la coordination avec le Conseil de sécurité, alors que la République de Corée a d’emblée salué le renforcement de l’interaction avec le Conseil de sécurité, espérant voir un élan similaire avec l’Assemblée générale et l’ECOSOC et même avec d’autres organisations internationales et les institutions financières internationales.  La Norvège qui assure la présidence de l’ECOSOC a promis d’œuvrer au renforcement de la collaboration avec la CCP.  Elle a insisté sur la place des femmes en matière de consolidation de la paix. 

Plusieurs orateurs ont en effet mis l’accent sur une plus grande implication des jeunes et des femmes aux activités de la CCP et aux initiatives de consolidation de la paix.  La République dominicaine a dit accorder du prix à la thématique jeunes, paix et sécurité dans son travail au sein du Conseil de sécurité.  Même élan chez la représentante de l’Irlande, alors que la France a plaidé pour que les membres de la société civile en général soient plus impliqués dans les travaux de la CCP.

Une plus grande implication demande des fonds conséquents, a soutenu l’Éthiopie, faisant écho à plusieurs délégations qui ont milité pour un soutien accru aux activités de consolidation de la paix.  Le Royaume-Uni a dit avoir versé l’an dernier 20 millions de dollars au Fonds pour la consolidation de la paix, se hissant au rang de deuxième plus important donateur après l’Allemagne.  L’Union européenne a opportunément rappelé qu’en plus de la volonté politique, il est attendu des États un engagement financier en faveur de la consolidation de la paix. 

L’Inde a souligné l’importance d’une gouvernance plus collaborative pour la consolidation de la paix, tandis que le Guatemala et la Gambie assuraient le nouveau Bureau de leur collaboration pour atteindre les objectifs fixés pour 2020, « une année au cours de laquelle la CCP devrait dégager des consensus afin de mieux contribuer à la consolidation de la paix », a plaidé le Bangladesh

*PBC/13/OC/L.1

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