Deuxième Commission: entre plans nationaux, coopération régionale et quête d’aide internationale, les délégations réfléchissent à un monde post-COVID soutenable
En ce quatrième jour de débat général, les délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et financières) ont réfléchi aux manières de transformer la situation critique actuelle en tremplin pour parvenir au développement durable. Si la pandémie et ses dégâts économiques et sociaux incalculables sont dans tous les esprits, certaines délégations, comme Madagascar, y voient une « opportunité » de renforcer un multilatéralisme mis à mal. Il faut saisir cette occasion de « resserrer les liens entre nations », a déclaré lui-même le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, en ouverture de séance.
Dans le cadre des plans nationaux, « les actions les plus stratégiques et les plus ambitieuses sont fondées sur des solutions basées sur la nature », a déclaré d’emblée El Salvador, qui a annoncé avoir restauré un million d’hectares de forêts, soit la moitié du territoire salvadorien. La Serbie, qui augmente également sa surface forestière, a vanté la biodiversité des Balkans, « une des régions au monde les plus riches » de ce point de vue.
À l’opposé du spectre climatique, l’Iran et ses terres arides font face à « la barrière de sable la plus épaisse » dans certaines régions, et ce, durant une grande partie de la saison sèche. L’Iran a donc mis en place un plan national global pour lutter contre la désertification, la sécheresse et les tempêtes de sable et de poussière. Pour l’Iran, c’est précisément là que le système des Nations Unies pour le développement a un rôle à jouer, en aidant les pays de la région à faire face au problème. Le pays a d’ailleurs offert une « main tendue » à ceux de la région pour qu’ils se joignent à la coalition des Nations Unies pour la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière et adoptent une « approche collective ».
D’autres initiatives nationales originales ont été relevées: la Malaisie s’est ainsi engagée à produire une huile de palme certifiée durable, à préserver ses forêts tropicales, ainsi que ses quelque 13 000 orangs-outangs. Les Émirats arabes unis ont réitéré leur engagement en faveur de la protection de la biodiversité et de la nature via l’initiative « 30 x 30 », visant à protéger 30% de la nature et des océans d’ici à 2030. Ils ont aussi lancé une stratégie nationale de sécurité alimentaire 2051 visant une production alimentaire durable, en mettant en œuvre des « pratiques agricoles flexibles » qui augmentent la productivité tout en préservant les écosystèmes. À noter sur ce thème, le prochain Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en 2021, évoqué par les Émirats arabes unis et par le Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), est une occasion de « progresser sur la voie de la production alimentaire durable ».
Le Zimbabwe a, lui, plaidé pour « l’ouverture commerciale », jugée essentielle dans le processus de reprise, en particulier pour les pays en développement et les pays vulnérables. Le SICA a lui aussi souligné l’importance d’un système commercial juste et équitable, tenant compte de la complémentarité des économies en encourageant des solutions inter et intrarégionales: « Nous avons besoin de mécanismes qui renforcent le commerce dans les régions et entre les régions », a-t-il déclaré, accompagné par El Salvador, partisan de « mécanismes de financement alternatifs » pour soutenir la coopération Sud-Sud au niveau intrarégional, par le biais « d’institutions financières alternatives, par et pour le Sud ».
Il a aussi semblé primordial à El Salvador d’accroître le soutien international à la coopération triangulaire et de renforcer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes. Un Cadre de Sendai cher au Japon, qui a rappelé aux délégations que les catastrophes naturelles pouvaient annuler des années de progrès en un instant.
La Fédération de Russie a partagé l’appel de l’Iran à mettre fin aux mesures coercitives, et s’est ensuite placée en retrait par rapport à certains appels à résonnance écologique. La pandémie ne devrait pas entraîner une « prise d’otage » de la Deuxième Commission par des « slogans » de type « verdissement » ou « santé de la planète », selon la Russie qui a, au contraire, appelé à se contenter de travailler sur la « durabilité économique et sociale » au sein de la Deuxième Commission. Son argument était que les problématiques environnementales devraient être du ressort de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ou de l’Accord de Paris.
Il a aussi été question de transparence: transparence des critères de catégorisation des pays, quand El Salvador a réclamé d’autres indicateurs pertinents, surtout en temps de pandémie, pour « reconnaître la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions ». Pour le Japon, la volonté de transparence concernait la circulation des flux financiers publics.
Le Japon a réclamé « un examen serré » des budgets des programmes des Nations Unies, afin que les ressources soient consacrées à la génération de ressources, plutôt qu’à l’administration desdits programmes. Ce principe de base devrait, selon lui, guider l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. La Malaisie a, elle, estimé que l’examen quadriennal serait l’occasion d’apporter une aide aux États Membres, afin d’accélérer leurs efforts en vue d’un développement durable et inclusif.
Enfin, les États-Unis se sont félicités de l’attribution, ce matin, du prix Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial (PAM), saluant le rôle du Directeur exécutif, M. David Beasley, des États-Unis, et tout son personnel. « Les acteurs sur le terrain méritent nos louanges », ont-ils déclaré.
La Deuxième Commission se réunira de nouveau lundi 12 octobre, à 10 heures.
ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Le Président de l’Assemblée générale, M. VOLKAN BOZKIR, a trouvé la thématique de la Deuxième Commission « parfaitement appropriée », alors que la crise économique provoque des restrictions de toutes sortes et met en péril les moyens d’existence de millions de travailleurs informels. Les feuilles de route (Cadre de Sendai, Accord de Paris) serviront de boussole pour ce relèvement, a-t-il souligné. Le Président de l’Assemblée générale a relevé que la Deuxième Commission a un travail immense à accomplir, de l’élimination de la pauvreté au système financier. Son travail oriente les activités opérationnelles des Nations Unies et influence la vie des populations que l’ONU sert sur le terrain.
« Le monde post-COVID-19 a besoin des Nations Unies », a lancé le Président, et l’examen quadriennal revêt une signification encore plus importante, alors que les pays s’engagent sur la voie du relèvement économique et social. La Deuxième Commission doit impliquer tout le monde, a-t-il demandé, faisant remarquer que l’inclusion a des avantages économiques et sociaux. Il a aussi souligné que « le potentiel des nouvelles technologies est une force d’égalisation », avant d’annoncer deux réunions à venir sur la sécurité énergétique et la sécurité alimentaire. Le Président Bozkir a conclu en promettant de « prendre à bras-le-corps les problèmes d’inégalité hommes-femmes » et en exhortant les délégations à atteindre des consensus, pour influencer positivement les populations servies par les Nations Unies et resserrer les liens entre les nations.
ADOPTION D’UNE DÉCISION ORALE
Tenant compte des circonstances particulières dans lesquelles la Commission se réunit à cause de la pandémie de COVID-19, la Deuxième Commission a décidé oralement, « sans que cela ne crée de précédent pour les prochaines sessions », que toutes les déclarations faites au cours du débat général de la Commission à la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale conformément à l’organisation des travaux de la Commission (A/C.2/75/L.1) devront être reflétées dans les comptes rendus analytiques de la Commission. Ces comptes rendus préciseront, en note de bas de page, lorsque ces déclarations ont été faites, exceptionnellement, par le biais de vidéos préenregistrées.
Le Secrétariat de la Commission a donné lecture de la note type de bas de page qui sera ainsi incluse pour chaque pays s’exprimant par vidéo préenregistrée. Le note précisera notamment qu’une telle déclaration est incluse dans le compte rendu analytique « uniquement pour des raisons de commodité » et ne saurait constituer un précédent pour une quelconque session future.
Le représentant de la Fédération de Russie est intervenu au sujet de la décision orale prise par la Deuxième Commission, en se disant favorable à cette décision. Il a néanmoins tenu à faire une précision: sa délégation considère que les déclarations orales faites par les délégués présents dans la salle de réunion de la Deuxième Commission ne peuvent être considérées au même titre que les « vidéos préenregistrées », celles-ci ayant un statut particulier. « Il convient de ne pas créer de précédent pour l’avenir », a insisté le représentant. Il a donc demandé de refléter, dans la décision A/C.2/75/L.1, que les déclarations sous forme de vidéo préenregistrée ont une « valeur informative » et « ne font pas partie des débats ».
FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL
Au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a rappelé que le 12 mars 2020 dernier, l’Amérique centrale a annoncé une déclaration commune d’engagement contre la COVID-19. Elle vise notamment à atténuer les effets de la pandémie et à annoncer des mesures pour relever les économies de la région pour l’après-pandémie. Mais, a prévenu le représentant, les moyens destinés à la lutte contre la pandémie ne doivent pas se substituer aux moyens de mise en œuvre des ODD. M. Hermida Castillo a annoncé le soutien du SICA aux préparatifs de la conférence internationale sur les systèmes alimentaires de 2021. Le but de cette conférence, a rappelé le délégué, est de trouver les moyens de mettre fin à la famine et à favoriser la production alimentaire durable. Revenant sur les travaux de la Deuxième Commission, le représentant a plaidé pour qu’elle aborde les questions relatives au modèle économique international actuel et réfléchisse aux moyens d’aider les pays en développement notamment pour la réalisation du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.
M. Hermida Castillo a dit qu’il était préoccupé par l’accès aux financements qui se réduit pour certains pays à mesure que leurs performances économiques s’améliorent. Il a donc demandé d’utiliser des critères multidimensionnels pour tenir compte des diverses réalités nationales dans l’octroi de financements à ces pays, le rééchelonnement des dettes ainsi que des financements alternatifs. Le délégué a aussi souligné l’importance d’un système commercial juste et équitable tenant compte de la complémentarité des économies. « Nous avons besoin de mécanismes qui renforcent le commerce dans les régions et entre les régions. » Il a enfin souligné l’importance de l’autonomisation des femmes, « condition sine qua non pour la réalisation du Programme 2030 ». Le représentant a assuré qu’il était également en faveur de la couverture sanitaire universelle et de l’éducation de qualité pour tous. Avant de terminer, M. Hermida Castillo a rappelé que, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Amérique centrale est une région vulnérable aux effets des changements climatiques et que, de ce fait, il faut appliquer le Cadre de Sendai pour atténuer les risques de catastrophes naturelles. En outre, il faut être ambitieux s’agissant de la réduction des émissions à effet de serre, a-t-il dit en concluant.
M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a relevé que, ces derniers mois, le système onusien dans son ensemble a permis de soulager les souffrances des plus vulnérables et de limiter l’impact socioéconomique de la crise. Cette crise peut devenir une opportunité de nous orienter vers un modèle de société plus résilient, durable et inclusif, a-t-il estimé, en rappelant que le Programme 2030 reste le cadre mondial devant guider les réponses communes et qu’il faut accélérer sa mise en œuvre. Le représentant a jugé prioritaires l’examen des réformes de l’ONU et l’examen quadriennal complet, soulignant que l’ONU doit savoir s’adapter. Il a rappelé que son pays apporte 9,4 millions de francs suisses pour le financement du nouveau système des coordonnateurs résidents. Le prochain examen quadriennal complet sera crucial pour identifier les défis restants, notamment le financement durable du système de coordination et la présence de l’ONU dans les contextes fragiles, ainsi que pour assurer la mise en œuvre effective de la réforme du système de développement, a indiqué M. Favre.
Il a ajouté que la Suisse s’engage dans une approche multidimensionnelle et multi-acteurs à long terme pour lutter contre la pauvreté, soulager les souffrances des populations civiles, éliminer les inégalités et toutes sortes de discriminations, et limiter en même temps l’impact des changements climatiques et la dégradation de la biodiversité. Elle attache une grande importance à la réduction des risques de catastrophes, ainsi qu’au renforcement du lien entre aide humanitaire, coopération au développement et paix, a dit le délégué pour lequel la numérisation offre des possibilités d’accélérer le développement des sociétés. La numérisation simplifie les processus et permet une plus grande transparence, a-t-il encore dit, tout en soulignant qu’elle nécessite toutefois une architecture de gouvernance plus robuste qui ne laisse personne de côté, y compris sur les questions financières. La Suisse accueille ainsi avec le Kenya un nouveau Dialogue sur la gouvernance de la finance numérique mondiale et attache une grande importance à la mise en œuvre des recommandations du Groupe de haut niveau sur la coopération numérique et le plan d’action du Secrétaire Général. Le représentant a conclu en plaidant aussi pour des données et statistiques de qualité. Il a annoncé qu’une édition adaptée aux circonstances actuelles du Forum mondial de l’ONU sur les données aura lieu cette année, en format virtuel.
Mme MONICA BOHAM (Ghana) a indiqué qu’entre 42 et 66 millions d’enfants pourraient tomber dans une extrême pauvreté cette année en raison de la pandémie, s’ajoutant aux 386 millions d’enfants qui vivent déjà dans ces conditions. Elle a souhaité que l’éradication de la pauvreté demeure tout en haut de l’ordre du jour de la Commission, avant de souligner l’insuffisance des ressources financières pour atteindre les 17 ODD. Il faut donc qu’abondent les ressources, publiques et privées, a-t-il lancé. La déléguée a aussi souligné la nécessité de mieux lutter contre le phénomène des flux illicites émanant des pays développés et demandé un renforcement de la coopération fiscale internationale pour y remédier, y compris par la création d’un forum global inclusif chargé de traiter ces questions d’évasion fiscale. Enfin, elle a appuyé les efforts visant à un repositionnement du système onusien chargé du développement, avant de dire sa préoccupation devant le déséquilibre entre ressources budgétaires et non budgétaires. « Nous espérons que suffisamment de ressources seront allouées aux activités de l’ONU dans les pays en développement. »
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que son économie nationale est en contraction de 5,5% cette année. Il a expliqué que le triple effet de la baisse des revenus publics, de l’augmentation du chômage et des dépenses publiques, combinées avec une baisse du tourisme, avait mis le budget jamaïcain sous pression. Pour répondre à la pandémie, le Gouvernement jamaïcain a effectué des transferts en espèces aux individus, a indiqué le représentant avant de réclamer un appui technique et financier pour lutter contre la fracture numérique. La Jamaïque, accompagnée du Canada, a convoqué une réunion sur la réponse financière à la COVID-19, a-t-il indiqué. Étant donné le manque de liquidités dont souffrent les pays en développement, le délégué s’est félicité du moratoire sur la dette, et appelé à ce qu’il soit élargi aux pays à revenu intermédiaire. L’accès aux financements en faveur du développement, la création de droits de tirages spéciaux, sont autant de mesures importantes réclamées par le délégué jamaïcain, qui a aussi soutenu la proposition de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) de créer un fonds de résilience pour les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
M. MOHAMMAD W. NAEEMI (Afghanistan) a indiqué que le taux de pauvreté dans son pays devrait bondir de 13 points en raison de la pandémie pour culminer à 68%. Mon pays ne pourra pas atteindre les objectifs de développement durable sans un appui ciblé accru, a-t-il dit. Il a indiqué que son pays s’efforce de s’adapter à la quatrième révolution industrielle afin d’offrir des opportunités aux nombreux jeunes Afghans, tout en tirant profit de l’emplacement stratégique du pays, pont régional reliant l’Asie centrale et l’Asie du Sud. Afin de mettre un terme à des décennies de violence, nous avons accueilli favorablement des négociations de paix avec les Taliban, a-t-il dit. Il a ajouté que les pourparlers de Doha constituent une occasion unique d’instaurer un environnement propice à la paix et à un développement durable, tout en préservant les gains engrangés au cours des 19 dernières années. Enfin, il a souhaité que la prochaine Conférence de Genève sur l’Afghanistan se tienne à un haut niveau.
Selon M. DUSHKO UZUNOVSKI (Macédoine du Nord), l’ampleur réelle de la crise économique reste inconnue car la pauvreté, les pertes d’emploi, la faim, les injustices et les dettes continuent d’augmenter à un rythme alarmant, touchant de manière disproportionnée les femmes, les filles et les autres groupes les plus vulnérables. Le représentant, qui a réclamé une ONU « plus forte et orientée vers l’action » pour remplir son rôle central dans la gouvernance économique mondiale, s’est dit pleinement engagé dans le Programme 2030, comme démontré cette année lors de la présentation du premier examen national volontaire de son pays au forum politique de haut niveau sur le développement durable. Les objectifs prioritaires de la Macédoine du Nord sont de mettre fin à la pauvreté; promouvoir la croissance économique et le travail décent pour tous; lutter contre les changements climatiques; ainsi que la réalisation des objectifs de développement durable no 4 (éducation de qualité) et no 16 (paix, justice et institutions efficaces). Le délégué nord-macédonien s’est réjoui de « progrès concrets » réalisés dans la réduction de la pauvreté et dans la lutte contre les inégalités et l’exclusion sociale dans le pays.
Il a néanmoins reconnu que la pauvreté ne pouvait être éradiquée uniquement par une aide financière à court terme, mais par des « réformes systémiques » visant à offrir des chances égales à tous, en particulier pour aider les laissés-pour-compte. Avant la crise de la COVID-19, la Macédoine du Nord a connu son plus bas taux de chômage jamais enregistré, soit 16,6%. Elle a réformé son système de protection sociale et continuera à donner la priorité aux investissements dans l’éducation de qualité, l’emploi et les possibilités d’entrepreneuriat. Concernant l’égalité des sexes, « fondamentale pour toute société démocratique », la Macédoine du Nord a ratifié la Convention d’Istanbul – la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Elle a aussi créé un organisme national de coordination pour la non-discrimination et l’égalité, et adopté de nouvelles lois sur la prévention et la protection contre la discrimination. À propos de l’interruption de grossesse, elle a rétabli « le droit de la femme à décider de son propre corps et de sa santé ». Alors qu’est célébré le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing, le représentant a reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire.
Enfin, Pleinement alignée sur la Communauté européenne de l’énergie, la Macédoine du Nord s’est engagée à réduire les émissions provenant des combustibles fossiles jusqu’à 36% d’ici à 2030, et à recourir davantage à l’énergie solaire, a ajouté la délégation.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a plaidé pour que des solutions multilatérales soient trouvées pour faire face à la pandémie de COVID-19. Il faut aussi, a indiqué la représentante, trouver les ressources nécessaires pour réaliser la Programme 2030. Elle a exhorté les pays à attribuer des ressources à la science dans la lutte contre la pandémie et à mettre en œuvre des politiques d’égalité des sexes. Rappelant le Document final de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, la représentante a indiqué cette conférence avait permis d’identifier des outils permettant de renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire et de faire progresser la mise en œuvre du Programme 2030. En ce qui concerne la crise économique actuelle, a poursuivi la déléguée, elle démontre que l’indicateur du niveau de revenu par habitant ne reflète pas adéquatement le niveau de développement. Pour cette raison, a-t-elle exhorté, des progrès devraient être réalisés dans l’utilisation de mesures multidimensionnelles pour définir le critère d’éligibilité à l’accès au financement concessionnel et à la coopération internationale.
L’Argentine, a-t-elle déclaré, réitère sa position afin de trouver un moyen d’accroître la liquidité mondiale, en particulier dans le contexte de rareté des ressources des pays émergents, qui sont également les plus touchés par la COVID-19. Elle a insisté que le moratoire sur la dette ne sera pas suffisant et a exhorté la communauté internationale à continuer de chercher de nouvelles alternatives multilatérales pour faciliter la restructuration de la dette. La représentante a réitéré l’attachement de sa délégation à l’élimination de la pauvreté, de toutes les formes d’esclavage moderne et a plaidé pour l’emploi décent pour tous. Elle a rappelé l’initiative de sa délégation à l’origine de l’adoption par l’Assemblée générale de l’année 2021 « Année internationale pour l’élimination du travail des enfants ». S’agissant de l’éducation, il faut prendre des mesures pour assurer une éducation de qualité universelle et veiller à ce que chacun ait accès à Internet, a exhorté Mme Squeff qui, en conclusion, a souligné le rôle important des petites et moyennes entreprises pour l’économie de tous les pays. Elles doivent être intégrées à la réponse à la pandémie et au relèvement car elles peuvent devenir les moteurs d’un développement à long terme dans les pays en développement.
M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a fait la promotion d’un médicament récemment développé en Russie baptisé « Spoutnik 5 ». « Premier vaccin au coronavirus du monde », il a été qualifié de « tout à fait sûr » par le délégué. Lutter contre la pandémie et ses conséquences « ne doit pas nous rendre otage de slogans tels que “verdissement” ou bien l’impératif de ce que certains prétendent être la santé de la planète », a-t-il ensuite prévenu. Il a au contraire appelé à se contenter de « durabilité économique et sociale » dans les discussions au sein de la Deuxième Commission. Les problématiques environnementales « doivent être résolues dans le cadre de la CCNUCC ou de l’Accord de Paris », a-t-il jugé. Partisan d’une énergie peu chère, durable, fiable, pour tous, le délégué a favorisé certaines énergies, à l’image de l’approche prise lors du dernier G20 fin septembre, en particulier le gaz naturel et l’énergie atomique.
Les pays en développement, en particulier les PMA et les pays en développement sans littoral, ont besoin d’aide, a poursuivi le représentant. À son avis, c’est une tâche importante non seulement pour les pays donateurs, mais aussi dans le cadre de la coopération Sud-Sud et triangulaire. Le délégué a ensuite indiqué qu’il déplorait les effets néfastes des mesures coercitives unilatérales. Enfin, il a appelé les Nations Unies à jouer un rôle dans l’espace économique et social de l’économie numérique et des technologies de l’information et de la communication (TIC).
M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a indiqué que son pays, depuis le début de la pandémie, avait fourni plus de 1,54 milliard de dollars d’aide médicale et sanitaire aux pays en développement. Il a souhaité un approfondissement des discussions au sein de l’ONU sur les moyens de réaliser les objectifs de développement durable et de remédier aux défis en cette ère de pandémie. « Les conséquences de la COVID-19 sont multidimensionnelles et multisectorielles. » Il a souhaité un examen serré des budgets des programmes afin que les ressources employées soient consacrées à la génération de ressources plutôt qu’à l’administration desdits programmes. Ce principe de base doit guider notre examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, a déclaré le représentant. Il a plaidé pour une couverture sanitaire universelle, avec notamment un accès équitable aux vaccins et traitements, avant de souligner la nécessité d’une réduction des risques de catastrophes naturelles, sachant que celles-ci peuvent annuler des années de progrès en un instant. Enfin, le délégué a souhaité une transparence accrue dans les flux financiers publics et la mobilisation de ressources privées dans le relèvement économique postpandémie.
Mme HESSA ALNUAIMI (Émirats arabes unis) a souligné que la pandémie de COVID-19 confirme l’importance du développement technologique, en particulier dans la coopération numérique. Dans ce contexte, a continué la représentante, son pays et l’Allemagne ont élaboré une recommandation intitulée « Architecture de coopération numérique », dans le cadre de la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique. Le 3 septembre 2020, a rappelé la déléguée, les deux pays ont présenté au Secrétaire général ce document sur l’avenir de la coopération numérique mondiale qui contient des points de vue du secteur privé, des gouvernements, de la société civile, des universités et du milieu scientifique, sur les moyens de permettre à la communauté internationale de coopérer efficacement, dans l’intérêt de tous, sur des questions urgentes de gouvernance d’Internet. Dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19, a ajouté Mme Alnuaimi, les Émirats arabes unis sont l’un des principaux pays à avoir fourni une aide médicale aux pays du monde entier, avec 1 500 tonnes d’aide médicale offertes à 118 pays. Cette aide a servi à environ 1,5 million de travailleurs de la santé dans le monde.
S’agissant de la stratégie énergétique 2050 des Émirats arabes unis, lancée en 2017, le premier réacteur de la centrale nucléaire de Barakah a été activé avec succès en août de cette année. Elle jouera un rôle fondamental dans la diversification des sources d’énergie dans le pays et réduira son empreinte carbone de l’ordre de 21 millions de tonnes par an. La représentante a aussi réitéré l’engagement de son gouvernement en faveur de la protection de la biodiversité et de la nature, y compris l’initiative « 30 x 30 » visant à protéger 30% de la nature et des océans d’ici à 2030. Le pays a également lancé la Stratégie nationale de sécurité alimentaire 2051, qui vise à développer un système national complet basé sur une production alimentaire durable en mettant en œuvre des pratiques agricoles flexibles qui augmentent la productivité et contribuent à préserver les écosystèmes. De ce point de vue, a annoncé Mme Alnuaimi, les Émirats arabes unis considèrent le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en 2021 comme une occasion d’accélérer le développement de systèmes alimentaires durables et de contribuer collectivement à la réalisation du Programme 2030.
M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a dit que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les problèmes des pays à revenu intermédiaire qui sont déjà confrontés à des défis comme la faiblesse des systèmes de santé, les niveaux élevés d’endettement et des budgets modestes. Ils ont besoin du soutien et de la solidarité internationale, d’un accès égal aux fournitures médicales, aux médicaments et aux futurs vaccins contre la COVID-19. Ces pays doivent être éligibles à l’aide humanitaire, aux fonds et aux programmes pour le relèvement après la pandémie, a milité le représentant. Il a suggéré que les actions de relèvement soient orientées vers la croissance durable et inclusive, la stabilité financière, l’investissement, l’emploi et les revenus, la protection sociale, la biodiversité, la lutte contre les changements climatiques, le renforcement des capacités et le transfert de technologie. Pour l’Équateur, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités demeurent la priorité. Afin de s’y atteler, le pays a besoin de partenariats robustes à tous les niveaux, y compris l’engagement du secteur privé, de la société civile et du milieu universitaire, qui ont le potentiel d’aider le pays à réaliser le Programme 2030, a conclu le représentant.
Notant que la COVID-19 a exacerbé les inégalités entre pays, M. NKOPANE RASEENG MONYANE (Lesotho), a appelé les partenaires du développement à remplir leurs objectifs en matière d’Aide publique au développement, cruciaux pour l’investissement dans la santé, l’éducation, l’économie et la protection sociale. Il a aussi appelé les institutions financières internationales à appuyer des projets résilients dans les pays vulnérables. Le délégué a abordé les effets néfastes de la pandémie sur le commerce, et en particulier sur l’industrie textile qui est le premier employeur du Lesotho et qui subit des revers massifs en raison de la baisse de la demande mondiale, affectant particulièrement la main d’œuvre féminine. Préoccupé par les changements climatiques, il a souligné ensuite que son pays est affecté par la sécheresse et par des pluies irrégulières, par l’érosion des sols et leur appauvrissement qui menacent le mode de vie d’une grande majorité de la population et rend plus nécessaire que jamais d’atteindre les objectifs de développement durable.
M. HTIN LINN MAUNG (Myanmar) a appelé à une réponse unifiée pour faire face à la pandémie et mieux reconstruire, avec le Programme 2030 comme feuille de route. Il a insisté sur la détermination de son pays à réaliser ledit Programme, ajoutant que le Myanmar compte présenter son premier examen national volontaire l’an prochain devant le forum politique de haut-niveau. « S’il a été en mesure de bien contenir la première vague d’infections, le Myanmar fait face à une puissante seconde vague qui a déjà fait plus de 500 morts. » Il a aussi indiqué que la croissance du PIB cette année est de 1,8% alors qu’elle était de 6,8% l’année précédente. Il a indiqué que la priorité de son pays, éprouvé par des décennies de conflit armé, est une paix durable. À cette fin, quatre sessions fructueuses de la Conférence de la paix et l’union se sont tenues. Nous sommes déterminés à régler les divergences qui demeurent dans un esprit de solidarité, a déclaré le représentant. Enfin, il a souhaité un appui accru aux pays comme le Myanmar qui sont en passe de sortir de la catégorie des pays les moins avancés, même si la pandémie a entravé les efforts de manière significative.
Mme CARLA ESPERANZA RIVERA SÁNCHEZ (El Salvador) a remarqué que les effets de la COVID-19 n’avaient pas fait de distinction entre catégories de pays, paralysant les économies du monde entier. Cependant, les aides aux pays en développement, aux critères « dépassés », basés sur le revenu par habitant d’un pays, laissent de côté d’autres indicateurs pertinents en temps de pandémie, a-t-elle souligné, en invitant le système des Nations Unies à élaborer des « mesures transparentes » au-delà du revenu par habitant. Celles-ci, selon El Salvador, devraient « reconnaître la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions », tenir compte des aspects sociaux, économiques et environnementaux des réalités nationales et des déficiences structurelles, à tous les niveaux.
La région d’Amérique centrale est très vulnérable aux impacts, croissants et récurrents, des phénomènes liés aux changements climatiques, a poursuivi la déléguée. Préconisant l’identification de « mécanismes de financement alternatifs » pour soutenir la coopération Sud-Sud au niveau intrarégional, par le biais « d’institutions financières alternatives, par et pour le Sud », Mme Rivera Sánchez a jugé important d’accroître le soutien international à la coopération triangulaire et de renforcer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes.
Convaincue qu’il importe de maintenir les principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en vigueur, et en particulier le principe des « responsabilités communes mais différenciées » et des capacités respectives, la représentante a assuré que son pays respecte les engagements de l’Accord de Paris. Un soutien financier et technologique est néanmoins nécessaire pour étendre les actions d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques, a-t-elle fait savoir. La déléguée a cité en exemple le transfert de technologies propres, la gestion appropriée des ressources naturelles et la diversification de l’utilisation des sources d’énergie renouvelables. « Les actions les plus stratégiques et les plus ambitieuses sont basées sur des solutions basées sur la nature », selon El Salvador, qui a restauré un million d’hectares de forêts, soit la moitié du territoire salvadorien.
Lors du Sommet sur l’action climatique, El Salvador a présenté l’initiative AFAUT2040 (agriculture, foresterie et autres utilisations des terres), pour améliorer l’ambition climatique des huit pays de sa région. Elle traite des impacts de l’agriculture sur les écosystèmes et la perte de biodiversité, planifiant l’adaptation des économies aux changements climatiques pour que la région devienne neutre en carbone d’ici à 2040. Avec le soutien du Centre et du Réseau des technologies climatiques, El Salvador jette les bases d’une « économie circulaire nationale », en s’attaquant aux causes de la perte de biodiversité marine et côtière.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a salué l’attribution, ce matin, du prix Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial (PAM). Elle a salué le rôle de Directeur exécutif, M. David Beasley, un américain, et tout son personnel. La déléguée a ajouté que les acteurs sur le terrain méritent nos louanges. Elle a réitéré que les États-Unis sont les grands défenseurs du Programme dont ils sont un important pourvoyeur de fonds, ainsi qu’un grand donateur pour d’autres actions humanitaires dans le monde y compris la lutte contre la pandémie de COVID-19. Cette dernière requiert une réponde holistique, une bonne gouvernance et le respect de l’état de droit, a ajouté Mme Norman-Chalet. Ce sont les conditions nécessaires pour que le secteur privé puisse être le moteur de la croissance, a-t-elle indiqué.
La représentante a en outre réaffirmé l’appui continu de sa délégation à l’initiative de suspension des services de la dette et a regretté que certains pays classent les institutions de financement publics dans la catégorie des créanciers privés. Pour que le relèvement après la pandémie soit plus résilient, a poursuivi la déléguée, les femmes doivent contribuer car elles ont un fort potentiel pour concourir au développement. Elle a rappelé que par l’entremise de l’agence américaine de développement, les États-Unis avaient donné au fil des ans plus de 40 milliards de dollars pour l’aide au développement, pour soutenir les investissements en faveur de la prospérité et pour combler les lacunes de financement. La représentante a souligné l’importance de la transparence et de la bonne gouvernance dans l’action de relèvement durable.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) s’est alarmé des approches « injustes, intéressées et unilatérales adoptées par quelques-uns », qui « sapent et menacent le multilatéralisme », au moment où il est le plus nécessaire. Les principaux défis mondiaux actuels restent « les deux virus anticroissance les plus destructeurs, à savoir les mesures coercitives unilatérales et la COVID-19 », a lancé le délégué. Ce coup porté au multilatéralisme a généré d’énormes défis selon lui, en jetant un doute sur l’efficacité des systèmes multilatéraux de financement et de commerce. La communauté internationale devrait donc veiller à ce que le financement du développement ne devienne pas l’otage d’agendas coercitifs et restrictifs.
Citant le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, le délégué a expliqué que l’Iran surmontait ces difficultés pour réaliser les objectifs de développement durable, notamment dans le secteur de l’éducation, en mettant fin à l’analphabétisme et en offrant une éducation publique universelle et gratuite jusqu’à l’école secondaire. Le taux d’alphabétisation est actuellement supérieur à 97% de la population.
Néanmoins, les sanctions n’ont laissé à l’Iran « aucun accès aux moyens » de mise en œuvre de l’action climatique prévue par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a déploré le représentant, même s’il a fait état de « progrès considérables » dans sa transformation en une économie à faible émission de carbone. L’Iran, avec ses terres arides, fait face à la barrière de sable la plus épaisse dans certaines régions, durant une grande partie de la saison sèche: un plan national global a été mis en place pour lutter contre la désertification et la sécheresse ainsi que pour remédier aux effets néfastes des tempêtes de sable et de poussière. Pour le délégué, c’est précisément là que le système de développement de l’ONU a un rôle à jouer, en aidant les pays de la région à faire face au problème et à atténuer les effets néfastes de ces tempêtes. Le délégué a offert une « main tendue » à tous les pays de la région pour joindre la coalition des Nations Unies pour la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière et adopter une « approche collective ».
Selon M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala), la crise a mis encore davantage en évidence l’interdépendance des États Membres et prouvé les caractères inséparables des systèmes économiques, sociaux et environnementaux, d’autant qu’il ne reste qu’une courte décennie pour remplir les objectifs de développement durable. Citant le Cadre de Sendai, l’Accord de Paris ou encore le Programme d’action d’Addis-Abeba, le délégué s’est dit convaincu de l’attachement des États Membres au multilatéralisme. Pour transformer le système financier mondial, il a appelé à intensifier le dialogue, mais surtout à agir. Appelant à travailler sur la soutenabilité de la dette, à investir dans le tourisme, le développement durable des villes et dans le financement du développement, le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre du Programme 2030.
Le plan national de développement Guatemala 2032 vise à passer d’un modèle de coopération à un modèle d’investissements, a ensuite expliqué le représentant. Il a pris pour exemple « une grande croisade nationale pour la nutrition » visant à mobiliser tous les secteurs de production du Guatemala, pour offrir à manger aux habitants jusque dans les endroits les plus reculés du pays.
Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a appelé la Deuxième Commission à aborder les inégalités économiques, à œuvrer pour réduire les effets des changements climatiques et construire un monde plus juste et plus résilient conformément au Programme 2030. La déléguée a dit que la pandémie avait révélé les asymétries du système international, la fracture numérique, le poids de la dette et le manque d’accès au financement. La pandémie, a-t-elle aussi relevé, a touché principalement les petits pays insulaires en développement qui, comme les Maldives, dépendent du tourisme. Les Maldives, a-t-elle rappelé, ont pris l’initiative sans précédent de fermer leurs frontières, ce qui a eu pour effet de fermer l’industrie du tourisme. « Avec 65% de touristes en moins dans les huit premiers mois de l’année, les revenus ont chuté de 39%, le PIB de 6,1% et les réserves utilisables de 50,3% dans cette période », a-t-elle annoncé.
« La COVID-19 est non seulement une pandémie sanitaire mais aussi une pandémie socioéconomique », a-t-elle déclaré, ajoutant que malgré les plans de relance mis en place par son gouvernement, elle a aussi exacerbé la fracture numérique, la pauvreté, les problèmes de santé et de violence. La déléguée, notant la lente reprise du tourisme, a demandé une aide incluant des concessions financières et un allégement de la dette, qui sont nécessaires à sa reprise économique. Elle a ainsi loué les récentes discussions sur le financement du Programme 2030 à l’ère de la COVID-19. Mme Hussein a décrit aussi les changements climatiques comme un multiplicateur de menace et l’un des plus grands défis à la paix, la prospérité, la sécurité et au développement, avant tout pour les Maldives ou une seule catastrophe peut mettre en danger des années de croissance économique. Elle a cité diverses mesures nationales environnementales visant à protéger 10% des récifs coralliens et 20% des mangroves avant 2023. Enfin, elle a appelé tous les pays à réduire leurs émissions pour maintenir l’augmentation mondiale des températures en dessous de 1,5 degrés Celsius.
Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a estimé que le thème « Reconstruire en mieux après la COVID-19 » réaffirme la nécessité de la transition vers un modèle d’économie plus inclusif et plus durable. C’est le seul moyen d’inverser les tendances négatives des changements climatiques, de la pauvreté et des inégalités qui sapent la mise en œuvre du Programme 2030, a estimé la représentante. La pandémie de COVID-19 a joué un rôle de catalyseur du changement, notamment dans l’application des technologies numériques dans divers domaines de la vie et de l’économie, tels que l’apprentissage en ligne pour les écoliers, les plateformes de commerce électronique pour les petits agriculteurs, l’application du système de carte numérique pour le soutien financier aux plus pauvres. C’est pour cette raison que le Monténégro a reconnu le potentiel économique et social important de la numérisation pour renforcer nos travaux sur les priorités du développement durable, telles que l’autonomisation des femmes et de la jeunesse et l’action climatique, a ajouté la représentante. Le pays a aussi soutenu la Déclaration mondiale sur la réponse numérique à la COVID-19.
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a indiqué que l’économie mondiale, en raison de la pandémie, devrait se contracter de 3% en 2020, bien plus que lors de la crise financière de 2008-2009. Un relèvement économique rapide ne sera possible que grâce à un système commercial multilatéral libre et équitable, a-t-il dit. Le délégué a jugé impératif que l’ONU demeure au centre de la gouvernance économique mondiale en vue de parvenir à une croissance équitable, durable et inclusive. Il a estimé que la pandémie marque un « tournant » dans la relation de l’humanité avec la nature, avant d’insister sur l’engagement inébranlable de son pays en vue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de protéger les écosystèmes. La Malaisie s’est ainsi engagée à produire une huile de palme certifiée durable, à préserver ses forêts tropicales, ainsi que ses quelque 13 000 orangs-outans. Enfin, le représentant de la Malaisie a estimé que l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies sera l’occasion d’apporter une aide aux États Membres afin d’accélérer leurs efforts en vue d’un développement durable et inclusif.
M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a indiqué que pour reconstruire en mieux, « nos efforts communs et concertés doivent nous permettre de trouver une solution aux problèmes de la dette des pays en développement ». « Une suppression pure et simple de la dette peut palier les faibles capacités de refinancement de ces économies. » Il a ensuite mentionné le Plan national de développement économique et social avec lequel le Burkina Faso s’est engagé dans la mise en œuvre de projets et programmes structurants afin d’impulser le développement et de réduire davantage la pauvreté sous toutes ses formes. « Malheureusement le pays est confronté depuis janvier 2016 à des attaques terroristes d’une extrême violence, avec pour conséquences des milliers de déplacés internes et une crise humanitaire très aiguë. » M. Tiare a affirmé que l’élimination de la pauvreté reste donc un défi capital à relever afin de garantir au Burkina Faso la stabilité nécessaire à toute action de développement. Le délégué a déclaré que la crise sanitaire mondiale liée à la COVID-19 a généré d’autres défis qui méritent que les nations examinent véritablement les voies et moyens de revivifier les économies déjà fragilisées.
Mme VERO HENINTSOA ANDRIAMIARISOA (Madagascar) a appelé à réfléchir sur « le futur que nous voulons », et estimé que le thème de cette session, « Reconstruire en mieux après la COVID-19: pour une économie mondiale plus équitable, des sociétés inclusives et un relèvement durable », tombait à point nommé. Attachée aux objectifs d’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions, et à la poursuite du développement durable, la déléguée malgache a réitéré l’engagement de son pays dans le cadre de son mandat au sein du Conseil économique et social (ECOSOC) de 2021 à 2023. Les crises engendrées par la pandémie ne devraient pas faire dévier la communauté internationale des objectifs visés, a-t-elle estimé. Elle y a vu au contraire une opportunité pour abandonner les velléités unilatérales et renforcer le multilatéralisme. Parmi les plus vulnérables aux changements climatiques, l’île de Madagascar, appartenant au groupe des pays les moins avancés, a appelé à des mesures pour qu’ils puissent poursuivre leur chemin sur la voie du développement.
Mme EMILIJA MARINKOV (Serbie) a jugé cruciale la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Accord de Paris et du Programme d’action d’Addis-Abeba pour faire face aux défis d’aujourd’hui. « Dans la mesure de ses moyens, la Serbie reste pleinement engagée en faveur d’une telle mise en œuvre. » La Serbie a ainsi pris des mesures ambitieuses pour éradiquer la pauvreté, promouvoir des emplois décents et une meilleure inclusion sociale ou encore assurer une meilleure égalité entre les genres. La représentante a indiqué que, selon l’OMS, la pandémie qui a frappé la Serbie de plein fouet est désormais sous contrôle, la situation étant elle aussi « positive » dans les camps de réfugiés avec un « taux d’infection exceptionnellement bas ». La déléguée a indiqué que la pandémie est l’occasion de lutter contre les changements climatiques et de promouvoir un relèvement économique durable d’un point de vue environnemental. Mme Marinkov a enfin rappelé que les Balkans sont l’une des régions au monde les plus riches du point de vue de la diversité et indiqué que la Serbie veille à augmenter la surface forestière de son territoire.
M. ESSOHANAM PETCHEZI (Togo) a mentionné les « ravages » de la crise sanitaire provoquée par la COVID-19 et en premier lieu, la régression des acquis dans les domaines de la santé, de la faim, du travail décent et de la pauvreté, qui exacerbent les inégalités au sein et entre les pays. Si nous n’y prenons pas garde, a-t-il rappelé, la situation pourrait être pire surtout dans les pays en développement qui, étant confrontés à des défis multiples, subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie. Le délégué a ajouté qu’une coopération internationale est plus que jamais nécessaire car « plus que jamais nous avons les outils pour parer à de tels chocs pour peu que nous les mettions en œuvre ». Il a déploré ainsi que les progrès soient encore mitigés après cinq ans de mise en œuvre du Programme 2030 et souhaité que la décennie à venir soit celle de l’action et non des vœux pieux pour un programme estimé à 2 000 milliards de dollars, ce qui « représentait déjà un défi avant la pandémie ».
Il a ensuite abordé le fardeau de la dette, facteur de paralysie pour les pays en développement, et décrit la nécessité d’un moratoire sur la dette ou son annulation non comme une option mais comme une nécessité, sachant qu’à l’échelle de la planète, 500 millions de personnes pourraient sombrer dans la pauvreté et que la moitié des emplois pourraient disparaître en Afrique. « Il devient inconcevable de continuer d’exiger des pays les plus pauvres le transfert aux créanciers des ressources cruciales destinées à la lutte contre la pandémie », a-t-il protesté, avant de saluer les promesses faites par les pays membres du G20, du FMI et de la banque mondiale. Le représentant a conclu son intervention en rappelant que la part des pays en développement dans le commerce mondial est réduite à 1,1%, et que la pandémie a particulièrement touché les pays les moins avancés en raison de leur trop forte dépendance aux produits de base. Il a aussi appelé à une accélération des négociations commerciales à l’OMC.
M. AMINE BEN KHALED (Tunisie) a estimé que face au défi de la COVID-19, la réponse de l’ONU a été concrète et rapide grâce à la participation de tous les organismes et institutions spécialisés à l’appui des efforts internationaux. Le délégué a noté les efforts déployés afin de s’adapter à la situation et pour examiner les attentes des peuples et des gouvernements. M. Ben Khaled a ajouté que le relèvement dépend de trois choses. D’abord, la diplomatie multilatérale qui propose une nouvelle vision de la paix et de la sécurité internationales pour inclure les objectifs du développement durable. Deuxièmement, a ajouté le représentant, le relèvement exige la mise en place de nouvelles approches dans les relations entre les pays et les organisations internationales, y compris les institutions financières internationales et les donateurs, qui tiennent compte des nouveaux défis et des différents niveaux de développement entre les pays ainsi que des besoins des pays développés et des pays en développement en transition, pour construire des sociétés mieux armées pour relever ces défis. Le délégué a souligné notamment la nécessité de soutenir les pays qui font face aux effets négatifs des changements climatiques. Troisièmement, a continué M. Ben Khaled, le relèvement passe par le renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption et par l’institutionnalisation de la bonne gouvernance et de l’état de droit.
M. HATEM ABDULHAMEED MOHAMED SHARIF HATEM (Bahreïn) a souligné l’importance pour la communauté internationale de redoubler d’efforts et d’œuvrer de concert face aux incidences sanitaires, mais aussi socioéconomiques, de la propagation du coronavirus, y compris pour la réalisation des objectifs de développement durable. Le représentant a rappelé qu’en 2018, son pays avait soumis un rapport national volontaire pour examen au forum politique de haut niveau pour le développement durable, et qu’il poursuivait sa coopération avec les institutions des Nations Unies sur plusieurs questions du développement durable. D’autre part, 78% des ODD ont été intégrés dans les programmes et plans ministériels, conformément à la Vision économique 2030 de Bahreïn.
Pour pallier les conséquences de la COVID-19, le Gouvernement a alloué 4,3 milliards de dinars bahreïnis afin de venir en aide aux individus et aux entreprises. En outre, le budget alloué aux secteurs de la santé, de l’éducation et à la protection sociale s’élève à 38% du budget public. La politique paritaire a aussi donné ses fruits puisqu’en 2017, 48% des fonctionnaires publics étaient des femmes, contre 32% dans le secteur privé. Le représentant a également signalé que son pays abrite le siège du Bureau régional du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) pour l’Asie occidentale.
M. TAPIWA ROY RUPENDE (Zimbabwe) a estimé que les objectifs de développement durable (ODD) constituent la solution pour un relèvement rapide après la pandémie de COVID-19. À cet égard, la Deuxième Commission doit rester pleinement saisie de l’objectif global de lutte contre la pauvreté, a déclaré le représentant en rappelant que le Programme 2030 fournit aussi les outils nécessaires pour agir sur les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, améliorer l’accès à la santé et à l’éducation, combler la fracture numérique et, surtout, créer une vie meilleure pour tous. Pour ce qui le concerne, a continué M. Rupende, le Zimbabwe a été contraint d’ajuster ses objectifs et a créé des repères quantitatifs limités dans le temps dans le cadre d’un plan qui mettra l’accent sur les données afin d’identifier les interventions les plus efficaces. En outre, en février 2020, le Gouvernement a accueilli le sixième Forum régional de l’Afrique sur le développement durable qui a adopté la Déclaration de Victoria Falls, décrivant les politiques et les stratégies de développement et de réforme visant à promouvoir le programme de développement durable sur le continent africain. Le Forum a noté les progrès réalisés jusqu’à présent, ainsi que les lacunes qui existent, et a proposé des solutions pour contribuer positivement à la promotion du développement durable sur le continent, a narré le délégué. Mais malgré les progrès réalisés, la crise actuelle va encore aggraver la situation, a pronostiqué M. Shava.
Le représentant a estimé que le renforcement du multilatéralisme et des partenariats sera fondamental pour parvenir à un redressement équitable et à des sociétés inclusives. À cette fin, il a appelé à se concentrer sur la reconstruction de nos communautés en ciblant particulièrement les pays vulnérables et les pays en situation particulière pour qu’ils aient une meilleure chance de se rétablir. Le financement des ODD sera donc crucial, a poursuivi le délégué qui a souligné que l’aide publique au développement (APD), en particulier à l’égard des pays africains et des pays vulnérables, reste un élément de première importance pour soutenir nos efforts pour parvenir au développement durable et à la croissance économique. Il a par ailleurs demandé de toujours garder en vue l’autre menace existentielle que sont les changements climatiques en plaidant pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris. La communauté internationale doit respecter ses engagements financiers visant à développer les capacités d’adaptation et d’atténuation dans les pays en développement, a-t-il insisté avant de plaider également pour l’ouverture commerciale qui est essentielle dans le processus de reprise, en particulier pour les pays en développement et les pays vulnérables. Avant de terminer, il a appelé à soutenir la facilitation des échanges et à promouvoir des politiques d’investissement étranger direct ouvertes.