Cinquième Commission: le Secrétaire général demande une enveloppe de 706 millions de dollars pour 39 missions politiques spéciales en 2021
La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné aujourd’hui l’enveloppe de 706 772 600 millions de dollars demandée par le Secrétaire général pour financer les 39 missions politiques spéciales de l’ONU en 2021, soit une diminution de 5 009 200 dollars ou de 0,7% par rapport à 2020.
Une nouvelle fois, les modalités de financement de ces missions a suscité des préoccupations chez certaines délégations. Citant les rapports du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), le Brésil a d’abord fait observer qu’il ne s’agit pas de 39 mais bien de 40 missions politiques spéciales. Avec la nouvelle la Mission intégrée pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), nous sommes devant une augmentation de près de 30 millions de dollars ou de 4,1%, par rapport à 2020.
S’agaçant de cette tendance haussière, le Brésil a fait observer qu’en 20 ans, la part de ces missions est passée de 4% du budget ordinaire de l’ONU à environ 24%. Avec cette réaffectation des ressources, le pays a dit craindre pour le financement des objectifs de développement durable. Le Conseil de sécurité, a renchéri Cuba, étant le seul organe habilité à créer ces missions, il doit en assumer la responsabilité de leur financement, au moins la majorité, comme c’est le cas pour les opérations de paix. Il est « illogique », s’est agacé, à son tour, Cuba, que ces missions soient financées par le budget ordinaire. De nombreuses voix se font d’ailleurs fait entendre, a affirmé le Mexique, sur la possibilité de financer ces missions à partir d’un budget « maintien de la paix » plutôt que du budget ordinaire.
Il est en effet particulièrement « inacceptable », s’est impatientée l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) que, depuis près de 10 ans, la Cinquième Commission n’ait pas donné suite aux recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix, dont la création d’un compte distinct pour les missions politiques spéciales, aligné sur le cycle budgétaire des opérations de paix. Cela est particulièrement pertinent dans les circonstances actuelles, compte tenu des problèmes récurrents de trésorerie qui affectent le budget ordinaire de l’ONU.
Rappelant que l’Assemblée générale a réaffirmé dans ses résolutions que « les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent se refléter dans leurs contributions financières », l’ASEAN a jugé « cohérent » que ceux qui ont une « influence immense » sur les missions politiques spéciales assument une responsabilité tout aussi immense de leur financement.
Nous accordons une « importance capitale » au consensus sur toutes les questions dont est saisie la Cinquième Commission, a souligné l’Union européenne (UE). La pratique du consensus, a-t-elle dit, constitue « le noyau » des méthodes de travail de la Commission et « un art intégral » de la dynamique des négociations. L’Union européenne a rappelé que la Commission a été très proche d’un accord sur le financement des missions politiques spéciales en 2013. Elle a donc espéré que les semaines à venir donneront l’occasion d’atteindre cet objectif.
Le Groupe des États d’Afrique s’est surtout inquiété de la diminution « drastique » des effectifs de ces missions que l’on prévoit en 2021, soit la suppression de 136 postes. Préoccupé également par la forte baisse du nombre de postes internationaux transformés en postes nationaux, le Groupe a relevé que seuls quatre postes sont proposés pour une telle transformation et aucun dans une mission en Afrique.
Le Groupe n’a pas manqué de parler du déséquilibre « manifeste » dans tous les postes soumis au recrutement international, particulièrement pour ce qui concerne les administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur: un seul groupe géographique, avec 393 membres de personnel, représente 46% de cette catégorie, tandis que le Groupe africain, qui suit immédiatement, n’a exactement que la moitié de cet effectif, à savoir 197 personnes, soit 23%. Tout en soutenant le principe de représentation géographique équitable, la Chine a estimé que le nombre de postes doit être « raisonnable et conforme aux besoins ». Elle a d’ailleurs demandé au Secrétaire général les « chiffres exacts » du budget des missions politiques spéciales.
La Cinquième Commission a prévu une autre séance publique mercredi 18 novembre à partir de 10 heures pour examiner la réforme du dispositif « paix et sécurité » de l’ONU.
PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2021
Troisième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les missions politiques spéciales (A/75/7/Add.2)
Pour l’examen de cette question, le Comité consultatif a examiné le rapport du Secrétaire général sur les prévisions de dépenses relatives aux 39 missions politiques spéciales (A/75/6 (Sect.3)/Add.1). Les ressources demandées pour 2021 sont d’un montant net de 706 772 600 dollars, qui comprend un montant de 1 511 000 dollars correspondant à la part du budget du Centre de services régional d’Entebbe (Ouganda), lequel doit être prélevé sur le budget des missions politiques spéciales. Selon le Secrétaire général, le montant des crédits demandés représente une diminution de 5 009 200 dollars (soit 0,7%) par rapport à 2020. Mais le Comité note qu’avec l’inclusion des ressources proposées (34 327 300 dollars) au titre de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), le montant total des ressources nécessaires pour « les 40 » missions politiques spéciales sera de 741 099 900 dollars, ce qui représente une augmentation de 29 318 100 dollars (ou 4,1%) par rapport à 2020, à savoir 711 781 800 dollars.
Compte tenu de l’achèvement du mandat du BINUGBIS au 31 décembre 2020, qui a été autorisé par le Conseil de sécurité, le Comité consultatif note que les ressources demandées pour 2021 pour les 38 missions reconduites reflètent en fait une augmentation de 9 285 000 dollars, soit 1,3% par rapport aux ressources approuvées pour 2020. En ce qui concerne le montant de 1 511 000 dollars proposé comme part du budget du Centre de services régional d’Entebbe à prélever sur le budget des missions politiques spéciales, le Comité consultatif recommande qu’il soit ajusté conformément à la résolution 74/281 de l’Assemblée générale (soit une réduction de 98 600 dollars).
Quatrième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Groupe thématique I: envoyés spéciaux et personnels, et conseillers et représentants spéciaux du Secrétaire général (A/75/7/Add.3)
Dans ce rapport, le Comité consultatif note que le montant des crédits demandés s’élève à 57 365 300 dollars (déduction faite des contributions du personnel), ce qui représente une augmentation de 572 200 dollars, soit 1,0%, par rapport au crédit ouvert pour 2020. Le Comité consultatif compte que tout sera mis en œuvre à l’avenir pour résorber, dans la mesure du possible, d’éventuels coûts supplémentaires.
Cinquième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Groupe thématique II: équipes de surveillance des sanctions, groupes d’experts et autres entités et mécanismes (A/75/7/Add.4)
Le Comité note que le montant des crédits demandés pour 2021 au titre des 15 missions reconduites du groupe thématique II s’élève à 62 188 900 dollars (montant net), soit une augmentation de 4 735 700 dollars (8,2%) par rapport aux crédits ouverts en 2020. Ici aussi, il compte que tous les efforts seront faits pour absorber les coûts additionnels dans la mesure du possible lors de l’utilisation des crédits à l’avenir.
Sixième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Groupe thématique III: bureaux régionaux, bureaux d’appui aux processus politiques et autres missions (A/75/7/Add.5)
Le Comité consultatif note que si l’on exclut la Mission au Soudan (MINUATS), les ressources demandées pour 2021 au titre des missions relevant du groupe thématique III s’élèvent à 347 779 400 dollars, ce qui représente une diminution de 12 995 200 dollars (3,6%) par rapport aux ressources approuvées pour 2020. Avec la MINUATS, elles s’élèvent à 382 106 700 dollars, soit une augmentation de 21 332 100 dollars (5,9%).
Septième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (A/75/7/Add.6)
Le montant des ressources demandées au titre de la MANUA pour 2021, note le Comité, s’élève à 137 921 000 dollars, ce qui représente une augmentation de 3 130 800 dollars (soit 2,3%) par rapport aux crédits ouverts pour 2020. Cela est principalement imputable aux ressources supplémentaires demandées au titre du personnel civil, en raison de l’ajustement de la moyenne des classes et des échelons des administrateurs recrutés sur le plan national et des agents locaux, l’objectif étant de tenir compte des coûts moyens effectifs en 2019; à la mise à disposition de 39 opérateurs radio (sécurité sur le terrain) (agents locaux) sur des emplois existants pendant 12 mois en 2021 par rapport à la budgétisation pour 7 mois en 2020 et de sept agents de sécurité (Service mobile) sur des emplois existants pour 12 mois en 2021, par rapport à 3 mois en 2020; et à l’application d’un taux de vacance de 6%, en baisse par rapport au taux de 8% appliqué en 2020 pour le personnel recruté sur le plan international.
Cette augmentation sera en partie compensée par une diminution nette des ressources demandées au titre des dépenses opérationnelles, qui concerne principalement les opérations aériennes et qui s’explique par la mise hors service d’un hélicoptère et l’interruption des voyages officiels en raison du recours accru à la technologie virtuelle pour les réunions et au télétravail.
Huitième rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (A/75/7/Add.7)
Ici, le Comité note que les prévisions de dépenses de la MANUI pour 2021 s’élèvent à 100 007 000 dollars, ce qui représente une diminution de 539 300 dollars (5%) par rapport aux crédits ouverts pour 2020. La diminution nette s’explique principalement par la baisse des dépenses au titre des voyages et des frais de location après l’achèvement de la construction des locaux de la Mission à Mossoul, qui est compensée en partie par l’augmentation des dépenses de personnel civil due à l’application de barèmes des traitements révisés à compter du 1er janvier 2020.
Déclarations
Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMED TRAORE (Mali) a réitéré son soutien aux missions politiques spéciales qui constituent un élément « crucial » de l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies. Le représentant a mis l’accent sur l’urgence de mettre à la disposition du Secrétaire général les outils qui permettront aux missions de mettre en œuvre leur mandat au profit des populations durement affectées par les crises. Il a pris note du montant global des ressources demandées pour les 39 missions politiques spéciales, pour l’année 2021, soit 706 772 600 dollars.
Le représentant a aussi noté la diminution drastique des effectifs que l’on prévoit pour 2021, soit 136 postes. Le Groupe, a-t-il poursuivi, s’intéresse aux cinq éléments suivants: Premièrement, les taux de vacance ainsi que les mesures prises pour pourvoir les postes vacants sur une longue durée. Deuxièmement, concernant les emplois dont les titulaires perçoivent des indemnités de fonction, cette situation, qui ne devrait être que temporaire, perdure depuis 2015 dans certains cas. Troisièmement, a poursuivi le représentant, s’agissant de la nationalisation des postes, la « forte baisse » du nombre de postes internationaux transformés en postes nationaux est préoccupante. Il a regretté que seuls quatre postes soient proposés pour une telle transformation pour l’année 2021 et aucun de ceux-ci ne concerne une mission sur le continent africain.
Nous nous intéressons, a prévenu le représentant, à la mise en œuvre des « directives relatives à la gestion prévisionnelle des besoins en personnel, axées sur le recrutement au niveau national », applicables aux missions depuis février 2018. Quatrièmement, a ajouté le représentant, pour ce qui est de la représentation géographique, nous constatons avec préoccupation le déséquilibre manifeste dans tous les postes soumis au recrutement international, particulièrement pour ce qui concerne les administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur. En effet, un seul groupe géographique, avec 393 membres de personnel, représente 46% de cette catégorie, tandis que le Groupe africain, qui suit immédiatement, n’a exactement que la moitié de cet effectif, à savoir 197 personnes, soit 23%. Le cinquième point, a conclu le représentant, porte sur le recrutement des consultants. Le niveau des ressources demandées pour 2021 pose question, compte tenu des dépenses effectuées en 2020. Nous avons toujours été convaincus, a souligné le représentant, que les capacités humaines existantes pourraient être renforcées.
Au nom des 10 pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. TSU TANG TERRENCE TEO (Singapour) a salué, à son tour, le rôle « crucial » joué par les missions politiques spéciales face aux défis de plus en plus complexes de la paix et de la sécurité internationales. Le nombre, la taille et la complexité des mandats de ces missions ont augmenté rapidement parce qu’elles se sont révélées efficaces, s’est-il félicité avant de juger vital que les missions fonctionnent de manière optimale.
Toutefois, notant que ce fonctionnement optimal s’est heurté aux modalités de financement actuelles, le représentant a jugé particulièrement « inacceptable » que, depuis près de 10 ans, la Cinquième Commission n’ait pas donné suite aux recommandations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et du Groupe indépendant de haut niveau sur les opérations de paix de réformer les mécanismes de financement et de soutien de ces missions, et ce, malgré l’adoption d’autres résolutions sur les réformes. Parce que ces recommandations sont toujours d’actualité, le représentant a demandé instamment à la Commission de les mettre en œuvre, y compris la création d’un compte distinct aligné sur le cycle budgétaire des opérations de maintien de la paix.
Cela est particulièrement pertinent dans les circonstances actuelles, compte tenu des problèmes récurrents de trésorerie qui affectent le budget ordinaire, a insisté le représentant. Il a jugé « indispensable » que les missions politiques spéciales disposent de ressources suffisantes et prévisibles, y compris pendant leur transition et leur retrait, afin de soutenir la stabilité et la continuité des activités de consolidation de la paix. Le représentant a aussi appelé à une meilleure coordination dans le « continuum » de la paix, entre les missions politiques spéciales, les opérations de paix et autres activités de consolidation de la paix.
Rappelant que l’Assemblée générale a réaffirmé dans ses résolutions que « les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales doivent se refléter dans leurs contributions financières », le représentant a jugé « cohérent » que ceux qui ont une « influence immense » sur les missions politiques spéciales assument aussi une plus grande responsabilité dans leur financement.
Mme HADBOUN, de l’Union européenne (UE), a souligné la valeur ajoutée des missions politiques spéciales qui contribuent à faire le lien entre les trois piliers des Nations Unies que sont le maintien de la paix, le développement et les droits de l’homme. En ce qui concerne le financement de ces missions, elle a réaffirmé l’importance capitale que l’UE accorde à la préservation du consensus sur toutes les questions dont est saisie la Cinquième Commission. Elle a insisté sur le fait que la pratique du consensus constitue « le noyau » des méthodes de travail de la Commission et « un art intégral » de la dynamique des négociations. La représentante a rappelé que la Commission a été très proche d’un accord sur le financement des missions politiques spéciales en 2013. Elle a donc espéré que les semaines à venir donneront l’occasion d’atteindre cet objectif.
Par ailleurs, la représentante a estimé que les recommandations sur la coordination des activités du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et du Département de l’appui opérationnel, ne sont « plus valides ». Elles devraient être réévaluées à la lumière de l’examen des réformes de la gestion et du processus budgétaire. Elle a conclu en assurant que l’Union européenne et ses États membres attendent avec impatience de s’engager de manière constructive avec tous les États Membres, dans l’objectif de convenir d’un budget 2021 « adéquat et solide » pour les missions politiques spéciales. Elle a particulièrement salué la création de la Mission d’assistance à la transition intégrée des Nations Unies au Soudan (MINUATS) qui doit être dotée des ressources lui permettant de répondre aux besoins sur le terrain et d’exécuter son mandat.
Au nom d’un groupe de 14 pays d’Amérique latine, M. BUSTAMANTE (Chili) a rappelé que les missions politiques spéciales jouent un rôle clef dans la prévention des conflits, et la consolidation et le maintien de la paix. Le représentant a donc souligné l’importance qu’il y a à leur fournir un financement adéquat pour leur permettre d’accomplir efficacement leurs mandats. En l’occurrence, la pandémie de COVID-19 est un facteur qui devrait être pris en considération. Le représentant a mis l’accent sur les deux missions politiques spéciales dans sa région: Haïti et la Colombie. Saluant le renouvellement pour une période de 12 mois du mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), il a souligné la nécessité pour la mission d’être « plus forte et mieux financée » pour aider les autorités haïtiennes à atteindre la stabilité, la sécurité, le renforcement de leurs institutions et le développement durable.
Le représentant a également salué le renouvellement pour une période de 12 mois du mandat de la Mission de vérification en Colombie. Ce pays, a-t-il indiqué, a fait des progrès « significatifs » dans l’édification d’une paix durable. En ce sens, la consolidation de la paix exige du courage et l’engagement de toutes les parties. L’Accord signé en 2016, « point de départ d’un long processus », continue d’être un modèle de négociations de paix dans le monde, et sa mise en œuvre effective est essentielle, a rappelé le délégué qui a indiqué que l’appui apporté par la Mission de vérification est crucial. La Mission, a-t-il conclu, a besoin d’un financement « suffisant ».
Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a estimé qu’il revient aux membres du Conseil de sécurité -seul organe pouvant créer les missions politiques spéciales– d’assumer la responsabilité de leur financement, au moins pour la plupart, comme c’est le cas pour les opérations de paix. Elle a jugé « illogique » que ces missions soient financées par le budget ordinaire, d’autant qu’elles en représentent 24%, soit une augmentation de deux points de pourcentage par rapport au budget 2020.
Concernant les prévisions de dépenses pour le Groupe thématique I, en particulier sa section 2 relative au Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, la représentante a réaffirmé son plein appui aux fonctions de ce Conseiller, dans le cadre de sa position de principe permanente contre les crimes de génocide. Cependant, elle s’est une nouvelle fois opposée à l’inclusion du concept de « responsabilité de protéger » dans les missions politiques spéciales.
Les paragraphes 35 et 36 du rapport du Secrétaire général tentent de justifier l’existence de ce poste. Cependant, les paragraphes 138 et 139 du Document final du Sommet mondial de 2005 ne justifient en aucune façon la création d’un conseiller spécial sur la responsabilité de protéger, et encore moins, son financement par le budget ordinaire. L’existence de ce conseiller est « une déviation » de l’esprit du Document final.
Dans la présentation du budget du Groupe thématique I, le niveau des ressources associées aux activités et aux prétendus résultats du conseiller spécial sur la responsabilité de protéger n’est d’ailleurs pas défini puisque les demandes sont mélangées à celles liées au conseiller spécial pour la prévention du génocide. Il en va de même pour le descriptif des postes des deux conseillers, a ajouté la représentante. Cette ambiguïté, s’est-elle agacée, entrave le contrôle des dépenses exercé par les États Membres et les empêche de savoir si la mission du conseiller spécial sur la prévention du génocide est conforme au mandat conféré. En outre, le concept de « responsabilité de protéger » suscite de graves préoccupations pour de nombreux pays, en particulier les petits pays et les pays en développement, compte tenu de l’absence de consensus et de définitions sur plusieurs de ses éléments, a conclu la déléguée cubaine.
Pour M. SUZUKI YORIKO (Japon), les missions politiques spéciales ont joué et continueront de jouer un rôle essentiel dans le maintien de la paix et la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Fervent partisan de ces missions, le Japon, a dit le représentant, attache une grande importance à ce qu’elles fonctionnent de manière efficace, efficiente et responsable. Il a estimé qu’une bonne gestion des missions politiques spéciales est essentielle pour assurer le fonctionnement efficace, la viabilité à long terme et la crédibilité de l’Organisation.
À cet égard, le représentant a dit s’attacher tout particulièrement à assurer une gestion responsable et transparente du processus de transition de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) vers la MINUATS. La pandémie de COVID-19 constitue à la fois une menace et un défi pour les missions politiques spéciales. En conséquence, le représentant a jugé important d’assurer la sûreté, la sécurité et la santé de leur personnel qui aide les autorités nationales dans le cadre de leur mandat, tout en procédant aux ajustements nécessaires en réponse à la pandémie. Le représentant a estimé que les États Membres doivent faire preuve d’une « sagesse collective » pour approfondir les discussions.
M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a, à son tour, souligné la pertinence des missions politiques spéciales dans la promotion et la consolidation de la paix. Insistant sur l’importance de leur fournir le financement nécessaire à l’exécution de leurs mandats « complexes et multidimensionnels », d’une manière opportune et cohérente, le représentant a affirmé que de nombreuses voix se font entendre sur la possibilité de financer ces missions à partir d’un budget « maintien de la paix » plutôt que du budget ordinaire. Il a estimé que ces missions doivent être abordées dans un cadre institutionnel plus large en tant que partie intégrante du « continuum » de la paix, faisant le lien entre les trois piliers de l’ONU que sont le maintien de la paix, le développement et les droits de l’homme. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons apprécier le caractère multidimensionnel des mandats de ces missions, a insisté le représentant, en précisant qu’elles portent à la fois sur le règlement des conflits et la gestion de leurs causes structurelles. Dans ce contexte, le représentant a estimé important que les missions politiques spéciales disposent d’un financement « prévisible et garanti ».
M. CHENG LIE (Chine) a constaté que la part des missions politiques spéciales dans le budget ne cesse d’augmenter. Il a demandé au Secrétariat d’améliorer la préparation du budget de ces missions pour donner « des chiffres exacts ». Le nombre de postes doit être « raisonnable et conforme aux besoins ». Le représentant a appuyé le principe de la représentation géographique équitable du personnel et a voulu connaître, par ailleurs, le montant des fonds consacrés à la pandémie de COVID-19. Il a aussi conseillé à la Mission d’assistance en Afghanistan (MANUA) de se focaliser sur l’amélioration des relations et des liens avec les populations locales et avec les pays voisins de l’Afghanistan. Concernant le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti, il a estimé qu’il faut ajuster de façon opportune les ressources et le personnel. Pour ce qui de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), il a voulu qu’elle évite de s’ingérer dans les affaires internes du Soudan. Le représentant a d’ailleurs estimé que les détails du transfert de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) à la MINUATS doivent être discutés avec le pays hôte.
M. SHOKRI S. I. BENHAMIDA (Libye) a loué l’action de la Mission d’appui des Nations Unies dans son pays (MANUL) et s’est félicité du retour des effectifs de la Mission à Tripoli. Il a appelé cette dernière « à accorder une chance » aux experts nationaux, en les nommant comme cadres administratifs et techniques. Il a aussi aspiré à une augmentation du financement de la MANUL et s’est dit attaché à coopérer et à se coordonner avec les autres délégations pour parvenir à des résultats positifs.
M. THIAGO POGGIO PÁDUA (Brésil) a rappelé que depuis 2015, une seule opération de maintien de la paix a été mise en place par le Conseil de sécurité, la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH) liquidée depuis plus d’un an. En revanche, a ajouté le représentant, au cours de cette même période de cinq ans, le Conseil a créé neuf nouvelles missions politiques spéciales. Sur ces neuf nouvelles missions, a comptabilisé le délégué, deux ont été spécialement mandatées pour remplacer les anciennes opérations de maintien de la paix. Une autre preuve de cette tendance croissante est le poids relatif de ces missions dans le budget ordinaire de l’Organisation. En seulement 20 ans, a-t-il poursuivi, leur part dans le budget ordinaire est passée d’environ 4% à environ 24%, soit le montant qu’elles représentent dans le budget actuellement demandé par le Secrétaire général pour 2021, soit une multiplication par six.
Les conséquences de cette réaffectation des ressources qui s’éloignent du financement des objectifs de développement durable doivent être examinées en détail, a exhorté le représentant. Selon les rapports du CCQAB, a-t-il noté, les besoins en ressources pour les 40 missions politiques spéciales représenteraient une augmentation de près de 30 millions de dollars, ou 4,1%, par rapport aux crédits pour 2020. Ces missions fonctionnent dans un système « hybride » qui doit être mieux compris. Elles sont généralement mandatées par le Conseil de sécurité, comme les opérations de paix, mais financées par le budget ordinaire, « comme si l’ensemble des membres avaient pris part à la décision de les créer ».
Cette distorsion, a jugé le représentant, exacerbe le déséquilibre entre la prise de décision par un petit groupe au Conseil de sécurité et le financement par l’ensemble des membres, diluant « injustement » les coûts dans les contributions au budget ordinaire. Cette « incohérence évidente » devrait convaincre tous les États Membres de regarder les missions de manière plus approfondie et plus holistique. Il faut clarifier les distinctions conceptuelles entre les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix, et l’Assemblée générale devrait s’engager plus activement dans les discussions afin de fournir les orientations nécessaires au Secrétariat, a estimé le représentant.
M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) a dit que le travail effectué par les missions politiques spéciales montre que des progrès peuvent être obtenus dans les contextes les plus difficiles, comme en témoignent la facilitation d’un accord de cessez-le-feu et les pourparlers politiques mis en œuvre récemment en Libye grâce à la Mission d’appui des Nations Unies (MANUL). Outre un financement adéquat et réaliste à l’appui de la mise en œuvre complète des mandats de ces missions, leurs résultats dépendent aussi d’une gestion efficace des performances et d’une intégration stratégique efficace avec les autres entités des Nations Unies présentement dans le pays et la région, a insisté le représentant. Dans ce contexte, il a particulièrement salué l’importance des réformes de la gestion et de l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies.
M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a réitéré son attachement à la mise en œuvre de l’accord signé en 2016, en vertu duquel la Mission de vérification en Colombie joue un rôle clef dans la vérification de la réintégration des anciens membres des FARC-EP à la vie politique, économique et sociale et dans l’application des mesures de sécurité et de protection personnelle et collective en faveur de ces anciens combattants ainsi que dans l’élaboration de programmes de sécurité et de protection pour les collectivités et les organisations locales. Le représentant a salué la volonté de la Mission de travailler en coordination avec les autorités nationales et locales, ainsi qu’avec la société civile.
Il a ajouté que d’importants défis subsistent qui nécessitent le soutien politique et financier de la communauté internationale. L’exécution effective du mandat de la Mission dépendra dans une large mesure de l’affectation de toutes les ressources humaines et financières demandées par le Secrétaire général. À cet égard, le représentant a demandé à la Cinquième Commission d’appuyer la demande de M. António Guterres.
M. ESSAM ALSHAHIN (République arabe syrienne) a réitéré son appui à la mission de M. Pedersen depuis qu’il a été nommé, en 2019, Envoyé spécial du Secrétaire général pour son pays. Nous continuerons à lui offrir tout l’appui nécessaire, a promis le représentant. Engagés de bonne foi dans les processus politiques pour que le Comité constitutionnel entame son travail, nous jugeons pour le moins nécessaire de stopper l’ingérence étrangère, a martelé le représentant. Le leadership et l’appropriation de la paix doivent revenir aux Syriens eux-mêmes.
Dans le rapport 66/253 adopté le 16 février 2012, il est bien écrit que l’Envoyé spécial est celui du Secrétaire général, a insisté le représentant. Il a donc demandé de reformuler un passage dans un des rapports présentés. Ce même rapport stipule aussi que l’objectif de l’Envoyé spécial est de mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et nous insistons, a dit le représentant, sur la résolution 2253 (2015), relative au terrorisme, en particulier à Daech.
Mme ARMAĞAN AYŞE CAN CRABTREE (Turquie) a dit que la pandémie de COVID-19 a compliqué la dynamique dans certains confits. L’ONU a donc besoin de s’adapter et d’octroyer des ressources adéquates pour les missions politiques spéciales en Somalie, en Libye ou encore à Chypre. En Somalie, a-t-elle poursuivi, l’Envoyé spécial de l’ONU a besoin de ressources suffisantes pour accompagner les progrès. En Libye, la Mission a la lourde tâche de veiller à un processus de paix mené et contrôlé par les Libyens eux-mêmes. À Chypre, l’élection d’un nouveau président apportera des changements. Nous comptons, a annoncé la représentante, formuler nos observations durant les négociations informelles.