Soixante-quinzième session,
Matin & après-midi
AG/12275

Assemblée générale: La commémoration de Beijing+25 coïncide avec un « recul mondial » de l’égalité des sexes et des droits des femmes

C’est un « recul mondial » de l’égalité des sexes et des droits des femmes qui a été constaté aujourd’hui à la Réunion de haut niveau qu’a organisée l’Assemblée générale pour le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale de Beijing sur les femmes.

Après avoir visionné une courte vidéo intitulée « l’histoire mondiale des droits des femmes », le Secrétaire général de l’ONU a salué Beijing et son Programme d’action comme un « moment charnière », « un point de repère » et « un tournant », dont la « vision audacieuse » et « transformatrice » a surtout montré que les droits des femmes sont au cœur de l’égalité et de la justice partout dans le monde.  Pourtant, 25 ans après, M. António Guterres a dû constater un « recul mondial » dans l’égalité des sexes.  Chaque année, 12 millions de filles se marient avant l’âge de 18 ans et dans certaines régions du monde, le nombre de féminicides pourrait faire croire que l’on se trouve dans une zone de guerre.

Les femmes sont encore fréquemment exclues des négociations de paix, des discussions sur le climat et des rôles décisionnels et elles ne jouissent que de 75% des droits dont jouissent les hommes.  Aujourd’hui, elles sont les plus touchées par l’impact socioéconomique massif de la pandémie de COVID-19 et une autre pandémie les touche, celle des violences sexistes et des pratiques abusives et répressives, dont le mariage précoce et le déni d’accès à la santé sexuelle et reproductive. 

Les progrès ont été « trop lents et insuffisants », a tranché la Directrice exécutive d’ONU-Femmes.  Il « n’y a plus d’excuse » à la persistance des déséquilibres, en particulier dans le contexte de la Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable, s’est impatientée Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka.  Il va falloir faire de la protection des droits et intérêts des femmes la priorité des priorités, a reconnu le Président de la Chine, M. Xi Jinping, au nom du pays hôte de la Conférence de 1995.  Aujourd’hui, je dis: « les droits des femmes et des filles ne sont pas négociables », a renchéri la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

Quel est le point commun entre mutilations génitales et mariages forcés? a ensuite demandé Mme Natalia Kassem.  Les inégalités entre les sexes et la volonté de contrôler le corps et la vie des femmes, a-t-elle répondu.  Depuis Beijing, l’accent est de plus en plus mis sur les « valeurs traditionnelles » pour confiner les femmes dans leur ménage et rogner leurs droits, a confirmé la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Hilary Gbedemah.   

Les attaques contre la santé sexuelle et reproductive, mais aussi les discriminations, les emprisonnements, voire les assassinats de femmes défenseures des droits humains, de femmes autochtones, de femmes de couleur, de femmes trans, se multiplient, s’est alarmée, à son tour, Mme Sascha Gabizon.

C’est « fondamentalement » une question de pouvoir, a analysé le Secrétaire général de l’ONU, et cela commence par la représentation égale des femmes aux postes de direction, dans les gouvernements, les conseils d’administration, et à la table de négociation, partout où sont prises des décisions qui affectent la vie des gens.  « Une femme au pouvoir n’est pas une menace », a acquiescé le Président de cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale.  S’adressant directement aux femmes, M. Volkan Bozkir a dit parler « du pouvoir sur un podium, dans l’information, les données et la science, dans vos mots, dans le partage de votre expérience, dans une main tendue, dans la solidarité ».  Ne doutez jamais, a martelé le Président, de votre pouvoir personnel.  « Affirmez-le. »

Donnez-nous un environnement sûr « de notre enfance à notre vie adulte », a plaidé Ixchel Adolfo, jeune guatémaltèque.  Alors, a encouragé le Président de l’Assemblée, agissons aujourd’hui pour assurer l’égalité, demain.  Le pouvoir du multilatéralisme, a-t-il rappelé, est alimenté par les actions individuelles et les décideurs à tous les niveaux.  Chacun d’entre nous a le pouvoir d’imprimer le changement.  « Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons changer l’avenir et nous le ferons », a promis la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, Mme Élisabeth Broderick.  La Réunion de haut niveau s’est d’ailleurs terminée par un poème intitulé « We will not wait tomorrow », « Nous n’attendrons pas demain ».

Par vidéos préenregistrées, chefs d’État et de gouvernement et ministres ont énoncé les mesures prises par leur pays pour faire avancer les 12 domaines prioritaires du Programme d’action de Beijing.

L’Assemblée générale tiendra demain, vendredi 2 octobre, à partir de 9 heures, sa Réunion de haut niveau sur la commémoration et la promotion de la Journée mondiale de l’élimination totale des armes nucléaires.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Déclarations d’ouverture

Après avoir visionné une courte vidéo commémorative intitulée « l’histoire mondiale des droits des femmes », M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, a solennellement ouvert la réunion de haut niveau, en appelant, d’emblée, à « un véritable changement ».  Il a exhorté les dirigeants à « agir » pour s’adapter aux défis mondiaux actuels et défendu l’égalité d’accès à l’éducation et la fin du « fléau » des violences sexuelles et sexistes. 

« Je vous exhorte à continuer à agir, à relever les défis d’un monde qui évolue rapidement.  L’engagement à s’adapter pour répondre aux besoins des peuples que nous servons est ce qui nous permettra d’accélérer la réalisation de l’égalité des sexes », a déclaré le Président.  Il nous incombe de réduire la fracture numérique, de fournir une éducation aux filles, d’offrir aux femmes des opportunités économiques égales et de mettre fin au fléau de la violence sexiste, a insisté M. Bozkir. 

Ici à l’ONU, a-t-il poursuivi, il nous incombe à l’ONU de changer le statu quo.  « Votre stylo, votre voix et votre vote, a-t-il dit aux délégués, ont le pouvoir de changer la société ».  Dans cette salle, vous ne parlez pas en votre nom propre mais au nom de ceux qui vous ont confié la responsabilité de vous assoir derrière le nom de votre pays.  « Vous êtes censés répondre aux aspirations du monde ». 

Le Président a dès lors encouragé à poursuivre l’édification normative des droits des femmes, soulignant qu’à la dernière session de l’Assemblée, les représentants ont renforcé leurs efforts et adopté des résolutions sur la fille; la prévention de la violence à l’encontre des travailleuses migrantes; et l’amélioration de la situation des femmes et des filles rurales. 

Il a appelé les États Membres à la mise en œuvre de ces résolutions ce qui, selon lui, exige plus qu’une législation: il faut changer les normes établies.  Chacun de nous doit assumer sa responsabilité individuelle de créer un monde plus juste.  Il nous faut des normes plus justes capables de garantir la consolidation de la paix, de favoriser le développement durable et de promouvoir le respect des « droits des personnes que nous servons ». 

En troisième lieu, M. Bozkir a chaleureusement remercié la société civile : « nous ne serions pas ici sans vous ».  Pour lui, il est essentiel que cette société civile continue à faire entendre sa voix, comme il y a 25 ans à Beijing.  Vous comprenez, leur a-t-il dit, la complexité des problèmes posés.  Vous êtes les experts.  Nous devons vous écouter, a ajouté M. Bozkir, qui a renvoyé au travail de la société civile au sein des communautés, à la réduction des fossés et des lacunes, plus critiques que jamais aujourd’hui avec la pandémie mondiale.  S’il n’y avait pas eu la pandémie, les représentants de la société civile seraient présents dans l’hémicycle et leurs places leur sont toujours réservées.

Le Président a rendu hommage aux femmes qui sont actuellement sur la ligne de front dans la lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19.  Il a aussi rendu hommage aux professionnels de la santé et travailleurs sociaux qui ont œuvré sans relâche pendant la pandémie, en particulier les femmes qui représentent 70% de la main d’œuvre.  Il a fait de même pour les femmes du secteur humanitaire qui ont façonné le cours de l’histoire.  

« Une femme au pouvoir n’est pas une menace », a martelé M. Bozkir.  Vous n’êtes ni mieux ni pires mais vous devez reconnaître notre privilège d’homme.  S’adressant à ses petites filles et aux autres, il a dit « vous pouvez tout faire » et sachez ceci : « il n’y a rien que les femmes ne puissent faire.  Osez être les premières.  Osez faire ce qu’aucune femme n’a jamais fait auparavant ».  « Nous avons besoin de femmes au pouvoir et il y a du pouvoir sur un podium, dans l’information, les données et la science, dans vos mots, dans le partage de votre expérience, dans une main tendue, dans la solidarité. »  Ne doutez jamais, a martelé le Président, de votre pouvoir personnel.  Affirmez-le. 

Mais j’ai une question, a-t-il poursuivi: quand allons-nous atteindre l’égalité des sexes?  Au cinquantième anniversaire de la Conférence de Beijing?  Au centenaire des Nations Unies?  Pourquoi attendre? a pressé le Président.  Agissons aujourd’hui pour assurer l’égalité, demain.  C’est à nous tous de le faire.  Nous voulons l’adhésion des gouvernements, de la société civile, du secteur privé, des Nations Unies et de « vous à la maison ».  Le pouvoir du multilatéralisme est alimenté par les actions individuelles, par les décideurs à tous les niveaux.  Il est temps d’égaliser les règles du jeu.  Chacun d’entre nous a le pouvoir d’imprimer le changement.  Nous sommes tous dans le même bateau et il y a « du pouvoir dans la solidarité, ne doutez jamais de votre pouvoir personnel,« affirmez le », a répété le Président.

« Moment charnière », « point de repère » et « tournant » : c’est par ses mots que M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a qualifié la Conférence de Beijing, dont la « vision audacieuse » et « transformatrice » a tout d’abord montré que les droits des femmes sont au cœur de l’égalité et de la justice partout dans le monde.  D’importants progrès ont été réalisés, comme le déclin de la mortalité maternelle de près de 40% depuis 1995 et le niveau de scolarisation des filles, plus élevé « que jamais auparavant dans l’histoire ».  Reste que la Déclaration de Beijing n’a pas été mise en œuvre dans son intégralité, a constaté le Chef de l’Organisation, en rappelant par exemple qu’une femme sur trois subit encore une forme de violence au cours de sa vie.  Chaque année, 12 millions de filles se marient avant l’âge de 18 ans et dans certaines régions du monde, le nombre de féminicides pourrait laisser croire que l’on se trouve dans une zone de guerre, s’est alarmé M. Guterres.   En 2017, dans le monde 137 femmes par jour sont mortes aux mains d’un membre de leur propre famille.

Les femmes, a poursuivi le Secrétaire général, sont encore fréquemment exclues des négociations de paix, des discussions sur le climat et des rôles décisionnels de toutes sortes.  Enfin, dans le monde entier, en moyenne, les femmes ne jouissent que de 75% des droits dont jouissent les hommes et la Banque mondiale estime qu’il faudrait 150 ans pour atteindre l’égalité salariale.  

Les femmes et les filles sont les plus touchées par l’impact social et économique massif de la pandémie de COVID-19.  Les infirmières et soignantes sont en première ligne de la réponse à la crise sanitaire, alors que les hommes occupent 70% des rôles de leadership dans le secteur de la santé.  Les femmes sont touchées simultanément par une autre pandémie, celles des violences sexistes et des pratiques abusives et répressives, dont le mariage précoce et le déni d’accès à la santé sexuelle et reproductive. 

« Si nous n’agissons pas maintenant, la COVID-19 pourrait anéantir une génération de progrès fragiles vers l’égalité des sexes », a mis en garde le Secrétaire général.  Basés sur une domination masculine de plusieurs millénaires, les systèmes et structures contemporains ont de graves conséquences pour les femmes.  La COVID-19 démontre que nous avons de toute urgence besoin d’une forte impulsion pour réaliser les promesses non tenues de Beijing. 

C’est fondamentalement une question de pouvoir, a analysé M. Guterres.  Cela commence donc par la représentation égale des femmes aux postes de direction, dans les gouvernements, les conseils d’administration, et à la table des négociations, partout où sont prises des décisions qui affectent la vie des gens.  Pour y parvenir, il faudra des mesures ciblées, notamment des actions positives et des quotas.  « C’est une question de droits de l’homme et un impératif social et économique », a martelé le Secrétaire général.

Aussi a-t-il encouragé tous les États Membres à prendre des engagements concrets, assortis d’échéanciers ambitieux en faveur du leadership des femmes et de leur égale participation.  À l’ONU, nous avons atteint la parité entre les sexes dans notre leadership au début de 2020, avec 90 femmes et 90 hommes aux postes de direction les plus élevés.  Nous œuvrons maintenant à la parité à tous les niveaux, a assuré M. Guterres.

La COVID-19 est une catastrophe, mais c’est aussi l’occasion de lancer une réflexion transformatrice qui place les femmes au premier plan de la riposte et de la reprise.  Les fonds concernés devraient remettre directement de l’argent aux femmes par les transferts et les crédits et les gouvernements, élargir les filets de sécurité sociale aux femmes qui travaillent dans l’économie informelle, tout en reconnaissant la valeur du travail non rémunéré.  Le Secrétaire général a ensuite réitéré son appel à une action urgente et globale contre la violence sexiste. 

L’ONU, a-t-il souligné, s’emploie à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, notamment grâce à son partenariat avec l’Union européenne, intitulé « Spotlight ».  Il a exhorté les États Membres à intensifier leur soutien aux organisations de la société civile qui ont toujours été à l’avant-garde du mouvement des droits des femmes.  Le prochain Forum « Génération Égalité », coorganisé par les Gouvernements du Mexique et de la France, sera l’occasion de créer des réseaux et des partenariats en faveur du changement.  

Ces derniers temps, a constaté le Secrétaire général, nous avons vu partout dans le monde un recul dans l’égalité entre les sexes et des droits des femmes.  Il est temps d’inverser à nouveau la tendance, a déclaré M. Guterres.  « Enfin, je voudrais rectifier une idée reçue répandue.  La Conférence de Beijing ne concernait pas seulement les femmes.  Elle concernait aussi bien les femmes, les hommes, les filles et les garçons », a-t-il ajouté en conclusion.

Le Président de la Chine, M. XI JINPING, a rendu un hommage appuyé aux femmes qui ont été aux premières lignes de la lutte contre la COVID-19 partout dans le monde.  Elles se battent jour et nuit et elles ont écrit « avec dévouement et sagesse » une épopée émouvante en sauvant des vies.  Évoquant le vécu de la Chine, où deux tiers des professionnels de la santé déployés à Wuhan pendant la pandémie étaient des femmes, le Président a raconté l’histoire de cette très jeune femme qui a dit aux journalistes en arrivant à Wuhan : « à partir du moment où je porte une combinaison de protection, je ne suis plus une enfant. »  Ces mots ont ému tous les Chinois et mobilisé l’engagement sans précédent des Chinoises.

Mais, a concédé le Président, la pandémie a mis les femmes à rude épreuve à bien des égards partout dans le monde.  Il a plaidé pour qu’on leur accorde une attention particulière dans les efforts de relèvement et de reconstruction post-COVID.  Cela signifie, a précisé le Président, qu’il va falloir faire de la protection des droits et intérêts des femmes une priorité, répondre aux besoins des femmes en situation précaire et faire de l’égalité des sexes une priorité nationale partout.  Il faut éliminer les préjugés, la discrimination et la violence à l’encontre des femmes et faire de l’égalité femme-hommes un devoir moral, a renchéri le Président Xi avant d’appeler à valoriser le rôle pionnier des femmes, à mobiliser et faciliter leur créativité, à les impliquer dans les processus de prise de décisions et à les aider à pleinement s’épanouir.  La Chine soutient l’ONU dans ses efforts pour faire du travail décent des femmes une priorité mondiale.

Il y a cinq ans, le Président Xi a rappelé qu’il a proposé de tenir la réunion des dirigeants et dirigeantes du monde sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Je souhaite à nouveau convoquer cette manifestation, a-t-il confirmé, avant d’annoncer une contribution supplémentaire de 10 millions de dollars sur cinq ans à ONU-Femmes. 

« La Déclaration et le Programme d’action de Beijing ont ouvert une nouvelle ère dans le combat pour l’égalité des sexes », a affirmé Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes).  Ces documents ont mené à des progrès considérables, dont 274 réformes législatives et normatives dans 131 pays. 

Aujourd’hui, a-t-elle dit, les femmes participent de plus en plus aux processus de paix.  En vertu du droit international, les crimes fondés sur le sexe dans les situations de conflit sont reconnus et poursuivis.  Les filles et les femmes sont davantage scolarisées et bénéficient d’un meilleur accès à la santé maternelle.  La reconnaissance des problèmes spécifiques auxquels se heurtent les filles a permis de s’attaquer aux pratiques préjudiciables, telles les mutilations génitales féminines (MGF).   

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a tenu à rappeler qu’à la création de l’ONU en 1945, « un tournant marquant et courageux », aucune femme n’était chef d’État ou de gouvernement.  En 1995, on en comptait 12 de ces femmes, et aujourd’hui, 22 parmi les 193 États Membres. 

Les progrès sont là mais « insuffisants et trop lents », a-t-elle tranché, ajoutant que le leadership féminin, notamment celui des jeunes femmes, est « vital », compte tenu de la nécessité urgente de reconstruire en mieux après la COVID-19.  « Les femmes et les peuples du monde exigent ces changements », a insisté Mme Mlambo-Ngcuka.   

Avec la Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable, « il n’y a plus aucune excuse pour ces déséquilibres », a-t-elle encore martelé.  Les femmes croient que le multilatéralisme et l’ONU sont indispensables, il faut donc qu’ils deviennent plus inclusifs.  

Les femmes, a précisé la Chef d’ONU-Femmes, exigent que l’on dépasse le seuil de 50% dans la représentation ou la parité dans toutes les sphères de l’économie, y compris dans les gouvernements et les conseils d’administration, sans oublier l’accès aux aides fiscales décidées dans le contexte de la COVID-19.  Les femmes, a-t-elle poursuivi, réclament une réelle participation à tous processus de paix.

Estimant que les pièces maîtresses sont désormais en place pour faire reculer l’extrême pauvreté, la Directrice exécutive a pressé: nous devons commencer maintenant.  Elle a demandé aux dirigeants du monde des engagements pour avancer rapidement, au-delà des modestes acquis enregistrés depuis 1995, lesquels sont d’ailleurs menacés aujourd’hui.  Il nous faut « des pas de géant » et pas de petits pas. 

Il est temps d’en finir avec les législations et normes discriminatoires, l’homophobie et la violence des hommes.  Ce vigoureux leadership doit s’accompagner d’une volonté sans faille, à la hauteur des défis, et d’investissements urgents dans les organisations féminines, les jeunes leaders féministes et les ministères et agences chargés de l’égalité des sexes.  Le Secrétaire général l’a fait, a souligné la Directrice exécutive, en parlant de la parité parfaite dans le système des coordonnateurs résidents.   

« Nous sommes à la croisée des chemins », a-t-elle prévenu.  Mlambo-Ngcuka a enfin remercié les parties prenantes au Forum « Génération Égalité », les jeunes pour leur « impatience radicale et constructive » et l’ONU pour sa faculté irremplaçable à rassembler le monde, comme elle l’a fait à San Francisco en 1945, à Beijing en 1995, et à New York en 2010 pour créer ONU-Femmes.  Dans le monde entier, les femmes ont foi en l’ONU et en la solidarité entre les nations.  Elles croient que le « Nous, les peuples » peut changer l’avenir lequel est « entre nos mains ». 

Alors que le monde célèbre le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence de Beijing et de son Programme d’action qui a constitué « une percée », Mme NATALIA KANEM, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s’est souvenue de l’enthousiasme lorsque les femmes du monde entier ont déclaré que les droits des femmes étaient des droits de la personne.  Aujourd’hui, je dis: les droits des femmes et des filles ne sont pas négociables.  Nous devons défendre les femmes et les filles face à l’adversité, s’agissant de la santé et des droits sexuels et reproductifs, essentiels pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  

 Ce matin, a rappelé la Directrice exécutive, une fille adolescente se réveillera pour apprendre qu’elle devra subir un rituel et quelques heures plus tard, elle subira une mutilation génitale.  Ailleurs, une fillette de 5 ans entendra ses parents dire que les filles sont un fardeau qui sera « allégé » dans quelques années avec un mariage à un homme beaucoup plus âgé.

Ces scénarios se répètent au quotidien dans le monde entier, a dénoncé la Directrice exécutive.  Quel est leur point commun?  Les inégalités entre les sexes et les tentatives de contrôler le corps et la vie des femmes.  Quand l’éducation et le potentiel des femmes sont sapés, le potentiel de l’humanité l’est aussi, a averti Mme Kanem.  Oui, il y a des progrès dont il faut se féliciter en ces 25 ans depuis Beijing.  Il y a eu des avancées depuis la Conférence du Caire sur la population et le développement.  Mais la vie des femmes et des filles dans le monde entier montre bien qu’il reste un long chemin à parcourir.  C’est pourquoi, la Directrice exécutive du FNUAP   a préconisé des mesures collectives et « c’est urgent ». 

Elle a rappelé que le FNUAP en tant que Coprésident de la Coalition sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, et à disposer de son corps, est au côté de la société civile.  Les données indiquent que seule 55% des femmes dans le monde peuvent prendre leurs propres décisions en matière de santé.  Une femme sur trois subit le traumatisme de la violence au cours de sa vie et l’année dernière, 280 000 adolescentes et jeunes femmes ont été infectées par le VIH/sida.  Plus de 800 femmes meurent chaque jour de complications liées à la grossesse et à l’accouchement.  Les violences sexuelles se sont accrues pendant la pandémie de COVID, de même que la grossesse des adolescentes.

Tous ces facteurs s’aggravent.  Dès lors, la Directrice exécutive a plaidé pour un soutien politique et des investissements ciblés, sinon, a-t-elle averti, les gains difficilement accumulés au fil des décennies seront mis en péril.  Le moment est venu de traduire les paroles en actes et surtout en financement des programmes transformateurs en faveur des femmes.  Car, a expliqué Mme Kanem, investir dans les femmes et les filles, ce n’est pas simplement une question de droit.  C’est une « décision de bons sens » qui aura des retombées positives sur l’économie.  Pour finir, elle a fait part de sa foi dans le rôle de chef de file des femmes dans les communautés et appelé, en cette Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de

Mme HILARY GBEDEMAH, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a dit que ce vingt-cinquième anniversaire offre l’occasion de réaffermir l’engagement à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Au cours de ces 25 dernières années, a rappelé la Présidente, le Comité a interprété les droits de la Convention à travers sa jurisprudence et ses Recommandations générales sur les femmes dans la vie politique, la santé, l’éducation, les femmes âgées, les travailleuses migrantes, les femmes rurales, les femmes en conflit, les pratiques néfastes, la violence sexiste à l’égard des femmes, l’accès des femmes à la justice, les changements climatiques et la traite de personnes.  Les recommandations du Comité exigent des États qu’ils prennent des mesures concrètes pour actualiser leurs obligations juridiquement contraignantes en vertu de la Convention et leurs engagements politiques, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing, a indiqué Mme Gbedemah.

La Convention, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing sont les moteurs d’un changement transformateur, a ajouté la Présidente.  La parité hommes-femmes dans l’éducation a été atteinte en moyenne au niveau mondial, le taux de mortalité maternelle a diminué de 38% entre 2000 et 2017 et plus de 150 pays ont adopté une législation portant spécifiquement sur les formes nationales ou autres de violence sexiste à l’égard des femmes.  Le Comité, a-t-elle poursuivi, a pu suivre et catalyser ces progrès en faisant ses observations finales sur les rapports périodiques des États parties, ses rapports d’enquête sur l’accès limité aux contraceptifs et à l’avortement modernes, les meurtres de femmes autochtones, les enlèvements de femmes et de filles pour le mariage forcé et les mutilations génitales féminines, ainsi que dans ses vues sur les plaintes des femmes victimes de violence sexiste ou d’autres violations.  Récemment, le Comité a recommandé une indemnité à une victime de violence sexuelle dans la guerre de Bosnie, a rappelé Mme Gbedemah.

Elle a ajouté que le développement durable ne peut se faire sans la participation égale des femmes à la prise de décisions et au leadership dans tous les domaines de la Convention, du Programme d’action de Beijing et des objectifs de de développement durable.  Le Comité, a-t-elle fait savoir, promeut une relation de renforcement mutuel entre la Convention et le Programme 2030, encourageant les États parties à rendre compte des progrès réalisés dans la réalisation des objectifs du Programme 2030 sur l’égalité des sexes.  L’année dernière, a-t-elle expliqué, une note d’orientation a été adoptée à l’intention des États parties pour l’élaboration de rapports.  En février, a informé la Présidente, le Comité adopté sa contribution au vingt-cinquième anniversaire de de la Déclaration de Beijing intitulée « Les femmes, moteurs du changement », une analyse des bonnes pratiques et des défis rencontrés dans la réalisation des objectifs de développement durable.  

Depuis Beijing, a-t-elle constaté, les normes de protection des droits des femmes sont de plus en plus attaquées, comme en témoignent les tentatives visant à diluer la Convention et l’accent mis sur les « valeurs traditionnelles » visant à confiner les femmes dans leur ménage et à rogner des droits dont les droits à la santé sexuelle et reproductive.  Les défenseures des droits humains sont confrontées à des menaces, à la violence, y compris en ligne, et à des obstacles juridiques tels que la criminalisation de leur travail ou des restrictions dans l’accès aux financements.  De plus, a ajouté Mme Gbedemah, la pandémie de COVID-19 touche les femmes d’une manière excessivement grave.

La note d’orientation sur la Convention et la COVID-19 donnent aux États les outils nécessaires pour promouvoir les droits des femmes dans leurs plans d’intervention et d’après-crise, a indiqué la Présidente, qui a annoncé que le Comité a également nommé un Rapporteur sur les représailles afin de protéger les personnes qui s’engagent ou cherchent à s’engager avec le Comité contre les menaces, les intimidations ou autres représailles.  Le Comité publie régulièrement des déclarations, souvent conjointement avec d’autres traités, pour attirer l’attention sur des questions telles que le rétrécissement de l’espace civique des femmes activistes, le harcèlement sexuel ou les droits de l’homme et les changements climatiques.

La Présidente a prévenu que, sans les ressources nécessaires, les organes conventionnels seront en retard dans leur travail, avec des conséquences désastreuses pour de nombreux titulaires de droits, y compris les femmes et les filles.  Avant de terminer, elle a appelé les États à saisir ce moment de l’histoire comme une occasion d’adopter des stratégies transformatrices fondées sur la non-discrimination et la solidarité, tant au niveau national qu’international, pour parvenir à l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et des filles et la réalisation de leurs droits fondamentaux.   

Mme ELISABETH BRODERICK, Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, a d’emblée souligné l’importance du Programme d’action de Beijing, le plus visionnaire à ce jour pour l’égalité des sexes et les droits fondamentaux des femmes et des filles.  Aujourd'hui, il est plus important que jamais, a-t-elle insisté.  Beijing, a-t-elle estimé, n’a jamais eu pour but de « bricoler ou de simplement ajouter » les femmes aux structures existantes.  C’est pourquoi, aujourd'hui, le Groupe de travail s’adresse à toutes les jeunes filles nées à cette époque, partout dans leur diversité.  « Ces jeunes femmes dont nous avons imaginé l’avenir il y a 25 ans ». 

« Vous êtes nées à un moment où les dirigeants du monde entier ont enfin reconnu que les droits des femmes étaient des droits humains et qu’avec une action volontaire, les hommes et les femmes marcheraient un jour côte à côte sur un pied d’égalité.  Lorsque vous avez eu 15 ans, les États et les organisations de défense des droits des femmes se sont à nouveau réunis et ont convenu que la réalisation de la vision de Beijing exigeait un mécanisme supplémentaire aux Nations Unies sur les droits des femmes.  C’est ainsi que le Groupe de travail est né en 2010, a rappelé Mme Broderick.  Vous avez maintenant 25 ans.  Les promesses qui vous ont été faites à votre naissance ont-elles été tenues?  Certes, des progrès importants ont été réalisés.  Dans le monde entier, les filles ont autant de chances que les garçons de terminer l’école primaire, même si leurs chances de faire de même dans l’enseignement secondaire et supérieur dépendent encore de leur adresse et de leurs moyens.  Les possibilités de travail se sont élargies, même si, aujourd’hui encore, la qualité et les conditions d’emploi des femmes restent préoccupantes.  Vous avez maintenant de nouvelles possibilités dans la vie politique puisque la représentativité des femmes a doublé.  Aujourd’hui, de nombreux pays se sont dotés de lois contre la violence à l’égard des femmes et assurent la protection des droits sexuels et génésiques des femmes. 

Mais, il y a encore tant à faire!  Vingt-cinq ans plus tard, la discrimination contre les femmes et les filles, et l’impunité des violations persistent.  En 2020, alors que nous luttons contre une pandémie qui a un impact négatif disproportionné sur les femmes, partout, dans toutes les régions, nos progrès durement acquis sont menacés. » 

Au nom de son Groupe de travail, la Présidente s’est adressée aux dirigeants du monde entier: « comment allez-vous utiliser votre pouvoir et votre influence?  Quelles promesses ferez-vous aux filles nées aujourd’hui et comment les tiendrez-vous? »  Aujourd’hui, nous avons fait le choix de nous réunir à nouveau collectivement, comme nous l’avions fait à Beijing, pour empêcher les reculs et réaffirmer l’égalité des sexes et pour nous engager à nouveau dans la vision qui a présidé à la naissance du Programme d’action.  « Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons changer l’avenir et nous le ferons. »

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, a rappelé qu’elle avait participé en 1995 aux travaux de la Conférence de Beijing.  2020, a-t-elle rappelé, devait être un jalon pour mesurer les progrès réalisés au bout de 25 ans, mais en raison de la COVID-19, tout a été remis en question et la cause des femmes a essuyé plusieurs revers.  Alors qu’elle n’a pu effectuer les visites de pays prévues par son mandat, l’experte a indiqué qu’elle a publié, le 27 mars 2020, un communiqué de presse alertant sur la montée des violences domestiques à la suite des mesures de confinement imposées dans le monde entier pour lutter contre la pandémie.  

Mme Šimonović, a également annoncé qu’elle a préparé un rapport sur les conséquences de la pandémie axé sur la problématique du genre.  Se joignant à l’appel lancé par le Secrétaire général, elle a exhorté à venir à bout des résistances vis-à-vis des femmes qui sont apparues au cours de l’année écoulée.  La Rapporteuse spéciale a par ailleurs souligné la nécessité de mettre l’accent sur des formes de violences moins documentées, comme la violence en ligne et la violence à l’encontre des femmes politiques.  Elle a également annoncé qu’elle prépare un nouveau rapport sur le viol, avant de juger nécessaire pour la communauté internationale d’élaborer un plan de mise en œuvre des droits des femmes et de faire de la question de la violence contre les femmes un point « permanent » de l’ordre du jour. 

Mme NOMZAMO MBATHA, Défenseure de l’égalité des sexes et Ambassadrice de bonne volonté auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a rappelé que, en 1995 à Beijing, le monde s’était engagé à garantir l’égalité des droits et des chances aux femmes et aux filles.  Plus de 25 ans plus tard, le Programme d’action de Beijing demeure selon elle la pierre angulaire de cette promesse.  Mme Mbatha a d’ailleurs noté que les États Membres viennent de réaffirmer leur engagement en faveur de la réalisation du Programme d’action avec l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés, qui prévoit notamment une protection spécifique pour les femmes et les filles vivant dans des camps de réfugiés.

Pour Mme Mbatha, cette dernière question constitue l’un des plus grands défis en matière de droit de l’homme, car plus de la moitié des millions de personnes déplacées dans le monde sont des femmes et des filles.  J’ai eu la chance, a-t-elle dit, d’aller à leur rencontre dans plusieurs camps de réfugiés et j’ai été inspirée par leur résilience, leur courage et leur espoir.   Mme Mbatha s’est remémorée sa rencontre avec une jeune réfugiée de 16 ans qui souhaitait devenir médecin comme son père, qu’elle voyait tous les matins enfiler sa blouse blanche avant d’aller sauver des vies.  Mais la guerre a éclaté et sa famille a été contrainte de fuir.  « Elle a dû mettre son rêve entre parenthèses. »  

Aussi, Mme Mbatha a-t-elle souligné l’importance de garantir l’éducation des filles dans les camps de réfugiés.  En plus de la fermeture des écoles en raison de la pandémie de COVID-19, les effets à long terme risquent d’empêcher la moitié des filles refugiées de retourner à l’école, s’est-elle inquiétée, citant les prévisions du Fonds Malala pour le droit des filles à l’éducation.  Selon Mme Mbatha, de nombreuses femmes et filles déplacées risquent de voir leur famille les contraindre à des relations sexuelles et des mariages précoces, en raison des retombées économiques de la crise sanitaire.  En conclusion, Mme Mbatha a appelé les États Membres à donner la priorité à la sécurité et à la sûreté des femmes et filles déplacées, ainsi qu’à la réalisation de leurs droits.  « Il ne peut y avoir de futur sans la participation pleine et entière des femmes et des filles », a-t-elle affirmé. 

Mme SASCHA GABIZON, Directrice de « Women Engage for a Common Future », a rappelé qu’elle était présente à la Conférence de Beijing et déploré que, 25 ans plus tard, l’on assiste à des régressions.  Elle a cité en exemple les attaques contre les droits à la santé sexuelle et reproductive, mais aussi les discriminations, emprisonnements, voire assassinats de femmes défenseurs des droits humains, de femmes autochtones, de femmes de couleur, de femmes trans. Nous avons besoin de vous tous pour repousser cette régression, a lancé Mme Gabizon. 

 Les féministes de la société civile soutiennent ONU-Femmes et sa campagne « Génération Égalité », a poursuivi Mme Gabizon.  Face aux multiples crises -conflits armés, COVID-19, crise climatique et environnementale– il faut encore davantage défendre les droits des femmes car elles sont en première ligne.  En effet, elles constituent la majorité des agents du secteur de la santé, elles forment la majorité des pourvoyeurs de nourriture à leur famille alors que 800 millions de personnes sombrent dans l’extrême pauvreté et la faim et elles sont la majorité des victimes de l’aggravation de la violence sexuelle et sexiste résultant du confinement consécutif à la pandémie. 

Les causes de cette violence et de cette discrimination sont « systémiques », issues du colonialisme, de l’esclavage ou des traditions patriarcales.  Elles sont soutenues par l’exploitation économique et les lois et institutions racistes, a poursuivi la représentante de la société civile.   

Mme Gabizon a fait état de progrès, qu’elle a attribués aux efforts « inlassables » de nombreuses féministes.  Elle a cité la campagne #MeToo et la nouvelle Convention 190 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement.  L’oratrice a appelé tous les États Membres des Nations Unies à la ratifier dès maintenant.  Elle a aussi exigé la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, de la Convention d’Istanbul, du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de son objectif 5 sur l’égalité des sexes.  Nous devons tous nous remettre sur les rails, a-t-elle affirmé.

Mme Gabizon a rappelé que déjà à Beijing, la société civile avait demandé aux États de cesser de financer les militaires et d’investir plutôt dans les soins de santé, la protection sociale et les droits des femmes.  Dans cette ligne, elle a demandé la fin du commerce des armes légères et l’adhésion à l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général.  « Nous avons besoin de voir au Conseil de sécurité les femmes et les hommes affectés par les conflits et pas les pays exportateurs d’armes », a lancé Mme Gabizon.  

Nous voulons reconstruire en mieux.  Nous voulons construire pour l’avenir, a poursuivi la militante de la société civile, qui a demandé aux États de se débarrasser de leur industrie du plastique, des pesticides, de l’extraction ou encore du nucléaire.  Il faut une transition juste pour tous les travailleurs de ces secteurs, a ajouté Mme Gabizon, qui a préconisé d’investir dans une transformation « verte et soucieuse d’égalité des sexes ».

L’oratrice a plaidé pour l’annulation de la dette, une répartition équitable des futurs vaccins contre la COVID-19 et une convention fiscale des Nations Unies pour mettre fin à la « spirale des paradis fiscaux.  N’attendons pas le centenaire des Nations Unies.  Les féministes veulent le changement maintenant, a conclu Mme Gabizon.

Mme IXCHEL ADOLFO, jeune femme dirigeante du Guatemala, s’est présentée comme une volontaire de 21 ans au sein d’un réseau départemental de jeunes filles, également à la tête d’une coalition d’action sur les violences basées sur le genre.  Dans son pays, a-t-elle précisé, 61% des femmes ont entre 15 et 24 ans, 78,3% sont éduquées et 21,7% analphabètes, selon les chiffres du recensement de 2018.  Si les femmes représentent un fort pourcentage de la population nationale, elles ne sont pas prises en compte dans la prise de décisions en raison du « machisme dominant » et de « l’inégalité inhérente » des droits. 

La pandémie de COVID-19 aggrave cette situation puisque 41% des cas confirmés et 27% des décès concernent des femmes, a poursuivi Mme Adolfo.  En raison de cette crise sanitaire, nous avons été touchées dans des domaines comme l’éducation et la santé, a expliqué la jeune dirigeante.  Les femmes sont également confrontées aux violences sexuelles et sexistes, au chômage et aux grossesses précoces, a-t-elle encore souligné, faisant état de 1 262 grossesses chez des filles de 10 à 14 ans depuis janvier. 

À la lumière de ces données et au nom des adolescentes, la jeune cheffe de file a demandé à tous les responsables, hommes et femmes, de créer un environnement sûr « de notre enfance à notre vie adulte », où nulle n’aura à craindre la violence, la discrimination, l’exclusion, la disparition forcée ou la mort.  Elle a plaidé pour une « protection intégrale » depuis les premières années de la vie, pour l’éducation et l’autonomisation, l’accès aux soins de santé et la fin de la stigmatisation « lorsque nous demandons des contraceptifs ou l’aide du planning familial ».  Elle a par ailleurs souhaité que soient proposés aux jeunes femmes des emplois qui n’exigent pas des années d’expérience et des formations adéquates.  Pour y parvenir, a-t-elle conclu, « nous devons agir de concert, jeunes et preneurs de décisions, et ouvrir des espaces de dialogue parce que nous savons mieux que quiconque quels sont nos besoins ».

Débat général

Lutte contre la pauvreté et participation des femmes à la vie économique

Tous se sont accordés à dire que les femmes sont les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19.  Comme ont dit craindre les Présidentes de l’Éthiopie et du Népal, les gains réalisés au cours des 25 dernières années, notamment sur le plan socioéconomique, risquent d’être annulés.  Le Président de la France a donc souhaité faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une « priorité » de sa diplomatie.  Nous le devons à toutes les femmes qui ont été en première ligne face à la crise sanitaire, a-t-il martelé.  Nous le devons à toutes celles qui ont subi plus durement que les hommes les effets directs ou indirects de cette crise, aux 11 millions de filles qui pourraient ne jamais retrouver le chemin de l’école, aux femmes privées de contraception, aux victimes de féminicides et de violences domestiques.

De façon générale, l’heure est à la vigilance et à la mobilisation, a averti le dirigeant français.  En 2020, la Déclaration de Beijing n’aurait aucune chance d’être adoptée.  Partout, a-t-il dénoncé, les droits des femmes sont attaqués.  Des progrès acquis de haute lutte sont remis en cause jusque dans nos démocraties, à commencer par la liberté pour les femmes de disposer de leur propre corps et, en particulier, le droit à l’interruption volontaire de grossesse.  Son homologue de la Finlande a, lui aussi, défendu avec force les droits sexuels et reproductifs des femmes.

Parfois on subit des revers, a renchéri la Présidente de la Commission européenne, même si « nous avons de la chance au sein de l’Union européenne », car sur les 20 premiers pays du monde en matière d’égalité des sexes, 14 sont des États membres de l’Union européenne (UE).  Elle a défini une série d’actions clefs pour 2021-2025 dans trois domaines: la prévention et l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles; la promotion et l’autonomisation des femmes; et l’égalité salariale, car il existe toujours un écart de 16% dans l’UE.  La Présidente a promis qu’elle soumettra des mesures « contraignantes » sur la transparence salariale avant la fin de l’année.  « Nous avons besoin de transparence salariale pour que les femmes puissent prouver qu’elles sont sous-payées. »

« Frappée » lors du débat général de l’Assemblée générale par le fait que seule une petite dizaine d’États sur 193 États Membres étaient représentés par des femmes, la Présidente de la Suisse s’est enorgueillie de ce que l’« égalité des sexes n’est pas nouvelle chez nous ».  Première fois à occuper ce poste dans son pays et dans sa région, son homologue de la Géorgie, qui a salué la mémoire de la juge américaine, Ruth Bader Ginsberg, a reconnu qu’il faut faire plus pour l’autonomisation des femmes, notamment celles qui travaillent dans l’économie informelle.  Les femmes qui dépendent pour vivre de cette économique, a confirmé la dirigeante de l’Éthiopie, se trouvent dans des conditions extrêmement difficiles.  Nous ne devons pas laisser la pandémie freiner nos progrès, a plaidé son homologue du Népal, en demandant des plans de relance « solides » qui prennent en charge les besoins socioéconomiques des femmes et des filles.

Il est important, a encouragé le Président du Ghana, que le continent africain ne baisse pas les bras et continue à lutter contre les inégalités entre les sexes.  Nous avons redoublé d’efforts, a affirmé son homologue du Nigéria, pour garantir la participation des femmes à tous les aspects de la vie, notamment dans le secteur agricole grâce des crédits à taux zéro.  Même chose au Botswana, a assuré son Président où l’on poursuit la politique nationale pour l’égalité des sexes et le développement économique, centrée sur la lutte contre la pauvreté.

Préoccupée elle aussi par les effets socioéconomiques de la COVID-19, la Présidente de la Bolivie a insisté sur l’accès des femmes au crédit et l’égalité d’accès à l’emploi.  En la matière, le Président de Kiribati a indiqué que chez lui, les femmes représentent 58% de la population active et que leur taux de chômage est de 43,5% contre 33% chez les hommes.  Un « Manifeste » a été lancé pour améliorer l’accès des femmes à la microfinance.

L’égalité des sexes n’est pas seulement un droit humain fondamental: elle est liée à la performance économique et sociale globale d’une société, a martelé le Président de la Slovénie, chez qui l’écart salarial est le moins élevé au monde.  De nombreuses femmes prospèrent car des progrès ont été accomplis dans le partage plus équitable de la prise en charge de la famille.  En Macédoine du Nord, s’est désolé son homologue, les progrès sont encore insuffisants pour surmonter les obstacles en matière d’emploi, de discrimination sur le marché du travail, d’écart salarial ou de travail non rémunéré, alors que 78% des plans de développement sont alignés sur le cinquième objectif de développement durable relatif à l’égalité des sexes.

L’Égypte, a assuré son Président, a été le premier pays au monde à publier un document politique répondant aux besoins spéciaux des femmes et des filles dans le contexte de la pandémie, avec plus de 106 décisions et mesures de soutien à la femme égyptienne.  Le pays, où se trouve déjà le siège de l’Organisation de la femme arabe de la Ligue arabe, s’apprête d’ailleurs à accueillir l’Organisation pour le développement de la femme.

Ces dernières années, nous avons pris des mesures historiques pour renforcer le rôle des femmes dans la vie quotidienne, s’est félicité le Président de la Turquie.  Il a vanté le principe « Femmes fortes, Famille forte, Société forte » qui encourage la participation des femmes à la vie active.  Depuis 1995, la main d’œuvre féminine est passée de 3,9 millions à 10,6 millions de personnes et le taux d’activité des femmes a augmenté de 6,5 points pour s’établir à 34,4%.

Toutefois la pandémie de COVID-19 peut anéantir ces progrès en matière d’autonomisation des femmes.  Le Président du Malawi s’est alarmé: la fermeture d’écoles au cours de ces cinq derniers mois a entraîné « une flambée sans précédent » de grossesses précoces, de mariages d’enfants, de la violence sexiste et de la perte d’opportunités économiques pour les femmes.  La crise actuelle exige donc une évaluation objective de la façon dont nous et toutes les parties prenantes pouvons arrêter « l’hémorragie », a-t-il dit.

Mon administration continue de promulguer une législation progressiste qui « interdit » l’oppression des femmes dans les secteurs socioéconomiques, notamment dans le secteur agricole, a rassuré le Président du Zimbabwe.  Il a par exemple évoqué la création de la Banque de microfinance.  En Afrique du Sud, a indiqué son Président, des lois ont été amendées pour permettre aux femmes de devenir financièrement indépendantes et d’avoir un meilleur accès à la terre.  Le pays doit ratifier la convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur la violence et le harcèlement sur le lieu de travail et promouvoir les petites et moyennes entreprises dirigées par des femmes avec des instruments de financement numériques.

« 2020 était censée être une année charnière pour tenir les promesses de Beijing et accélérer le changement », a conclu le Président du Kenya.  Or l’émergence de cette pandémie est sans précédent et si nous ne faisons pas attention, elle risque d’annihiler tous nos gains, a-t-il mis en garde.  « Je crois qu’il s’agit d’un appel à renforcer notre détermination à aller de l’avant et à démontrer notre résilience, en acceptant les défis que nous vivons et en les considérant plutôt comme une occasion de reconstruire en mieux. »

Accès des femmes et des filles à l’éducation et à la formation, et participation à la prise de décisions

Les filles vont davantage à l’école et les femmes participent plus à la vie politique qu’il y a 25 ans, ont majoritairement salué les États Membres, mesurant le chemin parcouru depuis l’adoption, en 1995, de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

Loin de tout triomphalisme, la Première Ministre de l’Islande a cependant noté que le cinquième objectif de développement durable sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles est de loin celui qui accuse le plus de retard par rapport aux autres objectifs du Programme 2030.  Sur le plan de l’éducation, la pandémie de COVID-19 fait même planer la menace d’un retour en arrière, ont mis en garde les Premiers Ministres de la Suède et de la Norvège, en raison notamment du risque de recrudescence des grossesses précoces et des mariages d’enfants, du fait de la crise sanitaire.

Pour lutter contre ces phénomènes, le Vice-Président de la Sierra Leone a indiqué que son gouvernement a pris des mesures « spécifiques ».  En plus de stratégies de prévention des grossesses non désirées chez les adolescentes, l’Uruguay a dit avoir mis en place un mécanisme d’aide aux étudiantes qui auraient des enfants de moins de 5 ans, afin de leur permettre de terminer leurs études, a indiqué la Vice-Présidente du pays.  Il ne faut pas oublier, a ajouté le Président du Libéria, les autres pratiques traditionnelles qui peuvent porter préjudice à l’éducation des filles.  Le Gouvernement libérien vient d’ailleurs de fermer temporairement des écoles en brousse pour stopper les mutilations génitales féminines.   

Se défaire de telles normes culturelles n’est pas une chose aisée, a reconnu le Premier Ministre des Fidji.  Mais nous n’avons pas le choix.  Aujourd’hui dans son pays, grâce aux efforts de remise en cause des structures traditionnelles, les adolescentes fidjiennes ont plus de chance que les adolescents de mener à bien leur éducation secondaire, soit 92% d’entre elles, d’aller à l’université et de choisir leur famille comme leur carrière.  « Toute la société est perdante quand les talents de la moitié de la population sont sous-utilisés », a martelé le Chef d’État fidjien.    

La crise sanitaire a en outre limité la faculté des femmes à recevoir une formation professionnelle, compte tenu des difficultés économiques, a noté la Vice-Présidente de l’Équateur, où la majorité des 8,8 millions de femmes vit dans des zones rurales très affectées par la pandémie.  En plus de la discrimination ethnique qu’elles subissent et des difficultés qu’elles rencontrent en raison du nombre d’enfants à leur charge, ces femmes doivent travailler davantage dans leur ménage, ce qui les empêche de se former et de se lancer dans l’entreprenariat.  En Équateur, a précisé la Vice-Présidente, les femmes travaillent en moyenne 25 heures de plus que les hommes en milieu rural et 6 heures de plus en zone urbaine.

Pour remédier à ces revers durant la crise sanitaire, le Président des Seychelles a plaidé en faveur de solutions « innovantes ».  Il a dit avoir participé à la mise en place d’une plateforme mettant en lien environ 50 millions de femmes africaines, afin qu’elles puissent se former mutuellement. 

Ce sont aussi les normes traditionnelles qui font aussi obstacle à la participation des femmes à la vie politique, a déclaré le Premier Ministre de Tuvalu, au nom des 14 pays membres du Forum des îles du Pacifique.  La participation des femmes du Pacifique à la prise de décisions demeure « limitée, voire réduite ».  « Nous devons nous transformer culturellement », a-t-il lancé, devant la persistance des structures traditionnelles qui se retrouve également dans des aspects de la vie moderne.  La Première Ministre du Danemark a en effet constaté des obstacles à la participation des femmes à la démocratie en ligne. 

De nombreux pays se sont toutefois enorgueillis des progrès réalisés dans la représentation des femmes dans leurs instances décisionnelles.  La Première Ministre du Bangladesh a ainsi souligné que son pays compte « une » Chef de l’opposition et « une » Présidente du Parlement.  Le Bangladesh compte désormais plusieurs femmes juges à la tête de tribunaux importants, des professeures dans les universités publiques et des femmes ministres au Gouvernement, a ajouté la Présidente, précisant que 30% des sièges dans les collectivités locales sont réservés aux femmes.  Le même pourcentage régit notre Parlement, a indiqué le Premier Ministre de l’Eswatini.  « Nous n’avons jamais eu autant de femmes parlementaires dans l’histoire de notre pays », a annoncé la Première Vice-Présidente du Costa-Rica.

Quant aux Tonga, deux des principaux portefeuilles du Gouvernement actuel sont détenus par des femmes, a renchéri le Premier Ministre du pays, en parlant de la Ministre des infrastructures et du tourisme et de la Ministre de la santé.  Une femme a même été élue pour la première fois Gouverneure de la plus grande île du pays, s’est réjoui le Président des Comores.  La Vice-Présidente de la Colombie s’est targuée d’être la première femme de l’histoire de son pays à occuper ce poste.  Elle a également vanté les mérites de son cabinet ministériel paritaire, du nouveau Conseil consultatif colombien pour les femmes chefs d’entreprise et du Secrétariat responsable des questions liées à l’égalité des sexes au niveau régional.  « Le moment est venu de donner la vedette aux femmes colombiennes », a-t-elle lancé.  

Il y a plusieurs décennies, il aurait été « impensable » d’avoir une femme à la tête de si nombreux États, a salué la Chancelière allemande, avant d’affirmer que les pays qui ont le plus de succès socioéconomiques sont justement ceux où des femmes assument des responsabilités élevées.  La Vice-Première Ministre du Kazakhstan a même proposé à l’ONU d’appuyer la création d’« un centre anticrise assorti d’une banque de données sur les expériences dans la défense des droits de femmes ».  Il faudrait d’ailleurs que les femmes participent davantage à l’élaboration des politiques de lutte contre la pandémie, a souligné le Premier Ministre de l’Espagne.  « Quand les femmes avancent, c’est toute la société qui avance », a-t-il déclaré.  

Santé et lutte contre la violence à l’égard des femmes

« Trop de femmes  meurent dans le monde juste parce qu’elles sont des femmes, et c’est insupportable », s’est indigné la Première Ministre de la Belgique, rejointe par son homologue du Danemark, qui a salué l’action décisive des mouvements féministes et les associations de défense des droits des femmes.  Le droit à vivre à l’abri de la violence est défendu par des accords internationaux, tels que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence contre les femmes de 1993.  Il n’empêche, «  25 ans de gains acquis de haute lutte » sont menacés par des revers et des « mouvements réactionnaires  », a poursuivi le Premier Ministre du Danemark, citant cette « triste » statistique : une femme sur trois dans le monde fera l’objet de violences au cours de sa vie.  

Le Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement des Pays-Bas a aussi constaté une tendance réactionnaire: après 25 ans de progrès, « les alliances sont en train de se renverser ».  Beaucoup de délégations l’ont affirmé : la pandémie de COVID entraîne des conséquences négatives et profondes s’agissant de la violence à l’égard des femmes.  La lutte contre cette violence connaît actuellement une régression dans de nombreux pays, a renchéri le Vice-Premier Ministre de l’Arménie, malgré les plans nationaux et l’éventail de lois spécifiques.   Les violences sexuelles, sexistes et domestiques se sont propagées au même rythme que la pandémie, a souligné le Premier Ministre du Danemark, et la situation est pire pour les femmes handicapées.  Le même constat a été établi par la Ministre de la condition féminine et des populations vulnérables du Pérou.  

La recrudescence des « violences sexuelles », des « intimidations », de la « discrimination », du « sexisme », des « stéréotypes » et même de la « violence en ligne » du fait des situations de quarantaine et des restrictions à la liberté de circulation pendant la pandémie, ont été dûment dénoncés par la Première Ministre de la Belgique.  Le virus «  agit dans l’ombre de manière profondément inquiétante  », selon le Ministre néerlandais.  Pour comprendre ce phénomène, le Ministre à la présidence du Portugal a dit que son pays a lancé une étude d’envergure, ayant fait de la lutte contre la violence à l’égard des femmes une « priorité », ainsi que la formation des forces de police.   

« Les femmes devraient se sentir en sécurité qu’elles soient au travail ou chez elles », a appuyé le Ministre des affaires étrangères et de la condition féminine de lAustralie, qui a aussi fait de la réduction des violences faites aux femmes « une priorité nationale », à l’instar de nombreux pays comme l’Inde où, a affirmé son Ministre de la condition féminine et de l’enfance, plusieurs lois condamnant le harcèlement sur le lieu de travail et garantissant la protection des femmes contre la violence domestique ont été adoptées.  Garantir la primauté du droit », via plusieurs lois et mécanismes de protection des victimes de la violence domestique est également une priorité de mon pays, a dit la Présidente du Sénat de l’Ouzbékistan.  Le Représentant du Pakistan a évoqué un «  numéro vert » pour prodiguer des conseils aux femmes victimes de violence.    La Ministre de la condition féminine et de l’égalité des sexes du Chili a parlé de la mise en place d’un programme intitulé « Masque-19 » permettant à toute Chilienne victime de violence de contacter des équipes de protection.   

La Serbie, a indiqué sa Vice-Première Ministre, a créé des mécanismes de coordination, dans le même esprit que le Pérou qui a adopté une loi sanctionnant la violence domestique et une ligne budgétaire spécifique, en 2019. Saint-Vincent-et-les Grenadines, a indiqué son Vice-Premier Ministre, a lui aussi mis en œuvre un plan d’action national, accompagné d’une révision de la législation pénale.  

 Aucune tradition, coutume ou religion ne saurait justifier la violence faite aux femmes, a insisté la Belgique et en la matière, le rôle de l’éducation des hommes et des jeunes a été souligné par le Danemark, qui a relevé « l’importance de la prévention pour prévenir des dangers avant qu’ils n’adviennent ». 

Plusieurs pays ont évoqué les violences sexuelles liées aux conflits.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq a cité l’adoption en 2019 d’une loi sur les rescapés pour aider les femmes ex-otages de Daech, notamment les femmes yézidies, à reprendre une vie normale et participer à la reconstruction de leur communauté.    Le Vice-Premier Ministre de l’Ukraine a prévenu que « les importants progrès » risquent de subir un revers, alors que se poursuit « l’agression armée » de la Fédération de Russie.  En dépit de nombreuses avancées, La Ministre du genre, de la famille et de l’enfance de la République démocratique du Congo (RDC), a imputé les violences sexuelles aux groupes armés.  

Quelques délégations, notamment le Portugal, ont vanté de grands progrès dans le secteur de la santé sexuelle et reproductive.  Mais dans ce secteur également, la pandémie a aggravé la situation.  Les grossesses non désirées sont en augmentation, a prévenu le Danemark, qui a rappelé que même avant la COVID-19, 800 femmes mouraient en couche chaque jour dans le monde à cause de complications. Beaucoup n’ont pas accès à des moyens de contraception.  Les enfants, a insisté le Premier Ministre du Danemark devraient avoir accès à la santé sexuelle et reproductive et décider du nombre d’enfants qu’elles veulent.  Le Forum « Génération égalité », sous la houlette d’ONU Femmes, de la France et du Mexique, mais aussi la pandémie de COVID-19 offrent l’occasion de mobiliser davantage la communauté internationale et les hommes politiques pour changer la société « comme nous l’avions rêvé à Beijing », a conclu le Danemark sur une note positive : «  aucun pays n’a atteint tous ces objectifs, c’est pourquoi il nous faut rester concentrés ». 

Droits fondamentaux des femmes

« Disons les choses clairement, même si certains disent parfois le contraire, il n’y a pas de droit universel à l’avortement », a indiqué la Ministre des femmes, de la famille et des droits de la personne du Brésil.  « Rien ne justifie ce droit hypothétique ».  Elle a estimé que le Programme d’action de Beijing doit promouvoir les valeurs de la famille, comme « socle de la société ».  Les recommandations internationales sur la santé sexuelle et reproductive doivent être mises en œuvre dans le respect des « limites » prévues par les législations nationales, a tranché la Ministre brésilienne à laquelle s’est opposée le Ministre des affaires étrangères de l’Irlande.  

Mon pays, a-t-il dit, compte investir davantage encore dans les services de santé sexuelle et reproductive et l’égalité des sexes quand l’Irlande entamera son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité en janvier prochain.  L’insuffisance de ces services a été invoquée par la Ministre de la femme et de la protection de la petite enfance du Tchad pour expliquer un taux de fertilité de 6,4 enfants par femme, en 2015.  Elle a également indiqué que la même année, plus de 25% de filles entre 20 et 24 ans étaient mariées avant l’âge de 15 ans.  Les mutilations génitales touchent, a-t-elle ajouté, plus de 35 % des Tchadiennes.  La Ministre des affaires sociales, de la famille et de l’enfance de la Mauritanie a indiqué que son pays s’est attelé à un véritable « changement de mentalités » sur la place de femmes dans la société, avec notamment le concours des scientifiques et des imans, dans le respect de la Charia islamique, qui est la source du « droit applicable » en Mauritanie.  

C’est également à un véritable changement de mentalités qu’a appelé la Ministre de l’égalité sociale d’Israël, qui a confié raconter le soir à ses enfants les vies des femmes d’exception telles que Marie Curie, Rosa Parks, Golda Meir ou bien encore Ruth Bader Ginsburg.  Dans ce même ordre d’idée, la Ministre du développement communautaire des Émirats arabes unis a indiqué que les femmes constituent 20% du personnel ayant travaillé au lancement de la sonde émiratie, dite « de l’espoir », pour la planète Mars.  

Une meilleure place de la femme passe par une augmentation du nombre des élues, ont souligné un grand nombre de pays, à commencer par la Ministre de la femme, de la famille et de l’enfant de la Côte d’Ivoire qui a cité la loi du 14 octobre 2019 qui institue  30 % de candidatures féminines dans tous les scrutins. Même son de cloche du côté de son homologue de l’Arabie saoudite qui a affirmé que les femmes constituent 20% des membres de la Shura, l’Assemblée consultative saoudienne, avant d’ajouter que son pays, grâce à ses « efforts colossaux », vient de se classer au second rang des pays arabes, s’agissant de la promotion de la place de la femme. « Riyad a été décrétée, capitale de la femme arabe. » 

Dans ce droit fil, la Ministre de l’autonomisation des femmes et de la protection de l’enfance de l’Indonésie a indiqué que le Parlement compte 20,5% des femmes, un chiffre en « augmentation constante » qui reste néanmoins loin de la cible de 30%.  La Ministre a souligné la nécessité d’effacer la division sociale des rôles, à l’instar de la Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein qui a plaidé pour une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée, pour les femmes comme pour les hommes.  De son côté, la Ministre du pouvoir populaire pour la femme et l’égalité de genres du Venezuela a profité de sa déclaration pour dénoncer le « blocus criminel » imposé à son pays par les États-Unis, qui usent par ailleurs des acheminements en médicaments et nourritures comme de véritables « moyens de pression ».

Déclaration de clôture

Le Président de l’Assemblée générale a rappelé qu’en 1995, les nations du monde ont adopté la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, l’agenda mondial « le plus complet et le plus transformateur » pour l’égalité des sexes.  Il ne fait aucun doute, a dit le Président, que nous avons fait des progrès et pourtant aucun pays ne peut prétendre avoir réalisé la parité, alors que la crise actuelle menace de compromettre des gains durement acquis. 

Les discussions d’aujourd’hui, a estimé le Président, ont montré qu’il reste encore beaucoup à faire mais aussi que « nous sommes déterminés » à accélérer la réalisation de l’égalité des sexes.  Le Président a exhorté les États Membres à exploiter le « pouvoir de convocation » de l’Assemblée générale pour combattre les menaces à la société. 

Pendant des générations, a-t-il souligné, les femmes ont subi discrimination, marginalisation et difficultés.  Nous devons faire en sorte qu’aucune femme n’ait plus besoin de justifier sa présence et qu’aucune femme ne soit menacée, sous-payée et sous estimée pour le travail qu’elle fait.  Personne ne devrait être limitée par un plafond de verre ou collée au sol par une bande velcros.  Je suis heureux, a avoué le Président, que le monde ait reconnu aujourd’hui la résilience des femmes du monde entier. 

Mais, a-t-il prévenu, il faut joindre la parole aux actes.  Le Président a espéré que les femmes recouvront leur voix et leur pouvoir, qu’elles se libéreront du dénigrement, des abus et de l’oppression et qu’elles se sentiront en sécurité dans n’importe quel endroit.  Les Nations Unies se tiennent aux côtés des femmes du monde entier et la conversation que l’Assemblée générale a eue aujourd’ui est « un pas dans notre voyage commun vers l’égalité ».

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