En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
58e et 59e séances – matin & après-midi
AG/12241

Assemblée générale: l’Ukraine affirme vouloir rétablir son intégrité territoriale par des moyens pacifiques

Le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine a déclaré ce matin, devant l’Assemblée générale, que le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par des moyens pacifiques est la plus importante priorité du Président Zelenskyy, à l’occasion d’une séance au cours de laquelle la Fédération de Russie a insisté sur l’importance de mettre en œuvre les Accords de Minsk pour résoudre le conflit.

M. Vadym Prystaiko a notamment assuré que l’Ukraine est impatiente de revigorer les cadres internationaux, comme le format Normandie et le Groupe de contact trilatéral, pour rechercher une solution globale et durable au conflit.  Le dernier sommet du format Normandie à Paris, le 9 décembre 2019, a montré notre engagement à trouver une solution au conflit, a-t-il affirmé.

« Même si le Kremlin reste sourd et aveugle aux appels et aux décisions de la communauté internationale, je suis absolument convaincu que l’unité et la solidarité internationales, le respect et la promotion des droits de l’homme sont l’unique voie pour stopper l’agression de Moscou contre mon pays et éventuellement conduire à la levée de l’occupation des territoires ukrainiens occupés », a affirmé M. Prystaiko. 

Faisant le bilan de la situation sur le terrain, M. Prystaiko a indiqué que la situation humanitaire dans les régions de Donetsk et de Louhansk continue de se détériorer et que plus de 3,4 millions de personnes auront besoin d’une aide en 2020.  Et pendant que l’Ukraine lance de nouvelles initiatives humanitaires dans le Donbass occupé, la Russie y consolide une « politique de terreur digne des chasses aux sorcières de l’ère stalinienne », a-t-il dénoncé.

Le Ministre a appelé la Russie à immédiatement mettre en œuvre les dispositifs sécuritaires agréés par les dirigeants du format Normandie, prévenant que sans sécurité fondamentale et conditions politiques préalables, les habitants du Donbass ne pourront pas faire leur choix démocratique lors des élections locales. 

Il a en outre souligné que l’établissement d’une présence internationale mandatée par l’ONU le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie permettrait de solutionner les problèmes liés aux 400 kilomètres de frontières entre l’Ukraine et la Russie qui demeurent une porte ouverte au personnel militaire et aux armes russes. 

La Fédération de Russie a toutefois estimé que la nouvelle Administration ukrainienne ne fait que poursuivre l’ancienne politique et l’a engagée à appliquer les Accords de Minsk qui, a-t-elle souligné, constituent la solution au conflit.  Mais l’Ukraine ne veut pas reconnaître cela, a déploré la délégation russe qui a par ailleurs affirmé qu’il n’y a pas de territoires occupés en Ukraine.

Selon elle, la Crimée est un territoire russe puisque ses habitants se sont exprimés lors du référendum pour leur unification à la Fédération de Russie, tandis que la situation au Donbass relèverait d’un conflit civil entre Kiev et la population locale qui s’oppose au « coup d’État de Maidan ». 

Le règlement du conflit passe par le dialogue entre les parties opposées, a insisté la délégation russe qui a regretté que l’Ukraine ne veuille pas négocier avec les habitants du Donbass sous prétexte « qu’ils seraient des marionnettes russes ».  Comment va-t-on alors mettre en œuvre l’accord conclu à Paris en décembre? s’est inquiété le délégué. 

Au cours de cette séance, de nombreuses délégations ont salué les efforts déployés en décembre lors du sommet du format Normandie.  Les États-Unis, comme d’autres pays, se sont aussi félicités du récent échange de prisonniers, suite à une initiative du Président ukrainien, et des efforts déployés pour améliorer la situation humanitaire des populations des deux côtés de la ligne de contact. 

La violation du cessez-le-feu, il y a deux jours, à Zolote, a toutefois suscité de nombreuses préoccupations et les parties ont été appelées à faire preuve de retenue maximale.  La Fédération de Russie a en outre été appelée à plusieurs reprises, notamment par la Belgique, à utiliser son influence sur les formations armées pour les encourager à respecter pleinement leurs engagements.

Nombre de délégations se sont également inquiétées des conséquences de la militarisation de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie, de la situation dans la mer d’Azov et le détroit de Kertch, ainsi que des graves violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales des personnes résidant sur ce territoire, à commencer par les Tatares de Crimée.  La France a notamment appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à sa politique visant à terroriser toutes celles et tous ceux qui « osent dénoncer haut et fort » l’annexion de la Crimée. 

Le Ministre ukrainien a en outre indiqué que l’occupation de la Crimée avait donné lieu à une nouvelle forme de discrimination contre les musulmans, les Tatars de Crimée et les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine, et a appelé l’Assemblée générale à se saisir de la question des libertés religieuses.

De nombreuses voix se sont par ailleurs élevées pour appeler à la levée des obstacles qui empêchent la Mission spéciale d’observation de l’OSCE d’accéder à l’ensemble du territoire ukrainien.  L’Union européenne a salué, pour sa part, les efforts déployés par l’Ukraine pour obtenir justice en utilisant les instruments juridiques internationaux et les tribunaux, notamment la Cour européenne des droits de l’homme, les tribunaux d’arbitrage et la Cour internationale de Justice (CIJ). 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

LA SITUATION DANS LES TERRITOIRES UKRAINIENS TEMPORAIREMENT OCCUPÉS

Déclarations

M. VADYM PRYSTAIKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré qu’au moment de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, un des membres permanents du Conseil de sécurité tente d’annexer et occupe certaines parties du territoire ukrainien et continue de tuer « nos citoyens ».  Avant-hier, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a examiné la situation en Ukraine quelques heures après l’attaque brutale perpétrée par les forces d’occupation russes contre des positions ukrainiennes, tuant un soldat et blessant six autres.  La tentative de ce membre « très permanent » d’imposer son interprétation de la situation n’a pas été soutenue par les membres du Conseil, s’est-il félicité.  Cependant, cet État agresseur sape les capacités du Conseil et rend ainsi nécessaire d’aborder la question des territoires ukrainiens temporairement occupés à l’Assemblée générale, sa voix forte restant un moyen de pression important pour que la Russie respecte le droit international et arrête son agression contre l’Ukraine.  M. Prystaiko a ensuite rappelé que depuis 2014, cet organe a adopté sept résolutions condamnant l’agression russe et l’occupation des territoires ukrainiens.  Il a également affirmé que le 20 février 2014 restera dans les livres de l’histoire comme le jour où un coup terrible a été porté au droit international, décriant notamment le manque de réaction adéquate. 

Faisant le bilan de la situation, le Ministre a indiqué que près de 44 000 kilomètres carrés, ou 7% du territoire de l’Ukraine, se trouvent à présent sous occupation étrangère.  Plus 1 400 personnes ont été tuées et plus de 27 000 autres sont blessées.  Près de deux millions de résidents de la Crimée et du Donbass sont devenus des personnes déplacées ou des réfugiés. 

En outre, la situation humanitaire dans les zones affectées par le conflit dans les régions de Donetsk et de Louhansk continue de se détériorer.  Plus de 3,4 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire en 2020.  Plus de 500 000 personnes vivent dans des zones directement touchées par le conflit armé, alors qu’un autre million sont exposées aux mines terrestres et à des restes explosifs de guerre dans une région qui est devenue l’une des plus contaminées par les mines au monde.  Il a également indiqué que le plan de réponse humanitaire 2020 pour l’Ukraine cherche à lever 158 millions de dollars pour venir en aide à deux millions de personnes. 

« Les zones occupées sont devenues un territoire de peur et de terreur », a poursuivi M. Prystaiko qui a affirmé que les autorités d’occupation y répriment systématiquement les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  L’économie dans le Donbass occupé est détruite.  L’équipement sophistiqué de nombreuses entreprises stratégiques, qui procuraient un emploi à des milliers d’Ukrainiens dans la région, a été démantelé et déplacé en Russie et ces entreprises sont à présent fermées.  Il a également averti du danger qu’encoure la situation environnementale en raison de l’abandon des mines de charbon dans le Donbass et du risque de contamination des nappes phréatiques.

Poursuivant, le Ministre a assuré que le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine par des moyens pacifiques est la plus importante priorité du Président Zelenskyy.  L’Ukraine respecte les 20 renouvellements de l’engagement en faveur du cessez-le-feu, tandis que les forces russes et leurs supplétifs continuent les attaques et les bombardements.  Pendant le seul mois de janvier 2020, 11 militaires ukrainiens ont été tués et 33 autres blessés, a-t-il dénoncé.

L’Ukraine a également prorogé la loi sur l’autogouvernance et a accepté plusieurs mesures dans le domaine politique, pendant que la Russie continue d’octroyer des passeports de manière illégale dans le but de rattacher le Donbass à l’espace politique et économique russe.  L’Ukraine, a-t-il encore affirmé, a lancé de nouvelles initiatives humanitaires dans le Donbass occupé tandis que la Russie y consolide une politique de terreur digne des chasses aux sorcières de l’ère stalinienne.

Le Ministre a ensuite assuré que l’Ukraine est impatiente de revigorer les cadres internationaux, comme le format Normandie et le Groupe de contact trilatéral, pour rechercher une solution globale et durable avec la Russie et les partenaires de médiation.  Le dernier sommet du format Normandie à Paris, le 9 décembre 2019, a montré notre engagement à trouver une solution au conflit, a-t-il dit.

M. Prystaiko a également rappelé le rôle du Président Zelenskyy dans l’échange de 24 marins ukrainiens capturés dans le détroit de Kertch, contre de « très mauvaises personnes » détenues dans les prisons ukrainiennes.  Il a espéré que le prochain échange de prisonniers aboutisse bientôt, et a appelé à accorder au Comité international de la Croix-Rouge un plein accès aux détenus dans les « zones non contrôlées » et à l’autoriser à mener des recherches sur les personnes disparues. 

Il a ensuite affirmé que l’Ukraine est prête à dialoguer avec les résidents du Donbass, « mais pas avec les marionnettes appelées prétendument leurs représentants », estimant en outre que ce dialogue doit inclure les personnes déplacées.  Pour ce qui est de la tenue des élections locales dans l’ensemble du territoire de l’Ukraine, il a prévenu que sans sécurité fondamentale et conditions politiques préalables, les habitants du Donbass ne pourront pas faire leur choix démocratique.  C’est la raison pour laquelle le principe de la « sécurité d’abord » reste au cœur du règlement pacifique en vertu des Accords de Minsk.  Il a appelé la Russie à immédiatement mettre en œuvre les dispositifs sécuritaires agréés par les dirigeants du format Normandie.

Le Ministre a en outre souligné qu’il ne peut y avoir d’espoir de paix tant que les 400 kilomètres de frontières entre l’Ukraine et la Russie seront une porte ouverte au personnel militaire et aux armes russes.  Une présence internationale mandatée par l’ONU et établie tout le long de la frontière aurait pu être la solution, a-t-il insisté.

En venant à la Crimée, « source de préoccupation majeure », il s’est inquiété des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui y sont perpétrées par la Puissance occupante.  Il s’est également inquiété du fait que la Crimée demeure inaccessible à la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine.  Indiquant que l’occupation de la Crimée a donné lieu à une nouvelle forme de discrimination contre les musulmans, les Tatars de Crimée et les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine, il a appelé l’Assemblée générale à se saisir de la question des libertés religieuses.

La Russie, a-t-il enchaîné, n’épargne aucun effort pour justifier l’occupation illégale de la Crimée en organisant des élections illégitimes, en envoyant des émissaires illégaux dans des fora internationaux ou en octroyant des codes de téléphone russes à la Crimée et en appliquant le droit russe pour punir les résidents locaux.  De plus, la Puissance occupante impose illégalement sa citoyenneté à la population locale.  « Mais même si le Kremlin reste sourd et aveugle aux appels et aux décisions de la communauté internationale, je suis absolument convaincu que l’unité et la solidarité internationales, le respect et la promotion des droits de l’homme sont l’unique voie pour stopper l’agression de Moscou contre mon pays et éventuellement conduire à la levée de l’occupation des territoires ukrainiens occupés », a affirmé M. Prystaiko. 

M. PÉTER SZIJJÁRTÓ, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a indiqué que des millions de Hongrois vivent dans les territoires des pays voisins de la Hongrie et a plaidé pour le respect du droit international et des droits des minorités.  La Hongrie a dépensé 225 millions d’euros pour aider l’Ukraine depuis 2014, a-t-il dit.  La Hongrie a aussi apporté des soins à des soldats ukrainiens blessés dans les combats dans l’est du pays et a financé la reconstruction d’hôpitaux, d’écoles et d’églises.  La Hongrie a même livré du gaz à l’Ukraine, « et vous pouvez vous imaginer ce que la Russie en a pensé ».

J’ai 150 000 raisons pour défendre l’Ukraine, ce sont les 150 000 Hongrois vivant en Ukraine, a poursuivi le Ministre.  Il a affirmé qu’une Ukraine forte est dans l’intérêt de la Hongrie, avant d’insister sur la gravité de la situation qui prévaut dans l’est de l’Ukraine.  Il a aussi défendu les droits des peuples autochtones, comme ceux des Hongrois qui vivent depuis des siècles dans les Carpathes en Ukraine.  Le Ministre a ensuite dénoncé la politique linguistique en Ukraine qui porte préjudice à la minorité hongroise.  S’il a compris que cette politique vise à renforcer la langue ukrainienne comme langue nationale, il a souhaité que les droits de la minorité nationale hongroise soient préservés.  « Nous, les Hongrois, continuerons de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les Ukrainiens peuvent compter sur nous », a-t-il affirmé. 

M. LEMBIT UIBO, Directeur politique du Ministère des affaires étrangères de l’Estonie, intervenant au nom des huit pays nordiques et baltes (NB8), a rappelé que l’Assemblée générale a adopté, depuis 2014, plusieurs résolutions réitérant son appui envers l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a appelé la Russie à les mettre en œuvre.  Il a déploré l’escalade militaire et les tentatives d’offensive qui ont été signalée mardi, près de Zolote, et a exhorté la Russie à respecter ses engagements et à user de son « influence considérable » sur les formations armées qu’elle appuie pour assurer le respect du cessez-le-feu.  La pleine mise en œuvre des Accords de Minsk et le dialogue politique demeurent le fondement de toute résolution du conflit et nous insistons sur la responsabilité de la Russie à cet égard, a-t-il affirmé.

Après s’être félicité de l’échange de prisonniers initié par l’Ukraine et des mesures décidées en décembre lors du sommet du format Normandie, le représentant a regretté qu’un segment de 400 kilomètres le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie demeure non contrôlé, permettant ainsi la libre circulation d’armes et de personnel russes vers le Donbass.  Il a également dénoncé les obstacles constants au travail de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, ainsi que la délivrance simplifiée de passeports russes aux résidents du Donbass.

M. Uibo s’est également inquiété de la situation humanitaire dans l’est de l’Ukraine où 3,4 millions de personnes ont besoin d’aide, et a réclamé un accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Il a ensuite souhaité que la conférence sur les réformes en Ukraine, prévue le 7 juillet 2020 à Vilnius, soit l’occasion pour la communauté internationale de reconfirmer son ferme appui politique au processus de réforme ukrainien.

Poursuivant, le représentant a indiqué être profondément préoccupé par l’augmentation de la militarisation de la péninsule de Crimée par la Russie, avertissant du risque d’instabilité dans la région de la mer Noire et la mer d’Azov.  Il a également déploré l’impact économique des inspections imposées aux navires ukrainiens et de pays tiers qui cherchent à traverse le détroit de Kertch.  En outre, la situation des droits de l’homme en Crimée continue d’être préoccupante, a-t-il relevé, pointant notamment les restrictions imposées à la liberté d’expression et l’interdiction qui continuent d’être imposées aux activités des Mejlis.  Il a appelé la Russie à mettre un terme à ces violations qui ciblent principalement les Tatars de Crimée et les militants ukrainiens, et à libérer immédiatement les prisonniers politiques. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a d’emblée condamné toutes les violations du droit international par la Fédération de Russie.  L’observateur a ensuite salué les efforts déployés par l’Ukraine pour obtenir justice en utilisant les instruments juridiques internationaux et les tribunaux, notamment la Cour européenne des droits de l’homme, les tribunaux d’arbitrage et la Cour internationale de Justice (CIJ).  La militarisation en cours de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie continue de nuire à la situation en matière de sécurité dans la région de la mer Noire et au-delà, a prévenu M. Gonzato.  Il a également dénoncé la grave détérioration de la situation des droits de l’homme dans la péninsule de Crimée.

Selon l’observateur, les habitants de la péninsule sont confrontés à des restrictions systématiques des droits de l’homme et des libertés fondamentales, tels que la liberté d’expression, de religion et le droit de réunion pacifique.  Les droits de l’homme des Tatars de Crimée ont été particulièrement bafoués, a condamné M. Gonzato, qui a indiqué qu’en vertu de la résolution 74/168 de l’Assemblée générale, adoptée en décembre 2019, il est essentiel que les mécanismes régionaux et internationaux de surveillance des droits de l’homme, ainsi que les ONG de défense des droits de l’homme, aient librement accès à la République autonome de Crimée et à la ville de Sébastopol.  Les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme et les avocats devraient pouvoir travailler de manière indépendante et sans ingérence, ni intimidation, a-t-il insisté. 

Pour ce qui est du conflit dans l’est de l’Ukraine, il a appelé toutes les parties à appliquer rapidement et pleinement les Accords de Minsk, et à honorer pleinement leurs engagements, afin de parvenir à une solution politique durable au conflit et mettre en œuvre le cessez-le-feu.  L’Union européenne, qui soutient pleinement les efforts de l’OSCE, le format Normandie et le Groupe de contact trilatéral, reste en outre le plus important donateur d’aide humanitaire à l’Ukraine, a rappelé le représentant, avec des centaines de millions d’euros d’aide depuis le début du conflit. 

M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNANDEZ (Costa Rica) a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Nous ne reconnaissons pas l’occupation des territoires ukrainiens, a-t-il affirmé.  Il a plaidé pour le plein respect des Accords de Minsk, entérinés par le Conseil de sécurité, et des principes de la Charte, dénonçant un affaiblissement du multilatéralisme.  La reprise des pourparlers dans le cadre du format Normandie est une lueur d’espoir, a-t-il dit, en saluant les récents échanges de prisonniers.  Il a espéré un cessez-le-feu durable et a préconisé la création d’une mission onusienne pour surveiller son application.  Le Conseil doit s’acquitter de sa responsabilité, qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a affirmé le délégué, en plaidant pour une solution politique en Ukraine. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de soutenir les efforts destinés à rétablir la paix en Ukraine, souhaitant que le présent débat soit l’expression de la complémentarité entre l’Assemblée générale et l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales.  Il a rappelé que ce conflit déclenché par l’intervention russe est à l’origine d’une véritable catastrophe humanitaire.  Près de quatre millions de personnes résident dans la zone de conflit et les forces en présence se trouvent parfois à une quinzaine de mètres d’habitations civiles, a-t-il relevé, faisant état d’attaques contre des écoles et d’un nombre record de mines terrestres dans l’est du pays.  Dans ce contexte, il a plaidé pour qu’un accès total et sans conditions soit accordé au Comité international de la Croix-Rouge ainsi qu’aux autres organisations internationales, en particulier pour les personnes en détention. 

Le délégué s’est également prononcé pour une mise en œuvre immédiate des engagements pris dans le cadre des Accords de Minsk et lors du sommet au format Normandie de décembre dernier.  Seul un cessez-le-feu complet et durable peut créer les conditions d’une amélioration de la situation humanitaire, a-t-il argué, notant que cela ne sera possible que si les parties en expriment la volonté politique.  Parmi les mesures susceptibles de réduire les souffrances de la population civile, il a cité la reconstruction du pont de Stanytsia Luhanska et les échanges de prisonniers.  Il a cependant dénoncé les violations constantes du cessez-le-feu, exhortant les parties à le respecter et à retirer leurs armes lourdes.  Avant de conclure, il a salué l’engagement de l’Ukraine en faveur de réformes visant à renforcer l’état de droit et la lutte contre la corruption.  Il a également réitéré son appel à ce pays pour qu’il ratifie le Statut de Rome, y compris les dispositions donnant autorité à la Cour pénale internationale pour le crime d’agression.  Cela montrerait, selon lui, que l’Ukraine entend s’attaquer à l’impunité en matière de crimes internationaux, quels qu’en soient les auteurs. 

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a réitéré sa condamnation de l’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie.  Il a fait part de sa préoccupation face aux informations du Haut-Commissariat aux droits de l’homme laissant voir que la Fédération de Russie continue de déporter des détenus arrêtés en Crimée vers son propre territoire, en violation claire du droit international humanitaire.  Il a demandé que les mécanismes internationaux de surveillance du respect des droits de l’homme obtiennent un accès sûr et sans entrave à la Crimée.  Il a également exprimé ses préoccupations quant aux tensions près du détroit de Kertch.

Le représentant a ensuite salué les décisions prises lors du sommet du format Normandie à Paris en décembre dernier et a demandé qu’elles soient mises en œuvre intégralement et sans délai.  Il a salué l’échange de prisonniers entre Kiev et les régions qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement dans l’est de l’Ukraine, jugeant en outre positif que les discussions au sein du Groupe de contact trilatéral se poursuivent.  M. Lauber a ensuite fait part de sa profonde préoccupation au sujet de la dernière escalade dans l’oblast de Louhansk au début de la semaine.  En conséquence, des progrès supplémentaires sur le terrain sont indispensables, a-t-il affirmé.  Enfin, le délégué suisse a appelé à des progrès urgents pour faire avancer les décisions prises au sommet de Paris au sujet de la liberté de mouvement de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a indiqué que le nombre de victimes continue d’augmenter en Ukraine.  Il a néanmoins noté certains progrès réalisés au cours de l’année dernière, la volonté politique au plus haut niveau ayant permis des percées diplomatiques.  Il a salué la reprise des pourparlers dans le cadre du format Normandie et les récents échanges de prisonniers.  Toute solution devra reconnaître l’entière souveraineté de l’Ukraine sur son territoire.  Mon pays ne cessera jamais de condamner l’annexion illégale de la Crimée par la Russie, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que le Canada avait imposé des sanctions contre les acteurs impliqués dans la tenue des élections illégitimes en Crimée.  Nous ne tolérerons pas les violations de la Russie, a-t-il assené.  Il a aussi dénoncé les violations des droits des Tatars de Crimée.  « Nous exhortons la Russie à respecter le droit international et la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. »

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que la Russie avait violé de manière flagrante les principes et objectifs de l’ONU depuis 2014.  Il a averti que la militarisation croissante de la péninsule de Crimée par la Fédération de Russie constitue une source de tensions supplémentaire et préoccupante.  Selon la France, le grave incident naval du 25 novembre 2018 rappelle la nécessité pour les navires commerciaux comme militaires de bénéficier d’un passage sûr, libre et sans entrave dans la mer d’Azov et le détroit de Kertch, conformément au droit international.  De même, l’annexion illégale de la Crimée a conduit à des violations graves et répétées des droits de l’homme et des libertés fondamentales des personnes résidant sur ce territoire, a noté le délégué en évoquant des cas d’exécution extrajudiciaire, de détention arbitraire, d’enlèvement, de disparition forcée et de discrimination.  La France a appelé la Fédération de Russie à mettre un terme à cette politique visant « manifestement » à terroriser toutes celles et tous ceux qui osent dénoncer haut et fort l’annexion de la Crimée. 

En outre, parallèlement à ses efforts dans le cadre du format Normandie, qui ont connu un développement positif avec le sommet du 9 décembre dernier à Paris, la France a appelé une nouvelle fois la Fédération de Russie à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a demandé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a rejeté l’annexion de la Crimée, pour ensuite insister sur la gravité de la situation en Ukraine et dénoncer les violations des droits des Tatars.  Il a salué la reprise du dialogue dans le cadre du format Normandie.  Il a jugé essentiel un suivi des progrès avec de nouveaux échanges de prisonniers notamment. 

Le représentant a ensuite appelé la Russie à user de son influence sur les séparatistes en Ukraine, en vue de mettre en œuvre les Accords de Minsk, « comme le fait l’Ukraine ».  Il a demandé le plein accès du Comité international de la Croix-Rouge aux zones dans l’est et s’est dit atterré par la nomination d’un ancien gouverneur d’Irkoutsk comme premier ministre de la république autoproclamée de Donetsk.  L’Allemagne continuera ses efforts pour une solution en Ukraine, a-t-il conclu. 

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a indiqué que son pays reconfirme la souveraineté de l’Ukraine sur la péninsule de Crimée et ses territoires en mer d’Azov.  Il a affirmé que l’Ukraine est entièrement dans son droit d’avoir un plein accès à la mer d’Azov, en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  M. Mlynár a salué les récentes discussions de paix pour régler le conflit, avant de s’inquiéter du fait que la militarisation de la péninsule de Crimée et de ses environs sape la sécurité dans toute la région. 

Le représentant a par ailleurs appelé à assurer un accès sans entrave de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine à toutes les zones de l’est du pays, y compris celles qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement.  Il a rappelé que la présidence slovaque de l’OSCE en 2019 avait mis l’accent sur la résolution pacifique du conflit, et a salué les derniers développements qu’il a jugés encourageants.  Il a en revanche dénoncé les violations du cessez-le-feu du 18 février dans le Donbass.  La Slovaquie a dit soutenir les conclusions de la réunion de décembre du format Normandie, tout en souhaitant que des progrès soient également réalisés au sein du Groupe de contact trilatéral, afin de bâtir une base solide sur laquelle devra s’appuyer la prochaine réunion du format Normandie.  La Slovaquie a enfin appelé toutes les parties à appliquer pleinement les Accords de Minsk. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé qu’en six ans de conflit, plus de 14 000 vies ont été perdues et un nombre plus important encore de civils ont été blessés alors que d’autres ont été déplacés.  Il a déploré le fait que les résidents de la péninsule de Crimée soient astreints à des restrictions de leurs libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression, de religion, de croyance et d’association.  Il a appelé la Fédération de Russie à respecter les droits de l’homme dans la péninsule de Crimée et d’y permettre un accès d’observateurs des droits de l’homme, car « le monde doit savoir ce qui se passe ». 

Le délégué a ensuite salué les récents développements dans le cadre du format Normandie et a réitéré que seule une solution politique peut résoudre ce conflit.  Il a appelé toutes les parties à mettre en œuvre les Accords de Minsk et à faire preuve d’une volonté politique réelle.  La délégation a en outre déploré l’escalade de ce mardi suite aux actions de formations soutenues par la Fédération de Russie. 

Par ailleurs, le représentant a évoqué le vol MH17 qui a été abattu le 17 juillet 2014 dans l’est de l’Ukraine, faisant 298 morts, dont 196 ressortissants des Pays-Bas.  Il a noté que le 9 mars prochain, le procès de quatre accusés va commencer, avant d’inviter la Fédération de Russie à se joindre à l’enquête qui se poursuit.

Mme ONDINA BLOKAR DROBIČ (Slovénie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la non-reconnaissance de l’annexion illégale de la Crimée et de la ville de Sébastopol, ainsi que son soutien à un règlement pacifique du conflit dans l’est de l’Ukraine, comme prévu par les Accords de Minsk.  Elle a dit appuyer les efforts menés à cette fin par le format Normandie, le Groupe de contact trilatéral et l’OSCE.  La représentante s’est ensuite déclarée préoccupée par les violations répétées du cessez-le-feu, l’accumulation d’armes lourdes et la situation humanitaire dans la zone de conflit.  Elle s’est montrée particulièrement inquiète des combats qui ont fait rage, voilà deux jours, dans la zone de désengagement de Zolote et a appelé toutes les parties à la retenue maximale. 

Rappelant le lourd tribut payé par la population civile dans l’est de l’Ukraine ces six dernières années, la déléguée a appelé de ses vœux un accès sans entrave, sûr et inconditionnel de l’aide humanitaire à toutes les personnes dans le besoin.  Elle a également appelé à l’intensification des efforts de déminage et a jugé inacceptable que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE continue de faire l’objet de restrictions quant à son accès au territoire ukrainien dans son ensemble.  Elle a enfin dénoncé la poursuite des violations des droits de l’homme tant en Crimée que dans les zones non contrôlées par le Gouvernement dans l’est de l’Ukraine. 

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a plaidé pour la paix et la concorde en Ukraine et s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation dans l’est du pays.  La seule base pour un règlement est un dialogue intra-ukrainien, l’arrêt de la violence et l’application des Accords de Minsk, a-t-il insisté, faisant également part de son appui à la Mission de l’OSCE.  Le Bélarus est prêt à contribuer à une possible mission de la paix onusienne si toutes les parties sont d’accord.  Nous espérons des résultats concluants au sein du format Normandie, a-t-il ajouté, en saluant les récents échanges de prisonniers.  Il a enfin jugé indispensable de tenir un débat international sur la sécurité pour appuyer la paix, comme l’a proposé le Président de son pays. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit que l’examen par l’Assemblée générale du point 63 de l’ordre de jour n’a rien à voir avec la réalité, « même la réalité virtuelle ».  En Ukraine, a-t-il enchaîné, il n’y a pas de territoires occupés.  La Crimée est plutôt un territoire russe puisque les habitants de ce territoire se sont exprimés lors du référendum pour leur unification à la Fédération de Russie.  Et dans le Donbass, il s’agit plutôt d’un conflit civil avec Kiev car la population s’oppose au coup d’État de Maidan. 

Accuser la Russie est une position confortable qui jouit de la protection des protecteurs occidentaux, a continué le représentant qui est aussi revenu sur l’incident du 18 février près de Louhansk ayant vu la mort d’un soldat ukrainien.  Ce soldat s’est trouvé du côté des insurgés, a fait valoir le délégué qui a comptabilisé 50 obus tirés par les forces ukrainiennes.

Pour le délégué russe, l’Ukraine n’a connu qu’une suite de crises systémiques provoquées par le coup d’État de 2014, à Kiev, ainsi que par les agissements des occidentaux, en particulier les États-Unis.  Mais on essaie de cacher et de déformer cette vérité, a dénoncé M. Nebenzia. 

Évoquant ensuite les élections de 2019 en Ukraine, qui ont vu l’arrivée d’un nouveau président et d’un nouveau parlement, le représentant a regretté que les nouveaux élus poursuivent l’ancienne politique.  Il leur a suggéré de reconnaître et d’appliquer les Accords de Minsk qui, a-t-il souligné, constituent la solution au conflit.  Mais, a-t-il déploré, l’Ukraine ne veut pas reconnaître cela.

M. Nebenzia a aussi souligné que le règlement du conflit passe par le dialogue entre les parties opposées.  Il a toutefois regretté que l’Ukraine ne veuille pas négocier avec les habitants du Donbass sous prétexte « qu’ils seraient des marionnettes russes ».  Comment va-t-on alors mettre en œuvre l’accord conclu à Paris en décembre? s’est inquiété le délégué pour lequel rien ne sera réglé tant que Kiev ne reconnaîtra pas l’égalité de tous les peuples ukrainiens. 

Il a en outre dénoncé les lois discriminatoires de l’Ukraine contre la religion, la culture et la langue des populations du Donbass.  Pour cacher cette exclusion, Kiev demande la restitution immédiate des frontières, a démasqué le représentant, pour qui « les autorités de Kiev répriment tous ceux qui ne pensent pas comme elles dans les médias et parmi les défenseurs des droits de l’homme ».  M. Nebenzia a affirmé que la Russie protège les habitants de la Crimée.  Il a défendu l’octroi de passeport russe aux habitants de Donbass car c’est une violation des droits de l’homme de refuser le passeport à ses propres citoyens.  En conclusion, il a souhaité la bienvenue à ceux qui veulent venir en Crimée avant de demander de ne pas politiser les débats de l’Assemblée générale. 

M. AMMAR AL ARSAN (République arabe syrienne) a dénoncé l’inclusion de ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale, n’y voyant qu’un prétexte pour régler des comptes.  Ce faisant, l’Assemblée empiète sur les prérogatives du Conseil, a-t-il dit, se référant à la Charte des Nations Unies.  Il a dénoncé l’emploi du terme « territoires temporairement occupés ».  La situation dans cette région est régie par les Accords de Minsk, dont l’application exige la volonté politique de toutes les parties, a-t-il souligné avant de rejeter toute ingérence des pays occidentaux.  Ces derniers, loin de vouloir défendre l’Ukraine, veulent ressusciter une atmosphère de guerre froide, a-t-il accusé.  À ses yeux, le débat de ce jour ne peut qu’entraver la mise en œuvre des Accords de Minsk et saper les efforts déployés dans le cadre du format Normandie.  Nous commençons à perdre foi dans la capacité de cette Organisation à prendre en compte les positions de tous les pays, a-t-il signalé.  Il a ensuite conseillé à l’Ukraine de s’engager dans un dialogue véritable avec la Russie. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a souligné l’attachement indéfectible de l’Administration Trump à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Elle s’est félicitée du récent échange de prisonniers et des efforts déployés pour améliorer la situation humanitaire des populations des deux côtés de la ligne de contact, saluant dans la foulée le « courage politique » du Président Zelenskyy et son engagement clair à trouver une solution diplomatique au conflit dans l’est de l’Ukraine.

Pendant ce temps, la Russie continue d’ignorer les appels à un cessez-le-feu global et bloque un accord sur de nouvelles zones de désengagement et des points de passage le long de la ligne de contact, a déploré la déléguée.  Ces actions et l’agression de la Russie constituent la plus grande menace pour la sécurité européenne depuis les guerres des Balkans des années 90, a-t-elle averti.  Elle a ensuite demandé à la Russie d’autoriser les observateurs de l’OSCE et de l’ONU à accéder à l’ensemble du territoire ukrainien, y compris la Crimée, pour s’informer des réalités de la vie dans ces régions. 

En novembre, les États-Unis ont coparrainé la résolution de la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles sur la situation des droits de l’homme en Crimée.  En décembre, nous avons soutenu des résolutions condamnant les abus russes et la militarisation de la Crimée occupée par la Russie.  Ces deux résolutions confirment le large soutien de la communauté internationale condamnant l’agression russe en Ukraine, a estimé la représentante. 

Mme Craft s’est ensuite déclarée profondément préoccupée par les restrictions croissantes à l’exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Crimée, citant notamment l’emprisonnement à tort de plus de 80 Criméens pour leurs opinions politiques, ainsi que les actes d’intimidation injustifiés contre des membres de la communauté tatare de Crimée, des communautés ethniques ukrainiennes et les opposants à l’occupation. 

La représentante a par ailleurs indiqué que les États-Unis avaient récemment appliqué, en coordination avec l’Union européenne et le Canada, de nouvelles sanctions contre des fonctionnaires de Crimée soutenus par la Russie et une entité opérant en Crimée sans l’autorisation du Gouvernement ukrainien.  Elle a précisé que ces sanctions et d’autres demeureront en place jusqu’à ce que le Gouvernement russe restitue la Crimée à l’Ukraine et veille à la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.

La non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée est, pour nous, une question de principe, a souligné d’emblée M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie), ajoutant que son pays, qui compte parmi sa population plus de trois millions de citoyens d’origine tatare de Crimée, suit très étroitement la situation des droits de l’homme dans la péninsule.  Six ans après l’annexion de ce territoire, a-t-il constaté, les activités des Mejlis y sont toujours interdites et les dirigeants tatars de Crimée ne peuvent rentrer.  Au total, a-t-il insisté, plus de 25 000 Tatars de Crimée ont quitté la péninsule depuis son annexion et ceux qui y vivent encore subissent des mesures d’intimidation de la part des autorités de facto.  Dans ce contexte, le représentant a dit soutenir le désir des Tatars de Crimée de vivre en paix sur la terre de leurs ancêtres ainsi que les efforts déployés pour obtenir la libération des prisonniers politiques. 

Près de six ans après le début de cette crise, la situation reste tendue dans le Donbass, a-t-il poursuivi, appelant au respect du droit international et à la pleine mis en œuvre des Accords de Minsk.  Il a également exhorté les parties à appuyer les travaux de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, avant d’exprimer le soutien de son pays au dialogue direct entre les dirigeants russes et ukrainiens en vue d’une solution pacifique, sur la base de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine. 

Mme MARIE CHATARDOVÁ (République tchèque) a fermement condamné l’occupation de la Crimée par la Russie et la militarisation de la péninsule.  Pour la représentante, les actions de la Russie en Ukraine représentent une menace directe pour l’ordre mondial et les principes d’intégrité territoriale et de souveraineté consacrés par la Charte des Nations Unies.  La responsabilité du règlement de ce conflit et du rétablissement de la paix et de la sécurité sur le continent européen incombe par conséquent à la Russie, a-t-elle insisté. 

La déléguée a d’autre part relevé que les mesures restrictives ciblant la Russie pour son agression dans l’est de l’Ukraine sont liées à la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.  Les mesures concernant la Crimée resteront en place jusqu’à ce que l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues soit entièrement restaurée, a-t-elle ajouté, se disant par ailleurs troublée par la situation des droits de l’homme en Crimée, notamment les violations systématiques des droits des Tatars.  Elle a appelé les autorités de facto à accorder un accès à la péninsule occupée aux observateurs des droits de l’homme et à libérer tous les prisonniers politiques.  Enfin, elle a jugé essentiel que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE puisse accéder à tout le territoire ukrainien et s’est félicitée des retombées positives du sommet de Paris au format Normandie, y voyant un motif d’espoir pour le processus de règlement. 

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a souligné que le conflit dans l’est de l’Ukraine représente une grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est notamment préoccupé de la « sérieuse » violation du cessez-le-feu qui s’est produite en début de semaine à Zolote, dans la région de Louhansk.  Cela démontre que ce conflit est loin d’être gelé, a-t-il commenté.  Il s’est inquiété des conséquences humanitaires de six années de conflit, ainsi que de la détérioration de la situation des droits de l’homme dans les zones qui ne sont pas contrôlées par le Gouvernement.  Il a appelé à assurer un accès sans entrave à l’ensemble du territoire ukrainien à la mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU ainsi qu’à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.

Le représentant s’est ensuite déclaré encouragé par la libération récente de certains détenus et a appelé à la libération de tous les détenus sur la base d’un accord « tous contre tous ».  Il a également salué l’approche plus inclusive adoptée par l’Ukraine envers les populations de l’est, pour ensuite faire part de son appui à tous les efforts diplomatiques visant la pleine mise en œuvre des Accords de Minsk.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a dénoncé l’occupation et l’annexion par la Russie de territoires souverains ukrainiens comme des graves violations de la Charte.  Il s’agit aussi d’atteintes à un ordre international gouverné par des règles et de tentatives visant à redessiner les frontières, a-t-il accusé.  Il a apporté l’appui de la Géorgie à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  « Nous ne reconnaîtrons jamais l’annexion illégale de la Crimée. »  Il a aussi dénoncé la politique de la Russie visant à délivrer des passeports dans les territoires illégalement occupés du Donbass, plus de 200 000 personnes en ayant reçu.  « Malheureusement, cela nous est familier.  Les actions destructrices de la Russie contre ses pays voisins souverains continuent de saper la sécurité et la stabilité en Europe. »  L’agression contre l’Ukraine n’est en effet pas un cas isolé, a-t-il dit, en rappelant la « guerre hybride » lancée par la Russie contre la Géorgie en 2008. 

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a appelé au plein respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme dans la péninsule de Crimée.  Elle a fait part de son ferme attachement à une solution politique durable fondée sur les Accords de Minsk et a réaffirmé son ferme soutien aux efforts déployés dans le cadre du format Normandie, de l’OSCE et du Groupe de contact trilatéral.  Elle a souligné que la mise en œuvre effective des mesures agréées lors du sommet de Paris du 9 décembre 2019, notamment en ce qui concerne le cessez-le-feu, est d’une importance capitale.  Elle a également appelé à la mise en œuvre intégrale des Accords de Minsk avant de condamner toutes tentatives de les contourner.  La représentante a aussi appelé la Fédération de Russie à assumer sa responsabilité à cet égard. 

Mme Zappia a ensuite appelé à sécuriser la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et à lui fournir un accès sans entrave et sans conditions à l’ensemble du territoire de l’Ukraine.  Elle a rappelé que lors de la présidence italienne de l’OSCE, son pays n’a épargné aucun effort pour faciliter le dialogue, renforcer la Mission de l’OSCE et alléger les conditions humanitaires des populations civiles. 

Avant de conclure, Mme Zappia a insisté sur l’importance du dialogue à la lumière des derniers développements dans les négociations.  La mise en œuvre des Accords de Minsk n’est simple pour aucune des parties mais c’est le seul choix qui reste, a-t-elle affirmé. 

Mme TEGAN BRINK (Australie) a appelé la Fédération de Russie à user de son influence pour inciter à la retenue et s’engager de manière constructive dans le processus de paix.  L’Australie, a ajouté la représentante, est fermement engagée à soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et à renforcer les sanctions.  Elle s’est déclarée préoccupée par les efforts de la Russie de militariser la Crimée et de déstabiliser la région.  Mme Brink a déploré l’administration discriminatoire de la justice et les atteintes à la liberté d’expression, d’association et de religion ou de croyance en Crimée par des autorités soutenues par la Russie.  

S’attardant ensuite sur le crash du vol MH17 qui comptait 38 passagers Australiens, la déléguée a indiqué que sa délégation demeure attachée à la mise en œuvre de la résolution 2166 (2014) du Conseil de sécurité qui demande des comptes aux responsables.  La détermination de l’Australie à établir la vérité ne faiblira pas, a assuré Mme Brick qui s’est réjouie que la poursuite de quatre suspects pour leur rôle présumé dans la destruction de cet avion de ligne civil débutera le 9 mars. 

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que les pouvoirs et décisions des organes principaux de l’ONU ne doivent pas être limités ou remplacés par ceux des organisations régionales et sous-régionales et de leurs différents mécanismes et formats.  Les États Membres ont le droit de soumettre toute question devant cette Assemblée, conformément à la Charte, a-t-il dit.  Notre position en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine reste inchangée, a-t-il poursuivi.  Il a déclaré que dans toute situation de conflit ou de crise, aucune solution ne peut être trouvée sans respecter le droit international, en particulier lorsque des normes fondamentales sont en jeu, telles que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Le respect strict de ces normes est crucial pour le maintien de la paix, a conclu M. Musayev. 

Mme KRASSIMIRA TZONEVA BESHKOVA (Bulgarie) a réitéré le soutien de son pays à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, au sein de ses frontières internationales reconnues.  La crise en cours compromet la coexistence pacifique des États, a-t-elle dit, en défendant une solution pacifique au conflit dans l’est du pays.  La seule possibilité viable est l’application des Accords de Minsk, a-t-elle insisté.  Elle s’est félicitée de la reprise du dialogue au sein du format Normandie, avant de se préoccuper de l’instabilité sécuritaire dans l’est ukrainien.  La partie russe doit faire preuve de la même bonne foi que la partie ukrainienne, a-t-elle dit.  Elle a demandé un cessez-le-feu durable et insisté sur l’importance de la Mission de l’OSCE.  La déléguée a rejeté toute reconnaissance de l’annexion de la Crimée et s’est dite préoccupée par la militarisation croissante de la péninsule de Crimée.  Enfin, elle a mentionné le rôle actif de son pays dans le règlement de la crise ukrainienne, précisant que celui-ci fournit notamment des observateurs à la mission précitée de l’OSCE.

M. MUNGO WOODIFIELD (Royaume-Uni) a rappelé que cela fait six ans que la Russie occupe la Crimée et la ville de Sébastopol en violation du droit international, et que l’Assemblée générale a répondu à cette violation en adoptant la résolution du 27 mars 2014 qui affirme son attachement à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a appelé à ce que cessent les violations des droits de l’homme commises dans ces territoires, engageant par ailleurs la Fédération de Russie à libérer tous les prisonniers politiques Ukrainiens.  Il s’est inquiété de la militarisation de la Crimée et de la mer d’Azov par la Russie et a averti de l’instabilité provoquée dans l’est de l’Ukraine par les activités militaires russes. 

Le représentant a appelé la Russie à accorder aux observateurs de l’OSCE un accès libre et sans entrave aux zones non contrôlées par l’Ukraine.  Il a également accusé la Russie d’être responsable de la souffrance dans l’est de l’Ukraine.  M. Woodifield a ensuite demandé à la Russie de respecter les Accords de Minsk et les mesures agréées en décembre 2019 lors du sommet du format Normandie.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à soutenir l’Ukraine et à s’opposer à la déstabilisation de ce pays par la Russie. 

M. KANETO KENTARO (Japon) a indiqué que son pays a toujours soutenu la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a salué les échanges entre les Présidents ukrainien et russe pour résoudre la situation et se félicite de la réunion du format Normandie qui a eu lieu en décembre dernier.  Il a encouragé la poursuite des pourparlers entre les deux pays, y compris entre les dirigeants.  Le représentant s’est ensuite inquiété de la poursuite des violations du cessez-le-feu.  Il a appelé à la mise en œuvre des accords conclus et des mesures de confiance ainsi que d’autres actions allant dans le sens de la résolution de la situation. 

M. VICTOR MORARU (République de Moldova) a dit que la situation en Ukraine et aux alentours demeure un sujet de préoccupation permanente pour la communauté internationale.  Les développements sur le terrain amplifient cette préoccupation.  Il a appuyé les efforts internationaux visant à trouver une solution pacifique au conflit dans les régions orientales de l’Ukraine, Donetsk et Louhansk, sur la base des Accords de Minsk et sous les auspices du format Normandie.  Le déploiement d’une mission de maintien de la paix des Nations Unies sur le terrain, conformément aux demandes de l’Ukraine, pourrait contribuer à atteindre cet objectif, à l’unisson avec la Mission spéciale d’observation de l’OSCE, a-t-il estimé.  Le délégué a en outre appelé à assurer un accès sans entrave et sans conditions des observateurs de la Mission de l’OSCE dans toutes les régions couvertes par son mandat.  Il a aussi salué l’engagement du Président de l’Ukraine à trouver une solution diplomatique au conflit qui a mené récemment à des mesures de confiances dont les échanges de prisonniers.  « Nous attendons de toutes les parties d’agir pareillement », a-t-il plaidé. 

M. PAWEŁ RADOMSKI (Pologne) a déclaré que la Russie est dans un « déni persistant » en ce qui concerne son implication dans le conflit en Ukraine et continue de faire porter le blâme pour la non-mise en œuvre des Accords de Minsk à l’Ukraine.  La présence confirmée, dans le Donbass, d’armes auxquelles seules les forces armées russes ont accès prouve l’implication directe de la Russie, a-t-il affirmé.  Les actions militaires russes, ainsi que les mesures unilatérales comme l’octroi de la citoyenneté russe aux Ukrainiens vivant dans les territoires contrôlés par la Russie, sapent gravement la mise en œuvre des Accords de Minsk, a-t-il prévenu.  Le représentant a ensuite souligné que la tenue d’élections locales dans les zones temporairement occupées du Donbass nécessite de garantir la sécurité de la région.  Il a salué la tenue du sommet au format Normandie, tout en déplorant que parmi les mesures agréées à cette occasion, seule la libération de détenus ait été mise en œuvre à ce jour.

Après avoir souligné que la Pologne ne reconnaîtra « jamais » l’annexion de la Crimée par la Russie, M. Radomski s’est inquiété de la situation des droits de l’homme en Crimée ainsi qu’à Donetsk et à Louhansk.  Il a notamment pointé les violations du droit à un procès équitable, l’accès limité aux soins pour les personnes détenues en péninsule de Crimée, leur transfert vers la Russie ainsi que l’imposition de la citoyenneté russe aux détenus.  Il s’est également alarmé des actes de torture et de mauvais traitement qui ont été signalés.

M. JEROEN COOREMAN (Belgique) a d’emblée abordé la situation dans le Donbass.  C’est en vue de mettre fin à ce conflit, a-t-il ajouté, qu’ont été conclus les Accords de Minsk.  Il n’y a pas d’autre voie pour arriver à une solution politique durable que la mise en œuvre de ces accords.  Dès lors, a-t-il poursuivi, nous attendons de toutes les parties qu’elles s’abstiennent de toute mesure unilatérale susceptible d’exacerber les tensions et qu’elles mettent rapidement et pleinement en œuvre ces accords et honorent leurs engagements.  M. Cooreman a appelé la Russie à utiliser son influence sur les formations armées pour les encourager à respecter pleinement leurs engagements. 

La poursuite de la militarisation de la Crimée, de la mer d’Azov et du détroit de Kertch est une source de préoccupation, a poursuivi le délégué qui a prévenu que cette militarisation continue ainsi que tout usage illégal de la force risquent de déstabiliser davantage la région et d’exacerber les tensions.  Il a condamné toute obstruction à la navigation et à la liberté de passage dans le détroit de Kertch et a exhorté la Russie à garantir le libre passage dans la mer d’Azov.  La poursuite du conflit se traduit également par une détérioration de la situation humanitaire et des droits de l’homme, a constaté le représentant.  Il a exhorté toutes les parties à autoriser un accès complet aux zones du conflit par les observateurs internationaux et mécanismes de surveillance.  Préoccupé par le ciblage des infrastructures civiles dans l’est de l’Ukraine, M. Cooreman a également appelé la Russie à libérer tous les prisonniers politiques ukrainiens. 

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