Le Comité de l’information achève ses travaux en appelant le Département de la communication globale au respect du multilinguisme
Le Comité de l’information a achevé, ce matin, sa quarante-et-unième session, avec l’adoption par consensus de ses deux projets de résolution annuels qui appellent, une fois de plus, au respect du multilinguisme et soulignent que la réforme du Département de la communication globale (DCG) doit prendre en compte les priorités qu’il a énoncées.
Initiatrice d’une réforme visant à adapter les capacités et l’action du Département aux tendances actuelles de la communication dans le monde, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Alison Smale, a profité de l’occasion pour annoncer son départ, à la fin du mois d’août, après deux ans de bons et loyaux services.
Au premier jour de la session, le 29 avril dernier, elle avait expliqué en 10 points pourquoi l’on parle désormais de Département de la communication globale et plus du Département de l’information. Nous communiquons globalement, avait-elle déclamé, quand nous unissons nos ressources et nos talents pour concevoir, créer et mener des campagnes sur les questions principales dont s’occupent les Nations Unies. Nous communiquons globalement quand nous livrons des actualités factuelles et multilingues et que nous les publions sur les toutes les plateformes, y compris les médias sociaux. Nous communiquons globalement quand nous nouons des alliances durables avec les médias nationaux et internationaux.
Nous communiquons globalement, avait-elle aussi dit, quand nous trouvons les moyens d’élargir notre audience et de créer de nouveaux contenus pour soutenir les Nations Unies et leur travail. Nous communiquons globalement quand notre valeur ajoutée aux niveaux national et régional se complète, mobilise l’appui de tous et suscite de l’intérêt pour l’ONU. Nous communiquons globalement quand nous incitons les peuples du monde à célébrer l’ONU, à se montrer curieux mais critiques et à devenir une inspiration pour l’avenir de l’Organisation.
Étalés sur 22 pages et 114 paragraphes, les deux projets de résolution, qui seront soumis pour approbation à l’Assemblée générale*, portent sur « L’information au service de l’humanité » et les « Politiques et activités de l’ONU en matière de communication globale ».
Ce dernier texte contient une série de recommandations au DCG et à ses trois Divisions de la communication stratégique, de l’information et des médias, et de la sensibilisation du public, en insistant sur le multilinguisme. Le Comité suggère ainsi à l’Assemblée générale de souligner qu’il importe d’utiliser et de traiter sur un pied d’égalité toutes les langues officielles de l’ONU dans toutes les activités du DCG, en vue d’éliminer le décalage entre l’emploi de l’anglais et celui des cinq autres langues officielles, une exigence qui doit être prise en compte dans les futurs projets de budget-programme concernant le Département.
L’Assemblée devrait demander de nouveau au DCG et aux services auteurs du Secrétariat de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans les six langues officielles, dans le respect de l’environnement et sans que cela ait d’incidences financières. Elle devrait, d’ailleurs à nouveau, se déclarer « de plus en plus inquiète » de constater que les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles et prier le Secrétaire général d’élaborer « à titre prioritaire » une stratégie permettant de le faire, et ce, « par des moyens innovants et sans que cela ait d’incidences financières ».
L’Assemblée devrait également constater « avec préoccupation » que le développement multilingue du site Web de l’Organisation et son enrichissement dans certaines langues officielles ont progressé bien plus lentement que prévu et demander au DCG de faire du multilinguisme des services de diffusion et de partage du savoir une priorité.
Le Comité recommande, par ailleurs, à l’Assemblée générale de demander au Secrétaire général de faire figurer dans son prochain rapport des informations détaillées sur l’intégration des centres d’information des Nations Unies au système des coordonnateurs résidents. Les États-Unis ont insisté sur le caractère « non contraignant » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, mentionné dans le projet de résolution. Ce Programme, se sont-ils expliqués, ne constitue en rien un engagement à offrir un nouvel accès aux marchés ni une modification des Accords sur les aspects du droit de la propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Les États-Unis se sont également dissociés de la référence au Pacte de Marrakech sur des migrations sûres, ordonnées et régulières auquel ils s’opposent. Ils ont aussi rejeté le paragraphe 46 du projet de résolution sur les campagnes menées par le DGC lesquelles doivent être « équitables ». Les États-Unis ont, par ailleurs, souligné qu’il n’existe aucune définition agréée du « droit au développement ».
La résolution adoptée chaque année par le Comité de l’information est une source d’encouragement et un guide pour améliorer les choses, s’est félicitée la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, qui a aussi dit apprécier l’empressement avec lequel le Comité s’est mis à l’écoute des préoccupations du Département et a pris en compte les clarifications apportées sur certains aspects spécifiques.
Face à la « mutation digitale » et l’utilisation accrue des réseaux sociaux par les jeunes, le Président du Comité, M. Omar Hilale a jugé impératif de garantir la coexistence entre les moyens de communication modernes et les médias traditionnels, tels que la radio et la télévision. À ses yeux, cet équilibre est particulièrement important dans les pays en développement, « où Internet et les moyens technologiques ne sont pas à la portée de tous ». À titre d’exemple, M. Hilale a cité la signature en février dernier de l’Accord de paix entre le Gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés. Malheureusement, les populations n’ont pas eu accès en temps voulu à cette information « vitale », par manque d’accès à Internet dans des régions où la radio et la télévision demeurent les principales sources d’information.
M. Hilale a également appelé l’ONU à anticiper et réagir aux campagnes de désinformation qui, a -t-il alerté, visent parfois des domaines fondamentaux des activités de l’ONU. Les informations doivent être « neutres et avérées », a poursuivi le Président du Comité, en rappelant que, lors d’une réunion informelle de l’Assemblée générale au mois de janvier, le Secrétaire général avait déploré que l’ONU n’ait pas anticipé ou réagi à temps à la campagne de désinformation sur le Pacte de Marrakech. Après la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier, le Président du Comité a tenu à rendre hommage aux hommes et femmes qui « ne ménagent aucun effort pour nous tenir informés au quotidien » de ce qui se passe dans le monde et souvent au péril de leur vie.
M. Hilale a aussi rendu hommage à Mme Alison Smale: en si peu de temps, avec une approche inclusive et transparente, vous avez réussi à mettre sur pied une nouvelle structure et tracer les axes d’une nouvelle stratégie de communication qui permettra à l’ONU de s’adapter aux nouvelles technologies et de relever le défi de rapporter une information avérée et correcte au public le plus large possible et dans les zones les plus lointaines ». Le Président a souligné l’importance de cette démarche en cette époque marquée par la prolifération des « fake news ».
M. Hilale a aussi dit avoir été particulièrement impressionné par le calme affiché par Mme Smale. « Vous êtes l’empire de la sérénité! », a-t-il lancé. C’est une expérience qui m’est très chère, a affirmé la Secrétaire générale adjointe. Que quelqu’un comme moi qui vienne de l’extérieur de l’ONU se voit confier la responsabilité de la gestion et du changement du Département et soit accepté au sein de cette illustre Organisation a été ma plus grande récompense et sera également, je l’espère, dans une moindre mesure, mon legs.
En début de séance, le Comité de l’information a adopté le rapport de sa session qui a été présenté par son Rapporteur M. Oleg Nikolenko, de l’Ukraine.
* A/AC.198/2019/L.3