Forum sur les forêts: divers partenariats existent pour la gestion durable des écosystèmes forestiers, mais il faut mieux les financer et impliquer les locaux
« Collaboration », « coopération » et « partenariats » furent les maîtres mots de cette avant-dernière journée de la quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF-14). Les participants aux débats et aux trois tables rondes du jour ont ainsi plaidé en faveur du renforcement de la cohérence des politiques forestières mondiales, appelant à tisser davantage de liens entre les acteurs de la conservation des forêts, tout en veillant à impliquer toujours plus les communautés locales, dont les peuples autochtones, dans les activités menées pour réaliser le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).
C’est donc à juste titre que le Président du Partenariat de collaboration sur les forêts a présenté les 10 programmes élaborés en vue de soutenir la mise en œuvre des objectifs et cibles du Plan stratégique. Pour pouvoir mener ses activités, le Partenariat dépend toutefois des donateurs, a-t-il observé. Parmi ceux-ci, on compte la République de Corée, qui est également le premier bailleur de fonds du Réseau mondial de facilitation du financement forestier et qui a ainsi soutenu le financement de 11 projets dans les pays en développement.
Malheureusement, ce sont les fonds qui manquent le plus aux Fidji où le Gouvernement entend planter quatre millions d’arbres au cours des quatre prochaines années, notamment en impliquant les communautés locales qui sont devenues de véritables « gardiennes des forêts ». Les Fidji espèrent attirer des financements comme ceux du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Le représentant de ce fonds a indiqué que 824 millions de dollars ont été consacrés aux projets forestiers entre 2014 et 2018.
Autre initiative d’envergure, le REDD+ est une solution d’atténuation des changements climatiques mise au point par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Pas moins de 39 pays ont soumis des projets de préservation forestière et de lutte contre les changements climatiques, notamment les pays en développement qui optent pour la conservation de leurs forêts, réduisant de ce fait les émissions de carbone en échange de facilités financières.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soutient quant à elle plus de 1 000 organisations représentant plus de 30 millions de petits exploitants forestiers à travers le monde. La FAO a aussi créé des synergies entre la foresterie et la protection sociale, sur le constat que les communautés tributaires des forêts ne bénéficient pas toujours de la protection sociale de l’État.
Le partenariat doit aussi se faire au niveau national, a prôné le responsable du secrétariat de la Convention sur la diversité biologique. Selon lui, il faut renforcer la coordination au niveau national entre les points focaux de diverses conventions, en veillant à avoir des systèmes de suivi communs et des échanges dans la préparation des rapports. Même si elle y souscrit, la déléguée de la Jamaïque a rappelé qu’il n’est pas facile de fédérer les activités de ces points focaux, et encore moins de rendre prioritaires les questions forestières dans les dépenses nationales. « Faites-vous donc l’amie du Ministre des finances », lui a suggéré le représentant du secrétariat de la CCNUCC.
L’Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO) s’attèle de son côté à mettre à disposition des informations scientifiques liées aux forêts. Ces informations sont utilisées dans les rapports mondiaux et cela permet de nourrir des réflexions comme celles du FNUF ou encore d’éclairer les décisions des autotriés nationales.
De son côté, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a mis l’accent sur le « Défi de Bonn » pour lequel elle a invité les États à s’impliquer davantage. Il s’agit d’un effort mondial visant à restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici à 2020, et 350 millions d’hectares d’ici à 2030.
C’est dans ce contexte que se déploie le projet de la « Grande muraille verte », mis en œuvre par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et qui vise à reboiser un espace particulièrement désertique allant du Sénégal à Djibouti, de l’ouest à l’est du continent.
De nombreux orateurs ont insisté pour que ces différents partenariats et ces initiatives en faveur des forêts soient mis en œuvre dans le respect des droits des communautés locales, en tenant compte notamment de leurs droits fonciers sur les terres forestières.
Plaidant pour une collaboration de tous bords, la Malaisie a souligné que si tout le monde comprend bien ce qu’on entend par « gestion durable des forêts », les politiques forestières n’en sont que meilleures. C’est pourquoi la Finlande a proposé de pallier le manque de communication entourant le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).
En réponse à cette préoccupation, le Forum forestier africain a dit s’évertuer à expliquer aux acteurs nationaux (autorités, enseignants et chercheurs, société civile et secteur privé) l’impact des accords internationaux sur leurs activités menées sur le terrain. Le représentant de l’Organisation internationale sur le bambou et le rotin a toutefois exprimé une certaine frustration vis-à-vis du secteur privé, qui se tourne parfois davantage vers la recherche du gain que vers la durabilité.
Pour sa part, le grand groupe des enfants et des jeunes a prévenu qu’il faudrait des années avant de bien comprendre la notion et l’importance de la gestion durable des forêts. Il faut donc miser sur l’éducation et la formation des jeunes.
La quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts prendra fin demain, vendredi 10 mai.
RENFORCEMENT DE LA COHÉRENCE DES POLITIQUES FORESTIÈRES MONDIALES ET RECHERCHE D’UNE MEILLEURE DÉFINITION COMMUNE, À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE, DE LA NOTION DE GESTION FORESTIÈRE DURABLE (E/CN.18/2019/5)
Débat général
Mme ZERVA, de l’Union européenne (UE), a félicité les États qui sont membres du Partenariat de coopération sur les forêts et de certaines organisations régionales et sous-régionales et qui ont intégré les objectifs mondiaux relatifs aux forêts dans leurs plans nationaux. Elle a plaidé pour des initiatives qui fassent avancer la cohérence des politiques forestières mondiales, ce qui exige une collaboration renforcée de l’ensemble des membres du Partenariat. Dans le cadre de l’Euro-Projet sur les forêts, une définition de la gestion durable des forêts a fait l’objet d’un accord, a-t-elle indiqué.
Mme CONJE (États-Unis) a rappelé que le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts avait fait l’objet de nombreux débats et de processus internationaux et intergouvernementaux, y compris pour ce qui est des définitions notamment de la gestion durable des forêts. La délégation estime que dès lors, il faut faire preuve de flexibilité et reconnaître la souveraineté des États dans ce domaine ainsi que le fait qu’ils ont leurs propres entités. Pour ce qui est des indicateurs, ils pourraient contribuer à affiner ceux qui existent déjà, a-t-elle suggéré. La représentante a souligné le risque de potentiels doublons entre la nouvelle étude demandée au Partenariat et ce qui a déjà été fait. Pour les États-Unis, aborder les forêts dans plusieurs plateformes n’est pas une preuve de fragmentation mais plutôt de souplesse dans l’approche globale des forêts.
M. PARTHAMA (Indonésie) a apporté son soutien à l’enquête menée auprès des membres du Partenariat de collaboration sur les forêts pour recueillir des données sur les progrès réalisés et les efforts consentis depuis l’adoption du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). Le pays estime que des améliorations sont possibles en la matière au sein des organisations nationales et internationales. Par exemple, les politiques nationales doivent être cohérentes pour que l’industrie du bois apporte sa contribution à la bonne gestion des forêts. En Indonésie, la législation a effectivement permis à cette industrie de jouer un rôle majeur dans l’économie, a-t-il témoigné, avant de souligner aussi l’importance de parvenir à une cohérence des politiques entre États. De l’avis de la délégation, il faudrait éventuellement réexaminer les indicateurs sur la gestion durable des forêts.
M. ALEXANDER SHESTAKOV, du secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a dit que les objectifs mondiaux sur les forêts seront bientôt intégrés dans le nouveau cadre de travail du secrétariat de la Convention. Le programme de travail de cette instance pour l’après-2020 a déjà été harmonisé avec des objectifs, notamment les objectifs de développement durable. Le secrétariat entend aussi collaborer avec les États pour arriver à un nouveau plan de travail mondial sur la diversité biologique, qui comprendra tous les aspects de la question et impliquera toutes les parties.
Pour M. DAS (Inde), le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts offre un cadre cohérent pour améliorer la gestion durable des forêts à l’échelle mondiale, régionale et nationale. Le représentant a encouragé la cohérence du travail des organisations régionales et sous-régionales dans ce domaine. L’Inde est en train d’améliorer ses stratégies nationales relatives aux forêts, en intégrant diverses parties prenantes, pour traduire dans les faits les objectifs et cibles mondiaux relatifs aux forêts.
M. MAHMOUD (Malaisie) est d’avis que si tout le monde comprend bien ce qu’on entend par « gestion durable des forêts », cela peut améliorer les politiques forestières au niveau national notamment. En Malaisie la gestion forestière vise à réhabiliter et gérer les réserves forestières de manière durable tout en assurant un approvisionnement régulier des produits en bois et en dérivés du bois. Dans les pays en développement, les investissements en faveur d’une bonne gestion forestière doivent bénéficier du soutien de la communauté internationale, a poursuivi le représentant. Il a aussi appelé les pays en développement à réfléchir à l’introduction de politiques de gestion durable des forêts qui s’intègrent aux efforts mondiaux de durabilité dans ce domaine.
M. SOUST (Uruguay) a souhaité que les pays qui ont de l’avance dans la gestion durable des forêts puissent soutenir ceux qui font des efforts comme le sien, surtout que les fonds manquent. Il a parlé d’un programme national qui a permis à l’Uruguay de diminuer sa production nationale de méthane émanant de l’élevage bovin, arguant que ce genre d’action mérite un soutien international.
Pour Mme POLIAKOVA (Ukraine) il faut que le prochain rapport tienne dûment compte des efforts des États Membres en matière de coopération régionale.
M. RODRÍGUEZ ZUÑIGA (Costa Rica) a dit que l’on oublie souvent les forêts primaires et leurs avantages sur le plan écologique. Il faut éviter de les oublier pour ensuite les remettre à neuf en dépensant des milliards, a-t-il plaidé en recommandant de ne pas couper les arbres de ces forêts qui ont un fort impact écosystémique. Quelles seraient donc les incitations possibles pour les pays qui regorgent de telles forêts et qui entendent les préserver tout en aspirant au développement économique? a demandé le délégué costaricien.
M. STEFFEN DEHN, du grand groupe des enfants et des jeunes, a prévenu qu’il faudrait des années avant de bien comprendre la notion et l’importance de la gestion durable des forêts. Il va falloir miser sur l’éducation et la formation des jeunes à l’importance de la forêt pour pouvoir en faire de véritables parties prenantes, a-t-il plaidé. Cela permettra dans un deuxième temps d’arriver à une bonne compréhension des politiques forestières et d’y faire contribuer les jeunes.
Pour le représentant du secrétariat du FNUF, M. HOSSEIN MOEINI-MEYBODI, l’harmonisation des politiques doit se concentrer à la fois sur les lacunes et sur la voie à emprunter pour l’avenir.
RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION, DE LA COORDINATION ET DE LA PARTICIPATION AU TITRE DES QUESTIONS RELATIVES AUX FORÊTS
Table ronde interactive sur le « renforcement de la coopération, de la coordination et de la participation au titre des questions relatives aux forêts »
Avant que la table ronde ne débute, Mme AFSA KEMITALE-ROTHSCHILD, du secrétariat du FNUF, a présenté la note du secrétariat (E/CN.18/2019/6) sur le renforcement de la coopération, de la coordination et de la participation au titre des questions relatives aux forêts.
M. HIROTO MITSUGI, Sous-Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, a expliqué que le Partenariat avait établi 10 programmes qui se présentent comme des initiatives conjointes et dont certaines sont encore en cours d’élaboration. Ces initiatives ont pour ambition la mise en œuvre des six objectifs et des cibles du Plan stratégique et du programme de travail quadriennal pour la période 2017-2020. Le Partenariat ne dispose pas de ressources financières propres et dépend donc de bailleurs externes, a-t-il précisé, avant d’expliquer qu’il entend renforcer la synergie avec toutes les parties prenantes. Il est en effet nécessaire de multiplier les initiatives de coopération pour réaliser les 10 initiatives conjointes.
M. ALEXANDER SHESTAKOV, Directeur de la Division science, société et futurs durables au secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a rappelé que la vision 2050 de la Convention est « la vie en harmonie avec la nature ». Il a aussi insisté sur la coordination intersectorielle pour arriver à des résultats probants en matière de préservation de la biodiversité. Il faut donc selon lui une bonne coordination au niveau national entre les points focaux de diverses conventions, en veillant à avoir des systèmes de suivi communs et des échanges dans la préparation des rapports.
M. PETER IVERSEN, responsable du programme Atténuation, données et analyses au secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a parlé de l’initiative REDD+, une solution d’atténuation des changements climatiques mise au point par les Parties à la CCNUCC, qui a conduit 39 pays à soumettre des projets de préservation forestière et de lutte contre les changements climatiques. L’initiative incite les pays en développement à conserver leurs forêts en récompensant financièrement les résultats d’actions visant à réduire les émissions de carbone des forêts.
La REDD+ part en effet du postulat que la déforestation et la dégradation des forêts représentent environ 17% des émissions de carbone, soit plus que l’ensemble du secteur des transports. Ces émissions se classent au deuxième rang derrière le secteur de l’énergie. En offrant aux pays en développement des incitations à réduire les émissions provenant des terres forestières et à investir dans des stratégies de développement durable à faibles émissions de carbone, la « réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts » (REDD+) crée une valeur financière pour le carbone stocké dans les forêts.
M. Iversen a invité les États soumettant des projets dans ce sens à tenir davantage compte des forêts comme facteurs d’atténuation, mais aussi d’adaptation aux changements climatiques. Maintenant que l’on peut tirer les leçons des premières expériences de la REDD+, celle-ci sera encore plus utile dans les années à venir, a-t-il prédit.
M. SASHA ALEXANDER, spécialiste des politiques au secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a expliqué que 121 pays participent à son programme de création de cibles pour la neutralité en matière de dégradation des terres (NDT). Dans le cadre de ce programme, des groupes de travail ont été mis en place au niveau national. Le programme mise également sur la collecte de données pour définir ses cibles et pour cartographier les points les plus chauds en vue d’inverser la dégradation des sols. Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de la Convention, plus de 140 pays ont présentés des rapports nationaux et tous ont reconnu l’importance des arbres dans la lutte contre la désertification, a ajouté M. Alexander. C’est pourquoi le rapport de la Convention met l’accent sur l’agroforesterie et la sylviculture.
M. ULRICH APEL, spécialiste de l’environnement au secrétariat du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a axé son intervention sur le renforcement des synergies entre les trois conventions de Rio pour venir en appui au Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Le champ d’action du Fonds couvre les mécanismes financiers des accords environnementaux multilatéraux. En s’appuyant sur un partenariat avec 183 pays ainsi que des membres du secteur privé, de la société civile et du milieu universitaire, le Fonds assure le suivi des investissements faits dans le domaine de l’environnement. Il mesure notamment les résultats de 4 500 projets menés dans 170 pays, qui représentent 17,9 milliards de dollars en subventions et 93,2 milliards de dollars en cofinancements, a expliqué M. Appel, en signalant aussi que 824 millions de dollars ont été consacrés aux projets forestiers entre 2014 et 2018.
Étant donné le « triple rôle » des forêts -lutte contre les changements climatiques, lutte contre la dégradation des sols et conservation de la biodiversité-, le FEM a un « triple mandat », a poursuivi M. Appel en expliquant que le Fonds cherche à créer des synergies à travers ses « programmes d’impact ». Ces programmes ont pour objectif de combattre les causes profondes de ces trois problématiques, de promouvoir des changements systémiques, d’ouvrir l’accès au FEM aux pays éligibles dans le cadre d’un processus compétitif et d’obtenir des résultats dans trois domaines critiques. Les programmes du FEM portent en particulier sur les chaînes de production alimentaire durables et sur l’utilisation et la restauration de sols dégradés, en insistant sur l’impératif de faire disparaître la déforestation des chaînes d’approvisionnement. Le FEM se consacre aussi aux trois grands biomes: l’Amazone, la forêt du bassin du Congo et les forêts des zones arides. Le financement disponible pour ces programmes d’impact est de 700 millions de dollars, mais les demandes de financement adressées au FEM excèdent déjà cette enveloppe.
M. HOSNY EL-LAKANY, Directeur du Programme international de la foresterie, à la faculté de la foresterie de l’Université de Colombie britannique au Canada, est revenu sur les initiatives conjointes du Partenariat de collaboration sur les forêts et sur la façon dont elles contribuent à la concrétisation des objectifs mondiaux relatifs aux forêts. Si les rapports des membres du Partenariat essayent de présenter ce qui a été fait en ce sens, on s’aperçoit qu’il faut des contributions plus mesurables et mieux documentées, a-t-il observé. Quant aux mesures complémentaires à prendre pour renforcer les synergies entre le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et les différents mécanismes et programmes internationaux, il a préconisé de créer des liens, sur une base scientifique, entre la gestion durable des forêts et les autres objectifs de développement durable. L’expert a également suggéré au Partenariat d’avoir une démarche qui s’articule autour d’un inventaire des objectifs politiques: il doit examiner « qui fait quoi » pour chaque objectif et mener une analyse profonde des objectives clefs. « Mais cela exige des fonds », a-t-il reconnu.
Après les exposés, le représentant de la Suisse a demandé comment le FNUF pouvait appuyer tous ces processus de collaboration visant à réaliser le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) et partant, les objectifs de développement durable. La déléguée de la Jamaïque a salué les appels des panélistes pour une meilleure collaboration au niveau national, avant de leur rappeler qu’il n’est pas facile de fédérer les activités des points focaux nationaux des diverses conventions, et encore moins de rendre prioritaires les questions forestières dans les dépenses nationales.
« Faites-vous donc l’amie du Ministre des finances », lui a suggéré, sur une pointe d’humour, le représentant du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Il a en effet expliqué que c’est ce membre du gouvernement qui décide souvent des dépenses prioritaires.
Pour le représentant du secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, il est important, au niveau national, de créer des approches de collaboration informelle. On peut par exemple créer un groupe WhatsApp entre ces points focaux, a-t-il suggéré, faisant remarquer que des rencontres autour d’un café sont tout aussi efficaces que d’essayer d’établir une structure institutionnelle lourde.
De son côté, la représentante des États-Unis a demandé comment renforcer la visibilité du Partenariat de collaboration sur les forêts. Le représentant du secrétariat de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique a suggéré de se servir des manifestations internationales pour se faire connaître en organisant des évènements parallèles ou en installant des kiosques d’information. Pour le représentant de la FAO, il devrait être également possible de passer par les sites Internet des organisations partenaires.
Pour sa part, la représentante d’une ONG a dit sa déception de voir que les diverses initiatives de collaboration n’impliquent pas toujours la société civile.
Débat général
Mme KYUNGMI OH (République de Corée) a présenté les efforts consentis par son gouvernement pour améliorer les synergies dans le domaine des forêts, de la Convention sur la diversité biologique et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Ainsi, la gestion des forêts est intégrée dans d’autres plans environnementaux, car celles-ci sont perçues comme des puits de carbone dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques. S’agissant de la biodiversité, la République de Corée met en œuvre une initiative de restauration des écosystèmes. Elle apporte d’ailleurs son soutien à d’autres pays en développement qui cherchent à œuvrer dans ce sens. En tant que premier bailleur de fonds du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, la République de Corée a cofinancé 11 projets dans les pays en développement, a précisé la déléguée. Elle appuie en outre l’initiative de « Taïwan », en collaboration avec le secrétariat de la Convention sur la lutte contre la désertification.
M. VAN OPZEELAND (Nouvelle-Zélande) a demandé s’il était possible d’inclure les suggestions et réponses des panélistes exprimées lors de la présente session dans le résumé que fera le secrétariat du FNUF.
M. MUTTAGIN (Indonésie) a salué l’appui que fournit aux États Membres le Partenariat de collaboration sur les forêts, avec lequel l’Indonésie collabore elle-même. La délégation s’est aussi félicitée de voir que le FNUF cherche à établir des synergies avec l’Accord de Paris, une approche qu’elle adopte elle-même au plan national. Il faut continuer à améliorer les conditions des puits de carbone dans le monde, a exigé le représentant dans ce contexte.
L’Indonésie se félicite également de la collaboration entre le Forum et la Convention sur la diversité biologique. Le pays restaure, entre autres, des milliers d’hectares de mangrove et s’attache à préserver ses écosystèmes.
M. OGAWA (Japon) a souligné l’importance de l’Accord de Paris et a fait état d’une taxe pour les forêts mise en place au Japon pour soutenir leur gestion durable. Un plan d’atténuation des catastrophes naturelles a également été adopté. Ce plan protège certaines zones qui sont considérées comme des forêts de « prévention ». En conclusion, le représentant s’est engagé à continuer la collaboration du Japon avec le Partenariat de collaboration sur les forêts.
M. BALDAUF (Allemagne) a dit que son pays soutient le rôle du FNUF en matière de collaboration ainsi que la cohérence des travaux du Partenariat. Il a cité à cet égard les efforts de l’Allemagne qui a facilité deux réunions du Partenariat et de ses bailleurs de fonds, alors que son gouvernement s’est engagé à contribuer au Réseau mondial de facilitation du financement forestier. Le Gouvernement allemand soutient également la FAO en tant que point focal du Partenariat, en y détachant des spécialistes et des experts.
Mme CORONEL (Équateur) a indiqué que son pays entendait réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Si les initiatives nationales en ce sens sont accompagnées par la coopération internationale, l’Équateur pourra renforcer ses efforts, a-t-elle fait valoir.
Mme KARR-COLQUE (États-Unis) ont souhaité voir renforcer le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). La déléguée a notamment estimé que les indicateurs devaient être revus, avant d’inviter le FNUF et le Partenariat de collaboration sur les forêts à revoir la manière par laquelle sont mesurés les objectifs et les cibles.
M. MAHMOUD (Malaisie) a invité ledit Partenariat à améliorer sa communication afin que les parties prenantes soient mieux à même de comprendre les différentes approches utiles pour une meilleure gestion des forêts. Il a aussi plaidé pour une amélioration des contributions nationales à la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).
M. DRANIBAKA (Fidji) a expliqué que son pays travaille à la mise en œuvre d’un cadre pouvant favoriser la mobilisation des ressources destinée à la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). De ce fait, les Fidji entendent planter quatre millions d’arbres au cours des quatre prochaines années, notamment en impliquant les communautés locales qui sont devenues de véritables « gardiennes des forêts ».
M. JOHN PARROTTA, de l’Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO), a indiqué que son organisation joue un rôle majeur en mettant à disposition des informations scientifiques liées aux forêts. Lesdites informations sont utilisées dans les rapports mondiaux et cela permet de nourrir des réflexions comme celles menées au sein du FNUF ou encore d’éclairer les décisions des autorités nationales. Enfin, l’IUFRO rappelle que son réseau mondial de scientifiques est disposé à aider les États Membres dans le cadre du partage des connaissances dans le domaine de la foresterie.
Mme ADRIANA VIDAL, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), a souligné que son organisation s’était engagée dans des activités de régénération des terres, dans le cadre du « Défi de Bonn » pour lequel elle a invité les États à s’impliquer davantage. Ce défi représente un effort mondial dont l’objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici à 2020, et 350 millions d’hectares d’ici à 2030. Il a été lancé en 2011 à Bonn lors d’un événement organisé par le Gouvernement allemand et l’UICN, puis a été approuvé et étendu à 2030 par la Déclaration de New York sur les forêts, lors du Sommet sur le climat des Nations Unies de 2014.
Table ronde interactive sur « les mesures prises par les partenaires régionaux et sous-régionaux à l’appui de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) »
M. ALMAMI DAMPHA, spécialiste principal des politiques relatives à la gestion des forêts et des terres à la Commission de l’Union africaine, a rappelé que l’objectif 5 de l’Agenda 2063 de l’Union africaine est consacré à la gestion durable des ressources naturelles. Il a également présenté un certain nombre de stratégies et d’initiatives lancées à l’échelle du continent pour assurer la bonne gestion de telles ressources, notamment celles qui sont tirées des forêts. Il a par exemple évoqué le projet de la « Grande muraille verte », mis en œuvre par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et qui vise à reboiser un espace particulièrement désertique allant du Sénégal à Djibouti, de l’ouest à l’est du continent.
Dans la même ligne et sur le même continent, M. GODWIN KOWERO, Secrétaire exécutif du Forum forestier africain, a présenté les activités de son organisation qui œuvre pour la reforestation de l’Afrique. Il a expliqué que le Forum forestier africain favorise l’établissement de partenariats public-privé afin de mieux structurer la filière de l’exploitation forestière en Afrique. Le Forum s’investit aussi pour que les forêts contribuent autant que possible à la lutte contre les changements climatiques et à la sécurité alimentaire.
Au-delà des organisations régionales, M. DAVID GRITTEN, agent principal de programme de l’organisation Center for People and Forests, a insisté pour que les acteurs locaux soient en première ligne pour mener des initiatives de gestion des forêts, notamment les peuples autochtones d’Asie et du Pacifique, la sous-région dans laquelle œuvre son organisation. Cette dernière part du principe que les communautés locales connaissent mieux leurs forêts et ont des droits qu’il faut respecter. Les communautés essayent d’atteindre les cibles fixées pour contribuer au Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Mais tout cela se passe dans le respect des droits de communautés locales, a-t-il insisté, citant par exemple les droits fonciers sur leurs terres forestières. Il a aussi mentionné l’utilisation des tronçonneuses qui est très règlementée dans certains pays de la sous-région, dans le but de lutter contre la coupe illégale des arbres. A contrario, les tronçonneuses et autres techniques modernes d’exploitation des forêts doivent pouvoir être utilisées par les communautés locale, plutôt que des machettes, tout en assurant que cela n’ait pas d’incidence négative sur la gestion durable des forêts.
Sur la question spécifique du bois de bambou et du rotin, M. THANG LONG TRINH a pris la parole pour parler de son travail de coordonnateur du programme d’évaluation mondiale des ressources en bambou et en rotin pour le développement écologique à l’Organisation internationale sur le bambou et le rotin. Le bambou, a-t-il estimé, peut contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. En effet, planter un hectare de ce bois peut permettre de séquestrer jusqu’à 25 tonnes de carbone. De plus, le bambou peut servir pour produire de l’électricité, tout en évitant la pollution, puisque la combustion de ce produit libère très peu de gaz carbonique.
En outre, le bambou est facile à récolter et ne nécessite pas de renouveler les cultures, puisque la racine forme naturellement de nouvelles tiges. C’est ainsi qu’un projet mené à Madagascar, par l’Organisation internationale sur le bambou et le rotin, a permis de créer un site de gazéification à partir du bambou. L’expert a aussi expliqué que la combustion de 80 kg de bambou peut générer de l’électricité pendant six heures pour une petite communauté. Le marché mondial du bambou est aujourd’hui évalué à 60 milliards de dollars par an, dont la moitié exclusivement en Chine, a-t-il précisé.
M. PETER CSOKA, Secrétaire du Comité des forêts et chef d’équipe à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a principalement parlé de la collaboration de la FAO avec d’autres organisations et institutions, ainsi qu’avec le FNUF. Les objectifs de développement durable sont au centre des activités de la FAO qui publie des rapports réguliers sur ceux des objectifs touchant ses domaines de compétence. La FAO vient par exemple de mener une étude en Afrique sur les vulnérabilités nationales en matière de changements climatiques. L’Organisation soutient plus de 1 000 organisations représentant plus de 30 millions de petits exploitants forestiers à travers le monde. Elle a également créé des synergies entre la foresterie et la protection sociale, étant donné que les communautés tributaires des forêts ne sont pas prises en compte dans les programmes de protection sociale.
La plupart des rapports des organisations internationales font mention des objectifs de développement durable, mais très peu cas des objectifs liés aux forêts, a relevé à regret l’animatrice de la table ronde, Mme PAOLA DEDA, administratrice chargée de la Division des forêts, de l’aménagement du territoire et du logement de la Commission économique pour l’Europe (CEE) et Chef de la Section conjointe CEE/FAO de la forêt et du bois. Cette observation a fait dire à la Finlande qu’il faudrait peut-être pallier le manque de communication entourant le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).
L’expert de l’organisation Center for People and Forests a dit qu’en Asie du Sud-Est effectivement, il n’est pas souvent fait état des objectifs du Plan stratégique. Le Forum forestier africain cherche à renforcer les capacités des pays dans le contexte de la mise en œuvre du Plan stratégique, a dit M. Kowero. Ce forum s’évertue aussi à expliquer aux acteurs nationaux (autorités, enseignants et chercheurs, société civile et secteur privé) comment les accords internationaux ont un impact sur leurs activités sur le terrain.
Selon l’expert de l’Organisation internationale sur le bambou et le rotin, impliquer le secteur privé s’avère parfois frustrant quand on se rend compte qu’au lieu de se focaliser sur la durabilité, ce dernier est plus tourné vers la recherche du gain.
Le vrai problème est qu’il faut susciter l’intérêt du grand public et de tous ceux qui ne sont pas du domaine des forêts, a estimé le Secrétaire du Comité des forêts à la FAO. Cette observation a fait dire à l’animatrice qu’effectivement, les discussions entre experts comme celles d’aujourd’hui prêchent à des convaincus. Le vrai défi est donc de tenir compte de tous les autres acteurs qui ne prennent pas souvent part à de telles joutes internationales.
Table ronde interactive sur les « mesures prises par des partenaires des grands groupes à l’appui du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) »
La deuxième discussion de l’après-midi était modérée par M. JOSEPH COBBINAH, point de contact du grand groupe de la communauté scientifique et technique auprès du FNUF. Les grands groupes participent aux débats des organes de l’ECOSOC depuis la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement -le Sommet de la Terre de Rio de 1992- qui avait débouché sur la mise en place du FNUF. Deux grandes réunions ont été organisées depuis à l’intention des grands groupes, la première au Kenya dont les recommandations ont été présentée lors de la treizième session du FNUF. La présente séance devait permettre de faire le point sur les avancées faites depuis.
Mme CECILE NDJEBET, point de contact du grand groupe des femmes auprès du FNUF, a fait une présentation générale de ce que les grands groupes ont prévu collectivement de réaliser dans leurs plans de travail quadriennaux à l’appui du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. Ils ont identifié quatre principaux domaines d’intervention dans lesquels ils peuvent appuyer les efforts des gouvernements, du secteur privé et d’autres parties prenantes, à savoir l’information et la sensibilisation; la mise en œuvre sur le plan local du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et sa traduction et sa compréhension sur le terrain; la promotion d’un cadre d’engagement mutuel et de redevabilité pour les engagements pris au titre du Plan stratégique; et le renforcement des capacités et bases de ressources des grands groupes pour des mesures efficaces.
Mme Ndjebet a proposé l’idée de la création d’une plateforme d’échange d’informations en vue de parvenir à un réseau fonctionnel de recherche régionale avec le soutien des grands groupes. L’accent est également mis sur la collecte de données ventilées par sexe, un projet pris en charge par le grand groupe des femmes. La troisième mesure vise à sensibiliser les membres des grands groupes pour les impliquer dans une gestion durable au niveau local et augmenter la couverture forestière. D’autres mesures envisagées sont d’améliorer les compétences pour fournir des produits agricoles de qualité ou encore d’accélérer la création de droits fonciers pour des forêts viables, y compris pour les femmes et les peuples autochtones. Les grands groupes des organisations non gouvernementales et des peuples autochtones travaillent, eux, sur un cadre de responsabilisation mutuelle et collective pour les déclarations d’intention ayant trait aux forêts. Une autre initiative vise à améliorer l’accès aux marchés des industries et produits forestiers et non ligneux pour améliorer les moyens de subsistance des populations qui dépendent des forêts. Les grands groupes cherchent également à mobiliser des ressources financières en vue d’atteindre les objectifs et cibles ayant trait aux forêts. Par ailleurs, ils s’engagent dans des activités de communication et de diffusion sous la houlette de leurs points focaux auprès du FNUF.
M. STEFFEN DEHN, point de contact du grand groupe des enfants et des jeunes auprès du FNUF, a indiqué que le groupe avait six visées principales dans son programme de travail pour réaliser le Plan stratégique sur les forêts. Il a aussi parlé des actions menées dans ce domaine par son groupe en 2018, notamment une réunion sur l’objectif de développement durable 15 en préparation du Forum politique de haut niveau pour le développement durable. Lors de sa participation au Forum politique de haut niveau, le groupe a attiré l’attention sur la manière dont la forêt peut contribuer à la réalisation de tous les objectifs de développement. Cette participation a été couronnée de succès, a estimé M. Dehn qui a parlé des projets de mobilisation de la population et des jeunes à travers l’art. Les jeunes ont un intérêt particulier pour le FNUF, a-t-il indiqué. M. Dehn a aussi parlé des obstacles à la réalisation du Plan stratégique notamment l’impossibilité de faire passer le message et le manque de ressources.
Mme LUCY MULENKEI, point de contact du grand groupe des peuples autochtones auprès du FNUF, a rappelé qu’il y avait plus de 350 millions de personnes autochtones dans le monde, réparties dans 90 pays et plus de 5 000 groupes. Beaucoup d’entre elles vivent et dépendent des forêts dans leur quotidien. Elles sont les gardiennes de ces forêts qu’elles ont conservées et protégées de tout temps. C’est là qu’elles trouvent leur nourriture, leurs médicaments, leurs lieux de prière, et là où elles interagissent avec la nature. Cependant, au cours des dernières décennies, de nombreuses politiques et lois ont changé, et les habitants des forêts en ont été évincés, a souligné l’intervenante.
Dès lors, le grand groupe participe à la mobilisation des peuples autochtones qui ont commencé à s’organiser et à travailler ensemble dans le cadre de différents fora et plateformes pour trouver ensemble des idées et des solutions. Le grand groupe promeut « l’engagement sur place » en faveur du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et travaille à faire comprendre les décisions mondiales du FNUF aux peuples autochtones sur le terrain pour qu’ils y adhèrent, en mettant particulièrement l’accent sur les questions de droit foncier. Le grand groupe compte sur la collaboration des gouvernements, des partenaires et des autres grands groupes aux niveaux local et national, notamment pour ce qui est d’assurer la propriété foncière à ces peuples ainsi que l’accès, le contrôle et la prise de décisions sur la base des droits de l’homme.
Le grand groupe des peuples autochtones milite en outre auprès des gouvernements nationaux pour que ces derniers adoptent une nouvelle approche législative et pour qu’ils reconnaissent et soutiennent les pratiques de gestion durable des zones protégées et gérées par des communautés autochtones. L’objectif du grand groupe est de parvenir à un réseau pour la responsabilisation dans la gestion des forêts, une priorité pour les peuples autochtones qui souhaitent travailler aux côtés des grands groupes en termes de promotion de l’agroforesterie, de formation et de participation aux consultations du FNUF.
La plateforme de partage des connaissances est un outil important pour que les peuples autochtones puissent partager leurs savoirs traditionnels, a précisé l’intervenante. Les peuples autochtones sont déjà intégrés au Programme de développement durable à l’horizon 2030, mais on peut faire plus pour les informer sur les questions et décisions ayant trait aux forêts, a-t-elle conclu.
Mme MARTHA CECILIA NUÑEZ CAÑIZARES, point de contact du grand groupe des ONG auprès du FNUF, a annoncé que le plan de travail de son groupe se focalise sur les domaines suivants: la communication et la sensibilisation, le renforcement de capacités, la législation, le contrôle et la supervision, et le réseautage. Dans la réalisation de ce plan de travail, une attention particulière sera accordée à la terre, à la forêt et aux arbres, a-t-elle dit. Avec le projet « Forêt pour tous pour toujours », le groupe vise à promouvoir la gestion durable des forêts auprès des consommateurs et des décideurs. Le groupe mène ses projets en collaboration avec les peuples autochtones, les paysans et les femmes.
La représentante a parlé des forums, des formations, des débats et des plaidoyers menés par le groupe, notamment dans les domaines relatifs au Plan stratégique et aux autres objectifs de développement durable. Ils ont pour but, par exemple, de renforcer les capacités des peuples autochtones à protéger leurs territoires, de conduire des recherches, de mettre en œuvre des mesures alternatives pour atténuer les effets des changements climatiques et de gérer au mieux les forêts et la biodiversité. La représentante s’est plainte de l’insuffisance du financement qui constitue un obstacle à la mise en œuvre du Plan stratégique. La collaboration dans les espaces internationaux est difficile, a-t-elle aussi noté, avant d’appeler à soutenir la coopération entre les institutions et les gouvernements pour un travail local sur le terrain.
M. SIM HOEK-CHO, point de contact suppléant du grand groupe de la communauté scientifique et technique auprès du FNUF, a présenté les contributions de trois réseaux régionaux et sous-régionaux, dont celui des gommes et résines d’Afrique. Il a mis l’accent sur l’importance des informations pratiques et pertinentes pour la communauté scientifique et technique, en remarquant que les bases de données existantes ne sont pas toujours mises à jour. Il va falloir y remédier, a-t-il lancé tout en reconnaissant que des efforts avaient toutefois commencé pour améliorer la qualité des données relatives aux forêts.
Pour ce qui est des connaissances traditionnelles des forêts, il a estimé qu’elles avaient souvent fait leurs preuves sur le plan scientifique et qu’elles peuvent actuellement compléter la science moderne. Par conséquent, il va falloir recenser ces connaissances traditionnelles notamment par le truchement des grands groupes auprès du FNUF, et en particulier celui des peuples autochtones.
L’intervenant a également plaidé en faveur de recherches basées sur les faits et a encouragé le travail en collaboration avec les communautés locales pour adapter les objectifs et cibles ayant trait aux forêts aux contextes locaux et pour leur appropriation. Ces dernières années, la priorité est devenue de faire prendre conscience du fait que les forêts ne sont pas seulement des ressources en bois, mais bien une source majeure du bien-être des hommes sur la terre. Les sciences et les techniques peuvent contribuer à la bonne gestion des forêts, a-t-il conclu.
Mme FERNANDA RODRIGUES, point de contact suppléant du grand groupe des femmes auprès du FNUF, a dit que l’objectif principal de son groupe est d’intégrer le genre dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts en prenant en compte l’objectif de développement durable 15 « Égalité entre les sexes ». Il vise aussi à renverser la perte forestière dans le monde par la gestion durable des forêts, et à tirer au mieux profit des avantages économiques, sociaux et environnementaux de l’économie forestière. Le groupe cherche également à améliorer les moyens de subsistance des peuples dépendant de la forêt, à mobiliser de nouvelles ressources pour la mise en œuvre de la gestion durable des forêts et à renforcer la coopération et les partenariats scientifiques.
Promouvoir des cadres de gouvernance pour la gestion durable des forêts, notamment par le biais du FNUF, renforce la contribution des forêts au Programme de développement durable à l’horizon 2030, a enfin estimé Mme Rodrigues, pour qui les principaux défis sont le manque de ressources financières, la coopération des organisations et des gouvernements, et la mobilisation des organisations de la société civile faute de moyen financier. Mme Rodrigues préconise la création d’espaces sûrs de discussion sur la parité dans le secteur forestier aux niveau national, régional et local pour contribuer à la réalisation du Plan stratégique sur les forêts.
La représentante de l’Équateur est revenue sur l’importance de la recherche et de la collecte de données pour la prise de décisions informées. Elle a également invité à intégrer la question de la parité hommes-femmes et du droit foncier dans le contexte du processus REDD+ en Équateur, en reconnaissant la difficulté d’intégrer ces dimensions dans le contexte des forêts où les femmes sont sous-représentées dans les processus de prise de décisions. L’accès à la terre est gratuit en Équateur, a-t-elle précisé, notamment pour les peuples autochtones, mais il s’agit de renforcer les institutions pour qu’elles aient les capacités de produire les titres fonciers, compte tenu de la confrontation qui existe entre « colons » et peuples autochtones dans ce domaine. Elle a posé la question de savoir ce que veulent les peuples autochtones pour la gestion de leurs propres territoires, en insistant sur le fait qu’il faut être à leur écoute.
Le représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technique a réagi à cette intervention en soulignant le fossé entre la science et la politique. Il faut pouvoir déterminer les informations qui seront utiles à l’élaboration de politiques. En outre, il faut trouver un équilibre entre la recherche appliquée et la recherche fondamentale.
Le grand groupe des organisations non gouvernementales a rappelé le mécanisme de coordination des grands groupes pour préparer les sessions du FNUF, qui a été utile pour ses dixième, onzième et douzième sessions grâce au soutien financier de l’Allemagne. Cependant, faute de moyens, cela n’a pas été possible pour les treizième et quatorzième sessions. Il a espéré que des fonds seront débloqués à cette fin pour la prochaine session du FNUF.
De son côté le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes s’est adressé aux États Membres pour leur demander d’impliquer les jeunes à tous les niveaux.
Son homologue du grand groupe des autochtones a insisté sur l’importance de collecter des données fiables sur les connaissances traditionnelles dans le domaine de la foresterie, ainsi que sur l’implication des femmes dans ces efforts.
En fin de séance, le représentant de l’Allemagne a rappelé que dans le cadre de son engagement annoncé lundi dernier, son gouvernement tenait à renforcer la capacité et la participation des grands groupes à l’appui du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts. L’Allemagne va signer un accord de financement avec le FNUF en ce sens.