Quatorzième session,
6e et 7e séances – matin & après-midi
ENV/DEV/1946

Forum sur les forêts: examen de l’impact potentiel de la réforme du Département des affaires économiques et sociales sur les travaux du FNUF

Au troisième jour de la quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF-14), l’impact potentiel de la réforme du Département des affaires économiques et sociale (DAES) sur le Forum et ses travaux a animé une bonne partie des débats, sachant que le FNUF est une commission technique du Conseil économique et social (ECOSOC) et que son secrétariat est assuré par le DAES.

Le fait que le poste de directeur du secrétariat du FNUF est vacant depuis juin 2018, et qu’à ce jour, ce poste de niveau D2 n’a même pas été publié, a suscité de nombreuses réactions et inquiétudes.  Comme l’a rappelé la représentante du Canada, qui s’exprimait au nom d’un réseau inter-régions d’États Membres, « nous nous sommes déplacés à New York pour avoir des réponses à ces questions ».  Son homologue de l’Union européenne s’est elle aussi inquiétée des conséquences de cette vacance, voire du déclassement de ce poste à un niveau D1, sur la participation du Forum à différentes réunions intergouvernementales.

Sans confirmer le déclassement potentiel, le représentant de la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Francesca Spatolisano, a expliqué que le délai d’annonce du poste résultait d’une simple question de procédure: les fonctions de ce poste font l’objet d’un examen avant sa publication.  Il a également précisé que le directeur continuerait à rendre compte directement au Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui est à la tête du DAES.  En ce qui concerne son statut pour représenter le FNUF, ce sont les exigences protocolaires des réunions internationales qui détermineront si c’est le Secrétaire général adjoint ou le chef du secrétariat du FNUF (directeur de grade D1) qui représentera le Forum.  Pour l’Allemagne, l’Argentine et la plupart des autres intervenants, ce reclassement du poste de D2 à D1 serait une erreur.  « Le DAES doit y réfléchir par deux fois avant de l’entériner », a averti l’Argentine. 

Le sort du sous-programme sur la gestion durable des forêts a également préoccupé les États Membres, ce à quoi le DAES a répondu qu’il entendait le renforcer et lui conserver son indépendance.  Il sera toujours mis en œuvre par le DAES, par le biais du secrétariat du FNUF.

Pour le Groupe des États d’Afrique, l’Union européenne et d’autres délégations, il faut que le DAES reconnaisse le FNUF comme « le seul organe de l’ONU traitant des questions inhérentes à tous les genres de forêts », ou encore comme « l’organe politique compétent pour émettre des avis sur les forêts », au point de demander que son secrétariat soit renforcé et d’exiger que le processus de réforme n’entache en rien son indépendance et son mandat.

Le Forum s’est également penché sur un autre point à son ordre du jour: « le suivi, l’évaluation et l’établissement des rapports sur les progrès réalisés en vue de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030), notamment l’instrument des Nations Unies sur les forêts et les contributions nationales volontaires »*. 

C’était l’occasion pour le forestier principal de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de présenter les 21 nouveaux critères internationaux sur les sept thématiques retenues pour harmoniser la collecte et la ventilation des données dans les rapports de tous les mécanismes internationaux relatifs aux forêts, y compris le FNUF.

Autre point abordé aujourd’hui, les progrès accomplis au titre des activités et du fonctionnement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier**.  Ce réseau travaille en coopération étroite avec les États Membres et les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts en vue de contribuer à la mise en œuvre et au financement de la gestion forestière durable.

Depuis la treizième session du FNUF, le Fonds pour l’environnement mondial a approuvé des subventions d’un montant total de 825 millions de dollars aux fins de la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030, mobilisant des cofinancements d’un montant estimé à 4,8 milliards de dollars.  Les projets approuvés seront mis en œuvre dans 63 pays différents par les 11 agences accréditées par le Fonds.  En ce qui concerne le Fonds vert pour le climat, quatre nouveaux projets sur les résultats liés aux forêts et à l’occupation des sols ont été approuvés, dont deux propositions nationales et deux propositions émanant de plusieurs pays. 

Tout en saluant les résultats engrangés grâce au Réseau mondial, les délégations se sont montrées prudentes à l’égard de la proposition de la Chine d’ouvrir un bureau à Beijing, même si les coûts seraient entièrement pris en charge par la Chine.  Le représentant du secrétariat du FNUF a essayé de rassurer les délégations en leur précisant verbalement que ce bureau, « s’il venait à être établi », serait un bureau des Nations Unies tenu de respecter toutes les normes de l’Organisation, qui aurait pour mandat de gérer uniquement des projets, et que le secrétariat du FNUF resterait fermement à la barre du Réseau mondial.  De nombreuses délégations sont toutefois sceptiques et attendent toujours des détails par écrit, notamment sur son budget et son personnel ou encore une analyse coûts/bénéfices.  La Suisse a même menacé de suspendre ses contributions au Fonds d’affectation du Réseau mondial à défaut d’avoir plus d’informations.

Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, jeudi 9 mai, à partir de 10 heures.

* E/CN.18/2019/3
** E/CN.18/2019/4

INFORMATIONS SUR LA RÉFORME DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONCERNANT LE FORUM

Suite aux questions soumises hier par l’Union européenne et par le Canada au nom d’un réseau inter-régional d’États Membres au Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmim, sur la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES) concernant le FNUF, le représentant de la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Francesca Spatolisano, est venu apporter des éléments de réponse aux États Membres, qui, à leur tour, ont pu réagir dans le cadre du débat sur cette question. 

Ainsi, l’Union européenne (UE) a voulu connaître les options envisagées au niveau de la reforme concernant le Forum et son secrétariat.  Quelles sont les conséquences de ces options sur les ressources humaines et budgétaires et en quoi cela risque-t-il d’influencer les travaux et le fonctionnement du Forum?  Quelles sont les conséquences sur la représentation du Forum dans différentes réunions vis-à-vis des gouvernements et d’autres organisations internationales si le niveau hiérarchique du chef du FNUF change?  Pour quelle raison le poste de directeur du secrétariat du Forum, qui est vacant depuis juin 2018, n’a toujours pas été publié?  Qu’attend-on pour le pourvoir?

Lui emboitant le pas, le Canada a rappelé que les États Membres s’étaient déplacés pour venir à New York avec l’intention d’obtenir des clarifications sur les effets du processus de réforme sur le FNUF et son secrétariat.  La déléguée a notamment demandé si le sous-programme sur les forêts resterait une division à part entière ou s’il serait fusionné avec une autre division du DAES.  À l’instar de l’Union européenne, elle a voulu connaître les options prévues par la réforme concernant le FNUF ainsi que ses avantages et inconvénients.  Si le sous-programme passe sous la gestion d’une autre division de DAES, comment les ressources seront-elles allouées et quels seront les rapports hiérarchiques, notamment si le FNUF continue à directement dépendre du Secrétaire général de l’ONU et du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales?

Réagissant à ces questions, le représentant de la Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Francesca Spatolisano, a rappelé que l’Assemblée générale allait examiner les mesures de réforme suivantes: renforcement de la direction pour mieux répondre aux exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030; renforcement de la coopération dans sa mise en œuvre; renforcement du volet statistique et de la redevabilité; contribution à la fourniture d’un soutien stratégique au système des coordonnateurs résidants et renforcement des stratégies et mécanismes pour renforcer la communication avec les organisations extérieures et les partenariats.  Toutes ces options sont sur la table pour mieux adapter les compétences du DAES et les mettre au service des objectifs de développement durable, a-t-il fait valoir.

Conformément à la vision du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, il est fondamental de renforcer les liens existants entre les forêts et d’autres questions de développement durable comme l’eau, l’énergie et les changements climatiques et, par conséquent, le DAES continuera d’appuyer les travaux du Forum dans l’exercice de son mandat intergouvernemental, a-t-il assuré.  Le Département veillera à ce que les résultats du processus de réforme mènent à un secrétariat plus efficace, plus frugal et mieux à même de gérer ses ressources budgétaires et extrabudgétaires.  Le Forum ne devrait pas être affecté dans la mesure où il continuera à rendre des comptes au Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.

Le Département continuera d’appuyer les travaux du Forum et le niveau de représentation de son secrétariat dans les différentes réunions ne sera pas affecté, a ajouté le représentant.  Il a assuré que le DAES attache une très grande importance au travail du FNUF et de son secrétariat et qu’il entend renforcer son sous-programme sur la gestion durable des forêts.  Le sous-programme restera indépendant et continuera à être mis en œuvre par le DAES par le truchement du secrétariat du FNUF, a-t-il précisé.

Le représentant du DAES a également répondu à la question posée sur le poste de directeur du secrétariat du FNUF qui est toujours vacant.  La procédure veut que les fonctions de ce poste fassent l’objet d’un examen avant sa publication, a-t-il expliqué.  Il a précisé en outre que les montants alloués au secrétariat du FNUF continueront d’être présentés aux États Membres dans le cadre du budget de DAES.

La Nouvelle-Zélande a dit que son pays soutenait le processus de réforme du DAES et a dit espérer que le Forum des Nations Unies sur les forêts pourrait poursuivre son travail sans entrave.

Après avoir rappelé que le Forum avait été créé à l’issue de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio, il y a 27 ans, le Sénégal, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a demandé au DAES de reconnaître le FNUF comme « le seul organe de l’ONU traitant des questions inhérentes à tous les genres de forêts » et de renforcer son secrétariat.  Le Groupe voudrait également que le processus de réforme n’entache en rien l’indépendance et le mandat du Forum, afin d’éviter un affaiblissement du secrétariat qui conduirait à saper tous les efforts consentis en faveur des forêts depuis la Conférence de Rio.

L’Union européenne a aussi demandé que la réforme ne touche pas à la capacité du secrétariat de bien mener ses missions, après avoir rappelé que le FNUF est le seul organe politique mondial traitant des forêts.  L’UE attend toujours des détails sur les éventuelles implications de la réforme sur le secrétariat, a dit le délégué en insistant pour que les avis des États soient reflétés dans le processus de réforme.

L’Australie a demandé plus d’informations sur la réforme du DAES afin de s’assurer que cela n’aurait pas d’impact négatif sur le secrétariat du FNUF.  Le pays est préoccupé de toute mesure qui pourrait limiter les prérogatives et la mission du secrétariat du FNUF.  Ce secrétariat doit être pleinement efficace, car il est « la voix des forêts au sein de l’ONU », a plaidé la délégation en souhaitant qu’il soit reconnu comme « l’organe politique compétent pour émettre des avis sur les forêts ». 

Le Nigéria a estimé que la réforme devait tenir compte du fait qu’il y a une répartition sectorielle du travail au sein du Forum.  Il faut davantage de consultations avec les États Membres à ce sujet, selon lui.

La Chine a aussi demandé que soit préservée l’indépendance du secrétariat, celui-ci ne devant pas, en outre, voir ses ressources financières diminuer.

Pour les États-Unis, il ne fait aucun doute que « le FNUF est utile à tous les États Membres ».  Et pour qu’il continue à être efficace, son secrétariat doit disposer des ressources nécessaires pour s’acquitter des missions à lui confier, notamment en recrutant les membres nécessaires pour pourvoir aux deux postes vacants en son sein.

La Fédération de Russie a pour sa part dit qu’on ne peut sous-estimer le rôle du secrétariat du FNUF, insistant pour qu’il soit « fort » et capable de s’acquitter de ses mandats. 

Le Niger a insisté sur le fait que le secrétariat du FNUF doit être doté de moyens nécessaires pour mener à bien ses missions, dont l’une des plus importantes est d’accompagner la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).

Le Japon, pays qui est l’un des grands donateurs du secrétariat, a trouvé inquiétant que le poste de directeur du DAES en charge du secrétariat reste vacant.  Pour la Suisse, il est même urgent de pourvoir à ce poste au plus vite.

De l’avis du grand groupe des enfants et des jeunes, il est clair qu’il faut un secrétariat qui fonctionne, afin d’envoyer le message au monde que la question des forêts est prise au sérieux.  « Il faut que la réforme permette d’atteindre nos ambitions pour les générations actuelles et futures », a martelé son représentant. 

Le grand groupe de la communauté scientifique et technique a aussi fait part de son inquiétude vis-à-vis de la réforme, notamment l’incidence que cela aurait sur le moral du personnel du secrétariat si la réforme était l’occasion de dévaluer certains postes de direction. 

À ce propos, la déléguée du Canada a demandé s’il était prévu que le directeur du secrétariat continue de rendre compte au Secrétaire général adjoint du DAES, même si le poste passe du niveau D2 à D1.  Pour la délégation, cette situation pourrait affaiblir le FNUF, qui est tout de même « l’organe politique central des Nations Unies en matière des forêts ».  De même que la Norvège, qui est inquiète d’un tel reclassement pour le poste de directeur du secrétariat, l’Australie a demandé si un directeur de niveau D1 serait toujours à même de représenter le Forum dans les processus et dans les réunions. 

Le représentant du DAES a précisé que ledit directeur continuerait à rendre compte directement au Secrétaire général adjoint du DAES.  En ce qui concerne son rôle pour représenter le FNUF, cela dépendra du niveau de représentation requis pour les réunions, a-t-il expliqué: selon les exigences protocolaires des réunions, soit le Secrétaire général adjoint soit le chef du secrétariat du FNUF (directeur de grade D1) seront amenés à représenter le FNUF.

L’Allemagne en a conclu qu’on arriverait « malheureusement à une situation où le secrétariat du FNUF ne sera pas représenté comme il se doit », d’où l’importance de la différence entre un poste de niveau D2 et un D1.  Abondant dans le même sens, l’Argentine a estimé que ce reclassement du poste de D2 à D1 serait une erreur.  « Le DAES doit y réfléchir par deux fois avant de l’entériner. » 

L’Algérie a, pour sa part, demandé que les questions et préoccupations des délégations soient transmises aux États, de même que les réponses du DAES, avant d’insister, comme la plupart des délégations, pour que les déclarations des divers orateurs soient intégrées au compte rendu officiel de la présente réunion. 

Le Président du FNUF a promis que les questions des délégations et les réponses du DAES présentées ce matin seraient effectivement transmises à toutes les délégations par courriel, dès aujourd’hui. 

SUIVI, ÉVALUATION ET RAPPORTS

Table ronde sur le suivi, l’évaluation et l’établissement de rapports

Cette table ronde, qui était animée par M. ROMAN MICHALAK, gestionnaire de programme à la Section conjointe Commission économique pour l’Europe (CEE)/FAO de la forêt et du bois, a soulevé les difficultés rencontrées dans la soumission de rapports au niveau international, notamment quant aux indicateurs à utiliser lorsque l’on traite des forêts.  En vue de répondre à cette problématique, une série d’indicateurs « complexes » ont été développés cette année et il va falloir « sortir de notre zone de confort » pour les appliquer, a-t-il remarqué, y voyant néanmoins une opportunité de progrès et un moyen de se connecter au reste du monde.  Jusque-là, les travaux et rapports sur les forêts ne sont souvent pas compris par d’autres secteurs, a-t-il noté, en observant qu’aujourd’hui la chance se présente de pouvoir toucher d’autres secteurs. 

La présente table ronde s’inscrivait dans ces efforts, avec tout d’abord un aperçu général fait par M. PETER CSOKA, forestier principal à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  M. Csoka a expliqué qu’un ensemble d’indicateurs mondiaux avait été élaboré pour répondre au besoin croissant d’informations.  Différents forums, y compris le FNUF, ont en effet demandé une rationalisation des différents processus pour pouvoir mesurer les progrès réalisés en matière de gestion durable des forêts et dans la mise en œuvre de tous les instruments relatifs aux forêts.  Ces indicateurs ont pour objectif d’identifier un sous-ensemble cohérent d’indicateurs mondiaux applicables aux différents processus en cours.  Pour permettre l’évolution de cet ensemble d’indicateurs, un processus de collaboration entre parties prenantes a été mis en place et sept éléments thématiques ont été identifiés, à savoir: mesure des ressources forestières; diversité biologique des forêts; forêts en tant que source de santé et de vitalité; fonctions productives des ressources forestières; fonctions de protection des ressources forestières; fonctions socioéconomiques des ressources forestières; et cadre législatif, règlementaire et institutionnel des forêts.

Sur les 21 nouveaux indicateurs, 12 ont été évalués par les experts, 5 doivent encore être affinés, tandis que 4 manquent encore de méthodologie et de données disponibles.  En outre, une quatrième catégorie pourrait être créée: celle des indicateurs pertinents au niveau politique.  M. Csoka a expliqué que tous ces indicateurs sont le fruit d’un processus collaboratif.  Il faut poursuivre sur la lancée actuelle pour tous les finaliser et les rendre opérationnels, a-t-il recommandé.  Certains de ces indicateurs touchent plusieurs des sept grandes thématiques, a-t-il également souligné, alors que les données sur l’économie grise restent trop souvent lacunaires.  Par conséquent, il va falloir opter pour une approche graduelle et améliorer les capacités nationales de collecte de données pour tous les indicateurs.  Il faut également procéder à une ventilation des sous-indicateurs et miser sur une collaboration interinstitutions pour traiter toutes ces données.  Il va falloir en outre réfléchir aux implications financières et aux capacités techniques des États Membres en vue de pouvoir assurer la collecte de toutes ces données.  Il a aussi annoncé la tenue, à l’automne, d’un atelier sur ces indicateurs, dont les résultats seront présentés à l’équipe spéciale en février 2020.

Passant aux expériences nationales dans la soumission des rapports nationaux, Mme DAVIA CARTY, spécialiste de l’analyse et de la planification stratégique au Département jamaïcain des forêts, a fait le point sur le processus adopté par la Jamaïque en vue de présenter ses rapports dans le cadre d’évaluation de la FAO et des objectifs de développement durable à l’ONU.  Ce processus a permis d’élaborer des outils de gestion des forêts et d’identifier des objectifs nationaux clairs notamment sur les retombées positives des forêts et sur l’augmentation du couvert forestier.  Dans ce cadre, la Jamaïque a élaboré un indicateur national pour lui permettre de reboiser 300 hectares de terres nues et de transférer la responsabilité de la gestion de 7 000 hectares de mangroves, entre autres.

L’île est également en train de recenser les projets à appuyer pour favoriser les moyens de subsistance alternatifs liés aux forêts.  Depuis 2017, elle a mis en place un programme de financement de ces activités à hauteur de 2 millions de dollars.  Des zones protégées vont être identifiées sur la base d’indicateurs alors que 60 000 hectares de forêts font désormais l’objet d’un plan de gestion durable, et qu’un plan de gestion durable des mangroves est sur le point d’entrer en vigueur.  D’ici à 2022, la législation et la règlementation des zones forestières seront révisées et amendées, a encore indiqué Mme Carty.  S’agissant des difficultés rencontrées dans le cadre de ce processus, elle a exigé des mécanismes et plus de collaboration pour faciliter la collecte de données ainsi qu’un soutien financier et institutionnel.  Elle a également mis l’accent sur les difficultés d’accès direct aux financements pour la gestion durable des forêts, ce qu’elle explique en partie par « l’invisibilité des forêts » qui sont souvent associées aux pêcheries et autres secteurs.

M. KOFFI AFFUM-BAFFOE, chargé de la production à la Commission ghanéenne des forêts, a dit que le Gouvernement du Ghana avait lancé un ensemble d’initiatives pour atteindre les objectifs du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).  Il a déploré le fait qu’il y ait peu de mécanismes nationaux susceptibles de faciliter le partage des retombées de l’exploitation forestière avec les populations riveraines.  Néanmoins, une redevance de 5% sur la valeur des produits ligneux exploités est reversée aux communautés.  Mais l’impact d’une telle redevance reste à être prouvé par des indicateurs probants.  Le Gouvernement a établi un mécanisme de coopération avec des partenaires internationaux, même si la reforestation est financée par le pays à hauteur de 52%, a-t-il ajouté, avant d’indiquer que le Ghana avait élaboré des stratégies de mobilisation des fonds qui visent à sécuriser 323 millions de dollars pour la gestion durable des forêts.

M. PATRICK KARIUKI, conservateur adjoint des forêts et coordonnateur suppléant pour le FNUF au Service kényan des forêts, a présenté le rapport du Kenya.  Le pays s’est doté d’un certain nombre d’indicateurs en rapport avec les six objectifs et des cibles du Plan stratégique 2017-2030, a-t-il indiqué.  Les principales données sur lesquelles s’appuient le Gouvernement viennent du Bureau national de statistique et du Ministère des finances.  Le représentant a néanmoins déploré le fait que les données sur la commercialisation des produits ligneux ne soient pas toujours disponibles. 

Discussion générale

L’Union européenne s’est félicitée de l’adoption du format actuel pour les rapports nationaux et a encouragé les États Membres à soumettre leurs rapports nationaux lors de la prochaine session du FNUF.  L’UE a appelé le Forum et le Partenariat de collaboration sur les forêts à utiliser les nouveaux indicateurs de niveau 1 et 2, et de progresser dans la finalisation d’autres indicateurs dans les meilleurs délais.

L’Ukraine a salué le nouvel ensemble d’indicateurs mondiaux mais a demandé des définitions claires et un format clair pour les rapports nationaux. 

Pour la République de Corée, la mise en œuvre du Plan stratégique et des autres instruments sur les forêts doit s’accompagner de données chiffrées fiables.  Pour sa part, son pays entend réaliser les objectifs de développement durable en mettant en avant les synergies entre secteurs dans ses plans stratégiques.

Les Fidji ont annoncé que leur délégation soumettrait son rapport national d’ici à novembre 2019.  Les Fidji se sont dotées d’un plan stratégique national pour traduire le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Le représentant a salué les nouveaux indicateurs mondiaux qui permettront de renforcer les synergies entre différents mécanismes mondiaux.  Il a demandé au FNUF de continuer à apporter son appui en termes de suivi et d’élaboration des rapports nationaux.

L’Argentine a estimé que le guide de présentation des rapports nationaux volontaires est un bon outil et dit qu’elle entendait faire son rapport en fin d’année.  Le pays a toutefois souhaité une meilleure harmonisation de la présentation de ces rapports nationaux. 

Pour la Fédération de Russie, il serait possible de mieux assurer la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) si on avait des précisions sur la manière de présenter les contributions nationales volontaires.  Il serait par exemple utile d’élaborer un formulaire type clair pour ces contributions volontaires.  Cela permettra d’avoir un cadre de comparaison unique des efforts nationaux, tout en facilitant la mobilisation des fonds internationaux en soutien aux pays qui en ont besoin.  La Fédération de Russie souhaite aussi que le programme de travail entre les sessions ordinaires soit transmis en temps opportun aux délégations. 

Les États-Unis ont estimé que les indicateurs quantificatifs de la FAO pourraient causer des difficultés, car ils ne tiennent pas compte des différences de contexte entre les pays.  La délégation appelle donc à la prudence dans l’utilisation de ces indicateurs pour évaluer les ressources forestières mondiales.  Les États-Unis ont aussi proposé que le Partenariat de collaboration sur les forêts mette à contribution son expertise pour analyser les rapports.

Le Sri Lanka a dit qu’il fallait que les indicateurs établis par la FAO puissent être pris en compte par les États pour établir leurs propres indicateurs nationaux.

Le Canada a estimé qu’il serait judicieux de publier le rapport phare au moment où se tiendra le Congrès forestier mondial en 2021, un avis partagé par la délégation des Pays-Bas.

La Chine a noté qu’il y a des interprétations différentes des indicateurs par les acteurs de la gestion forestière, d’où l’importance de les harmoniser. 

L’Uruguay a lancé un appel à la solidarité pour soutenir les pays en développement, d’autant plus que les forêts sont un patrimoine commun de l’humanité.

L’Australie a jugé ce processus important afin de permettre aux pays de bien préparer leurs rapports nationaux.  Pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde, il a préconisé un atelier du FNUF sur des sujets qui font polémique.  En ce qui concerne la publication phare, il a aussi souhaité que ce rapport soit lancé avant le Congrès forestier mondial. 

Le Japon a dit que son pays n’appuyait pas l’utilisation de termes n’ayant pas fait l’objet d’un consensus international.  Sur la publication phare, il a recommandé de compiler les rapports nationaux afin d’évaluer les progrès.  Cette publication doit être en outre neutre et objective et faire le lien avec les objectifs de développement durable.  De plus, elle doit être examinée par les États Membres avant sa publication. 

L’Équateur a demandé que soient créées des alliances pour renforcer la coopération internationale, notamment pour encourager le transfert des technologies vers les pays en développement, surtout pour les appuyer dans le cadre de la collecte de données forestières de qualité.

Le grand groupe dans enfants et des jeunes a estimé que ces derniers, et surtout les étudiants, pouvaient jouer un rôle majeur en apportant des approches innovantes de collecte des données.  Il faut utiliser les nouvelles technologies à cette fin, a-t-il suggéré.  De même, les jeunes peuvent, par leur implication, susciter l’intérêt des générations à venir.  C’est pourquoi il serait opportun d’impliquer les jeunes aux travaux du Groupe consultatif chargé d’élaborer le rapport phare, a préconisé le grand groupe. 

Le secrétariat de la Convention sur la diversité biologique a souhaité que le rapport phare utilise des données sur des concepts tels que la déforestation brute, sans manquer de tenir compte de la problématique des forêts régénérées de manière artificielle. 

MOYENS DE MISE EN ŒUVRE: PROGRÈS ACCOMPLIS AU TITRE DES ACTIVITÉS ET DU FONCTIONNEMENT DU RÉSEAU MONDIAL DE FACILITATION DU FINANCEMENT FORESTIER, ET RESSOURCES DISPONIBLES

Exposés

M. PETER GONDO, du secrétariat du FNUF, a présenté la note du secrétariat intitulée « Moyens de mise en œuvre; progrès accomplis au titre des activités et du fonctionnement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, et ressources disponibles » (E/CN.18/2019/4).

La note contient un résumé des activités intersessions sur le financement forestier, y compris les activités que le Réseau a entreprises entre mai 2018 et février 2019; un bref aperçu des principaux faits nouveaux survenus en matière de financement forestier depuis la treizième session du Forum; et des informations sur les travaux intersessions consacrés au lancement du centre d’échange en ligne du Réseau.

Le Réseau mondial de facilitation du financement forestier travaille en coopération étroite avec les États Membres et les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts en vue de contribuer à la mise en œuvre de la gestion forestière durable.  À sa treizième session, le Forum a adopté les directives relatives au fonctionnement du Réseau et a demandé à son secrétariat d’entreprendre la mise en place du centre d’échange en ligne du Réseau, de prendre des mesures supplémentaires en vue d’améliorer l’efficacité et l’efficience dudit Réseau et de renforcer les capacités de financement de la gestion durable des forêts.

Parmi les principaux faits nouveaux concernant les moyens de mise en œuvre survenus à l’échelle mondiale depuis la treizième session du FNUF, on retient que le Fonds pour l’environnement mondial a approuvé des subventions d’un montant total de 825 millions de dollars aux fins de la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030, mobilisant des cofinancements d’un montant estimé à 4,8 milliards de dollars.  Les projets approuvés seront mis en œuvre dans 63 pays différents par les 11 agences accréditées par le Fonds.

En ce qui concerne le Fonds vert pour le climat, quatre nouveaux projets sur les résultats liés aux forêts et à l’occupation des sols ont été approuvés depuis la treizième session du Forum, dont deux propositions nationales et deux propositions émanant de plusieurs pays.  Cela porte à 14 le nombre total de projets approuvés dans le domaine des résultats, le montant total du financement par le Fonds s’élevant à 738,7 millions de dollars.  Chacun des 14 projets peut être considéré comme un projet REDD+.  En outre, le Réseau mondial de facilitation du financement forestier a apporté un soutien aux pays suivants: Afrique du Sud, Botswana, Côte d’ivoire, Dominique, Fidji, Guinée, Jamaïque, Macédoine du Nord, Madagascar, Malawi, République centrafricaine, République islamique d’Iran, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie et Thaïlande. 

La note conclut que les possibilités de financement provenant de sources multilatérales existantes et naissantes se multiplient, tout en signalant qu’un bon nombre de pays en développement et d’économies en transition continuent de se heurter à des difficultés d’accès à ces ressources.

M. THOMAS BALDAUF, du Ministère fédéral de l’alimentation et l’agriculture de l’Allemagne, a fait une présentation de la dernière réunion du Groupe d’experts sur le centre d’échange du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, dont un récapitulatif est en ligne.  Ce réseau, créé en 2015, vient en aide aux États Membres dans la mobilisation des ressources nécessaires à leurs stratégies de gestion durable des forêts, en aidant les pays à mieux utiliser les ressources financières existantes de tous les secteurs.  Le Réseau recommande que le secrétariat du FNUF mette en place une base de données à jour sur les opportunités de financement de la gestion durable des forêts, ainsi qu’une plateforme interactive en ligne pour parler des meilleures pratiques notamment pour ce qui est de la conceptualisation des projets, et pour l’échange d’informations.

Lors de la réunion du Réseau, qui s’est tenue à new York, du 9 au 11 janvier 2019, plus de 60 experts sont venus dans le but d’identifier les informations et données pertinentes pour le financement des forêts ainsi que les modalités de partenariats.  Ils avaient aussi pour objectif de fixer un calendrier pour la mise en place d’un centre d’échange, en consultation avec les États membres intéressés du Partenariat de collaboration sur les forêts, sans pour autant créer des doublons.  Le centre serait financé entièrement sur la base de contributions volontaires.

Le représentant du secrétariat du FNUF, M. HOSSEIN MOEINI-MEYBODI, a présenté des informations relatives à la création d’un bureau du Réseau mondial de facilitation du financement forestier à Beijing.  Il a rappelé que le secrétariat du FNUF avait été désigné comme devant héberger le Réseau.  Au cours de la session du FNUF de 2018, le Gouvernement chinois s’est dit disposé à accueillir un bureau du Réseau à Beijing.  Cette initiative, approuvée par le FNUF, a été ensuite entérinée par une résolution du Conseil économique et social (ECOSOC). 

En septembre dernier, la Mission permanente de la Chine auprès des Nations Unies a confirmé, par un courrier officiel, la volonté du pays d’accueillir ledit bureau.  Depuis lors, deux rencontres ont eu lieu, en janvier dernier, à New York, et le mois dernier, à Beijing, entre les autorités chinoises et les officiels de l’ONU.  Un protocole d’accord entre les parties sera finalisé d’ici à la fin de l’année.  Il est à retenir que le secrétariat du FNUF va continuer à héberger le Réseau mondial de facilitation du financement forestier, tandis que le bureau de Beijing devra apporter un appui au secrétariat du FNUF auprès duquel il fera des comptes rendus de ses activités.  Les dépenses du bureau de Beijing seront entièrement couvertes par la contribution volontaire de la Chine et le fonctionnement de ce bureau n’aura donc pas d’incidence sur le budget du secrétariat du FNUF, et encore moins sur celui de l’ONU.  En outre, ce bureau de Beijing devra respecter les règles administratives du Secrétariat des Nations Unies. 

Discussion générale

La Chine a salué la création d’un bureau du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, notant que ce réseau revêt une importance significative pour les pays en développement et en transition.  Depuis sa création, il a apporté une assistance technique à plusieurs pays mais n’a pas été en mesure de satisfaire toutes les demandes.  La Chine a donc décidé d’appuyer le développement du Réseau en lui fournissant des bureaux à titre gratuit à Beijing et en finançant ses opérations.  Elle espère que cette proposition sera rapidement validée pour que le Réseau puisse commencer ses travaux.

Le Suriname a rappelé que 93% de son territoire est couvert par les forêts ce qui en fait l’un des pays à émissions négatives ou « puits de carbone ».  Le Suriname attend une assistance technique et un appui financier de la part de la communauté internationale pour pouvoir maintenir ce statut.  Soulignant que les 33 pays à forte couverture forestière et à faible déforestation abritent à eux seuls 24% des forêts de la planète, et étant donné leurs contributions avant même la signature de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, la délégation estime qu’ils ne seront pas en mesure de réaliser les objectifs de développement durable et de concrétiser l’Accord de Paris sans appui financier de la part de la communauté internationale.  Le Suriname demande donc au FNUF que la question des pays à forte couverture forestière et à faible déforestation soit au cœur de ses travaux en termes de mobilisation de ressources financières.

L’Inde a demandé pourquoi il était judicieux de créer un bureau du Réseau mondial de facilitation du financement forestier à Beijing.  Est-ce que cela part du constat d’un ensemble de problèmes par le secrétariat du FNUF?

L’Ukraine a estimé que le centre d’échange d’informations devrait fonctionner de manière plus efficace, notamment en établissant des moyens de faciliter le partage d’informations.

Les États-Unis ont recommandé de se concentrer, au cours des deux prochaines années, sur deux ou trois projets du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, tout en veillant à multiplier les sources de financement.  Au sujet du bureau du Réseau mondial de qui serait installé à Beijing, les États-Unis veulent que ce processus se passe de manière transparente.  Les États Membres doivent pouvoir examiner le protocole d’accord guidant sa mise en place.  La délégation demande donc au secrétariat du FNUF de fournir aux États Membres des documents détaillés sur le budget et le mandat du futur bureau.  Il faut aussi prendre en compte la qualité des personnes qui vont y travailler, a dit le représentant en souhaitant voir appliquées les règles de l’ONU sur le recrutement des employés, notamment l’exigence de représentation géographique. 

Pour l’Éthiopie, les actions de lutte contre les changements climatiques et la déforestation vont exiger des engagements politiques fermes et à tous les niveaux.  Il est donc nécessaire de s’aligner sur les objectifs de développement durable et les objectifs mondiaux des forêts pour la survie à long terme.  Les défis en matière de développement obligent à laisser une place au secteur privé, afin de lui permettre de gérer, par le biais de concessions, les forêts.  L’Éthiopie demande aussi des engagements plus prévisibles de la communauté internationale, par le truchement du FNUF, sur la voie de la croissance verte.

L’Union européenne est d’avis que, pour réaliser les engagements forestiers mondiaux, il faut une bonne gouvernance, le renforcement des forums multipartites, ainsi qu’une mobilisation accrue des ressources financières de toutes les sources possibles.  Le Réseau mondial doit agir de manière ciblée, a ajouté le représentant, en étant soutenu par un partenariat fort et collaboratif.  L’Union européenne encourage l’opérationnalisation rapide du centre d’échange, avec une première phase avant la fin 2020.  Elle souhaite aussi une discussion sur l’augmentation de l’efficacité du Réseau mondial, notamment par le biais d’une liste plus large d’experts et la transparence en ce qui concerne l’éventuelle création du bureau de Beijing.

La délégation de l’Union européenne a regretté que les informations demandées à cet égard n’aient pas été fournies par le secrétariat du FNUF, notamment les précisions sur la création de postes et le protocole d’accord ainsi que les analyse coût/bénéfice de la création d’un bureau en dehors du secrétariat du FNUF.  L’Union européenne a présenté par écrit des questions supplémentaires à ce sujet et attend des réponses, notamment sur le budget de l’éventuel bureau de Beijing.  L’intention est-elle de transférer toutes les activités du Réseau mondial à Beijing? a-t-il demandé, souhaitant aussi savoir si la Chine couvrirait tous les coûts de ce bureau. 

La Suisse a rappelé que le Réseau mondial permet de bien gérer les forêts.  Le pays ne comprend pas cependant le bien-fondé d’établir un bureau en Chine et la délégation entend avoir tous les documents y afférents avant de se faire une idée claire sur cette proposition.  En ce qui concerne le centre d’échange, la Suisse voudrait un mécanisme simple et pas un « mastodonte ».  Le débat doit donc se poursuivre sur la question.

Le Costa Rica a souhaité de son côté que la question du financement soit au cœur des débats du FNUF.

La République démocratique du Congo (RDC) a, pour sa part, insisté pour que la question du financement des pays à fort couvert forestier et à faible déforestation soit inscrite comme une priorité des travaux du FNUF.

L’Algérie a soutenu le Réseau mondial et a estimé que c’est au Secrétariat des Nations Unies de décider s’il y a lieu d’établir un bureau à Beijing.  L’Algérie soutient la création du bureau dans cette ville et remercie la Chine pour cette offre généreuse. 

Le Botswana a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre les objectifs et cibles du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.

L’Équateur a rappelé que son pays avait adhéré à l’Accord de Paris et adopté le Plan 2017-2021, ainsi que la politique de déforestation zéro.  Cependant, les pays en développement et en transition ont de plus en plus de difficultés à accéder aux sources de financement pour mettre en œuvre de telles politiques, a souligné la délégation.

Le Japon est revenu sur la transparence dans la création d’un bureau du Réseau à Beijing.  La délégation souhaiterait savoir si le secrétariat du FNUF avait fait une étude de cas similaires où un bureau aurait été implanté très loin du Siège de l’ONU.  Elle a aussi invité à éviter les doublons.  Le Japon demande en outre des informations par écrit, y compris sur la création d’un centre d’échange d’informations, notamment sous l’angle d’une analyse coûts/bénéfices compte tenu de l’existence d’autres bases de données.

La Malaisie a souligné les défis qu’elle rencontre en termes d’accès aux ressources pour la gestion durable de ses forêts, comme pour tous les pays en développement.  La délégation a appelé le Réseau mondial à simplifier les termes d’accès aux financements à cet égard.

Les Fidji ont salué le travail du Réseau mondial qui vient en aide aux pays en développement.  Les ateliers organisés aux Fidji ont eu des répercussions positives sur la gestion durable de leurs forêts, a témoigné leur représentant, qui a tenu à s’aligner sur la position des pays à forte couverture forestière et à faible déforestation.

L’Australie est revenue sur l’éventuelle création d’un bureau du Réseau à Beijing.  Elle a évoqué la relation de ce projet avec la réforme du DAES et s’est demandé comment la création de ce bureau pourrait se faire alors que des questions liées à l’avenir du secrétariat du FNUF restent en suspens.

Reprenant la parole, le représentant du secrétariat du FNUF a expliqué que celui-ci n’avait pas encore analysé tous les projets du Réseau mondial pour les présenter aux institutions financières et autres agences.  Certains cas ont été couronnés de succès, mais ça n’a pas toujours été le cas, a-t-il reconnu.  Les agences de mise en œuvre ont besoin de temps et de ressources pour examiner les projets soumis par le Réseau mondial, ce qui « retarde » le processus. 

Le secrétariat fera de son mieux pour donner des informations supplémentaires à une date ultérieure.  Il travaille avec les États membres du Partenariat de collaboration sur les forêts pour faciliter une meilleure transmission des documents aux différentes agences de financement et autres institutions.

Pour ce qui est du centre d’échange du Réseau mondial, le représentant s’est dit conscient de l’immensité du travail que cela suppose et a remarqué que le secrétariat du FNUF ne dispose pas d’assez de capacités en interne pour s’acquitter de ce mandat.  C’est pourquoi il travaille en étroite collaboration avec les membres du Partenariat de collaboration sur les forêts et cherche à éviter les doublons.  La première phase devrait être opérationnelle d’ici à 2020, a-t-il annoncé.

S’agissant de la création du bureau du Réseau mondial à Beijing, le secrétariat du FNUF a indiqué que le processus a débuté tardivement et que le protocole d’accord a été conclu fin 2018.  Il prend note de la demande de publication de ce protocole d’accord.  Pour ce qui est du fonctionnement de ce bureau, il a expliqué qu’il gèrera des projets, s’il venait à être établi, et que le secrétariat du FNUF restera à la barre.  Il s’agirait d’un bureau des Nations Unies qui devra respecter les normes des Nations Unies, a-t-il précisé, ajoutant qu’il opèrerait sous supervision directe du secrétariat du FNUF.  Les questions de son budget et de son personnel restent en suspens à ce stade.  La Chine couvrirait tous les coûts de ce bureau et l’administration de ce bureau se ferait par le DAES.

Réagissant à cette intervention, la représentante de la Suisse a dit « rester perplexe » par rapport à la division du travail et, en tant que grand donateur au Réseau mondial, la Suisse attend des réponses claires, sans quoi elle suspend ses contributions au Fonds d’affectation du Réseau mondial.

Le représentant du Secrétariat du FNUF a pris bonne note des demandes d’un certain nombre de pays et fera son possible pour y répondre avant la fin de cette session.

Table ronde sur les moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts

Comment les États Membres peuvent-ils tirer le meilleur parti du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, qui a récemment succédé au processus de facilitation, s’est interrogée Mme SIBYLLE VERMONT, animatrice de la table ronde et scientifique principale au Bureau fédéral de l’environnement de la Suisse.

« Le cas jamaïcain est assez intéressant », a répondu Mme MARILYN HEADLEY, Directrice générale et conservatrice des forêts au Département des forêts de la Jamaïque, ajoutant que le pays s’était récemment doté d’une nouvelle politique en matière forestière, élaborée sur la base de consultations avec l’ensemble des parties prenantes, y compris la société civile.  Au moment de l’élaboration de cette politique, a indiqué Mme Headley, le Réseau mondial de facilitation du financement forestier venait tout juste de voir le jour, sous l’impulsion du FNUF.  Le Gouvernement jamaïcain a donc demandé au Réseau mondial de lui venir en aide afin d’élaborer sa stratégie nationale de financement forestier.  Suite à cet appel, le Réseau mondial a attribué un consultant à la Jamaïque pour l’élaboration d’une stratégie, qui devrait, selon la Directrice générale, voir le jour d’ici à juillet 2019.

C’est un bon exemple, a estimé la modératrice, ajoutant que le principal apport du Réseau mondial ne résidait pas tant dans l’aide au financement que dans l’aide méthodologique, afin de rassembler l’ensemble des acteurs concernés par les stratégies nationales de financement forestier, qu’il s’agisse des ministres des finances ou des acteurs locaux.  « Ce n’est pas seulement une question d’argent », a-t-elle insisté.

En Afrique du Sud, la situation est un peu différente de celle de la Jamaïque, a indiqué M. AVHASHONI RENNY MADULA, Directeur de la régulation forestière et du contrôle au Ministère de l’agriculture, de la foresterie et des pêches d’Afrique du Sud.  Le Directeur a précisé que le pays n’avait entamé son processus d’élaboration d’une stratégie nationale de financement forestier que récemment, au mois d’avril dernier.  C’est à ce moment-là, a-t-il souligné, que nous avons contacté le Réseau mondial pour qu’il nous aide à présenter un projet aux agences de financement multilatérales.  « Ce processus a été assez utile », a-t-il indiqué, car il nous a permis de rassembler de nombreuses parties prenantes nationales dans une même salle, chose qui n’avait jusque-là pas été possible.  En ce sens, a-t-il insisté, l’implication de l’ONU a été très utile.  La gestion durable des forêts est un exercice assez coûteux et notre économie n’était pas au beau fixe à ce moment-là, a toutefois ajouté le Directeur.  Si nous avons réussi à atteindre nos objectifs en ce qui concerne les projets pilotes de la stratégie, nous avons en revanche eu du mal à trouver des financements pour valoriser ces projets.

Si vous voulez une stratégie de financement il faut d’abord bien définir les priorités, a estimé l’animatrice de la table ronde, précisant que le Réseau mondial n’était pas en lui-même un mécanisme de financement.  Son objectif demeure d’aider les États Membres à trouver les moyens de mobiliser les ressources, a-t-elle insisté. 

Ce n’est pas que nous manquons d’objectifs stratégiques, a précisé le représentant du Ministère de l’agriculture, de la foresterie et des pêches d’Afrique du Sud.  Mais, en l’absence d’un plan d’action national sur les forêts, nous avons été contraints de commencer depuis le début.  Suite à cela, nous avons demandé au secteur privé s’il voulait investir dans les plantations qui jusqu’ici étaient gérées par l’État.  Le secteur privé a fait montre d’un certain intérêt, quoique nous n’en soyons pour l’instant qu’à la phase des négociations.  Bien souvent, a reconnu M. Avhashoni Renny Madula, le financement de la gestion des 14 hectares de savane sèche et des forêts naturelles sud-africaines n’est pas un domaine prioritaire d’allocation budgétaire, à l’inverse de la lutte contre la pauvreté et de la création d’emplois.

La sécurité, l’éducation et l’emploi se partagent également la part du lion en Jamaïque, et il ne reste généralement plus rien pour l’environnement, a déclaré la Directrice générale et conservatrice des forêts au Département des forêts de la Jamaïque.  Toutefois, nous avons reçu un appui financier de l’Union européenne, a-t-elle précisé, ajoutant que cela avait permis au pays de financer sa politique pour les forêts.  À l’inverse de la situation décrite en Afrique du Sud, 75% de la couverture forestière appartiennent au secteur privé en Jamaïque, a-t-elle ajouté.  « Nous avons donc fait appel au Réseau mondial pour tenter de déterminer la manière dont le Gouvernement jamaïcain pouvait collaborer avec le secteur privé dans la gestion des forêts privées. »

Davantage d’argent doit être alloué à la gestion des forêts, a estimé à sa suite l’animatrice de la table ronde, ajoutant que les ministères des finances de chaque pays devaient prendre conscience de cette nécessité.

Le Réseau mondial devrait également aider les États à capter des financements pour la gestion durable des forêts, a quant à lui estimé le représentant du grand groupe de la communauté scientifique et technique.  Or, en l’état, le mandat du Réseau est selon lui trop limité pour appuyer les pays.  Il faudrait davantage de souplesse pour permettre un investissement plus important de la société civile dans le Réseau mondial, a jugé le représentant. 

Davantage d’aide financière serait en effet bienvenu, a déclaré représentant du Ministère de l’agriculture, de la foresterie et des pêches d’Afrique du Sud.  Depuis la fin de l’Apartheid, a-t-il constaté, nous n’avons reçu aucune aide financière la part des bailleurs de fonds internationaux pour les forêts. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.