Conseil de sécurité: le renforcement des composantes police au sein des missions de paix plébiscité, en veillant au respect des pays hôtes
À l’occasion de la semaine de la police célébrée par les Nations Unies, à New York, les membres du Conseil de sécurité se sont exprimés tour à tour sur le sujet, en saluant le rôle important des policiers déployés au sein des opérations de paix de l’ONU, en particulier dans les phases de transition: rassurer et protéger les populations tout en appuyant la restauration de l’état de droit.
Confrontés de plus en plus fréquemment aux organisations terroristes, au crime organisé, aux trafics de stupéfiants et de personnes et autres menaces, les policiers contribuent en particulier au renforcement des forces de police dans les pays où ils sont déployés et servent souvent de relai entre les missions de l’ONU et les civils, ou entre les gouvernements et leur population.
C’est ce dont a témoigné, avec énergie et passion, en visioconférence depuis Bangui, Mme Marie-Joseph Fitah-Kona, Première Conseillère à la mairie du troisième arrondissement de la capitale centrafricaine, l’un des plus sensibles peut-être du pays, selon ses propres termes. Selon elle, l’évolution positive de la situation à Bangui est à mettre au crédit de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies (MINUSCA), dont l’action a été « déterminante » pour rétablir la libre circulation des civils et pour la réouverture des écoles et des commerces et même la reprise progressive des services publics: « quelque chose qui n’était pas envisageable il y a encore quelque temps », a-t-elle reconnu.
D’autres défis, nombreux, restent à surmonter à l’approche des prochaines élections: « Il ne faut pas nous abandonner: Aidez-nous! Aidez-nous! Aidez-nous! » a-t-elle martelé.
Dans son propos liminaire, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a insisté sur le rôle croissant que les policiers sont appelés à jouer dans les villes et les camps de déplacés. M. Jean-Pierre Lacroix a aussi exposé comment son département veillait à améliorer ses performances, avec près de 40 visites d’évaluation des capacités opérationnelles depuis janvier 2018 et la mise en place d’un système d’évaluation des chefs de la police déployés sur le terrain.
Il a également plaidé pour accroître la présence des femmes, jugeant qu’elle rend les unités plus efficaces. Les pays contributeurs sont de plus en plus conscients de cette nécessité, a-t-il assuré, mais il faut veiller à deux choses: que les femmes de la police de l’ONU soient bien formées et qu’elles soient déployées dans un environnement respectueux.
Mme Mary Gahonzire, Conseillère principale pour les questions de police de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a assuré que la protection des civils est la première responsabilité de la Force depuis 2011. Et l’évaluation de la performance menée en mai 2019 a montré d’excellents résultats dans le maintien de l’ordre et du respect de la loi, a-t-elle souligné.
Le chef de la police de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a, quant à lui, insisté sur la nécessité de renforcer l’appareil judiciaire par une chaîne pénale plus transparente, très rigoureuse dans l’application des lois, car la réponse ne peut être seulement militaire. M. Awale Abdounasir a également milité pour le renforcement des capacités opérationnelles de la police civile des pays fragilisés, arguant qu’il s’agit là d’un gage de bonne gouvernance pour une lutte efface contre le crime.
Rapportant son expérience au Mali, le chef de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies (MINUSMA), M. Issoudou Yacouba, a insisté sur le fait que les policiers, en renforçant le système de veille et d’alerte rapide, permettent d’améliorer les capacités opérationnelles des forces de sécurité locales.
Les orateurs ont tous salué le rôle précieux des policiers des Nations Unies, tout en insistant sur certaines carences et sur l’importance de renforcer les capacités nationales. Les États-Unis ont déploré, par exemple, le déploiement d’unités souvent mal équipées et mal formées. Il en va de la crédibilité et de l’efficacité des missions, a également insisté la Chine. Ce qu’a reconnu M. Lacroix en regrettant par ailleurs un manque patent de compétences linguistiques, notamment le français et l’arabe, dans les zones de déploiement.
Pour la Côte d’Ivoire, qui a accueilli une mission de maintien de la paix, ces opérations n’ont pas vocation à se substituer aux autorités nationales mais à les appuyer dans le cadre d’une stratégie de sortie de crise: ce qui nécessite une coopération dynamique basée sur la confiance réciproque et la poursuite d’objectifs réalistes et consensuels.
Attention enfin, a insisté la Fédération de Russie, à respecter le principe de responsabilité nationale et à tenir compte des spécificités de chaque pays: les tentatives d’appliquer des réformes universelles ont peu de chance de succès et risquent même de conduire à un rejet, a mis en garde le représentant russe en appelant le Conseil à pratiquer un dialogue constant avec les pays hôtes lors de la planification et l’élaboration des mandats.
OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Déclarations
M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a souligné que ces opérations sont essentielles pour prévenir les conflits et assurer une paix durable à des millions de personnes vulnérables dans le monde. Il a rappelé que le Secrétaire général avait lancé en 2018 l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P). La police est appelée à jouer un rôle croissant dans les villes et les camps de déplacés, pour réagir aux nouvelles menaces comme le crime organisé ou le terrorisme international et pour renforcer les capacités nationales, a-t-il aussi rappelé en rendant hommage à tous les Casques bleus qui servent dans la police sur le terrain et au Siège.
Selon le Secrétaire général adjoint, les partenariats noués dans ce domaine entre les organisations régionales et sous-régionales et le système des Nations Unies sont de première importance, en particulier pour faciliter les phases de transition: ainsi en va-t-il au Darfour avec l’Union africaine pour préparer et planifier le retrait de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et stabiliser les acquis. Ensemble, ces organisations ont lancé des initiatives sans pareil sur la primauté du droit, des solutions durables, la résilience et les droits de l’homme. M. Lacroix a ajouté que le rôle des policiers est également primordial pour renforcer l’état de droit, comme au Mali où la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est en train de renforcer les capacités en ce sens.
La protection est un autre des rôles importants que doit jouer la police au côté des militaires: c’est ainsi qu’ont été établis les comités d’Abyei pour pallier l’absence de police et faire face à la criminalité en hausse. La Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) a commencé à les étendre en recrutant des femmes, a précisé M. Lacroix. Il existe désormais 672 comités mixtes au sein desquels les femmes ont reçu une formation, a-t-il ajouté.
Le Département des opérations de paix veille aussi à augmenter ses performances: depuis janvier 2018, près de 40 visites d’évaluation des capacités opérationnelles ont été conduites sur le terrain pour éclairer ses prises de décisions. Une évaluation de la performance des commissaires de police a été également mise en place, tandis que la formation du personnel de police a été revue pour accroître l’efficacité sur le terrain. Le système d’évaluation global des performances a été mis en œuvre dans cinq missions et sert de plateforme pour observer et mesurer les résultats, a fait valoir le Secrétaire général adjoint. Dans le cadre de l’amélioration de la formation, une division spéciale a mis en place un groupe chargé de veiller aux besoins des agents de police de l’ONU avant leur déploiement, pendant et après.
Accroître la présence des femmes rend les unités plus efficaces, a observé M. Lacroix en annonçant que les femmes policières dans les opérations de paix comptent aujourd’hui pour 26,8% des officiers et 10,9% des unités déployées. Il a appelé les États Membres à déployer davantage de femmes sur le terrain.
Enfin, notant que l’ensemble des opérations sont affectées quand les normes des Nations Unies sont violées, il s’est donc félicité de la baisse des allégations d’atteintes sexuelles qui sont passées de 104 en 2016 à 55 en 2018, et en a appelé à tous pour les éliminer. Malgré les nombreux progrès enregistrés, l’initiative A4P n’en est encore qu’à ses débuts et l’ONU ne peut agir seule, a-t-il conclu en s’engageant à fournir des informations plus claires aux États Membres pour leurs prises de décisions.
Mme MARIE-JOSEPH FITAH-KONA, Première Conseillère à la mairie du troisième arrondissement de Bangui (République centrafricaine), a déclaré que cet arrondissement est considéré comme étant le plus sensible de la capitale, et peut-être même du pays. Auprès de cet arrondissement, elle exerce diverses fonctions associatives, dont celles de présidente de l’association Action des femmes pour le progrès en Centrafrique et de Trésorière de l’organisation des femmes centrafricaine pour le troisième arrondissement. Elle est également volontaire et ex-Présidente de la Croix-Rouge, ainsi que Trésorière de la plateforme religieuse de l’arrondissement. Grâce à ces différentes fonctions, et en tant que citoyenne, elle a pu observer l’évolution de la situation sécuritaire de la capitale, a-t-elle expliqué.
Selon elle, l’évolution positive de la situation est à mettre au crédit de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), dont l’action a été « déterminante ». Ainsi la libre circulation a repris dans l’arrondissement avec la signature du Pacte de non-agression de 2015, les écoles ont été rouvertes, le commerce a repris, les services publics ont progressivement repris, de même que les activités intercommunautaires. « C’est quelque chose qui n’était pas envisageable, il y a encore quelque temps », a-t-elle assuré.
Cependant, a-t-elle poursuivi, quelques défis restent à relever, car la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine n’est pas aussi rapide que souhaitée. « Il y a beaucoup trop d’armes qui circulent dans ce pays et notamment au PK5 », s’est désolée la Conseillère, ajoutant que le manque de contrôle des frontières pose un problème à ce sujet. L’équilibre est fragile et la population fonde beaucoup d’espoir sur la tenue des prochaines élections. « Je sais que la police des Nations Unies travaille déjà beaucoup sur ce sujet », a-t-elle dit en faisant notamment référence au recrutement de 1 000 policiers et gendarmes qui viendront renforcer les effectifs pour sécuriser ce processus électoral. « Mais il ne faut pas abandonner, nous abandonner. Aidez-nous. Aidez-nous. Aidez-nous. Aidez-nous, s’il vous plait », a encore clamé Mme Fitah-Kona.
M. AWALE ABDOUNASIR, chef de la police de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a rappelé que la primauté de l’état de droit demeure une condition préalable au développement des États fragilisés. En plus de la mobilisation de l’armée, il a jugé approprié de renforcer le système judiciaire par une chaîne pénale plus transparente et très rigoureuse dans l’application des lois. La solution militaire ayant montré ses limites, M. Abdounasir a prôné des solutions politiques durables, la lutte contre la mauvaise gouvernance, ainsi que la garantie d’un système de justice pénale opérationnel et accessible, sans oublier l’impérieuse nécessité d’accroître la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Il a ensuite milité pour le renforcement des capacités opérationnelles de la police civile des pays fragilisés, assorti d’un plan conséquent de réforme au profit des tribunaux et établissements pénitentiaires, arguant qu’il s’agit là d’un gage de bonne gouvernance pour une lutte efficiente. Il a relevé que la lutte contre les crimes organisés exigera toujours des stratégies nationales, régionales et internationales, le tout enraciné dans une coopération mondiale avec une approche politique. M. Abdounasir a affirmé qu’il n’y a pas de solution aux nombreuses crises sécuritaires issues des crimes organisés en RDC en l’absence d’une stratégie politique globale pour lutter contre les principaux groupes armés et s’attaquer aux causes profondes du conflit, ainsi que leur source de financement. L’approche de la MONUSCO sera donc désormais fondée sur des plans de prévention et d’intervention menés politiquement, afin d’éviter la trop grande militarisation de la réponse. Il a enfin plaidé pour la consolidation des mécanismes régionaux intervenant dans le domaine du crime organisé.
Mme MARY GAHONZIRE, Conseillère principale pour les questions de police de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a fait l’historique de ce qui s’est passé depuis l’accord de 2011 entre le Soudan et le Soudan du Sud et la résolution 1990 (2011) du Conseil de sécurité créant la FISNUA, pour souligner que les deux parties avaient du mal à mettre en œuvre l’accord. Elle a imputé cela au Soudan du Sud qui ne veut pas la création de l’administration conjointe à Abyei et a clamé que l’accord avait expiré après une période de six mois. Peu de progrès ont été réalisés depuis juin 2011, notamment dans l’établissement du service de police d’Abyei, a-t-elle aussi noté. Le retard dans l’établissement de ce service et d’autres institutions a créé un grave vide juridique aboutissant, entre autres, à l’apparition concertée de structures informelles comme les comités de protection de la population locale, grâce aux efforts de la police des Nations Unies et des dirigeants communautaires Ngok Dinka. Aucun comité de protection n’est installé dans le nord d’Abyei à cause des réserves du Gouvernement du Soudan, a-t-elle précisé.
Soutenir la paix est un objectif et un processus, en vue de construire une vision commune de la société avec une appropriation nationale, où les acteurs locaux ont une voix cohérente et où les femmes et les jeunes jouent un rôle essentiel, a estimé Mme Gahonzire. Dans le contexte d’Abyei, le rôle de la police des Nations Unies est d’appuyer les comités de protection de la population, améliorer un environnement protecteur à Abyei, sensibiliser les communautés sur les conséquences des crimes et de la prévention des crimes, en particulier la violence sexuelle et sexiste. Ces comités constituent aussi une source d’informations sur tous les crimes et pour les enquêtes. Les femmes membres de ces comités jouent un rôle crucial dans la consolidation de la paix et de la sécurité à Abyei, en particulier leur implication et leur appui pour combattre la violence sexuelle et sexiste. Leurs membres sont passés de 330 en 2018 à 600 en 2019, dont 89 femmes, a encore précisé Mme Gahonzire.
La protection des civils est la première responsabilité de la FISNUA, a-t-elle rappelé en relevant que les comités soutenus par la police des Nations Unies ont joué un rôle décisif dans la mise en œuvre de la stratégie de protection des civils. Le mandat actuel permet de renforcer la police des Nations Unies et le déploiement d’équipes supplémentaires de sites situées dans la zone de responsabilité, y compris 30 comités de protection communautaires dans des zones sensibles.
L’évaluation de la performance menée, en mai 2019, a montré d’excellents résultats dans le maintien de l’ordre et du respect de la loi dans le marché d’Amiet, s’est réjoui Mme Gahonzire. Les bonnes pratiques comprennent une stratégie de sécurité routière aux points de contrôle des comités de protection de la population civile situés le long de la route entre Agok et Amiet, qui a permis de réduire le nombre d’incidents de circulation. S’acquittant de leurs tâches sous le mentorat et les conseils de la police des Nations Unies, ces comités agissent dans le respect des normes internationales et des droits de l’homme, a assuré la responsable. Ces comités, a-t-elle ajouté, assument d’autres fonctions comme le maintien de l’ordre, comme cela a été le cas au cours d’un incident, le 30 octobre dernier, à Abyei où les manifestants contre la FISNUA ont pu être canalisés. Mais en dépit de leur performance, des membres des comités ont démissionné car ils ont trouvé un emploi ailleurs, a-t-elle signalé. Ce serait plus bénéfique pour la FISNUA et les communautés si la Mission et ses partenaires pouvaient être soutenus sur la durée. Mme Gahonzire a conclu en exhortant les parties à abandonner leurs positions actuelles et à travailler ensemble pour le bien de la communauté d’Abyei.
M. ISSOUFOU YACOUBA, chef de la police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali (MINUSMA), a expliqué que la lente mise en œuvre de l’Accord de paix dans le pays avait affecté la capacité de l’État à rétablir son autorité dans le nord et le centre. Ceci a érodé la confiance de la population et créé un environnement propice aux organisations terroristes qui répondent aux besoins essentiels de la population dans leurs zones d’influence. Malgré l’opérationnalisation croissante du G5 Sahel pour renforcer les autorités maliennes, certaines communautés sont la proie de groupes extrémistes et ont dû constituer des groupes d’autodéfense, exacerbant les conflits communautaires, a-t-il signalé. La police de la MINUSMA a fait ce qu’elle a pu pour pallier ces manques, notamment par la formation des unités locales et la fourniture des infrastructures manquantes.
Pour la protection des civils, la police de la MINUSMA apporte un soutien crucial à l’opérationnalisation du Centre de fusion et d’analyse du renseignement et au Centre de coordination et de gestion des risques dans l’analyse de l’information, ce qui permet d’améliorer les capacités opérationnelles grâce à un système de veille et d’alerte rapide. Elle appuie la mise en œuvre des stratégies du Gouvernement malien, notamment celles visant à protéger les civils et à rétablir l’autorité de l’État et des services de base. À cet égard, a précisé le chef de la police, 49 projets ont été mis en œuvre dans la région de Mopti. La MINUSMA apporte aussi son soutien à la lutte contre l’impunité, qui est une cause profonde de la crise, et au renforcement de la chaîne judiciaire, notamment par les capacités d’analyse des données criminelles.
S’agissant de la mise en œuvre d’un plan global de redéploiement des Forces de sécurité maliennes, la Mission plaide pour une accélération du processus de réforme du secteur de la sécurité et, de manière globale, appuie les initiatives visant à rétablir la gouvernance dans les zones non contrôlées car il s’agit d’un enjeu primordial, a souligné M. Yacouba. La MINUSMA appuie encore les initiatives du Gouvernement à travers l’engagement de la société civile et des communautés. Dans un pays aussi divers que le Mali, il est d’une grande importance de soutenir le concept de police de proximité pour établir des partenariats stratégiques fondés sur la concertation préalable et l’inclusion des communautés, a relevé M. Yacouba. Il a conclu en soulignant que les défis sont encore nombreux, citant notamment la lenteur du processus de réforme du secteur de la sécurité, les difficultés à gérer les frontières et les problèmes de financement des capacités des forces de sécurité.
M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a sollicité les éclairages du chef de police Yacouba sur l’appui apporté par la police de la MINUSMA pour le renforcement des capacités de la Police malienne dans la collecte et l’exploitation des renseignements en matière de protection des civils, notamment dans le centre du Mali. Il a souhaité, en outre, savoir comment M. Yacouba évaluait l’appui apporté par les unités de police des Nations Unies à la restauration de l’autorité de l’État malien sur l’ensemble du territoire national, y compris pour le redéploiement des institutions policières et judiciaires.
Se penchant sur la contribution des femmes déployées dans les missions de paix des Nations Unies et leur apport majeur dans la promotion de la réconciliation nationale, il a exhorté le Conseil de sécurité à œuvrer en vue de renforcer leur présence dans les missions. L’occasion, pour lui, de demander le point de vue du chef de police Abdounasir sur l’appui de la police de la MONUSCO aux forces de police congolaises, dans la lutte contre les violences sexuelles et les activités civilo-policières de sensibilisation. Il l’a aussi interrogé sur son évaluation de la contribution des femmes de la police de la MONUSCO à la lutte contre les violences sexuelles et la consolidation de la paix.
Pour M. Moriko, dont le pays a abrité une mission de maintien de la paix, les opérations de paix n’ont pas vocation à se substituer aux autorités de l’État hôte, mais doivent plutôt appuyer celles-ci dans le cadre d’une stratégie de sortie de crise fondée sur un processus politique inclusif et crédible. En effet, a-t-il conclu, partout où les opérations de paix des Nations Unies ont pu engager, avec les autorités des États hôtes et les communautés locales, une coopération dynamique basée sur la confiance réciproque et la poursuite d’objectifs réalistes et consensuels, elles ont su créer les conditions d’un retour de la paix et de la sécurité durable, ouvrant la voie à la construction nationale et à la prospérité.
M. ZHANG JUN (Chine) a commencé par rendre hommage à tous les officiers de police tombés dans le cadre de leur service, dont huit policiers chinois en Haïti. Il a ensuite dit que son pays soutenait le plan « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général. Mais la Chine a également quelques commentaires à faire sur ce plan, a-t-il dit en estimant, d’abord, que les mandats des opérations de maintien de la paix doivent tenir compte des buts et principes de la Charte des Nations Unies. Le représentant a aussi plaidé pour que l’opinion des pays fournisseurs de contingents soit prise en compte.
Le représentant a aussi recommandé, pour assurer la crédibilité et l’efficacité des missions de paix, que les fournisseurs de contingents veillent à la compétence des personnels envoyés sur le terrain. Il faut en outre donner plus de garanties pour la sécurité des agents du maintien de la paix sur le terrain, a-t-il réclamé en invitant le Conseil de sécurité et le Secrétariat de l’ONU à agir davantage en ce sens, y compris en mettant à disposition du matériel médical. Le représentant a également dit soutenir l’ augmentation du nombre de femmes parmi les agents du maintien de la paix, en demandant une évaluation des risques de sécurité pour pouvoir leur assurer une protection ciblée. La Chine, a-t-il ajouté, reste disposée à soutenir les mission de maintien de la paix de l’ONU, à travers le Fonds paix et développement de la Chine.
Pour Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique), l’initiative « Action pour le maintien de la paix » reste la feuille de route à suivre pour faire converger les efforts des États Membres au cours des prochaines années. Articulant son intervention autour de 5 « P » -Prévention, Performance, Protection, Partenariats et consolidation de la Paix-, elle a notamment souligné le rôle accru de l’expertise de l’ONU en matière de police dans le contexte de la prévention. Elle s’est réjouie que la Division de la police soit de plus en plus sollicitée non seulement dans les missions politiques spéciales mais aussi, parfois, hors du cadre des missions. En outre, pour la Belgique, la performance des missions va de pair avec la responsabilité et la redevabilité. La représentante a salué le fait que, dans le cadre du nouveau paradigme de gestion promu par le Secrétaire général, les chefs des composantes de police dans les opérations fassent désormais partie des équipes de gestion senior et qu’ils soient responsables de la performance de leur composante.
En ce qui concerne la protection des civils, la représentante a estimé que la police de proximité et les initiatives de police communautaire offrent des possibilités inégalées. Elle a cité le cas du Soudan du Sud où la composante de police de la MINUSS réussit en certains lieux un travail unique de proximité avec les populations, en s’appuyant notamment sur des composantes féminines et des patrouilles non armées. En termes de consolidation de la paix, si la police a un rôle à jouer dans l’ensemble du continuum de la paix, l’accompagnement du transfert des fonctions de maintien de l’ordre reste crucial dans les phases de transition, a estimé la déléguée.
M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a reconnu le rôle de la police des Nations Unies pour la promotion de la stabilité et du développement à long-terme des pays touchés par un conflit. En tant que pays fournisseur de contingents de police, l’Afrique du Sud a déployé des policiers hors unités constituées dans deux opérations de maintien de la paix, à savoir la MINUSS au Soudan du Sud et la MINUAD au Darfour, dont plus de 50% sont des femmes, a indiqué le représentant. Il a salué les efforts constants de l’ONU pour consolider ses capacités de police et a encouragé celle-ci à travailler en étroite coordination avec les autorités nationales et les communautés locales pour s’assurer que son travail réponde aux priorités locales et renforce les capacités locales.
L’Afrique du Sud reconnaît en outre les efforts de la Division de la police pour promouvoir une plus forte représentation de femmes dans la composante police en organisant des cours de formation régionaux destinés aux femmes policières, y compris dans la catégorie des hauts gradés. Dès lors, l’Afrique du Sud encourage le Secrétariat à travailler avec les pays contributeurs de contingents pour qu’ils veillent à augmenter le nombre de femmes officiers de police. Le représentant a également insisté pour que les directives relatives à la police soient reflétées dans la planification des missions. Il a notamment souligné l’importance qu’il y a à déployer l’expertise requise pour chaque mission et le besoin d’établir des relations de confiance avec la population locale, notamment par le biais du déploiement de femmes officiers de police.
Pour M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie), les policiers sont les principaux accompagnateurs des missions de paix et jouent un rôle essentiel dans la protection des civils, non seulement par leurs patrouilles mais aussi en renforçant les capacités des forces de police nationale dans les pays où ils sont déployés. Les policiers des Nations Unies doivent de plus en plus souvent lutter contre le crime organisé, le trafic des stupéfiants, le trafic de personnes et d’autres menaces, a-t-il constaté en soulignant qu’ils font le lien entre population et Casques bleus et entre populations et gouvernements des États hôtes: il est important que leurs efforts permettent de renforcer la confiance des citoyens. Mais, afin de pleinement s’acquitter de leur mandat, ils doivent respecter le principe de responsabilité nationale et de souveraineté des États hôtes, a demandé le représentant qui a aussi jugé impératif de tenir compte des spécificités de chaque pays. Il a rappelé en effet que les tentatives d’appliquer des réformes universelles ont peu de chance de succès et peuvent aussi conduire à un rejet de la part du pays concerné.
Le Secrétariat doit aussi prendre en compte les recommandations des pays fournisseurs de contingents, a-t-il recommandé avant de demander d’abandonner les tentatives de lancer des initiatives qui ne relèvent pas des Nations Unies et qui ne sont pas soutenues par tous les États Membres: elles n’ont pas lieu d’être, a-t-il tranché. Le Conseil doit pour sa part pratiquer un dialogue constant avec les pays hôtes lors de la planification et l’élaboration des mandats. Ainsi, il n’est pas raisonnable selon la Russie de confier aux policiers des fonctions qui ne sont pas les leurs, des fonctions politiques ou en matière de droits de l’homme par exemple, et qui les détournent de leurs tâches principales.
Mme ANNE GUEGUEN (France)a souligné que la France soutient pleinement l’initiative « Action pour le maintien de la paix », et notamment l’engagement à rendre la police des Nations Unies plus efficace, plus performante et plus proche des besoins des populations. Elle a insisté ensuite sur trois priorités. La première est que les personnels de police et de gendarmerie mis à disposition par les pays contributeurs doivent apporter une réelle plus-value en matière de compétence technique et de capacité opérationnelle. La France déploie ainsi au sein de la MINUSMA une équipe de policiers spécialisés en explosifs et en police scientifique.
Ensuite, a poursuivi Mme Gueguen, les policiers ont un rôle spécifique indispensable et incarnent un message différent: celui d’un retour progressif à la normale lié à une baisse de la menace. Les unités de police permettent de témoigner que l’investissement des Nations Unies ne se cantonne pas au déploiement d’unités mais que le souci des populations locales reste au cœur des priorités du Conseil de sécurité.
Enfin, a insisté la représentante, la féminisation des contingents et des personnels de la police des Nations Unies est indispensable. Elle a précisé qu’il y a une corrélation positive entre la participation des femmes dans les forces de police et la stabilité et la durabilité des processus de paix. Par exemple, au Libéria, l’inclusion des femmes au sein des forces de police a permis de faire reculer les cas de violences sexuelles et de violences fondées sur le genre, de jour mais surtout de nuit.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a estimé que la composante police fait partie intégrante de l’architecture de paix et de sécurité. Il importe, par conséquent, d’en augmenter le rôle, ce qui implique une meilleure coordination avec la composante militaire des opérations de maintien de la paix, ainsi qu’avec les composantes humanitaires et civiles. Il convient aussi de veiller à la formation et au bon équipement des personnels de police avant leur déploiement, a souligné le représentant, plaidant pour que les pays fournisseurs de contingents adoptent en la matière une approche centrée sur la personne et s’assurent que les policiers soient en mesure de communiquer avec les communautés locales dans leur langue.
Tout en applaudissant l’augmentation du nombre de femmes exerçant des responsabilités au sein de forces de police des Nations Unies, le représentant a également déploré leur sous-représentation aux postes les plus élevés. À cet égard, il a souhaité connaître les initiatives prises par la Division de la police des Nations Unies pour augmenter le nombre de policières dans ses rangs et intégrer une perspective de genre dans les domaines fonctionnels de la composante police.
M. MICHAEL BARKIN (États-Unis) a déclaré qu’il fallait rendre hommage à la contribution qu’apportent les bérets bleus à l’édification de l’état de droit et à la paix. Les États-Unis appuient la stratégie pour la parité et appellent les contributeurs de contingents à envoyer plus de femmes dans les missions de paix, a dit le représentant en insistant sur la primauté de l’état de droit. Depuis 2010 les États-Unis, a-t-il indiqué, ont assuré la formation de 12 000 personnels de police issus de plus de 12 pays différents. Le pays a également travaillé avec l’ONU pour développer de nouveaux cours de formation et renforcer les normes de performance, a ajouté le délégué.
Le représentant a également jugé important que les policiers disposent du bon équipement. Or, il semble que les personnels au Mali ne soient pas correctement équipés pour le déminage par exemple, a-t-il dit, ajoutant qu’il faut s’assurer de la formation et de l’équipement des policiers sur le terrain. La délégation a donc voulu savoir de la bouche des chefs de police présents à cette séance quels sont les défis auxquels ils sont confrontés en termes d’équipements, d’évaluation de la performance et de féminisation des personnels.
Répondant à la Belgique qui s’interrogeait sur l’existence d’outils d’évaluation de la performance, M. LACROIX a expliqué qu’il en existe deux. Le Comprehensive Performance Assessment System (CPAS), qui concerne l’ensemble des éléments pertinents pour évaluer les mandats, est actuellement mis en œuvre dans six missions et le sera dans quatre missions supplémentaires d’ici le printemps prochain. Pour la composante de police, cet outil permet d’évaluer la performance des unités au regard de la mise en œuvre globale du mandat. Si le déploiement de cet outil est récent, il permet néanmoins à chacun des acteurs d’avoir une vision globale des critères permettant d’évaluer la mise en œuvre, a précisé M. Lacroix. Le second outil est plus spécifique aux unités de police et permet d’évaluer les forces et faiblesses pour chaque unité et d’avoir ensuite des interactions avec les pays contributeurs de contingents pour remédier aux éventuelles faiblesses. M. Lacroix a également fait observer que l’équipement s’est amélioré, même s’il a reconnu qu’il reste du travail à faire, comme la révision des procédures d’opération standard ou les directives concernant le renforcement de la sécurité et de la sûreté des unités.
Répondant à la question sur les efforts entrepris pour accroître la part des femmes, M. Lacroix a assuré que les pays contributeurs sont de plus en plus conscients de la nécessité de déployer des femmes. Il faut également veiller à ce que les policières soient bien formées et que les pays contributeurs soient sensibilisés à la nécessité d’un environnement respectueux des femmes. Il existe d’ailleurs des conseillers de genre au sein des missions, a fait observer le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix.
En réponse à la question des États-Unis portant sur les carences décelées dans les unités, M. Lacroix a reconnu qu’il y a toujours un manque d’équipements, par exemple des véhicules résistants à l’explosion des mines. En outre, il existe trop souvent un manque de compétences linguistiques nécessaires dans les zones de déploiement des policiers, notamment le français et l’arabe. La question des langues est importante dans les opérations de paix, encore plus pour les composantes de police, a fait savoir M. Lacroix, en encourageant les pays fournisseurs de contingents à s’en préoccuper.
Mme GAHONZIRE a déclaré que certaines des difficultés rencontrées par les femmes sont liées aux domaines de la santé, en raison des spécificités et des besoins des femmes. Les autres difficultés sont liées aux stéréotypes dans les pays contributeurs de troupes, a-t-elle dit, sans développer davantage.
Mme ABDOUNASIR a reconnu que la police de la MONUSCO avait des effectifs et un impact assez limités, dans le contexte où ses personnels ne représentent que 1% de ceux de la police congolaise. Par conséquent, elle ne se concentre que sur des projets ciblés. Illustrant son propos, elle a pris exemple de l’appui à la police congolaise dans le contexte de la lutte contre la maladie à virus Ebola, qui a permis de limiter les déplacements de population. Le chef de la police a également déclaré que la police des Nations Unies a une place dans la protection des civils, y compris avec de meilleurs résultats.
M. YACOUBA a déclaré que les besoins en termes de formation de la police malienne sont énormes, notamment dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée. Heureusement, deux unités de formation, dont une française et une autre franco-allemande ont été déployées sur place pour former les policiers maliens. Cette formation recouvre y compris l’appui opérationnel et le conseil, a-t-il dit, estimant que cette plus-value devait être reconnue.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a dit être un fervent défenseur de la police des Nations Unies dont on a de plus en plus besoin. L’Allemagne fournit à la MINUSMA une équipe de police spécialisée ainsi que des financements pour la formation de commandants de police à Berlin, a-t-il fait savoir. Le plein potentiel de la police des Nations Unies a-t-il été exploité? a demandé le représentant, pour répondre par la négative, soulignant le rôle de prévention, de stabilisation et de consolidation de la paix des unités de police.
Le représentant a conseillé de renforcer le rôle des chefs de police et de les intégrer dans les mandats des missions de paix le plus tôt possible. La police n’est pas une annexe mais une composante essentielle du maintien de la paix, a-t-il lancé. Une hausse de la part des femmes est particulièrement importante pour la police communautaire, a-t-il ajouté, jugeant le taux actuel « bon mais pas encore suffisant ». Pour ce qui est des phases de transition, il a recommandé au Conseil de sécurité de prendre en compte les conseils de la police en amont. Enfin, après s’être inquiété de la recrudescence des attaques au Mali, il a demandé à M. Yacouba s’il recommandait un rôle accru de la police pour lutter contre le terrorisme.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a noté que les défis de plus en plus complexes auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix les contraignent à inclure la protection des civils, la lutte contre la criminalité transnationale et le renforcement des capacités des polices locales dans leurs missions. Dans ce contexte, le représentant a jugé important qu’un dialogue actif s’instaure entre les policiers de maintien de la paix des Nations Unies et les communautés locales. Pour cela, a-t-il dit, ces policiers doivent être formés à la communication et à la compréhension des cultures locales.
M. Syihab a ensuite estimé que le rôle de la police dans le renforcement de la paix doit aller croissant. Renforcer l’état de droit par le biais d’une réforme de la police constitue l’une des principales missions de la police des Nations Unies dans les situations postconflit, a-t-il expliqué, ajoutant que, pour ce faire, la plus grande attention doit être accordée aux besoins, capacités et priorités des pays hôtes. Ce n’est qu’ainsi que la durabilité de cette réforme pourra être garantie, a souligné le représentant en exprimant la volonté de l’Indonésie à partager son expérience en la matière.
Il faut, enfin, redoubler d’efforts pour accroître la participation des femmes aux forces de police de maintien de la paix, a poursuivi le délégué. Selon lui, la présence de policières améliorera les performances des unités de police des Nations Unies, notamment pour la protection des civils et la riposte aux violences sexuelles. Le délégué a rappelé à cet égard que 128 femmes, dont 42 policières, figurent dans les contingents de maintien de la paix déployés par son pays. Au total, a-t-il encore précisé, 326 policiers indonésiens participent à six missions de la paix de l’ONU.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est demandée si les chefs de la police des Nations Unies avaient les moyens et compétences nécessaires pour remplir leurs missions, notamment les compétences linguistiques.
M. VICENTE MBA ASUMU ABEME (Guinée équatoriale) a souligné la nécessité de doter les troupes et la police de maintien de la paix du meilleur entraînement et du meilleur équipement possibles de même que des normes de conduite personnelle les plus élevées. Le représentant a demandé aux orateurs quels sont les obstacles qui entravent la pleine intégration des femmes dans les opérations de paix et si une évaluation de ces obstacles avait été effectuée dans les différentes zones géographiques. Il s’est ensuite interrogé sur l’impact des opérations de paix sur le terrain au regard de la crise actuelle à l’ONU.
M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a déclaré que pour que les composantes police des opérations de maintien de la paix soient efficaces, il faut qu’elles respectent les trois principes du maintien de la paix (consentement des parties, impartialité et non recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat). Il faut aussi qu’elles respectent les dispositions de la résolution 2382 (2017). Le représentant a également souligné la nécessité de respecter l’obligation redditionnelle en cas de commission de crimes. Il faut enfin une intégration des femmes dans ces composantes en leur accordant un rôle primordial, a dit le représentant, avant de se demander ce que peut faire le Conseil de sécurité pour appuyer la police des Nations Unies.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a relevé que, dans le cas de la MINUSMA, la protection des civils et des plus vulnérables est primordiale, et il a demandé au commissaire Yacouba de quelle façon ses contingents contribuent à une meilleure présence policière dans les diverses localités du pays et quelles sont les principales difficultés auxquelles ils font face.
D’autre part, le représentant a souligné l’importance de générer des capacités d’implication, d’interaction et de respect au regard de la société civile, dans l’objectif de susciter davantage de confiance auprès de la population. C’est essentiel, par exemple, pour favoriser les conditions nécessaires au soutien des processus politiques, comme dans le cas de la République centrafricaine. À cet égard, il a demandé à la conseillère à la municipalité de Bangui, Mme Fitah-Kona, quelle avait été son expérience avec les effectifs de police déployés dans cette ville afin d’établir une relation étroite avec la population.
Quant à la contribution des femmes à ces processus, a-t-il noté, elle a cessé d’être une recommandation utile pour devenir un véritable paradigme de mise en œuvre efficace, en particulier lorsqu’il s’agit de se rapprocher des communautés et des organisations de la société civile. Il a voulu en savoir plus auprès de la chef de la police de la FISNUA, Mme Gahonzire, sur la participation des policières face à la présence de groupes armés.
Sur la fonction d’appui de la police de l’ONU dans la lutte contre le crime organisé, le représentant a demandé au chef de la police de la MONUSCO, M. Abdounasir, de quelle façon il s’est coordonné au niveau régional et sous-régional afin de créer des synergies pour y faire face.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a demandé à M. Lacroix s’il avait des commentaires à apporter sur la présence policière au Soudan et le suivi de la mission menée sur le terrain. Le représentant a souhaité que soient pleinement intégrés les conseils des policiers dans la planification des missions de paix et que celles-ci continuent d’appuyer les forces de l’ordre sur le terrain, en évaluant leurs besoins. À cet égard, il a invité la police à faire preuve de plus de diligence dans le recrutement, jugeant ce processus trop long et bureaucratique.
Se disant frappé par les propos de M. Yacouba sur les relations avec les populations locales et l’importance d’instaurer la confiance, il a demandé à Mme Fitah-Kona son avis quant aux meilleures pratiques pour établir la confiance. Il a demandé à Mme Gahonzire comment lever les obstacles pour que les femmes intègrent davantage la police des Nations Unies. À M. Abdounasir, il a demandé quels sont les défis les plus pressants auxquels est confrontée la composante police de la MONUSCO.
M. JEAN-PIERRE LACROIX a déclaré que de nombreux efforts ont déjà été consentis en ce sens, il faut faire davantage pour que l’environnement des missions de paix soit mieux adapté à la situation particulière des femmes et pour encourager leur recrutement et leur déploiement sur le terrain. Il a également déclaré que le rôle des policiers onusiens est primordial en matière de renforcement de l’état de droit, d’enquête pénale ou de lutte contre la criminalité, entre autres. Des formations spécifiques ont été élaborées avec l’aide et le conseil de pays contributeurs de troupes pour parvenir à ces objectifs, a assuré le Secrétaire général adjoint.
Mme FITAH-KONA a déclaré que la patrouille de police de la MINUSCA dans le quartier PK 5 de Bangui se fait sans port d’armes, inspirant la confiance à la population, a-t-elle dit. Cependant, cette brigade ne compte que trois femmes, a-t-elle relevé, avant de demander qu’une protection spécifique soit accordée à ces femmes et leur recrutement encouragé.
À la question portant sur la criminalité organisée, M. ABDOUNASIR a répondu que la police de la MONUSCO travaille à établir des synergies pour répondre à la criminalité transfrontalière organisée. Le principal défi a été de rétablir la confiance entre la population et les institutions de l’État, en particulier dans la justice et la lutte contre l’impunité qui formaient une pierre d’achoppement.
Mme GAHONZIRE est revenue sur la promotion du dialogue et de la pérennisation de la paix, qui se fait à toutes les étapes et implique la participation de tous les acteurs. C’est ce qui a été fait au niveau de la FISNUA, avec la participation notamment des femmes et des enfants, qui sont les principales victimes. La Force a mobilisé les communautés mais il y avait de moins en moins de policiers des unités constituées pour les suivre et de plus en plus de criminalité, en conséquence elle a été reconfigurée. Néanmoins, les unités ne peuvent faire face à la criminalité croissante en l’absence de police locale.
À la question de la primauté de l’armée dans les questions de terrorisme, M. YACOUBA a dit que le Mali avait adopté une stratégie nationale contre l’extrémisme violent et que l’armée a un rôle à jouer, mais en soutien des services de sécurité. La MINUSMA a travaillé à la mise en place de structures spécialisées qui ont le monopole en matière de traitement des affaires de terrorisme. Quant à la réforme du secteur de la sécurité, M. Yacouba a estimé qu’elle dépendait d’une volonté politique et plaidé pour une inclusivité, avec des quotas régionaux afin d’assurer la proximité. Un autre problème tient au manque d’équipements, a observé le chef de la police de la MINUSMA.