8652e séance – après-midi
CS/14004

À l’approche des élections de 2020 au Burundi, les 15 membres ne sont pas unanimes sur le maintien du pays à l’agenda du Conseil de sécurité

Alors que s’approchent les échéances électorales de mai 2020 au Burundi, les membres du Conseil de sécurité ont montré des avis opposés sur le rôle que les Nations Unies sont appelées à jouer, au cours d’une séance d’information cet après-midi, l’occasion pour l’Envoyé spécial du Secrétaire général Michel Kafando d’annoncer qu’il cesse ses fonctions.

Après deux ans et demi de service et une unique rencontre avec le Président du Burundi, Pierre Nkurunziza, M. Kafando a regretté que « les espoirs nés de cette première rencontre n’aient malheureusement pas encore abouti ».  Cependant, il a jugé que l’appui de son Bureau et son engagement personnel avaient souvent contribué à lever certains blocages politiques ou techniques et permis la poursuite du processus de paix.

Dans son rapport, le Secrétaire général note que la situation s’est améliorée sur le plan de la sécurité mais que la situation des droits de l’homme reste préoccupante et que des incidents violents continuent d’émailler la vie politique.

Rien qui menace la paix et la sécurité internationales, ont cependant avancé la Chine et la Russie, cette dernière estimant qu’il est temps de retirer le Burundi du programme « déjà surchargé » du Conseil de sécurité.

Le représentant russe s’est même dit « étonné » de la précipitation dans la préparation du rapport de M. Kafando alors que l’ONU traverse une crise financière et a appelé le Secrétariat « à respecter les décisions du Conseil de sécurité » d’autant que, selon lui, le pays est calme avec une tendance à la stabilisation. 

La Ministre de la coopération et des relations internationales de l’Afrique du Sud a fait valoir les nombreux progrès enregistrés par les autorités, tandis que le représentant de la Guinée équatoriale a salué « l’esprit de réconciliation et de tolérance qui anime actuellement le Burundi », avec le retour au pays de dirigeants politiques exilés, la reconnaissance de partis politiques de l’opposition ou la libération de plus de 3 000 prisonniers.

Avis partagé par le représentant burundais pour qui l’Envoyé spécial du Secrétaire général laisse derrière lui un « pays calme, stable et définitivement réconcilié » dans lequel plus de 79 000 réfugiés, dans les pays voisins, ont commencé à rentrer volontairement chez eux.  Il a « regretté que certaines délégations gardent le langage de 2015 au lieu de prendre acte des événements survenus au Burundi ».  Par conséquent, la présence du Burundi à l’agenda du Conseil de sécurité est « inopportune et viole la Charte des Nations Unies », a-t-il affirmé, ajoutant que « son maintien est en train de créer un mauvais précédent ».

En revanche, la France, la Belgique, l’Allemagne, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Pologne ont insisté sur la « nécessité absolue » de conserver le Burundi au programme du Conseil car, à l’approche des élections dans un environnement précaire, il reste une menace à la paix et la sécurité dans la région, ont-ils estimé.  Pour la France, ces élections seront une étape cruciale sur la voie de l’apaisement et il est essentiel qu’elles puissent se préparer dans le consensus et en confiance.  La délégation française a donc appelé à condamner et à faire cesser les violences exercées à l’encontre de militants, les arrestations arbitraires de journalistes et de membres de l’opposition, ainsi que les actes de vandalisme contre les permanences de partis politiques d’opposition.

Inquiète, elle aussi, pour l’organisation du scrutin compte-tenu des violations des droits de l’homme rapportées par le Secrétaire général, l’Allemagne a défendu le maintien du Bureau des Nations Unies.  Une inquiétude réitérée par la Belgique à la lecture du dernier rapport de monitoring de l’Union africaine qui fait état, en septembre, d’un nombre croissant d’enlèvements brutaux commis par les forces de l’ordre et par les groupes paramilitaires comme les Imbonerakure, ainsi que d’arrestations arbitraires de membres de l’opposition.  Pour la Belgique, alors que la voie vers les élections de 2020 est encore longue, il est primordial que le Bureau de l’Envoyé spécial puisse continuer de travailler et qu’il ait un accès direct aux autorités burundaises, au moins jusqu’au scrutin.

Dans son rapport, le Secrétaire général assure que l’ONU demeure un partenaire du Burundi et fera tout son possible pour appuyer le pays dans sa recherche de solutions durables à ses difficultés d’ordre politique et socioéconomique.

De même, Jürg Lauberg, Président de la Configuration Burundi de la Commission de consolidation de la paix, a insisté pour que l’ONU reste engagée au Burundi « avec une approche intégrée » afin de garantir des élections pacifiques, libres, justes et inclusives.  La Commission, a-t-il suggéré, peut servir de plateforme pour identifier les activités pouvant contribuer à un environnement propice au processus, tandis que le Gouvernement du Burundi, les partis politiques et les autres parties prenantes doivent aussi y contribuer.

La Côte d’Ivoire enfin, a encouragé l’ONU et l’Union africaine à continuer de soutenir les initiatives de la Communauté d’Afrique de l’Est pour « revitaliser » le dialogue interburundais d’ici aux élections. Il a aussi appelé le Gouvernement de Bujumbura et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à « régler leurs différends » après la fermeture des bureaux du Commissariat au Burundi.

LA SITUATION AU BURUNDI (S/2019/837)

Déclarations

M. MICHEL KAFANDO, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi, a constaté que la situation sur place demeure tendue: au cours de la période considérée, il a observé une montée de l’intolérance politique et des atteintes aux libertés civiques et politiques.  Le Gouvernement a réagi en mettant en place un cadre de dialogue politique avec les partis politiques, les administrateurs locaux et les représentants des forces de sécurité.  Cette initiative selon lui « mérite d’être encouragée et soutenue ».  À l’approche des élections prévues en 2020, il a souhaité que le processus soit transparent sous peine de ranimer le conflit.  Il a également observé que la situation sécuritaire s’était améliorée sur l’ensemble du territoire mais que la situation humanitaire, elle, demeure préoccupante.  Le haut fonctionnaire a également salué le retour volontaire de milliers de réfugiés.

Cependant, le dialogue interburundais n’a toujours pas eu lieu sous les auspices de la Communauté de l’Afrique de l’Est, quatre ans après son lancement, faute de volonté politique des uns et des autres et faute aussi du manque d’engagement des États de la région, a constaté à regret M. Kafando.  Malgré les engagements du médiateur, « les choses n’ont pas bougé », a-t-il insisté.  Dans cette inquiétude, il a indiqué avoir entrepris de nouvelles concertations avec le Médiateur, le Président Yoweri Museveni, qui a assuré qu’il entendait poursuivre la médiation avec M. Kagamé et d’autres chefs d’État.  L’Envoyé spécial a annoncé comme il en avait l’intention déjà depuis juin qu’il quittait ses fonctions d’Envoyé spécial au Burundi.  Il a précisé que depuis sa nomination le 5 mai 2017, et à l’issue de nombreuses visites sur place et dans la région, il n’a été reçu qu’une seule fois par le Président du Burundi, Pierre Nkurunziza, et que « les espoirs nés de cette première rencontre n’ont malheureusement pas encore abouti ».  Cependant, l’appui de son Bureau et son engagement personnel auprès du Facilitateur et du Médiateur ont souvent contribué à lever certains blocages politiques et techniques et permis la poursuite du processus de paix, a-t-il estimé.

M. JÜRG LAUBER, Président de la Configuration Burundi de la Commission de la consolidation de la paix, a promis que la Configuration continuera de servir comme plateforme de dialogue sur la coopération entre le Burundi et ses partenaires internationaux, en appui à la mise en œuvre du plan national de développement du pays.  Le Président a souligné l’importance de prévenir le ralentissement des programmes économiques à l’approche des élections de 2020.  De même, il a mis l’accent sur la nécessité d’élections pacifiques, libres, justes et inclusives, suggérant que la Commission puisse servir de plateforme pour identifier les activités d’appui à un environnement favorable à un tel processus.  Concernant la situation dans le pays, M. Lauber a indiqué que les préparatifs des élections générales de 2020 continuent de dominer le contexte politique.  Le Gouvernement souligne le fait que le Président Nkurunziza ne se présentera pas aux prochains scrutins.  Le parti au pouvoir CNDD-FDD devrait choisir son candidat à la présidentielle début 2020.  Dans le même temps, des rapports faisant état de violations des droits de l’homme et d’autres incidents qui ont endommagé les infrastructures des partis politiques ont soulevé des préoccupations quant à l’espace démocratique préélectoral.  Le 19 juin dernier, le représentant permanent du Burundi a présenté l’avancée des préparatifs des élections, notamment l’adoption de la feuille de route de Kayanza par le Gouvernement, la constitution de la Commission électorale nationale indépendante ainsi que l’adoption du code électoral et du calendrier électoral.  La Commission a été informée de l’adoption du budget 2019-2020 qui prévoit le financement des élections par les fonds propres du Burundi.  M. Lauber a aussi noté le retour volontaire des réfugiés burundais des pays voisins, y compris de la Tanzanie.  Les États Membres ont appelé pour que ces retours respectent le principe du retour volontaire, digne et sûr.  Pour ce qui est de la coopération socioéconomique, elle reste la clef pour réduire les vulnérabilités, renforcer la résilience et améliorer la préparation aux catastrophes et la réponse au Burundi.  Les États Membres de la Commission ont exprimé leur souhait d’intensifier le dialogue aux niveaux stratégiques et sectoriels pour assurer les priorités de développement.  Enfin, l’intégration effective des femmes et des jeunes dans la vie publique et leur participation au processus de décisions sur l’avenir du pays sont un facteur clef de la paix durable. 

La Commission, a dit le Président de la Configuration, peut jouer un rôle en soutenant les initiatives visant à prévenir le conflit et à réduire les tensions au niveau communautaire.  L’importance de ces initiatives pour promouvoir le dialogue et la réconciliation va au-delà de la période électorale, a noté M. Lauber, en invitant à renforcer la résilience et à préserver les acquis grâce à l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha.  Avant de terminer, il a formulé cinq observations et recommandations.  En premier lieu, il a encouragé l’ONU à rester engagée au Burundi avec une approche intégrée.  En deuxième lieu, le Gouvernement du Burundi, les partis politiques et les autres parties prenantes doivent créer un environnement favorable pour des élections pacifiques, libres, crédibles et inclusives.  M. Lauber a en troisième lieu appelé les États Membres à accroître leur appui aux projets et initiatives visant à réduire la violence et atténuer les tensions.  Quatrièmement, le financement urgent du plan de retour et de réintégration des réfugiés de 2019 est nécessaire.  Le Président a appelé à cet égard les États Membres à donner l’appui nécessaire à ce plan qui est exemplaire en tirant parti des synergies entre les plans humanitaires et de développement existant, y compris le plan national de développement du Burundi.  Et en cinquième lieu, il a promis de poursuivre ses efforts pour un appui international durable pour la mise en œuvre du plan national de développement et pour soutenir le dialogue entre le Gouvernement du Burundi et ses partenaires bilatéraux et internationaux autour des priorités nationales. 

Mme NALEDI PANDOR, Ministre de la coopération et des relations internationales de l’Afrique du Sud, a pris acte des suggestions d’améliorer le dialogue en amont des élections générales du 20 mai 2020, pour doper les efforts de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) chargée de superviser le processus.  Elle a aussi pris note du document officieux en trois points qui évoque un renforcement de la médiation conduite par M. Museveni.  L’Afrique du Sud exhorte le Conseil à continuer de coordonner ses positions avec le Conseil de paix et sécurité de l’UA quand il s’agit de l’Afrique, a dit la Ministre.  Ce n’est que par le biais d’un dialogue sans exclusive qu’on pourra sortir de l’impasse au Burundi, a-t-elle aussi déclaré avant d’appeler la communauté internationale à coopérer en ce sens avec la CAE.

Mme Pandor a félicité le Gouvernement burundais pour les progrès faits sur la voie des élections avec l’adoption d’un code et d’un calendrier électoral, ainsi que la création de nouveaux partis politiques: tous doivent pouvoir parcourir le pays sans obstacle, a-t-elle recommandé en estimant qu’il ne devrait pas exister de zone inaccessible pour les politiciens, d’où qu’ils soient.  Les Burundais doivent pouvoir bénéficier d’élections libres et justes.  La Ministre a aussi encouragé les autorités à travailler étroitement avec l’UA et la CAE pour créer un environnement conforme à l’Accord d’Arusha. 

Vivement préoccupée cependant par la situation humanitaire dans le pays, qui touche 1,8 million de personnes, elle a appelé la communauté internationale à faire plus pour surmonter ces difficultés et appuyer la mise en œuvre du Plan national de développement, ainsi que le rapatriement volontaire des réfugiés.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent appuyer le Gouvernement du Burundi et la médiation de la CAE pour créer un environnement propice à la transition démocratique, a-t-elle conclu.

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), le Burundi doit pouvoir bénéficier de la dynamique en cours dans la région des Grands Lacs et parvenir à mettre un terme aux tensions politiques qui l’agitent.  Les élections de 2020 seront une étape cruciale sur cette voie, selon lui car « seule l’organisation d’élections libres, pacifiques et inclusives permettra de retrouver le chemin de la stabilité ».  Il est essentiel que ces échéances puissent se préparer dans le consensus, avec la confiance de tous les acteurs politiques et de la population.  Les violences exercées à l’encontre de militants, les arrestations arbitraires de journalistes et de membres de l’opposition et les actes de vandalisme contre les permanences de partis politiques d’opposition doivent être condamnés et cesser, a exigé le représentant: les autorités doivent en poursuivre les auteurs et tout faire pour que de tels actes ne se reproduisent pas.  Il a suggéré des mesures visant à garantir la liberté d’expression pendant la campagne, l’ouverture de l’espace politique, ainsi que la sécurité des candidats et partisans des différents partis.  Des mesures techniques telle que l’observation électorale citoyenne, la transparence dans le dépouillement des votes, peuvent également contribuer à bâtir cette confiance, de l’avis de la France. 

Le représentant s’est néanmoins dit préoccupé par la persistance des violations des droits de l’homme et des violences dans ce pays, y compris les violences sexuelles, ainsi que par la fermeture du bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Le représentant a encouragé les autorités burundaises à respecter leurs engagements internationaux en matière de protection des droits de l’homme, arguant que cela est nécessaire à la tenue d’élections inclusives et apaisées.  À ce titre, la France continuera à suivre la situation humanitaire avec beaucoup d’attention, a prévenu le délégué qui a insisté sur la nécessité du dialogue politique dans l’esprit de l’Accord d’Arusha, pour permettre une normalisation de la situation au Burundi.  Le représentant a encouragé la CAE à poursuivre ses efforts de médiation et appelé les autorités burundaises à dialoguer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Dans la période charnière qui s’ouvre, avec en point de mire les élections générales de mai 2020, il est important que l’ONU reste engagée, a-t-il souligné en mettant en garde contre le risque régional que ferait peser une éventuelle dégradation de la situation au Burundi.  C’est pourquoi le Conseil de sécurité ne peut pas se désintéresser de la situation au Burundi, a conclu M. de Rivière.

Mme KELLY KRAFT (États-Unis) a salué le travail de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Burundi notant que le Conseil, pour œuvrer à la paix et la sécurité, devait souvent investir dans la population: ainsi, les élections de 2020 sont la clef de l’avenir et doivent être inclusives, libres et équitables.  Les femmes, les jeunes, l’opposition et la société civile, les militants politiques et les réfugiés, chacun a un rôle à jouer dans ces élections selon elle.  Mme Kraft a encouragé le Gouvernement à prendre des mesures tangibles pour garantir le bon déroulement des scrutins, comme d’autoriser des observateurs internationaux.  Les candidats de tous les partis doivent être libres de mener campagne sans craindre des représailles: alors qu’elle s’est dit préoccupée par les violences commises contre les opposants et leaders de la société civile, qui sapent la liberté d’expression elle a appelé les partis à rejeter la violence dans la campagne.  Elle a exhorté le Gouvernement du Burundi à s’acquitter de ses obligations de respecter la liberté d’expression: tous les citoyens doivent pourvoir prendre part au processus électoral sans crainte, a-t-elle insisté.  Le retour volontaire des réfugiés demeure également une priorité et elle a appelé les Gouvernements du Burundi et de Tanzanie à collaborer avec le HCR pour garantir un retour en toute sécurité et sans harcèlement. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit qu’il était étonné de la précipitation dans la préparation du rapport de M. Kafando alors que l’ONU traverse une crise financière.  Le représentant a appelé le Secrétariat à respecter les décisions du Conseil de sécurité à l’avenir.  Sur le fond, le représentant a relevé que la situation sécuritaire n’avait pas été modifiée depuis le mois d’août, le pays étant calme avec une tendance à la stabilisation.  Il a salué la signature de l’accord avec la République-unie de Tanzanie sur le retour des réfugiés.  Le représentant a noté que le Gouvernement continue de préparer les élections générales en prévoyant le financement national du processus.  Il a aussi remarqué que le nombre des partis souhaitant participer aux scrutins s’allonge.  Le représentant a jugé utile la campagne d’information pour expliquer le travail de la commission électorale auprès de la population.

Sur les cas de violence mentionnés dans le rapport, le délégué a suggéré d’établir des statistiques et de les examiner attentivement, tout en portant un regard sur la situation en général.  Pour lui, la situation d’ensemble n’est pas aussi sombre qu’on le dit.  Le délégué a aussi noté que les différents candidats aux élections avaient prévu de se déclarer au début de l’année 2020.  Il s’est dit satisfait de l’annonce faite par le Gouvernement de dialoguer avec l’opposition notamment à Nairobi.  Il faut respecter la souveraineté du Burundi, surtout en cette veille des élections, a recommandé le représentant pour lequel il faut aussi soutenir les efforts de développement du Burundi.  Avant de terminer, il a exprimé sa conviction qu’il n’est pas utile de maintenir l’attention du Conseil de sécurité sur le Burundi: il faut retirer ce pays du programme de travail du Conseil déjà chargé.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué l’esprit de réconciliation et de tolérance qui anime actuellement le Burundi, avec le retour au pays de dirigeants politiques exilés, la reconnaissance de partis politiques de l’opposition ou la libération de plus de 3 000 prisonniers.  La Guinée équatoriale se félicite donc, comme l’avait fait aussi l’UA lors du trente-deuxième sommet ordinaire de ses chefs d’État et de gouvernement tenu le 10 février dernier à Addis-Abeba, de la volonté politique de ramener et de consolider le calme et la stabilité dans ce pays.  Dans ce contexte, la délégation encourage le Gouvernement du Burundi à continuer de renforcer le dialogue inclusif et à établir des mécanismes de transparence et d’inclusivité pour les élections de 2020, dans la droite ligne de l’Accord d’Arusha, de la Feuille de route de Kayansa et des valeurs et principes démocratiques, tout en rendant prioritaire le respect des droits de l’homme, a dit le représentant. 

M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS YABRA (République dominicaine) a invité tous les acteurs burundais à créer un environnement pacifique pour la tenue des élections.  Par-dessus tout, il faut éviter tout type de violation des droits de l’homme, et en particulier le droit à la liberté d’expression, a dit le représentant, appelant le Gouvernement burundais à coopérer avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme pour mieux protéger les droits de l’homme.  La République dominicaine note aussi que la situation socioéconomique continue de ne pas s’améliorer de manière tangible, avec une augmentation de l’inflation, tout comme du déficit des comptes publics.

Par ailleurs, le représentant a jugé particulièrement préoccupant le nombre de personne atteintes de malaria ou décédées des suites du choléra.  Ainsi, près de 6,5 millions de personnes ont contracté la malaria au cours des huit premiers mois de cette année, un chiffre très supérieur à celui de la même période l’an dernier.  Cela dit, la délégation a salué les efforts de préparation et d’atténuation face à la maladie à virus Ébola, ainsi que les résultats atteints dans la réduction du taux de malnutrition, qui est passé de 56 à 54% en moins de deux ans.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a appuyé le lancement du dialogue interburundais sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est: ce dialogue est nécessaire pour instaurer la confiance, y compris celle de la communauté internationale, et pour créer des conditions propices à garantir des élections transparentes et inclusives.  Il a demandé que soit renforcée l’aide humanitaire au Burundi en faveur des 1,8 million de Burundais dans le besoin, sans compter les dizaines de milliers de réfugiés qui vont rentrer alors que les cas de malaria et de choléra ont dramatiquement augmenté de 125% l’an dernier.  C’est décourageant à cet égard d’entendre que le Plan régional de soutien au retour des réfugiés est l’un des moins financés au monde, a-t-il insisté.  Il faut enfin garantir que le Burundi ne rechute pas, même après 2020 et pour cela, ce pays doit continuer de travailler avec l’ONU et les autres partenaires, a-t-il ajouté en conclusion.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a salué les progrès réalisés dans la préparation du processus électoral, en particulier la publication d’un chronogramme détaillé.  La délégation a émis l’espoir que ces élections se dérouleront de manière transparente, inclusive et crédible.  Pour cette raison, le Pérou a jugé « fondamental » d’éradiquer toute manifestation d’intolérance et d’ouvrir l’espace politique afin de garantir la pleine participation de tous les acteurs de la vie politique du pays.  Il est à cet effet « impératif » de revitaliser le dialogue interburundais, a déclaré le représentant.  Sa délégation estime aussi que la situation sécuritaire doit faire l’objet de mesures « urgentes ».  Pour cela, il faut faire reculer les groupes paramilitaires comme les Imbonerakure, dont les actions sont sources de perturbations et d’instabilité politique au Burundi, a ajouté le représentant.

M. HAITAO WU (Chine) a noté que la situation est stable et que la commission électorale poursuit ses préparatifs des scrutins et que les réfugiés rentrent au pays en grand nombre.  La situation humanitaire s’améliore, a estimé le représentant, qui a demandé que la communauté internationale respecte la souveraineté du Burundi et le choix du peuple burundais.  Les partenaires doivent aider au retour des réfugiés et appuyer le plan de développement national du Gouvernement, a ensuite préconisé le représentant.  La coopération doit reprendre le plus rapidement possible, a souhaité le délégué, en estimant que la situation dans ce pays ne devrait plus être inscrite à l’ordre du jour du Conseil.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a encouragé la population burundaise à participer de manière paisible aux élections, estimant que la libération de prisonniers politiques et la levée des poursuites judiciaires contre les dirigeants politiques et leaders de la société civile qui veulent rentrer au Burundi constitueraient des avancées majeures.  Il s’est dit préoccupé des incidents violents qui émaillent la période préélectorale, appelant les médias à faire preuve de responsabilité pour que cette période ne soit pas entachée par des discours de haine.  À propos des droits de l’homme, le représentant s’est dit préoccupé à la lecture du dernier rapport de monitoring de l’Union africaine qui fait état, en septembre, d’un nombre croissant d’enlèvements brutaux commis par les forces de l’ordre et par les Imbonerakure, ainsi que d’arrestations arbitraires de membres du CNL (opposition).  Alors que la voie vers les élections de 2020 est encore longue, a—il conclu, il est primordial selon lui que le Bureau de l’Envoyé spécial puisse continuer de travailler et maintienne ses activités et qu’il ait un accès direct aux autorités burundaises au moins jusqu’au scrutin.

Mme KAROLINA DOROTA JANIAK (Pologne) s’est inquiétée de l’augmentation de l’intolérance politique et du vandalisme contre les membres et bureaux de l’opposition au Burundi.  À l’approche des élections, elle a appelé les autorités à ouvrir l’espace politique pour que tous les partis puissent prendre part à la campagne.  Malgré l’amélioration de la situation en matière de sécurité, la population reste exposée à de nombreuses difficultés dont des violences et discours de haine contre lesquels les autorités doivent se dresser, a-t-elle recommandé.  Elle a aussi souhaité que le Gouvernement prenne des mesures tangibles pour rétablir la coopération avec les organes internationaux de défense des droits de l’homme.  La représentante a conclu que la mission du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme devait se poursuivre pour que le travail de M. Kafondo ne soit pas perdu et pour permettre une amélioration de la vie des Burundais au travers des élections.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a dit se réjouir de l’environnement sociopolitique globalement stable au Burundi.  Cependant, seuls un environnement apaisé et un processus inclusif marqué par une plus grande ouverture de l’espace politique, pourront garantir la crédibilité du scrutin, a-t-il mis en garde.  Il s’est félicité à cet égard des efforts déployés par les autorités burundaises pour sensibiliser les acteurs concernés.  Il a en outre encouragé les parties prenantes à s’inscrire dans une dynamique positive, y compris par la reprise du dialogue politique interburundais, dans l’esprit de l’Accord d’Arusha.  La Côte d’Ivoire appelle à cet effet l’ONU et l’UA à continuer de soutenir les initiatives de la CAE, en vue de revitaliser ce dialogue.

Le représentant a ensuite salué l’Accord tripartie, entre le Burundi, la République-Unie de Tanzanie et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui a favorisé, depuis sa signature en 2017, le retour volontaire d’au moins 75 000 réfugiés burundais depuis la Tanzanie.  Cela dit, en dépit des efforts déployés par les autorités burundaises, les agences humanitaires et les partenaires du Burundi, il reste encore 325 671 réfugiés burundais dans les pays voisins, a dit le représentant, avant d’appeler sur un autre sujet, le Gouvernement du Burundi et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à « régler leurs différends ».

M. BASHAR A. A. A. E. ALDUWAISAN (Koweït) a relevé l’amélioration du processus politique depuis la dernière séance du Conseil de sécurité sur le Burundi, notant que le Gouvernement s’était efforcé de maintenir le calme.  Cette évolution positive devrait être maintenue jusqu’aux élections de 2020, a souhaité le représentant pour lequel ces mêmes élections devraient être justes et crédibles.  Les femmes et les jeunes doivent pouvoir y participer, a-t-il ajouté.  L’annonce par le Président actuel qu’il ne se représentera pas à la présidentielle montre la maturité du Gouvernement, qui prépare les élections avec sérieux, a constaté le représentant.  Sur le plan de la sécurité, il a noté l’amélioration des conditions en dépit des activités des groupes armés.   Il a espéré que ces conditions continueront de s’améliorer et que le Gouvernement redoublera d’effort pour maintenir le calme.  La situation humanitaire s’est améliorée, a encore estimé le représentant qui a demandé que les violations des droits de l’homme cessent et que les auteurs soient jugés.  Le Gouvernement doit redoubler d’effort pour la réintégration socioéconomique des réfugiés qui reviennent, a-t-il dit avant de conclure.

M. DAVID CLAY (Royaume-Uni) a souligné que le Bureau de l’Envoyé spécial jouait un rôle essentiel.  Il a insisté pour que ses rapports continuent d’être présentés régulièrement au Conseil de sécurité.  En ce qui concerne la CAE, il l’a encouragée à redoubler d’efforts en faveur d’un dialogue inclusif pour préserver les acquis de l’Accord d’Arusha.  Les États de la région doivent tenir leurs engagements, a-t-il aussi demandé.  Malgré l’amélioration de la situation sécuritaire, les violations graves des droits et les incidents violents se poursuivent ainsi que les atteintes à la liberté de la presse, a poursuivi le représentant qui a voulu que les réfugiés puissent rentrer sur une base volontaire et avoir la garantie de vivre dans la sécurité après leur retour.  Avec les élections prévues l’an prochain dans un environnement encore précaire, le Burundi reste une menace à la paix et la sécurité dans la région, selon le Royaume-Uni qui estime que le pays doit demeurer au programme du Conseil de sécurité.

En réaction à l’intervention de son homologue de la Fédération de Russie, M. MATHIAS LICHARZ (Allemagne) a dit que les conditions de sécurité au Burundi sont préoccupantes, prenant à témoin les détails contenus dans le rapport du Secrétaire général.  La situation ne fait que renforcer nos inquiétudes et implique de maintenir le Burundi à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a estimé le représentant pour lequel la crise ne peut être résolue qu’avec les acteurs régionaux.  Il a également reconnu qu’il était préoccupé par la crise humanitaire au Burundi.  À cet égard, il a appelé le Gouvernement à coopérer avec les partenaires internationaux pour améliorer notamment l’accès humanitaire, ainsi que pour appuyer le retour volontaire, digne et sûr des réfugiés. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a rappelé que le Secrétaire général et le Ministre burundais des affaires étrangères s’étaient rencontrés en marge de l’Assemblée générale et avaient convergé sur le constat de la fin du mandat de l’Envoyé spécial en novembre 2019: il laisse derrière lui un « pays calme, stable et définitivement réconcilié ».  Il a dès lors « regretté que certaines délégations gardent le langage de 2015 au lieu de prendre acte des événements survenus au Burundi ».  La situation politique est dominée par la préparation des élections de 2020, a-t-il dit en faisant remarquer que les mécanismes sont déjà opérationnels: la Commission électorale nationale indépendante, le code électoral révisé, le financement du scrutin sans recours aux ressources extérieures, la publication du calendrier électoral - dont la période d’enregistrement partiel des électeurs du 9 au 12 décembre prochain.

Le représentant a rappelé « à ceux qui essaient de se mêler de ce processus », qu’il s’agit d’une affaire interne qui relève exclusivement de la souveraineté nationale.  Si accompagnement il y a, il ne doit pas donner droit à des interférences caractérisées, a-t-il prévenu.  Il a rappelé que le Président avait maintes fois assuré qu’il ne se représenterait pas en 2020, et noté que des leaders politiques de l’opposition qui avaient fui sont rentrés.  En outre, plus de 2 000 prisonniers « jeunes casseurs » ont été libérés au début de l’année.  Les citoyens jouissent de leurs droits politiques dans la tranquillité sur tout le territoire et tous se sentent en sécurité, a aussi affirmé le délégué avant de parler du plan de sécurisation du processus électoral et du plan de formation en cours d’exécution.

En matière de sécurité collective, le Burundi continue de lutter contre le terrorisme et a déployé plus de 6 000 hommes sur le terrain, notamment en Somalie et en République centrafricaine, une contribution qui devrait être reconnue et appréciée, a-t-il estimé.  Le plus grand défi de l’heure est la lutte contre la pauvreté, selon le représentant qui a demandé des ressources pour compléter les efforts menés par le pays.  Plus de 79 000 réfugiés sont rentrés volontairement depuis 2017, ce qui est une manifestation évidente du retour à la paix dans le pays, a-t-il déduit malgré « les propos de certains acteurs qui gonflent artificiellement le nombre des réfugiés à l’étranger pour préserver leurs emplois ». 

Reconnaissant, le représentant a dit que le Burundi s’engageait à collaborer avec l’équipe de pays des Nations Unies pour réaliser ses objectifs de développement.  En revanche, la présence du Burundi à l’agenda du Conseil de sécurité est inopportune et viole la Charte des Nations Unies, a-t-il affirmé, estimant que la situation actuelle n’est pas une menace à la paix et la sécurité internationales.  Il a donc réitéré sa demande de retrait de son pays de l’ordre du jour du Conseil, prévenant que « son maintien est en train de créer un mauvais précédent ».

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