En cours au Siège de l'ONU

8625e séance – matin
CS/13959

Moyen-Orient: le Coordonnateur spécial et une majorité de membres du Conseil de sécurité mettent en garde Israël contre ses projets d’annexion

Venu présenter, ce matin, au Conseil de sécurité le onzième rapport du Secrétaire général portant sur l’application de la résolution 2334 adoptée en 2016, le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient n’a fait état d’aucun progrès susceptible d’inverser les « tendances négatives » sur le terrain.  Il s’est, en revanche. élevé contre les plans d’annexion de la vallée du Jourdain et du nord de la mer Morte annoncés par Israël pour étendre sa souveraineté en Cisjordanie occupée, y voyant, comme un grand nombre de délégations, un grave danger pour les négociations israélo-palestiniennes aujourd’hui dans l’impasse.

« Ce serait là une violation grave du droit international mais aussi un facteur dévastateur pour la relance des négociations de paix et la stabilité régionale, sans compter que ce serait un obstacle à la viabilité de la solution des deux États », a martelé M. Nikolay Mladenov, appelant Israël à renoncer à ce projet et à mettre fin à sa politique de colonisation qui n’a pour effet que d’alimenter la colère et les désillusions parmi la population palestinienne. Rappelant que la résolution 2334 exhorte toutes les parties à « s’abstenir de tout acte de provocation et d’incitation à la violence et de toute déclaration incendiaire », il a également dénoncé les propos de groupes radicaux palestiniens, notamment l’appel à « attaquer tous les juifs de la planète » lancé le 12 juillet par un dirigeant du Hamas aux Palestiniens partout dans le monde.

Pour une grande majorité des délégations, la nouvelle dégradation observée sur le terrain et l’absence de tout espoir de reprise des négociations sont largement imputables à la promesse faite par le Premier Ministre Benyamin Netanyahu d’appliquer, s’il sortait victorieux des élections du 17 septembre, la souveraineté israélienne à toutes les implantations juives de Cisjordanie.  Ce n’est pas en construisant des colonies illégales, en confisquant les biens des Palestiniens ou en annexant la vallée du Jourdain que nous parviendrons à la paix, a fait valoir le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, M. Ayman Safadi, selon lequel « c’est plutôt comme cela que l’on tue les perspectives de paix ».

Qualifiée de « contre-productive » par la Chine et d’équivoque par l’Indonésie, la proposition israélienne a également été dénoncée par la France, laquelle a estimé que la mise en œuvre de telles mesures d’annexion constituerait non seulement « une violation grave et sans précédent du droit international », mais alimenterait en outre l’instabilité de la région en exacerbant les tensions et en nourrissant toutes les formes d’extrémisme.  La Fédération de Russie a, elle aussi, mis en garde contre les risques d’escalade qu’implique ce plan israélien, non sans ajouter qu’il en va de même de la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël et de l’annonce de la souveraineté d’Israël sur le Golan.

Regrettant l’absence de dissuasion exercée sur Israël pour le contraindre à mettre fin à sa politique de peuplement illégale, le Ministre des affaires étrangères de l’État observateur de Palestine, M. Riad Malki, a quant à lui accusé la Puissance occupante de vouloir « changer la nature de la réalité sur le terrain », au mépris de tous les traités et accords, « de façon à ce que les Palestiniens acceptent ce qui reste, c’est-à-dire une réalité pratique qui n’est pas acceptable », une réalité, selon lui, « fondée sur l’apartheid ».  Dans ce contexte, s’est indigné le Ministre, la solution des deux États « n’est pas envisageable aujourd’hui », toute négociation sérieuse devant s’appuyer sur la fin de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est, dans des délais prescrits et dans le cadre juridique arrêté à l’échelle internationale.

« Nous n’avons pas le contrôle de la vallée du Jourdain », a répondu Israël à ce concert de critiques, tout en insistant sur le fait que la sécurité des frontières israéliennes est la « condition sine qua non » d’une paix durable. À cet égard, a relevé le représentant israélien, on présente Israël comme le « méchant » dans la région, « mais en réalité nous essayons simplement d’éradiquer le danger iranien », qui représente le « principal défi » auquel se heurte le Moyen-Orient.  « Nous n’accepterons jamais que l’Iran menace notre existence », a-t-il encore martelé, jugeant cette position parfaitement compatible avec les résolutions du Conseil de sécurité sur la question, ainsi qu’avec le droit d’Israël à la légitime défense, tel que le garantit la Charte des Nations Unies. 

Face au « négativisme » dont fait l’objet Israël, les États-Unis ont à leur tour condamné l’acharnement injustifié dont font preuve, selon eux, de « nombreux États Membres » qui multiplient les plaintes et résolutions à l’encontre de cette « démocratie accomplie », refuge depuis sa création pour ceux qui fuient la répression.  « Israël n’aura pas de meilleur ami que Kelly Craft », n’a pas hésité à lancer la nouvelle représentante permanente américaine auprès des Nations Unies, répétant par deux fois que les États-Unis ont toujours soutenu Israël par le passé et qu’ils continueront de le faire aujourd’hui et à l’avenir.  Elle n’a cependant évoqué ni le plan d’annexion israélien ni les propositions de son administration pour relancer le processus de paix.  Des propositions que son homologue britannique a souhaité voir prochainement formulées pour parvenir à sauvegarder la solution des deux États, seule issue viable au conflit à ses yeux.

Devant ce que le Koweït a qualifié d’« inaction internationale » permettant à Israël de « persister dans le mépris du droit international », l’Indonésie a appelé le Conseil de sécurité à  « réaffirmer son autorité » lorsqu’il y a violation de ses décisions, comme c’est le cas pour la résolution 2334 (2016).  La Côte d’Ivoire l’a invité à « faire preuve d’approches innovantes », jugeant impératif la création d’un cadre approprié de négociations et de relance du processus politique.  Un avis partagé par la Fédération de Russie, qui, à l’instar de l’Afrique du Sud, s’est prononcée en faveur d’un déplacement du Conseil dans la région.  Une telle mission renforcerait la confiance et contribuerait à relancer les discussions, a-t-elle argué, rappelant que la base juridique établie par le Conseil est la seule qui puisse être utilisée dans le cadre d’un règlement, toute mesure unilatérale étant « vaine » selon elle.  

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Présentant le onzième rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui couvre la période allant du 11 juin au 11 septembre 2019, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. NICKOLAY MLADENOV, n’a pas mâché ses mots: la période à l’examen ne peut être dissociée du contexte plus large.  Il a cité l’occupation militaire israélienne du Territoire palestinien, les activités de peuplement et la menace d’annexion, le contrôle du Hamas sur Gaza et ses activités militaires, les mesures unilatérales qui compromettent les efforts de paix et la viabilité fiscale de l’Autorité palestinienne, et le risque persistant d’une escalade militaire dans la région. 

Dans sa résolution, a rappelé le Coordonnateur spécial, le Conseil de sécurité « exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».  Rien n’a été fait pendant la période à l’examen, a tranché M. Mladenov, en énumérant les derniers exemples, dont la construction de 3 000 logements en Cisjordanie, y compris 400 à Jérusalem-Est.  Les autorités israéliennes, a-t-il ajouté, poursuivent les démolitions et les confiscations des structures palestiniennes. 

La résolution « demande que des mesures immédiates soient prises pour prévenir tous les actes de violence visant des civils, y compris les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation et de destruction ».  Or, pendant la période à l’examen, a alerté le Coordonnateur spécial, l’on a vu des niveaux de violence alarmants, dans tout le Territoire palestinien occupé alors que les tensions dans la vieille ville de Jérusalem ont continué.  À Gaza, le niveau général de la violence a baissé mais les tensions sont toujours palpables.  Les Forces de sécurité israéliennes ont tiré à balles réelles sur les manifestants, toujours mobilisés, de la « Grande Marche du retour » alors qu’Israël a signalé moins de lancers de cerfs-volants enflammés mais tout de même 140. 

Dans sa résolution, le Conseil appelle aussi toutes les parties à « s’abstenir de tout acte de provocation et d’incitation à la violence et de toute déclaration incendiaire ».  Malheureusement, a constaté le Coordonnateur spécial, de telles actions se poursuivent.  Le 12 juillet par exemple, un dirigeant du Hamas a appelé les Palestiniens partout dans le monde à « attaquer tous les juifs de la planète ».  Il a été condamné par l’Autorité palestinienne qui a qualifié ces propos de « répugnants ».  De l’autres côté, des politiciens israéliens de renom ont publiquement minimiser l’attachement des Palestiniens à leur terre ancestrale, appelé à l’annexion de la Zone C de la Cisjordanie et rejeté la notion d’un État palestinien. 

La résolution, a poursuivi M. Mladenov, réitère les appels du Quatuor soulignant que « des mesures importantes doivent être prises de toute urgence en vue d’inverser les tendances négatives sur le terrain qui ne cessent de fragiliser la solution des deux États ».  Une évolution positive a été constatée pendant la période à l’examen mais elle a été assombrie par les tendances négatives, a dit le Coordonnateur spécial.  Il a, par exemple, cité le fait que le 22 août dernier, Israël et l’Autorité palestinienne ont conclu un accord au terme duquel cette dernière a reçu une somme de 568 millions de dollars comme part du remboursement des taxes collectées par Israël sur le carburant.  Malheureusement, a-t-il ajouté, près de deux ans après l’accord sur la réconciliation facilitée par l’Égypte, les divisions interpalestiniennes restent fortement ancrées. 

Le Coordonnateur s’est tout de même félicité de ce que la générosité des États ait permis à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) de réduire son déficit de 211 à 120 millions de dollars, en janvier dernier. 

La résolution du Conseil de sécurité, a encore rappelé le Coordonnateur spécial, « demande à tous les États de faire une distinction, dans leurs échanges, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ».  Il a noté les procédures enclenchées par la Cour européenne de justice et la Cour fédérale du Canada.  En revanche, aucun effort sérieux n’a été fait pour que « toutes les parties continuent de déployer collectivement des efforts pour engager des négociations crédibles ». 

En conclusion, le Coordonnateur spécial a appelé à la fin des colonies de peuplement au motif qu’elles alimentent la colère et les désillusions parmi la population palestinienne et qu’elles compromettent sérieusement la perspective d’un État palestinien contigu et viable avec Jérusalem comme capitale des deux États.  Il a aussi relayé les préoccupations du Secrétaire général après les déclarations sur l’annexion de la vallée du Jourdain et du nord de la mer Morte comme première étape de la souveraineté israélienne sur toutes les colonies de peuplement et dans d’autres zones de la Cisjordanie occupée. 

Ce serait là, a dénoncé M. Mladenov, une violation grave du droit international mais un facteur dévastateur pour la relance des négociations de paix et la stabilité régionale, sans compter que ce serait un obstacle à la viabilité de la solution des deux États.  Le Coordonnateur spécial a aussi invoqué le droit international pour demander à Israël de cesser les démolitions et les confiscations des structures palestiniennes.  S’agissant de Gaza, il a appelé les Forces de sécurité israéliennes à faire preuve de retenue mais aussi le Hamas et le Jihad islamique, à cesser les tirs de roquette et de mortier contre la population civile israélienne. 

M. Mladenov n’a pas oublié de relayer les appels au statu quo dans les Lieux saints, conformément au rôle spécial et historique du Royaume de Jordanie, comme gardien des sites musulmans et chrétiens de Jérusalem.  Il a demandé à Israël et à l’Autorité palestinienne de discuter, de manière constructive, pour rétablir le transfert des revenus, conformément au Protocole de Paris sur les relations économiques.  Il a demandé à toutes les factions palestiniennes de s’engager activement avec l’Égypte sur la réconciliation. 

Trois ans après l’adoption de la résolution 2334, il est difficile, a avoué le Coordonnateur spécial, de tolérer la détérioration d’un statut quo déjà difficile.  Cette situation, a-t-il tranché, reflète l’échec collectif des leaders, des politiciens et de la communauté internationale à concrétiser la vision selon laquelle la paix entre l’État d’Israël et de l’État de Palestine ne peut être réalisée que par des négociations pacifiques avec l’appui international, et sur la base des lignes de 1967, du droit international, des résolutions pertinentes des Nations Unies et des accords antérieurs.  Il n’y aucune autre solution viable pour mettre fin au conflit.  Ceux qui continuent à appuyer la solution des deux États doivent savoir que faire dérailler cette perspective c’est projeter les Israéliens et les Palestiniens dans un avenir sombre d’occupation perpétuelle, de violence sans fin et de menaces à la stabilité régionale. 

M. RIAD AL-MALIKI, Ministre des affaires étrangères de l’État observateur de Palestine, a constaté que le dixième exposé du Coordonnateur spécial sur la mise en œuvre de la résolution 2334 « contient encore plus de violations, de crimes et d’agression de la part de la Puissante occupante que les précédents ».  Et comme dans les exposés précédents, « la situation est alarmante », a-t-il dit, s’interrogeant sur la nécessité de ces examens périodiques, alors que les rapports insinuent clairement que les perspectives de paix ne font que s’amenuiser et que les activités de peuplement d’Israël s’intensifient.  Selon lui, il n’y a « pas de progrès à attendre » tant qu’il n’y aura pas de dissuasion à l’égard d’Israël pour le contraindre à mettre fin à sa politique coloniale, de façon à ce que la solution des deux États sur les frontières de 1967 soit possible, « ce qui n’est pas envisageable aujourd’hui ».  

Israël, a poursuivi le Chef de la diplomatie palestinienne, n’a jamais reconnu le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et continue de bafouer les résolutions du Conseil de sécurité en toute arrogance, considérant qu’il bénéficie d’un « statut extraordinaire ».  Le mépris d’Israël à l’égard des droits des Palestiniens a, selon lui, atteint un tel niveau que les autorités de cet État « donnent des terres aux électeurs pour gagner leurs voix.  Il a ainsi rappelé que le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahu avait déclaré que « le territoire colonisé au nord de la mer Morte serait annexé », ce qui constitue selon lui « un aveu ».  Les tentatives d’Israël visent à changer la démographie des terres colonisées depuis 1967 mais cela ne changera rien au statut juridique du Territoire palestinien, a souligné le Ministre.

Dénonçant les violences commises par la Puissance occupante dans le Territoire palestinien, M. al-Maliki a vu dans ces pillages et expulsions forcées une « violation flagrante du droit international humanitaire » mais aussi des « crimes de guerre », en vertu du Statut de Rome.  Il s’est également élevé contre le « blocus illégal » imposé à Gaza, le mur construit pour permettre un plus grand contrôle israélien, les mesures prises en faveur de colons en Cisjordanie, les provocations autour des lieux de culte et les points de contrôle imposés sur tout le Territoire palestinien.  De plus, a-t-il renchéri, des personnes innocentes sont emprisonnées, nos ressources naturelles sont pillées et Israël refuse obstinément toute critique.  De fait, « la Puissance occupante est en train de changer la nature de la réalité sur le terrain, elle cherche à faire céder le peuple palestinien et bafoue l’ensemble des traités et accords de façon à ce que les Palestiniens acceptent ce qui reste, c’est-à-dire une réalité pratique qui n’est pas acceptable », a-t-il observé, demandant aux membres du Conseil s’ils peuvent « accepter une telle réalité ». 

Dans ce contexte, s’est indigné le Ministre, la solution des deux États est bafouée puisque les décisions internationales sont méprisées par Israël.  En effet, a-t-il souligné, toute négociation sérieuse doit s’appuyer sur la fin de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est, dans des délais prescrits et dans le cadre légal arrêté à l’échelle internationale.  Il ne s’agit pas là d’une condition palestinienne, a insisté M. al-Maliki, répétant qu’il existe un cadre international qui doit être respecté et auquel les Palestiniens entendent se conformer.

Bien que ce se soit important, a-t-il encore argué, il n’est pas suffisant de proclamer l’absence de plan B.  Il nous faut, au contraire, identifier les conditions permettant au plan A de prévaloir.  Il nous faut aussi nous méfier de la « réalité alternative » qu’Israël crée sur le terrain, a-t-il ajouté, évoquant « une réalité fondée sur l’apartheid ».  Pour le Ministre, la volonté des faiseurs de paix doit triompher de celle des bulldozers.  Il a souhaité, à cet égard, saluer les positions fermes exprimées par des membres du Conseil de sécurité et de la communauté internationale qui, selon lui, démontrent la « solidité du consensus » en faveur d’une paix juste et durable.  Il a aussi remercié tous ceux qui appuient le peuple palestinien ainsi que les réfugiés par le biais de l’UNRWA. Il a par ailleurs salué la réponse apportée par le monde arabe, et notamment par l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), à la provocation dont a fait preuve Israël en annonçant des mesures d’annexion.

Avant de conclure, le Ministre a rappelé que le Conseil de sécurité, par le biais de sa résolution 2334 (2016), souhaitait que la paix et la sécurité soient maintenues par l’exécution de son mandat.  « Il nous faut trouver les moyens d’agir pour que ce droit soit respecté », a-t-il dit, appelant les États Membres à contribuer aux efforts de paix en appuyant les droits inaliénables du peuple palestinien,  en ne reconnaissant pas les actions illégales prises par Israël, en n’apportant pas d’aide aux activités de colonisation illégales, en faisant la distinction entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 et en assurant la reddition des comptes.

Le principal défi auquel se heurte la région est la République islamique d’Iran, a affirmé à l’entame de son discours M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël), soulignant également que ce pays représente un « danger » pour la sécurité et la stabilité du monde entier.  On présente Israël comme le « méchant » dans la région, a poursuivi le représentant, « mais en réalité nous essayons simplement d’éradiquer le danger iranien ».  En fin de semaine dernière, a-t-il rappelé, des installations pétrolières saoudiennes ont été prises pour cible par des attaques, ce qui a déstabilisé l’approvisionnement énergétique mondial et causé une chute vertigineuse des cours pétroliers.  « Ces attaques portent la marque de l’Iran, cela ne fait aucun doute », a-t-il affirmé. 

Poursuivant, le délégué a indiqué que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la semaine dernière, avait indiqué avoir trouvé des traces d’uranium sur l’un de ses sites de vérification iranien.  Il a estimé que cette découverte démontrait les « véritables intentions » du régime iranien, lancé selon lui dans une « entreprise de déstabilisation » à l’échelle de la région.  « L’Iran est le plus grand danger à la sécurité internationale », a insisté le représentant, appelant la communauté internationale à agir pour mettre un terme aux violations perpétrées par ce pays « aux ambitions génocidaires » qui, selon lui, dépense des millions de dollars pour financer le terrorisme dans le monde entier.

Nous savons en effet que l’Iran est actif en Syrie et au Liban, où le Hezbollah, « son organisation terroriste désignée », planifie des incursions dans le nord d’Israël, a poursuivi le représentant.  « Il y a quelques semaines, l’Iran a transféré des roquettes transformées en missiles sophistiqués au Hezbollah », a-t-il affirmé, fustigeant l’existence d’installations au Liban, y compris à Beyrouth, dont le seul but est d’attaquer Israël.  « Tout pays qui autorisera des attaques contre Israël depuis son territoire devra en payer le prix », a-t-il mis en garde.

Le représentant a dit attendre avec impatience la déclaration de son homologue jordanien dans le cadre de cette réunion, afin de bien prendre connaissance de la position du pays.  Quant à nous, a-t-il précisé, notre position est la suivante: garantir des frontières que nous pouvons défendre.  « Nous n’avons pas le contrôle de la vallée du Jourdain », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que la sécurité des frontières israéliennes était la « condition sine qua non » d’une paix durable.  « Nous n’accepterons jamais que l’Iran menace notre existence », a martelé le représentant, estimant que cette position était parfaitement compatible avec les résolutions du Conseil de sécurité sur la question, ainsi qu’avec le droit d’Israël à la légitime défense, tel que le garantit la Charte des Nations Unies.  Dans ce cadre, le représentant s’est dit prêt à dialoguer de manière constructive avec la Jordanie.

Tout en remerciant les efforts des États-Unis pour relancer le processus de paix, il a également invité, une nouvelle fois, les Palestiniens à engager un dialogue bilatéral avec Israël.  « Il faut une demi-heure pour aller de Ramallah à Jérusalem et vice versa », a-t-il déclaré.  Le représentant a enfin appelé la communauté internationale à inviter les Palestiniens à s’assoir à la table des négociations avec Israël.  « Nous sommes dans l’attente d’un partenaire qui souhaite regarder vers l’avenir et non vers le passé », a-t-il conclu.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a rappelé que le paragraphe 2 de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité demande à Israël d’arrêter toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé.  Or, a constaté le représentant, Israël, Puissance occupante, continue de construire des colonies illégales sur ce territoire, y compris à Jérusalem-Est, ce qui revient, selon lui, à lancer « un message clair de défiance à la communauté internationale ».  Regrettant que « l’inaction internationale » permette à Israël de « persister dans le mépris du droit international », il a estimé que l’annexion par cet État de nouveaux territoires en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sape les possibilités de créer un État palestinien conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et dans le cadre d’un accord négocié. 

Après avoir condamné l’annonce récente par le Gouvernement israélien de la construction de 2 300 nouveaux logements dans le Territoire palestinien, il a fait valoir que les plans d’annexion et la hausse du nombre des colons ont pour effet d’augmenter le nombre des attaques criminelles à l’encontre de civils palestiniens.  Face à ces violences, aux campagnes de confiscations de bâtiments, aux arrestations arbitraires et à la décision de priver l’Autorité palestinienne de recettes fiscales, la communauté internationale est responsable « plus que jamais » de la protection du droit international, a martelé le délégué, jugeant que certains faits reprochés à Israël pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  Il a conclu en affirmant toujours croire que le règlement global de ce conflit devra passer par les éléments de référence contenus dans les résolutions du Conseil de sécurité et la Feuille de route afin que le peuple palestinien puisse créer un État sur son territoire avec Jérusalem-Est pour capitale. 

Permettez-moi de clarifier la nature des relations entre les États-Unis et Israël, a déclaré à l’entame de son discours Mme KELLY CRAFT (États-Unis).  Les États-Unis ont toujours soutenu Israël par le passé, continuent de soutenir Israël aujourd’hui et soutiendront le pays à l’avenir, a-t-elle indiqué.  « Israël n’aura pas de meilleur ami que Kelly Craft », a affirmé la nouvelle représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, avant de condamner l’acharnement injustifié dont font preuve, selon elle, de « nombreux États Membres » qui multiplient les plaintes et résolutions à l’encontre d’Israël.

« Depuis sa création, Israël a été un refuge et un sanctuaire pour ceux qui fuient la répression », a affirmé Mme Craft, qualifiant le pays de « démocratie accomplie » et pérenne, en dépit des menaces qui continuent de peser sur sa sécurité.  Aux yeux de la représentante, Israël défend en effet la liberté de la presse, l’économie de marché et l’état de droit.  « Je pense que nous avons beaucoup à apprendre des Israéliens », a-t-elle affirmé, mentionnant les succès du pays en matière d’innovation, y compris via des investissements dans de nombreuses start-ups à travers le monde. 

« Le monde à beaucoup à apprendre d’Israël », a insisté la représentante.  « Mon intervention n’a pas pour but de dire que la violence et la terreur du Hamas à Gaza sont sans importance », a-t-elle ajouté.  Mais il était important de dire ici qu’aucun pays ne devrait être confronté, comme c’est le cas pour Israël, à un tel « négativisme ».  Mme Craft a indiqué qu’une de ses priorités serait de s’opposer aux déclarations et initiatives qui visent à « clouer au pilori » Israël et à « miner sa légitimité et sa sécurité ».  Elle a ainsi jugé « inexcusable » qu’un « parti pris anti-Israël » subsiste de la sorte au sein des Nations Unies. 

La représentante a conclu son intervention comme elle l’avait commencée, par un éclaircissement quant à la nature des relations entre son pays et Israël.  Les États-Unis ont toujours soutenu Israël par le passé, continuent de soutenir Israël aujourd’hui et soutiendront le pays à l’avenir, a-t-elle réitéré.  « Israël n’aura pas de meilleur ami que Kelly Craft », a insisté la représentante.

M. RUDDYARA (Indonésie) a rappelé qu’il y a un mois, le Conseil de sécurité s’était réuni pour aborder les défis à la paix au Moyen-Orient.  Les membres du Conseil avaient alors souligné la « primauté du multilatéralisme » pour favoriser l’émergence d’une solution de paix dans la région.  Entre-temps, a indiqué le représentant, le Premier Ministre d’Israël a annoncé que s’il était réélu, il procéderait à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie.  « Nous devons dénoncer tout acte minant le multilatéralisme », a insisté le délégué indonésien.  Estimant qu’il est des moments où il est « dangereux de jouer sur les mots », il a fermement condamné la « déclaration équivoque » de M. Netanyahu.  À ses yeux, ce « projet » ne servira qu’à enterrer les chances d’une solution négociée en faveur des deux États, solution que soutient la communauté internationale et sur laquelle s’est appuyé de longue date le travail du Quatuor. 

Le représentant a encore noté que la récente réunion extraordinaire des ministres des affaires étrangères de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) avait débouché sur un rejet unanime des intentions affichées par M. Netanyahu.  De fait, a-t-il poursuivi, le Conseil de sécurité doit « réaffirmer son autorité lorsqu’il y a violation de ses résolutions, comme c’est le cas notamment pour la résolution 2334 (2016).  Ce Conseil a d’ores et déjà affirmé que la mise en place de colonies par Israël constitue une violation du droit international et débouche sur une insécurité permanente, a ajouté le délégué. Avant de conclure, il a souhaité rappeler que la souffrance du peuple palestinien est aussi celle des réfugiés.  Réitérant le soutien de sa délégation à l’UNRWA, il a appelé la communauté internationale à maintenir son soutien au peuple palestinien pour renforcer sa capacité à s’auto-administrer. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a dénoncé le manque de respect constant envers le processus de paix au Moyen Orient, citant notamment les récentes annonces « par Israël » d’une possible annexion de larges pans de territoires en Cisjordanie.  Il s’est aussi préoccupé de l’expansion des colonies de peuplement en territoire palestinien occupé.  Des milliers de Palestiniens vivent dans la peur de voir leurs maisons et écoles détruites, leurs propriétés confisquées et leur liberté, déjà très réduite, encore davantage limitée, a-t-il fait remarquer.  Évoquant la séance du Conseil de sécurité qui s’est tenue hier au sujet de la protection des civils et de la situation humanitaire en Syrie, il a voulu savoir quand le Conseil allait se pencher sur ces mêmes préoccupations eu égard au peuple palestinien.  Il a ensuite appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).

M. Matjila a également engagé le Conseil à redoubler d’efforts pour rétablir la confiance dans le processus de paix « légitime » et prévenir toute évolution de l’antagonisme entre les parties.  Il s’est inquiété de l’échange d’hostilités à Gaza et a appelé le Conseil à encourager des « gestes d’espoir » pour rétablir la confiance entre les parties.  Le représentant de l’Afrique du Sud a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à envisager de nouveau d’effectuer son déplacement « longtemps retardé » dans la région.  Il a suggéré que si certains de ses membres s’avéraient indisposés à y participer, le Conseil pourrait envisager d’effecteur une « mini-session » avec les membres souhaitant s’y rendre.  Une visite dans la région démontrerait clairement que la communauté internationale ne se lave pas les mains du conflit le plus ancien et le plus central au Moyen-Orient, a-t-il dit.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que les menaces qui pèsent sur la solution des deux États sont très préoccupantes, citant notamment les annonces relatives à une possible annexion de certaines zones en Cisjordanie.  Si elles étaient mises en œuvre, a-t-il prévenu, ces annonces constitueraient non seulement une violation grave et sans précédent du droit international, mais alimenteraient également l’instabilité de la région en exacerbant les tensions et en nourrissant toutes les formes d’extrémisme.  Le représentant s’est également inquiété que la poursuite de la colonisation et condamné, entre autres, la décision par le Gouvernement israélien, le 15 septembres, de légaliser une « colonie sauvage » de la vallée du Jourdain.  Il a rappelé que la colonisation est illégale en droit international.  M. de Rivière s’est aussi soucié de la détérioration de la situation au cours des dernières semaines à Gaza, qui fait craindre une nouvelle escalade.  Il a condamné les tirs depuis Gaza vers les zones habitées d’Israël, de même que l’usage disproportionné de la force contre les manifestants palestiniens.  Il a également évoqué l’impasse de la réconciliation interpalestinienne et la dégradation de la situation humanitaire.  Le soutien de la communauté internationale à l’UNRWA est indispensable, a-t-il insisté.

Le délégué a voulu que la session plénière de l’Assemblée générale des Nations Unies soit l’occasion de réaffirmer l’attachement collectif aux paramètres agréés par la communauté internationale et aux résolutions du Conseil de sécurité.  L’objectif doit rester celui d’un État palestinien vivant dans la paix et la sécurité, a-t-il souligné, avant d’avertir que toute tentative de s’écarter de ces paramètres internationalement agréés et définis collectivement sera condamné à l’échec.  Elle serait également porteuse de risques de déstabilisation régionale car il n’existe aucune alternative viable à la solution des deux États, a-t-il dit, estimant qu’aucun des deux peuples ne peut durablement satisfaire ses aspirations au détriment de l’autre.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a insisté sur la nécessité de respecter l’état de droit et le droit international dans le cadre du conflit israélo-palestinien, y compris la résolution 2334 (2016), « qui fait partie du droit international » et a été adoptée « sans la moindre opposition » il y a trois ans.  « Imaginons un instant que nous ayons appliqué cette résolution au cours des trois dernières années », a poursuivi le représentant.  Il n’y aurait plus d’acte de terrorisme ou de colonisation, a-t-il affirmé, et nous serions en train d’assister à des négociations censées mener à la création des deux États, en vertu de paramètres définis internationalement.  Le représentant a par conséquent appelé à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre ce texte, seule voie, selon lui, capable de déboucher sur une résolution du conflit.

Mme NIAMKE (Côte d’Ivoire) a invité le Conseil de sécurité à faire preuve d’approches innovantes devant la complexité de la situation, pour permettre la résolution pacifique des différends conflits dans la région.  Concernant le conflit israélo-palestinien, Elle a jugé impératif la création d’un cadre approprié de négociations et de relance du processus politique ainsi que le respect des résolutions sur la question palestinienne et du droit international.  Elle a déploré qu’aucun compromis n’ait pu être trouvé en vue de satisfaire les aspirations des deux parties au conflit, à savoir, le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à l’indépendance, et le droit d’Israël d’assurer sa sécurité.  Faisant référence au rapport du Secrétaire général des Nations Unies du 26 août 2019, le représentant a invité la communauté internationale à redoubler d’efforts pour relancer, dans les meilleurs délais, le processus politique en vue d’un règlement global, juste et durable de cette crise.  Il a appelé à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2334 (2016), pour parvenir à la solution des deux États coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967. 

Par ailleurs, le représentant a appelé les autorités palestiniennes et israéliennes à veiller au respect des droits des toutes les personnes vulnérables, notamment les enfants.  Il a appuyé toutes les actions qui pourraient favoriser une réconciliation intrapalestinienne, notamment entre le Fatah et le Hamas, dans le but de permettre à l’Autorité palestinienne de répondre aux demandes sociales et humanitaires des populations palestiniennes et d’exercer ses fonctions régaliennes à Gaza et en Cisjordanie.  Il a appelé à l’assouplissement des restrictions, aussi bien pour l’acheminement de l’aide humanitaire que pour la circulation des personnes.  Il a aussi salué le rôle primordial de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a déclaré que la poursuite de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sape les fondements même et la faisabilité de la solution de deux États.  Il a dénoncé l’arsenal d’initiatives législatives qui encourage la politique de colonisation et facilite les démolitions, les expulsions et les déplacements forcés.  « C’est avec inquiétude, que nous notons que 51 écoles sont menacées de destruction, dont l’école de Um Sedra, dans le gouvernorat d’Hebron », a dit le représentant avant d’ajouter que cette politique compromet gravement l’exercice des droits fondamentaux des Palestiniens et est illégale au regard du droit international, notamment la résolution 2334.  Il a exigé que les autorités israéliennes mettent fin aux démolitions et octroient des réparations ou compensations pour les dégâts encourus. 

Notant que la résolution 2334 appelle les États à faire une distinction dans leurs échanges, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967, le délégué a rappelé que l’Union européenne s’était dotée de plusieurs mesures et instruments destinés à opérer cette différenciation.  Il a précisé que la viabilité d’un État palestinien implique aussi le retour à la stabilité à Gaza.  C’est pourquoi, il a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue en rappelant les impératifs que sont la protection des civils et le respect du droit international humanitaire, notamment les principes de proportionnalité et de distinction.  Le représentant a aussi appelé toutes les parties à garantir un libre accès humanitaire à tout moment, en tenant compte aussi de la dimension du genre et des besoins spécifiques des femmes et des filles.  Enfin, il a rappelé que la résolution de la crise de Gaza implique un changement fondamental, qui comprend notamment la levée du blocus et l’ouverture complète des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël quant à sa sécurité. 

« Pour la Belgique, il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues tracées sur la base des lignes de 1967, et Jérusalem pour capitale des deux États » a-t-il insisté avant de prévenir que son pays ne reconnaîtra « aucun changement aux frontières antérieures à 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, si ce n’est ceux convenus par les parties ». 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré suivre la situation du conflit israélo-palestinien avec inquiétude.  La rigidité des positions, l’absence de dialogue entre les parties et la multiplication des épisodes violents ont entraîné une stagnation du processus de paix, a-t-il déploré.  En dépit de l’impasse actuelle, la communauté internationale doit continuer à condamner les attaques perpétrées par des acteurs radicaux palestiniens et la réponse disproportionnée des forces de sécurité israéliennes ainsi que les déclarations incendiaires de dirigeants de cet État.  Il convient d’appeler les responsables des deux parties à se conformer à leurs obligations au regard du droit international, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, a-t-il plaidé, concédant toutefois que « les chances d’une solution politique sont de plus en plus minces ». 

Pour le représentant, les actions relevées par le Coordonnateur spécial peuvent dégénérer et mener à plus de violences encore.  Si Israël a le droit d’assurer sa protection, il ne saurait ignorer les droits dont doit pouvoir bénéficier le peuple palestinien, a-t-il martelé, appelant le pays à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité.  À ses yeux, les expulsions et les mesures d’annexion sont autant de pratiques contraires au droit international qui, de surcroît, minent la possibilité d’une solution basée sur deux États.  Concluant sur une note plus positive, il s’est félicité de la poursuite des projets d’infrastructures de développement, jugeant important de prendre des mesures pour que les Palestiniens puissent reprendre le contrôle de la zone. 

M. JOSUÉ ANTINOE FIALLO BILLINI PORTORREAL (République dominicaine) a déploré que depuis l’adoption de la résolution 2334 (2016) l’occupation illégitime a pris de l’ampleur sans aucune conséquence, pointant notamment l’expropriation de 12 000 domiciles en territoire palestinien occupé.  Il a appelé le Conseil à œuvrer au côté de toutes les parties pour parvenir à la solution des deux États.  Le représentant s’est ensuite inquiété de la détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire à Gaza, notant que le système de santé est sur le point de s’effondrer, étant dépassé par les milliers de victimes des manifestations de la Grande Marche du retour.  Il a averti du risque d’une nouvelle escalade des hostilités, pour ensuite insister sur l’importance du travail effectué par l’UNRWA.

Le délégué a par ailleurs appelé le Hamas à mettre un terme à tous les actes de violence et de provocation.  De leur côté, l’Autorité palestinienne, Israël et les organisations régionales et internationale doivent formuler des propositions durables pour résoudre la menace que représente Hamas pour la sécurité d’Israël, a-t-il ajouté.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que son pays avait toujours considéré les activités de peuplement israéliennes comme « illégales », tout comme « l’annexion unilatérale de tout ou partie de la Cisjordanie ».  Le représentant s’est également dit préoccupé par la poursuite des démolitions de biens palestiniens, qui cause des « souffrances inutiles » à la population palestinienne.  « Mais les colonies et les démolitions ne sont pas les seuls obstacles à la paix », a indiqué le représentant, appelant à mettre fin aux incursions et attaques terroristes contre Israël, y compris les tirs de roquette.

Le représentant a salué l’Égypte et la Jordanie, qui s’efforcent, selon lui, de parvenir à un règlement du conflit, sur la base d’une solution juste et durable.  Il a en outre encouragé l’Administration américaine à formuler des propositions détaillées en vue de parvenir à un accord viable, par le biais notamment de « négociations substantielles » entre les deux parties, pour parvenir à sauvegarder la solution des deux États, seule issue viable au conflit à ses yeux.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est inquiétée des récents propos portant sur une possible annexion de certaines zones de Cisjordanie, dont la vallée du Jourdain et le littoral nord de la mer Morte.  Elle s’est aussi préoccupée de la situation à Gaza qui demeure désespérée et continue d’alimenter l’extrémisme et de nourrir l’instabilité selon elle.  Elle a appelé les parties à prendre des mesures urgentes pour opérer un changement « fondamental » à Gaza sur les plans humanitaire, politique, sécuritaire et économique.  Elle a également réclamé l’ouverture des points de passage importants pour la vie quotidiennes des Gazaouis.

Soyons franc, a-t-elle poursuivi.  Sur le plan politique, le processus est presqu’entièrement bloqué et les divisions intrapalestiniennes ne font qu’exacerber la situation à Gaza et affaiblir les aspirations nationales des Palestiniens.  Elle a jugé urgent de relancer le processus de réconciliation intrapalestinien et d’appuyer les efforts déployés par l’Égypte à cette fin.  Selon elle, la négociation d’une solution à deux États est la seule manière d’aller de l’avant.  Mme Wronecka a appelé à rétablir l’horizon politique pour permettre la reprise d’un véritable processus de paix.  Elle a ensuite alerté que l’expansion des colonies israéliennes risquait de rendre difficile, « si ce n’est impossible », d’établir un État palestinien viable.  Elle a, par ailleurs, salué les efforts déployés par la communauté internationale pour assurer la viabilité de l’UNRWA.

M. VICTOR MANUEL ELÉ ELA (Guinée équatoriale) a déclaré que l’absence d’une solution politique durable et la détérioration constante de la situation dans le Territoire palestinien occupé continue d’être une source profonde d’inquiétude pour son pays.  Après un demi-siècle d’occupation, la population civile n’en peut plus et la communauté internationale n’a « plus de marges de manœuvre », a déploré le représentant.  Rappelant que la résolution 2334 (2016) appelle Israël à s’abstenir de prendre des mesures susceptibles de modifier la démographie des territoires qu’il occupe depuis 1967, il a constaté que ce pays continue de « faire des plans sur la comète », au mépris des résolutions du Conseil.

De l’avis du représentant, il importe aujourd’hui que les membres du Conseil de sécurité restent unis et exigent des parties au conflit qu’elles respectent les résolutions qu’ils ont adoptées, ce qui constitue, selon lui, la condition sine qua non d’un règlement du conflit.  Le délégué a reconnu qu’on ne peut dénier à Israël le souci d’assurer sa sécurité, d’autant plus que l’insécurité à Gaza en fait un terreau fertile pour l’activité terroriste.  Dans le même temps, il convient de prendre en compte les droits du peuple palestinien et d’encourager les efforts d’unification autour de l’Autorité palestinienne, a-t-il dit, saluant la médiation de l’Égypte pour favoriser le dialogue intrapalestinien.  Il s’est également félicité de l’accord trouvé entre Israël et l’Autorité palestinienne pour la restitution des recettes fiscales de cette dernière.  Enfin, il a rendu hommage au travail de l’UNRWA, qui déploie des efforts inlassables pour alléger les souffrances des réfugiés palestiniens.  Il a invité la communauté internationale à lui maintenir son soutien, notamment sur le plan financier.

M. HAITAO WU (Chine) a déploré la poursuite de la « dynamique négative » au Moyen-Orient, notamment en raison des « déclarations belliqueuses » de la part des parties.  « Le processus de paix est dans l’impasse », a tranché le représentant, jugeant essentiel, pour inverser cette tendance, de mettre en œuvre la résolution 2334 (2016).  Il a ensuite appelé à mettre fin à la politique israélienne de colonisation, qui porte selon lui préjudice à la solution des deux États.  Il a également appelé à faire cesser les violences contre des civils.  La communauté internationale devrait prendre des mesures pour favoriser des négociations entre Palestiniens et Israéliens, a-t-il aussi estimé, soulignant que toute initiative en ce sens devrait respecter le principe de la création des deux États indépendants, selon le tracé des frontières d’avant 1967.

« La loi du talion et les déclarations belliqueuses les unes après les autres ne nous mèneront à rien », a estimé le représentant.  Il a notamment jugé « contreproductives » les déclarations israéliennes concernant « l’annexion de la vallée du Jourdain ».  Le représentant a, par ailleurs, appelé à la levée du blocus qui pèse sur Gaza.  À la communauté internationale, il a demandé de continuer de financer et d’appuyer les travaux de l’UNRWA.  Il a enfin indiqué que son pays tenterait, comme il l’a toujours fait, de peser positivement sur la résolution du conflit.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que son pays entretient avec le Moyen-Orient, théâtre d’une multitude de crises anciennes et nouvelles, des relations de longue date, fondées sur des intérêts communs. Toutefois, a-t-il constaté, l’équilibre dans la région « a été détruit et continue de l’être » à force de « manœuvres géopolitiques et d’ingérences dans les affaires intérieures ».  Le représentant s’est déclaré inquiet de ce processus, à l’œuvre selon lui dans le conflit israélo-palestinien, comme en témoigne la politique de colonisation, les destructions de bâtiments et les destructions dans le Territoire palestinien.  Il s’est notamment dit très inquiet des annonces récentes d’Israël, qui a dit vouloir étendre sa souveraineté sur la vallée du Jourdain.  Pour M. Nebenzia, « cela aurait pour effet une escalade dans la région et compromettrait les espoirs de paix ».  Il en va de même, a-t-il dit, de la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël et de l’annonce de la souveraineté d’Israël sur le Golan.

Fustigeant par ailleurs les « tentatives de règlement alternatif », il a jugé ces initiatives contre-productives.  Pour le représentant, « aucune mesure unilatérale ne nous rapprochera d’un règlement dans la région ».  De fait, a-t-il fait valoir, la seule sortie possible de ce conflit passe par une intensification des efforts internationaux, avec un rôle central alloué au Conseil de sécurité.  Le Quatuor pour le Moyen-Orient, en tant que mécanisme unique en son genre, peut lui aussi accompagner utilement ce processus, a-t-il dit.  Pour sa part, la Fédération de Russie apporte une contribution à l’ensemble des questions de paix par le biais d’une « instance potentielle de dialogue » à laquelle elle invite les dirigeants israéliens et palestiniens sans conditions préalables.

Le représentant s’est par ailleurs prononcé en faveur d’un déplacement du Conseil de sécurité dans la région.  Une telle mission renforcerait la confiance et contribuerait à relancer les discussions entre les parties, a-t-il souligné, rappelant que la base juridique établie par le Conseil est la seule qui puisse être utilisée dans le cadre d’un règlement, toute mesure unilatérale étant « vaine » selon lui.  Après avoir estimé que l’action de l’UNRWA stabilise la situation sur le terrain et que les questions relatives au statut final doivent faire l’objet de négociations directes entre les parties, M. Nebenzia s’est dit inquiet des tensions dans le Golfe persique, où tout incident pourrait entraîner un conflit.  Il a donc appelé toutes les parties à faire montre de retenue pour permettre une désescalade.

M. AYMAN SAFADI, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, a rappelé les efforts déployés de longue date pour parvenir à une paix durable dans la région.  « Mais aujourd’hui ces efforts sont au bord du gouffre », a estimé le Ministre.  Selon lui, en effet, la solution des deux États, « seule issue viable à ce conflit », est compromise par des « mesures israéliennes unilatérales » qui violent les résolutions du Conseil de sécurité.  « On ne peut pas rester silencieux face à cette situation », s’est indigné le Ministre, appelant à « sauvegarder le peu qui reste de d’espoir » de trouver une solution au conflit. 

Parvenir à une paix globale et durable est le « choix stratégique » fait par les nations arabes, a affirmé le Ministre, estimant que toute solution acceptable devait passer par la création d’un État palestinien indépendant, selon les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Mais au lieu de s’engager dans cette voie, Israël continue de prendre des mesures unilatérales illégitimes, a déploré le Ministre avant de déclarer que « la paix et la sécurité sont un droit pour tous les pays de la région ».  Or, ce n’est pas en construisant des colonies illégales, en confisquant les biens des Palestiniens, en étouffant l’UNRWA ou en annexant la vallée du Jourdain que nous parviendrons à la paix, a-t-il affirmé.  « C’est plutôt comme cela que l’on tue les perspectives de paix », a déploré le Ministre, estimant que la voie empruntée par Israël était vouée à l’échec.

Le Conseil a un rôle capital à jouer pour préserver le droit international et garantir le respect de ses propres résolutions, a ensuite déclaré le Ministre.  Il a appelé la communauté internationale à agir pour mettre fin aux activités de peuplement « illégales » et pour empêcher de se concrétiser l’annonce par le Gouvernement israélien de son annexion d’un tiers de la Cisjordanie occupée, au mépris du droit international. 

Il faut également empêcher Israël de remettre en cause le statut quo concernant les lieux saints à Jérusalem, a exhorté le Ministre, rappelant que, du point de vue du droit international, Jérusalem-Est fait partie intégrante des Territoires palestiniens occupés depuis 1967.  Pour M. Safadi, les États Membres ont la responsabilité collective de faire face aux provocations israéliennes. 

Le conflit israélo-palestinien est à l’origine de l’instabilité et des troubles qui frappent tout le Moyen-Orient, a souligné en conclusion le Ministre.  « La Jordanie ne ménagera aucun effort pour parvenir à une paix durable et juste », a-t-il assuré, appelant à inverser la tendance actuelle pour éviter qu’il ne soit trop tard.

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