Le Conseil de sécurité face à une multiplicité d’appels à veiller à la santé mentale et à la réintégration des enfants associés à des groupes armés
La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé a sonné l’alerte, aujourd’hui, face au nombre croissant de meurtres et de mutilations d’enfants à l’occasion d’un débat public du Conseil de sécurité au cours duquel un accent marqué a été placé sur l’importance de la santé mentale et l’urgence de la réintégration des enfants associés à des groupes armés.
Venue présenter le dernier rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé, Mme Virginia Gamba a indiqué que plus de 24 000 violations graves commises contre des enfants ont été confirmées par l’ONU dans 20 situations de pays en 2018, dont 12 000 cas de meurtre ou de mutilation. De plus, un nombre considérable de cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle n’est pas signalé, par peur de représailles, ou en raison du pouvoir des assaillants et du manque de services pour les victimes, a-t-elle indiqué.
« Dix ans après l’adoption de la résolution 1882, ces faits sont le signe que nous avons encore un long chemin à parcourir pour mettre un terme aux graves violations commises à l’encontre des enfants en temps de conflit armé », a déclaré de son côté la Directrice exécutive de l’UNICEF.
Apportant un visage humain au débat d’aujourd’hui, l’Ambassadrice d’UNICEF Canada, Mme Mariatu Kamara, est venue témoigner de son expérience pendant la guerre civile en Sierra Leone où des rebelles l’ont prise en otage lorsqu’elle avait 11 ans, puis mutilée en lui coupant les deux mains à la machette, avant qu’elle ne tombe dans la mendicité. Forte de cette expérience, elle se consacre désormais à plaider la cause des enfants handicapés issus de conflits armés et axe son action sur les services d’appui psychologique.
Ancien enfant soldat soudanais, enrôlé de force à l’âge de 7 ans par un groupe rebelle opposé au Gouvernement de Khartoum, M. Majok Peter Awan a lui aussi mis en exergue l’importance d’un soutien psychosocial et de l’accès à l’éducation pour ces enfants.
Aujourd’hui professionnel de la protection de l’enfance, M. Awan a signalé que 420 millions d’enfants à travers le monde grandissent dans un environnement affecté par les conflits, et a souligné qu’il faudrait mobiliser au moins 200 millions de dollars par an pour renforcer le paquet minimum d’assistance en santé mentale pour ces enfants. Aussi a-t-il appelé les États Membres à intégrer la question de la santé mentale dans leurs lois nationales, ainsi que dans les politiques et plans d’intervention d’urgence, et à promettre d’allouer au moins 5% de leur budget consacré à la santé à la question santé mentale.
Le sort des enfants retirés des mains de groupes armés a été soulevé à de multiples reprises, à commencer par la Représentante spéciale qui a indiqué que plus de 13 500 enfants ont pu bénéficier d’un appui à la réintégration après avoir été enrôlés de force par des groupes armés. À ces yeux, ces chiffres justifient l’ampleur des efforts déployés pour établir des plans d’action conjointe avec l’ensemble des parties à un conflit, ainsi que pour intégrer des libellés et des préoccupations portant sur les enfants et les conflits armés au sein des dialogues et processus de paix.
Pour autant, Mme Gamba a constaté que « beaucoup trop d’enfants » continuent d’être détenus en raison d’un conflit et a exhorté à ce que les enfants témoins de niveaux alarmants de violence ne soient pas ostracisés davantage une fois libérés des mains de groupes ou de forces armées.
Il faut permettre à ces enfants d’être considérés pour ce qu’ils sont: des victimes d’un conflit, y compris ceux associés à des combattants étrangers qu’on ne saurait priver d’une nationalité, a martelé Mme Gamba.
« Lorsqu’ils quittent ces groupes, ces enfants devraient recevoir de toute urgence la protection nécessaire et une aide humanitaire après cette expérience traumatisante, endurée parfois pendant des années, mais au lieu de cela, ils sont ostracisés, rejetés et enfermés », a dénoncé de son côté Mme Fore, qui a appelé les États Membres à appuyer des programmes de réintégration holistiques et établis sur des faits.
Au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, le Canada s’est accordé sur le fait que les enfants anciennement associés à des groupes tels que Daech devraient être traités en premier lieu comme des victimes, tandis que l’Indonésie a appelé à redoubler d’efforts pour trouver un rôle constructif dans la société à ces enfants souvent perçus comme dangereux et immoraux. L’Allemagne a, de plus, relevé que « très souvent, pour les enfants soldats, rester dans le groupe armé est parfois plus avantageux que de retourner dans les communautés ».
La Fédération de Russie a toutefois mis en garde contre le risque de voir des groupes armés non étatiques se servir de la protection des droits des enfants pour se légitimer auprès du Conseil de sécurité. Elle a aussi souligné que la responsabilité première de la protection des enfants en temps de conflit armé est en premier lieu du ressort des États concernés.
À noter par ailleurs que la Directrice exécutive de l’UNICEF s’est également déclarée particulièrement alarmée de l’utilisation répandue d’armes explosives et de leur impact sur les enfants, notant que ces engins provoquent, à l’heure actuelle, la grande majorité des victimes chez les enfants.
Cette réunion a également été marquée par une multiplicité d’appels à appuyer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à tout mettre en œuvre afin que les écoles ne soient pas détruites ou utilisées à des fins militaires. De nombreuses délégations se sont également prononcées en faveur du déploiement de professionnels de la protection de l’enfance au sein des missions de maintien de la paix.
LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ (S/2019/509 ET S/2019/605)
Déclarations
Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, a indiqué que l’année 2019 marque le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, ainsi que le dixième anniversaire de la résolution 1882 (2009) par laquelle cet organe a jugé nécessaire de renforcer ce mandat en mettant l’accent sur les meurtres, les mutilations, le viol et autres formes de violence sexuelle.
Mme Gamba a ensuite fait savoir qu’elle s’était rendue au Mali le mois dernier où elle avait participé à une réunion conjointe avec des représentants des communautés dogon et peule. Elle a expliqué que suite à ces échanges, il lui était apparu comme une évidence que la protection des enfants peut être un facteur de renforcement de la confiance entre parties belligérantes. Facteur qui, a-t-elle ajouté, peut avoir un impact positif sur les processus et accords de paix comme en témoigne l’engagement des deux groupes à cesser les hostilités.
Elle a ensuite indiqué que là où le mécanisme de surveillance et de communication de l’information est mis en œuvre, les gouvernements avaient notamment établi des comités interministériels ou adopté des lois pour la protection de l’enfance, des efforts qui, s’est-elle félicitée, ont permis de réaliser des progrès rapides. Trois nouveaux plans d’action ont été signés avec des acteurs non étatiques, mais, a-t-elle tempéré, de tels outils ne sont que le début du processus pour mieux protéger les enfants. D’où l’importance pour les gouvernements concernés et le Conseil de sécurité de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour veiller à la pleine mise en œuvre de ces engagements.
Mme Gamba a souligné que le travail à l’échelon régional et sous-régional est essentiel aux efforts d’implication directe et a espéré disposer prochainement d’outils supplémentaires pour renforcer la protection des enfants. L’accès et les acteurs qui œuvrent sur le terrain doivent être une priorité, a-t-elle insisté, avant de rappeler le lancement, en 2018, avec l’Union africaine et l’Union européenne, de la campagne « ACT to Protect » déjà mise en œuvre au Mali et en Somalie.
Poursuivant, la Représentante spéciale a alerté, ainsi qu’il en ressort du rapport du Secrétaire général, que même si les violations sont en baisse dans quatre catégories, on constate une augmentation du nombre de meurtres, de mutilations et de violences sexuelles: plus de 12 000 enfants ont été tués ou mutilés, tandis que plus de 13 500 ont bénéficié d’un appui à la réintégration.
S’attardant sur le nombre record de cas vérifiés d’enfants tués ou mutilés en 2018, Mme Gamba s’est inquiétée du fait qu’un nombre sans précédent de violations est attribué à des forces nationales et internationales. Aussi a-t-elle jugé essentiel que le Conseil de sécurité redouble d’efforts pour veiller à ce que les parties respectent les principes de distinction, proportionnalité et nécessité militaire. Elle a également exhorté les parties au conflit à émettre des ordres de commandement visant spécifiquement à réduire le nombre de victimes parmi les enfants.
La Représentante spéciale s’est notamment inquiétée de l’impact des engins non explosés, les engins explosifs improvisés (EEI) et les mines qui provoquent des handicaps graves et à long terme. Elle s’est dite convaincue qu’une « victoire facile » est à portée de main dans ce domaine à condition que la communauté internationale fasse preuve de la volonté nécessaire pour réduire l’utilisation de ces engins et les déblayer une fois les accords de paix conclus.
Mme Gamba a ensuite signalé qu’un nombre considérable de cas de viol et d’autres formes de violence sexuelle n’est pas signalé, y compris lorsque les garçons en sont victimes. Elle a imputé cela à la peur de représailles, au pouvoir des assaillants et au manque de services pour les victimes, entre autres. Selon elle, des mécanismes renforcés de reddition de comptes et des services de soins adaptés pour les survivants permettraient de réaliser des progrès significatifs dans ce domaine.
De plus, a-t-elle enchaîné, beaucoup trop d’enfants continuent d’être détenus en raison d’un conflit. Elle a exhorté à ce que les enfants témoins de niveaux alarmants de violence ne soient pas ostracisés davantage une fois libérés des mains de groupes ou de forces armées. Il faut permettre à ces enfants d’être considérés pour ce qu’ils sont: des victimes d’un conflit. Et cela est particulièrement vrai pour les enfants associés à des combattants étrangers, a-t-elle ajouté, avant de souligner qu’aucun enfant ne doit se voir priver d’une nationalité.
La Représentante spéciale a également appelé à prioriser l’action sur le terrain et à protéger le personnel qui effectue cette tâche, notant qu’en 2018, les opérations militaires, l’insécurité, les contraintes d’accès humanitaire et les menaces, entre autres, avaient empêché les spécialistes de la protection de l’enfance d’effecteur leur mission la plus fondamentale. Face à cette situation, elle a appelé le Conseil de sécurité et les États Membres à mettre l’accent sur la nécessité de l’accès humanitaire dans les résolutions et lors des relations bilatérales.
Mme Gamba s’est par ailleurs félicitée du nombre important d’enfants retirés des mains des parties à un conflit et à avoir obtenu une aide à la réintégration. Elle a expliqué que ces libérations avaient pu être effectuées en raison de la mise sur pied de plans d’action, de l’émergence d’un processus de paix ou du lancement d’un dialogue entre un gouvernement et des groupes armés. Ces chiffres, a-t-elle souligné, justifient l’ampleur des efforts déployés pour établir des plans d’action conjointe avec l’ensemble des parties à un conflit, ainsi que pour intégrer des libellés et des préoccupations portant sur les enfants et les conflits armés au sein des dialogues et processus de paix. Elle a aussi dit l’importance de veiller à ce que les enfants libérés bénéficient de l’existence de programmes adéquats, financés et immédiatement disponibles. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ces enfants une fois libérés, ni de les faire attendre pour obtenir une aide à la réintégration, a-t-elle insisté. C’est pour cela que la réintégration et l’examen des véritables besoins en la matière est si urgente, a-t-elle ajouté avant de conclure.
Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive de l’UNICEF, a relevé qu’en 2018, plus de 24 000 violations vérifiées avaient été perpétrées contre des enfants en temps de conflit armé, comparativement à 21 000 l’année précédente. Les meurtres et mutilations en représentent la moitié, a-t-elle déploré. Elle s’est plus particulièrement alarmée de l’utilisation répandue d’armes explosives et de leur impact sur les enfants, notant que ces engins provoquent, à l’heure actuelle, la grande majorité des victimes chez les enfants lors des conflits. Ces derniers représentent plus de deux tiers des civils tués ou blessés par des restes de guerre explosifs, et en raison de leur taille, ils encourent davantage de risque d’être handicapés ou de succomber aux lésions par souffle.
« Dix ans après l’adoption de la résolution 1882, ces faits sont le signe que nous avons encore un long chemin à parcourir pour mettre un terme aux graves violations commises à l’encontre des enfants en temps de conflit armé », a-t-elle affirmé.
Poursuivant, Mme Fore a indiqué qu’en 2018, UNICEF avait pu atteindre 6,9 millions d’enfants et d’adolescents et leur fournir une éducation d’urgence dans un contexte de crise humanitaire, tout en plaçant davantage l’accent sur les besoins des enfants handicapés vivant en temps de conflit. Un appui psychosocial a également été dispensé à 3,6 millions de jeunes pour les aider à gérer des niveaux toxiques de stress et reconquérir l’enfance qu’ils méritent. Elle a toutefois estimé que des efforts supplémentaires s’imposent pour répondre aux besoins en santé mentale des enfants, un domaine qui, a-t-elle insisté, exige un financement beaucoup plus robuste et durable.
La Directrice exécutive de l’UNICEF s’est aussi souciée du sort des enfants aux mains de groupes armés, bannis par leur communauté en raison de leur lien avec des groupes désignés comme terroristes. Lorsque ces enfants quittent ces groupes, ils devraient recevoir de toute urgence la protection nécessaire et une aide humanitaire après cette expérience traumatisante, endurée parfois pendant des années. Mais au lieu de cela, ils sont ostracisés, rejetés et enfermés, a-t-elle déploré, avant de rappeler que la résolution 2427 stipule que les enfants associés à des groupes armés doivent être considérés comme des victimes, y compris ceux qui auraient commis des crimes.
Elle a expliqué qu’un enfant rejoint un groupe armé après avoir subi des contraintes extrêmes, la coercition, la peur ou une forme de manipulation ou tout simplement pour survivre. Les faits montrent qu’ils sont rarement poussés par l’idéologie, a-t-elle insisté. Et au lieu d’être détenus, ils doivent être réintégrés dans leur société moyennant une approche holistique pour répondre à leurs besoins complexes. L’UNICEF a d’ailleurs mis sur pied des programmes de réintégration à cette fin et appelle par ailleurs les États Membres à réintégrer les enfants associés aux groupes armés et à appuyer les approches holistiques et les programmes établis sur des faits.
Mme Fore s’est par ailleurs inquiétée de l’usage excessif de la force militaire contre des civils, y compris des enfants, qui participent à des manifestations pacifiques et a appelé les autorités à faire preuve de retenue.
Mme MARIATU KAMARA, Ambassadrice d’UNICEF Canada, a rappelé que c’est lorsque le Revolutionary United Front (RUF) a commencé ses attaques contre la frontière de la Sierra Leone, en 1991, que les deux pays ont sombré dans une des guerres civiles les plus violentes, au cours de laquelle les enfants sont devenus la cible de belligérants sans foi ni loi, forcés de se battre en leur nom et contre leur volonté. Il y a eu des meurtres, des viols et des mutilations et aujourd’hui, ces enfants sont perçus comme des ennemis et rejetés par leurs communautés. Leur avenir est en jeu faute de moyens comme l’éducation, les services de conseil ou encore les formations professionnelles qui pourraient leur donner les outils nécessaires pour un avenir meilleur.
« C’est mon histoire, pas un scénario de film ou une histoire imaginaire », a poursuivi Mme Kamara, qui a espéré que son témoignage contribuera à pousser le Conseil de sécurité à « aller dans la bonne direction ». Née dans un petit village en Sierra Leone, elle avait 11 ans en 1991 quand la guerre civile a frappé son pays, le faisant sombrer dans la violence pendant 11 ans. Un jour, les rebelles ont attaqué son village et trois de ses cousins et elle-même ont été capturés et pris en otage pour une journée. Les rebelles lui ont coupé les deux mains à la machette et l’ont laissée pour morte. Quelques heures plus tard, elle s’est retrouvée au milieu de cadavres, alors qu’elle perdait beaucoup de sang et était terriblement confuse. Elle a réussi à trouver refuge dans la forêt, où, le lendemain, un homme l’a trouvée et lui a sauvé la vie. Grâce à la force de sa volonté et avec l’aide d’inconnus, elle a réussi à se rendre à l’hôpital de Freetown.
Après son traitement, elle a passé de longues années à « mendier » tout en vivant dans un camp pour personnes amputées. Elle y a rejoint les rangs d’une troupe de théâtre qui, à travers ses productions, cherchait à sensibiliser le public à la cause des personnes amputées en Sierre Leone. Grâce à la « gentillesse d’une famille canadienne », elle a pu s’installer au Canada et aller à l’école pour la première fois de sa vie. Plus tard, Mme Kamara s’est consacrée à l’étude des violences à l’égard des femmes et des enfants dans le cadre d’un programme de plaidoyer à Toronto et a publié ses mémoires sous le titre A Bite of the Mango.
Son travail dans le domaine de la protection des enfants en temps de conflit armé a commencé il y a quelques années, lorsqu’elle est devenue Ambassadrice de l’UNICEF. Cette nomination m’a donné l’opportunité de donner une voix à ceux qui n’ont jamais pu raconter leurs histoires et de militer pour la cause des enfants affectés par les conflits armés, a expliqué Mme Kamara, dont l’objectif est de faire en sorte que ce genre d’atrocité ne soit plus permis à l’avenir.
« C’est un honneur pour moi d’être Ambassadrice de l’UNICEF », a déclaré l’intervenante, qui en a fait une plateforme pour partager sa propre histoire et celle de beaucoup d’autres enfants en vue de sensibiliser le monde à l’impact des conflits sur les enfants dans le monde. C’est dans ce contexte qu’elle est retournée pour la première en Sierra Leone, où elle a pu constater de ses propres yeux le travail « formidable » qui y a été fait pour promouvoir les droits et le bien-être des enfants. Mme Kamara a depuis lancé son propre projet en Sierra Leone pour les amputés de la guerre avec un accent particulier sur les femmes et les enfants, auxquels le projet apporte des services de conseil psychologique.
Mme Kamara a ensuite demandé aux membres du Conseil de sécurité de mettre l’accent sur la protection des enfants en temps de conflit armé, notamment en déployant des spécialistes de la protection des enfants dans les théâtres de conflits. De plus, elle a demandé que les processus de paix tiennent compte des besoins spécifiques des enfants.
M. MAJOK PETER AWAN, ancien enfant soldat, aujourd’hui professionnel de la protection de l’enfance, a raconté son histoire personnelle, celle d’un jeune garçon de 7 ans enrôlé de force par un groupe rebelle opposé au Gouvernement de Khartoum. Après une formation militaire intensive de six mois, il est ensuite assigné à la garde rapprochée du commandant du groupe rebelle, où il lui est interdit même de jouer. Il réussit à s’enfuir à l’âge de 15 ans et rejoint un camp de réfugiés où il a passé deux ans à réapprendre à vivre en société.
Ensuite, avec l’aide de son oncle maternel et d’acteurs du domaine de la protection de l’enfance, il a pu aller à l’école jusqu’à l’université, avant de devenir Coordonnateur de la protection et du soutien psychosocial des enfants au Soudan du Sud pour le compte de l’ONG « Child Holland ». Il a dit se voir chaque jour à travers ces innocents enfants affectés par la guerre, avouant que cette position le rend triste et lui rappelle des souvenirs douloureux. Dans le même temps, il se sent heureux de voir que de nos jours, le monde est pour le moins conscient de la protection de l’enfance et s’y attèle, même si beaucoup de choses restent à faire. Il a rappelé qu’en 2018, près de 50 millions d’enfants avaient besoin de protection humanitaire, tout en regrettant que la protection de l’enfance ne soit pas toujours une priorité quand la réponse humanitaire est mobilisée. Elle reste donc sous-financée et peu considérée, même dans des environnements où les enfants sont pourtant exposés à des risques, a-t-il déploré.
M. Awan a donc invité le Conseil de sécurité à assurer que les enfants affectés par les conflits reçoivent tout le soutien nécessaire pour guérir leurs blessures physiques et psychologiques, sinon, a-t-il averti, leur passé restera à jamais un fardeau. Alors que 420 millions d’enfants à travers le monde grandissent dans un environnement affecté par les conflits, M. Awan a souligné qu’il faut mobiliser au moins 200 millions de dollars par an pour renforcer le paquet minimum d’assistance en santé mentale pour ces enfants. Il a invité les États Membres à promouvoir le droit à la santé mentale et le bien-être psychologique dans les fora internationaux. Il les a implorés d’intégrer la question de la santé mentale dans leurs lois nationales, ainsi que dans les politiques et plans d’intervention d’urgence, et de promettre d’allouer au moins 5% de leur budget consacré à la santé à la question santé mentale.
M. Awan les a également invités à investir dans des systèmes de protection de l’enfance aux niveaux national, régional et international. Ceci inclurait d’augmenter les fonds de long terme dédiés aux programmes de réintégration d’anciens enfants soldats, mais également en faveur des services de soutien pour les survivants de violence sexuelle, des enfants handicapés et d’autres qui sont dans le besoin. Il a enfin souhaité que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales disposent des moyens adéquats pour assurer le suivi des questions relatives aux enfants affectés par les conflits armés, tout en mettant la pression sur les pays qui violent les droits des enfants.
M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré qu’en dépit de l’adoption de plusieurs résolutions concernant les enfants dans les situations de conflit armé, le Conseil de sécurité peine encore à les appliquer. Selon le Ministre, bien que l’on ne connaisse pas toute l’ampleur de la violence, de la négligence et de l’exploitation à l’encontre des enfants en temps de conflit armé, le rapport du Secrétaire général recense plus de 20 pays où ont été constatés des cas de violations graves contre des enfants, et un nombre alarmant de cas impliquent des acteurs étatiques.
Le Ministre a plaidé pour des solutions politiques à tous les conflits, notamment en s’attaquant aux causes profondes de ces derniers. Il a aussi suggéré que la protection des enfants soit prise en compte à toutes les phases du cycle du conflit. Il a ajouté que la protection des enfants vulnérables constituait une priorité pour les efforts de développement international de la Pologne, notamment ceux victimes de handicap.
Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) s’est inquiétée du nombre de violations graves sans précédent commises contre les enfants, en insistant que ces données sont considérées comme des sous-estimations. Elle a indiqué que la Belgique, en sa qualité de Présidente du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, a contribué à faire émerger un consensus sur deux séries de conclusions. « L’une concerne des graves violations des droits de l’enfant en Syrie et l’autre au Myanmar », a-t-elle précisé, en estimant que l’unité du Conseil de sécurité sur ces deux questions était un signal important. La représentante de la Belgique a indiqué que son pays a organisé des réunions conjointes avec les comités des sanctions et mis l’accent sur le suivi des conclusions adoptées. Elle a proposé que la Représentante spéciale puisse régulièrement s’exprimer devant le Conseil sur des situations nationales, comme ce fut le cas pour le Yémen et la République centrafricaine.
Par ailleurs, la représentante de la Belgique a estimé que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information de l’ONU est essentiel pour ce mandat et que le rapport du Secrétaire général sur les enfants en temps de conflit armé est un instrument fondamental pour engager le dialogue avec les parties au conflit et obtenir des engagements concrets à travers, notamment, des plans d’action nationaux. « Une telle approche fondée sur des données factuelles est essentielle pour préserver la crédibilité et l’indépendance du mandat CAAC », a insisté Mme Van Vlierberge. La représentante de la Belgique a aussi mis l’accent sur l’importance de la prévention en expliquant que les enfants qui ont suivi des programmes de soutien psychosocial et d’éducation deviennent moins vulnérables au « ré-recrutement ».
M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que les enfants sont l’espoir de chaque pays et a appelé à redoubler d’efforts pour les protéger, en particulier en temps de conflit armé. En 2018, 12 000 enfants ont été tués ou blessés, « un chiffre record et déplorable », s’est indigné le représentant, avant d’appeler à redoubler d’efforts pour atténuer les conflits. Le Conseil de sécurité doit s’acquitter de son devoir dans ce domaine en utilisant tous les moyens politiques à sa disposition, a-t-il estimé.
Le représentant a aussi jugé nécessaire d’appuyer les pays concernés afin qu’ils puissent eux aussi s’acquitter de leurs responsabilités en termes de protection de l’enfance, insistant notamment sur le rôle de chef de file de ces États et l’importance de la coopération internationale dans ce domaine.
Pour la Chine, il est également souhaitable d’intégrer le volet protection des enfants dans les processus de paix et de renforcer les mécanismes de protection des enfants.
M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est inquiété de la dégradation du sort des enfants en temps de conflit armé, puisque l’ONU a relevé 24 000 violations en tout genre dans 21 pays en 2018, contre 21 000 en 2017. Il a aussi cité 12 038 meurtres et mutilations d’enfants relevés par le mécanisme de surveillance créé par la résolution 1612 (2005). Il a cité en exemple les réalisations de la Côte d’Ivoire, qui était inscrite de 2003 à 2006 à l’annexe du rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé. Il a notamment rappelé que les forces armées des Forces nouvelles avaient, dès 2005, signé, avec les Nations Unies, le tout premier plan d’action pour la protection de l’enfant en temps de conflit armé. Ce plan d’action, et tous ceux qui ont suivi, ont permis grâce à la collaboration des Nations Unies et des ONG partenaires, la libération de centaines d’enfants et leur réinsertion dans le système scolaire et le tissu social, s’est-il félicité.
Le représentant ivoirien a aussi souligné des efforts de son pays pour regrouper des ex-enfants soldats dans un centre de transit, afin de faciliter leur réintégration sociale, à travers des formations aux petits métiers et la scolarisation. Il a signalé que les progrès enregistrés en 2007 ont valu à la Côte d’Ivoire d’être le premier pays retiré de l’annexe du rapport du Secrétaire général sur les enfants en temps de conflit armé. À ses yeux, ce résultat démontre qu’une bonne coopération entre les États affectés, les Nations Unies et les partenaires internationaux dans la mise en œuvre des normes internationales et des programmes de réintégration est indispensable à la protection des enfants dans les conflits armés.
Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur l’importance de la formation adéquate de toutes les composantes des institutions sécuritaires. Illustrant son propos, il a précisé que les autorités ivoiriennes ont introduit l’enseignement des droits et la protection de l’enfant dans le programme d’instruction des écoles de formation militaire et des unités de combats depuis le 10 mars 2004, avec la mise en place de points focaux décentralisés. Il s’est félicité que toutes les régions militaires de Côte d’Ivoire disposaient aujourd’hui d’une cellule de protection des droits de l’enfant.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a particulièrement salué le témoignage de M. Awan, ancien enfant soldat et aujourd’hui agent de protection de l’enfance, y voyant une « source d’inspiration pour nous tous ». Pour la représentante, protéger les enfants aujourd’hui signifie éviter les conflits futurs et la radicalisation d’un grand nombre de jeunes. Elle a dit apprécier l’accent qui a été mis, dans le rapport du Secrétaire général, sur les besoins des personnes handicapées et sur leur réintégration. Les États-Unis demeurent profondément préoccupés par la persistance de violations et de sévices à l’encontre des enfants, en particulier en « Birmanie », en République démocratique du Congo, au Mali, au Soudan, au Soudan du Sud, en Somalie et en Syrie. En outre, les États-Unis souscrivent aux conclusions du Groupe de travail qui réaffirment que les régimes de Damas et de Naypyidaw répondent immédiatement aux appels lancés par le Conseil de sécurité en vue de prendre des mesures pour mettre un terme au recrutement et à l’utilisation d’enfants. Mme Norman-Chalet a aussi appelé à mieux intégrer la question des enfants en temps de conflit armé lors des discussions sur des situations de conflit au sein du Conseil de sécurité.
La représentante a ensuite salué le fait que les forces démocratiques syriennes aient signé un plan d’action visant à mettre un terme au recrutement et à l’utilisation d’enfants en Syrie, les mesures prises par le Gouvernement du Yémen et la coalition en vue de renforcer la protection des enfants. Elle s’est aussi félicitée du fait qu’en RDC, grâce aux efforts de spécialistes de la protection de l’enfance de l’ONU, les commandants de 14 groupes armés aient renoncé à recruter des enfants soldats et libéré ceux qui se trouvaient dans leurs rangs. L’engagement de la MINUSCA auprès des groupes armés semble aussi créer une ouverture en faveur du changement. En interagissant auprès des groupes armés, en établissant la confiance et en proposant des alternatives à la violence, les acteurs de l’ONU qui opèrent sur le terrain sont capables de tracer de nouvelles voies vers une paix durable, s’est-elle félicitée.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé à prendre acte des progrès accomplis depuis l’adoption de la Convention des droits de l’enfant en 1989, y compris la libération de plus de 130 000 enfants en près de 20 ans. Le représentant a toutefois souligné que les défis restants étaient considérables, à l’image des 25 000 violations vérifiées contre des enfants en 2018, dont 12 000 meurtres et mutilations. « C’est un record intolérable », a-t-il estimé, appelant le Conseil de sécurité à renforcer son action pour mieux protéger plus de 200 millions d’enfants confrontés quotidiennement à la guerre à travers le monde. À cette fin, M. de Rivière a tout d’abord appelé à faire pleinement usage des mécanismes créés par le Conseil, à commencer par la résolution 1882 (2009), adoptée à l’unanimité à l’initiative de la France.
Dans le cadre de ce texte, M. de Rivière a notamment salué les récentes visites de Mme Gamba en République centrafricaine (RCA) et au Mali. Il a estimé que les déplacements sur le terrain étaient indispensables pour dialoguer avec les autorités et les groupes armés, qui demeurent, selon lui, les principaux responsables des violations graves contre les enfants. De ce point de vue, le représentant s’est dit encouragé par la signature de nouveaux plans d’action par le Mouvement patriotique pour la Centrafrique et les Forces démocratiques syriennes.
Le déploiement de conseillers pour la protection de l’enfance joue également un rôle essentiel, a poursuivi le représentant, estimant que ces conseillers avaient remporté de nombreux succès au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). « Il est indispensable que leur fonction et leur spécificité soient conservées au sein des opérations de paix », a-t-il insisté.
M. de Rivière a en outre réaffirmé l’importance des annexes au rapport du Secrétaire général qui listent les parties aux conflits armés ayant commis des violations graves contre les enfants. « Leur fonction dissuasive et incitative n’est plus à démontrer », a-t-il indiqué.
Au nombre des mécanismes créés par le Conseil, le représentant a également mentionné le fait que les violences sexuelles, grâce à la résolution 1882 (2009), sont désormais un critère d’inscription des parties à la « liste noire ». Il a toutefois admis que 10 ans après l’adoption de ce texte, ces violences persistaient. La coopération entre les deux Représentantes spéciales sur les violences sexuelles et sur les enfants en temps de conflit armé est essentielle pour y mettre fin, a estimé le représentant, appelant également ces dernières à renforcer leurs interactions avec les comités des sanctions, ainsi que leurs échanges d’informations sur des cas individuels.
M. de Rivière a en outre appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à adopter le « bloc constitutionnel » pour la protection des enfants dans les conflits, en signant et ratifiant le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, et en endossant les Principes et Engagements de Paris, les Principes de Vancouver et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. « Ce corpus juridique doit être pleinement mis en œuvre », a-t-il appelé. À ses yeux, cela implique aussi de sanctionner et de juger les auteurs de crimes graves commis contre les enfants, en ayant recours aux mécanismes judiciaires nationaux, mixtes ou internationaux. Cela implique également de garantir l’accès des enfants à l’éducation, à la santé et aux autres services essentiels, dans des écoles et des hôpitaux sécurisés, a-t-il ajouté.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est dit alarmé par les chiffres qui figurent dans le dernier rapport du Secrétaire général sur les enfants en temps de conflit armé. Cela se passe souvent dans des situations inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, a remarqué le représentant, mais aussi dans d’autres pays où il est question de recrutement d’enfants par les groupes armés, d’assassinats, de séquestrations, de mutilations et d’autres formes de violence ainsi que d’attaques visant des écoles et des difficultés d’accès des enfants à l’aide humanitaire. Plus de 24 000 violations contre des enfants ont été enregistrées et documentées en 2018 dans 20 pays, s’est indigné le représentant, s’inquiétant également du fait que le nombre de violations aux mains des forces nationales et internationales est en hausse.
« Cette situation ne peut durer », a-t-il tranché en exhortant les parties aux différents conflits à assumer leur responsabilité de protéger les enfants et à adopter les mesures qui s’imposent pour éviter ces violences. Il s’est également soucié du nombre croissant d’attaques visant des écoles et des hôpitaux, en soulignant l’impact négatif que cela peut avoir pour la réalisation des objectifs de développement durable. Ainsi, il a appelé au respect de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à lutter contre l’impunité dans le domaine des violences contre les enfants en temps de conflit armé. Il a aussi engagé tous les acteurs impliqués dans la protection des droits des enfants à redoubler d’efforts.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a promis un financement de Berlin pour des programmes régionaux de prévention en faveur des enfants, et a insisté pour que la fonction de Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé soit préservée. L’Allemagne se dit également préoccupée par la violence sexiste et sexuelle dont les vrais chiffres ne sont pas connus du fait des préjugés et des discriminations. M. Schulz a plaidé pour une assistance non discriminatoire en faveur des victimes de violences sexuelles. Il a aussi condamné les attaques contre les écoles et les hôpitaux, en Syrie et au Yémen notamment, avant d’appeler tous les États à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Le représentant a ensuite annoncé que l’Allemagne et la France entendent proposer, le mois prochain, au Conseil de sécurité, un texte sur la protection des civils. Il a souligné que l’impunité doit cesser en cas de violence contre les civils, avant de plaider pour que des fonds adéquats soient dédiés à la réintégration des enfants soldats, puisque, « très souvent, pour ces enfants, rester dans le groupe armé est parfois plus avantageux que de retourner dans les communautés », a-t-il fait observer.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné la grande vulnérabilité des enfants en temps de conflit armé, mais aussi dans les crises humanitaires et les déplacements forcés de personnes en raison de leur dépendance. Il a également mis l’accent sur les violences sexuelles, la violence sexiste et la traite de personnes qui aggravent encore davantage cette vulnérabilité. Le Pérou regrette la propagation de tels actes illicites par des acteurs étatiques et exige que l’accent soit mis sur de mesures préventives mais également sur des mesures correctives.
Le représentant a mis l’accent sur l’importance des synergies entre les différentes agences onusiennes et les ONG pour venir en aide aux enfants en temps de conflit armé. Il a appelé au respect de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et des Principes de Vancouver et a appuyé les programmes éducatifs, de formations professionnelles et psychologiques à l’intention des enfants ex-combattants en vue de faciliter leur réintégration dans la vie normale.
Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a demandé le renforcement des mesures de protection des enfants en temps de conflit armé, plaidant notamment pour l’institution de postes de conseillers à la protection de l’enfance au sein des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. Elle a aussi demandé la fin de l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles sur les enfants.
Trop souvent, les enfants restent stigmatisés à cause des actes qu’on les a forcés à commettre, a-t-elle déploré, tout en appelant à une meilleure protection et à des programmes de réintégration appropriés. La déléguée a également jugé nécessaire d’assurer la sûreté des écoles dans le contexte des conflits armés.
Il est préoccupant de constater que, 10 ans après l’adoption de la résolution 1882 (2009), des dizaines de milliers d’enfants sont toujours mutilés, enlevés, victimes de violences sexuelles et privés d’accès à l’aide humanitaire, a déploré M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud). Le représentant s’est notamment dit troublé par le fait que 24 000 violations graves contre des enfants aient été vérifiées en 2018 par les Nations Unies dans 20 pays différents. « Les enfants représentent une part alarmante des victimes de la guerre », a ainsi déploré M. Matjila.
Dans ce contexte, le représentant a salué les efforts déployés par Mme Gamba afin de conclure des plans d’action avec les parties à des conflits armés pour mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants. « Il est essentiel que ces plans soient concrets et que leurs mesures, assorties de délais, soient mises en œuvre », a-t-il déclaré, saluant la libération de 13 000 enfants par des groupes armés.
Le représentant a également mentionné l’importance de la résolution 2467 (2019) pour la prévention des violences sexuelles et la protection des filles contre ces violations graves en temps de conflit.
M. Matjila s’est en outre dit préoccupé par la pratique consistant à détenir des enfants perçus comme étant associés à des parties. « Il est important de traiter ces enfants en premier lieu comme des victimes », a-t-il déclaré, appelant les pays concernés à développer des programmes en vue de leur réintégration dans la société. Le représentant a notamment salué les efforts de la République démocratique du Congo (RDC), de la République centrafricaine et du Soudan du Sud en ce sens. Il a enfin mis l’accent sur la nécessité de traduire en justice les auteurs de ces violations pour permettre aux enfants de « grandir et devenir des adultes, sans peur ni séquelles imprévues ».
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué la libération et la réinsertion de quelque 13 000 enfants soldats, mais s’est dit gravement préoccupé par les chiffres record pour les six violations graves contre les enfants qui sont recensées et documentées par le mécanisme de surveillance et de communication de l’information.
Passant en revue les différentes résolutions adoptées au fil des ans par le Conseil de sécurité pour garantir la protection des enfants face aux violations graves et leur accès à l’aide humanitaire, il a estimé que la solution passe par la réalisation de la paix et a souligné l’importance de la protection et de la réintégration des enfants dans leurs sociétés. Le Koweït soutient tout effort en ce sens et réitère la nécessité de fournir des ressources humaines, financières et techniques adéquates aux opérations de maintien de la paix pour qu’elles puissent assurer la protection des enfants. À ce titre, le représentant a proposé de déployer des spécialistes de la protection des droits des enfants sur le terrain.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a fait six propositions visant à mieux protéger les enfants en temps de conflit. Relevant que la plupart des violations illustre un mépris total pour le droit international et le droit international humanitaire, elle a appelé le Conseil de sécurité à tenir un débat sur la question du respect du droit international humanitaire. Elle a aussi annoncé que son pays organisera, en novembre prochain, une conférence internationale sur ce thème. Troisièmement, elle a demandé l’amélioration des mesures de réinsertion des enfants soldats, notamment en augmentant les financements à cet effet, tout en insistant sur l’importance du soutien psychosocial.
La quatrième proposition de Mme Pierce vise à renforcer les mesures de lutte contre la privation de l’accès humanitaire qui, a-t-elle indiqué, affecte en premier les enfants. Elle a ensuite demandé, comme cinquième proposition, de meilleurs mécanismes nationaux de protection des enfants, tout en soulignant l’importance pour les États d’adhérer aux Principes de Paris et à ceux de Vancouver. Comme sixième proposition, Mme Pierce a demandé que la communauté internationale reste vigilante face aux attaques ciblant les écoles, tout en évoquant les cas récents et inquiétants qui ont eu lieu dans la région anglophone du Cameroun et dans l’est de l’Ukraine.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé que le Conseil de sécurité prend systématiquement des mesures visant à protéger les enfants et prête une attention particulière aux six catégories de violations des droits de l’enfant qui font l’objet de la surveillance du mécanisme créé à cet effet. Il s’est dit convaincu que les tentatives de diluer le mandat du Conseil de sécurité en essayant de le pousser à considérer cette question en dehors du mandat de maintien de la paix sont infondées et contreproductives, soulignant qu’il existe des agences spécialisées pour s’en occuper.
M. Polyanskiy a ensuite salué les efforts de réintégration des ex-enfants soldats et a appelé la communauté internationale à fournir une assistance aux États qui vivent cette réalité. Les mécanismes du Conseil de sécurité sont le plus efficaces lorsqu’ils fonctionnent dans le cadre d’une collaboration étroite avec les pays frappés par des conflits, a d’ailleurs fait remarquer le représentant.
Le représentant a aussi attiré l’attention sur le risque de voir des groupes armés non étatique se servir de la protection des droits des enfants pour se légitimer auprès du Conseil de sécurité. Tous les coupables de ces crimes doivent, après des enquêtes adéquates, rendre des comptes, a tranché le représentant, qui a exhorté la communauté internationale à se limiter à veiller au respect des normes du droit international. La responsabilité première de la protection des enfants en temps de conflit armé est en premier lieu du ressort des États concernés, a-t-il rappelé.
La délégation a de plus estimé que les déclarations, orientations ou principes que l’on a vu émerger ces dernières années sur la question de la protection des enfants en temps de conflit armé ne peuvent en aucun cas se substituer aux normes du droit international et du droit international humanitaire.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) s’est dit gravement préoccupé par l’ampleur et la sévérité des violences à l’encontre des enfants en 2018, en évoquant notamment les mutilations et les meurtres. Il a mis l’accent sur l’importance de la réintégration des enfants enrôlés de force par des groupes armés. Cela signifie la réunification avec leurs familles et un retour à la vie normale, mais également que le Conseil de sécurité se penche sur les causes profondes des conflits et fasse tout son possible pour empêcher le recrutement d’enfants soldats à l’avenir. L’autre impératif est, selon le représentant, la lutte contre l’impunité des groupes armés qui utilisent des enfants à des fins militaires.
Pour l’Indonésie, le processus de réintégration doit être perçu à travers la lentille de la prévention des conflits. Soulignant que trop souvent encore les enfants associés à des groupes armés sont perçus comme dangereux et immoraux, le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour trouver un rôle constructif dans la société à ces enfants qui sont victimes de discrimination. Pour cela, il faut leur apporter un soutien psychosocial et mental et leur garantir un accès à l’éducation, a-t-il poursuivi, saluant au passage l’action de l’UNICEF, du Bureau de la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé ainsi que celle d’ONG spécialisées pour faciliter la transition des anciens enfants soldats vers une vie normale.
Les partenariats entre les autorités nationales et le personnel sur le terrain, dont les Casques bleus et les personnels humanitaires, sont essentiels pour renforcer les efforts dans le domaine de la protection des enfants, a-t-il ajouté, en demandant des formations adéquates sur cette question. Le représentant a demandé que l’intérêt des enfants soit pris en compte de manière prioritaire dans toutes les actions, et a plaidé en faveur d’une approche sur mesure du maintien de la paix pour mettre fin aux violations des droits des enfants en temps de conflit armé.
M. OMAR KADIRI (Maroc) s’est inquiété du fait que les enfants victimes de conflit soient spoliés de leur enfance et vivent des expériences traumatisantes, avant d’être ensuite stigmatisés dans la société. Il a invité la communauté internationale à adopter une approche qui tienne compte de la reddition de comptes pour les auteurs de telles violations, et de la justice en faveur des enfants. Il a aussi évoqué la prévention des conflits qui doit passer par le respect des droits de l’homme et par des investissements en faveur du développement durable. Le représentant a aussi demandé une protection particulière pour ces enfants qui courent le plus de risques d’être enrôlés dans des groupes armés; notamment les enfants placés, ceux vivant dans la rue, les réfugiés et les immigrés, entre autres.
M. Kadiri a rappelé que le Maroc a été parmi les premiers pays à ratifier les Principes de Paris, et il a annoncé que son pays s’engage aujourd’hui à adhérer aux Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats.
M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a rappelé que la protection des enfants dans les zones de conflit est essentielle et a rappelé que le recrutement des enfants par des milices ou groupes armés est illégal au regard du droit international et de la législation yéménite. Les milices houthistes ont pourtant recruté plus de 30 000 enfants, dont 3 000 ont trouvé la mort, a affirmé le représentant, en rappelant que cela constitue une grave violation du droit international. Il a également accusé les milices houthistes d’avoir porté atteinte à la vie de plus de quatre millions d’enfants, notamment aux 1,6 million d’enfants qui sont privés d’éducation en raison de la destruction d’un grand nombre d’écoles. Les enfants qui se trouvent dans les zones sous le contrôle des milices sont endoctrinés et incités à la violence, s’est aussi inquiété le représentant, ajoutant que cela pourrait avoir un effet négatif sur l’avenir du pays.
Pour sa part, le Gouvernement du Yémen fait son possible pour assurer la protection des enfants sur tout son territoire et attend une accélération dans la mise en œuvre de la feuille de route signée en 2014. Le représentant a invité la Représentante spéciale, Mme Gamba, à se rendre au Yémen pour y constater de ses propres yeux la situation sur le terrain et les efforts des autorités en faveur de la protection des droits des enfants.
Mme MARI SKÅRE (Norvège) a déclaré que la protection des enfants ne constituait pas seulement un pas positif pour les individus et leurs communautés, mais contribuait aussi d’une manière plus large au succès des efforts de réconciliation, de réintégration et de développement, à la prévention des conflits et à la paix durable. Elle a estimé que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, lancée à Oslo en 2015 et ratifiée par 95 pays, était une initiative clef pour promouvoir l’éducation des enfants, notamment des filles. Elle a rappelé que le principal objectif de cette démarche était d’empêcher que des écoles soient détruites, attaquées ou utilisées à des fins militaires. Par ailleurs, elle a indiqué que la Conférence internationale sur l’élimination de la violence sexuelle dans les crises humanitaires, qui s’est tenue à Oslo en mai 2019, a été l’occasion d’envoyer un message fort pour rappeler que la lutte contre les violences sexuelles était une urgence humanitaire. Par ailleurs, elle a souligné l’importance de la résolution 2427 adoptée en 2018 pour la réintégration des enfants associés à des groupes armés.
M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a demandé que les responsables des atrocités commises en Syrie contre les enfants répondent de leurs actes, avant de saluer à cet effet le travail mené par le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables. Il a déploré le fait qu’au Yémen, on a recensé 11 779 graves violations commises contre les enfants entre 2013 et 2018, soulignant que les morts et blessés causés par les frappes aériennes restent les plus importants parmi ces violations. Pour la délégation, le Conseil de sécurité a la responsabilité de mettre fin à ces violations et de faire respecter ses résolutions et les principes du droit international humanitaire.
Le Liechtenstein souligne que les viols et les autres formes de violence sexuelle contre les enfants, y compris le trafic à des fins sexuelles, sont généralement sous-documentés, notamment à cause de la stigmatisation qui y est associée, surtout quand les victimes sont des hommes ou des garçons. De ce fait, une culture du silence sape la redevabilité et l’accès à la justice, contribuant ainsi à renforcer la violence et les stéréotypes sexistes. M. Sparber s’est donc félicité de voir que la Cour pénale internationale (CPI) a établi récemment que certains actes commis contre les enfants soldats s’apparentaient au viol. Il a dit que cela va désormais constituer la base d’examen de la violence sexiste en période de conflit pour le Conseil de sécurité et d’autres parties prenantes.
S’exprimant au nom du Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés, un réseau informel de 42 États Membres intéressés et représentant les cinq groups régionaux des Nations Unies, M. RICHARD ARBEITER (Canada) s’est dit consterné par l’ampleur et la gravité des violations commises contre les enfants. « En ce dixième anniversaire de la résolution 1882, nous sommes particulièrement préoccupés par la forte augmentation des cas de meurtres et de mutilations d’enfants », a-t-il souligné, exhortant toutes les parties engagées dans un conflit armé à s’acquitter pleinement des obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, des droits de la personne et du droit des réfugiés. À cet égard, le représentant a salué la signature de plans d’action et l’engagement direct de la Représentante spéciale, Mme Virginia Gamba, avec les parties belligérantes pour mettre fin à ces violations. Toutefois, a-t-il mis en garde, sans une mise en œuvre efficace et rapide, ces plans ne permettront pas d’éliminer les souffrances des enfants dans les conflits armés. Il s’est donc félicité des efforts déployés par l’ONU et le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur cette question pour donner suite aux plans d’action.
Le Groupe des Amis des enfants touchés par les conflits armés se réjouit par ailleurs de la libération récente de 13 600 enfants des forces armées et des groupes armés ainsi que du travail de la Coalition mondiale pour la réintégration des enfants soldats, a poursuivi M. Arbeiter. Selon lui, les enfants anciennement associés à des groupes tels que Daech devraient être traités en premier lieu comme des victimes, conformément à la résolution 2427, et la détention des enfants dans les conflits armés ne devrait servir qu’en dernier recours. Le Groupe, a-t-il ajouté, applaudit le lancement de la campagne « Agir pour protéger » destinée à catalyser l’attention mondiale et les efforts visant à prévenir les violations graves commises contre les enfants.
Soulignant la contribution des organisations régionales et sous-régionales à cette action, le Groupe se réjouit des autres mesures adoptées par le Conseil cette année, notamment la résolutions 2467, qui préconise une approche axée sur les victimes de violences sexuelles dans les conflits et les enfants nés de viols en temps de guerre. Il a également recommandé au Conseil de déployer des conseillers à la protection des enfants dans les opérations de maintien de la paix.
Insistant sur l’importance de la lutte contre l’impunité pour prévenir les crimes graves, il a salué les efforts de la Cour pénale internationale contre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, y compris le recrutement d’enfants, notant qu’une véritable justice nécessite des réparations et un soutien psychosocial.
Intervenant ensuite en sa capacité nationale, le représentant du Canada a indiqué que la lutte contre la vulnérabilité face aux violations graves ne relève pas de la seule responsabilité du Conseil de sécurité et que tous le États Membres ont leur rôle à jouer. Il a indiqué que les efforts du Canada ont surtout porté sur l’élaboration des Principes de Vancouver, endossées par 91 pays depuis leur lancement en 2017. Il a également collaboré à l’élaboration de lignes directrices pour leur mise en œuvre. Ce nouvel outil, qui a été lancé hier, se révèle une ressource pratique pour les organisations militaires, policières et civiles qui participent à des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il indiqué. Il a aussi parlé de la création, en juin, au Canada, du Centre d’excellence Roméo Dallaire pour la paix et la sécurité dont l’objectif est de soutenir la mise en œuvre des Principes de Vancouver par les forces armées canadiennes. De plus, si le Canada est élu pour siéger au Conseil en 2021-2022, il continuera à travailler avec tous les États Membres pour placer la protection des enfants au centre des efforts de paix et de sécurité.
M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a déclaré que les attaques contre les écoles et les hôpitaux, ainsi que leur utilisation à des fins militaires ne peuvent pas continuer en toute impunité, réaffirmant l’engagement du Portugal en faveur de l’accès à l’éducation dans les situations d’urgence. Il a par conséquent invité les gouvernements ne l’ayant pas encore fait à souscrire à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Le représentant a également souligné l’importance des principes de Kigali (2005) sur la protection des civils et des Principes de Vancouver (2017), qui complètent ceux de Paris, sur la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats. « Dans leur ensemble, ces principes doivent constituer un cadre de référence pour nos actions futures », a-t-il estimé.
Le représentant a en outre appelé à rester vigilant envers les situations de violence sexuelle contre les enfants en temps de guerre. Il a salué, à cet égard, les mesures prises par le Conseil avec l’adoption de la résolution 2467 (2019), qui a permis la reconnaissance d’une approche centrée sur les victimes et les rescapés des violences sexuelles. Le représentant a ainsi appelé à « tout faire » pour mettre fin à l’impunité concernant l’exploitation et la violence sexuelles dont sont victimes les enfants.
M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) s’est inquiété que la situation des enfants soit de plus en plus préoccupante dans le monde, relevant que près d’un enfant sur cinq vit aujourd’hui dans une situation de conflit. Il a appelé à la responsabilité des États pour protéger les enfants en précisant que la Constitution de l’Équateur stipule que les enfants représentent un groupe prioritaire. Il a souligné qu’il était de la responsabilité des États d’éradiquer toutes les formes de violence contre les enfants. Le représentant a salué la qualité du rapport du Secrétaire général sur l’importance de garantir aux enfants l’accès à l’éducation et appuyé l’importance de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Il a appelé à tout mettre en œuvre afin que les écoles ne soient pas détruites et ne soient pas utilisées à des fins militaires
Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) s’est dite alarmée par les chiffres qui ressortent du rapport du Secrétaire général, s’indignant notamment du fait que les enfants tués et blessés ne cessent d’augmenter. Elle a salué le fait que les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité et le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé aient élargi les domaines d’attention et la réponse aux besoins des enfants victimes de conflits armés. En plus de cela, elle a reconnu le mérite de différentes initiatives de sensibilisation de l’opinion publique mondiale dont la campagne « ACT to Protect » du Bureau de la Représentante spéciale, Mme Gamba, portée conjointement avec l’UNICEF.
Mme Vives Balmaña a ensuite insisté sur l’importance de l’éducation. Grâce à elle une action sur trois volets est possible, a remarqué la représentante, en citant la prévention efficace, l’épanouissement des filles et des garçons sans exception et la lutte contre la stigmatisation des victimes rescapées au moment de leur réintégration dans la société. Elle est également revenue sur l’importance de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, alors que l’on assiste à un nombre croissant d’attaques contre les écoles ou de leur utilisation à des fins militaires.
M. KORO BESSHO (Japon) a souligné que les enfants affectés par les conflits courent un grand risque de retomber dans la violence et les conflits à l’âge adulte, ce qui constitue un obstacle à la paix et la sécurité. Le délégué a noté que même quand les enfants soldats retournent dans leur communauté, ils font face à d’importants obstacles, y compris la stigmatisation et les difficultés d’ordre économique, toutes choses pouvant les pousser à retourner vers les groupes armés.
M. Bessho a ensuite indiqué qu’en Afrique et dans d’autres régions, le Japon œuvre aux côtés de l’UNICEF pour faciliter les programmes de réintégration, et dans une perspective plus générale, à apporter un soutien aux enfants se trouvant dans des contextes de conflit. C’est ainsi que le pays a consacré 6 millions de dollars l’an dernier à des programmes dans ce sens au Nigéria et en Ouganda. Enfin, le Japon a invité tous les pays à respecter le caractère sanctuarisé des écoles et des hôpitaux, des sites importants pour les enfants, a précisé le représentant.
M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a condamné les violations graves commises contre les enfants en temps de guerre, à l’instar des 24 000 cas de violations contre des enfants vérifiées par les Nations Unies en 2018. Les cas avérés de meurtres ont notamment atteint un niveau record, a-t-il déploré.
Le représentant a appelé non seulement à protéger l’intégrité physique et mentale des enfants, mais également à leur donner la chance de commencer une vie nouvelle après la résolution des conflits. Le représentant a également appelé les belligérants à prendre les mesures nécessaires pour renforcer la protection des enfants dans les conflits armés. De ce point de vue, il a appuyé les recommandations formulées dans le rapport du Secrétaire général, à savoir la nécessité de respecter les principes de proportionnalité dans le recours à la force et de garantir l’accès humanitaire aux enfants en cas de conflit. Il a également jugé que la question des enfants soupçonnés d’activités terroristes devait être prise en compte dans toute sa complexité.
À ses yeux, cela nécessite une coopération internationale étroite, tout en laissant à chaque État le soin de résoudre le problème dans le respect de son arsenal juridique national et sans ingérence étrangère. Le représentant a également appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits et du terrorisme, y compris l’exclusion sociale et économique. Il a enfin souligné que l’Égypte, qui préside actuellement l’Union africaine (UA), attachait une grande importance au renforcement des capacités de l’Afrique à protéger les populations civiles.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a déploré que de petites filles ou petits garçons soient utilisés comme esclaves sexuels ou boucliers humains, pour ensuite dire l’urgence de financer des programmes de réinsertion durable pour enfants. Il a souligné l’importance de programme de prise en charge des traumatismes psychosociaux. Il a appelé à condamner les politiques visant à stigmatiser les enfants et à diffuser des stéréotypes nuisibles aux enfants. Le représentant a aussi insisté sur l’importance d’améliorer les statistiques sur la prise en charge des enfants victimes des conflits.
M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a rappelé que, durant la bataille de Marawi, dans le sud des Philippines, des enfants avaient été recrutés par des groupes rebelles pour en faire des soldats, des coursiers et des espions. Nous sommes heureux d’avoir été en mesure de reprendre Marawi des mains de Daech, a déclaré le représentant, exprimant son indignation face au rôle que le groupe terroriste a fait jouer aux enfants dans le conflit, « bien souvent au prix de leur vie ». Depuis lors, a poursuivi le représentant, le Gouvernement philippin a intensifié la reconstruction, la réhabilitation et la réintégration de Marawi, y compris en procédant à l’élimination des munitions non explosées, dont sont souvent victimes les enfants.
Le représentant a par ailleurs parlé de l’adoption, en janvier dernier par les autorités du pays, de la loi 11188, intitulée « Loi de protection spéciale des enfants en situation de conflit armé », dans laquelle les Philippines réaffirment que des enfants ne sauraient être recrutés par les forces gouvernementales ou être autorisés à participer à un conflit. Cette loi précise en outre que les enfants doivent être traités « comme des victimes et non comme des ennemis », et qu’ils doivent être protégés contre la torture, les mutilations, l’enlèvement, le viol et le meurtre. La nouvelle loi prohibe également les attaques contre des écoles, hôpitaux, lieux de culte, garderies, terrains de jeux et parcs de loisirs. Enfin, la loi 11188 dénonce l’utilisation par des groupes rebelles d’écoles afin de promouvoir leur idéologie de guerre et de transformer les enfants en soldats.
M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a invité les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les protocoles additionnels aux Conventions de Genève, car ces traités sont fondamentaux pour la protection des civils, y compris les enfants, en période de conflit armé.
Afin d’assurer la protection efficace des enfants dans les conflits armés, il a souligné que la crédibilité du mécanisme de surveillance et de communication de l’information, établi par la résolution 1612 (2005) du Conseil de sécurité, doit être garantie en toutes circonstances. Ensuite, pour mettre en œuvre en temps voulu des plans d’action et, par là même, avoir un réel impact sur le terrain, la Suisse demande au Secrétaire général et aux États Membres d’allouer suffisamment de ressources humaines, financières et techniques en faveur de la protection des enfants dans les conflits armés. La Suisse soutient également le déploiement et le travail des spécialistes en protection de l’enfant, par exemple en Syrie.
Le représentant a par ailleurs demandé au Conseil de sécurité d’être plus cohérent dans sa considération du point de l’ordre du jour relatif aux enfants dans les conflits armés pour toutes les questions thématiques et les situations des pays. Enfin, M. Favre a demandé aux États de prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux attaques contre les écoles et dissuader les forces armées et les groupes armés non étatiques d’utiliser les écoles à des fins militaires. Il a aussi appelé les États Membres à approuver la Déclaration sur la sécurité des écoles.
M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) s’est dit vivement préoccupé par les effets des conflits armés sur les enfants, déplorant les mutilations, atteintes sexuelles et meurtres d’enfants à travers le monde. Il a également déploré la forte augmentation du nombre de violations avérées des droits de l’enfant. En tant que représentant d’un pays ayant subi le fléau de la guerre pendant une décennie, il a indiqué qu’El Salvador avait adopté une loi spécifique pour protéger les enfants du recrutement et de l’exploitation sexuelle.
Le représentant a en outre jugé indispensable de renforcer l’accompagnement psychologique et éducatif des enfants en temps de conflit armé, ainsi que la mise en œuvre de programmes de réinsertion des enfants libérés après un conflit, afin d’éviter qu’ils ne soient à nouveau en proie au recrutement et à la stigmatisation. Le représentant a enfin dit souscrire aux Principes de Vancouver (2017), qui offrent selon lui des instruments innovants pour identifier les violations d’enfants en temps de conflit.
M. STEFANO STEFANILE (Italie) a indiqué que l’Italie avait organisé, le 8 juillet 2019, à Bruxelles, en collaboration avec la Belgique, un événement consacré à la protection des enfants en marge du soixante-dixième anniversaire de la Convention de Genève et du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a indiqué qu’en 2018, l’Italie avait consacré 10% de son budget humanitaire à l’éducation et la protection des enfants.
Le représentant a par ailleurs jugé déterminante la coopération entre organisations régionales et sous-régionales pour protéger les enfants. Il reste encore beaucoup à faire alors que 24 000 violations ont été répertoriées dans 20 pays, a-t-il noté. « Nous devons assurer le respect de nos engagements politiques », a-t-il insisté, avant de souligner l’importance du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant.
« Les enfants ne sont pas les personnes de demain, mais les personnes d’aujourd’hui », a déclaré M. YURIY VITRENKO (Ukraine), estimant qu’ils avaient le droit d’être « pris au sérieux ». Il a appelé à lutter contre l’impunité pour les violations contre les enfants et leur recrutement en temps de conflit. « Si nous ne pouvons pas protéger les enfants aujourd’hui, comment pouvons-nous prétendre protéger le futur de l’humanité? » s’est-il interrogé.
Suite à l’agression de la Fédération de Russie dans l’est de l’Ukraine, a par ailleurs dénoncé le représentant, les enfants du Donbass ont été privés de la possibilité de réaliser pleinement leurs droits, tels que définis dans la Convention relative aux droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs. Chaque escalade de la violence dans la zone menace notamment l’accès à l’eau pour des dizaines de milliers d’enfants, dont plus d’une centaine ont perdu la vie depuis le début du conflit, s’est-il indigné.
Le représentant a ensuite brandi la photo d’un enfant ukrainien de Donetsk, âgé de 16 ans. « Il aimait la vie et elle le lui rendait bien », a-t-il souligné. Cela fait maintenant cinq ans, il y a une semaine, que cet adolescent a été abattu de sang-froid par des russes aux environs de Donetsk, a regretté le représentant. Selon lui, il aurait été torturé et tué d’une balle dans la tête simplement parce qu’il portait un ruban bleu et jeune aux couleurs du drapeau ukrainien. Au moins deux des meurtriers ont fui la justice et se cachent actuellement en Russie, a affirmé le représentant, avant d’appeler le Secrétariat des Nations Unies à inclure la situation des enfants ukrainiens dans les rapports thématiques de l’ONU sur la question.
M. GERT AUVÄÄRT (Estonie), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays baltes, s’est félicité de la signature de plans d’action nationaux sur les enfants et les conflits armés. Il a toutefois estimé qu’il ne s’agit là que d’une première étape, la mise en œuvre desdits plans d’action étant ce qui importe le plus. Le représentant s’est également dit encouragé par le constat du rapport du Secrétaire général, selon lequel le nombre des enfants libérés des forces et des groupes armés a, pour la première fois l’an dernier, dépassé celui des enfants recrutés par ces entités. Il a salué la libération de 40 garçons par des groupes tribaux en Iraq et l’accession du Soudan au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. Il s’est en revanche déclaré préoccupé par les niveaux record atteints par les cas vérifiés de meurtres et de mutilations d’enfants depuis la création du mécanisme de contrôle, ainsi que par l’augmentation depuis 2017 du nombre de violations attribuées à des acteurs étatiques et à des forces armées.
S’agissant des violences sexuelles, le représentant a souligné l’importance d’un service de soutien efficace et de programmes de réinsertion tenant compte du genre pour les enfants qui y survivent. Poursuivre les coupables et les tenir pour responsables est essentiel à la justice et à la prévention de futurs crimes, a-t-il martelé, se félicitant de récentes condamnations par la Cour pénale internationale. À propos des enfants associés à des forces ou des groupes armés, il a plaidé pour qu’ils soient considérés comme des victimes et non comme des menaces pour la sécurité, et que leur réintégration dans la société soit une priorité. Il a salué la collaboration entre l’ONU et les autorités locales de la région de Zintan, en Libye, en faveur de la réinsertion d’enfants ainsi que la bonne coopération entre la Représentante spéciale et l’Union européenne, notamment dans le cadre de la campagne « ACT to Protect ».
M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a souligné que le respect du droit international humanitaire est la condition préalable pour assurer la protection des enfants et a appelé à redoubler d’efforts pour veiller à ce que toutes les parties le respectent. Le Brésil a entériné la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, convaincu que les écoles devraient être un havre de paix et non des cibles militaires. « Protéger les enfants de la guerre devrait être le dénominateur commun de nos efforts visant à galvaniser la paix », a-t-il encore insisté.
M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a jugé inacceptables les violences subies par les enfants à travers dans le monde. « L’éducation et les infrastructures de santé devraient être des zones sûres pour toutes les parties en conflits », a-t-il ajouté, avant d’exhorter tous les États à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. « Faire en sorte qu’il y ait plus de femmes parmi les Casques bleus est aussi un moyen de mieux protéger les enfants et les femmes », a-t-il estimé. Il a aussi mis l’accent sur l’importance de renforcer les systèmes de santé en notant que plus d’enfants mouraient en raison de manque de soins que de la guerre.
M. HASEEB GOHAR (Pakistan) a déploré le fait qu’en 2018, le monde ait enregistré un nombre record de violations contre des enfants. Il a appelé les parties à un conflit à assumer leur responsabilité en protégeant les enfants dans les zones sous leur contrôle.
Le représentant a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre l’impunité pour les auteurs de violations et a appelé à tout faire pour empêcher l’éclatement des conflits armés. « La prévention est l’instrument le plus efficace de protection des enfants », a-t-il en effet estimé, appelant en outre les parties à respecter leurs engagements en mettant en place des mesures d’atténuation des risques. Le représentant a également appelé à identifier les auteurs des violations et à les traduire en justice.
Tout en appuyant le mandat de Mme Gamba, le représentant a enfin demandé de ne pas utiliser ce dernier à des fins politiques.
Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) s’est dite préoccupée par le nombre élevé de cas avérés d’assassinats et de mutilations d’enfants en raison de l’utilisation d’engins explosifs dans des zones densément peuplées. Elle a rappelé aux parties à des conflits que le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme n’était pas facultatif. La représentante a expliqué que la Slovénie finançait de nombreux programmes visant à mettre fin aux violations contre des enfants, y compris un programme de sensibilisation aux risques des mines pour les enfants syriens réfugiés en Jordanie et un programme de renforcement du bien-être psychosocial destiné aux enfants ukrainiens, dans le but d’appuyer la réinsertion des enfants mutilés par le conflit.
Poursuivant, la représentante a appelé le Conseil de sécurité à faire systématiquement figurer la protection des enfants dans les mandats des opérations de maintien de la paix. Elle a aussi appuyé les efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour poursuivre les auteurs de violations contre des enfants et a soutenu la création d’un instrument multilatéral portant sur l’entraide judiciaire et l’extradition des auteurs.
M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déclaré qu’Israël continuait de « tuer et mutiler des enfants en Palestine qui ne peuvent se défendre qu’avec des pierres ». Le représentant saoudien a aussi fustigé les « pratiques des milices sectaires iraniennes en Syrie ». Il a affirmé que l’Iran endoctrine des enfants innocents en leur faisant faire des marches militaires et en leur faisant scander des slogans dont ils ne comprennent pas le sens. Il s’est aussi inquiété de l’influence de l’Iran sur les enfants au Yémen. Le représentant a ensuite vanté l’assistance humanitaire proposée par l’Arabie saoudite au peuple yéménite qui aurait permis, selon lui, de sauver les vies de dizaines de milliers d’enfants au Yémen. Il a dit la responsabilité des rebelles yéménites qui ne respectent pas les résolutions des Nations Unies.
M. JORGE SKINNER-KLÉE ARENALES (Guatemala) a condamné le recrutement d’enfants et a appelé à agir pour prévenir de tels agissements. Il a rappelé l’importance de la coopération prévue par le protocole facultatif de la Convention relative aux droits de l’enfant, pour ensuite souligner que toutes les populations civiles touchées par les conflits ont besoin de protection. « Nous nous sommes ralliés aux 89 pays qui ont ratifié la Déclaration sur la sécurité dans les écoles », a encore indiqué le représentant du Guatemala avant de souligner la responsabilité morale et politique des États Membres de protéger les enfants.
M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a tout d’abord considéré qu’une des clefs du problème lié à la protection des enfants en temps de conflits armés est le renforcement des partenariats. Toutes les parties prenantes doivent travailler étroitement pour examiner les tactiques évolutives utilisées pour recruter des enfants, notamment par le biais de plateformes en ligne et de réseaux sociaux, a plaidé le représentant. Selon lui, le plaidoyer et l’éducation dispensés par les communautés peuvent contribuer à prévenir ce fléau. De même, a-t-il poursuivi, l’intégration de la protection de l’enfance dans le mandat des missions de maintien et de consolidation de la paix est cruciale. Pour cela, a-t-il dit, les personnels de l’ONU impliqués dans ces opérations doivent recevoir préalablement à leur déploiement une formation spécifique relative aux enfants affectés par les conflits armés.
Pour ce qui est des Casques bleus thaïlandais, a précisé M. Srivihok, ils sont formés pour porter assistance aux populations dans le cadre de leurs efforts de maintien de la paix et de promotion du développement durable. À cette fin, ils sont notamment sensibilisés au droit international, à la protection de l’enfance, aux questions liées au genre et à la violence sexuelle en période de conflit. Le représentant a rappelé, à cet égard, que son pays avait ratifié les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats. Enfin, il a annoncé que la Thaïlande s’employait à accueillir le premier centre régional d’excellence sur la question des enfants et des conflits armés afin de renforcer la collaboration sur cette question.
Mme NOA FURMAN (Israël) a indiqué que dans sa région, les enfants continuent d’être victimes de la violence: 1 854 l’ont payé de leur vie en Syrie et 1 689 au Yémen. Faisant sienne la condamnation faite, par le rapport du Secrétaire général, du recrutement d’enfants par des groupes terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant, elle a également affirmé soutenir les efforts menés en faveur de la réinsertion des enfants soldats et de la création d’une coalition mondiale à cette fin. Évoquant la situation de son propre pays, elle a déclaré assister à l’exploitation quotidienne de jeunes Palestiniens par le Hamas et d’autres groupes terroristes. Ces enfants, manipulés et utilisés comme boucliers humains, entendent leurs chefs appeler au meurtre de tous les Juifs, ce qui constitue une forme de maltraitance et la plus flagrante des violations du droit international, a dénoncé la représentante.
Si elle salue la reconnaissance par le Secrétaire général du phénomène de recrutement de ces enfants par le Hamas, le Jihad islamique et autres groupes terroristes, Mme Furman estime que davantage pourrait être dit pour décrire la façon dont ils sont cyniquement manipulés dans ce contexte. Dans le même temps, a-t-elle souligné, de nombreuses écoles ont dû fermer ces derniers mois dans le sud d’Israël en raison du tir de roquettes par le Hamas depuis Gaza, privant de cours plus de 300 000 écoliers. Elle a regretté que le rapport de cette année ne condamne toujours pas la poursuite du ciblage de civils et de villes d’Israël par des roquettes, des obus de mortiers et des engins incendiaires. « Si nous voulons faire plus pour protéger les enfants dans les conflits armés, nous devons avoir le courage de condamner les groupes terroristes qui sont responsables de ces conflits ainsi que des mutilations, blessures et décès d’enfants », a-t-elle martelé, exprimant l’espoir que des progrès seront accomplis sur cette voie lors de la prochaine réunion consacrée à cette question en 2020.
M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a partagé les préoccupations du Secrétaire général face à l’augmentation « alarmante » des violations graves des droits de l’enfant en 2018, alors que, parallèlement, les conflits armés en cours connaissent, selon lui, une recrudescence générale. Le représentant a également condamné le nombre record d’assassinats d’enfants cette année-là. Il a appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour traduire les auteurs de ces violations graves en justice.
Le représentant a également appelé à faire en sorte que les programmes de réinsertion des enfants soient « tournés vers l’avenir » et correspondent aux besoins spécifiques des enfants. Il a notamment jugé essentiel que la réinsertion soit adaptée aux besoins des enfants les plus vulnérables, y compris les enfants handicapés.
M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a condamné l’augmentation des violations des droits des enfants en situation de conflit, notamment en Syrie, en Afghanistan et au Yémen. « La violence sexuelle continue également d’être protégée par une omerta », a-t-il déploré. Dans ce contexte, le représentant a noté l’augmentation « effarante » des violations perpétrées par des agents étatiques et des forces internationales, signe, selon lui, que la hausse des violations constatées dans le monde est liée aux États eux-mêmes. Le représentant a appelé à utiliser tous les mécanismes internationaux à disposition pour lutter contre cette tendance. Il a ainsi exhorté tous les États ne l’ayant pas fait à adhérer à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses protocoles facultatifs, à appliquer la résolution 2286 (2016) du Conseil et à souscrire aux Principes de Paris et de Vancouver, ainsi qu’à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Le représentant a en outre appelé à lancer une réflexion sur la production et la commercialisation responsables des armes. À ses yeux, le Conseil doit quant à lui assumer sa responsabilité en renvoyant les cas de violation à la Cour pénale internationale (CPI), le cas échéant.
M. HERMOGENES LÓPEZ GARCÍA DE LOMANA (Espagne) a mis l’accent sur l’importance de la dimension de l’éducation y voyant la seule clef permettant de parvenir à la réconciliation et la réinsertion des anciennes parties et victimes des conflits. Il a précisé que l’Espagne venait d’organiser à Palma de Majorque la troisième Conférence internationale sur la sûreté des écoles. Il a mis l’accent sur la dimension du genre, en notant que les filles sont les premières à être déscolarisées lorsqu’un conflit commence et les dernières à être rescolarisées lorsque celui-ci s’achève.
Il s’est félicité que la conférence susmentionnée ait permis à 78 délégations nationales et 13 délégations internationales de mettre en commun les enseignements et définir une riposte commune. « Nous espérons bientôt dépasser les 100 adhésions à la Déclaration d’Oslo sur la sécurité dans les écoles », a encore insisté le représentant de l’Espagne.
M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a jugé urgent de « passer à la mise en œuvre » en réalisant le programme « ACT to Protect » et en fournissant des services aux enfants touchés par la guerre. L’Irlande a augmenté les dépenses accordées à l’éducation parce que l’éducation est le meilleur moyen d’aider les enfants à surmonter leur traumatisme. Le représentant a appelé au respect du droit international humanitaire et à assurer la redevabilité et la reddition de comptes pour toute violation. « Nous devons faire davantage pour que les résolutions adoptées soient appliquées et assurer que tous les auteurs de violences faites aux enfants soient poursuivis et condamnés », a-t-il souligné.
M. HAM SANG WOOK (République de Corée) a insisté sur l’importance stratégique qu’il y a à réintégrer les enfants affectés par des conflits armés. Il a estimé qu’une meilleure réintégration des enfants soldats permettrait notamment d’aider à mettre fin au « cercle vicieux de la violence ». À ses yeux, les programmes de réintégration doivent adopter une approche communautaire pour éviter les stigmatisations. Il faut pour cela convaincre les communautés des bénéfices qu’elles peuvent tirer de la réintégration des enfants, a-t-il précisé.
Par ailleurs, le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre les violences sexuelles à l’encontre des enfants, dans la droite lignée de la résolution 1882 (2009) du Conseil. Or, 10 ans après l’adoption du texte, le Secrétaire général fait toujours mention dans son rapport de 900 cas avérés de violences sexuelles contre des enfants, a-t-il déploré, appelant à mettre l’accent sur l’aide médicale et psychologique aux victimes dans les programmes de lutte contre les violences sexuelles à l’encontre des enfants.
Enfin, le représentant a appelé à lutter contre l’impunité pour les auteurs de violations graves contre les enfants. Il a appelé à renforcer les institutions étatiques en inscrivant les criminels dans les rapports du Secrétaire général sur la question et à mettre en place des sanctions précises contre les auteurs.
Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a constaté que des violations graves contre les enfants étaient toujours perpétrées par un large éventail d’acteurs dans les situations complexes de conflit armé. Les réseaux terroristes et autres acteurs non étatiques continuent notamment d’exploiter les enfants pour mener à bien leurs « sombres desseins », a-t-elle déploré, soulignant la complexité, dans certains cas, du lien entre l’appareil étatique et les acteurs non étatiques. La représentante a appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre l’impunité des réseaux terroristes et acteurs non étatiques.
Elle a également appelé à une meilleure intégration des dispositifs de protection de l’enfance au sein des processus de paix. La mise en œuvre de plans de protection et de réintégration des enfants est également essentielle, a-t-elle estimé, jugeant que les opérations de maintien de la paix devaient disposer des ressources suffisantes pour s’acquitter de leur mandat en matière de protection de l’enfance.
Malgré le mandat clair octroyé par le Conseil au Secrétaire général en la matière, la représentante s’est dite déçue de constater que M. Guterres continue de faire référence dans son rapport à des situations où il n’y a pas de conflit armé, ce qui contribue malheureusement selon elle à une « politisation » de son mandat.
M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a regretté que les enfants continuent de payer le plus lourd tribut des conflits armés. Il a exhorté les parties aux conflits de respecter leurs obligations au regard du droit international humanitaire. Il a appelé tous les États à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, l’éducation étant, a-t-il affirmé, un outil puissant pour la paix. « En aidant les enfants victimes des conflits, nous semons les graines d’un meilleur avenir », a-t-il indiqué.
M. GERARDUS VAN DEN AKKER, de l’Union européenne, a salué l’adoption, en avril 2019, de la résolution 2467 qui reconnaît que les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par les conflits. Il a demandé au Secrétariat d’établir un bilan des efforts de consolidation des fonctions de protection au sein des missions de maintien de la paix. Il a salué la contribution du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés qui est présidé par la Belgique, se félicitant notamment des condamnations prononcées à l’encontre du régime syrien et du Myanmar. La campagne « ACT to Protect » doit apporter sa pierre à l’édifice de la protection pour faire cesser les six violations les plus graves à l’égard des enfants, a-t-il estimé.
Mme CLARE HUTCHINSON, Représentante spéciale pour les femmes, la paix et la sécurité de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (OTAN), a salué les efforts déployés par le Conseil de sécurité et la communauté internationale en faveur de la protection de l’enfance. Elle s’est notamment félicitée de l’initiative « ACT to Protect », et a assuré que l’OTAN considère cette question comme un impératif moral et un élément essentiel pour rompre le cycle de la violence. Depuis l’introduction du thème des enfants et des conflits armés au sommet de l’OTAN de 2012 à Chicago, des progrès considérables ont été accomplis pour développer des mesures pratiques destinées à lutter contre les violations visant des enfants en temps de conflit, a fait valoir la Représentante spéciale. De l’adoption par le Conseil de l’Atlantique-Nord du programme « Protection des enfants dans les conflits armés – En avant », en 2015, à la récente réaffirmation de cet engagement au sommet de Bruxelles, en 2018, cette question est devenue une pièce centrale de l’approche de l’Organisation en faveur de la protection des civils, a-t-elle expliqué.
Avec les Nations Unies, a-t-elle poursuivi, nous avons mis au point des mesures orientées vers le terrain pour mieux combattre les violations dont sont victimes les enfants en temps de conflit, en particulier des procédures opératoires standard concernant six violations graves. De plus, des formations relatives aux enfants et aux conflits armés sont désormais obligatoires pour tous les personnels de l’OTAN déployés dans le cadre de missions et d’opérations. Des points focaux ont en outre été établis sur cette question à tous les niveaux de la structure de commandement de l’Organisation, en concertation avec l’ONU et d’autres acteurs internationaux, a insisté Mme Hutchinson, reconnaissant que beaucoup reste néanmoins à faire.
Outre l’exploitation sexuelle des enfants, dossier qu’elle considère comme prioritaire, l’OTAN entend renforcer sa coordination avec d’autres acteurs internationaux pour promouvoir les droits de l’enfant, améliorer la responsabilisation et mieux respecter le droit international et les normes internationales, a-t-elle indiqué.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé tous les États Membres à ratifier et mettre pleinement en œuvre la Convention relative aux droits de l’enfant et ses Protocoles facultatifs, ainsi que les autres instruments juridiques internationaux pertinents. Il a aussi appelé les gouvernements à souscrire à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, aux Principes de Vancouver et aux Principes de Paris, ainsi qu’à inclure des provisions sur la protection des enfants dans les processus de paix, en particulier concernant les groupes armés non étatiques. Le représentant a précisé que le Kazakhstan avait ratifié tous les traités pertinents et souscrit à toutes les initiatives internationales en matière de protection des enfants.
Par ailleurs, le représentant a estimé que l’accès des enfants à l’éducation, à des soins de santé et à des services de base était un facteur essentiel de prévention des conflits et de construction de société durables. Par conséquent, le représentant a jugé que les investissements dans le développement, l’éducation et l’amélioration des conditions de vie des enfants étaient des éléments clefs pour prévenir leur recrutement.
Le représentant a également appelé à renforcer la réintégration et la réinsertion des enfants après un conflit. Les programmes de réinsertion doivent, selon lui, être revus pour les rendre plus efficaces et permettre aux enfants de reprendre une vie normale et de devenir des moteurs du changement. De ce point de vue, il a fait savoir que son pays avait rapatrié, en 2019, 595 citoyens kazakhs qui étaient partis rejoindre les rangs de Daech, dont 156 femmes et 406 enfants.
M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a condamné le recrutement des enfants pour en faire des « armes de guerre », estimant que ce problème trouve sa source dans le « délitement » des pays. « Nous sommes effarés par les difficultés auxquelles fait face la protection des enfants dans les zones de conflits », a-t-il notamment commenté. Il a relevé que, dans les pays en développement, les principales causes des conflits incluent la pauvreté extrême, la mauvaise gouvernance, les problèmes économiques, les inégalités politiques, sociales et économiques et le très fort taux de chômage. Pour toutes ces raisons, les jeunes sont plus facilement manipulés et radicalisés, a expliqué que le représentant, pour qui la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 demeure l’outil le plus efficace pour lutter contre les sources des conflits. Il est indispensable de relever le défi du développement économique qui est à l’origine de la plupart des conflits, a-t-il souligné.
M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a indiqué que son pays avait été en mesure, au cours des deux dernières années, de libérer des enfants soldats enrôlés par des groupes armés et de les réinsérer à la vie sociale. « Ils ont pu surmonter leur traumatisme, guérir et réintégrer leurs familles », a-t-il salué, soulignant que la question des droits de l’enfant serait pleinement prise en compte dans les futures négociations de paix au Darfour, dans le Nil-Bleu et au Kordofan méridional.
Le représentant a affirmé le rôle du Soudan en faveur de la paix et de la sécurité au Soudan du Sud et en République centrafricaine, où son pays agit, selon lui, de manière à garantir la mise en œuvre des accords de paix, notamment en veillant au respect des droits des enfants, aux côtés de l’Union africaine (UA) et d’autres États du continent.
Le représentant a ensuite mis l’accent sur trois mesures pour protéger les enfants en temps de conflit: former les forces armées sur les procédures en vigueur; organiser des campagnes de sensibilisation sur l’importance de protéger les enfants et de dénoncer les recrutements d’enfants; et veiller à l’examen minutieux de l’âge des nouvelles recrues.
M. FABIEN STEPHAN YVO RAUM (Luxembourg) a d’emblée déploré qu’en 2018, les violations visant des enfants en temps de conflit armé soient en nette progression par rapport à l’année précédente. Des milliers d’enfants sont retenus dans des centres de détention de combattants terroristes étrangers présumés, dans des conditions inappropriées à leur âge et à leur vulnérabilité, a-t-il fustigé. À ses yeux, tous les mineurs qui sortent d’un environnement traumatisant doivent être considérés en premier lieu comme des victimes, avec pour priorités leur prise en charge et réhabilitation psychosociale. À l’avant-veille du dixième anniversaire de la résolution 1882, qui a ajouté les meurtres et les mutilations d’enfants aux crimes graves reconnus par le cadre normatif « enfants dans les conflits armés », le représentant a estimé que ce texte n’avait rien perdu de son actualité.
Dans de nombreux conflits contemporains, a-t-il en effet constaté, le déni d’accès à l’aide humanitaire aux populations civiles est utilisé comme arme de guerre et les enfants en sont les premières victimes. De surcroît, l’utilisation et le ciblage des écoles et des hôpitaux à des fins militaires exposent les enfants à de multiples dangers, comme les bombardements ou l’enlèvement et le recrutement par des groupes armés. À cet égard, M. Raum a exhorté tous les États membres qui ne l’ont encore fait à endosser la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à mettre en œuvre la résolution 2143 afin de dissuader les parties au conflit d’utiliser les écoles à des fins militaires. Évoquant enfin les nombreux cas d’abus sexuels contre des filles et des garçons dans les conflits en cours, il a plaidé pour que les auteurs et les responsables de tels crimes soient jugés par une justice pénale internationale, et en dernier ressort par la Cour pénale internationale.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG DINH QUY (Vietnam) a affirmé que l’ASEAN demeurait engagée en faveur de la protection des droits des enfants en situation de conflit, aussi bien au niveau régional que national. En octobre 2018, a-t-il indiqué, l’Association a organisé un dialogue sur la Convention relative aux droits de l’enfant pour sensibiliser l’opinion publique à sa mise en œuvre. La même année, la Représentante spéciale chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants a participé à un dialogue annuel à Jakarta, aux côtés de la Commission de l’ASEAN sur la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants. En cette dixième année anniversaire de la résolution 1882 (2009), le représentant a réaffirmé que l’ASEAN demeurait fermement attachée à combattre les violations des droits de l’enfant.
En sa qualité nationale, le représentant a indiqué que le Viet Nam, en tant que Président de l’ASEAN en 2020, travaillerait étroitement avec les pays de l’Association pour promouvoir les arrangements existants et explorer de nouvelles possibilités concernant la protection des enfants. Le renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales devrait également permettre de mieux protéger les enfants, a-t-il estimé. Le représentant a de plus appelé à redoubler d’efforts pour garantir la continuité de l’éducation en période de conflit. Il a également appelé à s’attaquer davantage à l’élimination des restes explosifs de guerre en situation de postconflit.
M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a regretté que le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés n’ait pas pris en compte les observations et recommandations de son pays formulées dans une note en date du 10 mai dernier. Le rapport, a-t-il noté, relève que la police fédérale iraquienne a recruté cinq garçons afin de protéger un point de contrôle, ce qui s’est avéré inexact. « Les forces de sécurité iraquiennes, qui ont fait leurs preuves contre le terrorisme, ont-elles vraiment besoin de cinq enfants pour assurer la protection d’un point de contrôle? » s’est-il interrogé.
Il a également estimé que le paragraphe 76 du rapport est non conforme à la réalité du terrain, notant que les organisations terroristes ont les moyens de mener des attaques contre les civils, y compris contre les écoles et les hôpitaux.
Le représentant s’est d’autre part déclaré gravement préoccupé par la description faite par le Secrétaire général d’un conflit opposant des belligérants en Iraq. Or, a-t-il fait valoir, il s’agit d’une guerre menée par l’État contre une organisation terroriste qui n’a que mépris pour l’humanité et notre pays. Face à cet état de fait, la justice iraquienne est indépendante dans ses jugements et respecte les normes internationales, a-t-il souligné. Et le Gouvernement iraquien fait quant à lui des efforts pour garantir des procédures justes et transparentes, ajoutant même des amendements pour protéger les enfants victimes du terrorisme. Dans ce contexte, a ajouté le délégué, l’Iraq réaffirme son plein appui aux efforts de l’ONU afin de fournir un environnement sûr aux enfants. Le Gouvernement fera tout son possible pour tenir comptables ceux qui ont enfreint la loi, a assuré le représentant, indiquant par ailleurs que, 30 ans après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, son pays a désormais des relations de bon voisinage avec ce pays ami.
M. HAU DO SUAN (Myanmar) a affirmé que son gouvernement est disposé à prévenir les violations et abus contre les enfants. Le Myanmar a notamment pris des mesures afin d’établir des mécanismes préventifs et renforcer sa coopération avec des partenaires internationaux comme l’ONU, notamment avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé. Le 24 juillet dernier, le Parlement de l’Union a adopté la très attendue loi sur les droits des enfants dont le chapitre XVII est dédié exclusivement à la question des enfants et les conflits armés, a-t-il indiqué. Ce texte criminalise notamment six violations parmi les plus graves, et un comité interministériel relatif à ces six violations a d’ailleurs été mis en place en janvier dernier.
Le représentant a ensuite indiqué que depuis la signature, en 2012, du plan d’action conjoint avec l’ONU, près de 1 000 mineurs avaient été libérés et avaient pu réintégrer leur communauté. De même, le nombre d’enrôlements a drastiquement baissé au fil des ans et est désormais limité à quelques dizaines. En plus des sessions de renforcement de capacités organisées dans le pays avec l’appui de l’ONU, une campagne de sensibilisation nationale avait été lancée en 2013 afin de mettre fin au recrutement d’enfants soldats par les forces armés. Le Myanmar envisage aussi de ratifier prochainement le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.
M. Suan a aussi assuré que les auteurs de violations des droits de l’homme, notamment celles ciblant les femmes et les enfants, sont traduits en justice, y compris les membres des forces armées. Le Myanmar entend en outre poursuivre sa collaboration avec le Bureau de la Représentante spéciale, ainsi qu’avec le Groupe de travail du Conseil de sécurité et d’autres partenaires, afin de « bâtir un avenir meilleur pour nos enfants ».
Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) s’est déclarée profondément préoccupée par la gravité et l’ampleur des menaces qui pèsent sur les enfants au Moyen-Orient. Elle a cité à cet égard les violations sans cesse croissantes commises en Syrie, les meurtres et la mise en détention d’enfants palestiniens par les forces israéliennes et le recrutement de mineurs par les houthistes au Yémen. Dans ce contexte, a-t-elle souligné, les Émirats arabes unis sont déterminés à alléger les souffrances des enfants, notamment grâce à l’acheminement d’une aide humanitaire. Le pays a pris en compte les besoins des enfants dans le cadre de l’aide de 5 milliards de dollars fournie au Yémen ces quatre dernières années, a fait valoir la représentante. À cela s’ajoute l’engagement pris avec l’Arabie saoudite d’un financement supplémentaire de 240 millions de dollars pour soutenir les opérations du Programme alimentaire mondial (PAM).
Dans le cadre de leurs efforts humanitaires, les Émirats arabes unis sont convaincus que l’éducation n’est pas seulement un droit propre à tout enfant mais aussi un instrument essentiel pour réduire les différends et mettre fin à l’exploitation des enfants dans ces conflits. À cette fin, le pays a fourni une assistance dans le domaine de l’éducation à plus de 270 000 étudiants par le truchement du PAM, construit 150 classes temporaires et alloué une aide de 35 millions de dollars à l’UNICEF afin de contribuer au salaire des enseignants.
À cet égard, Mme Alhefeiti s’est dite inquiète de l’exploitation des enfants et des écoles faite par les houthistes au Yémen. Elle a notamment exprimé sa préoccupation quant à l’utilisation d’écoles comme centres de stockage d’armes et lieux de recrutement, d’entraînement et de détention d’enfants, exhortant le Conseil de sécurité à les tenir comptables de ces graves violations. La représentante a assuré que la coalition soutenant la légitimité du Yémen, dont son pays est membre, prend au sérieux la protection des civils dans les conflits armés, et notamment celle des enfants. La coalition, a-t-elle ajouté, continue également de travailler étroitement avec l’ONU et d’autres partenaires internationaux pour renforcer la protection des enfants au Yémen, comme l’atteste le Mémorandum d’accord signé en mars dernier avec la Représentante spéciale Virginia Gamba.
M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a constaté avec regret que les garçons et les filles continuaient de subir recrutements forcés, violences sexuelles et les pires violences à travers le monde, 10 ans après l’adoption de la résolution 1882 (2009). Il s’est aussi inquiété des conséquences de la destruction des écoles qui prive les enfants d’éducation et donc d’espoir. Il a salué l’importance de la Déclaration d’Oslo sur la sécurité dans les écoles.
Le représentant de la Géorgie s’est particulièrement inquiété de la « situation des droits des enfants dans les régions occupées de l’Abkhazie et Tskhinvali/Ossétie-du-Sud » en estimant que ces droits continuaient d’être violés par la Puissance occupante. Il a dit que l’interdiction de l’enseignement en langue géorgienne dans ces deux régions était particulièrement préoccupante. « En 2015, la langue géorgienne a été interdite à l’école primaire dans les dernières écoles géorgiennes du district de Gali, pour se traduire petit à petit à une interdiction complète dans l’ensemble de l’Abkhazie », a-t-il indiqué. Les enseignants sont soumis à des pressions et depuis 2017, l’enseignement du géorgien est interdit aussi dans la région de Tskhinvali/Ossétie-du-Sud. Des enfants qui traversent la ligne d’occupation pour pouvoir suivre des cours en géorgien en territoire géorgien sont à leur retour fouillés et détenus pendant des heures si des livres en langue géorgienne sont trouvés dans leur cartable. La fermeture du dernier point de passage dans la région d’Abkhazie en juillet 2019 a encore compliqué la situation des élèves de langue géorgienne qui souhaitaient passer leur examen en territoire géorgien. « Cette fermeture arbitraire empêche aussi les enfants géorgiens demeurant dans le territoire occupé d’aller se faire soigner de l’autre côté de la ligne d’occupation », a déploré le représentant. Il a indiqué que son gouvernement avait lancé une initiative de paix « un pas vers un meilleur avenir » pour améliorer les conditions humanitaires, économiques et sociales des populations, notamment des enfants, résidant en Abkhazie et Tskhinvali.
Pour M. DAVID PAUL CHARTERS, du Saint Siège, le thème du débat d’aujourd’hui appelle à marquer une pause et à réfléchir tant la juxtaposition d’enfants et de conflits armés semble incongrue alors même qu’ils sont marqués à vie physiquement, psychologiquement et émotionnellement par ces conflits. Ces périodes sont trop souvent marquées par l’impossibilité pour ces enfants d’avoir accès à une aide essentielle à leur survie, a poursuivi l’observateur, évoquant aussi la ruée vers les minéraux et d’autres ressources précieuses de l’Afrique qui oblige de nombreux enfants à renoncer à leur éducation pour travailler dans les mines. Pires encore sont les cas où ils sont forcés de combattre sous le prétexte fallacieux de venir en aide à leurs familles appauvries, a-t-il dénoncé. Dès lors, l’observateur a appelé à se pencher sur les causes profondes de cette situation, et plus précisément en quoi les préjudices socioéconomiques et le manque d’opportunités font des conflits armés une alternative pour les jeunes.
M. Charters a plaidé en faveur de l’éducation pour la paix dans les familles et les écoles, et a souligné le rôle crucial que peuvent jouer les femmes comme « enseignantes de la paix » pour s’attaquer à ces causes profondes. Il a également dénoncé les attaques contre les écoles, les hôpitaux et les abris qui sont contraires au droit international humanitaire et « doivent cesser », en particulier à Edleb, en Syrie.
L’observateur a espéré que ce débat public contribuera à sensibiliser la conscience collective et veiller à ce que « ces enfants invisibles » ne soient pas oubliés, à ce qu’on fasse davantage pour libérer les enfants soldats et que les jeunes victimes d’autres formes de violences puissent compter sur le soutien nécessaire à leur réintégration, y compris les enfants issus de ces violences sexuelles.
Mme FARZANA ZAHIR (Maldives) a rappelé que son pays a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant en 1991. Elle a plaidé pour l’adoption de lois criminalisant toute violence sexuelle contre des enfants dans tous les pays, tout en appelant l’ONU à poursuivre la mise en œuvre de ses politiques de tolérance zéro en la matière. La déléguée a aussi demandé que le Conseil de sécurité œuvre à la nomination de conseillers à la protection de l’enfance dans toutes les missions de maintien de la paix, tout en veillant à ce que les questions liées à la protection de l’enfance soient intégrées à titre prioritaire dans les négociations. Elle a enfin insisté pour que tous les États apportent leur soutien aux enfants en temps de conflit armé, y compris en faveur d’enfants handicapés.
M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a indiqué que le Secrétaire général faisait référence, dans son rapport, aux violations graves des droits des enfants perpétrées par des groupes armés illégaux en Colombie. Le rapport reconnaît toutefois les efforts du Gouvernement colombien pour garantir les droits des enfants, a-t-il ajouté, y compris le décret 1434 de 2018, qui renforce de manière significative la prévention du recrutement et de l’utilisation des enfants, ainsi que des violences sexuelles à leur encontre. À ce décret s’ajoute la création d’une commission intersectorielle pour la prévention du recrutement et d’autres violations graves des droits des garçons et des filles (CIPRUNNA), créée en 2007, qui centralise les stratégies pour régler ce problème.
Malheureusement, certains groupes armés continuent de recruter des enfants en Colombie, a déploré le représentant, notamment l’Armée de libération nationale (ELN), qui est régulièrement mentionnée dans la « liste noire » des parties qui commettent des violations graves. Ce groupe a également recours aux mines antipersonnel, qui privent les enfants d’un accès à l’éducation et à la santé dans les zones sous son contrôle, a-t-il déploré. Non seulement l’ELN refuse systématiquement de prendre des mesures qui permettraient d’améliorer la protection des enfants, mais le groupe continue au contraire d’intensifier ses attaques contre la société colombienne, a ajouté le représentant. Conscient des défis auxquels est confrontée la Colombie pour mettre fin au recrutement d’enfants, il a affirmé la volonté des autorités du pays de redoubler d’efforts en ce sens.
M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH (Libéria) a demandé que soit comblé le déficit de financement en faveur de la réhabilitation et la réintégration d’enfants affectés par les conflits, notamment ceux qui ont été forcés de prendre les armes. Ainsi, un financement adéquat devrait venir en soutien aux efforts des gouvernements, des organisations sous-régionales et régionales, tout en permettant de bâtir des structures de protection sociale des enfants, et établir des stratégies de prévention. Le Libéria, qui est passé d’une situation de confit à la paix, a ainsi mis l’accent sur un programme de renforcement de la protection sociale des enfants, une priorité de développement pour ce pays dont 63% de la population est jeune et constitue, de ce fait, la pierre angulaire pour une paix, une démocratie et un développement qui soient durables.
Mme LACHEZARA STOIANOVA STOEVA (Bulgarie) a rappelé que l’objectif du débat de ce jour est de trouver des réponses aux défis liés à la situation des enfants en situation de conflit armé. Elle a estimé que la prévention était une dimension clef en ajoutant que la formation du personnel civil et militaire des missions de maintien de la paix était primordiale. À ce titre, elle a salué la pertinence des Principes de Vancouver pour opérationnaliser la protection des enfants au sein des missions de maintien de la paix. Elle s’est particulièrement inquiétée que les enfants associés à des groupes armés soient trop souvent perçus comme des menaces plutôt que comme des victimes. Elle a jugé indispensable de trouver des alternatives à la détention de ces jeunes, mais aussi de lutter contre l’impunité.
M. SUDQI ATALLAH ABD ALKADETR AL OMOUSH (Jordanie) a appelé à l’établissement de mécanismes de réinsertion des enfants victimes d’abus en temps de conflit armé. C’est dans cette optique que la Jordanie a endossé les principaux traités et accords internationaux promouvant la protection des enfants, a-t-il indiqué. Il a noté que cette protection doit également avoir lieu dans le cadre des activités de maintien de la paix de l’ONU. C’est d’ailleurs ce que les soldats de la paix jordaniens s’attèlent à faire.
Le représentant a par ailleurs indiqué que la Jordanie accueille également près de 1,3 million de réfugiés syriens et a lancé des programmes de réhabilitation et de formation afin que ces derniers puissent s’intégrer dans la société jordanienne. Il a salué la campagne lancée par l’ONU, « ACT to Protect », qui braque les projecteurs sur les violations des droits de l’enfant. M. Al Omoush a terminé son propos en demandant à la communauté internationale d’investir sur « ces petits cœurs » afin de s’assurer que « ces petites mains soient consacrées à construire et non à détruire ».
M. MOHAMMAD WALI NAEEMI (Afghanistan) a souligné que les enfants étaient les principales victimes du conflit en cours en Afghanistan et qu’ils représentent le tiers des 3 062 victimes civiles avérées dans le pays. Il a indiqué que la Mission des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) avait fait état de 1 207 victimes parmi les enfants au premier semestre 2019, dont 327 morts et 880 blessés. Nombre d’entre ces victimes ont succombé dans des attentats-suicides commis récemment à Logar, Kandahar et Nangarhar, a déploré le représentant, affirmant que les Taliban et autres groupes armés illégaux continuaient d’utiliser et de cibler des enfants dans le cadre de leurs opérations. « Ils les attirent, leur font un lavage de cerveau et les forcent à participer au conflit en tant que soldats et kamikazes », a dénoncé M. Naeemi, avant d’exhorter les Taliban à renoncer à ces pratiques néfastes.
M. Naeemi a indiqué que son gouvernement avait pris des mesures concrètes pour assurer la protection des enfants afghans, en appliquant une politique de tolérance zéro en matière de recrutement d’enfants dans les forces de sécurité et de défense nationales. Selon lui, les résultats de ces efforts se reflètent dans le fait qu’aucun enfant n’a été recruté en 2018 dans l’armée ou la police afghanes. D’autres mesures ont été prises pour renforcer notre architecture juridique globale en la matière, a ajouté le représentant, mentionnant la promulgation, en 2019, d’une loi sur la protection des droits de l’enfant et la création d’une commission nationale sur la protection des droits de l’enfant, chargée du suivi et de la mise en œuvre de cette loi. En outre, des bureaux spéciaux de poursuites des auteurs de violations contre les enfants ont été créés dans les provinces afghanes, a-t-il ajouté.
M. Naeemi a ensuite affirmé que son gouvernement travaillait en étroite coopération avec le Bureau de Mme Gamba et l’équipe de pays des Nations Unies en Afghanistan pour mettre en œuvre le plan d’action et faire en sorte que les polices nationale et locale afghanes soient retirées de la « liste noire » du Secrétaire général, sur la base des progrès notables réalisés pour mettre fin au recrutement des mineurs.
M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a indiqué que la crise en Syrie a eu des conséquences dramatiques pour les enfants. Ainsi, en plus des crimes du « régime brutal d’Assad » qui mène des frappes aériennes indiscriminées et fait usage de barils d’explosifs, d’armes chimiques et de tirs d’artillerie, il faut ajouter des crimes contre les enfants dont sont auteurs les terroristes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et leur branche syrienne qu’est le PYD/YPG, a-t-il affirmé. Le représentant a noté que le rapport du Secrétaire général laisse voir que ce dernier groupe a été celui qui aura le plus utilisé les enfants soldats en Syrie l’année dernière. La Turquie estime, quant à elle, que le PKK ne compte pas moins de 700 enfants soldats, dont la majorité est d’origine kurde ou d’autres groupes ethniques comme les Araméens. Le représentant a également accusé le PYD/YPG d’avoir ciblé des écoles, les transformant en sites de stockage de munitions, privant ainsi les enfants de leur droit fondamental à l’éducation.
M. Denktaş a ensuite déploré le fait que des accords aient été signés avec de tels groupes sous la forme de plans d’action, avant de marteler que tout groupe terroriste doit être traité comme tel. Il n’est pas question de saluer l’engagement d’une organisation terroriste à limiter son niveau de criminalité, a-t-il souligné.
Le représentant a par ailleurs indiqué que la Turquie accueille 3,6 millions de réfugiés syriens, dont 1,7 million ont moins de 18 ans, et parmi eux, 444 000 qui sont nés dans leur pays d’accueil. La Turquie a mobilisé des moyens nécessaires afin d’assurer des conditions de vie dignes aux enfants syriens, a-t-il affirmé, en soulignant que l’éducation et les soins de santé sont gratuits pour ces derniers.
M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a appelé à protéger et garantir le droit des enfants et à veiller à ce que justice soit faite en cas de crime contre les enfants. Il a souligné que malgré les conflits armés, le droit à l’éducation doit rester de mise. C’est pourquoi la fondation qatarienne sur « l’éducation avant tout » apporte un soutien à l’éducation des enfants à travers le monde, y compris ceux se trouvant dans les contextes de conflit armé. Le représentant a aussi invité toutes les parties à un conflit à ne pas cibler les écoles et à adhérer à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Il a rappelé que le Qatar a signé un accord en septembre dernier avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé. Ainsi, un centre sur les enfants et les conflits armés sera bientôt opérationnel à Doha, au Qatar, entièrement financé par le pays hôte.
M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a partagé la préoccupation du Secrétaire général face à l’ampleur et à la sévérité des violations commises contre des enfants en 2018. Toute approche globale de la protection des enfants en temps de conflit armé doit miser sur la responsabilité de rendre compte de ses actes, et, à cet égard, la Malaisie attend que les mécanismes de justice nationaux et internationaux fassent leurs preuves contre les responsables de ces violations. Le représentant a également appelé à l’intégrité et à l’impartialité lorsqu’il est question des inscriptions sur les listes en annexe du rapport du Secrétaire général.
Le représentant s’est associé à l’appel du Secrétaire général pour assurer l’accès humanitaire aux enfants, tout comme la protection du personnel humanitaire sur le terrain. Il a suggéré que les Nations Unies développent un guide pratique pour la collecte des données en cas de déni d’accès humanitaire. Cela contribuerait à normaliser et à renforcer le travail de l’équipe spéciale de surveillance et d’information du mécanisme de surveillance et d’information, a-t-il estimé.
La Malaisie est convaincue, en outre, que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques doivent garder une capacité de protection des droits des enfants tout au long de leurs processus de transition, consolidation ou réduction. Pour ce qui est de la réintégration, le représentant a estimé qu’il s’agit d’un effort de longue durée qui requiert la responsabilité partagée de toutes les parties prenantes. Avant de conclure, il a encouragé tous les États Membres à signer la Déclaration sur la sécurité des écoles.
Mme NADYA RIFAAT RASHEED, de l’État de Palestine, a noté que les chiffres confirmés par l’ONU en 2018 indiquent que le nombre d’enfants palestiniens tués ou blessés par les « forces d’occupation israéliennes » est le plus élevé depuis 2014. Elle a précisé que 2 756 enfants palestiniens ont été blessés en 2018 et que ce nombre continue de croître en 2019. « La violence des colons continue d’avoir un impact sévère sur les enfants palestiniens », a–t-elle ajouté en dénonçant le harcèlement et les attaques contre des enfants palestiniens par des colons sous le regard des forces israéliennes. « Depuis 2000, plus de 10 000 enfants palestiniens ont été arrêtés et maltraités par le système pénitencier israélien », a-t-elle aussi dit. Elle s’est inquiétée des conséquences physiques et traumatiques de ces maltraitances.
La représentante a aussi dénoncé la poursuite d’attaques contre des écoles palestiniennes et la fermeture d’infrastructures scolaires. Elle a attiré l’attention sur les conséquences du blocus de Gaza sur la souffrance des enfants. La représentante de la Palestine a ensuite demandé qu’Israël, son armée et ses colons soient ajoutés à la liste des parties responsables de graves violations contre les enfants. Elle a estimé que l’absence de cette inclusion minait la crédibilité de cette liste et demeurait une occasion ratée de tenir Israël responsable de ses actes.
Mme VICTORIA MANGAY SULIMANI (Sierra Leone) est revenue sur les violations et abus des droits de l’homme infligés aux enfants dans son pays pendant la guerre civile qui y a fait rage durant les années 90. Qu’il s’agisse de violences sexuelles, d’enlèvements, de mariages forcés ou de travail forcé, « en substance, nos enfants ont été exposés à des violations massives dont les conséquences personnelles et sociales se font encore ressentir », a-t-elle regretté. Mais ce triste chapitre a été fermé il y a 17 ans, et depuis, la Sierra Leone est plus consciente que jamais de sa responsabilité de protéger les enfants et du fait que le développement durable ne peut se faire dans un contexte postconflit si l’on n’agit pas rapidement pour mettre fin à ces crimes horribles.
Partageant l’expérience de son pays, la représentante a rappelé que l’accord de paix signé à Lomé, au Togo, prévoyait déjà la protection des enfants victimes du conflit. La démobilisation, le désarmement et la réintégration de tous les anciens combattants, y compris des enfants, s’en est rapidement suivie et, pour combattre l’impunité et améliorer la justice transitionnelle, la Commission Vérité et réconciliation a été mise sur pied ainsi que le Tribunal international hybride pour la Sierra Leone. C’est ce tribunal qui a prononcé le premier verdict contre le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, alors que sa décision sur l’esclavage sexuel et les mariages forcés a été une reconnaissance de ces actes proscrits comme crimes au regard de la jurisprudence pénale internationale, a-t-elle souligné. Sur le plan de la réintégration sociale, la loi sur l’éducation a guidé la réforme de ce secteur et, actuellement, la politique « éducation de qualité gratuite » pour tous les enfants est en place.
Mme Sulimani a ensuite mis en garde contre les effets indirects des coupes budgétaires à l’ONU sur les efforts de maintien de la paix et les mandats de protection des civils dont les enfants. Elle a appelé les États Membres à considérer les enfants associés à des groupes armés comme des victimes qui ont droit à la pleine protection de leurs droits. Elle a également appelé les États Membres et le Conseil de sécurité à faire plus pour lutter contre l’impunité et traduire en justice les responsables des violations des droits des enfants, y compris des attaques contre des écoles et des hôpitaux. De plus, les États Membres doivent assurer des financements suffisants et durables aux programmes de réintégration des enfants soldats pour leur permettre de devenir à terme des agents du changement et du développement durable.
Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a constaté que des millions d’enfants dans le monde sont pris au piège de conflits armés dans lesquels ils ne sont plus juste des spectateurs, mais trop souvent des victimes tuées, blessées, mutilées, violées ou recrutées par des groupes armés. Reprenant les chiffres du dernier rapport du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés, la représentante a condamné dans les termes les plus fermes toute forme de violation des droits des enfants et a appelé toutes les parties aux conflits à respecter le droit international humanitaire et à ne plus attaquer des écoles et des hôpitaux.
Sur une note plus positive, elle s’est félicitée de la réintégration de plus de 10 000 enfants soldats en 2018, et a salué la création de la Coalition mondiale pour la réintégration des enfants soldats. La représentante a ensuite passé en revue les différents instruments internationaux signés et/ou ratifiés par le Monténégro en matière de protection des enfants, y compris la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement d’enfants soldats.
M. MHER MARGARYAN (Arménie) a relevé que les enfants vivant en zones de conflit sont rendus particulièrement vulnérables en raison du manque d’accès humanitaire. Il convient dès lors d’identifier et de combattre les tentatives visant à isoler les personnes vivant en zones de conflit du reste du monde, a plaidé le représentant.
Notant que 2019 marque le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, le délégué a assuré que son pays continue de donner la priorité à la protection de ces droits. Il a en voulu pour preuve les dispositions spécifiques prévues par la législation nationale, l’implication de l’Arménie dans le cadre de la coopération internationale sur cette question et sa collaboration avec le CICR pour la création d’abris et la sécurisation d’écoles dans les régions frontalières de son territoire. À cet égard, il a dénoncé le fait que l’Azerbaïdjan cible délibérément et sans discernement, selon lui, des personnes et des infrastructures civiles au Nagorno-Karabakh, tout en diffusant une propagande haineuse par le biais de ses programmes scolaires. De telles pratiques sont non seulement contraires au droit international humanitaire et aux droits de l’homme, mais sapent également les efforts visant à créer un environnement propice à la paix et à la réconciliation, a-t-il averti.
Aujourd’hui, nous demandons au Conseil de sécurité d’agir immédiatement pour empêcher la « catastrophe » d’une action militaire imminente contre notre pays, a déclaré M. SAMUEL MONCADA (Venezuela), affirmant qu’une telle action avait été annoncée par les États-Unis. Le représentant a ainsi dénoncé le « plan systématiquement appliqué » par le Président Donald Trump, afin « d’étouffer l’économie » vénézuélienne par l’entremise de « mesures coercitives », au détriment des droits des personnes les plus vulnérables, dont les femmes et les enfants.
Le représentant a ajouté que les « mesures d’extorsion » de Washington avaient pour objet de « piller la richesse nationale », en s’appropriant « illégalement » des raffineries, de l’or monétaire et d’autres instruments financiers d’une valeur de plus de 30 000 millions de dollars, qui auraient pu satisfaire les besoins vitaux de la population du pays.
À ses yeux, ce « blocus économique » et ce « vol à l’échelle planétaire » témoignent d’une « cruauté monstrueuse typique des crimes de guerre », en criminalisant l’achat d’aliments essentiels pour le soutien de plus de six millions de familles vénézuéliennes. Il a affirmé que le Gouvernement américain tente de « créer une famine » au Venezuela pour s’approprier ses ressources naturelles et « recoloniser » le pays. Selon lui, ce « terrorisme économique » s’est doublé d’une agression politique caractérisée par la violation de la souveraineté vénézuélienne, le 23 février, ainsi que par le financement et l’organisation d’un coup d’État manqué, le 30 avril.
« Le Président Trump, assailli par des accusations contre son gouvernement, réveille les démons du racisme, des conflits internes et de la guerre internationale », a dénoncé le représentant, accusant les États-Unis de « chercher une excuse » pour procéder à « l’invasion à très court terme » du Venezuela. Le représentant en a voulu pour preuve la multiplication des survols d’avions espions américains dans la région ces derniers jours. Au cours des deux dernières semaines, ces survols se sont produits de manière quotidienne et se sont accompagnés de déclarations « provocatrices et menaçantes » sur la capacité de Washington à attaquer immédiatement le Venezuela, au cas où le Président Trump en donnerait l’ordre.
Le représentant a aussi dénoncé le fait qu’hier, le 1er août 2019, le Président Trump a annoncé aux médias qu’il envisageait d’imposer un blocus naval et une quarantaine au Venezuela.
« Les conflits armés ont des conséquences graves et souvent irréparables sur les enfants », a déclaré M. KHODADAD SEIFI PARGOU (République islamique d’Iran), pour lequel la protection des enfants dans ces situations n’est pas une option, mais bien une obligation. Sauver les enfants, c’est sauver l’avenir, a-t-il poursuivi. Pour y arriver concrètement, la meilleure façon reste, selon lui, de mettre fin aux conflits en cours et d’éviter leur réémergence ou l’émergence de nouveaux conflits. À titre d’exemple, il a cité l’occupation continue de la Palestine, où chaque année, a-t-il dénoncé, de plus en plus d’enfants sont tués, blessés, arrêtés et emprisonnés par les forces israéliennes. Il s’agit pour l’Iran de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et pourtant, a constaté le représentant, les forces israéliennes n’ont jamais été inscrites sur la liste qui figure en annexe du rapport annuel du Secrétaire général, ce qui, aux yeux de la délégation, remet en cause sa crédibilité et son impartialité. Ce sentiment d’impunité ne fait qu’encourager Israël à tuer encore plus d’enfants, s’est-il indigné, avant de pointer un autre cas de deux poids, deux mesures, à savoir celui du Yémen, où la plupart des décès d’enfants ont été imputés aux frappes aériennes des forces de la coalition. « Mais en réalité, il n’existe pas de coalition », a-t-il confié. « Il n’y a que les Saoudiens qui continuent de tuer les enfants yéménites », a-t-il accusé, en rappelant que l’Arabie saoudite figure pourtant parmi les pays retirés de cette liste. « N’est-il pas temps de mettre un terme à cette approche? » a lancé le représentant à la salle en condamnant ces actes « inhumains » qui représentent une violation flagrante du droit international.
Mme MARIA DE JESUS DOS REIS FERREIRA (Angola) a estimé que l’élimination du traitement inhumain qui est celui des enfants pris au piège des conflits armés est de la plus grande importance et constitue un sujet de consensus pour la communauté internationale. Si des progrès ont permis de réduire le nombre d’enfants soldats dans le monde, par le biais notamment de systèmes de contrôle et de déclaration, de plans d’action nationaux et d’un nouvel accent mis sur les principes fondamentaux du droit international humanitaire, de nombreux défis demeurent, a constaté la représentante. Elle a jugé que les parties au conflit et la communauté internationale doivent faire davantage pour protéger les enfants et les jeunes affectés par des conflits armés.
Pour progresser sur cette question, il convient en premier lieu de renforcer les efforts de prévention des conflits. L’Angola appelle d’autre part à réinsérer, et non à punir, les enfants associés à des groupes armés, en leur faisant bénéficier d’une éducation de qualité et de services de santé. Il plaide en outre pour une implication des jeunes dans le règlement des conflits et les processus de paix et de développement. Le pays prévoit enfin de venir en aide aux gouvernements cités en annexes du rapport pour leur permettre de mettre en œuvre les plans d’action préconisés par le Conseil. Concluant sur une note positive, la représentante s’est félicitée des résultats encourageants obtenus par la campagne « Children, Not Soldier » et des engagements pris par les gouvernements participant à cette initiative.
M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que l’Arménie s’est rendue coupable de nombreuses violations du droit international humanitaire en commettant des « crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actes de génocide » contre l’Azerbaïdjan. Il a dénoncé des « actes de nettoyage ethnique » et de violences commis par l’Arménie, lesquels ont, selon lui, fait des milliers de victimes parmi les civils, dont de nombreux enfants. « En février 1992, le plus important massacre a été commis contre les civils azéris de la ville de Khodjaly, au Nagorno-Karabakh, région de l’Azerbaïdjan. » Suite à la guerre, 3 888 citoyens azéris sont portés disparus, dont 718 civils, parmi lesquels 71 enfants. Il a regretté que malgré le cessez-le-feu, les forces arméniennes aient continué à bombarder des objectifs civils, dont des écoles en avril 2016. Il a affirmé que ce fait avait été documenté par le Haut-Commissariat pour les réfugiés.
M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a jugé encourageant d’apprendre que près de 14 000 enfants dans le monde ont été libérés de différentes formes de détention et réinsérés dans la société. Le représentant a en revanche exprimé sa déception quant au nombre des violations graves enregistrées en 2018 à l’encontre d’enfants en situation de conflit. Il s’est également déclaré préoccupé par les effets des conflits armés sur les enfants, souvent contraints à des déplacements forcés. De surcroît, a-t-il dit, les activités de groupes terroristes, tels les Chabab et Boko Haram, qui recrutent et enlèvent des enfants pour les utiliser dans leur guerre asymétrique, voire en faire des kamikazes, se poursuivent sans relâche. Cette situation, qui affecte tout particulièrement la Somalie et le Nigéria, constitue un défi supplémentaire pour les missions de maintien de la paix de l’ONU ainsi que les opérations de soutien à la paix sous pilotage africain, a-t-il observé.
En tant que pays contributeur de contingents aux opérations de paix de l’ONU et de l’Union africaine, l’Éthiopie accorde une grande importance à la formation adéquate de ses troupes, notamment en matière de respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. En tant que pays d’accueil pour les réfugiés, elle continue en outre de fournir une protection internationale aux enfants réfugiés, parmi lesquels figurent des mineurs non accompagnés. Le représentant a ajouté que la pénalisation du recrutement et de l’exploitation des enfants est un des fondements du système légal éthiopien. Il a ensuite encouragé la Représentante spéciale à renforcer la coopération entre son Bureau et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en vue de la pleine mise en œuvre des plans d’action signés par les parties à un conflit armé.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déploré les violations flagrantes qui subissent les enfants à travers le monde. Après avoir rappelé que son pays a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole facultatif sur les enfants en temps de conflits armés, le représentant a affirmé que la coalition internationale au Yémen s’est engagée à respecter les droits de l’enfant. C’est pourquoi elle a signé un protocole d’accord avec le Bureau de la Représentante spéciale en vue de protéger les enfants. Il a ensuite déploré les abus que subissent les enfants yéménites de la part des milices houthistes.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a expliqué que l’utilisation d’enfants soldats obéit à certains prérequis comme la pauvreté, la discrimination, les inégalités, l’exclusion, une culture politique de violence, des tensions religieuses ou encore identitaires et historiques. Il a estimé que mettre fin à ce fléau passe donc par l’identification des causes profondes et par la construction de sociétés dans lesquelles les droits des enfants et leur dignité sont respectés.
Le représentant a indiqué que 500 000 enfants rohingya sont réfugiés au Bangladesh depuis août 2017 en raison des violences extrêmes dans l’État rakhine. Et pendant cet exil, ils ont vécu des souffrances et des traumatismes immenses qui mettront des années avant de se dissiper, a-t-il déploré. Ces enfants ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux et s’ils ne peuvent rentrer chez eux en sécurité et dans la dignité, a-t-il alerté, alors il y aura un réel danger de voir une « génération perdue » d’enfants rohingya qui manqueront de capacités nécessaires pour leur avenir. M. Bin Momen a invité le Myanmar à établir des conditions propices à leur retour dans l’État rakhine, tout en exhortant la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, à donner les orientations nécessaires à la résolution de la crise.
M. WAEL AL KHALIL (République arabe syrienne) a dénoncé le rapport du Secrétaire général qui contiendrait, selon lui, des informations erronées. Il s’est notamment dit étonné que les activités des forces armées syriennes soient traitées à la même enseigne que celles des forces armées turques « qui sont pourtant une force d’agression. Il a aussi pointé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé qui, a-t-il regretté, n’a pas cru utile de répondre à la demande du Gouvernement syrien concernant la transmission des cas de violations répertoriés sur son territoire, afin qu’ils soient avérés par les autorités syriennes. Les lois syriennes permettent le respect et la protection des droits des enfants, a-t-il assuré.
Le représentant a ensuite affirmé que la Turquie est l’un des soutiens des groupes terroristes qui sont en activité aujourd’hui à Edleb. Il a aussi accusé ce pays d’avoir financé certains groupes terroristes tout en menant une agression en Syrie, comme en témoignent les 10 550 soldats turcs présents en Syrie. Face à ces faits, il a souligné que son pays a le droit de prendre les mesures qui s’imposent pour défendre son intégrité territoriale.