Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen pense que le pays est sur le point de mettre fin à la guerre
Je sais que je suis souvent accusé d’un trop plein d’optimisme mais je ne peux m’empêcher de penser que le Yémen est sur le point de mettre fin à la guerre, a déclaré, ce matin, au Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial pour le pays, M. Martin Griffiths. « Nous sommes à un moment crucial pour le destin de la guerre au Yémen et nous devons penser à la réalité et aux chances d’avancer vers la paix », a-t-il dit.
Tous ceux avec qui j’ai parlé, a-t-il confié, ont été clairs sur le fait que les progrès dans la mise en œuvre des trois volets de l’Accord de Stockholm de décembre 2018 sont cruciaux pour des négociations politiques visant à mettre fin au conflit. À l’épicentre de cet objectif, on trouve l’Accord sur Hodeïda, « porte d’entrée du processus politique ». L’Envoyé spécial a donc salué « la percée de taille » que constitue l’accord des parties sur les détails opérationnels de tous les redéploiements, tout en prévenant qu’il reste encore l’accord sur les forces de sécurité locales, une question qui exige « beaucoup de travail, de la souplesse et la conviction que toute solution sera temporaire parce qu’une solution permanente dépend d’un accord global que les parties doivent encore négocier plus tard ». Quant à la Déclaration d’entente sur Taëz, il a espéré, « comme premier signe » de progrès, l’ouverture d’au moins un point de passage humanitaire. Mais s’agissant du mécanisme de mise en œuvre de l’échange de prisonniers, il s’est dit déçu par l’imposition de la peine de mort à 30 de ces prisonniers à Sanaa, la semaine dernière.
Mais l’Envoyé spécial a expliqué le « trop plein d’optimisme » qu’on lui reproche souvent par le fait que ce n’est pas lui mais bien les « sages » hauts responsables de la région qui ont dit que la guerre cessera à la fin de cette année. J’ai pris ces propos comme « un ordre », a-t-il souligné. Dans ses consultations officieuses, a pressé le Royaume-Uni, le Conseil de sécurité doit réfléchir à des mesures concrètes, dont l’exercice de la pression nécessaire sur les houthistes. « En privé », il va falloir se pencher sur cette question, a-t-il insisté. Les houthistes, ont renchéri les États-Unis, doivent cesser « immédiatement » leurs agissements contre leurs propres compatriotes et les pays voisins, dont l’Arabie saoudite, et l’Iran doit cesser de leur fournir des armes et de la technologie militaire.
La France s’est en effet dite très inquiète du contexte régional « dégradé », notamment dans le golfe Persique, où les tensions sont « extrêmement préoccupantes ». Ces dernières risquent de peser négativement sur la situation au Yémen, notamment sur les bonnes dispositions des parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, a-t-elle prévenu. Il faut, a suggéré la Fédération de Russie, mettre en place un dispositif de sécurité et de confiance dans la région. Une telle formule permettrait de progresser dans la quête d’une solution politique au conflit. Il ne fait aucun doute, a ajouté l’Allemagne, qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au Yémen. Voilà pourquoi l’Allemagne soutient les efforts de M. Martin Griffiths pour aller de l’avant sur le volet du processus politique.
En attendant, les combats ont repris dans la province de Hodeïda et la violence meurtrière se poursuit ailleurs, a alerté le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock. Les appels au respect du droit international humanitaire, à l’établissement d’un accès humanitaire sans entrave et à l’allocation de fonds à la réponse humanitaire des Nations Unies, lancés par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2451 (2018) n’ont pas été entendus, a-t-il ajouté. Depuis le mois de juin, 120 000 autres personnes ont fui en raison de la violence, ce qui porte le nombre total de déplacés en 2019 à plus de 300 000, « en plus, bien sûr, des millions qui ont été forcés de prendre la fuite les années précédentes ».
De manière générale, aux mois d’avril et mai, les agences humanitaires ont signalé 375 incidents à travers le pays, y compris dans des zones contrôlées par le Gouvernement, mais principalement dans les zones aux mains des houthistes, a précisé M. Lowcock. Durant cette période, Ansar Allah a confisqué plus de 180 camions d’aide humanitaire, qui ont été retenus pendant 36 jours en moyenne. Quant aux zones contrôlées par le Gouvernement, les autorités continuent de dresser des obstacles administratifs contre les agences humanitaires qui tentent d’aller dans l’ouest du pays depuis le sud.
La réponse humanitaire au Yémen est, à l’heure actuelle, financée à hauteur de 34%, contre 60% l’an dernier à la même période. En conséquence, de nombreuses agences humanitaires ont déjà commencé à suspendre leur aide et prévoient de fermer 21 autres programmes dans les mois à venir. « En tant que père moi-même, vous pouvez imaginer à quel point cette décision a été difficile pour moi », s’est ému le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a décidé de suspendre graduellement ses programmes compte tenu des difficultés d’accès et du détournement de l’aide humanitaire. M. David Beasley s’est donc réjoui que ce matin même, on lui ait assuré qu’un accord est à portée de main. Il s’est dit optimiste quant à la chance de capitaliser sur cet élan pour régler les questions en suspens dans les jours qui viennent, « voire les heures ».
La crise humanitaire est le résultat et non la cause de la guerre, a souligné le Yémen, jugeant important que la communauté internationale épaule son gouvernement qui œuvre à la reconstruction, au rétablissement des services sociaux et à la normalisation, pendant que les milices houthistes s’emploient à affamer la population.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
Intervenant par visioconférence, M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué que depuis sa dernière apparition au Conseil de sécurité, il a eu le privilège de s’entretenir avec des ministres et des hauts responsables qui travaillent sur le Yémen. Chaque fois, a-t-il dit, j’ai été assuré d’un souhait unanime de voir des progrès vers une solution politique, et ce, rapidement. L’unanimité de la communauté internationale semble refléter celle du Conseil de sécurité, a-t-il relevé. L’Envoyé spécial s’est également dit « impressionné » par le consensus autour de la primauté d’une solution politique. Tous ceux avec qui j’ai parlé ont été clairs sur le fait que les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm sont cruciaux pour des négociations politiques visant à mettre fin au conflit. À l’épicentre de cet objectif, a-t-il dit, on trouve Hodeïda.
C’est clair et c’est soutenu par le consensus international: il faut mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda et engager les parties sur le règlement des questions connexes que nous connaissons tous. La semaine dernière, a poursuivi l’Envoyé spécial, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec le Président Abdrabuh Mansour Hadi Mansour et je reviens aussi d’une visite à Sanaa, où j’ai pu discuter des moyens d’avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et dans le processus politique.
Nous sommes, a prévenu l’Envoyé spécial, « à un moment crucial pour le destin de cette guerre » et nous devons penser à la réalité et aux chances d’avancer vers la paix. Il s’est expliqué en parlant d’abord du redéploiement de certaines forces de la coalition de certaines parties du Yémen pour « accorder la priorité à la paix », montrant ainsi que les promesses faites à Stockholm deviennent des promesses tenues.
L’Envoyé spécial a ensuite souligné que Hodeïda est la porte d’entrée du processus politique. Il a donc félicité les parties pour leur succès, à savoir le fait qu’elles se soient mis d’accord sur les détails opérationnels de tous les redéploiements envisagés par l’Accord de Stockholm. C’est une percée de taille, a salué l’Envoyé spécial, mais, a-t-il prévenu, il reste l’accord sur les forces de sécurité locales. Cette question, a-t-il dit, exige beaucoup de travail, de la souplesse et la conviction que toute solution sera temporaire parce qu’une solution permanente dépend d’un accord global que les parties doivent encore négocier plus tard. Les progrès sur Hodeïda permettront aux parties de travailler ensemble sur une surveillance tripartite, la collecte des revenus ou l’évaluation commune des violations possibles du cessez-le-feu. Mon espoir, a avoué l’Envoyé spécial, est que Hodeïda nous permettre finalement de nous concentrer sur le processus politique avant la fin de l’été. « Le Yémen n’a pas de temps à perdre. »
Passant à la situation à Taëz, il a constaté des progrès limités dans l’ouverture de la ville à la vie civile et à l’accès humanitaire. Comme premier signe, il a espéré l’ouverture d’au moins un point de passage humanitaire. Nous avons été déçus, a-t-il poursuivi, par l’imposition de la peine de mort à 30 prisonniers à Sanaa, la semaine dernière. Nous avons sursauté quand nous avons réalisé que ces personnes figurent sur la liste des prisonniers à libérer. Comme elles ont enclenché une procédure d’appel, j’ai appelé à une procédure équitable mais aussi, en cas d’échec, « à la clémence », a confié l’Envoyé spécial.
Il s’est inquiété du paysage politique et sécuritaire au Yémen, qui devient chaque fois plus fragmenté. Avec la poursuite de la guerre, nous voyons le risque de tensions accrues qui seront de plus en plus difficiles au fur et à mesure que la guerre perdurera. Il a également dénoncé les actes de provocation politiques et militaires. Si le cessez-le-feu tient globalement à Hodeïda, les opérations militaires se poursuivent sur plusieurs lignes de front et à la frontière avec l’Arabie saoudite. L’Envoyé spécial s’est particulièrement dit alarmé par les attaques répétées d’Ansar Allah contre les infrastructures civiles saoudiennes.
Le Yémen, a-t-il prévenu, est sur la ligne de front d’une tragédie potentielle, compte tenu des tensions régionales. Il n’est pas dans son intérêt de se laisser entraîner dans une guerre régionale. L’Envoyé spécial a exhorté les parties yéménites à s’abstenir de toute action qui conduirait le pays dans cette direction.
Je ne peux m’empêcher de penser, a-t-il conclu, que le Yémen est sur le point de mettre fin à la guerre. Je sais que je suis souvent accusé d’un trop plein d’optimisme. Toutefois, ce n’est pas moi mais bien les « sages » hauts responsables de la région qui viennent de dire que la guerre cessera à la fin de cette année. Je considère ces propos comme un ordre et j’espère qu’aujourd’hui, j’ai été capable de vous expliquer clairement comment on peut commencer à réaliser cette aspiration.
Dans sa résolution 2451 (2018) sur le Yémen, a rappelé M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, le Conseil de sécurité appelle au respect du droit international humanitaire, à l’établissement d’un accès humanitaire sans entrave et à l’allocation de fonds à la réponse humanitaire des Nations Unies. « Malheureusement, vos appels n’ont pas été entendus », a regretté M. Lowcock, ajoutant que la situation des Yéménites ne cesse d’empirer.
Parallèlement, les combats font rage, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, précisant que, depuis le mois de juin, 120 000 autres personnes ont fui en raison de la violence, ce qui porte le nombre total de déplacés en 2019 à plus de 300 000, « en plus, bien sûr, des millions qui ont été forcés de prendre la fuite les années précédentes ». Les combats ont repris dans la province de Hodeïda, en dépit du cessez-le-feu conclu dans le cadre de l’Accord de Stockholm. Mais la violence meurtrière se poursuit également ailleurs, a précisé M. Lowcock, mentionnant la poursuite des frappes aériennes à Taëz et les tirs d’artillerie aveugles à Dalea. « Il y a bien d’autres exemples dans les 30 lignes de front et plus, dans le pays », a déploré le Secrétaire général adjoint, avant d’appeler à un cessez-le-feu général. Les forces d’Ansar Allah ont également continué leurs attaques de drones et tirs de missiles en direction de l’Arabie saoudite, a poursuivi M. Lowcock, déplorant les morts civiles.
Par ailleurs, le Secrétaire général adjoint a indiqué que les zones contrôlées par les alliés d’Ansar Allah, dans le nord du Yémen, continuent de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire. De manière générale, aux mois d’avril et mai, les agences humanitaires ont signalé 375 incidents à travers le pays, y compris dans des zones contrôlées par le Gouvernement, mais principalement dans les zones aux mains des houthistes, a précisé M. Lowcock. Durant cette période, Ansar Allah a confisqué plus de 180 camions d’aide humanitaire, qui ont été retenus pendant 36 jours en moyenne, avant de les relâcher.
Les autorités d’Ansar Allah continuent également de retarder l’évaluation technique par l’ONU des pétroliers qui menacent de déverser plus de 1,1 million de barils de pétrole dans la mer Rouge, a déploré M. Lowcock.
Quant aux zones contrôlées par le Gouvernement, a-t-il souligné, les autorités continuent de dresser des obstacles administratifs contre les agences humanitaires qui tentent d’aller dans l’ouest du pays depuis le sud. Le Gouvernement prévoit en outre d’introduire de nouvelles règles pour l’importation de carburant, ce qui risque d’affecter l’approvisionnement en électricité des hôpitaux et des stations de traitement des eaux, s’est-il inquiété.
S’agissant de la réponse humanitaire au Yémen, le Secrétaire général adjoint a précisé qu’elle est, à l’heure actuelle, financée à hauteur de 34%, contre 60% l’an dernier à la même période. En conséquence, a-t-il déploré, de nombreuses agences humanitaires ont déjà commencé à suspendre leur aide s’agissant de la nourriture, de la santé et des campagnes de vaccination, au détriment de millions de personnes dans le besoin à Sanaa et ailleurs. Ces mêmes agences prévoient de fermer 21 autres programmes dans les mois à venir, y compris les abris destinés à 800 000 déplacés et l’aide à la santé reproductive qui profite à un million de femmes pauvres.
« Nous voyons déjà l’impact de ces coupes sur la lutte contre le choléra », a déploré M. Lowcock. Tous les gains enregistrés l’an dernier contre l’épidémie ont été annihilés. Jusqu’ici, cette année, 500 000 cas de choléra ont été signalés et 700 personnes ont succombé à la maladie, dont 200 enfants, a-t-il précisé. « Et le nombre de morts va sûrement augmenter », a conclu le Secrétaire général adjoint.
M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé avoir plaidé ici même, il y a un mois, pour un accès indépendant et sans entrave du PAM au Yémen, en « suppliant » Ansar Allah de laisser le Programme faire son travail et sauver des vies. À la fin du mois de juin, compte tenu des difficultés d’accès et du détournement de l’aide humanitaire, le PAM a pris la décision « difficile » de suspendre graduellement son assistance au Yémen. Cette suspension a commencé à Sanaa et a concerné 850 000 femmes, hommes et enfants. « En tant que père moi-même, vous pouvez imaginer à quel point cette décision a été difficile pour moi », a déclaré M. Beasley, qui a présenté ses excuses aux habitants de Sanaa et du Yémen qui ont dû subir cette épreuve.
Mais, malgré la suspension de l’aide alimentaire, le PAM a réussi à aider un plus grand nombre de personnes, passant de 10,6 millions à 11,3 millions. Le Programme poursuit sur cette voie et élargit aussi son programme de nutrition à Sanaa pour les enfants les plus vulnérables, les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Soyons clairs, a dit M. Beasley, la responsabilité de faire cesser la faim et la malnutrition incombe au premier chef aux belligérants. Il a rappelé que le PAM n’est au Yémen qu’au nom de l’humanité, et pour le peuple yéménite. Nul ne serait plus heureux que le PAM le jour où il n’aura plus de raison d’être sur place parce que la faim aura été vaincue.
Mais d’ici là, laissons la politique de côté lorsqu’il est question de l’humanitaire et respectons nos obligations en vertu du droit international humanitaire, a demandé M. Beasley, un droit qui protège une action humanitaire neutre, indépendante et impartiale.
Malgré les difficultés dépeintes le mois dernier, le PAM a continué à opérer sur le terrain de bonne foi et a gardé ses lignes de communication ouvertes. Il a eu des douzaines de réunions et échanges avec les autorités d’Ansar Allah, écouté et pris note des préoccupations. Le PAM a plus d’une fois explicité sa position et recherché un terrain d’entente et des solutions. Alors qu’un accord n’est pas encore signé, M. Beasley est néanmoins d’avis que des progrès significatifs ont été faits et a remercié M. Abdul Malik Al Houthi pour son leadership, ainsi que les autres personnes qui travaillent sans relâche pour trouver une solution.
Ce matin tôt, a-t-il annoncé, l’on m’a assuré qu’un accord est à portée de main. M. Beasley, qui a lu le message qu’il a reçu, s’est dit optimiste quant à la chance de capitaliser sur cet élan pour régler les questions en suspens dans les jours qui viennent, voire les heures.
C’est ce que les Yéménites méritent et attendent de nous, a-t-il estimé, en ajoutant que cet accord facilitera à la fois la distribution de l’aide alimentaire et les programmes de distribution d’argent liquide qui, à leur tour, stimuleront l’économie locale et contribueront à stabiliser le riyal, avec un effet multiplicateur pour tous les Yéménites et pas seulement les 11 millions de personnes auxquelles le PAM vient en aide.
Mais soyons clairs, si nous ne parvenons pas à cet accord, ou s’il n’est pas mis en application, nous risquons de nous retrouver dans la même situation que celle d’aujourd’hui, et probablement pire, a averti le Directeur exécutif du PAM.
Pour lui, ce n’est pas tant la suspension de l’aide humanitaire qui devrait faire la une, mais bien la catastrophe humanitaire au Yémen, où près de 30 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, dont 10 millions ne savent pas où trouver leur prochain repas. Tous les jours, les Yéménites font des choix impossibles pour tout simplement survivre, a-t-il rappelé aux membres du Conseil.
Sur une note plus positive, il a indiqué que le PAM a triplé l’aide alimentaire dans les districts les plus durement touchés et que dans 29 des 45 districts recensés, une situation catastrophique a pu être évitée.
En conclusion, M. Beasley a remercié les bailleurs de fonds de leur soutien mais a appelé à davantage d’appui, en avançant le chiffre de 1,2 milliard de dollars pour les mois à venir alors qu’à ce jour, son appel humanitaire n’est financé qu’à hauteur de 43%.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a réitéré le fait que M. Griffiths bénéficie de tout le soutien du Conseil de sécurité pour faire avancer le processus de paix au Yémen. Nous sommes face à un dilemme dans un pays où la guerre pourrait se terminer cette année, a fait remarquer la représentante. Elle a proposé que dans ses consultations officieuses, le Conseil de sécurité se penche sur les mesures concrètes qui pourraient être prises pour y parvenir, dont l’exercice de la pression nécessaire sur les houthistes. « En privé », il va falloir se pencher sur cette question, a-t-elle dit.
La représentante a condamné les attaques constantes des houthistes contre les aéroports et infrastructures en Arabie saoudite, des actes, selon elle, qui sapent la confiance et pourraient mettre en péril le processus politique. Le Royaume-Uni prend note du retrait des Émirats arabes unis de Hodeïda pour faciliter la désescalade. S’agissant de l’aide humanitaire du PAM, elle a souhaité bonne chance au Directeur exécutif pour l’accord qu’il espère. Elle a pris note du risque d’une résurgence du choléra, appelant à tout mettre en œuvre pour l’éviter. Elle s’est dite « choquée » par la lenteur des décaissements pour l’appel humanitaire. En concluant, elle n’a pas manqué de dénoncer les peines de mort prononcées contre 30 personnes par les houthistes. « Nous implorons les houthistes de révoquer ces peines. »
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pointé les sept mois d’impasse depuis l’Accord de Stockholm, en dépit des résolutions du Conseil. Il a appelé à la désescalade et catégoriquement condamné toutes les attaques contre les infrastructures civiles et les attaques répétées des houthistes contre le territoire saoudien, une violation du droit international. Le représentant du PAM risque de se retirer du Yémen compte tenu du détournement de l’aide et des difficultés d’accès humanitaire. Il a réitéré son appel à toutes les parties pour qu’elles coopèrent avec les agences humanitaires et de secours et à « tout faire pour mettre fin à cette crise ». Il a aussi exigé des autres pays qu’ils cessent de s’ingérer dans les affaires intérieures du Yémen.
M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a constaté que le processus politique mené par les Nations Unies se heurte à des obstacles au Yémen mais aussi aux forces extérieures. Le Conseil, a-t-il dit, a vu l’escalade régionale de l’Iran. Nous sommes aussi alarmés par le pic dans les attaques des houthistes, en particulier contre les aéroports civils saoudiens. Le représentant a donc appelé les houthistes à cesser « immédiatement » leurs agissements contre leurs propres compatriotes et les pays voisins. L’Iran, a-t-il martelé, doit cesser de fournir des armes et de la technologie militaire aux houthistes. Depuis le mois de décembre, a-t-il rappelé, le Conseil ne cesse d’appeler le Gouvernement du Yémen et les houthistes à prouver leur engagement en faveur d’un règlement politique, en prenant des mesures de bonne foi pour désamorcer les tensions et en procédant au redéploiement des forces, conformément à ce qui a été agréé en Suède. Le représentant s’est dit encouragé par les derniers progrès du Comité de coordination du redéploiement.
Mais le plus dur reste à faire, a-t-il prévenu, en citant les redéploiements effectifs, la conclusion d’un accord sur la question « controversée » des forces de sécurité locales et la préservation du cessez-le-feu. Le représentant s’est, à son tour, dit déçu par le fait que les houthistes aient condamné à mort 30 activistes à Sanaa et leur a rappelé leur engagement à procéder à l’échange des prisonniers et des détenus, en vertu de l’Accord de Stockholm. Des progrès concrets dans l’échange des prisonniers montreront le sérieux avec lequel les parties rétablissent la confiance mutuelle pour parvenir à un accord sur la fin du conflit. Le représentant a conclu sur la situation humanitaire « attristante ». Il a souligné que son pays reste le plus grand donateur de l’aide humanitaire au Yémen et a appelé les autres à augmenter leurs contributions. Ceux qui cherchent à voler et à détourner l’aide humanitaire sont en violation avec les principes reconnus du droit international humanitaire, a-t-il prévenu.
Après des semaines de blocage, les parties ont réussi à se réunir de nouveau au sein du Comité de coordination du redéploiement, en début de semaine, et à s’entendre sur les principes généraux pour concrétiser sur le terrain les phases 1 et 2 de l’Accord sur Hodeïda, a salué M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France). « Mais ce n’est qu’une première étape », a-t-il nuancé, soulignant que les parties doivent désormais mettre en œuvre rapidement et concrètement les points agréés, et demeurer engagées de bonne foi au sein du Comité de coordination du redéploiement et avec l’Envoyé spécial.
Parallèlement, le représentant a estimé que l’opérationnalisation croissante de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), dont le Conseil vient tout juste de proroger le mandat pour une durée de six mois, devrait permettre aux parties de renouer des liens de confiance. M. de Rivière a appelé ces dernières à assurer la libre circulation et la sécurité du personnel et des biens de la MINUAAH sur le terrain.
Par ailleurs, il s’est inquiété du contexte régional « dégradé », notamment dans le golfe Persique, où les tensions sont « extrêmement préoccupantes ». Ces dernières risquent de peser négativement sur la situation au Yémen, notamment sur les bonnes dispositions des parties à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm. Dans cette perspective, le représentant a condamné les attaques meurtrières revendiquées par les houthistes contre l’Arabie saoudite et a appelé les parties à s’abstenir de toute escalade susceptible de déstabiliser davantage la région.
M. de Rivière s’est par ailleurs dit très préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire. Il a appelé à protéger les civils et les agents humanitaires. L’accès commercial et humanitaire a été entravé par la fermeture de la route entre Aden et Sanaa, mais aussi par les obstructions, notamment de la part des houtistes, a-t-il dénoncé, appelant les parties à tout faire pour faciliter la mise en œuvre du Plan de réponse humanitaire.
En conclusion, le représentant a appelé à ne pas perdre de vue l’objectif collectif au Yémen, à savoir trouver une solution politique pour sortir du conflit actuel.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a énergiquement condamné tous les actes de violence commis par les deux parties et lancé un appel à la fin des hostilités et des provocations qui menacent les acquis, notamment le cessez-le-feu. Le représentant s’est félicité de l’accord sur le nouveau mécanisme de contrôle du cessez-le-feu et de l’escalade militaire ainsi que de la décision de constituer des comités chargés de la supervision du cessez-le-feu avec la participation de toutes les parties et de l’ONU. Il a déploré que, depuis le début de l’année, de nouveaux cas de choléra aient été dépistés et qu’un demi-million de personnes soient affectées par la maladie. En conséquence, a-t-il dit, il faut organiser une réponse déterminée et coordonnée entre les acteurs impliqués. Il a tout autant regretté la suspension graduelle de l’assistance humanitaire et insisté sur le respect des principes d’humanisme, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Nous ne saurions laisser la faim se transformer en une arme de guerre, a-t-il alerté. Il a aussi demandé un déminage d’urgence surtout des zones peuplées et des terres agricoles. Le Conseil de sécurité reste uni dans sa quête d’une solution politique au Yémen, a-t-il dit en conclusion, en appelant au respect de l’esprit de Stockholm.
M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a appelé les parties qui, en signant l’Accord de Stockholm, ont manifesté leur volonté de le mettre en œuvre, de n’épargner aucun effort pour parvenir au cessez-le-feu et au redéploiement des forces, faciliter l’accès humanitaire et procéder à l’échanger des prisonniers. Le représentant a insisté sur la désescalade et sur un engagement ferme en faveur du cessez-le-feu pour faciliter le dialogue et des négociations inclusives. Il s’est dit préoccupé par la suspension partielle de l’assistance du PAM et a voulu que cette question soit résolue au plus vite.
M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a regretté que le processus de paix au Yémen peine à enregistrer les avancées escomptées dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de Stockholm. Le représentant a exhorté les acteurs yéménites à saisir l’opportunité du renouvellement du mandat de la MINUAAH pour s’engager résolument dans la voie du dialogue. Il est en outre indispensable que toutes parties se conforment scrupuleusement au respect du cessez-le-feu et à la poursuite du redéploiement des forces militaires, notamment le retrait des houthistes des ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa. Il est par ailleurs urgent, a ajouté M. Ipo, de mettre en œuvre l’échange de 15 000 prisonniers et la Déclaration d’entente sur la ville de Taëz pour l’ouverture de couloirs humanitaires. Il a aussi appelé les acteurs régionaux à soutenir les efforts de médiation en cours et l’engagement des parties yéménites pour aboutir à des résultats concrets. M. Ipo a t demandé à ces parties de s’abstenir de toute instrumentalisation et manipulation de l’aide humanitaire, de respecter l’obligation de protection des civils et de mettre un terme au recrutement d’enfants soldats.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a appuyé les efforts de médiation entrepris par l’Envoyé spécial et le général Lollesgaard pour progresser dans l’application de l’Accord de Stockholm et renforcer les mesures de confiance. D’autres aspects comme la libération et l’échange des prisonniers suivront. Cependant, le gros du travail reste à faire et la situation ne peut changer du jour au lendemain, a-t-il déclaré, en appelant l’attention sur le fait que des millions de Yéménites « ont faim » et sur les ravages de l’épidémie du choléra. Le représentant a souhaité un cessez-le feu complet et un acheminement sans entrave de l’aide humanitaire. Il a insisté sur la mise en place d’un dispositif de sécurité et de confiance dans la région pour garantir le maintien de la paix. Une telle formule permettrait de progresser dans la quête d’une solution politique au conflit.
M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a salué la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement. Les parties doivent prendre les mesures qu’il faut pour une mise en œuvre intégrale de l’Accord de Stockholm, a-t-il dit. L’Accord sur Hodeïda, a-t-il prévenu, ne résoudra pas à lui seul le conflit et ne viendra pas à bout de la violence. Le représentant a demandé aux parties à s’abstenir de toute mesure qui pourrait saper le processus de paix mené par les Nations Unies. Il a dénoncé les attaques de drones et de missiles contre l’Arabie saoudite revendiquées par les houthistes, craignant un conflit régional. Des millions de vies yéménites sont aujourd’hui, a-t-il rappelé, totalement tributaires de l’aide humanitaire et alimentaire. Faciliter l’accès de cette aide n’est pas un choix mais une obligation qui incombe aux parties belligérantes. Toutes les restrictions bureaucratiques imposées à la circulation des convois humanitaires sont inacceptables. Avant de conclure, il a exhorté les houthistes à révoquer les peines de mort qu’ils ont prononcées contre 30 prisonniers et s’est félicité de la reconduction du mandat de la MINUAH.
M. ANTONIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué la réduction de la violence dans la province De Hodeïda au cours des six mois après la signature de l’Accord de Stockholm, ainsi que la réduction de 68% du nombre de victimes civiles dans les cinq mois qui ont suivi le cessez-le-feu. Il a également noté l’esprit de collaboration « constructif » qui a prévalu entre les parties au cours des derniers mois au sein du Comité de coordination du redéploiement, notamment dans la planification des phases 1 et 2 du redéploiement des forces. Le représentant a voulu que cette coopération permette aux parties d’enclencher prochainement le mécanisme tripartite.
Par ailleurs, le représentant a appelé les parties à travailler de concert sur les deux autres volets de l’Accord de Stockholm, que sont les dispositions relatives à l’accord d’échange de prisonniers et à la mise en œuvre de la Déclaration d’entente sur Taëz. Il s’est en outre dit très préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire et par la décision du PAM de suspendre ses livraisons de nourriture dans la capitale. Il a appelé les parties à lever les entraves à l’aide humanitaire et à mettre fin aux incidents qui ont conduit le PAM à prendre cette décision. Le représentant s’est également inquiété de la propagation de l’épidémie de choléra, qui a déjà tué des milliers de personnes à travers le pays. Il a appelé les parties à tout faire pour faciliter l’accès des malades à des soins.
M. YAO SHAOJUN (Chine) a déclaré que l’Accord de Stockholm représente un pas en avant vers une solution au conflit. Il a encouragé les parties à poursuivre le dialogue et leurs consultations sous la houlette de l’ONU. Le Conseil, a-t-il dit, doit rester uni et accompagner le processus. Depuis le déploiement de la MINUAAH, a-t-il poursuivi, la violence a diminué à Hodeïda. Il a encouragé le dialogue pour mettre fin à cette guerre qui affecte aussi la région. S’inquiétant des obstacles à l’accès humanitaire, le représentant a souligné que son pays contribue dûment à l’aide avec nourriture et médicaments.
M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a accueilli positivement l’adoption à l’unanimité du renouvellement de la mission MINUAAH et a appelé tous les acteurs à faciliter sa mise en œuvre totale dans des délais raisonnables. Il a pris note de la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement à Hodeïda, notamment les accords sur la désescalade et le « CONOPS » des phases 1 et 2 du redéploiement. Il a appelé toutes les parties à mettre entièrement en œuvre l’accord sur le retrait, à respecter le cessez-le-feu intégralement et à résoudre les points de désaccord en suspens, y compris la question des forces de sécurité locales.
Il leur a aussi demandé d’appliquer l’Accord de Stockholm intégralement, y compris l’accord sur les échanges de prisonniers et l’accord de Taëz; et à poursuivre la préparation des prochaines étapes du processus de paix. L’Accord sur Hodeïda revêt une importance particulière pour la situation humanitaire mais le cœur du conflit nécessite une solution politique durable et inclusive. C’est pourquoi la Belgique réitère son plein soutien aux efforts de l’Envoyé spécial, Martin Griffiths.
Appelant les parties à la cessation des hostilités « qui sapent la confiance et ont un impact sur l’aide humanitaire », le représentant s’est dit très préoccupé par le nombre élevé d’enfants victimes du conflit. Il a condamné les attaques de drones et de missiles sur des cibles civiles en Arabie saoudite revendiquées par les houthistes. Ces attaques sont inacceptables, a tranché le représentant.
Face à la situation humanitaire catastrophique sur le terrain, il a condamné le détournement de l’aide humanitaire et a exigé de la part de toutes les parties qu’elles assurent un accès sans entrave à cette aide. M. Pecsteen de Buytswerve a précisé que la Belgique a payé sa contribution au Fonds humanitaire pour le Yémen et a appelé les autres contributeurs à en faire de même.
Sur le volet des droits de l’homme, il s’est dit alarmé par le fait que les houthistes aient prononcé la peine de mort contre 30 personnes à Sanaa, notant que ces personnes figurent sur la liste pour l’échange de prisonniers.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a salué à son tour les nouvelles mesures de renforcement du cessez-le-feu et les concepts opérationnels durant les deux phases de redéploiement. Si l’accord est ainsi appliqué, il aiderait à une désescalade de la tension dans la région et poserait un nouveau jalon dans la mise œuvre de l’Accord sur Hodeïda, a-t-il auguré. Il s’est en revanche vivement inquiété du manque de coopération des houthistes avec le PAM, ce qui a conduit à une suspension partielle de l’acheminement de l’aide humanitaire dans certaines zones sous le contrôle des autorités à Sanaa. Il a appuyé la décision du PAM car c’est la seule façon d’éviter le détournement de la nourriture. Il a dès lors exhorté les houthistes à la coopération avec le PAM, et réitéré son soutien à toutes les agences humanitaires de l’ONU, insistant sur le fait que l’aide humanitaire ne doit en aucun cas « être politisée ». Il a également relevé les inquiétudes « légitimes » du Coordonnateur des secours d’urgence quant au financement et jugé urgent que l’engagement pris à l’occasion de la Conférence d’annonces des contributions à Genève se concrétise dans les meilleurs délais, faute de quoi: « nous assisterons à une catastrophe humanitaire ».
Il a salué par ailleurs le renouvellement pour six mois du mandat de la MINUAAH, estimant qu’un déploiement complet de cette mission est critique non seulement en termes de surveillance de l’Accord mais d’assistance humanitaire. Il a rappelé l’urgence qu’il y a à parvenir à une solution car la crise au Yémen restera dans l’histoire comme l’une des plus grandes crises de l’histoire de l’humanité.
M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit préoccupé par la poursuite des attaques qui visent l’Arabie saoudite à partir du Yémen. Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au Yémen. Voilà pourquoi l’Allemagne soutient les efforts de M. Martin Griffiths pour aller de l’avant sur le volet du processus politique. Il a dit avoir retenu des propos de l’Envoyé spécial que « les conditions aujourd’hui sont réunies et où il est possible d’avancer ». Sur le plan des droits de l’homme, il a demandé à la partie houthiste de révoquer les 30 peines de mort qu’elle a prononcées. Il s’est indigné des difficultés énormes auxquelles se heurtent les acteurs humanitaires et a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire. À cet égard, le représentant a espéré que l’accord entre le PAM et les autorités sera rapidement conclu et en a profité pour demander aux bailleurs de fonds de décaisser les fonds promis au titre de l’aide humanitaire.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les récents accords préliminaires au niveau technique, au Yémen, au sein du Comité de coordination du redéploiement, mais souligné le caractère extrêmement fragile de la situation actuelle et le manque de confiance entre les parties dont les positions restent rigides. Il a appelé les leaders des deux camps à donner des preuves concrètes de leur engagement authentique et de leur volonté politique, en les traduisant par des progrès tangibles dans des domaines cruciaux comme la composition des forces de sécurité locales à Hodeïda. Il a souligné la responsabilité particulière qui incombe aux pays capables d’influer sur les parties belligérantes, dans le but d’éviter une nouvelle escalade et de garantir le respect des obligations en matière de droit international humanitaire et de droits de l’homme.
Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire, en saluant le travail accompli par l’ONU pour alléger les souffrances humaines mais en se désolant que les capacités soient dépassées. Il a également regretté les restrictions aux importations pour les produits essentiels comme les aliments, les médicaments et les combustibles. Enfin, a plaidé M. Meza-Cuadra, il faut que les ports, les aéroports et les voies terrestres restent ouverts pour que l’aide humanitaire et la population puissent passer, et que les participants à la conférence des donateurs de février dernier tiennent leurs promesses.
M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a déclaré que son gouvernement a fait preuve d’ouverture et d’esprit de compromis pour recouvrer la paix et alléger les souffrances des Yéménites. Le Gouvernement s’efforce aussi de mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et la résolution 2216 du Conseil de sécurité. Mon gouvernement, a-t-il précisé, s’est engagé à libérer les détenus et à lever le siège de Taëz. Nous rejetons, a-t-il prévenu, « les manipulations » de la partie opposée. Chaque étape de redéploiement doit être achevée avant d’entamer la suivante, a-t-il insisté, en rejetant les mesures unilatérales ou les « pseudo-retraits », qui ne respectent pas les opérations agréées. Il a aussi fustigé le blocus des ponts humanitaires et des ports. Il est difficile d’établir des mesures de confiance quand l’ONU n’exerce pas la pression nécessaire sur l’autre partie pour qu’elle ouvre le point de passage de Hodeïda, a prévenu le représentant. Après l’Accord de Stockholm, a-t-il accusé, les milices ont creusé des tranchées et ouvert de nouveaux fronts, comme en attestent les attaques de drones et de missiles contre l’Arabie saoudite. Ces milices, a-t-il soupçonné, veulent prolonger la guerre, freiner les efforts de paix et continuer à faire souffrir la population. Nous savons, a-t-il dit, que des preuves montrent aussi à l’évidence d’où viennent les armes utilisées, a-t-il ajouté en exhortant le Conseil à agir résolument contre le régime iranien.
La crise humanitaire est le résultat et non la cause de la guerre, donc il importe que la communauté internationale épaule le Gouvernement yéménite qui œuvre à la reconstruction, au rétablissement des services sociaux et à la normalisation. Nous avons rétabli la devise nationale et renforcé les institutions financières et bancaires, ce qui a sans doute contribué à l’amélioration de l’action humanitaire. Il est donc regrettable que 850 000 personnes parmi les plus vulnérables soient affectées par la réduction ou la suspension de l’aide.
Les milices houthistes, a accusé le représentant, continuent d’affamer la population. Ce sont elles qui ont érigé des barrages douaniers aux points de passage et pillé 310 camions transportant des médicaments contre le paludisme ou le choléra. Ces milices détiennent les fonctionnaires des organisations internationales pour qu’ils n’aillent pas dans les zones qui requièrent leur assistance. Au contraire, ils détournent l’aide pour la vendre au marché noir et ou la monopoliser. La communauté internationale doit faire pression sur ces milices pour permettre au PAM et aux autres agences de faire leur travail.
Ces milices n’ont pas non plus hésité à imposer des peines de mort « iniques » à des détenus qu’elles ont torturés mentalement et physiquement pendant des années. Le Conseil doit condamner les sentences prononcées par un tribunal qui n’a aucune légitimité. Les milices imposent aussi des redevances à des établissements scolaires, qui n’ont eu d’autre choix que de mettre la clef sous la porte. Cette violation flagrante de la Convention relative aux droits de l’enfant participe d’un plan délibéré et méthodique d’affaiblir la prochaine génération, a affirmé le représentant.