Conseil de sécurité: le Coordonnateur des secours d’urgence voit « de sérieuses raisons de s’inquiéter » de la situation humanitaire en Syrie
Il y a de « sérieuses raisons de s’inquiéter » de la situation humanitaire en Syrie, a, une fois de plus, alerté le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, cet après-midi, au Conseil de sécurité. Le Conseil a ensuite entendu le Chef du Centre de réconciliation russe en Syrie, le général Alexey Bakin, affirmer que « les mesures pour améliorer la situation commencent à porter leurs fruits ». Son exposé a été accueilli avec beaucoup de réserves par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. À son tour, une présentation du Directeur exécutif de la Syrian American Medical Society, M. David Lillie, a été vilipendée par la Syrie.
M. Lowcock s’est attardé longuement sur le bilan des bombardements aériens du Gouvernement syrien et des groupes armés. À Roukban, 27 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire; dans le camp de Hol, les agences humanitaires sont venues en aide à près de 73 000 personnes. Ailleurs dans toute la Syrie, l’accès aux personnes dans le besoin est limité. À Edleb, durant le week-end du 21 au 23 juin, au moins 32 civils auraient été tués et d’autres blessés. Le 20 juin, c’est une ambulance transportant une femme blessée qui a été touchée; celle-ci et trois personnels médicaux ont été tués et deux autres personnels paramédicaux blessés.
L’Allemagne, parlant au nom des deux autres pays porte-plume sur la question, le Koweït et la Belgique, a rappelé les récentes résolutions du Conseil de sécurité sur la situation à Edleb ainsi que les mises en garde répétées du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur la « détérioration » de la situation dans cette région. Le représentant allemand a attiré l’attention du Conseil sur le sort particulièrement difficile des 350 000 personnes déplacées en Syrie. Il a également fait part de sa préoccupation face aux attaques répétées contre des infrastructures civiles, y compris des écoles et des centres médicaux. Des hôpitaux dont les coordonnées avaient été transmises aux parties dans le cadre du mécanisme de désescalade du conflit, pour les aider à prendre des mesures de précaution, ont ainsi été visés.
« Ces attaques doivent cesser », a grondé le Coordonnateur des secours d’urgence, qui a tenu à rappeler aux parties leur obligation de respecter le droit international humanitaire et le mécanisme de désescalade. Cela signifie, a-t-il insisté, « ne pas mener d’attaques contre les travailleurs humanitaires et éviter tout dommage accidentel ».
M. Lowcock a appelé les États Membres à prendre les mesures nécessaires pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants en Syrie conformément au droit international, ainsi qu’à faciliter le retour sûr et volontaire et la relocalisation des personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie. Il s’est également dit préoccupé par la situation dans le sud du pays, où la tension entre les forces gouvernementales et les groupes locaux a augmenté depuis mai, « risquant la reprise du conflit ».
Le général Alexey Bakin, Chef du Centre russe de réconciliation en Syrie, a essuyé les critiques de plusieurs délégations. « Ce centre n’est pas un acteur humanitaire mais une émanation du Ministère russe de la défense de la Fédération de Russie. Il doit être pris comme tel », a asséné la France. Les États-Unis ont dénoncé le Gouvernement syrien qui « prend en otage le système humanitaire tout en disant que la situation humanitaire est stabilisée ». Leur représentant a demandé au régime syrien de permettre l’arrivée d’un troisième convoi à Roukban, et à la Fédération de Russie de faire pression sur le Gouvernement syrien pour garantir un tel accès. Pour sa part, l’Allemagne a demandé à M. Bakin de respecter le caractère humanitaire du point à l’ordre du jour. Venue à la rescousse du général, la Fédération de Russie a répliqué que sur le terrain humanitaire, « personne ne fait plus pour la réconciliation des parties que le Centre, lequel pourra éclairer le Conseil sur de nombreux sujets ». Quant au Royaume-Uni, il a posé une série de questions restées « sans réponses » pour comprendre les raisons des attaques contre les hôpitaux en Syrie.
Le général Bakin a indiqué qu’il s’employait à améliorer la situation des Syriens, en coopération avec les autorités de Damas. Ces mesures commencent à porter leurs fruits, comme en témoigne le retour de 220 000 réfugiés syriens dans leur foyer depuis le début de 2019. Chaque jour, près de 2 000 personnes quittent la Jordanie et le Liban pour rentrer chez elles, a précisé le général. Les efforts conjoints de la Fédération de Russie et de la Turquie dans le cadre du mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb perdurent, a-t-il assuré avant d’affirmer qu’à l’initiative de la partie russe, de nouveaux cessez-le-feu ont été déclarés en mai et juin dans la zone de désescalade d’Edleb.
M. Lillie a indiqué que la Syrian American Medical Society mène des opérations de secours médical dans les provinces de Edleb, Hama et Alep, dans 35 centres médicaux, allant de gros hôpitaux à des cliniques mobiles, en employant 2 000 personnes. Son organisation a effectué, depuis le début du conflit, 14 millions d’actes médicaux sur des personnes d’affiliations religieuses et politiques différentes, aidant ainsi tous les Syriens, a-t-il insisté. Cette ONG est « inféodée au système de renseignement américain », s’est insurgé le représentant syrien. Elle est rattachée à l’Agence pour l’aide au développement international du Gouvernement américain (USAID), « donc M. Lillie est un employé de l’USAID, et du Gouvernement des États-Unis ».
Face à la Syrie qui accuse l’OCHA de faire l’impasse sur ce qui se produit dans certaines zones du pays, y compris les « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis par la coalition internationale, M. Lowcock a persisté en disant que la réponse humanitaire continue de faire face à des obstacles en Syrie. Il a demandé un accès sûr, durable et sans entrave à toutes les localités dans le besoin en Syrie.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014), 2258 (2015), 2332 (2016), 2393 (2017), 2401 (2018) et 2449 (2018) du Conseil de sécurité (S/2019/508)
Déclarations
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé l’information publiée par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, hier, faisant état de centaines de civils blessés et de la destruction d’infrastructures civiles, dont des hôpitaux et des écoles, du fait principalement des bombardements aériens du Gouvernement syrien et, dans une moindre mesure, des groupes armés. « Nous avons demandé à plusieurs reprises que cela cesse », a assuré M. Lowcock, mais cela n’a pas cessé, ni même ralenti.
Durant le week-end du 21 au 23 juin, au moins 32 civils, dont des femmes et des enfants, auraient été tués et d’autres blessés par des bombardements aériens et des tirs d’artillerie dans le sud d’Edleb. Au cours de la même période, sept personnes, dont un enfant, auraient été tuées et d’autres blessées dans le nord de Hama. Des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, a continué M. Lowcock. Dans le sud d’Edleb, à Maarret el-Nouman, les travailleurs humanitaires dans le domaine sanitaire sont très préoccupés par la situation de l’hôpital national de Maarret qui a déjà été frappé ces dernières années. Cet établissement fonctionne aujourd’hui dans des conditions d’urgence alors qu’il s’agit de l’unique hôpital de référence dans le sud d’Edleb. Il y a des sérieuses raisons de s’inquiéter. Le 20 juin, une ambulance transportant une femme blessée a été touchée, tuant celle-ci et trois personnels médicaux; deux personnels paramédicaux ont été blessés.
Il faut arrêter ces attaques contre le personnel, les installations et les transports médicaux, a exhorté le haut fonctionnaire. Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire. Cela signifie ne pas mener d’attaques contre eux ou éviter tout dommage accidentel. Ce système de désescalade du conflit doit permettre d’aider les parties à remplir leurs obligations; il leur fournit les coordonnées des installations médicales et d’autres sites humanitaires pour les aider à prendre des mesures de précaution pour les épargner. À la demande des partenaires humanitaires à Edleb, nous continuerons ce système dans cette localité pour ceux qui veulent nous communiquer leurs coordonnées. « Mais je tiens à préciser que cela ne signifie pas que nous estimons que le système de désescalade du conflit à Edleb protège dans la pratique les installations médicales », a prévenu M. Lowcock.
La principale question est de savoir comment ceux qui reçoivent l’information sur la localisation des installations médicales utilisent cette information, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. Au-delà du nord-ouest, la situation humanitaire dans d’autres parties de la Syrie est aussi surveillée. À Roukban, 27 000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire. Dans le camp de Hol, dans le nord-est de la Syrie, les agences humanitaires sont venues en aide à près de 73 000 personnes. Les besoins en eau, soins et hygiène sont énormes. Dans le même temps, nous sommes préoccupés par la restriction d’accès à quelque 11 000 étrangers qui y vivent. M. Lowcock a appelé les États Membres à prendre les mesures nécessaires pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants conformément au droit international. Il a aussi appelé les parties sur le terrain à faciliter le retour volontaire et la relocalisation des personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie. Il s’est également dit préoccupé par la situation dans le sud du pays où la tension entre les forces gouvernementales et les groupes locaux a augmenté depuis mai, risquant une reprise du conflit.
La réponse humanitaire continue de faire face à des obstacles en Syrie, a déploré M. Lowcock. L’accès humanitaire est limité à Raqqa et à l’est de l’Euphrate à Deïr el-Zor. Des régions du sud et dans l’est de la Ghouta n’étaient pas accessibles de manière durable à cause de restrictions administratives. M. Lowcock a demandé un accès sûr, durable et sans entrave à toutes les localités dans le besoin en Syrie.
M. ALEXEY BAKIN, général de division et Chef du Centre de réconciliation russe, s’exprimant par visioconférence depuis la Syrie, a indiqué que son centre s’employait activement à améliorer la situation des citoyens syriens, en coopération avec les autorités de Damas. Ces mesures commencent d’ailleurs à porter leurs fruits, a-t-il affirmé, comme en témoigne le retour de 220 000 réfugiés syriens dans leurs foyers depuis le début de 2019. Chaque jour, près de 2 000 personnes quittent ainsi la Jordanie et le Liban pour rentrer chez elles, a précisé le général.
Dans la zone d’Edleb, les combattants terroristes s’opposent cependant aux efforts conjoints de la Turquie et de la Fédération de Russie pour stabiliser la situation, a déploré M. Bakin. Outre les terroristes, qui n’ont de cesse de violer le cessez-le-feu dans la zone, les « groupes armés illégaux » ont également renforcé leur position près d’Alep et de Hama. En avril dernier, le général a ainsi recensé 169 violations du régime de cessez-le-feu de la part de groupes armés illégaux, violations qui ont coûté la vie à une quarantaine de soldats syriens. Les « groupes radicaux » s’en prennent également aux populations chrétiennes dans la province de Hama, a dénoncé M. Bakin, précisant que les terroristes utilisaient des drones, des chars ou encore des attaques à la voiture piégée pour commettre leurs exactions. Le général a également pointé du doigt les tirs de roquettes de jihadistes contre la base aérienne russe dans la zone.
Malgré tout, les efforts conjoints de la Fédération de Russie et de la Turquie dans le cadre du mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb perdurent, a salué M. Bakin. À l’initiative de la partie russe, a-t-il affirmé, de nouveaux cessez-le-feu ont été déclarés en mai et en juin dans la zone de désescalade d’Edleb. Mais à chaque fois, les terroristes se sont employés à violer ces cessez-le-feu, a déploré le Chef du Centre de réconciliation russe. M. Bakin a ainsi jugé sans fondement les accusations des groupes terroristes déployés dans la zone, selon lesquelles ils auraient été victimes d’attaques chimiques et de raids aériens à Edleb. « Il s’agit là d’informations mensongères colportées par des groupes antirusses », a-t-il affirmé.
À Edleb, Hay‘at Tahrir el-Cham (HTS) a kidnappé des centaines de personnes dont le sort demeure inconnu, a poursuivi le général. Parallèlement, le Gouvernement syrien fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir le retour en toute sécurité des Syriens depuis la zone de désescalade. Dans le même temps, les États garants d’Astana continuent de lutter contre le terrorisme et de stabiliser la situation dans le nord-ouest syrien, en vue de parvenir à un retour à la vie normale. « Le seul moyen de résoudre la situation est d’éradiquer le terrorisme dans la zone de désescalade », a-t-il martelé.
M. DAVID LILLIE, Directeur exécutif de la Syrian American Medical Society, a indiqué que son organisation mène des opérations de secours médical dans les provinces de Edleb, Hama et Alep, dans 35 centres médicaux, allant de gros hôpitaux à des cliniques mobiles, en employant 2 000 personnes (médecins, infirmiers, sages-femmes et personnel d’appui). Elle a effectué, depuis le début du conflit, 14 millions d’actes médicaux sur des personnes d’affiliations religieuses et politiques différentes, aidant ainsi tous les Syriens, a-t-il insisté. La situation dans le nord-ouest de la Syrie continue de se détériorer, a-t-il déploré, regrettant plus de 30 attaques visant la santé depuis fin avril. Il y a seulement deux jours, une ambulance a été visée par un tir aérien qui a tué trois ambulanciers. Si plus de 2 200 civils blessés ont été soignés dans ces centres, la suspension des services de routine, comme les vaccinations, a fait augmenter le risque d’éruption de maladies telles que la rougeole et la méningite. Il y a une grande souffrance humaine à Edleb, a-t-il commenté.
Son organisation, a-t-il dit, a été parmi les premiers intervenants à utiliser le mécanisme de désescalade en avril 2018, en travaillant étroitement avec OCHA et d’autres ONG en vue d’instaurer la confiance. Pendant des années, les ONG ont été invitées à communiquer leurs coordonnées géospatiales pour réduire les risques d’être visées par les parties en conflit, a-t-il rappelé, ce qui suscitait la résistance du personnel sur le terrain inquiet de faire ainsi de la population civile la cible d’attaques potentielles. Ce n’est qu’après l’attaque sur la Ghouta orientale, l’an dernier, lorsque 13 centres de santé ont été visés, que les médecins ont finalement été d’accord pour communiquer leurs coordonnées. Malgré cela, un hôpital a été visé à Arbin et neuf centres ont été touchés pendant l’offensive en cours. En outre, un tiers des centres visés par des tirs aériens sont des constructions datant d’avant la guerre, ce qui veut dire que leur emplacement était connu de tous. Cela conduit à se poser des questions, a dit M. Lillie: « Qui est responsable? Avons-nous perdu notre capacité à nous indigner? »
Depuis avril 2018, après que de nombreuses organisations se sont engagées dans la désescalade, aucune enquête n’a été menée, s’est-il étonné. Il a relevé que certains membres du Conseil avaient cherché à retarder ou à discréditer le mécanisme, portant ainsi atteinte à la crédibilité de l’institution et exacerbant les souffrances du peuple syrien. « Nous en sommes à un point où les médecins et les humanitaires sur le terrain ne font plus confiance au mécanisme », a-t-il prévenu, en appelant à ne pas les abandonner. Il a suggéré d’accorder un accès aux données pour les enquêteurs du Mécanisme international, impartial et indépendant et la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne. Ou alors autoriser une mission d’établissement des faits pour enquêter sur ces attaques.
L’intervenant a ensuite parlé de l’action humanitaire sur le terrain, en expliquant que la réponse des bailleurs de fonds est en deçà de ce qui est nécessaire. La population civile se sent complétement abandonnée, a-t-il ajouté, en soulignant que les médecins ne peuvent pas aider les patients sans médicaments essentiels comme les anesthésiants et les kits chirurgicaux, ou sans clinique mobile. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour que non seulement elle contribue à instaurer la paix en Syrie, mais aussi utilise ses ressources financières pour alléger les souffrances du peuple syrien, de « tous les Syriens sans exception ».
Concernant Hay‘at Tahrir el-Cham (HTS) et l’extrémisme dans le nord-ouest de la Syrie, il a estimé que cette question devait absolument être examinée par le Conseil. Il s’est élevé contre l’enlèvement et la torture des travailleurs humanitaires par des groupes armés, « un scandale », a-t-il décrié, en disant clairement que combattre le terrorisme ne peut se faire en bombardant les civils mais en aidant la population civile qui a soif de paix et de liberté. La meilleure façon d’apporter cette aide est de passer par l’aide humanitaire, a-t-il dit.
M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne), parlant au nom des deux autres porte-plume, le Koweït et la Belgique, a rappelé les récentes résolutions du Conseil de sécurité sur la situation à Edleb, ainsi que les mises en garde répétées du Département des affaires humanitaires sur la détérioration de la situation humanitaire dans cette région, avant d’appeler à protéger les vies des trois millions de civils qui y vivent et d’attirer l’attention du Conseil sur la situation particulièrement difficile des 350 000 personnes déplacées. Il a également fait part de la préoccupation des porte-plume face aux attaques répétées d’infrastructures civiles, y compris d’écoles et de centres de soins médicaux, en mettant en exergue celles qui ont visé des hôpitaux dont les coordonnées avaient été transmises sous le mécanisme de désescalade du conflit.
Tout en condamnant fermement les attaques commises par des groupes terroristes inscrits sur la liste du Conseil de sécurité, en particulier HTS, l’Allemagne rappelle à toutes les parties que les efforts de lutte contre le terrorisme ne les dégagent pas de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire. Le représentant a appelé à nouveau à respecter l’arrangement de cessez-le-feu russo-turc ainsi qu’à une cessation des hostilités au niveau national. L’Allemagne a également encouragé « une montée en puissance diplomatique de tous les partenaires pour stabiliser la situation et parvenir à une désescalade des tensions ».
Sur le plan humanitaire, le représentant a regretté que malgré les demandes répétées des Nations Unies au cours des derniers mois, aucun accord n’a pu être trouvé pour autoriser de toute urgence un troisième convoi humanitaire pour le camp de Roukban. C’est inacceptable, s’est indigné M. Heusgen, qui s’est également dit préoccupé par la situation dans le camp de Hol. Ce camp est surpeuplé et les personnels humanitaires y travaillent dans des conditions difficiles. Il a exigé un meilleur accès humanitaire pour venir en aide aux plus de 70 000 personnes qui y vivent, dont 90% sont des femmes et des enfants. Les porte-plume maintiennent en outre leur position en faveur de la lutte contre l’impunité en Syrie et réitèrent que le retour des réfugiés syriens ne pourra se faire que s’il est volontaire, sûr et dans la dignité. M. Heusgen a également abordé le cas des dizaines de milliers de Syriens qui restent détenus ou portés disparus, en signalant la résolution 2474 (2017), que le Conseil a récemment adoptée sur les personnes portées disparues en temps de conflit armé.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a déploré le fait que les informations propagées depuis le Siège de l’ONU soient en contradiction avec les informations émanant de la zone de désescalade, comme en témoigne selon lui la présentation du général Bakin. Ainsi, à l’inverse du tableau dressé par les agences humanitaires de l’Organisation, la population dans la zone de désescalade « n’est pas dans une situation précaire », mais bien « prise en otage » par Hay‘at Tahrir el-Cham (HTS), a-t-il affirmé. Dans le même ordre d’idées, a poursuivi le délégué russe, on préfère parler des souffrances subies par la population à Roukban, tout en ne disant rien des frappes aériennes dans la province de Deïr el-Zor, où des hôpitaux et autres infrastructures civiles ont été détruits, sans parler de Raqqa, qui a « quasiment été rayée de la carte ».
Par ailleurs, on ne cesse de nous exhorter à mettre en œuvre le mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb, signé entre notre pays et la Turquie le 17 septembre 2018, a poursuivi le représentant russe. Mais toutes les actions militaires des forces armées syriennes et russes dans la zone ont pour seul objectif d’éradiquer les groupes terroristes, a-t-il affirmé. Il a par conséquent encouragé l’ONU et ses agences à « ne pas se hâter de diffuser des informations non vérifiées ». Nous nous posons sérieusement des questions sur la fiabilité des sources dont sont issues ces informations, ainsi que sur les efforts déployés pour les vérifier sur le terrain, a-t-il déclaré. M. Safronkov a indiqué que la position de son pays quant au conflit syrien demeurait inchangée. Nous déployons tous les efforts possibles pour garantir la paix en Syrie, a-t-il ainsi assuré, conformément au processus d’Astana, qui a « fait plus que n’importe quel autre » pour résoudre le conflit, tant du point de vue politique, que du point de vue militaire et humanitaire.
M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a indiqué que 139 jours se sont écoulés depuis l’arrivée du dernier convoi humanitaire à Roukban. Il a dénoncé le Gouvernement syrien qui « prend on otage le système humanitaire » tout en disant que la situation humanitaire est stabilisée. Le représentant a demandé au régime syrien de permettre l’arrivée d’un troisième convoi à Roukban, et à la Fédération de Russie de faire pression sur le Gouvernement syrien pour garantir un tel accès. Les États-Unis sont prêts à garantir la sécurité du convoi vers Roukban, a déclaré le représentant, qui a aussi exigé du régime syrien qu’il garantisse la sécurité des personnes qui veulent quitter la ville. Pour sa part, l’ONU doit pouvoir garantir la sécurité de l’aide humanitaire venant de la Jordanie.
S’agissant d’Edleb et des 3,5 millions de personnes qui s’y trouvent, elles doivent pouvoir bénéficier de la résolution 2449 (2018), a poursuivi M. Cohen. Il a craint que la situation à Edleb ne devienne incontrôlable. S’agissant du système de désescalade du conflit, le représentant a indiqué que le responsable de l’espace aérien n’est autre que la Fédération de Russie, à laquelle il a demandé de respecter ce système. « La Russie doit faire plus et mieux », a estimé le délégué américain. Il s’est dit en outre préoccupé par la situation dans la Ghouta orientale et le sud-ouest de la Syrie qui passent sous le contrôle du régime. Enfin, il a douté que la Russie soit un acteur de bonne foi dans la recherche d’une solution au conflit.
Pour M. FRANÇOIS DELATTRE (France), il faut concentrer les efforts sur trois priorités: la préservation du cessez-le-feu à Edleb; le respect des droits de l’homme; et la recherche d’une solution politique durable. « Il est impératif de préserver le cessez-le-feu pour éviter qu’Edleb ne devienne un nouvel Alep », a estimé le représentant en rappelant que les vies de trois millions de civils sont en jeu, dont un million d’enfants. La France appelle les signataires de l’accord de cessez-le-feu à tenir leurs engagements et à assurer un cessez-le-feu effectif dans le nord-ouest en vue du gel des fronts et d’un cessez-le-feu national. « La Russie, en particulier, doit exercer toutes les pressions nécessaires sur le régime syrien pour qu’il revienne aux lignes de front agréées à Sotchi », a précisé M. Delattre. Il a également souhaité que les discussions entre la Russie et la Turquie se poursuivent pour permettre une désescalade immédiate de la situation. « Par ailleurs, la France se montrera d’une extrême fermeté en cas de nouvel usage d’armes chimiques et se tient prête à réagir. »
M. Delattre a également exigé le respect du droit international humanitaire par tous, soulignant que cela n’est « pas négociable ». Il y a, d’une part, l’impératif des civils, y compris les personnels humanitaires et médicaux. Le représentant a accusé le régime de vouloir reconquérir par la force les zones qui échappent à son contrôle, en estimant que « les attaques visant des hôpitaux sont constitutives de crimes de guerre » et que « ces crimes ne resteront pas impunis ». La France prend note de la lettre adressée par les Nations Unies à la Russie et attend les réponses de cette dernière. « Nous devons en tirer toutes les conséquences pour le système de déconfliction des Nations Unies. » D’autre part, la France exige des garanties pour un accès humanitaire immédiat, sûr, complet, durable et sans entrave à l’ensemble du territoire syrien, et estime qu’il est urgent qu’un nouveau convoi humanitaire puisse être immédiatement déployé dans le camp de Roukban. « C’est vital », a tranché M. Delattre, s’indignant que seulement 60% des demandes d’accès humanitaire formulées auprès du régime syrien durant les mois d’avril et mai aient donné lieu à une autorisation. Il a également souhaité que les Nations Unies aient un accès durable, efficace et le plus direct, au camp de Hol.
Préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Syrie, en dépit de l’évolution militaire des derniers mois, M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a évoqué le sort des civils résidant dans le nord-ouest du pays, dont la situation « d’extrême vulnérabilité » est aggravée par le contrôle étendu qu’exercent les groupes terroristes sur la zone. Le représentant a également condamné la poursuite des raids aériens qui prennent pour cible des civils et des infrastructures civiles, y compris des hôpitaux et des écoles. Dans ce contexte, il a appelé le Gouvernement syrien et toutes les parties prenantes à préserver le cessez-le-feu signé entre la Turquie et la Russie en septembre 2018 dans la zone de désescalade.
Sur le plan humanitaire, le représentant a salué les efforts dans le nord-est du pays pour venir en aide aux personnes déplacées dans le camp de Hol, qui héberge désormais environ 72 000 personnes. Il a noté que presque la moitié des personnes déplacées étaient d’origine iraquienne. Le représentant a, par conséquent, appelé l’Iraq à œuvrer en faveur de leur retour, dans le respect des principes internationaux concernant le retour en toute sécurité des réfugiés et avec l’aide de l’ONU. S’agissant du camp de Roukban, il a exhorté le Gouvernement syrien et les pays bénéficiant d’une influence dans la zone à tout faire pour faciliter l’accès humanitaire. Toute entrave à cet accès est « injustifiable », a-t-il estimé, appelant la communauté internationale à continuer à se mobiliser pour appuyer la réponse humanitaire en Syrie, y compris les efforts pour déminer et déblayer les engins explosifs improvisés.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a demandé au Conseil de sécurité de redoubler d’efforts pour protéger les travailleurs humanitaires. Elle a ensuite posé une série de questions pour comprendre les raisons des attaques contre les hôpitaux en Syrie. Pourquoi 30 hôpitaux ont-ils été attaqués? Pourquoi telle ambulance a-t-elle été particulièrement ciblée? Nous voulons savoir si des avertissements ont été envoyés avant l’attaque de l’ambulance, a-t-elle insisté. Pourquoi le cessez-le-feu est-il difficile à faire respecter? Qu’est ce qui doit changer sur le terrain? Comment faire pour demander des comptes aux auteurs de ces attaques? Concernant Roukban, la représentante a aussi souligné la nécessité d’envoyer un troisième convoi dans cette ville.
Face à la situation humanitaire qui ne cesse de s’aggraver en Syrie, M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a réitéré l’appel de sa délégation à toutes les parties afin qu’elles se conforment aux dispositions du mémorandum du 17 septembre 2018 sur la stabilisation de la situation dans la zone démilitarisée d’Edleb. Il a expliqué que le respect du cessez-le-feu devrait permettre aux belligérants de créer les conditions d’un accès sûr, rapide, sans entrave et durable à l’aide humanitaire pour les populations affectées.
En plus des conséquences humanitaires désastreuses, la Côte d’Ivoire note avec regret que l’escalade militaire dans le nord-ouest de la Syrie compromet dangereusement les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général visant à relancer le processus politique. La délégation appelle donc toutes les parties syriennes, ainsi que les acteurs régionaux et internationaux, à soutenir ses efforts pour une solution politique, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.
M. WU HAITAO(Chine) s’est dit préoccupée par la situation humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie. Il a encouragé la Fédération de Russie et la Turquie à continuer de mettre en œuvre le mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade d’Edleb. Parallèlement, le représentant a appelé la communauté internationale à intensifier son action pour éradiquer le terrorisme dans la zone, ainsi que pour intensifier l’aide humanitaire à destination des civils.
Le délégué chinois a également appelé à trouver des solutions concernant la situation humanitaire dans les autres régions de la Syrie, notamment dans les camps de déplacés internes de Hol et de Roukban. Ce faisant, il a appelé à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie, ainsi qu’à appuyer le Gouvernement syrien dans ses efforts de développement. Le représentant s’est inquiété des conséquences négatives des sanctions économiques sur la vie des Syriens. Enfin, il a appelé l’ONU à peser davantage pour relancer le processus politique intrasyrien et résoudre le conflit par la voie du dialogue.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre des victimes et des dommages causés aux infrastructures civiles dans le nord-ouest de la Syrie. Il a cité le rapport du Secrétaire général selon lequel « nous sommes face à une catastrophe humanitaire ». Pensons-nous vraiment qu’une autre catastrophe doit être permise? a demandé le représentant. Il faut que toutes les parties commencent à respecter le mémorandum d’accord entre la Fédération de Russie et la Turquie, a-t-il conseillé. Toutes les parties doivent aussi renforcer la désescalade. « La paix n’est pas une solution parmi d’autres, sauver de vie n’est pas une priorité parmi d’autres, mais c’est notre priorité », a plaidé le représentant, qui a demandé le libre accès humanitaire en Syrie. Il a également souligné l’importance du retour volontaire, sûr et digne des personnes déplacées. La situation en Syrie est le résultat de l’absence de solution politique, a-t-il alerté, avant de dire que l’espoir nous permet de continuer de chercher des solutions.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a fait valoir que la seule solution durable en Syrie est politique, à travers un dialogue inclusif mené par les Syriens eux-mêmes. Pour lui, les efforts de toutes les parties prenantes sont sapés par l’escalade continue de la violence dans certaines parties de la Syrie. À cet égard, il a appelé toutes les parties à mettre en œuvre l’ensemble des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ainsi que le mémorandum de cessez-le-feu de septembre 2018 en plus de celui récemment conclu entre la Russie et la Turquie.
M. Matjila est revenu sur la grave situation humanitaire, notamment dans le cadre des violences dans le nord-ouest de la Syrie qui ont poussé des milliers de civils à fuir la zone. Il est inacceptable de cibler les infrastructures civiles, particulièrement les établissements scolaires et les hôpitaux, a martelé le représentant. Évoquant le Golan syrien, « illégalement occupé », il a appelé Israël à respecter les différentes résolutions du Conseil et à se retirer de tout le territoire occupé. Il est vital, pour une paix et une sécurité durables dans la région du Moyen-Orient, que le droit international soit respecté.
Les statistiques, les rapports et les chiffres ne sont rien comparés à ce que doivent ressentir les personnes qui laissent tout derrière elles pour sauver leur vie et celle de leurs êtres chers, a compati M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine), rappelant qu’il n’existait pas de solution militaire au conflit syrien. L’action humanitaire ne doit pas non plus se substituer à la responsabilité du Gouvernement syrien et de la communauté internationale de protéger les civils syriens, a-t-il ajouté. Aujourd’hui, pour la première fois depuis longtemps, il semble qu’il y ait « une lueur d’espoir » pour relancer le processus politique, a toutefois salué le délégué, appelant à défendre bec et ongle cette opportunité.
À Edleb, le représentant a appelé les parties à continuer de mettre en œuvre le mémorandum sur la stabilisation de la situation dans la zone de désescalade et à cesser toutes les attaques contre des infrastructures civiles. Il a également appelé à mettre fin aux entraves à l’accès humanitaire. Le représentant a en outre appelé à trouver des solutions pour régler la situation des personnes ressortissantes de pays voisins de la Syrie déplacées dans le camp de Hol, où résident 72 000 individus, dont une majorité de femmes et d’enfants. Il s’est également dit préoccupé par la situation des personnes dans le camp de Roukban, après les rapports faisant état d’entraves à un deuxième convoi humanitaire.
Alors que l’escalade militaire dans l’ouest de la Syrie se poursuit, Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a demandé que cessent les attaques contre les hôpitaux et le personnel humanitaire. La lutte contre le terrorisme doit se faire conformément au droit international humanitaire, a martelé la représentante. La protection des civils et l’accès à l’aide humanitaire ne sont pas des choix, a-t-elle défendu. La zone de désescalade d’Edleb doit être restaurée et respectée. La représentante s’est également inquiétée de l’état « déplorable » des hôpitaux en Syrie. La communauté internationale devrait agir de façon robuste en faveur des femmes et des enfants en Syrie. S’agissant de l’accès humanitaire, notamment à Roukban, elle a exhorté les autorités syriennes à donner l’autorisation administrative pour que l’aide arrive à la population.
Face à la détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire en Syrie, M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a dit qu’il faut aujourd’hui « se poser la question de savoir si la guerre a repris dans ce pays ». Il est difficile de prédire l’issue de la situation. Personne n’est en mesure d’évaluer les conséquences d’une guerre ouverte en Syrie. Rappelant le sombre tableau humanitaire, le représentant a réitéré qu’il n’y a pas de solution militaire en Syrie et que toutes les parties doivent promouvoir un processus politique inclusif.
M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a dénoncé la présentation de M. David Lillie, de la Syrian American Medical Society, une association selon lui inféodée au système de renseignement américain, « qui est extrêmement actif dans mon pays et dans d’autres ». D’ailleurs, cette association ne parvient jamais à obtenir le statut consultatif au Comité des organisations non gouvernementales, ici à New York, a poursuivi le représentant. Année après année, cette demande est rejetée pour des raisons selon lui bien connues des États Membres. En effet, comme le démontre son site Internet, cette ONG est rattachée à l’USAID, une agence du Gouvernement fédéral américain, pour laquelle M. Lillie a lui-même travaillé pendant huit ans en Afghanistan et en Iraq, a-t-il affirmé. « Le voilà désormais en Syrie », a ironisé le représentant syrien. M. Lillie est donc un employé de l’USAID, c’est-à-dire du Gouvernement américain, a-t-il insisté, estimant que l’invitation de M. Lillie à parler au sein du Conseil était dès lors une erreur. « Il est américain et non syrien. Cela ne lui donne donc pas le droit de parler d’un autre État », a poursuivi le délégué, avant d’ajouter que la Syrian American Medical Society n’était pas accréditée pour travailler en Syrie. « C’est une organisation qui mène des activités en toute illégalité sur le territoire syrien », a-t-il dit.
Lors de la création du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en 1921, son statut a interdit « clairement » à toute organisation humanitaire, médicale ou autre, d’œuvrer sur le territoire d’un État sans son consentement, a rappelé le représentant. « Nul ne peut mener d’activités humanitaires sans l’accord du pays concerné », a-t-il insisté, ajoutant que les bâtiments des Nations Unies ne pouvaient pas non plus être utilisés contre les intérêts d’un État Membre. Dans son intervention, M. Lillie a indiqué que la Syrian American Medical Society avait procédé à 14 millions d’actes médicaux, principalement à Edleb, s’est en outre remémoré le représentant. Or, Edleb est à 99% sous le contrôle du Front el-Nosra, a-t-il noté. Cela suppose que l’ONG a coopéré avec le Front el-Nosra. Il s’agit d’une organisation qui coopère avec un groupe terroriste et lui apporte son appui, a—t-il déploré.
Il est dangereux de se livrer à de telles analogies concernant l’aide humanitaire, alors que des vies sont en danger, a soudain interrompu la représentante du Royaume-Uni, dans le cadre d’une motion d’ordre.
« C’est bien la première fois que le représentant d’un État Membre est interrompu par un autre État Membre au beau milieu de son intervention pour une motion d’ordre », a contesté le représentant de la Syrie. « Je me suis simplement contenté de présenter des faits tels qu’ils sont. » (Après son intervention, le Président du Conseil a précisé qu’un État Membre a la possibilité d’interrompre un autre État Membre, s’il en fait la demande préalable dans le cadre d’une motion d’ordre.)
S’agissant des rapports d’OCHA sur la situation humanitaire en Syrie, le représentant a jugé qu’ils faisaient volontairement l’impasse sur ce qui se produit dans certaines zones du pays, y compris les « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » commis par la coalition internationale. « C’est de la poudre aux yeux », a-t-il dénoncé, mettant en cause la neutralité et le professionnalisme du dernier rapports d’OCHA, dont il a moqué les termes « vagues ». Cela nous renvoie à une époque où l’OCHA était instrumentalisé par certains membres du Conseil contre le Gouvernement syrien, a-t-il déploré. Le représentant a en outre dit qu’il disposait d’informations « très graves » selon lesquelles des milliers de résidents du camp de Hol étaient des terroristes. Seront-ils « recyclés » en Turquie avant d’être renvoyés en Syrie, comme nous l’avons vu dans le nord-ouest de la Syrie? Allons-nous voir ces terroristes réapparaître dans des États sous des appellations inventées, telles que « l’EIAM ou État islamique en Afrique du Nord »? Investir dans les groupes terroristes semble beaucoup plus lucratif pour certains membres de l’Organisation qu’investir dans le développement, a regretté le représentant, ajoutant que les accusations concernant les destructions d’infrastructures civiles par le Gouvernement syrien étaient infondées. Le représentant a enfin appelé à la levée des mesures coercitives contre la Syrie, au respect de la souveraineté du pays et à la fin de la présence « illégale » des forces américaines, britanniques, françaises et turques sur le sol syrien.
M. LILLIE a rappelé que 1 200 travailleurs humanitaires ont péri en Syrie depuis le début de ce conflit. « Pourquoi restent-ils? Parce que ce sont de vrais héros, ce sont de vrais travailleurs humanitaires. » Nous devons rester fidèles aux valeurs et principes humanitaires, a indiqué M. Lillie, qui a demandé aux États membres du Conseil de sécurité de « transformer en actes concrets leurs bonnes intentions humanitaires ».
La représentante du Royaume-Uni a noté qu’elle n’avait pas eu de réponses à ses questions de la part d’un des intervenants. Elle a exhorté le Conseil à continuer de chercher la vérité. « Nous reviendrons sur cela parce que c’est important », a-t-elle ajouté. Son homologue de la Fédération de Russie a rétorqué que les réponses à ses questions se trouvent dans son intervention et dans celle du général Bakin.