En cours au Siège de l'ONU

8548e séance – matin
CS/13841

Le Conseil de sécurité prend les premières mesures pour renforcer sa coopération avec la Ligue des États arabes

Ce matin, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, M. Sabah Khalid Al Hamad Al Sabah, qui présidait la séance, a rendu publique une déclaration du Conseil de sécurité sur le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes.  Le Vice-Premier Ministre avait argué dans sa note de cadrage* que « fortes des points communs entre leurs membres (géographie, histoire, principes, langues et identité, pour n’en citer que quelques-uns), les organisations régionales et sous-régionales ont constamment démontré que leurs visions et leurs dispositifs singuliers étaient les cadres d’action les moins coûteux et les plus efficaces pour cerner les causes profondes des conflits et déterminer les meilleurs moyens de s’y attaquer ».

Compte tenu du conflit israélo-palestinien, des huit ans de violence en Syrie, de la reprise des hostilités en Libye, de la pire crise humanitaire au monde qu’est devenu le Yémen, de l’incident d’hier dans le golfe d’Oman, de la situation en Somalie et de la transition « délicate » au Soudan, comme l’a rappelé le Secrétaire général, le Conseil de sécurité, engage, dans sa déclaration présidentielle, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes à faire un exposé annuel.  Il se déclare disposé à envisager de nouvelles mesures pour promouvoir une coopération plus étroite entre l’ONU et la Ligue dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, la prévention, le rétablissement de la paix, et le maintien, la consolidation et la pérennisation de la paix, et pour améliorer la cohérence et l’efficacité de leurs efforts. 

Le Conseil engage aussi à tenir une réunion informelle annuelle entre ses membres et ceux du Conseil de la Ligue arabe et à examiner la proposition du Conseil des ministres de la Ligue d’établir un cadre consultatif pour renforcer la collaboration dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité dans la région arabe.  Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination entre la Ligue arabe et les envoyés spéciaux des Nations Unies et met l’accent sur l’importance de la coordination et de la coopération trilatérales entre l’ONU, l’Union africaine et la Ligue des États arabes.  Il se félicite de l’ouverture ce mois-ci du Bureau de liaison des Nations Unies au siège de la Ligue des États arabes au Caire.

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, et son homologue de la Ligue des États arabes, M. Ahmed Aboul Gheït, ont tous deux défendu la pertinence d’une coopération renforcée entre leurs organisations.  Comme l’a fait remarquer M. Guterres, aucune organisation ni aucun pays ne peut seul relever les défis complexes du monde d’aujourd’hui car les problèmes mondiaux requièrent des solutions mondiales.  C’est la raison pour laquelle, s’est expliqué le Secrétaire général, les partenariats sont essentiels pour optimiser notre impact sur la vie des gens et faire progresser un ordre mondial fondé sur le droit international.  « Notre coopération avec la Ligue des États arabes est la clef ». 

En vue de parvenir à cette collaboration et ce partenariat renforcés, le Secrétaire général de la Ligue arabe a plaidé pour une plateforme « institutionnelle et permanente » entre sa Ligue et le Conseil de sécurité afin de renforcer le niveau des consultations et envisager des moyens de mieux coordonner les actions comme c’est le cas avec d’autres organisations régionales.  Il a aussi plaidé pour une compréhension commune des causes des conflits et une approche commune de leur règlement.

Le Secrétaire général de la Ligue s’est attardé sur la « centralité » de la question de Palestine et prévenu que « notre position n’a pas changé et nous rejetons toute tentative de vouloir régler cette question en dehors du cadre du droit international ».  Il a appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, sans sélectivité ni deux poids, deux mesures, et à faire appliquer ses résolutions.  Conscient de la dynamique interne au Conseil par rapport à de nombreuses crises qui touchent le monde arabe, lequel a lui-même des tensions, le Secrétaire général de la Ligue a insisté sur le respect des buts et principes des Nations Unies.  Si les délégations ont confirmé leur attachement à la solution des deux États, les États-Unis ont affirmé que la Maison Blanche travaille à une vision qui offre à tous un avenir brillant et qui sera rendue publique au bon moment. 

Espérant que les parties prenantes prendront connaissance du plan avec un esprit ouvert et constructif, les États-Unis ont dit attendre du monde arabe des idées et des stratégies pour assurer un meilleur avenir plus prospère au peuple palestinien.  À la lumière de l’incident du golfe d’Oman où deux pétroliers ont été attaques hier, ils ont une nouvelle fois salué la déclaration qu’a faite la Ligue arabe le 31 mai dernier, après sa réunion de la Mecque, pour dénoncer le comportement « déstabilisateur » de l’Iran. 

Ce Sommet d’urgence, a acquiescé le Secrétaire général de la Ligue, a sans doute été le meilleur exemple et le plus récent de notre volonté de jouer un rôle plus dynamique dans le maintien de la paix dans les États arabes qui ont saisi cette occasion pour réaffirmer leur solidarité avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis face aux ingérences iraniennes et aux crimes commis par les milices houthistes soutenues par Téhéran.  Les menaces qui pèsent sur la sécurité du monde arabe ne s’arrêteront pas aux frontières arabes, a-t-il prévenu, en appelant la communauté internationale à dire haut et fort à « nos voisins » que leurs actes subversifs sont inacceptables et le jeu de se cacher derrière des hommes de paille, intolérable. 

La France a appelé à la retenue et à la désescalade.  Il faut, a-t-elle insisté, œuvrer à la mise en place progressive d’un dialogue régional qui pourrait être le cadre adapté pour parler de toutes les sources de préoccupations.  La Fédération de Russie n’a pas dit autre chose après avoir regretté que « l’on crée » une « tension » autour de l’Iran et souligné que les crises au Yémen et en Libye sont précisément nées de décisions « irréfléchies ».  Dans le monde arabe, les défis sont énormes et « nous tous ici autour de cette table » devons faire preuve de souplesse pour les relever, a conseillé le Royaume-Uni.

*S/2019/455

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

COOPÉRATION ENTRE LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ET LA LIGUE DES ÉTATS ARABES (S/2019/455

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Le Conseil rappelle ses résolutions et les déclarations de sa présidence qui soulignent combien il importe d’établir, dans le respect de la Charte des Nations Unies et des textes constitutifs des organisations régionales et sous‑régionales, des partenariats efficaces entre l’Organisation des Nations Unies et ces organisations. 

Le Conseil se félicite des exposés présentés par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, le 13 juin 2019, et réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte, peut améliorer la sécurité collective. 

Le Conseil engage le Secrétaire général de la Ligue des États arabes à faire un exposé annuel et se déclare disposé à envisager de nouvelles mesures pour promouvoir une coopération plus étroite entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, la prévention, le rétablissement de la paix, et le maintien, la consolidation et la pérennisation de la paix, et pour améliorer la cohérence et l’efficacité de leurs efforts.  À cet égard, il se félicite des solides initiatives de coopération qui existent déjà entre l’ONU et la Ligue des États arabes. 

Le Conseil prend note des résultats des réunions générales sur la coopération tenues entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et celui de la Ligue des États arabes, et leurs organismes spécialisés, dont la plus récente a eu lieu à Genève en juillet 2018.

Le Conseil engage à tenir une réunion informelle annuelle entre ses membres et ceux du Conseil de la Ligue des États arabes, et à examiner la proposition du Conseil des ministres de la Ligue des États arabes d’établir un cadre consultatif entre la Ligue des États arabes et l’Organisation des Nations Unies pour renforcer la collaboration dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité dans la région arabe.

Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination entre la Ligue des États arabes et les envoyés spéciaux des Nations Unies chargés de traiter les crises en cours dans la région arabe, en vue de mieux appréhender ces crises et de rendre les deux organisations mieux à même d’y apporter des solutions efficaces grâce à une action conjointe, lorsque cela est nécessaire.  Il souligne également l’importance de la coordination et de la coopération trilatérales entre l’ONU, l’Union africaine et la Ligue des États arabes concernant les questions de paix et de sécurité interrégionales, et avec d’autres organisations régionales sur des questions d’intérêt commun.

Le Conseil souligne et encourage les mesures prises par la Ligue des États arabes pour contribuer aux efforts collectifs visant à régler pacifiquement les conflits dans la région tout en réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale des pays et aux buts et principes énoncés dans la Charte.

Le Conseil félicite les membres de la Ligue des États arabes pour leur engagement continu en faveur du maintien et de la consolidation de la paix à l’échelle internationale, notamment en fournissant des contingents et des effectifs de police pour les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Conseil se félicite de l’ouverture prochaine, en juin 2019, du Bureau de liaison des Nations Unies au siège de la Ligue des États arabes au Caire, et engage le Secrétariat de l’ONU et le Secrétariat général de la Ligue des États arabes à recourir au maximum aux services de ce bureau pour renforcer la coopération entre les deux organisations.

Le Conseil prie le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, sur de nouveaux moyens de renforcer les relations institutionnelles et la coopération entre les deux organisations.

Déclarations

Dès le début de mon mandat, a déclaré M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, j’ai donné la priorité à la coopération avec les organisations régionales pour prévenir les conflits et maintenir la paix.  Aucune organisation ni aucun pays ne peut seul relever les défis complexes du monde d’aujourd’hui car les problèmes mondiaux requièrent des solutions mondiales.  C’est la raison pour laquelle, s’est expliqué le Secrétaire général, les partenariats sont essentiels pour optimiser notre impact sur la vie des gens et faire progresser un ordre mondial fondé sur le droit international.  « Notre coopération avec la Ligue des États arabes est la clef. » 

Le Secrétaire général a rappelé qu’il a eu l’honneur de participer, en mars dernier, au Sommet de la Ligue arabe à Tunis et a salué le fait que la déclaration de Tunis réaffirme les valeurs universelles et les objectifs de la Charte des Nations Unies.  Nos deux organisations, a-t-il poursuivi, partagent la mission commune de prévenir les conflits, résoudre les différends et agir dans un esprit de solidarité et d’unité.  Parmi les défis auxquels la région arabe est confrontée réside la chance d’exploiter les mots et les intentions des Chartes des deux organisations pour apporter un réel changement dans le monde arabe et au-delà. 

En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, par exemple, nous maintenons, a affirmé le Secrétaire général, notre engagement collectif en faveur de la vision de deux États, fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, les principes établis de longue date, les accords antérieurs et le droit international.  « Il n’y a pas d’alternative à la solution des deux États.  Il n’y a pas de plan B », a réitéré le Secrétaire général.  « Mettre fin à l’occupation qui a débuté en 1967 et parvenir au résultat négocié des deux États est le seul moyen de jeter les bases d’une paix durable. »

Après plus de huit ans de violence, a encore dit le Secrétaire général, le conflit en Syrie continue de faire des ravages parmi la population civile, d’imposer un fardeau supplémentaire aux États voisins et de menacer la paix et la sécurité internationales.  Le Secrétaire général a appelé à une solution politique inclusive et crédible, fondée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, y compris la convocation d’un comité constitutionnel crédible, inclusif et équilibré.  Le soutien et la participation active de la communauté internationale, y compris des États membres de la Ligue arabe, seront essentiels.  « Naturellement », toute solution doit respecter l’intégrité territoriale de la Syrie, y compris le Golan syrien occupé.

En Libye, a poursuivi le Chef de l’ONU, il n’y a pas de solution militaire.  Nous devons œuvrer pour un cessez-le-feu et le retour à la table des négociations, a-t-il martelé.  Après avoir salué les efforts soutenus et actifs déployés par l’Iraq pour renforcer ses relations avec les pays voisins, le Secrétaire général a souligné que ce pays a besoin de l’appui continu et soutenu de la région et de la communauté internationale pour l’aider à se reconstruire et à surmonter le traumatisme et l’impact de Daech.  « Les voisins arabes du pays ont un rôle crucial à jouer », a insisté le Secrétaire général.  La Ligue des États arabes est également « indispensable » pour soutenir la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban. 

Au Yémen, nous continuons d’œuvrer à la reprise des négociations en vue d’une solution politique durable et la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm de 2018 améliorera non seulement de manière significative l’accès humanitaire mais contribuera également à un règlement politique durable.  « Tous ces efforts exigent de la patience, de la bonne foi et l’engagement de chacun d’entre nous pour préserver les acquis et les exploiter. » 

Le Secrétaire général a noté avec une profonde préoccupation l’incident qui a eu lieu ce matin dans le détroit d’Ormuz et a vivement condamné toute attaque contre un navire civil.  « Les faits doivent être établis et les responsabilités, clarifiées », a-t-il dit.  « S’il est une chose dont le monde n’a pas besoin, c’est d’une confrontation de grande envergure dans la région du golfe. »

En Somalie, la communauté internationale doit rester unie pour soutenir le progrès politique et le développement des institutions de sécurité.  La Ligue des États arabes est un partenaire clef.  Organisation comptant des États membres importants, la Ligue peut apporter un appui politique et contribuer au développement économique. 

Pour ce qui est du Soudan qui traverse une transition délicate, l’ONU collabore avec ses partenaires régionaux, en particulier l’Union africaine, pour appuyer ce processus avec l’objectif de permettre aux parties soudanaises de parvenir à un accord sur une autorité de transition inclusive et civile, a indiqué M. Guterres. 

Pour tous ces efforts et pour d’autres encore, nous continuons d’investir dans la consolidation de notre engagement avec les organisations régionales et sous-régionales, a conclu le Secrétaire général, qui s’est dit heureux d’annoncer que le Bureau de liaison des Nations Unies avec la Ligue des États arabes au Caire sera opérationnel dès ce mois-ci.  Il a dit attendre du Bureau, le premier de ce type à être financé par le budget ordinaire de l’ONU; qu’il améliore l’efficacité de la coopération entre les deux Organisations. 

Je m’adresse à vous aujourd’hui en provenance d’une région « truffée de conflits et de crises profondes dont certains sont extrêmement difficiles à régler », a déclaré M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes.  Ces crises et conflits, s’est-il alarmé, sont lourds de conséquence pour des générations entières, en prise à la colère et aux frustrations.  La plupart de ces crises et conflits sont inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, mais pour diverses raisons, le Conseil n’a pas été en mesure, dans certains cas, d’adopter une position claire ou de mettre en œuvre ses décisions.

La situation complexe en Syrie est entrée dans sa neuvième année sans perspective d’une solution politique.  Au Yémen, le peuple souffre toujours d’une crise humanitaire due largement à la détermination d’une faction illégale de prendre le pouvoir, avec un risque réel pour les pays voisins et pour la navigation maritime.

La Libye vit de nouvelles hostilités militaires qui sont une menace pour le processus politique et l’occupation israélienne des Territoires palestiniens occupés restera la principale source de déstabilisation qui alimente la radicalisation au Moyen-Orient et au-delà.  Notre région, a prévenu le Secrétaire général, n’aura jamais ni véritable sécurité, ni véritable stabilité sans la fin de l’occupation et la création d’un État palestinien indépendant.

Le Secrétaire général a dénoncé les « ingérences régionales et internationales sans précèdent » dans les affaires intérieures de pays arabes, la propagation des milices et groupes armés qui combattent les armées nationales et la menace croissante des groupes terroristes « financés et soutenus », sans oublier l’évolution préoccupante dans les eaux du golfe, les attaques contre les tankers pétroliers hier et les missiles lancés au cœur de l’Arabie saoudite.  Certaines parties de la région essayent d’attiser le feu et il faut en être conscient, a alerté M. Aboul Gheit, dont la Ligue essaye de relever ces défis. 

La Ligue arabe, a-t-il affirmé, est résolue à jouer un rôle plus dynamique dans le maintien de la paix dans les États arabes.  Le Sommet d’urgence tenu à la Mecque, il y a deux semaines, a été sans aucun doute l’exemple le meilleur et le plus récent de cette volonté.  Les pays arabes ont ainsi eu l’occasion de réaffirmer leur solidarité avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis face aux ingérences iraniennes et aux crimes commis par les milices houthistes soutenues par Téhéran.  Les menaces qui pèsent sur la sécurité du monde arabe ne s’arrêteront pas aux frontières arabes, a prévenu le Secrétaire général, qui a appelé à la solidarité « essentielle » de la communauté internationale, laquelle doit envoyer un message sans équivoque à « nos voisins » pour dire haut et fort que leurs actes subversifs sont inacceptables et le jeu de se cacher derrière des doublures, intolérable. 

Le Secrétaire général s’est ensuite tourné vers le Conseil pour faire un certain nombre de propositions, à commencer par le développement d’une plateforme « institutionnelle et permanente » entre les deux instances pour renforcer le niveau des consultations et envisager les moyens de mieux coordonner les actions comme c’est le cas avec d’autres organisations régionales.  Cela permettrait au Conseil de sécurité de prendre des décisions sur la base des informations et des évaluations qui viennent de la région.  Ce n’est pas une nouveauté mais il faut un engagement renouvelé pour la mise en vigueur de cette approche.

M. Aboul Gheit a également plaidé pour une compréhension commune des causes des conflits et une approche commune de leur règlement.  Cela passe, a-t-il estimé, par une coopération plus étroite entre les Envoyés et Représentants spéciaux des Nations Unies et la Ligue.  Il a salué à cet égard, les efforts de l’Envoyé spécial pour la Libye, M. Ghassan Salamé, et l’approche du Commissaire général de l’Office de travaux et de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. Pierre Krähenbühl.  Ces formes de coopération sont un bon exemple pour les échanges et la coopération entre la Ligue et les Nations Unies. 

Le Secrétaire général s’est félicité de l’ouverture du Bureau de liaison de l’ONU au Caire et a argué que la coopération doit couvrir l’alerte précoce, la médiation, les bons offices, la diplomatie préventive, le règlement de conflit et la consolidation et la reconstruction postconflit.  Il a aussi salué le soutien institutionnel fourni par les Nations Unies aux États membres de la Ligue pour le renforcement dans le maintien de la paix.

Malgré la gravité des défis de sa région, la Ligue, a-t-il souligné, demeure un partenaire de choix dans le système multilatéral et un contributeur majeur aux efforts de maintien de la paix à la fois dans la région arabe et au-delà.  Il a également rappelé le soutien financier apporté l’année dernière par les pays arabes à l’UNRWA dont le déficit a pu être comblé.  Avant de conclure, il a mis en garde contre le danger de maintenir le statu quo en Palestine. 

Notre position n’a pas changé et nous rejetons toute tentative de vouloir régler cette question en dehors du cadre du droit international, a-t-il prévenu.  Le Secrétaire général a appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, sans sélectivité ni deux poids, deux mesures, et à faire appliquer ses résolutions.  Conscient de la dynamique interne au Conseil par rapport à de nombreuses crises qui touchent le monde arabe lequel a lui-même des tensions, le Secrétaire général a tout de même insisté sur le respect des buts et principes des Nations Unies.  Une coopération renforcée entre les Nations Unies et la Ligue arabe permettrait d’agir de façon complémentaire dans l’esprit de l’Article VIII de la Charte sur la coopération avec les organisations régionales. 

M. SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a dit que l’objectif de la réunion d’aujourd’hui est de consolider le principe consistant à engager les organisations régionales à aider à résoudre les conflits, dans le respect des dispositions de la Charte des Nations Unies, et notamment de son Chapitre VIII.  Alors que les « racines » des relations entre l’ONU et la Ligue des États arabes remontent aux années 1950, le chef de la diplomatie koweïtienne s’est félicité de l’inauguration du Bureau de liaison auprès de la Ligue des États arabes au Caire, qui augure d’un nouvel élan dans ces relations.  Le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, a déjà reconnu la contribution de la Ligue dans les efforts en vue de résoudre les différends dans la région du Moyen-Orient.  Mais cette coopération est toujours en deçà de nos aspirations, même après la signature du Protocole d’accord amendé entre l’ONU et la Ligue, a constaté à regret le Ministre.  Il a espéré que les consultations se poursuivraient entre les secrétariats des deux organisations pour affirmer le rôle crucial de la coordination entre leurs Envoyés spéciaux en Syrie, au Yémen et en Libye, et ce, afin de parvenir à une meilleure compréhension des situations de conflit dans ces pays.  Or, le renforcement de cette coopération nécessite, selon M. Al Sabah, un « cadre institutionnel ».  Les évolutions dans la région confirment l’importance de consacrer les principes du respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures, a ajouté le Ministre, avant de se dire convaincu que la Ligue arabe peut contribuer à lever des obstacles qui se posent dans la région.

M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a considéré qu’il y avait une valeur ajoutée à la coopération entre l’ONU et la Ligue arabe.  En effet, le monde arabe est le théâtre de nombreux conflits prolongés qui ont des conséquences négatives pour les pays voisins.  De plus, les changements climatiques contribuent à l’impact durable des conflits armés dans plusieurs pays du monde arabe.  « Il est de notre devoir en tant que communauté internationale de faire notre possible pour ramener la stabilité dans notre région », a préconisé M. Czaputowicz.  Ces dernières années, a-t-il rappelé, nous avons été témoins d’un recours plus systématique à la médiation, la Charte des Nations Unies offrant dans son Chapitre VIII un « socle » solide pour ce type de partenariats.  Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons prévenir des conflits, a-t-il estimé.  Gardons à l’esprit que, pour franchir des étapes, il nous faut œuvrer de concert pour éviter « une concurrence nuisible ».  Selon le Chef de la diplomatie polonaise, il serait utile de s’inspirer de l’expérience des meilleures pratiques. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a appuyé les efforts et stratégies visant à renforcer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  La « collaboration multilatérale » comme moyen d’améliorer la sécurité collective revêt une importance capitale au Moyen-Orient, grâce, notamment aux contributions de la Ligue des États arabes, a-t-il indiqué.  Face à la persistance de conflits dans cette région, il a appelé à adopter une approche régionale intégrale et à renforcer l’association avec la Ligue.  Il a rappelé que la coopération avec celle-ci porte notamment sur des questions essentielles pour la stabilité internationale, à savoir l’eau, les droits de l’homme, les violences sexuelles en temps de conflit, la migration, les réfugiés et la lutte contre le terrorisme.  Il a jugé nécessaire de mener des consultations à intervalles réguliers et des actions coordonnées aux niveaux stratégique et opérationnel.  Il s’est félicité de l’ouverture du Bureau de liaison de l’ONU au Caire et de l’aide que l’Organisation apporte au renforcement des capacités de la Ligue dans les domaines de la prévention, de la gestion, de la médiation, de la négociation et du maintien de la paix.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rappelé que sa délégation était à l’origine de l’adoption en 2008 des résolutions 1809 et en 2012 visant à renforcer la relation entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité.  Ces textes montrent notre volonté politique commune comme pays et comme organisation à renforcer la coordination et la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  La coopération est d’autant plus importante avec ces organisations que parfois les membres appartiennent à l’une et l’autre organisation comme c’est le cas avec la Ligue des États arabes et l’Union africaine.  Dans de tels cas, les organisations régionales devraient collaborer à la recherche de solutions à des problèmes communs tels que la prévention et la résolution des conflits.  Cela garantira un travail tandem.  L’Afrique du Sud soutient une coopération améliorée et accrue entre l’ONU et la Ligue arabe, a dit le représentant qui a salué les efforts déployés par cette dernière pour promouvoir la paix au Moyen-Orient, en particulier en Palestine, le plus ancien point inscrit à l’ordre du jour de l’ONU et de la Ligue.  À cet égard, le représentant a salué la nomination de M. Khaled Mohamed Khiari comme Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient et l’Asie-Pacifique. 

Dans sa coopération avec la Ligue, a souligné le représentant, le Conseil de sécurité doit être cohérent et renoncer à toute sélectivité et à la primauté des intérêts nationaux au détriment de l’intérêt général.  Les causes sous-jacentes des soulèvements et des conflits doivent être traitées de manière coordonnée, a insisté le représentant.  La communauté internationale a eu une réaction rapide dans certains cas alors que dans d’autres la coopération a fait défaut.  Cela est clairement évident dans le conflit israélo-palestinien, dans lequel malgré les efforts régionaux, la Ligue des États arabes n'est même pas incluse dans le Quatuor pour le Moyen-Orient, a dénoncé le représentant.

M. JOHNATAN R. COHEN (États-Unis) a appuyé la coopération entre le Ligue et l’ONU et a salué la création du Bureau de liaison au Caire.  Il a remercié la Ligue de travailler avec son pays pour concrétiser la vision d’un Moyen-Orient stable, prospère et sûr, citant l’appui de la Ligue au Gouvernement légitime du Yémen et à la Coalition mondiale contre Daech.  Il a salué « les amis et les alliés » de la Ligue pour leur volonté ferme de maintenir « la Syrie d’Assad » à l’écart et de ne pas normaliser les relations avec « son régime » jusqu’à ce qu’une solution conforme à la résolution 2254 soit trouvée.  L’Iran, a-t-il poursuivi, demeure la menace la plus dangereuse à la paix et à la sécurité régionales.  Le représentant a donc salué la déclaration qu’a faite la Ligue arabe le 31 mai dernier après sa réunion de la Mecque pour dénoncer le comportement déstabilisateur de l’Iran.  Il est inacceptable, a dit le représentant, qu’un État s’attaque à des navires commerciaux et l’attaque d’aujourd’hui dans le golfe d’Oman suscite de graves préoccupations.  Le Gouvernement américain, a-t-il indiqué, offre son aide et continuera à évaluer la situation.  Venant au processus de paix au Moyen-Orient, le représentant a indiqué que la Maison Blanche travaille à une vision qui offre à tous un avenir brillant et qui sera rendue publique au bon moment.  Nous espérons, a-t-il confié, que les parties prenantes prendront connaissance du plan avec un esprit ouvert et qu’elles seront disposées à en discuter de manière constructive.  Un atelier étant organisé le mois prochain au Bahreïn, le représentant a dit attendre avec intérêt les idées et les stratégies qui seront avancées pour assurer un meilleur avenir plus prospère au peuple palestinien.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que l’ampleur des défis politiques et sécuritaires auxquels le monde arabe fait face aujourd’hui justifie « plus que jamais » un dialogue nourri entre les Nations Unies et la Ligue arabe.  Il a évoqué, entre autres, la menace persistante de Daech et la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, jugeant par ailleurs indispensable de soutenir l’action de l’ONU pour trouver des solutions politiques au conflit en Syrie, au Yémen et en Libye.  Il a aussi jugé important que les membres du Conseil réaffirment leur attachement au dialogue et à la coopération régionale.

Le représentant a souligné le rôle clef que joue la Ligue arabe, dont l’action, a-t-il affirmé, est plus que jamais essentielle pour faire émerger le consensus entre les États arabes et répondre aux enjeux globaux qui touchent la région.  Dans un contexte marqué par la montée des tensions dans le golfe, et les préoccupants incidents contre deux tankers en mer d’Oman aujourd’hui, la retenue et la désescalade doivent être de mise.  Il faut, a-t-il insisté, œuvrer à la mise en place progressive d’un dialogue régional qui pourrait être le cadre adapté pour parler de toutes les sources de préoccupations.

Poursuivant, le représentant a rappelé le règlement avant tout politique du conflit israélo-palestinien et l’attachement « plein et entier » de la France à la solution des deux États. La Ligue arabe et l’ONU ont en commun de définir des paramètres clairs au sein des résolutions du Conseil de sécurité et de l’ « Initiative arabe de paix ».  Tout effort, notamment économique doit s’inscrire dans ce cadre, a-t-il ajouté.

Estimant que la coopération étroite entre la Ligue arabe et l’ONU doit être développée, M. Delattre a salué l’ouverture prochaine d’un bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue arabe au Caire.  Il a appelé au renforcement des échanges entre les membres du Conseil de sécurité et la Ligue arabe et à favoriser une meilleure appréhension, par le Conseil et l’ONU, des dynamiques régionales. Cela passe notamment, a-t-il estimé, par la création d’espaces de discussions transversales et la Conseil pourrait également se réunir de façon informelle avec les envoyés spéciaux et représentants spéciaux pour la zone Afrique du Nord et du Moyen-Orient, une fois par an, en présence d’un représentant de la Ligue arabe. Il a aussi évoqué la tenue, les 23 et 24 juin, à Marseille, du Sommet des deux rives.

Selon M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), « les voisins savent mieux ».  C’est pourquoi la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales est cruciale.  Le représentant a rappelé que la Ligue des États arabes, avec ses 22 membres et 6% de la population mondiale, revêt une grande importance.  Étant donné que de nombreux pays de la région arabe sont en conflit, il faut saluer la détermination renouvelée de la Ligue à renforcer son rôle dans la prévention des conflits, la médiation, le maintien de la paix et sa consolidation dans la région arabe.  La Ligue, a argué le délégué, est bien placée pour trouver des solutions à ces conflits, compte tenu de la compréhension unique qu’elle a de la dynamique des situations conflictuelles.  Elle se doit donc de promouvoir l’approche régionale globale, notamment pour résoudre les conflits prolongés.

La coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue doit être renforcée en se basant sur leurs avantages comparatifs et sur les principes de la Charte.  Il faut ainsi rendre cette coopération plus structurée pour assurer son efficacité et sa viabilité.  Même s’il faut saluer les réunions annuelles entre les deux instances, les interactions devraient aller plus loin et permettre un dialogue plus substantiel qui aboutisse à des actions concrètes.  M. Djani a demandé que l’accent soit mis sur la prévention et la médiation.  Selon lui, faire face aux causes profondes des conflits est impératif afin de prévenir la reprise de la violence.  Il y a en effet un lien entre la paix et la sécurité et le développement.  Identifier et faire face aux causes socioéconomiques de la violence est important.  De même, les efforts de médiation de la Ligue doivent être promus et soutenus. Il faut explorer les domaines tels que le partage d’informations, les signes précurseurs communs et l’autonomisation et le renforcement des capacités de la Ligue. 

M. ZHAOXU MA (Chine) a rappelé qu’il est nécessaire pour l’ONU et la Ligue des États arabes de poursuivre le dialogue et les consultations car bien des problèmes au Moyen-Orient sont étroitement liés entre eux et que leur interdépendance exige la mise en place d’une « architecture unifiée ».  Nous devons renforcer notre coordination et créer de nouvelles synergies, a-t-il insisté.  Il a cité en exemple l’initiative de son Président qui, en juin dernier, lors de la huitième réunion ministérielle du Forum sino-arabe à Beijing, a annoncé le lancement d’un « partenariat stratégique » entre les pays arabes et la Chine, ouvrant la voie à un nouveau chapitre de leur coopération.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déclaré que le monde arabe est actuellement confronté à nombre de défis allant des conflits qui ravagent certains de ses pays, à des défis thématiques comme la préservation et la gestion des ressources en eau.  Les conflits en Syrie, au Yémen et en Libye ainsi que l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix au Moyen-Orient déstabilisent considérablement la région, accentuant fortement les tensions entre ses États membres et mettant en grave danger sa sécurité.  Par leur internationalisation, ces conflits mettent également en péril la paix et la sécurité mondiales, a ajouté la représentante.  La région est plus forte quand elle parle d’une voix.  Le soutien généralisé de la région à l’UNRWA est un bon exemple tout comme celui à la solution des deux États. 

Compte tenu de la gravité et la nature complexe et multidimensionnelle des défis, un renforcement du dialogue et de la collaboration au sein de la Ligue des États arabes comme entre la Ligue et le Conseil de sécurité sont d’une importance cruciale.  « Nous soutenons dès lors la demande de réunir le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes à des intervalles réguliers comme c’est le cas avec d’autres organisations régionales comme l’Union européenne et l’Union africaine.  La Ligue a un rôle à jouer dans la prévention des conflits, a estimé la représentante qui a soutenu les efforts visant à renforcer cette dimension.  Une analyse conjointe ainsi que des mécanismes communs d’alerte précoce constituent des instruments essentiels à cet égard.  Dans ce contexte, a-t-elle poursuivi, nous nous réjouissons de l’annonce de l’ouverture du Bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue des États arabes au Caire vers la fin de ce mois.  La coopération entre l’ONU et la Ligue doit également être guidée par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a estimé la représentante.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné l’importance de trouver des « solutions arabes aux problèmes arabes », de la même manière que l’on doit trouver des « solutions africaines aux problèmes africains ».  Le Conseil de sécurité, a-t-il relevé, accorde une importance de premier ordre aux situations au Moyen-Orient, qui sont presque aussi nombreuses que celles dont il est saisi en Afrique.  Le représentant a regretté que les crises en Syrie et en Libye résultent de décisions « irréfléchies ».  Pour lui, la Ligue des États arabes est un mécanisme de dialogue multilatéral essentiel pour la région et son rôle doit être renforcé.  Il a regretté que « l’on crée » une « tension » autour de l’Iran et prôné une médiation de la Ligue arabe sur cette question, en coopération avec le Conseil de sécurité.  Il s’est dit favorable au renforcement du partenariat entre l’ONU et la Ligue et s’est félicité de la tenue récente à Moscou de la cinquième réunion ministérielle du Forum russo-arabe, qui a débouché sur l’adoption d’un plan d’action visant à formuler des solutions à différentes crises, solutions auxquelles la Ligue des États arabes pourra prendre part.

M. GUATAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a expliqué que son pays a des liens historiques avec les pays du Moyen-Orient.  Il a regretté la persistance des défis au Moyen-Orient qui se sont transformés en graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Citant à ce titre les conflits en Libye, au Yémen et en Syrie, il a également condamné les récents incidents dans le golfe d’Oman.  Compte tenu de cette situation délicate, le Pérou estime que le renforcement du multilatéralisme et de la coopération entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes est absolument nécessaire.  Le représentant a salué le rôle de chef de file de la Ligue dans la recherche de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient et la proposition du Secrétaire général d’ouvrir un Bureau de liaison au Caire.  Mais, a-t-il souligné, il faut imprimer à cette relation un caractère prévisible.  Il a donc salué l’idée d’un cadre constitutif entre les Nations Unies et la Ligue et celle d’une réunion annuelle entre ces deux organisations.  Les possibilités de coordination devraient s’élargir à la protection des civils et à l’assistance humanitaire, a estimé le représentant.  L’ONU et la Ligue des États arabes devraient conjuguer leurs efforts pour sortir de l’impasse actuelle du processus de paix israélo-palestinien, a souhaité le représentant.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a débuté son intervention en évoquant la situation en Syrie, réitérant son attachement à une solution négociée sur la base de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  Il s’est dit inquiet de l’escalade dans le nord-ouest du pays et a condamné l’attaque qui a visé hier deux pétroliers dans le golfe d’Oman, « des incidents qui pourraient s’ajouter aux crises qui sévissent déjà dans la région ».  Selon lui, un domaine pertinent de coopération entre la Ligue des États arabes et l’ONU, sont les droits de l’homme.  Le représentant s’est dit préoccupé de la tendance de certains pays de la région à refuser protection aux minorités et respect des LGBTQI.  Il est revenu sur la tenue, les 24 et 25 février derniers, du premier sommet de l’Union européenne et de la Ligue des États arabes à Charm el-Cheikh, qui a débouché sur l’adoption d’une déclaration sur le renforcement du partenariat entre les deux organisations régionales.  M. Schulz a estimé que l’ouverture au Caire d’un bureau de liaison de l’ONU sera également de nature à jouer un rôle clef.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a souligné que l’instabilité politique et les menaces sécuritaires protéiformes, notamment en Syrie, au Yémen, en Libye et en Palestine, avec leurs conséquences humanitaires désastreuses, ont au fil des années considérablement affaibli l’espoir légitime d’une paix durable nourri par les populations de ces régions.  Dans ce contexte régional marqué par les difficultés à trouver des compromis politiques viables entre les parties aux conflits, le soutien des Nations Unies aux efforts de médiation et aux bons offices déployés par les organisations régionales, dans le cadre de la diplomatie préventive, sera nécessaire. 

Ainsi, la coopération entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes apparaît comme une approche qu’il convient de promouvoir et de renforcer au regard de la complexité des défis politiques, sécuritaires et humanitaires.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire a accueilli avec satisfaction l’annonce faite par le Secrétaire général de l’ONU, lors de la trentième session ordinaire du Sommet de la Ligue des États arabes en mars 2019 à Tunis, de l’ouverture d’un bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue, conformément à la résolution A/73/267 de l’Assemblée générale.  M. Adom a, en outre, estimé que le soutien des Nations Unies devrait également porter sur les efforts de développement des États de la région, afin de trouver des solutions aux causes économiques et sociales des crises qui agitent cette zone.  Ainsi, ce soutien permettra d’apporter des réponses coordonnées et appropriées aux défis humanitaires et au contrôle des flux migratoires.

M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a commencé par condamner les attaques contre des navires dans le golfe d’Oman.  Il a souligné l’attachement de sa délégation à la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, y compris la Ligue des États arabes.   Ces organisations régionales jouissent de la proximité géographique des théâtres de conflits et de crises, a-t-il noté.  Ainsi la Ligue des États arabes a des connaissances particulières qui peuvent contribuer à une meilleure compréhension culturelle des causes des conflits dans sa région.  C’est une contribution précieuse pour les membres du Conseil de sécurité, a estimé le représentant pour lequel la Ligue est essentielle dans le règlement des conflits du Moyen-Orient.  Il en a voulu pour preuve ses contributions à ce jour, y compris l’Initiative de paix arabe pour le règlement du conflit israélo-palestinien. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume Uni) a estimé qu’alors que la situation évolue au Moyen-Orient, la Ligue des États arabes a fait preuve de détermination pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la région.  Il a encouragé une plus grande collaboration entre les Nations Unies et la Ligue sur les différents dossiers relatifs au Moyen-Orient.  À ce titre, il a appelé la communauté internationale à appuyer les revendications du peuple soudanais et a précisé que le Royaume-Uni condamne le recours à la force contre des manifestations pacifiques.  Il a appelé tous les partenaires, y compris les États membres de la Ligue des États arabes, à appuyer les efforts de l’Union africaine au Soudan.

S’agissant de la Syrie, il a maintenu que seule une solution politique permettra de sortir de la crise actuelle.  « En tant que membres du Conseil, nous sommes tous coresponsables » pour y parvenir, a estimé le représentant avant de réitérer à nouveau que le Royaume-Uni ne participera pas à la reconstruction de la Syrie tant qu’une telle solution viable n’aura pas été trouvée et appliquée.

Sur le dossier israélo-palestinien, il a continué de plaider pour la solution des deux États et a appelé toutes les parties à respecter le droit international et le droit international humanitaire.  Pour ce qui est de la Libye, le représentant a souligné que l’aggravation de la violence ne profite à personne et a exhorté toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU.  Le représentant a aussi appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour le Yémen et s’est, à son tour, dit préoccupé par l’attaque contre les pétroliers dans le golfe d’Oman.  Dans le monde arabe, les défis sont énormes, a-t-il conclu, en soulignant la nécessité pour « nous tous ici autour de cette table » de faire preuve de souplesse pour les relever.  Il a encouragé une collaboration plus étroite entre les Nations Unies, le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes.

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