En cours au Siège de l'ONU

8547e séance – après-midi
CS/13839

Face à la montée de la violence intercommunautaire au Mali, le Conseil étudie les options d’adaptation de la Mission de l’ONU

Trois jours après l’attaque meurtrière qui a fait 35 morts dans le centre du Mali, le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Mahamat Saleh Annadif, a, en présence du Ministre malien des affaires étrangères, présenté, cet après-midi, au Conseil de sécurité, les options prévues pour une possible « adaptation significative » de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

Le Représentant spécial du Secrétaire général a d’abord estimé que le Mali s’engage en ce moment dans une période critique de son processus de paix.  La volonté toujours exprimée par les partis signataires de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation offre encore de réelles chances de faire avancer la cause de la paix dans les six à 12 prochains mois, et ce, malgré les retards qui persistent.  Mais, a-t-il averti, la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne pourra se transformer en véritable opportunité sans une accélération dans la maîtrise de la situation sécuritaire, notamment dans le centre du pays.  « Ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin dans le village de Sobane Da, dans la région de Mopti, nous rappelle la gravité de la situation », a-t-il prévenu, ajoutant que cela fait suite aux massacres de Koulougon et d’Ogossogou respectivement le 1er janvier et le 23 mars 2019, toujours dans la même région de Mopti. 

Tout en tenant dûment compte du contexte extrêmement complexe et difficile du Mali, le Secrétaire général indique, dans son rapport, qu’il a procédé à l’évaluation de la hiérarchisation actuelle des objectifs de la MINUSMA en s’appuyant sur les principes selon lesquels il faut éviter de se substituer à l’État malien et assortir la fourniture d’un appui à un nombre grandissant de conditions, comme moyen d’influence.

Il propose ainsi que la Mission se limite aux projets qui contribuent directement à la mise en œuvre de l’Accord dans le nord ou qui répondent à des besoins particuliers dans le centre.  L’appui apporté aux Forces de défense et de sécurité maliennes devra être maintenu mais il serait fourni à l’avenir par l’équipe de pays plutôt que par la MINUSMA.  L’appui de cette dernière à la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel devrait continuer d’aller de pair avec la mise en place d’un cadre réglementaire visant à faire respecter le droit des droits de l’homme et le droit international humanitaire.  La Force de la Mission devrait augmenter encore son efficacité et son efficience, en assurant une protection accrue lors des déplacements, en étant plus souple et plus agile, et en adoptant une attitude proactive dans toutes ses zones de déploiement.  Cela nécessitera la reconfiguration de certaines de ses unités existantes et le déploiement de capacités supplémentaires.

Afin d’ajuster la présence de la MINUSMA dans le centre du pays, le camp de la Mission à Diabali, propose encore le Secrétaire général, devrait être transféré aux Forces armées maliennes début 2020 et l’on continuera à recenser d’autres camps pouvant faire l’objet d’un transfert progressif.  Dans le centre, la Mission devrait continuer à accorder la priorité aux efforts visant à faciliter le rétablissement de l’administration de l’État et renforcer son appui aux autorités pour lutter contre l’impunité.  La révision du Plan de sécurisation intégrée des régions du centre, à laquelle travaille actuellement le Gouvernement malien, pourrait permettre de donner à la MINUSMA une plus grande marge de manœuvre.

La situation dans le centre, a expliqué le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, est étroitement lié à celle du nord et constitue une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012-2013 par les groupes terroristes. Précisant que les dernières attaques ont fait 35 morts et pas 95 comme précédemment annoncé, M. Tiébilé Dramé a affirmé que les premiers adhérents à l’idéologie extrémiste violente ont été recrutés par le Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et que les principaux leaders sont aujourd’hui les chefs de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).  La principale figure du jihadisme au centre du Mali est affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). La logistique utilisée contre les forces vient du nord, a insisté le Ministre. 

Dans la perspective du renouvellement du mandat de la MINUSMA pour une nouvelle d’un an, il a demandé au Conseil de sécurité de doter la Mission de moyens humains, financiers, technologiques et en équipements adaptés, lui permettant d’exécuter son mandat de protection des civils mais aussi de mieux protéger son personnel et ses installations.  Il a aussi demandé une présence accrue de la MINUSMA dans les régions du centre, aux côtés des Forces de défense et de sécurité maliennes.  Mais, a prévenu le Ministre, cette présence ne doit pas se faire au détriment des régions du nord car « nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée par les forces hostiles au processus de paix. »

La Mission ne pourra être efficace que si elle s’appuie sur un engagement redoublé des autorités, a prévenu la France, en soutenant les options d’adaptation présentées par le Secrétaire général et le renouvellement du mandat de la MINUSMA.  La France a encouragé les parties maliennes à adopter une feuille de route actualisée dans les meilleurs délais, articulée autour d’un nombre de priorités limitées assorties d’échéances contraignantes pour le processus de révision constitutionnelle, le plan de redéploiement des Forces armées reconstituées dans le nord, des progrès tangibles en matière de décentralisation et l’opérationnalisation effective de la zone de développement du nord.  Le Conseil devrait, selon la France, définir des attentes précises sur ces points essentiels de la mise en œuvre de l’Accord, à travers l’outil de benchmarks.  « Chacun doit être conscient que la non mise en œuvre de ces benchmarks a un coût, y compris s’agissant de possibles sanctions », a-t-elle mis en garde.

La Fédération de Russie a appelé « ses collègues »à éviter de brandir des « sanctions infondées ».  La situation au Mali est un facteur essentiel de la sécurité régionale.  Or, le facteur libyen continue d’avoir un impact négatif, a-t-elle plaidé. Tous les trois mois, se sont impatientés les États-Unis, on ne cesse de parler de la dégradation de la situation sécuritaire, avec toujours plus d’attaques contre les civils et les soldats de la paix.  Quatre ans après la signature de l’Accord de paix, « le statu quo n’est plus acceptable », ont-ils averti, exigeant que le renouvellement du mandat de la MINUSMA tienne compte de la nécessité de faire pression sur les groupes armés pour qu’ils adhèrent à l’Accord de paix.  Cette pression, a-t-il précisé, doit être exercée, en prévenant des conséquences qui attendent ceux qui saboteraient l’Accord de paix.  Le nouveau mandat devra permettre à la Mission d’établir les mécanismes de transfert des responsabilités à d’autres acteurs tels que le Gouvernement, les forces de sécurité nationales, le G5 Sahel et l’équipe de pays des Nations Unies et tenir compte des performances.  La MINUSMA doit avoir des contingents bien formés et ne pas hésiter à se séparer des troupes inefficaces, ont tranché les États-Unis.

LA SITUATION AU MALI (S/2019/454)

Déclarations

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, a estimé que le Mali s’engage en ce moment dans une période critique de son processus de paix.  La volonté toujours exprimée par les partis signataires de poursuivre la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali offre encore de réelles chances de faire avancer la cause de la paix dans les six à 12 prochains mois, et ce, malgré les retards qui persistent.  De ce fait, les efforts importants de bons offices tendant à favoriser l’appropriation de l’Accord par les Maliens et à renforcer la confiance entre les parties doivent être poursuivis.  Le Représentant spécial a ajouté que ce sont ces bons offices qui ont permis la signature du Pacte pour la paix, dont l’une des réalisations est d’étendre la mise en œuvre de l’Accord à des mouvements qui y adhérent, bien qu’ayant fait dissidence de leur groupe d’appartenance d’origine.  Les mêmes efforts ont permis la mise sur pied d’un groupe au sein du Parlement, chargé spécialement de suivre la mise en œuvre de l’Accord.  Il a néanmoins déploré le peu de résultats quant à l’inclusion des femmes dans les structures de mise en œuvre de l’Accord, tout en saluant une plus grande implication des organisations de la société civile dans l’espace public.  Celles-ci, sous l’impulsion de la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont en effet convenu d’établir des observatoires de l’action des institutions créées dans le cadre de l’Accord, notamment les assemblées régionales.

M. Annadif a indiqué que le processus de paix au Mali est entré dans une nouvelle phase avec la nomination, le 22 avril 2019, d’un nouveau Premier Ministre, M. Boubou Cissé, et la signature le 2 mai de l’accord politique de gouvernance entre la majorité et l’opposition démocratique.  Le tout a été suivi de la formation, le 5 mai, d’un gouvernement d’ouverture dont le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Tiébélé Dramé, est la parfaite illustration.  Ce développement qui fait de la mise en œuvre de l’Accord, une priorité, ouvre également la voie à la création d’un consensus politique plus large autour des réformes politiques et institutionnelles.  Le consensus obtenu pour la prolongation du mandat de l’Assemblée nationale est une indication de cette volonté d’aller de l’avant.  Dans la même veine, le projet de loi portant création de la zone de développement du nord a déjà été adopté par le Gouvernement et transmis à l’Assemblée nationale.  De plus, l’accord politique de gouvernance du 2 mai assigne au Gouvernement la tâche d’organiser un dialogue politique inclusif, dont l’ambition est de permettre aux Maliens de se parler afin de dégager une vision partagée sur les grands défis auxquels fait face le pays. 

Parallèlement à ces évolutions politiques importantes, le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées et réformées avance de façon encourageante, a estimé le Représentant spécial.  Il a rappelé que le retour effectif de l’administration dans le nord est le gage du retour des services sociaux de base qui permettra aux populations de bénéficier des dividendes de la paix, une question qui était l’un des objectifs phares de l’Accord pour une paix durable au Mali. 

Mais, a averti le Représentant spécial, la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne pourra se transformer en véritable opportunité sans une accélération dans la maîtrise de la situation sécuritaire, notamment dans le centre du pays.  « Ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin dans le village de Sobane Da dans la région de Mopti nous rappelle la gravité de la situation », a-t-il prévenu, ajoutant que cela fait suite aux massacres de Koulougon et de Ogossogou respectivement le 1er janvier et le 23 mars 2019, toujours dans la même région de Mopti.  C’est justement après le drame d’Ogossogou que la MINUSMA, dans le cadre de son mandat de protection des civils, avait monté l’opération Oryx en coordination avec l’opération Kapigdou des Forces de défense et de sécurité maliennes.  Cette opération d’urgence se fonde sur la protection des civils, grâce à la dissuasion et l’anticipation des menaces, ainsi que par le biais de la lutte contre l’impunité.  « Le cycle infernal de la violence qui se poursuit doit être arrêté au risque que chacun soit tenté de se faire justice lui-même », a martelé M. Annadif, avant de souligner l’importance de la lutte contre l’impunité.  Il a salué l’affectation d’un procureur de la République à Mopti ainsi que les récentes arrestations opérées par l’État malien.  Il s’est aussi félicité de la mise en place par le Gouvernement d’une cellule de coordination de toutes les initiatives en matière de sécurité au centre.

Par ailleurs, la MINUSMA a adopté une stratégie intégrée pour le centre, en ligne avec le cadre stratégique intégré (ISF) et dispose, depuis le 28 mai 2019, d’un secteur militaire spécifiquement dédié au centre du pays.  Il y a quelques années, la majorité des effectifs de la Mission était assignée à la protection des camps, a rappelé le Représentant spécial, notant qu’aujourd’hui, la situation s’est complètement inversée en ce sens qu’au moins 70% d’entre eux sont sur le terrain, notamment pour la protection des civils ou l’escorte des convois de ravitaillement, alors que près de 30% sont assignés à la sécurité des installations.  Parallèlement à ce travail au centre, les efforts sont maintenus avec la présence de la MINUSMA dans le nord, notamment pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord.  La reprise des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel en début d’année est également un élément important à prendre en compte, a noté le Représentant spécial. 

Afin de poursuivre l’ajustement de la composition des composantes civiles et en uniforme de la MINUSMA en faveur d’une mobilité plus accrue, le Secrétaire général a soumis, dans son rapport, des propositions de réassignation de certaines unités spécialisées et la possibilité de transférer certains camps, à commencer par celui de Diabali, aux autorités maliennes.  Le Représentant spécial a affirmé que le processus de paix au Mali connaît un tournant décisif grâce à cette impulsion de la MINUSMA, à l’engagement des parties signataires de l’Accord et à celui des autres partenaires. 

Pour M. FRANÇOIS DELATTRE (France) l’escalade de la violence que connaît aujourd’hui le centre du Mali appelle à un véritable sursaut.  « Il y a urgence à agir, notamment pour prévenir davantage de massacres », a estimé le représentant, en notant que les autorités maliennes sont pour cela en première ligne.  Il les a encouragées à prendre toutes les mesures nécessaires pour poursuivre les auteurs de ces crimes, désarmer les milices et engager un véritable dialogue avec les communautés.  À plus long terme, seuls le rétablissement de l’autorité et de la présence de l’État, le retour des services de base et un effort en matière de lutte contre l’impunité seront à même de rétablir la paix dans cette région, a-t-il estimé.  La France proposera une déclaration à la presse, reprenant ces éléments, à l’issue de cette réunion, a-t-il annoncé.

La MINUSMA a tout son rôle à jouer pour accompagner et soutenir les autorités maliennes dans le centre, mais l’action de la Mission n’a pas vocation à se substituer à la responsabilité première des autorités maliennes, a souligné M. Delattre.  La Mission ne pourra être efficace que si elle s’appuie sur un engagement redoublé des autorités et la France souhaite également que la MINUSMA puisse disposer des moyens adéquats pour répondre aux besoins existants sur le terrain.

S’agissant de la mise en œuvre de l’Accord de paix dans le nord du pays, le représentant a affirmé qu’il s’agit d’une condition indispensable pour parvenir à la stabilisation du Mali et de sa région.  Les progrès réalisés à ce jour demeurent cependant largement insuffisants et doivent être rapidement consolidés, a constaté M. Delattre qui a encouragé les parties maliennes à adopter une feuille de route actualisée dans les meilleurs délais, articulée autour d’un nombre de priorités limitées assorties d’échéances contraignantes pour le processus de révision constitutionnelle, le plan de redéploiement des FAMAs reconstituées dans le nord, des progrès tangibles en matière de décentralisation et l’opérationnalisation effective de la zone de développement du nord.  Le Conseil devrait, selon la France, définir des attentes précises sur ces points essentiels de la mise en œuvre de l’Accord, à travers l’outil de benchmarks.  « Chacun doit être conscient que la non mise en œuvre de ces benchmarks a un coût, y compris s’agissant de possibles sanctions », a-t-il mis en garde. 

Dans ce contexte difficile, la MINUSMA continue de jouer un rôle essentiel en faveur de la stabilité du Mali, et la France appuie le renouvellement du mandat pour 12 mois supplémentaires.  Elle soutient, en outre, la pleine mise en œuvre des options d’adaptation présentées par le Secrétaire général, qui permettront de continuer à renforcer l’efficacité de l’action de la Mission, a conclu le représentant. 

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est indigné du fait que tous les trois mois, quand le Conseil se réunit sur la question du Mali, on ne cesse de parler de la dégradation de la situation sécuritaire, avec toujours plus d’attaques contre les civils et les soldats de la paix.  Quatre ans après la signature de l’Accord de paix, « le statu quo n’est plus acceptable », a estimé le représentant, en rappelant que cela avait été déjà mentionné dans la déclaration présidentielle d’avril dernier.  Il a donc indiqué que le renouvellement du mandat de la MINUSMA devra tenir compte de certains facteurs et d’abord de la nécessité de faire pression sur les groupes armés pour qu’ils adhèrent à l’Accord de paix.  Cette pression, a-t-il précisé, doit être exercée, en prévenant des conséquences qui attendent ceux qui saboteraient l’Accord de paix.  Il faut également, dans la perspective du renouvellement du mandat de la MINUSMA, accorder la priorité à la question de la sécurité dans le centre du pays.  Troisièmement, il faut mettre l’accent sur une transition sur le long terme.  Ce nouveau mandat devra ainsi permettre à la Mission d’établir les mécanismes de transfert des responsabilités à d’autres acteurs tels que le Gouvernement, les forces de sécurité nationales, le G5 Sahel et l’équipe de pays des Nations Unies.  Enfin, le nouveau mandat de la MINUSMA doit également tenir compte de la performance de la Mission.  La MINUSMA doit avoir des contingents bien formés et ne pas hésiter à se séparer des troupes peu efficaces. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) est revenu sur les développements récents au Mali et notamment la dernière attaque intercommunautaire au centre du pays.  Cela montre, s’est-il désolé, la gravité des menaces que connaît la région.  Il a rappelé qu’au cours des premiers mois de l’année, il y a eu une augmentation des attaques terroristes, de nombreuses violations des droits de l’homme et une escalade des tensions intercommunautaires.  Cette situation préoccupante appelle au « le réenracinement » de la présence de l’État sur tout le territoire.  Le représentant a plaidé pour que la communauté internationale finance l’appel humanitaire en faveur du Mali, craignant des risques de dérive et de recrutement des jeunes sans perspective par les terroristes.  Il a espéré que l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali pourra être mis en œuvre conformément à un calendrier strict car « tout ralentissement ne fera que déstabiliser davantage le pays ».  Il a aussi appelé « ses collègues « à éviter de brandir des sanctions infondées » car il revient aux organes de la justice malienne d’agir pour autant que l’on normalise la situation.  La situation au Mali est un facteur essentiel de la sécurité régionale.  Or, le facteur libyen continue d’avoir un impact négatif.  Le représentant a soutenu les efforts concrets du G5 Sahel contre le terrorisme et pour la sécurité dans la région.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a appelé le Gouvernement malien à accélérer la pleine mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation en particulier la réintégration effective des combattants, la réforme du secteur de la sécurité, la décentralisation et la création d’une zone de développement dans le nord.  Le processus de révision constitutionnelle doit en outre être aussi consultatif et inclusif que possible pour assurer la participation de toutes les parties représentatives de la société malienne.  À cet égard, la pleine inclusion des femmes, des jeunes et de la société civile est de la plus haute importance.  S’agissant de la situation sécuritaire, la représentante, gravement préoccupée par la situation dans le centre du pays où les violences communautaires et le nombre des pertes civiles sont inacceptables, a appelé le Gouvernement à intensifier ses efforts pour protéger la population, rétablir l’autorité de l’État et assurer l’accès aux services sociaux.  Le désarmement des milices ethniques et des groupes d’autodéfense et la lutte contre l’impunité pour les atrocités commises contre la population ces derniers mois doivent être l’une des priorités des autorités maliennes. 

Concernant le renouvellement du mandat de la MINUSMA, la représentante a estimé que l’appui à la mise en œuvre de l’Accord reste et devrait rester la plus importante priorité.  Les bons offices et la présence de la Mission dans le nord du Mali restent essentiels pour préserver les acquis depuis la signature de l’Accord.  Dans le centre du pays, la MINUSMA devrait renforcer ses efforts pour faciliter le retour de l’administration publique, y compris le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes et la protection des civils.  Cela devrait s’accompagner de mesures pour prévenir les attaques potentielles et créer un environnement sûr pour l’action humanitaire. 

Face à la montée de la violence intercommunautaire, M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a invité les autorités maliennes à initier un dialogue entre les communautés, mené par les Maliens eux-mêmes et avec le soutien des communautés régionale et internationale.  Parmi les causes ayant conduit à cette situation, il a mentionné la situation au Sahel, notamment en Libye.  Il a donc plaidé pour une coopération transfrontalière renforcée entre les pays de la région.  Il a aussi appelé la communauté internationale à financer le plan d’aide humanitaire de 2019 pour le Mali.  Sur le plan politique, le représentant a salué la signature de l’Accord politique entre le Gouvernement et l’opposition, qui a permis la mise en place d’un nouveau gouvernement inclusif.  Il a dit espérer que ces changements pourront mener à la stabilité, à la paix durable et à la prospérité pour tous les Maliens. 

Il a aussi salué les mesures prises pour la création d’une zone de développement dans le nord du pays.  L’Afrique du Sud dit soutenir la recommandation du Secrétaire général de voir un renouvellement du mandat de la MINUSMA pour 12 mois, jusqu’au 30 juin 2020.  Au sujet du redéploiement de la Mission onusienne dans le centre du pays, il a estimé que tout recalibrage de la Mission doit être précédé d’un examen de la situation sécuritaire dans le pays, pour éviter de créer un vide qui risque d’exacerber l’instabilité et l’insécurité au Mali et dans le Sahel.  De même, si d’aventure la MINUSMA devait jouer un rôle dans le centre du pays en plus du soutien qu’elle apporte en vertu de son mandat, elle devrait demander plus de capacités et de ressources, en se basant sur une analyse minutieuse des conditions sur le terrain. 

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) s’est joint aux autres délégations qui ont présenté leurs condoléances au Mali pour les victimes de la dernière attaque meurtrière dans la région de Mopti.  Pour le représentant, le renouvellement du mandat de la MINUSMA devrait être utilisé pour favoriser la mise en œuvre de l’Accord de paix, ce qui a également été le but de la visite du Conseil de sécurité sur place, il y a quelques semaines.  Il a regretté le ralentissement des progrès, en raison des circonstances difficiles et a appuyé l’appel de la France à imposer des sanctions aux fauteurs de troubles.  Par ailleurs, le Royaume-Uni encourage la participation des femmes à la mise en œuvre de l’Accord.  S’agissant du renouvellement du mandat de la Mission, le représentant a estimé qu’il faut examiner la question de la sécurité dans le centre du Mali pour y restaurer l’autorité de l’État et protéger les civils.  La MINUSMA a un rôle essentiel à jouer dans ce contexte, a-t-il estimé, en appelant au désarmement de tous les groupes armés et la révision du plan de sécurité dans le centre.  Il a condamné la dernière attaque contre les membres de la MINUSMA et jugé important de préserver la flexibilité et l’agilité de la Mission.  La MINUSMA ne peut cependant pas être la solution au Mali, a-t-il conclu, même s’il a reconnu la nécessité de renouveler son mandat dans le contexte sécuritaire actuel.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a réaffirmé qu’une appropriation nationale et une mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation demeurent l’unique voie pour un retour rapide et durable de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali, particulièrement dans les régions du nord et du Centre.  En effet, dans ces deux régions, l’exacerbation et l’instrumentalisation des violences intercommunautaires par les groupes armés doivent interpeller le Conseil sur la nécessité de soutenir, à travers la MINUSMA, le redéploiement des institutions policières et judiciaires afin de permettre à l’État malien d’assurer pleinement ses fonctions régaliennes.  M. Adom a ensuite estimé que le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion et la réforme du secteur de la sécurité en cours au Mali doivent se poursuivre et a préconisé des initiatives de développement économique et social privilégiant entre autres la lutte contre la pauvreté et le chômage.  Il s’est dit d’avis qu’il convient d’envisager, « à la lumière des contraintes observées dans la fourniture de l’appui à la Force conjointe du G5 Sahel », une « relecture » de l’accord technique, afin d’améliorer la qualité et l’efficacité de l’appui logistique de la MINUSMA. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie), qui a salué la formation d’un gouvernement de consensus et la signature d’un accord politique entre les principales parties prenantes maliennes, a exhorté les acteurs maliens à travailler ensemble vers l’achèvement de la réforme constitutionnelle par le biais d’un processus inclusif et consultatif.  Le représentant a ajouté que la zone de développement dans le nord du Mali devrait être créée rapidement pour que les conditions de vie des populations s’améliorent.  M. Djani s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire en particulier dans le nord et le centre.  À cet égard, il a jugé primordiaux le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes et le rétablissement de l’autorité de l’État.  Il est temps que les Maliens prennent en main leur destin, a déclaré le représentant, et que l’État puisse tenir les promesses faites à une population qui lui a confié son avenir.  L’État, a-t-il précisé, doit assurer sécurité et services de base.  Concernant la présence de la MINUSMA, le représentant a, compte tenu de la fragilité de la situation, estimé que la réduction ou le retrait de la Mission n’est pas la meilleure manière de procéder.  La Mission pourrait bénéficier d’un mandat plus clair, d’une vraie division du travail avec l’équipe de pays des Nations Unies et d’une coordination renforcée avec les autres entités chargées de la sécurité au Mali. 

M. SHAOJUN YAO (Chine) a présenté les condoléances de son pays aux familles des victimes et au Gouvernement malien après les violences qui ont affecté le centre du pays, il y a quelques jours.  Il a exigé de la communauté internationale le respect de l’intégrité territoriale du Mali et un appui conséquent au renforcement des capacités sécuritaires d’un pays qui se heurte également au terrorisme.  Il faut, a plaidé le représentant, une plus grande coopération régionale contre le terrorisme.  Il a donc soutenu le G5 Sahel, avant d’exhorter toutes les parties concernées à apporter plus de ressources pour le développement du nord et du centre du Mali.  Le représentant a jugé important de renouveler le mandat de la MINUSMA qui doit améliorer sécurité de ses soldats de la paix, dont plus de 400 Chinois. 

M. MARK PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a regretté la mort de nouveaux Casques bleus, soldats maliens et civils depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité au mois de mars dernier.  Il a constaté les retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, ce qui renforce les ennemis de la paix qui prônent la violence comme alternative.  Cette violence s’est désormais propagée au centre du Mali et au-delà de ses frontières, a-t-il constaté.  Le représentant s’est dit conscient que pour aboutir à une appropriation adéquate de cet Accord, y compris par les femmes et les jeunes, il vaut mieux privilégier un peu de temps supplémentaire plutôt que d’imposer des dates butoirs à sa mise en œuvre.

Il a souligné que la responsabilité des réformes à mener, dans ce contexte, incombe aux trois parties signataires de l’Accord et que les mesures n’auront de sens que si elles s’inscrivent dans la durée.  À cet égard, il a évoqué, à son tour, la possibilité de sanctions ciblées contre ceux qui s’opposent à la paix au Mali.  Face « aux atrocités inédites » dans le centre du Mali, le représentant a estimé qu’il faut déraciner les terroristes et a appelé les autorités maliennes à affirmer sa présence, à exercer ses fonctions régaliennes et à poursuivre en justice les auteurs des attaques.  La solution ne peut être que sécuritaire, a-t-il néanmoins ajouté, jugeant qu’il faut progresser dans la lutte contre l’impunité et la corruption.  Pour M. Pecsteen, la solution passe par un « processus malien inclusif », où le rôle de la MINUSMA serait d’accompagner le dialogue intramalien.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a dit que c’est la responsabilité première du Gouvernement du Mali de faire les efforts nécessaires pour la mise en œuvre de l’Accord de paix.  En ce qui concerne le centre du pays, il a déploré les massacres qui y ont cours et a appelé à la désescalade ainsi qu’à une réponse rapide de l’État pour régler les causes profondes du conflit.  Le représentant a rappelé que la MINUSMA est le facteur principal de la stabilisation du Mali.  Dans le cadre des discussions sur le renouvellement de son mandat, il faut accorder la priorité au soutien qu’elle peut apporter à la mise en œuvre de l’Accord de paix.  Il faut se garder d’en diminuer les effectifs, au vu de la situation sécuritaire dans le pays.  À son tour, le représentant a agité le spectre des sanctions ciblées contre les saboteurs de l’Accord de paix, tout en insistant sur l’importance d’impliquer davantage les femmes dans le processus de paix.  Si LE Conseil de sécurité envisage un plus grand rôle pour la MINUSMA dans le centre du Mali, il faut qu’il veille à des attentes « réalistes ».

M. UGARELLI (Pérou) a salué les derniers progrès politiques qui ont permis de former un gouvernement inclusif et déploré les pertes en vies humaines, après l’attaque du village de Soubanou-Kou.  Il a appelé le Gouvernement à faire de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation sa priorité et à lancer des réformes politiques et institutionnelles dans les domaines de la gouvernance, de la sécurité et du développement socioéconomique, insistant notamment sur la décentralisation, la tenue des prochaines élections et la réforme constitutionnelle.  Il s’est inquiété de ce que les groupes extrémistes violents profitent de la faible présence de l’État pour étendre leur influence et a jugé nécessaire de renforcer la riposte régionale face au terrorisme et à la criminalité transnationale organisée.  Préoccupé par le fait qu’un million de personnes nécessitent une aide humanitaire, le délégué a appelé à répondre aux causes profondes du conflit et mis l’accent sur le développement.  Il a fait part de son appui à la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.

M. VICTOR MANUEL ELÉ ELA (Guinée équatoriale) a déclaré que la situation au Mali et dans la région du Sahel est en train de se transformer en une véritable tragédie.  Il n’est pas politiquement incorrect d’affirmer que la situation s’est détériorée au même rythme qu’a semblé augmenter l’attention de la communauté internationale et son implication pour rétablir la stabilité et l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays.  En effet, a-t-il poursuivi, en dépit des ressources militaires et financières déployées, à l’image de la mobilisation constante et de l’appui international en faveur de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la stratégie actuellement déployée au Mali a montré ses limites contre la menace jihadiste.  Le représentant s’est dit préoccupé par l’éclatement, ces dernières semaines, de conflits entre différentes communautés lesquels, a-t-il alerté, sont habilement exploités par des stratèges islamistes, « maîtres de l’art d’attaquer, de se volatiliser et de communiquer ».  Le risque d’affrontement ethnique « extrêmement meurtrier » illustre à quel point la situation nous échappe.  Un véritable sursaut national s’impose, a martelé le représentant.

Il a tout de même salué la formation d’un nouveau gouvernement, le 5 mai dernier et prenant note de l’engagement du nouveau Premier Ministre à fournir à la MINUSMA une feuille de route de trois mois pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord, il a souhaité que le document établisse un calendrier pour la tenue d’un référendum constitutionnel, la réforme des secteurs de la sécurité et de la défense et la création d’une zone de développement économique dans le nord du pays.

Face au cycle de la violence meurtrière dans le centre du Mali, il a aussi engagé le Gouvernement et tous les acteurs politiques et civils à établir un dialogue avec les jihadistes et leurs partisans, arguant que cette nouvelle stratégie opérerait un changement de cap alliant pression militaire, dialogue et désarmement afin de réunir l’ensemble des dirigeants autour de la table de négociation.  Le délégué a également appelé à renforcer le mandat de la MINUSMA pour lui permettre non seulement de se défendre mais également de traquer les terroristes et les jihadistes.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a invité les parties prenantes maliennes à travailler ensemble pour arriver à un Mali vivant dans la paix et la stabilité.  Il a déploré la violence, notamment dans le centre du pays.  Le représentant a donc demandé que l’on traite des causes profondes de la crise, y compris la lutte contre la pauvreté ou encore le trafic et la circulation des armes légères et de petit calibre.  Il a condamné les graves violations des droits de l’homme auxquelles se sont livrées les groupes d’autodéfense et les groupes terroristes, tout en s’inquiétant de la situation humanitaire dans le pays, alors que 3,8 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.  Il a appelé les autorités à mettre en place une réponse humanitaire qui tienne compte de tous les facteurs de déstabilisation, y compris l’impact des changements climatiques.  Le délégué a dit regretter que le nombre de femmes au Gouvernement ait diminué et plaidé pour leur implication effective et celle des jeunes dans le processus de paix. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a, lui aussi, présenté ses condoléances au Gouvernement et au peuple du Mali après l’attaque qui vient d’avoir lieu dans le centre du Mali et qui a fait de nombreux morts.  Il a mis l’accent sur la détérioration de la situation sécuritaire dans le centre ainsi que sur l’escalade de la violence intercommunautaire dans cette région, en appelant le Gouvernement malien à lancer les enquêtes qui s’imposent pour traduire les auteurs de « ces horreurs » en justice.  Constatant que la menace terroriste touche tous les pays du Sahel, le représentant a appelé la MINUSMA à assumer un rôle de coordination des efforts de lutte contre le terrorisme.  Quatre ans se sont écoulés depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation, a rappelé le représentant, impatient devant la lenteur des progrès.  Il a encouragé le Mali à avancer dans la création de la zone de développement économique des régions du nord et dans le redéploiement forces de défense et de sécurité reconstituées et restructurées vers le nord et le centre.  Il a salué la formation du nouveau Gouvernement qui comprend des représentants des différentes tendances politiques et s’agissant du renouvellement du mandat de la MINUSMA, il a voulu que l’on tienne dûment compte des recommandations du Secrétaire général.

M. TIÉBILÉ DRAMÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a dit que la période sous examen a été marquée, sur le plan politique et institutionnel, par la nomination d’un nouveau Premier Ministre, et la formation d’un gouvernement d’ouverture, le 5 mai 2019, l’objectif étant de créer les conditions d’un rassemblement national pour favoriser la recherche de solutions consensuelles à la crise multidimensionnelle dans le pays.  Conformément à l’accord politique de gouvernance, les priorités majeures de l’action gouvernementale sont l’organisation d’un dialogue politique inclusif, la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la conduite consensuelle des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales, la stabilisation du centre du pays et la lutte contre le terrorisme, et l’organisation de consultations référendaires et électorales. 

Le Chef de l’État a nommé les personnalités chargées de conduire le processus de dialogue politique inclusif, à l’issue d’une large consultation de toutes les sensibilités.  Pour faciliter leur travail, un comité d’organisation consensuel sera mis en place afin d’assurer la préparation matérielle et scientifique de ce dialogue.  Le 7 juin, le Conseil des ministres a prorogé le mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020 pour permettre l’adoption par l’Assemblée nationale des réformes politiques et institutionnelles qui seront décidées lors du dialogue national. 

Concernant le redéploiement de l’Armée nationale reconstituée, a poursuivi M. Dramé, il faut noter la réintégration définitive en son sein des 529 anciens éléments des forces de défense et l’achèvement de l’enregistrement de 1 840 ex-combattants membres du Mécanisme opérationnel de coordination sur lesquels 1 309 ont été déclarés aptes et vont entamer une période de formation.  Le Gouvernement et les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation continuent les consultations pour finaliser le projet de décret définissant les modalités d’attribution des rangs et des responsabilités des officiers de commandement des ex-combattants devant intégrer dans l’Armée reconstituée. 

Pour ce qui est du développement des régions du nord du Mali, le Conseil des ministres a adopté les projets de lois fixant les principes fondamentaux de la création, de l’organisation et du contrôle des zones de développement au Mali.  Ces projets créent également la zone de développement des régions du nord.  Le Gouvernement travaille avec l’ensemble des parties signataires en vue d’arriver à la signature d’une nouvelle feuille de route révisée, assortie d’un chronogramme réaliste.

La situation dans les régions du centre du Mali, a reconnu le Ministre, constitue un sujet de préoccupation pour le peuple malien.  Il a rappelé les événements tragiques survenus dans le nuit du 9 au 10 juin 2019 qui ont fait 35 victimes et non 95 comme précédemment annoncé.  En réponse à ces actes barbares, le Gouvernement a pris une série de mesures dont l’ouverture d’une enquête préliminaire, la poursuite et l’interpellation de six personnes en lien avec ces événements dont deux par la MINUSMA, le déploiement de patrouilles sur le terrain, la fourniture d’une aide humanitaire et la prise en charge médicale des blessés.

M. Dramé a annoncé que dans la lutte contre l’impunité, 70 personnes sont détenues en lien avec les conflits intercommunautaires dans les cercles de Bankass et de Koro.  Le Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée a ouvert une enquête dans le dossier d’Ogossogou.  En conséquence, une information judiciaire a été ouverte et 10 personnes ont été placées sous mandat de dépôt pour actes terroristes, entre autres.  Le Gouvernement a également créé un cadre politique de gestion de la crise au centre du Mali qui a pour objectif de combiner l’approche politique et l’approche militaire et sécuritaire, en vue d’apaiser la situation et de résoudre la crise sur une base durable.  Le dialogue à l’intérieur des communautés en crise et entre les communautés sera un axe privilégié. 

La crise du centre, a expliqué le Ministre, est intimement liée à celle du nord et constitue une conséquence directe de l’occupation d’une partie de cette région en 2012-2013 par les groupes terroristes.  Les premiers adhérents à l’idéologie extrémiste violente ont été recrutés par le Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et les principaux leaders sont aujourd’hui les chefs de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS).  La principale figure du jihadisme au centre du Mali est affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).  La logistique utilisée contre les forces vient du nord, a affirmé le Ministre.  « La crise du centre est intimement liée à celle du nord », a-t-il martelé.  L’objectif de l’institution militaire, a-t-il dit, est zéro cas de violation des droits de l’homme. 

Le Ministre a conclu en demandant au Conseil la prorogation du mandat de la MINUSMA pour une année supplémentaire et de la doter des moyens humains, financiers, technologiques et en équipements adaptés, lui permettant d’exécuter son mandat de protection des civils mais aussi de mieux protéger son personnel et ses installations.  Le Gouvernement, a-t-il dit, demande une présence accrue de la MINUSMA dans les régions du centre du Mali, aux côtés des Forces de défense et de sécurité maliennes afin de protéger les populations civiles et leurs biens, de mettre un terme au cycle de violence et de permettre le retour de l’administration et des services sociaux de base.  Le Ministre a souligné que la présence de la Mission au centre ne doit pas se faire au détriment des régions du nord car « nous ne voulons pas créer un vide sécuritaire dans cette partie de notre pays qui pourrait être occupée par les forces hostiles au processus de paix ».

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