8480e séance – matin
CS/13732

Soudan du Sud: l’Accord revitalisé est la meilleure chance pour la paix, affirme le Chef de la MINUSS au Conseil de sécurité

Malgré les insuffisances de sa mise en œuvre, l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit « tient toujours » et reste le meilleur moyen d’entériner la paix au Soudan du Sud, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. David Shearer, qui a tenu à rappeler qu’il n’existe pas de plan B, « seulement un plan A ».

« Soyons clairs: de nombreuses personnes doivent aujourd’hui leur vie à la signature de l’Accord revitalisé », a-t-il affirmé, en assurant que « l’enthousiasme de la population pour la paix est palpable ».

Venu présenter aux membres du Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur l’évolution de la situation politique et des conditions de sécurité au cours des trois derniers mois dans la plus jeune nation du monde, le haut fonctionnaire a livré un bilan globalement encourageant, en pointant des indicateurs qui confirment les espoirs placés dans cet accord signé en septembre 2018 par les forces gouvernementales et un certain nombre de groupes d’opposition armés.

Tout d’abord, les membres de l’opposition se déplacent librement dans Djouba et prennent part aux réunions prévues dans le cadre du processus de paix, grâce aux efforts du Gouvernement pour garantir des conditions de sécurité acceptables dans la capitale et dans le reste du pays. 

« La paix avance doucement, mais sûrement », a pour sa part formulé le représentant du Soudan du Sud, en imputant la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé à un manque de financement.  Le délégué a saisi l’occasion pour demander au Conseil de sécurité de s’associer aux démarches de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine pour faire participer les mouvements d’opposition non signataires de l’accord de paix au processus de paix au Soudan du Sud.

M. Shearer avait en effet expliqué que l’État de l’Équatoria central continuait d’être le théâtre d’affrontements entre les forces de Thomas Cirillo associées à des éléments du Mouvement national sud-soudanais pour le changement d’un côté, et les Forces sud-soudanaises de défense du peuple de l’autre, ces dernières opérant parfois conjointement avec l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition.

Alors que le Conseil doit, avant le 15 mars, mettre aux voix un projet de résolution pour proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), le Représentant spécial a souhaité que celui-ci contienne « une référence plus explicite à la capacité de la MINUSS de jouer un rôle proactif » en appui au processus de paix en cours. 

Arguant que « les organisations de femmes sont les meilleures sur le terrain », la Directrice exécutive de Hope Restoration South Soudan, Mme Angelina Nyajima Simon Jial, a demandé, pour sa part, au Conseil de veiller à les inclure dans le mandat de la MINUSS, car, a-t-elle expliqué, on ne peut combler les lacunes humanitaires, reconstruire les institutions ou former un nouveau gouvernement sans régler la question majeure de l’inégalité entre les sexes dans la société sud-soudanaise.  La France a plaidé pour le respect des quotas de femmes prévus par l’Accord revitalisé, faisant remarquer que cela leur permettrait de s’impliquer pleinement dans le processus de paix. 

Au même titre que l’Allemagne, la Belgique a estimé que la protection des civils doit rester la tâche prioritaire de la Mission.  Pleinement consciente de son mandat, la MINUSS, a assuré le Représentant spécial, n’évacuera pas les personnes déplacées hors des sites de protection où un certain nombre d’entre elles sont cantonnées.  Cependant, elle soutiendra « ceux et celles qui veulent partir pour ne pas les condamner à une vie dans un camp », a précisé le haut fonctionnaire, même si la persistance de violences sexuelles -notamment dans le nord de l’État de l’Unité- explique leurs hésitations.  Des violences sexuelles qui sont la « marque » de ce conflit, a déploré la République dominicaine.

« Chaque personne déplacée ne peut rentrer dans son village ou ville d’origine que si sa réinstallation se fait sur une base volontaire, bien informée, en toute sécurité et dans la dignité », a ajouté la délégation belge.  Selon le Représentant spécial, 135 000 réfugiés ont déjà réintégré leurs communautés, auxquels s’ajoutent des personnes déplacées. 

Certes, les affrontements ont diminué, le cessez-le-feu est globalement respecté, la confiance entre les parties se renforce, leur engagement est plus solide qu’en 2015 et l’opposition commence à revenir à Djouba, a résumé la France.  Mais, a estimé la délégation, le Conseil de sécurité doit « recourir systématiquement aux sanctions pour punir et contraindre ceux qui commettent des violences sexuelles », d’autant qu’il s’agit maintenant d’un critère autonome pour être inscrit sur la liste.

La Fédération de Russie a indiqué ne pas partager l’avis de certains de ses collègues qui pensent que le maintien de sanctions imposées aux acteurs sud-soudanais et l’embargo sur les armes en vigueur dans le pays sont les raisons pour lesquelles la situation s’est améliorée. 

Le représentant sud-soudanais a confirmé la tendance au retour des réfugiés, liée à la perspective de pouvoir rentrer à temps chez eux pour semer.  En outre, l’économie montre les « signes timides » d’une reprise, ce dont témoignent notamment la disponibilité et la baisse des prix des produits de consommation de base sur les marchés de Djouba. 

« Les dirigeants du Soudan du Sud oublient souvent –ou tiennent pour acquis– le fait que leur pays est soutenu par les contribuables du monde entier », autrement dit les bailleurs de fonds qui ont apporté un soutien de plus d’un milliard de dollars, « soit plus du double du budget de l’État du Soudan du Sud », a remarqué M. Shearer.  Une somme qui a permis aux agences humanitaires de fournir une assistance à cinq millions de personnes, soit 83% des six millions qui étaient ciblés.  « L’objectif de cette année est d’obtenir 1,5 milliard de dollars pour venir en aide à 5,7 millions de nécessiteux », a annoncé le haut fonctionnaire.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur le Soudan du Sud (période allant du 1er décembre 2018 au 26 février 2019) (S/2019/191)

Déclarations

M. DAVID SHEARER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud, a commencé son intervention en rappelant que l’accord de paix signé entre les parties au conflit le 12 septembre dernier sous les auspices de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) continue de tenir.  Notant quatre changements positifs importants, il a cité tout d’abord le fait que les politiciens de l’opposition de différents partis se déplacent librement autour de Djouba et prennent part aux diverses réunions dans le cadre du processus de paix.  « J’aimerais prendre acte que le Gouvernement sud-soudanais a créé l’espace et les conditions sécuritaires pour que cela soit possible et remercier les dirigeants de l’opposition pour avoir eu le courage de participer au processus de paix », a déclaré le haut fonctionnaire.  Par ailleurs, a-t-il repris, il y a eu plus de 71 réunions et rapprochements qui se sont tenus à travers tout le pays, à l’occasion desquels des responsables gouvernementaux et les forces de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition (APLS dans l’opposition) se sont rencontrés, souvent par l’entremise de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).  « L’enthousiasme de la population pour la paix est palpable », a observé M. Shearer. 

En outre, dans l’ensemble, les niveaux de violence politique sont retombés de manière significative.  « Soyons directs, de nombreuses personnes doivent aujourd’hui leur vie à la signature de l’accord », a affirmé le Représentant spécial.  L’exception étant l’Équatoria central, où des combats près de Yei opposent les forces de Thomas Cirillo et des éléments du Mouvement national sud-soudanais pour le changement d’un côté, et des Forces sud-soudanaises de défense du peuple de l’autre, ces dernières opérant parfois conjointement avec l’APLS dans l’opposition.  Une fois encore, ce sont les civils qui ont payé le prix de cette situation: on signale des tueries, des pillages et des violences sexuelles.  « Cirillo ne semble pas vouloir prendre part à l’accord de paix en vigueur », a précisé le Chef de la MINUSS. 

Enfin, « pour la première fois en trois ans », les réfugiés expriment leur détermination à prendre le chemin du retour, s’est-il félicité, en soulignant qu’environ 135 000 d’entre eux ont déjà réintégré leurs communautés, auxquels s’ajoutent des personnes déplacées.  Jusqu’à présent, les chiffres sont relativement modestes lorsqu’ils sont comparés à ceux de 2,3 millions de réfugiés et 1,9 million de déplacés, soit un tiers de la population du pays.  Mais ils révèlent une tendance: « les gens cherchent à se déplacer pendant la saison sèche pour être chez eux à temps pour semer en juillet », a expliqué le Représentant spécial. 

Il reste cependant des défis à relever, dont le plus important est de maintenir l’élan en faveur du processus de paix, a-t-il poursuivi.  Le calendrier présenté dans l’accord a pris un retard considérable et plusieurs des organes créés en vertu de cet accord sont davantage accaparés par des questions de procédures que de fond, a regretté le haut fonctionnaire.  En outre, se posent les questions des problèmes relatifs aux frontières et aux États sud-soudanais et de la formation et du déploiement d’une force armée unifiée à Djouba et dans les grandes villes, ainsi que des garanties de sécurité pour les dirigeants de l’opposition rentrés au pays.  M. Shearer a aussi noté les difficultés rencontrées dans le processus d’élaboration de la Constitution.  Il a rappelé que la phase actuelle du processus de paix -la période de prétransition- s’achève le 12 mai.  « À ce stade, le Gouvernement de transition revitalisé doit prendre le relais et les vice-présidents, dont le premier d’entre eux, M. Riek Machar, auraient déjà dû assumer leurs rôles », a observé le Représentant spécial.

Une paix fragilisée entraînerait de la frustration, de la colère et un retour possible à la violence, qui pourrait correspondre à la situation en 2013 puis 2016, a-t-il prévenu.  « Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise. »  Si certains pensent qu’un retour à la violence est inévitable, « nous ne sommes pas d’accord », a dit M. Shearer.  Pour lui, cet accord bénéficie d’une plus large adhésion des parties que celui de 2015 et il est largement soutenu par la population.  « Nous aussi avons nos propres préoccupations au sujet du processus de paix, mais il n’y a pas de processus parfait.  Je tiens à souligner qu’il n’y a pas de plan B.  Il n’y a qu’un plan A, cet accord », a mis en garde M. Shearer.  Selon lui, pour qu’il ait une chance de succès, il doit être soutenu.  Il y a un an, a-t-il rappelé, la plupart d’entre nous ne croyions pas être là où nous en sommes aujourd’hui.  Mais nous sommes arrivés à ce stade grâce à la direction et à la motivation de l’IGAD.  « Une IGAD pleinement engagée, appuyée par les efforts de l’Union africaine, est essentielle », a insisté le Chef de la MINUSS.  Les mois à venir seront tout aussi difficiles que les précédents, a-t-il dit, et « je me réjouirai » de la nomination nécessaire de toute urgence par l’IGAD du nouveau président de la Commission mixte de suivi et d’évaluation pour accompagner le processus et surmonter ces défis.

Le Représentant spécial a aussi fait valoir que, par ses bons offices, il continue « d’injecter une expertise, des idées et des opportunités spécifiques » pour ce processus - afin de faire progresser concrètement la mise en œuvre de la paix.  Il a dès lors souhaité une référence plus explicite à cette capacité de jouer un rôle plus actif dans le cadre de son mandat. 

Mais l’amélioration de la stabilité de l’environnement pendant cinq mois n’est pas suffisante pour remédier « du jour au lendemain » à la forte insécurité alimentaire au Soudan du Sud, ni à l’absence de services de santé ou d’éducation dans le pays, a constaté à regret le Représentant spécial en jugeant toujours nécessaire de fournir une aide humanitaire.  Il a fait remarquer que des dizaines de milliers de citoyens du Soudan du Sud, jeunes et moins jeunes, sont aujourd’hui vivants grâce à la générosité des pays donateurs et au travail héroïque des agences humanitaires.  C’est à son avis une réalité que les dirigeants du Soudan du Sud oublient souvent –ou tiennent pour acquise–, à savoir que leur pays est soutenu par les « contribuables du monde entier ».  L’an dernier, les pays donateurs ont apporté un soutien de plus d’un milliard de dollars, « ce qui représente plus du double du budget de l’État du Soudan du Sud », a remarqué M. Shearer.  Cela a permis aux agences humanitaires de fournir une assistance à cinq millions de personnes, soit 83% des six millions ciblés.  « L’objectif de cette année est d’obtenir 1,5 milliard de dollars pour venir en aide à 5,7 millions de nécessiteux », a-t-il indiqué. 

Les agences humanitaires ont dans l’ensemble pu se déplacer sans entrave à travers tout le Soudan du Sud au cours de la période considérée, a poursuivi M. Shearer.  Cependant, dans des zones spécifiques telles que Yei -en particulier là où il y a un conflit et où les civils ont été les plus vulnérables– cela n’a pas toujours été possible.  Les retards gouvernementaux, notamment dans le traitement des expéditions et l’imposition des taxes, ont fait perdre du temps et entraîné des coûts inutiles au cours des trois derniers mois. 

« La paix sauve des vies.  Cela permet également d’économiser de l’argent », a encore rappelé le Représentant spécial.  Or, selon lui, le Soudan du Sud est un pays d’abondance, où personne ne devrait avoir faim.  La « facture humanitaire » sera en fin de compte « insoutenable », a-t-il mis en garde.  Aussi, au cours des derniers mois, les agences des Nations Unies et la MINUSS, appuyées par des donateurs, ont commencé à changer leur fusil d’épaule et à se concentrer davantage sur la « résilience », en vue de favoriser une plus grande autonomie des communautés dans des zones plus stables telles que Yambio, Torit et Aweil.  Par ailleurs, un fonds d’affectation spéciale a été créé pour intervenir dans les zones de conflit en cours, a indiqué M. Shearer.  Il ne vise pas seulement à réconcilier les communautés en guerre, mais aussi à étoffer les accords pour un soutien et des services économiques.

La MINUSS, a-t-il assuré, ne « poussera » pas les personnes déplacées hors des sites de protection des civils contre leur volonté, car elle est pleinement consciente de son mandat de protection.  Cependant, elle soutiendra « ceux qui veulent partir pour ne pas les condamner à une vie dans un camp », a précisé le haut fonctionnaire.  Il a cité une des principales raisons pour lesquelles les gens hésitent à rentrer chez eux: la sécurité.  Les violences sexuelles continuent d’être infligées aux femmes et aux filles à travers tout le pays, notamment dans le nord de l’Unité, où la concentration des forces de toutes parts a provoqué d’« horribles » incidents.  La mission de la MINUSS, a-t-il rappelé, consiste à dissuader et à prévenir autant que possible ces violations et à surveiller et rendre compte publiquement des violations des droits de l’homme, comme récemment à Bentiu.  « Mais nous travaillons également en coopération avec le Gouvernement pour renforcer la capacité du système judiciaire à traiter de ces crimes », a souligné le Représentant spécial.  Ce mois-ci, a-t-il annoncé, un tribunal spécial soutenu par l’ONU sera ouvert à Djouba, compétent pour les crimes de violence sexuelle et sexiste.

« Cet accord de paix est loin d’être parfait », a résumé, en conclusion, M. Shearer tout en remarquant que « nous n’aurons pas une autre chance ».  Le coût de l’échec est inconcevable, a-t-il martelé, soulignant non seulement la responsabilité qui incombe principalement aux parties au conflit, mais aussi le fait qu’il « nous incombe également à tous d’aller de l’avant pour faire de cet accord une réalité dans l’intérêt de la population du Soudan du Sud ».

En cette Journée internationale de la femme, Mme ANGELINA NYAJIMA SIMON JIAL, Directrice exécutive de Hope Restoration South Soudan, a dédié son discours aux femmes du monde qui continuent de lutter pour leurs droits et celles qui œuvrent au quotidien pour le retour de la paix dans leurs communautés.  Sa propre organisation travaille à la protection des personnes vulnérables et offre des services de base aux femmes et aux filles ayant été victimes de violences sexistes.  Elle a affirmé être également membre de la coalition des femmes sud-soudanaises, et avoir pris part, à ce titre, aux pourparlers de paix entre 2015 et 2018. 

Mme Simon Jial a relevé que les viols collectifs de novembre dernier à Bentiu étaient symptomatiques d’un problème plus grave affectant les femmes et filles au Soudan du Sud, lesquelles sont victimes d’un des taux les plus élevés de violence sexiste au monde.  C’est dans ce contexte que la société civile et les organisations de femmes dans le pays œuvrent sans relâche pour offrir des services dont certains sont parmi les plus vitaux.  Ainsi, elles répondent à la violence sexiste, protègent les personnes ayant des besoins spéciaux et créent des espaces adaptés aux femmes en offrant des services de soutien psychosocial et des activités génératrices de revenus.  Comme elles emploient du personnel local, ces organisations peuvent opérer sur des sites qui sont les plus difficiles d’accès.  « Nous travaillons durant la saison des pluies, et nous restons sur place pour nos communautés même quand les combats se déroulent », a témoigné la Directrice exécutive, promettant que ces organisations seront toujours là, même après le départ de la MINUSS. 

Elle a néanmoins relevé qu’il est difficile, sans ressources, de continuer à aider les communautés souffrant d’un conflit qui dure depuis des décennies.  « Au Soudan du Sud aujourd’hui, il y a une intense compétition entre les ONG internationales et nationales pour les ressources dédiées à l’humanitaire », a poursuivi Mme Simon Jial, qui a noté que la plus grande part des fonds va aux agences onusiennes et aux ONG internationales, alors qu’une petite portion est attribuée aux ONG nationales.  Et cela est pire pour les organisations de la société civile dirigées par des femmes car ce sont celles qui reçoivent la plus petite part.  « Nous ne pouvons construire une société civile solide et rayonnante au Soudan du Sud avec ces contraintes », s’est lamentée Mme Simon Jial, avant d’ajouter que sans ces organisations, les espoirs de paix durable de leurs communautés étaient voués à disparaître. 

Elle a ensuite pris l’exemple de sa propre organisation qui a reçu des fonds en septembre dernier pour soutenir les victimes de violences sexuelles, avant de voir les financements s’arrêter net au début de cette année.  Le personnel a donc dû expliquer aux nombreuses victimes d’actes effroyables que le centre d’accueil allait fermer le 1er mars.  Elle a souhaité que le plan d’aide humanitaire pour 2019 accorde une place majeure à la violence sexiste, et que les organisations locales comme la sienne reçoivent des ressources adéquates pour offrir les services, des services qui sont cruciaux pour la population.  À ce propos, elle a salué l’annonce faite par le Chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA): plus de fonds seront attribués aux organisations dirigées par des femmes. 

Mme Simon Jial, arguant que « les organisations de femmes sont les meilleures sur le terrain », a demandé au Conseil de les inclure dans le mandat de la MINUSS, car actuellement, les ONG de femmes n’y figurent pas.  Or, on ne peut combler les lacunes humanitaires, reconstruire les institutions ou former un nouveau gouvernement sans régler la question majeure de l’inégalité des genres dans la société sud-soudanaise, a-t-elle observé. 

La Directrice exécutive de Hope Restoration South Soudan a souligné qu’il y a, au Soudan du Sud, des « femmes talentueuses, déterminées et visionnaires » qui sont prêtes à remplir le quota de 35% prévu dans l’accord de paix.  Mais pour ce faire, il faut le soutien de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.  Selon elle, il ne suffit pas de placer des femmes à la table des négociations de paix, mais il faut également que les femmes soient au premier plan dans tous les aspects des efforts de paix et de sécurité, avant, pendant et après la crise, notamment dans le cadre de la reconstruction des communautés après les conflits.  Il faut donc soutenir les ONG dirigées par des femmes, a-t-elle martelé, rappelant que ces organisations ont besoin de financement sur le long terme si elles veulent offrir des services là où les besoins sont les plus grands.

Sachant que la plupart des gens ne sont pas dans des centres de protection des civils, elle a recommandé d’en ouvrir davantage pour que les femmes y trouvent des soins médicaux, un soutien juridique ou encore la possibilité de renforcer leurs compétences pour pouvoir gagner de l’argent. 

Mme Simon Jial a également souhaité que le Conseil demande expressément aux donateurs internationaux et aux acteurs humanitaires de travailler avec les ONG locales.  Selon elle, un tel partenariat -entre les ONG locales, les donateurs, la MINUSS et la communauté humanitaire internationale- constitue « l’une des pièces manquantes au Soudan du Sud ».  Elle a enfin demandé que la communauté internationale écoute davantage les communautés locales sud-soudanaises, expliquant qu’il y a un potentiel inexploité au sein des communautés locales et des ONG nationales.  « Il faut trouver les meilleurs moyens de travailler ensemble. »

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a encouragé à faire tout ce qui est possible pour protéger les femmes et les filles de la violence sexuelle et sexiste au Soudan du Sud, en guise de célébration de la journée du 8 mars, Journée internationale de la femme.  Les États-Unis sont préoccupés par l’absence d’engagement politique dans le processus de paix et la mise en œuvre du cessez-le-feu, a indiqué le représentant en mettant en cause l’engagement du Gouvernement sud-soudanais concernant l’accord de paix.  Les États-Unis demeurent aussi préoccupés par la violence persistante qui provoque le déplacement de masse de la population.  Ces violations du cessez-le-feu et des accords de paix doivent cesser, a plaidé le délégué avant d’exprimer également les inquiétudes de son pays du fait de la poursuite des recrutements de jeunes par les parties au conflit.  « Cela doit cesser. »  On a déjà vu d’autres accords de paix au Soudan du Sud par le passé, a-t-il rappelé en estimant que « le temps est venu maintenant de les concrétiser ». 

S’agissant de la situation humanitaire, le représentant a estimé que le Gouvernement sud-soudanais devait mettre les ressources pétrolières au service de la population.  S’adressant aux parties au conflit, il a préconisé des mesures immédiates à prendre: agir contre la violence sexuelle et sexiste, permettre l’accès libre et sans entrave des travailleurs humanitaires, libérer tous les prisonniers politiques, créer une cour hybride pour juger les auteurs des crimes graves, et créer un environnement favorable à Djouba et dans ses alentours.  Le représentant a en outre appelé le Gouvernement du Soudan du Sud à permettre à la MINUSS de s’acquitter de son mandat.  Enfin, il a rappelé que les États-Unis ont donné 845 millions de dollars au Soudan du Sud en 2018, et qu’ils ont au total donné 3,5 milliards de dollars depuis l’indépendance du pays.  « Toutefois, notre aide n’est pas infinie; nous voulons un retour sur notre investissement », a indiqué le représentant. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a considéré que l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit entre les belligérants au Soudan du Sud constitue l’évènement marquant de l’année écoulée pour ce pays.  Il a également salué la diminution significative des violences au cours de la période et la volonté affichée de nombreux réfugiés et personnes déplacées qui souhaitent rentrer chez eux.  Le délégué a mis cette situation sur le compte des mesures prises par le Gouvernement pour garantir des conditions de sécurité dans le pays, partant du principe que seule une pleine mise en œuvre de l’Accord permettra un règlement politique définitif de la crise.

Le représentant s’est également réjoui de constater que l’« unité des démarches » entreprises par les acteurs de la région se poursuit.  En revanche, il a déclaré ne pas partager l’avis de certains collègues selon lesquels le maintien de sanctions imposées aux acteurs sud-soudanais et l’embargo sur les armes en vigueur dans leur pays sont les raisons pour lesquelles la situation s’est améliorée.  Selon lui, ce train de mesures ne permet notamment pas aux organisations régionales de disposer des moyens d’assurer la sécurité dans le pays.  M. Nebenzia s’est dit favorable à la prorogation du mandat de la MINUSS et à la négociation d’un projet de résolution en ce sens. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a indiqué que le processus de paix au Soudan du Sud se trouve « à la croisée des chemins », alors que la date limite du 12 mai pour la formation d’un gouvernement transitoire se rapproche.  Il a plaidé pour un financement adéquat de ce processus, en pointant la responsabilité du Gouvernement à cet égard.  « Il y a de l’argent au Soudan du Sud », a-t-il argué. 

Le délégué s’est dit préoccupé par la situation des droits de l’homme dans le pays, avant de dénoncer le « niveau choquant » de violence sexuelle.  Les responsables d’atteintes sexuelles doivent être traduits en justice, a-t-il réclamé.  Il a jugé essentiel que le Conseil fasse de la violence sexuelle un critère à part entière des sanctions en lui demandant d’agir « maintenant ».  Il a en outre souhaité que les femmes soient davantage associées à la mise en œuvre du processus de paix.  Enfin, il s’est dit en faveur du renouvellement du mandat de la MINUSS et a souhaité que la protection des civils demeure un élément essentiel dudit mandat.

Mme JESSICA PHILIPS (Royaume-Uni) a observé que ce sont généralement les femmes et les filles qui souffrent le plus de la violence sexuelle au Soudan du Sud, regrettant que les auteurs de ces violences ne soient pas tenus responsables de leurs actes.  C’est d’autant plus préoccupant que l’on constate une normalisation des agressions sexuelles par les combattants, qui sont encouragés par leurs commandants.  « Nous ne pouvons pas accepter que ces agressions se poursuivent.  Nous ne pouvons pas accepter que l’impunité perdure. »  La représentante a appelé à mettre un terme à ce cycle pernicieux et demandé au Gouvernement sud-soudanais d’assumer ses responsabilités et de poursuivre en justice les auteurs.  Elle a aussi exhorté le Conseil de sécurité à continuer de faire pression pour que les auteurs soient tenus responsables.

L’inclusion des femmes est fondamentale pour le bon déroulé du processus de paix au Soudan du Sud, a poursuivi Mme Philips en appelant les parties à respecter leur promesse d’inclure 35% de femmes dans les différents organes de transition.  Elle s’est par ailleurs dite préoccupée par la réduction de l’espace consacré à la société civile dans ce pays ainsi que par l’absence de progrès sur les questions les plus difficiles.  Le Conseil de sécurité ne doit pas accepter cette perte d’élan, a-t-elle dit en prévenant que, sinon, il n’y aurait pas d’avenir exempt de violence au Soudan du Sud, surtout pour les femmes et les filles.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a relevé, depuis la signature de l’Accord revitalisé, des améliorations positives, en particulier le recul des violences et la tendance au retour qui se manifeste parmi les réfugiés et les personnes déplacées.  Cependant, ces progrès sont fragiles, comme en témoignent les violences sexuelles et les violations des droits de l’homme qui sont toujours perpétrées dans certains États, a-t-il remarqué, notant aussi que l’Accord revitalisé tarde à être mis intégralement en œuvre.  En 10 jours, une centaine de femmes ont été victimes de violences sexuelles à Bentiu, des violences qui sont la « marque » de ce conflit, s’est indigné le représentant.  « Y a-t-il une réelle volonté de mettre fin à de tels actes? » s’est-il interrogé, en exhortant le Gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre l’impunité, qui doit « être l’exception et jamais la norme ».

Le représentant a toutefois salué le Gouvernement pour l’adoption à venir d’un plan d’action révisé pour lutter contre le recrutement d’enfants.  Devant le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire, le délégué a insisté pour que soit mobilisée la volonté politique qui est « plus nécessaire que jamais » selon lui.  « L’échec de cet accord de paix est inenvisageable », a-t-il tranché, en rappelant qu’il n’y a pas de plan B.

Mme VERÓNIKA BUSTAMANTE (Pérou) a dit qu’il faut avancer sur la question de la paix au Soudan du Sud, car depuis le dernier rapport du Secrétaire général, a-t-elle regretté, aucun des objectifs essentiels n’a été atteint.  Elle s’est inquiétée notamment que le Gouvernement de transition n’ait toujours pas été mis en place.  Elle a aussi déploré les tensions persistantes dans tout le pays.  Il n’y aura pas de paix véritable sans volonté politique, a estimé la déléguée, qui s’est en outre préoccupée de la situation humanitaire et des obstacles que doivent surmonter les travailleurs humanitaires. 

Mme Bustamante a également condamné la violence sexuelle et sexiste contre les femmes et les filles au Soudan du Sud.  Elle a appelé le Gouvernement à assumer ses responsabilités et à prendre des mesures contre les auteurs de ces violations.  Le Gouvernement doit sensibiliser le commandement militaire sur la question de la violence sexuelle, a-t-elle préconisé avant de réitérer son souhait de voir les femmes devenir des actrices, et non des victimes, de la mise en œuvre des accords de paix au Soudan du Sud. 

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) s’est déclarée alarmée par le rapport du Secrétaire général, qui indique que les groupes armés continuent de cibler les civils et qu’une crise humanitaire démesurée touche tout le pays, avec un Sud-Soudanais sur trois qui se retrouve déplacé.  Après avoir constaté que les femmes et les filles du Soudan du Sud ne récoltent pas encore les dividendes de la paix, la représentante a cité en « triste exemple » les terribles viols de masse commis à Bentiu fin 2018, lesquels ont révélé des lacunes dans la détection, la prévention et la réponse aux incidents de violence sexuelle. 

Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à renouveler le mandat de la MINUSS, la délégation a estimé que la protection des civils doit rester sa tâche prioritaire.  S’agissant de la reconfiguration des sites de protection des civils, « qui est parfois évoquée », elle ne sera possible pour la Belgique que si les conditions sont véritablement favorables dans les zones de retour, et une stratégie de long terme est mise en place.  Chaque personne déplacée ne peut rentrer dans son village ou ville d’origine que si sa réinstallation se fait sur une base volontaire, bien informée, en toute sécurité et dans la dignité.  Enfin, les efforts pour garantir les retours doivent être soutenus par une planification sensible au genre, en coordination avec les acteurs humanitaires, a ajouté Mme Van Vlierberge.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’amélioration de la situation sécuritaire au Soudan du Sud mais s’est dite préoccupée par le niveau accru de la violence intercommunautaire et des tensions récurrentes dans le pays.  Sa plus grave préoccupation concerne la violence sexuelle contre les femmes et les filles.  « Nous sommes consternés par les agressions odieuses à Bentiu et aux alentours, et nous condamnons la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre par les parties au conflit au Soudan du Sud », a-t-elle dit.  Elle a appelé les acteurs politiques sud-soudanais à appliquer les dispositions de l’Accord revitalisé concernant la représentation des femmes dans la période préparatoire à la transition, dans la composition des organes et des institutions de transition et dans les prises de décisions.  La participation des femmes au processus politique au Soudan du Sud est indispensable, de même que l’inclusion véritable des jeunes et de la société civile dans ce processus, a-t-elle plaidé. 

Un autre facteur important pour la durabilité de la paix en Soudan du Sud est l’engagement régional, a estimé la représentante, qui a souligné qu’il reste beaucoup à faire pour maintenir un élan positif dans ce domaine.  S’agissant de la situation humanitaire, elle a appelé à accorder la plus grande importance à cette question, s’adressant non seulement à la communauté internationale mais aussi à toutes les parties à l’Accord, en particulier le Gouvernement du Soudan du Sud. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a insisté sur l’importance de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, avant de saluer les efforts diplomatiques de l’Érythrée et de l’Éthiopie en vue de préserver l’élan dans sa mise en œuvre.  Il a encouragé les parties à achever la mise en place des mécanismes et comités prévus par ledit accord.  « Le retour du Vice-Président Riek Machar au Soudan du Sud est crucial pour garantir la bonne mise en œuvre de l’Accord. »

M. Matjila s’est dit ensuite préoccupé par la fragilité de la situation dans le pays, en soulignant notamment les ressources insuffisantes en appui du processus de paix.  Le représentant a, en conséquence, appelé les partenaires internationaux à fournir ces ressources, en vue notamment de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité.  Il a appuyé le renouvellement du mandat de la MINUSS tant la présence continue de la Mission est cruciale pour assurer une mise en œuvre « impartiale » de l’Accord.  Enfin, en cette Journée de la femme, le délégué a souhaité que les femmes soient pleinement associées au processus de paix au Soudan du Sud. 

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que depuis l’Accord revitalisé, en 2018, les signataires ont fait des efforts pour le mettre en œuvre.  De nombreuses mesures ont été prises par le Gouvernement pour améliorer la confiance mutuelle, et ce, en dépit des difficultés rencontrées, a relevé le représentant.  Le Conseil de sécurité doit fournir plus d’aide et pousser les parties à aller plus loin, a estimé le représentant, qui a exhorté la communauté internationale à offrir l’appui technique nécessaire. 

Il a aussi recommandé à la communauté internationale de respecter le rôle de chef de file du Gouvernement du Soudan du Sud pour concrétiser les accords de cessez-le-feu.  Il faut, en outre, appuyer les organisations régionales pour qu’elles continuent à offrir leurs bons offices, aider les parties au conflit à participer au processus politique et continuer à fournir l’aide humanitaire.  Le délégué chinois a ajouté qu’il fallait aider les Sud-Soudanais à reconstruire leur pays en aidant les parties soudanaises à mettre en œuvre l’Accord revitalisé. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a exhorté les parties à résolument s’engager pour que le processus politique réussisse, mais a noté avec préoccupation les retards enregistrés pour plusieurs objectifs importants prévus dans la phase de prétransition.  Dès lors, a plaidé M. Ipo, les parties doivent procéder à l’examen des questions de fond relatives à la mise en œuvre des dispositions de l’Accord revitalisé.  Le représentant a d’ailleurs salué les démarches de l’Envoyé spécial de l’IGAD pour le Soudan du Sud, M. Ismail Wais, auprès des parties non signataires de l’accord de paix, en vue de leur participation au processus.

M. Ipo s’est réjoui de la baisse du niveau de violence et du respect en grande partie de l’Accord de cessation des hostilités du 21 janvier 2018.  Notant avec regret la recrudescence des actes criminels et des affrontements intercommunautaires ainsi que des violences sexuelles liées au conflit, il a condamné fermement ces actes qui sont favorisés par la présence de milices, l’impunité généralisée et l’absence de dispositions transitoires de sécurité.  Il a aussi appelé au désarmement des anciens combattants, suivi de leur intégration et réinsertion sociales, avant d’encourager la mise en place diligente du tribunal hybride pour le Soudan du Sud ainsi que son opérationnalisation.

Sur le plan humanitaire, M. Ipo a noté les chiffres toujours élevés -1,8 million de déplacés internes et 2,2 millions de réfugiés- et a exhorté les autorités sud-soudanaises, avec l’aide des Nations Unies et des partenaires régionaux et internationaux, à créer les conditions nécessaires à leur retour volontaire, durable, en toute sécurité et dans la dignité.  Il a également mis en exergue le risque réel de famine qui pourrait toucher sept millions de personnes, soit 60% de la population, lors de la prochaine période de soudure (de mai à juillet).  Dès lors, il a exhorté les autorités et les groupes armés à garantir l’accès libre et sans entrave des travailleurs humanitaires aux populations vulnérables.  Enfin, il a renouvelé son soutien à la MINUSS et appelé au renouvèlement de son mandat et à son renforcement.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a indiqué que la signature de l’Accord revitalisé avait constitué une avancée significative dans le processus qui doit conduire le Soudan du Sud vers la paix et la stabilité.  Il a encouragé les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord sur la sécurité qui permettra le cantonnement, la formation et l’unification des forces sud-soudanaises.  Le représentant a regretté la poursuite des combats sporadiques dans l’État de l’Équatoria central et la prévalence et la brutalité des violences sexuelles qui sont perpétrées contre les femmes.  Sa délégation s’est ensuite félicitée de l’amélioration de la situation humanitaire, tout en invitant les bailleurs de fonds à continuer d’apporter leur soutien.  La délégation a remercié, en conclusion, l’IGAD et les gouvernements de la région pour les efforts qu’ils ont déployés en concertation pour parvenir à la signature de l’Accord. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souligné l’évolution de la situation politique et les progrès réalisés par les parties relatives depuis la signature de l’Accord revitalisé.  Il a ensuite exhorté à faire davantage participer les femmes à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé.  La MINUSS doit mettre l’accent sur la protection des civils et l’aide visant l’application de l’Accord, a-t-il estimé.  Concernant la situation humanitaire, il a recommandé de mettre l’accent sur les personnes déplacées, qui doivent bénéficier d’une possibilité de retour dans des conditions de dignité et de sûreté.  Le représentant a en outre dénoncé le recrutement des jeunes par les parties au conflit, une pratique qui se poursuit.  « La paix est notre objectif au Soudan du Sud et l’Accord revitalisé est notre feuille de route », a-t-il conclu. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est déclaré d’accord avec le Représentant spécial pour dire que l’Accord revitalisé est la meilleure et seule option pour entériner la paix au Soudan du Sud.  Il reste cependant beaucoup à faire pour en garantir la viabilité, notamment en ce qui concerne les arrangements sécuritaires, l’intégration des dispositions de l’Accord revitalisé dans la Constitution de la transition, et la résolution des questions relatives aux frontières et aux États, a fait observer le représentant.  En outre, la présence et les activités déstabilisatrices de groupes armés non signataires demeurent une source de préoccupation, de même que la prévalence des violences sexuelles.

Le délégué a également abordé la question de la prorogation du mandat de la MINUSS.  Il a indiqué que celui-ci devra inclure un soutien renforcé à la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, en étroite coopération avec le Gouvernement sud-soudanais.  L’Indonésie a également souhaité que la Mission réfléchisse aux moyens de s’engager davantage auprès des communautés, y voyant une alternative à l’usage de la force, y compris lorsqu’il s’agit d’assurer la protection des civils. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a relevé que depuis la signature de l’Accord revitalisé, les affrontements ont diminué, le cessez-le-feu est globalement respecté, la confiance entre les parties se renforce, leur engagement est plus solide qu’en 2015 et l’opposition commence à revenir à Djouba.  Cet accord est aujourd’hui « la seule option pour mettre fin au conflit ».  Mme Gueguen a indiqué que plus les parties tarderont à prendre à bras-le-corps les questions difficiles, plus le processus risquera de s’essouffler, notamment parce que les combattants sur le terrain s’impatienteront.  Elle a donc « solennellement » appelé les parties à entrer dans le cœur des négociations, notamment s’agissant des arrangements sécuritaires et du découpage des frontières intérieures.  Plaidant aussi pour le respect des quotas de femmes prévus par l’Accord, elle a fait remarquer que cela leur permettra de participer de façon active et significative au processus de paix, à tous les niveaux et sur tous les sujets.  Le Conseil, a-t-elle ajouté, doit évaluer les réussites des processus de paix à l’aune de l’implication des femmes. 

Vu le niveau « inacceptable » de violence, y compris sexuelle, « nous devons tout faire pour y mettre fin », a poursuivi Mme Gueguen en appelant à faire cesser toutes les formes de violence et à assurer que les responsables soient traduits en justice.  De plus, la mise en place d’une cour hybride pour le Soudan du Sud, « trop longtemps attendue », doit intervenir rapidement, avec l’appui de l’Union africaine, a-t-elle plaidé.  En ce qui concerne le Conseil de sécurité, il doit « recourir systématiquement aux sanctions pour punir et contraindre ceux qui commettent des violences sexuelles », d’autant qu’il s’agit maintenant d’un critère autonome de mise sous sanctions, a demandé la France pour qui « c’est un outil de dissuasion efficace ». 

« Nous devons intensifier nos efforts pour répondre aux besoins humanitaires », a-t-elle poursuivi, en faisant remarquer que la sécurité alimentaire continue de se détériorer.  Il faut, a-t-elle recommandé, « marteler » l’obligation de protéger le personnel humanitaire et rappeler qu’il n’y a « pas d’alternative à la lutte contre l’impunité ».  La France encourage la MINUSS à faciliter le retour des déplacés, mais avec beaucoup de précautions, car il faut s’assurer que ces retours soient sûrs, bien informés, volontaires et dignes, tout en associant étroitement les acteurs humanitaires et les déplacés eux-mêmes à ce processus. 

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a affirmé que depuis la signature de l’Accord revitalisé, la situation au Soudan du Sud s’est considérablement améliorée en termes de sécurité et de paix ainsi que sur le plan économique.  Les mesures de confiance passées entre les signataires de cet accord se sont traduites par le retour et la présence de nombreux leaders de l’opposition à Djouba alors que la paix avance « doucement mais sûrement ».  En ce moment même, le Président Salva Kiir Mayardit, accompagné par certains leaders d’opposition qui sont récemment rentrés à Djouba, est en train de faire le tour de la région de Bahr el-Ghazal par voie terrestre alors que les conférences régionales de dialogue national ont commencé.  La première de ces conférences, celle de la région de Wau, s’est achevée la semaine dernière, et la prochaine se tiendra la semaine prochaine dans la région du Haut-Nil.  Celle qui se tiendra en dernier, la Conférence nationale, sera convoquée dans la région Équatoria avant la fin du mois de mai.

Le représentant a également indiqué que les réfugiés rentrent volontairement en grand nombre et que les personnes déplacées sont également nombreuses à quitter les camps.  L’économie montre les signes timides d’une reprise, ce dont témoignent notamment la disponibilité et la baisse des prix des produits de consommation de base sur les marchés de Djouba.

Il n’en demeure pas moins que des défis persistent, a reconnu le représentant, en citant notamment la lenteur de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, ce qu’il a expliqué par un manque de financements.  Même si le Gouvernement sud-soudanais compte sur l’aide de certains membres de la communauté internationale, il reste néanmoins déterminé à poursuivre ce processus en utilisant tous les moyens et ressources à sa disposition.  Avant de conclure, le représentant a demandé au Conseil de sécurité de s’associer aux démarches de l’IGAD et de l’Union africaine pour que les mouvements d’opposition non signataires de l’accord de paix participent au processus de paix au Soudan du Sud.

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