Soixante-quatorzième session,
24e séance - matin
CPSD/712

Quatrième Commission: Israël répond aux condamnations vigoureuses de ses « pratiques » dans les territoires palestiniens occupés

Au deuxième jour de l’examen des « pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés » par la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), Israël a contesté les vigoureuses condamnations dont ce pays a fait, depuis hier, l’objet de la part de plusieurs délégations, à commencer par celle de l’État de Palestine.

Réfutant le « bien-fondé » du Comité spécial chargé d’enquêter sur ces pratiques, avec lequel il refuse catégoriquement de collaborer en raison d’une approche jugée biaisée, le délégué d’Israël n’a pas hésité à dire que si ce Comité s’intéressait vraiment aux droits de l’homme des Palestiniens, il ferait en sorte que tous les acteurs qui affectent ces droits, dont le Hamas et l’Autorité palestinienne, soient logés à la même enseigne.  Après avoir affirmé que l’Autorité palestinienne a refusé à plusieurs reprises des fonds israéliens pour des raisons politiques alors qu’elle ne cesse d’appeler, par ailleurs, à des donations, Israël a également accusé le Hamas de détourner l’aide humanitaire à Gaza parce ses intérêts militaires et politiques primeraient sur le bien-être des habitants.

Face aux accusations répétées selon lesquelles Israël serait le principal responsable des problèmes du Moyen-Orient, la délégation a avancé que c’est le leadership arabe qui porterait cette même responsabilité pour avoir refusé le Plan de partage de la Palestine de 1947.  En outre, selon elle, après que les dirigeants arabes ont cherché à « éradiquer » Israël par la force, causant la mort de plus de 1% de la population juive lors de la guerre de 1948, les 850 000 Juifs expulsés de leurs foyers arabes expulsés de leurs foyers arabes n’ont pas eu à leur disposition « un UNRWA ou un Comité spécial » pour enquêter sur le respect de leurs droits ou une Quatrième Commission pour adopter des résolutions prenant leur défense.

À ce jour, a argué le représentant, aucun d’entre eux n’a obtenu le statut de réfugié, puisqu’ils ont tous été réinstallés en Israël ou dans des pays européens et aux États-Unis, et qu’ils restent privés de leurs biens sans que justice leur ait été rendue.  « Alors même que ces Juifs sont des victimes directes du conflit israélo-palestinien, leur sort est totalement ignoré dans l’enceinte de l’ONU », s’est indigné le délégué israélien, en reprochant à nouveau aux délégations arabes d’ignorer leur propre responsabilité historique dans le sort des Palestiniens.  Justice ne sera pas faite par le retour de millions de Palestiniens en Israël, « ce qui ferait des Juifs une minorité dans un autre pays arabe » et les priverait de leur droit à l’autodétermination, a tranché le représentant, pour qui la solution passe par un respect mutuel et des négociations bilatérales directes.

La délégation israélienne a également mis en cause la notion même d’occupation puisque, selon elle, lorsque la Cisjordanie est passée sous son contrôle en 1967, Israël n’aurait pas outrepassé de frontière internationalement acceptée dans la mesure où ce territoire, qui était sous mandat britannique auparavant, était sous occupation jordanienne à ce moment-là.  « La Cisjordanie n’a pas été prise à une quelconque entité souveraine palestinienne, puisqu’une telle entité n’existait pas à ce moment-là, ni à aucun autre moment », a insisté le représentant.  Le territoire a été pris à l’agresseur jordanien par Israël dans un acte d’autodéfense, a-t-il argué, avant de reprocher à la partie palestinienne de ne toujours pas vraiment reconnaître le droit du peuple israélien à l’autodétermination et à une patrie.

Ces propos ont suscité un droit de réponse de l’Observatrice permanente adjointe de l’État de Palestine, qui a catégoriquement rejeté l’argumentaire d’Israël, qu’elle a accusé de poursuivre la construction du « grand Israël », « colonie après colonie, colon après colon ».  Revenant sur l’affirmation d’Israël que son pays est une démocratie dans laquelle les Palestiniens peuvent saisir la Cour suprême en cas d’injustice, elle a ironisé sur le fait qu’une démocratie n’accorde pas de droits exclusifs qu’à une partie de sa population, ne se comporte pas comme une « théocratie extrémiste » et n’agit pas non plus comme un « État d’apartheid ».

Un autre point de discorde aujourd’hui a été celui de la « judaïsation » de Jérusalem, Ville sainte multiconfessionnelle comme l’a rappelé le Maroc, qui, aux côtés d’autres délégations arabes, a dénoncé les tentatives israéliennes de modifier ce statut historique.  Pour Israël, ces accusations « infondées » prennent leur racine dans la volonté affichée des Palestiniens de couper les liens juifs avec Jérusalem.  Le fait que le mont du Temple ne soit pas dénommé ainsi dans les résolutions de l’ONU, qui ne reprennent que la terminologie arabe de Haram el-charif, a paru scandaleux au représentant, prouvant le bien fondé de ses reproches aux Palestiniens de vouloir politiser l’histoire.

La Quatrième Commission a également achevé son débat général sur le maintien de la paix.  Elle conclura ses travaux de la soixante-quatorzième session demain matin, à 10 heures, par l’adoption d’une série de résolutions.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS (A/74/356, A/74/219, A/74/357, A/74/468, A/74/192)

Débat général (suite et fin)

M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria) a réitéré le plein soutien de sa délégation aux résolutions de l’Assemblée générale traitant des pratiques israéliennes.  Pour cette raison, il a demandé à Israël de mettre fin à toutes ses pratiques et activités dans le Territoire palestinien occupé, dont les évictions forcées, les destructions de biens ou encore les restrictions à la liberté de mouvement des Palestiniens.  Après avoir salué les conclusions et recommandations du Secrétaire général et le rapport du Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, le représentant a également demandé à Israël de cesser ses activités de colonisation, y compris de Jérusalem-Est et du Golan syrien, conformément aux résolutions pertinentes, en particulier la résolution 2334 (2016).  Le Nigéria, qui reste un fervent soutien de la solution des deux États, a, en outre, appelé Israël, l’État de Palestine et les autres pays arabes de la région à œuvrer de conserve à la réalisation de cet objectif, sur la base des résolutions des Nations Unies, des Principes de Madrid, de la feuille de route du Quatuor ou encore de l’Initiative de paix arabe, a conclu son représentant.

« Depuis la création du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, dans les années 60, la situation ne s’est pas améliorée et aucune perspective de règlement n’est en vue », a affirmé M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte).  Il a même estimé qu’il y a une escalade des violations des droits des Palestiniens, évoquant notamment la poursuite de la colonisation, les tirs à balles réelles contre des enfants, les destructions d’écoles et la fermeture de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Jérusalem-Est.

Il est normal que cette réunion se déroule à New York, ville réputée pour ses théâtres et ses pièces extravagantes, a déclaré M. IDO BROMBERG (Israël) à l’entame de son propos.  Où, sinon à New York, serait-il plus à propos de convier l’un des spectacles les plus anciens de notre temps: accuser Israël d’être responsable des problèmes du Moyen-Orient, a-t-il ironisé, avant d’estimer qu’il est bien naturel que cette institution, qui se présente comme le berceau de valeurs comme l’intégrité et l’impartialité, continue d’accueillir une telle mauvaise plaisanterie.

Rappelant qu’en 1947, le leadership arabe avait refusé le Plan de partage de la Palestine et que, par la suite, il n’avait pas réussi à éradiquer Israël par la force, le représentant a affirmé que c’est ce qui a poussé les dirigeants arabes à se tourner vers l’ONU pour poursuivre ce même objectif.  Pour ce qui est de l’accusation portée par la représentante palestinienne, laquelle reprochait à Israël de n’avoir pas respecté une centaine de résolutions de l’ONU, son homologue israélien lui a rappelé que ces textes sont passés grâce à une majorité redéclarée pour promouvoir le récit palestinien.  Ce nombre disproportionné de résolutions n’a d’autre but que de présenter Israël sous un jour négatif et de perpétuer la victimisation des Palestiniens, a-t-il tranché, en réfutant dans la foulée le bien-fondé du Comité spécial. 

Pour Israël, la réalité est bien plus complexe, a argué le représentant, en faisant un tour d’horizon des technicalités historiques de la création d’Israël et des revendications palestiniennes au sujet de l’occupation.

Pour la délégation, lorsque Israël a pris contrôle de la Cisjordanie en 1967, il n’a pas dépassé une quelconque frontière internationalement acceptée.  « La Cisjordanie n’a pas été prise à un quelconque entité souveraine palestinienne, puisqu’une telle entité n’existait pas à ce moment-là, ni à aucun autre moment.  Le territoire a été pris à l’agresseur jordanien par Israël dans un acte d’autodéfense, a-t-il précisé.  Soixante-douze ans plus tard, depuis la reconnaissance par l’ONU de la création de l’État d’Israël, les Palestiniens n’ont toujours pas vraiment reconnu le droit du peuple israélien à l’autodétermination et à une patrie, a-t-il affirmé, en voulant pour preuve les contenus des manuels éducatifs palestiniens qui excluent Israël de la carte.  Ces livres utilisent des cartes qui remontent au mandat britannique et les enfants palestiniens sont élevés dans l’ignorance et dans l’animosité, a-t-il déploré.

Si ce Comité s’intéressait vraiment aux droits de l’homme des Palestiniens, il ferait en sorte que tous les acteurs qui affectent ces droits, y compris le Hamas et l’Autorité palestinienne, soient logés à la même enseigne.  Affirmant que l’Autorité palestinienne a refusé à plusieurs reprises des fonds israéliens pour des raisons politiques alors qu’elle ne cesse d’appeler par ailleurs à des donations, le délégué a également affirmé qu’à Gaza, le Hamas détourne l’aide humanitaire parce les intérêts militaires et politiques priment sur le bien-être des habitants.

Revenant sur l’escalade des tensions des trois derniers jours, le représentant a affirmé que 360 roquettes avaient été tirées depuis Gaza en direction d’Israël, « ce qui n’est pas nouveau », puisque plus d’un millier ont déjà été tirées contre des civils israéliens au cours de l’année écoulée, des tirs que la délégation qualifie de crimes de guerre.  Elle a reproché au Comité spécial et à la Quatrième Commission de ne même pas mentionner cette réalité dans ses résolutions.  L’absurdité de la situation est qu’en tirant ces roquettes vers des populations civiles à partir d’infrastructures civiles– maisons et écoles– les militants palestiniens mettent en danger les personnes pour lesquelles ils prétendent se battre, au risque de représailles, parce qu’ils savent très bien qu’Israël fera tout son possible pour éviter des victimes civiles.

Depuis Oslo, Israël a fait plusieurs offres aux Palestiniens pour mettre fin à cette situation, a confié le représentant, mais elles ont toutes été rejetées.  Réaffirmant qu’Israël ne cherche pas à contrôler les Palestiniens, il a expliqué que chacune de ces offres comprenait des concessions significatives pourtant.  S’adressant aux Palestiniens, le représentant a déclaré que les questions en suspens entre eux ne peuvent être réglées que par des négociations directes.  Les tentatives unilatérales de chercher à prédéterminer les résultats des négociations, ou de les contourner par le truchement d’organisations internationales, sont vouées à l’échec, a-t-il mis en garde.  En conclusion, la délégation israélienne a exhorté les États Membres à s’opposer au renouvellement du mandat du Comité spécial qui, à ses yeux, est contre-productif.

M MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a demandé la fin des activités de colonisation israéliennes, qui sont un élément clef des violations des droits humains sur le Territoire occupé palestinien.  Il a déploré la hausse de 50% des démolitions de structures palestiniennes en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, en 2019 par rapport à 2018.  Le délégué a ensuite souligné le désespoir grandissant à Gaza, où règnent pauvreté et désillusion, avant de condamner fermement l’emploi excessif de la force par Israël à Gaza et en Cisjordanie.  Le délégué a insisté sur la nécessité qu’Israël rende compte de ses actes, la culture d’impunité actuelle ne faisant que nourrir la violence et compromettre les chances de paix.  Enfin, reconnaissant les préoccupations de certains devant les actions palestiniennes à l’encontre d’Israël, le délégué a argué que ces actions, fruits le plus souvent de la frustration, ne sont en rien comparables avec la gravité des violations commises par la Puissance occupante.

M. MOHAMMAD REZA SAHRAEI (République islamique d’Iran) s’est dit sérieusement préoccupé par les « conclusions horribles » du rapport du Comité spécial, qui précise qu’entre septembre 2018 et août 2019, 180 Palestiniens ont été tués et plus de 19 000 autres blessés en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza.  Il a réaffirmé la nécessité d’appuyer le mandat du Comité spécial sur les activités israéliennes illicites et de lancer une action internationale visant à arrêter les violations des droits humains fondamentaux du peuple palestinien.  Affirmant que l’occupation israélienne du territoire palestinien constitue l’épicentre de tous les conflits du Moyen-Orient, M. Sahraei a décrié plus de sept décennies de pratiques et politiques israéliennes brutales à l’égard des Palestiniens et d’autres Arabes soumis à son occupation.  Il a particulièrement stigmatisé les mesures sans précédents qui accélèrent la « judaïsation » de Jérusalem et altèrent ou éliminent la présence chrétienne ou musulmane dans la Ville sainte.  Après avoir déploré le blocus de Gaza et toute pratique relevant du châtiment collectif, le délégué a « condamné résolument » l’expansion des colonies et les confiscations de territoire dans le Golan syrien, qu’il considère comme partie intégrante de la République arabe syrienne.  En conclusion, M. Sahraei a déclaré que les Nations Unies, et en particulier l’Assemblée générale, ont une responsabilité vitale dans la résolution de la crise palestinienne et dans l’arrêt de souffrances du peuple palestinien.

M. RAJEEL MOHSIN (Pakistan) a indiqué que les pratiques affectant les droits des Palestiniens ne sont pas limitées aux seuls territoires palestiniens occupés.  Ces pratiques sont l’ordinaire de chaque puissance occupante et ne visent pas seulement à assujettir et à oppresser les peuples mais à effacer leur identité et à couper leurs liens avec la mère patrie, a-t-il dit.  « La situation dans les territoires palestiniens occupés est presque identique à celle dans le Jammu-et-Cachemire occupé indien ».  Comme pour les Palestiniens, l’occupation illégale du peuple du Cachemire se poursuit depuis plus de 70 ans et le prive de ses droits fondamentaux, y compris le droit à l’autodétermination, a poursuivi le délégué. M. Mohsin a indiqué que, depuis la tentative de l’Inde d’annexer le Jammu-et-Cachemire le 5 août 2019, un couvre-feu et un bouclage ont été décidés, ce bouclage, qui dure depuis plus de 100 jours, ayant eu pour effet de faire du Jammu-et-Cachemire la « plus grande prison à l’air libre du monde ».

« Des décennies durant, le Conseil de sécurité a adopté des résolutions sur le conflit israélo-palestinien, mais elles sont restées lettre morte », a constaté à regret Mme RAHMA SAMAI (Algérie), qui a estimé que « nulle solution ne se profilait à l’horizon ».  La représentante a affirmé qu’Israël persiste à s’opposer à toute solution négociée, privilégiant une politique du fait accompli.  Elle a notamment dénoncé la confiscation des terres, la destruction des maisons, l’usage de la violence contre les Palestiniens et le blocus de la bande de Gaza. « Tout cela s’accompagne d’une impunité totale », a-t-elle martelé, en appelant le Conseil de sécurité à faire respecter ses propres résolutions.

Le peuple palestinien aspire toujours à la fin de l’occupation israélienne et à la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, a constaté M. YOUSSEF EL MEZOUAGHI (Maroc).  Il a donc demandé la fin des pratiques illégales d’Israël qui entravent l’avènement de la solution des deux États, avant de rejeter toute tentative de compromettre le statut historique d’Al-Qods, dans la continuité de l’appel conjointement lancé en mars 2019 par le Roi Mohammed VI et le pape François.  Il faut préserver le caractère spécial de Jérusalem en tant que site multiconfessionnel, a exigé le représentant, en précisant que le Maroc œuvre également en ce sens, en collaboration avec la Jordanie, pour défendre la Ville sainte et la protéger contre toute tentative de modifier ses caractéristiques historiques.  Il s’est attardé sur les initiatives de l’Agence Bayt Mal Al-Qods Al-charif, chargée notamment de la protection et de la restauration de la Ville sainte.  Cette agence est présidée par le Roi Mohammed VI du Maroc et financée par des contributions volontaires des membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Le représentant a également appelé les États Membres à apporter leur soutien financier à l’UNRWA.  Il est grand temps que la communauté internationale assume ses responsabilités et trouve une solution à la paralysie qui prévaut depuis la fin des pourparlers israélo-palestiniens, a exhorté en conclusion le délégué, en appelant à une reprise de négociations de bonne foi, assortie d’un échéancier clair pour concrétiser la solution des deux États.

M. JORGE ARTURO REYES HERNÁNDEZ (Venezuela) après s’être alarmé des pratiques israéliennes, a estimé que tout devait être fait pour éviter une « escalade » susceptible d’aggraver le conflit, avec des conséquences imprévisibles pour la paix régionale et mondiale.  Dans le contexte de l’ONU, le Conseil de sécurité doit exiger le respect des obligations prévues dans la Charte. Il est par ailleurs « urgent » que soient intensifiés les efforts internationaux visant à appuyer et promouvoir une solution juste et durable, a-t-il dit.  Une paralysie pourrait ouvrir la porte à des mesures unilatérales qui saccageraient de manière grave les efforts et la possibilité de parvenir à une paix durable, a estimé le représentant.

C’est pour toutes ces raisons que le Venezuela a continué d’appuyer la proposition du Président Abbas en vue de la convocation d’une conférence sur la paix, sur la base des termes de référence agréée par la communauté internationale.  Il a par ailleurs rejeté toute tentative de modifier le statu quo concernant la Ville sainte de Jérusalem, de même que la décision de « certains gouvernements » de transférer leurs ambassades à Jérusalem, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Le Venezuela a, en outre, rejeté la loi sur l’État-nation et réitéré son « indéfectible » soutien au peuple palestinien et à ses aspirations légitimes.

M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur) a dénoncé le « recours excessif à la force » de la part des forces israéliennes, notamment à Gaza.  Il a également souligné que les enfants ne devaient pas être soumis à la violence, ni être encouragés à participer à des actes de violence.  Le représentant a encouragé tous les États à redoubler d’efforts pour que l’UNRWA dispose des fonds suffisants pour mener à bien son nouveau mandat.  Il a réitéré le droit des Palestiniens à vivre libres sans occupation étrangère et réaffirmé leur droit à l’autodétermination.

Mme NASRIA ELARJA FLITTI, Observatrice permanente adjointe de la Ligue des États arabes, a regretté que les Palestiniens soient toujours soumis à des violences, à des pratiques illégales et à l’utilisation excessive de la force par Israël, notamment dans le contexte de la Grande Marche du retour.  La Ligue condamne les pratiques des forces israéliennes dans les territoires occupés, y compris le Golan syrien occupé, a-t-elle dit.  Ces peuples sont frustrés, ils vivent sous occupation et sont sans espoir, a poursuivi l’observatrice, ce qui fait de la question de Palestine une véritable question de décolonisation.  Dès lors, la Ligue des États arabes rappelle qu’Israël a été créé sans que la communauté internationale ne respecte la lettre et l’esprit de la résolution 181 qui prévoyait également la création d’un État palestinien.  Cette situation a entraîné, entraîne et entraînera des souffrances supplémentaires pour le peuple palestinien.  L’ONU doit tout faire pour mettre fin à l’occupation israélienne et protéger les droits des Palestiniens, a-t-elle martelé, en exhortant l’Assemblée générale et la Quatrième Commission à réaffirmer leur engagement clair en faveur de la création d’un État palestinien.  La Ligue rejette l’abus des ressources des Palestiniens, ainsi que toute tentative visant à changer la donne sur le terrain, en particulier la judaïsation de Jérusalem.  Il faut faire en sorte que Palestiniens et Israéliens reprennent les négociations directes, a conclu l’observatrice.

Droits de réponse

« Je ne vais pas me lancer dans une controverse sur les guerres de 1948 et de 1967 », a assuré le représentant de la Jordanie, en exerçant son droit de réponse. Il a rappelé que toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale indiquent qu’Israël ne peut revendiquer sa souveraineté sur les territoires palestiniens occupés ou le Golan syrien.

« Nous occupons la trentième place dans l’indice de démocratie  », a répondu le représentant d’Israël, en ajoutant que son pays avait toujours conservé « un noyau démocratique honnête et vertueux ».  Il a estimé qu’en Israël, les Palestiniens étaient libres se tourner vers la Cour suprême ou les organisations non gouvernementales israéliennes pour faire valoir leurs droits.  Selon lui, l’argument d’une tentative de « judaïsation » de Jérusalem est « ridicule ».  Il a estimé que les détracteurs de son pays ignorent qu’ils sont ses premiers agresseurs et nient leur responsabilité historique.  Les Palestiniens ont une vue « partiale » de la justice qui nie le droit du peuple juif à l’autodétermination aussi bien que sa réalité historique, a-t-il affirmé.  Si les Palestiniens arabes avaient accepté le Plan de partage de 1947, comme l’ont fait les juifs, ils auraient aujourd’hui un État, a-t-il avancé. 

Le représentant a estimé qu’on ne tient pas compte du sort du fait qu’un pourcent de la population juive a été tuée dans la guerre de 1948 et au moins 850 000 Juifs expulsés de leurs foyers arabes.  À ce jour, aucun d’entre eux n’a un statut de réfugié, puisqu’ils ont tous été réinstallés en Israël ou dans des pays européens et aux États-Unis, mais ils restent privés de leurs biens et propriétés et justice historique ne leur a pas été rendue, a-t-il argué.  « Alors même que ces Juifs sont des victimes directes du conflit israélo-palestinien, leur sort est totalement ignoré dans l’enceinte de l’ONU », s’est indigné le délégué israélien.  Justice ne sera pas faite par le retour de millions de Palestiniens en Israël, « ce qui ferait des Juifs une minorité dans un autre pays arabe » et les priverait de leur droit à l’autodétermination, a tranché le représentant, pour lequel cela passe par une solution ancrée dans le respect mutuel et des négociations bilatérales directes.

L’Observatrice permanente adjointe de l’État de Palestine a rejeté les « déformations » de la réalité faites par le représentant israélien.  Le Comité spécial fait un travail sérieux et s’efforce de faire la lumière sur les pratiques illégales de la Puissance occupante, Israël, a-t-elle rétorqué, en invitant la communauté internationale à ne pas rester silencieuse alors qu’Israël opère en toute impunité et refuse même de reconnaître la réalité même de l’occupation.  Les enfants palestiniens qui ont perdu la vie hier en sont un témoignage supplémentaire, a-t-elle martelé.  Le rapport dont la Commission est saisie ne prend pas partie mais présente des faits, a souligné l’Observatrice permanente adjointe , en ajoutant que des organisations israéliennes comme « la paix maintenant » y contribuent.  Critiquer ces crimes n’est pas un préjugé contre Israël mais une reconnaissance du droit international qui s’applique en cas d’occupation.  Elle a accusé Israël de poursuivre la construction du « grand Israël », colonie après colonie, colon après colon, alors même que son représentant a invoqué la résolution 181 qui appelle à la création de l’État de Palestine. 

L’observatrice a également réfuté les accusations israéliennes selon lesquelles l’Autorité palestinienne ne reconnaîtrait toujours pas l’État d’Israël.  Rien dans le droit international ne pourra jamais justifier la déshumanisation de notre peuple, s’est-elle indignée.  En ce qui concerne Israël, qui se présente comme une démocratie, l’observatrice a assené qu’une démocratie n’accorde pas de droits exclusifs à une partie de sa population, ne se comporte pas comme une théocratie extrémiste et n’agit pas non plus comme un État d’apartheid.  Elle a remercié la plupart des délégations qui ont soutenu la cause palestinienne tout au long de ce débat.

Le représentant de l’Iraq a appuyé les droits de réponse de la Jordanie et la Palestine.  Il a réaffirmé qu’il s’agit d’une obligation morale pour la communauté internationale d’exercer des pressions pour faire cesser les pratiques illégales qui sont exposées dans le rapport du Comité spécial.  L’Iraq a, en outre, appelé à la solidarité avec les Palestiniens et exigé la fin de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes.  Répondant à l’intervention de l’État de Palestine, le délégué d’Israël a maintenu qu’il existait un parti pris au sein de la Commission, et évoqué le cas d’une résolution présentée l’an dernier pour condamner les tirs de roquettes palestiniens qui visaient Israël.  Cette résolution aurait dû être adoptée par consensus, mais le fait que ce soit des tirs de Palestiniens a suscité un vote.  Pour le représentant israélien, il existe des normes différentes pour Israël et pour le reste du monde.  Discuter de la situation en Palestine dans ce contexte nous éloigne d’une solution, a-t-il estimé, et Israël ne sera pas prêt à coopérer avec ceux qui cherchent à le discréditer et à nier son existence, mais a souhaité néanmoins la reprise des négociations directes.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Débat général (suite et fin)

« Nous sommes conscients du besoin de réformer les opérations de paix, à l’heure où leurs mandats sont devenus bien plus complexes, incluant la prévention des conflits, le maintien de la paix ainsi que la reconstruction postconflit et le développement à long terme », a analysé Mme JELENA PLAKALOVIC (Serbie).  Elle a estimé qu’il était d’une « importance cruciale » que ces missions soient convenablement financées et équipées pour affronter des défis politiques et sécuritaires en évolution constante.  Elle a rappelé qu’aujourd’hui, 259 ressortissants serbes participent à cinq missions de maintien de la paix de l’ONU et à quatre missions de l’Union européenne, faisant de la Serbie le principal contributeur de troupes des Balkans.  La représentante a souligné l’attachement de son pays à la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), car elle est présente sur son territoire et joue un rôle clef pour préserver la stabilité à long terme de la « province ».

M. FREDDY JATIVA (Équateur) a souligné que les opérations de paix doivent être réalisées en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies, en particulier le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et de la non intervention dans les affaires internes des États.  Il a par ailleurs noté que la complexité croissante des mandats et le déploiement des Casques bleus dans des circonstances toujours plus difficiles et risquées exigent le renforcement de la coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat, et l’appui politique et financier nécessaire à la réalisation des mandats.  Rappelant que l’Équateur participe depuis 1958 à des opérations de paix, le délégué a insisté sur le lien entre paix et développement, et le rôle indispensable que revêt la pleine participation des femmes dans le maintien et la promotion de la paix.  Il a, en conclusion, réitéré sa reconnaissance pour le travail du Comité des 34 dans ses propositions sur les stratégies des opérations de paix et loué les initiatives d’Action pour le maintien de la paix, en particulier pour la tolérance zéro en matière d’exploitation et d’atteintes sexuelles.

Pour M. NIAN WANG (Chine), les opérations de paix de l’ONU ont fait des contributions importantes à la paix et la sécurité internationales mais leurs environnements de plus en plus complexes exigent des améliorations.  À ce titre, le représentant a estimé qu’il fallait systématiquement veiller au respect des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies en matière de maintien de la paix, en particulier s’agissant du consentement du pays hôte.  En outre, le règlement politique doit figurer au cœur de l’action de l’ONU.  Il faut en outre améliorer les mandats des opérations de paix pour qu’ils soient réalistes et le Conseil de sécurité doit garantir les ressources nécessaires à la mise en œuvre de leurs mandats.  Les opérations de paix aussi doivent contribuer aux capacités des pays où elles sont déployées, a poursuivi le représentant, de même qu’au développement durable à long terme.  Il a également mis en avant l’intérêt de la coopération avec les organisations régionales, en particulier avec l’Union africaine pour apporter des solutions africaines aux conflits africains.  En tant que pays contributeur de contingents et deuxième contributeur le plus grand au budget des opérations de paix, la Chine s’est toujours acquittée de ses obligations financières à temps.  La Chine a, en outre, formé une force de 8 000 soldats de la paix prêts à être déployés.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que les opérations de paix actuelles comportaient de multiples aspects et affirmé que l’engagement de tous, que ce soit sous forme de contingents militaires ou de police, de contributions financières ou de soutien au niveau local, était essentiel au succès de telles opérations.  La communauté internationale doit veiller à ce que les misions décidées par le Conseil de sécurité soient dotées des moyens et ressources nécessaires à l’accomplissement de leur mandat.  Rappelant l’adoption, voici 20 ans, de la résolution 1265 (1999) sur la protection des civils dans les conflits armés, Mgr Auza a rendu hommage au rôle des Casques bleus et aux risques qu’ils prennent pour protéger les plus vulnérables.  Il a aussi noté que, 20 ans après l’adoption de ce texte, et 70 ans après l’adoption des Conventions de Genève, notamment la quatrième Convention qui concerne les civils, ces derniers continuent de constituer la majorité des victimes et des cibles des attaques.  Le Saint-Siège se félicite de l’accent mis dans la Déclaration d’engagements communs sur la protection des femmes et des enfants dans les conflits armés, ainsi que de l’évolution des mandats des opérations de paix pour inclure la protection des enfants.  Il estime que la protection des civils en général, ainsi que des infrastructures civiles et notamment des écoles et des hôpitaux, devrait rester une dimension permanente des opérations de paix.  Enfin, Mgr Auza a rappelé que, pour le Saint-Siège, la protection des civils sera mieux garantie par la prévention de l’éclatement de conflits armés.  Il faut donc traiter des causes profondes des conflits, leur trouver des solutions politiques inclusives et chercher à les résoudre pacifiquement.

Mme YASMINE MALOUCHE, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé que l’OIF avait commencé à développer des actions dans le domaine du maintien de la paix à la demande de l’ONU, il y a 15 ans, après une hausse significative du nombre d’opérations menées dans des pays francophones.  À l’époque, le volume de personnels francophones déployés était « relativement faible », a-t-il rappelé.  Un constat qui reste d’actualité, malgré des « avancées substantielles, notamment au niveau des composantes police des opérations de paix ».  L’OIF, qui réunit la moitié des 20 premiers contributeurs aux opérations de maintien de la paix onusiennes, a lancé une réflexion pour aboutir à « l’émergence d’une position francophone » sur ces questions, a-t-il expliqué.  L’Organisation vise aussi à accroître la participation et la qualité des personnels issus de pays francophones engagés, en soutenant le développement de supports didactiques et de programmes de formation en français.  Enfin, l’OIF œuvre au renforcement du multilinguisme à travers l’usage du français, en particulier dans les opérations déployées dans des pays francophones, ce qui permet une meilleure acceptation des missions par les populations civiles et améliore la sécurité des personnels, a estimé le délégué.

Mme AGNES COUTOU, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a appelé les forces de maintien de la paix à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme.  Selon elle, les responsables des missions de maintien de la paix doivent « être au courant de la classification de la situation nationale en termes de droit international afin de connaître les droits et devoirs de toutes les parties, les leurs inclus ».  Le CICR estime que l’application du droit international humanitaire aux forces multinationales dépend exclusivement des circonstances sur le terrain et non du mandat international ou des termes employés pour qualifier les parties qui s’opposeraient à elles.  « Cette définition du cadre légal est essentielle en vue de définir les règles d’engagements et la nature de l’entraînement reçu avant le déploiement », a affirmé Mme Coutou.

La déléguée a aussi insisté sur l’importance primordiale du principe de primum non nocere (en premier ne pas nuire), en ce qui concerne les relations avec les populations civiles à protéger, expliquant que dans certains contextes la simple association avec les forces de maintien de la paix pouvait mettre ces civils en danger.  Elle a aussi indiqué que le renforcement de la composante policière des missions pouvait permettre un meilleur contact avec les communautés locales et une meilleure application de la loi, notamment en ce qui concerne les arrestations et la détention. « Les missions de maintien de la paix devaient améliorer leurs capacités à protéger physiquement les civils et à dissuader de toute violence contre eux », a-t-elle estimé.  Selon elle, les soldats de la paix doivent aussi, autant que faire se peut, dispenser des soins aux civils malades ou blessés, protéger les installations médicales et assurer des évacuations médicales en cas de besoin.

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