Quatrième Commission: la crise financière de l’UNRWA, également visé par une enquête du BSCI, soulève de nombreuses inquiétudes
La Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) a tenu aujourd’hui son débat sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont les délibérations ont largement porté sur les problèmes de financement auxquels se heurte cette agence onusienne, ainsi que sur l’enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI), qui a poussé son Commissaire général, Pierre Krähenbühl, à démissionner le 6 novembre dernier.
Il s’agit de circonstances « extraordinairement difficiles », a reconnu M. Christian Saunders, Commissaire général adjoint par intérim de l’UNRWA, en faisant état de la « pire situation de trésorerie » de l’Office en 70 ans. Le haut fonctionnaire a rappelé que, l’an dernier, l’agence avait subi une pénurie de 446 millions de dollars après le retrait de son plus important donateur, les États-Unis, un manque ramené à 64 millions de dollars en novembre 2018. « Je ne veux pas paraître dramatique, mais nous sommes dans une situation encore plus critique aujourd’hui. Notre déficit s’élève à 89 millions de dollars. Si nous ne recevons pas de contributions dans les prochains jours, nous ne serons pas en mesure de rémunérer nos 30 000 employés en novembre », a-t-il prévenu. La prestation de services de base présente aussi un « risque imminent », a-t-il souligné, en précisant que plus de 1,5 million de réfugiés dépendent d’une assistance d’urgence et 23 000 patients se rendent chaque jour dans des cliniques de l’UNRWA.
Le débat interactif a donné lieu à de vifs échanges entre Israël, l’État de Palestine, les États-Unis et le Commissaire général adjoint par intérim. « Nous sommes extrêmement préoccupés par la corruption à la tête de l’UNRWA et demandons la publication complète de l’enquête menée par l’ONU », a lancé la délégation israélienne. Elle a accusé l’Office d’instrumentaliser des fonds humanitaires à des fins politiques et d’avoir embauché des membres du Hamas. Elle a en outre soutenu que le nombre de réfugiés palestiniens serait artificiellement accru en comptant parmi eux des enfants nés dans d’autres pays. Israël est le seul État Membre à s’être prononcé aujourd’hui contre le renouvellement du mandat de l’UNRWA.
Au contraire, l’État de Palestine a argué que l’Office qu’il y a plutôt une sous-estimation du nombre de réfugiés palestiniens, une analyse à laquelle a souscrit M. Saunders. « Les personnes qui se sont réinstallées dans un autre pays dont elles ont acquis la citoyenneté continuent-elles de figurer sur les listes de l’UNRWA? » a souhaité savoir Israël. Le dirigeant de l’UNRWA a expliqué que c’est à l’Assemblée générale de décider quelles populations, cet organisme doit servir, pas à l’Office lui-même, avant d’ajouter que « le statut de réfugié n’est pas lié à la nationalité au regard du droit international ».
M. Saunders a par ailleurs annoncé que l’enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sera achevée à la fin du mois et qu’il reviendra ensuite au BSCI et au Secrétaire général de l’ONU de décider si elle doit être rendue publique. Répondant aux accusations de parti pris, il s’est défendu en affirmant que l’UNRWA est probablement l’agence du système des Nations Unies qui en fait le plus pour respecter la neutralité.
Les États-Unis se sont également dits préoccupés par l’enquête du BSCI, demandant au Secrétaire général de l’ONU de rendre publics ses résultats. « Dans quelle mesure la culture d’impunité a-t-elle atteint les plus hauts échelons de l’UNRWA? Et que va faire la nouvelle direction pour accroître la transparence de l’Office? » s’est interrogée la délégation. Répondant, M. Saunders a rappelé que, selon le directeur de l’enquête du BCSI, il n’y avait pas eu de gabegie mais des problèmes administratifs. Il n’y a pas de culture d’impunité au sein de l’Office, a-t-il assuré, en défendant le système de gouvernance de l’Office et en annonçant vouloir faire de l’UNRWA l’agence « la plus transparente de l’ONU ».
Lors du débat général, la majorité des délégations à avoir pris la parole ont insisté sur le rôle central de l’UNRWA et se sont déclarées en faveur de la prorogation de son mandat pour trois ans. Beaucoup ont estimé que son existence était la conséquence de l’incapacité de la communauté internationale à faire respecter les résolutions de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien et à parvenir à son règlement final.
Israël s’est dissocié de cette vision en affirmant que l’Office cherche à détourner des fonds à des fins politiques, notamment en faisant campagne en faveur d’un supposé « droit au retour », plutôt que de se consacrer à l’aide humanitaire. « Soyons clairs, l’UNRWA est corrompu et inefficace », a tranché la délégation israélienne, et la corruption va bien au-delà « de quelques responsables qui se rendent à l’étranger en première classe en utilisant l’argent des donateurs », qualifiant ces pratiques de « partie émergée de l’iceberg ».
La délégation israélienne a ensuite rappelé qu’en 1948, date de la création de l’Office, il y avait 750 000 réfugiés palestiniens alors qu’aujourd’hui, l’UNRWA avance le chiffre de 5,5 millions, affirmant que cette inflation supposée serait destinée à servir la cause palestinienne. Une approche d’autant plus contre-productive, selon la représentante, qu’elle entretiendrait le faux espoir d’un retour dans « des maisons qui n’existent plus depuis longtemps ou dans lesquelles [les réfugiés] n’ont jamais vécu ». « Israël tente de tuer l’UNRWA en lançant un appel aux États Membres à ne plus le financer ou en demandant sa fusion avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux réfugiés », a accusé de son côté l’Iraq. Cependant, l’UNRWA ne peut être dissout avant que les réfugiés de Palestine ne rentrent dans leurs foyers, a-t-il estimé, rappelant que le mandat de l’agence et le droit au retour des réfugiés sont indissociablement liés.
À l’instar de l’Azerbaïdjan, qui s’est exprimé au nom du Mouvement des pays non alignés, plusieurs délégations ont souligné qu’aucune fraude, corruption ou aucun détournement de fonds n’avait été constaté dans le cadre de l’enquête menée par le BSCI et que l’Office pouvait poursuivre ses opérations avec la même efficacité. « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a affirmé M. Saunders dans ses remarques de clôture, avant de se demander où iraient les 250 000 élèves de Gaza « s’ils trouvent les portes de leurs écoles fermées lors des prochaines semaines ». C’est la raison pour laquelle, à la suite de nombreux intervenants, il a fait appel à la générosité des bailleurs de fonds pour remédier à la situation financière de l’Office.
OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT (A/74/13, A/74/332, A/74/307, A/74/337)
Déclaration liminaire
M. CHRISTIAN SAUNDERS, Commissaire général adjoint par intérim de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a rappelé qu’il avait pris ses fonctions après avoir été nommé par le Secrétaire général peu après le départ de Mme Sandra Mitchell. Suite à la démission de Pierre Krähenbühl, le 6 novembre dernier, le Secrétaire général lui a demandé d’assumer le rôle de responsable de l’UNRWA. C’est dans ce contexte qu’il a présenté le rapport annuel du Commissaire général à l’Assemblée générale aujourd’hui. Dans ces circonstances, avec ces départs inattendus, garantir la continuité des opérations en cours et assurer un leadership fort, axé sur des réformes essentielles, sont des priorités, a expliqué M. Saunders. Ce sont des circonstances extraordinairement difficiles pour toute organisation, a-t-il reconnu, en assurant qu’en outre, l’UNRWA fait face à sa « pire situation de trésorerie » depuis 70 ans. Ces défis cruciaux requièrent une attention urgente et le soutien vigoureux des États Membres, a exhorté le haut fonctionnaire.
En dépit de cette passe extrêmement difficile, l’Office s’est efforcé d’exécuter son mandat au bénéfice des réfugiés de Palestine, notamment en revitalisant son interaction avec sa Commission consultative, chargée de conseiller et d’assister le Commissaire général dans l’exécution de son mandat. Ensuite, l’UNRWA s’est efforcé de déléguer les pouvoirs et de responsabiliser les personnels sur le terrain et au siège, a affirmé le Commissaire général adjoint en estimant que des années de crise financière avaient peut-être conduit à une « centralisation excessive ». Par ailleurs, l’accent a été mis sur l’élargissement de la transparence et de l’encadrement, ainsi que sur la gestion des ressources en vue de simplifier et rationaliser les processus. L’objectif est de former des personnels en mesure de répondre à des défis en constante évolution, en mettant l’accent sur le genre, l’introduction d’un mécanisme de règlement des différends, le renforcement de l’éthique et l’alignement avec les pratiques optimales en vigueur à l’ONU.
Abordant la situation financière de l’UNRWA, le haut fonctionnaire a rappelé que, l’an dernier, le Commissaire général avait fait état d’une pénurie de 446 millions de dollars après le retrait de son plus important donateur en janvier. En novembre 2018, ce manque avait été rabaissé à 64 millions de dollars, et la dynamique restait en notre faveur, les partenaires se mobilisant avec des ressources supplémentaires pour combler l’écart. « Je ne veux pas paraître dramatique, mais nous sommes dans une situation encore plus critique que celle de novembre 2018. Notre déficit s’élève à 89 millions de dollars, soit 25 millions de plus qu’au quatrième trimestre de 2018. Si nous ne recevons pas de contributions dans les prochains jours, nous ne serons pas en mesure de rémunérer nos 30 000 employés en novembre. La prestation de services de base et nos opérations d’urgence présentent un risque imminent », a mis en garde le Commissaire général adjoint. Déjà, a-t-il ajouté, les paiements des fournisseurs sont différés car il n’y a pratiquement plus d’argent liquide ni de réserves de fonds de roulement. « Certains partenaires qui ont généreusement promis des fonds cette année ne les ont pas encore transférés. D’autres ont conditionné leurs annonces de contributions et les virements aux actions à entreprendre par l’UNRWA et le Siège de l’ONU afin de résoudre les problèmes de gestion qui ont fait l’objet de nombreux reportages », a poursuivi M. Saunders.
Une rupture dans la prestation de services toucherait les bénéficiaires les plus vulnérables, notamment plus de 1,5 million de réfugiés qui dépendent d’une assistance d’urgence, principalement de vivres. Cela toucherait également 23 000 patients par jour qui sont en moyenne traités dans les cliniques de l’UNRWA à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, parmi lesquels des milliers d’enfants qui doivent être vaccinés. Cette semaine, le renouvellement du mandat de l’UNRWA sera soumis aux votes des États Membres, a rappelé le Commissaire général adjoint, avant d’appeler tous les partenaires de l’Office à lui permettre de continuer à s’acquitter de son mandat, dont dépendent les réfugiés de Palestine, et à débourser de toute urgence les fonds promis afin de permettre le maintien de ses opérations.
M. Saunders a évoqué la situation à Gaza, où près de 1,1 million de réfugiés de Palestine -presque la totalité de la population des réfugiés enregistrés- dépendent maintenant de l’UNRWA pour ses besoins vitaux, notamment en matière d’aide alimentaire. Cette dépendance n’est pas due à l’UNRWA, a argué le haut fonctionnaire, mais le résultat direct de l’effondrement de l’économie de Gaza depuis 2000, année où à peine 8% environ des réfugiés enregistrés avaient reçu une aide alimentaire de la part de l’Office. « Fournir une assistance reste un impératif humanitaire à Gaza, les taux astronomiques de pauvreté et de chômage exerçant des pressions extrêmes sur la société dans son ensemble. Il n’y a pas d’assouplissement tangible du blocus, cependant que des informations font également état de bailleurs de fonds mettant fin aux subventions pour les carburants », s’est alarmé M. Saunders, en rappelant que les manifestations près de la barrière avec Israël se poursuivent sur fond de « cessez-le-feu » fragile, lequel est interrompu de temps à autre par des opérations militaires.
Dans ce contexte, la forte réduction des fonds alloués à notre appel d’urgence –qui ont fondu de moitié, passant de 141 millions de dollars, en 2017, à 72, cette année- n’aidera pas à la stabilité et la sécurité de Gaza et en dehors. Partout en Cisjordanie, la protection est un défi permanent. En Syrie, huit ans après le début d’un conflit dévastateur, les 450 000 réfugiés auxquels l’UNRWA prête assistance entrevoient une lueur d’espoir. L’agence continue de rétablir les services dans les camps où les conditions de sécurité le permettent, a poursuivi M. Saunders. Mais l’appel d’urgence lancé pour les réfugiés dans ce pays n’a pas non plus reçu les ressources nécessaires, a-t-il déploré. Au Liban, la communauté des réfugiés de Palestine originaires de Syrie, qui regroupe environ 28 000 personnes, continue de languir dans des conditions de vie extrêmement difficiles. « L’impossibilité d’obtenir ou de renouveler des documents civils a des conséquences sur le statut juridique de nombreuses personnes, touchant souvent des familles entières », a-t-il expliqué. Pour beaucoup, le retour en Syrie est préférable, mais la situation n’est pas encore propice à de tels retours, a-t-il ajouté.
Débat interactif
« Nous sommes extrêmement préoccupés par la corruption à la tête de l’UNRWA et demandons la publication complète de l’enquête menée par l’ONU », a déclaré Israël. La délégation a accusé l’Office d’avoir engagé des membres du Hamas et d’instrumentaliser des fonds humanitaires à des fins politiques. Elle a aussi affirmé que le nombre de réfugiés palestiniens serait artificiellement accru en comptant parmi eux des enfants nés dans d’autres pays. Le représentant a évoqué l’étude du Comité de dialogue libano-palestinien un organisme dépendant du Gouvernement libanais, qui évalue à 174 000 le nombre des réfugiés palestiniens présents au Liban en 2017. Or, d’après le site Internet de l’UNRWA au Liban, ces mêmes réfugiés seraient 470 000. « Quel est le chiffre exact ? » a demandé Israël à l’administrateur en charge de l’UNRWA. « Et quelles garanties allez-vous donner de cesser d’engager des terroristes du Hamas ? », a-t-il souhaité savoir.
« Il est difficile de comprendre comment ce mandat pourrait être instrumentalisé à des fins politiques de manière aussi flagrante », s’est insurgé l’État de Palestine, en insistant sur le rôle humanitaire de l’UNRWA. « Israël tente de remplacer ou d’éliminer les services éducatifs fournis par l’Office à Jérusalem-Est occupée », a accusé son représentant, poussant la commission des grands bailleurs de fonds à se déclarer « préoccupée ».
Répondant à ces deux interventions, M. SAUNDERS, Commissaire général adjoint par intérim de l’UNRWA, a annoncé que l’enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sera achevée à la fin du mois, en ajoutant que le travail avait été long et complexe, avec l’examen de 1,2 million d’emails. Il reviendra ensuite au BSCI et au Secrétaire général de l’ONU de décider si elle doit être rendue publique, a-t-il observé. « J’ai l’intention de faire de l’UNRWA l’agence la plus transparente de l’ONU », a-t-il, pour sa part, annoncé. Répondant aux accusations de parti pris, il a affirmé que l’UNRWA était probablement l’agence du système des Nations Unies qui en fait le plus pour respecter la neutralité. À l’État de Palestine, l’administrateur a répondu que la municipalité de Jérusalem avait affirmé qu’elle souhaitait faire davantage pour l’éducation et que l’Office est en contact avec le Ministère israélien des affaires étrangères.
« D’après nous, l’agence n’enregistre aucun enfant de réfugié descendant de mères », a affirmé l’État de Palestine, en estimant « qu’il y a plutôt une sous-estimation qu’une surestimation du nombre de réfugiés palestiniens », une analyse à laquelle a souscrit le Commissaire général adjoint par intérim. Les personnes qui se sont réinstallées dans un autre pays dont ils ont acquis la citoyenneté continuent-elles de figurer sur les listes de l’UNRWA? a alors demandé Israël. M. Saunders a expliqué que c’est à l’Assemblée générale de décider quelles personnes l’UNRWA doit servir, pas à l’Office lui-même, avant d’ajouter que « le statut de réfugié n’est pas lié à la nationalité au regard du droit international ».
Les États-Unis se sont dits préoccupés par l’enquête du BSCI, demandant au Secrétaire général de l’ONU de rendre publics ses résultats. « Dans quelle mesure la culture d’impunité a-t-elle atteint les plus hauts échelons de l’UNRWA? Et que va faire la nouvelle direction pour accroître la transparence de l’Office? » a demandé la délégation. Réagissant à cette intervention, le Commissaire général adjoint par intérim a rappelé que, selon le directeur de l’enquête du BCSI, il n’y avait pas eu de gabegie mais des problèmes administratifs.
Il n’y a pas de culture d’impunité au sein de l’Office, a assuré M. Saunders, qui a défendu le système de gouvernance de l’UNRWA, en le considérant comme « souple et réactif ». « Je ne suis pas pour un changement systémique radical, mais je souhaite y apporter certaines améliorations », a-t-il souligné en conclusion.
Débat général
« L’injustice dont continuent de souffrir les Palestiniens est la raison d’être de l’UNRWA », a estimé Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, Observatrice de l’État de Palestine, estimant « qu’Israël nie les droits du peuple palestinien ». « Israël se voit autorisé à continuer à agir comme un État au-dessus de la loi et à violer les droits des Palestiniens », a-t-elle martelé. La représentante s’est élevée contre ce qu’elle a considéré comme les tentatives israéliennes « d’instrumentaliser » l’enquête du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) dont l’UNRWA fait l’objet. Elle a également dénoncé la « rhétorique haineuse » de certains responsables israéliens qui a pour but de salir l’UNRWA, en vue de détourner le regard des problèmes fondamentaux.
Mme Abdelhady-Nasser a souligné qu’aucune fraude, corruption ou malversation n’était avérée et que l’Office pouvait continuer son travail avec la même efficacité. Elle a salué « l’engagement sincère » de Pierre Krähenbühl tout au long de son mandat à la tête de l’UNRWA. Elle a réaffirmé que l’Office reste un acteur indispensable pour les réfugiés palestiniens. Selon elle, « l’UNRWA continue de contribuer de manière concrète à la sécurité et à la stabilité régionales ». Il lui a paru évident que les difficultés et la marginalisation ont abouti à ce que les jeunes perdent espoir, sapant leur capacité à croire dans la paix et à faciliter une éventuelle radicalisation », a-t-elle mis en garde. La représentante a remercié la Jordanie, la Syrie et le Liban qui accueillent des réfugiés depuis plus de 70 ans, ainsi que les bailleurs de fonds internationaux, notamment l’Union européenne et l’Organisation de la coopération islamique (OCI). « Nous réaffirmons les droits des réfugiés palestiniens, notamment leur droit au retour, et insistons sur le caractère inaliénable de ces droits », a-t-elle insisté en conclusion, réitérant la centralité de la résolution 194 du Conseil de sécurité comme base de tout règlement final du conflit.
Mme NAHIDA BAGHIROVA (Azerbaïdjan) a, au nom du Mouvement des pays non alignés, réitéré son ferme appui à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Abordant la récente enquête sur les allégations de fautes professionnelles de la part de hauts fonctionnaires de l’Office, elle a indiqué que le NAM avait pris note de la conclusion de l’enquête et du fait qu’aucune fraude, corruption ou détournement de fonds n’avait été constaté. Pour le Mouvement des pays non alignés, le mandat et les opérations de l’UNRWA en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans le Territoire palestinien occupé, depuis 1949, demeurent essentiels et indispensables jusqu’à ce qu’une solution juste, durable, globale et pacifique à la question de Palestine, y compris le sort des réfugiés de Palestine, soit trouvée. L’appui de longue date de la communauté internationale, y compris des pays hôtes, a été essentiel pour assurer la continuité des services de l’UNRWA au fil des ans, et il est particulièrement nécessaire maintenant, compte tenu de la détérioration des conditions socioéconomiques et de l’instabilité dans la région. Cet appui est d’autant plus important au regard des graves déficits financiers récurrents qui affectent encore ses programmes humanitaires essentiels, a-t-il insisté. À cet égard, la représentante a réaffirmé l’urgence de fournir à l’UNRWA un appui soutenu, prévisible et ininterrompu, comme le réclament l’Assemblée générale et le Secrétaire général de l’ONU. Dans ce contexte, le Mouvement des pays non alignés a profondément regretté l’exacerbation de la grave crise financière de l’UNRWA, en particulier à la suite de la décision « punitive et injustifiée » du Gouvernement américain de mettre fin soudainement au financement de l’agence, qui non seulement cible le segment le plus vulnérable de la population palestinienne en les privant de l’aide humanitaire et au développement, mais menace également la stabilité régionale, du fait que l’UNRWA y contribue. De même, le Mouvement des pays non alignés a exprimé sa préoccupation face à l’annonce « provocatrice » des autorités israéliennes de mettre fin à la prestation de services de l’UNRWA à Jérusalem-Est occupée et demande, à cet égard, le respect de la Charte des Nations Unies ainsi que les privilèges et immunités de l’Organisation qui lui sont conférées.
La déléguée a, par ailleurs, évoqué les différents défis auxquels fait face l’agence sur plusieurs fronts, notamment la situation des réfugiés qui continuent d’endurer des conditions difficiles. Une situation, a-t-elle poursuivi, exacerbée par les crises en cours dans la région, notamment le conflit en Syrie, qui a intensifié le besoin d’aide humanitaire et poussé des milliers de réfugiés à fuir au Liban, en Jordanie, en Turquie et au-delà. La représentante a, en outre, exprimé sa grave préoccupation face à la poursuite des pratiques illégales dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, ce qui affecte gravement le bien-être et les conditions de vie des réfugiés palestiniens. Elle a cité, à cet égard, la hausse sans précédent des déplacements forcés, de la violence de la part des colons, de la démolition de maisons, ainsi que d’autres politiques et mesures illégales prises par Israël pour servir « l’expansion de sa campagne de colonisation illégale ». Abordant la situation à Gaza, elle a déploré le blocus illégal qui paralyse la bande depuis plus de 12 ans, imposant une souffrance indicible aux plus de deux millions de Palestiniens. Elle a réitéré la préoccupation du Mouvement des pays non alignés face aux restrictions accrues imposées aux déplacements et à l’accès des réfugiés palestiniens et du personnel de l’UNRWA dans le Territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est.
« Nous appelons Israël à s’acquitter immédiatement » des obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme, pour permettre à l’UNRWA de s’acquitter de ses tâches librement, sans entrave ni frais supplémentaires, a lancé Mme Baghirova. Pour finir, le Mouvement des pays non alignés a appelé les donateurs traditionnels à augmenter leurs contributions et exhorté également les nouveaux à faire preuve de générosité pour répondre aux besoins croissants des populations.
M. ANDREA PONTIROLI, de l’Union européenne, a commencé par réitérer sa sincère et profonde reconnaissance à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et son personnel dévoué qui travaille dans un contexte extrêmement difficile. Il a également réaffirmé la position de l’UE pour un règlement juste, durable et global du conflit israélo-palestinien dans le cadre d’une solution des deux États et d’un accord mettant fin à l’occupation qui a commencé en 1967 et répondant aux aspirations des deux parties, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU et des paramètres convenus au niveau international.
Cette position ferme a été exprimée en de nombreuses occasions, a-t-il rappelé, réaffirmant « notre disponibilité de travailler » avec les deux parties et nos partenaires dans la région ainsi qu’avec la communauté internationale pour la reprise de négociations sérieuses en vue de régler toutes les questions liées au statut final pour parvenir à une paix juste et durable. La question des réfugiés est un autre paramètre internationalement reconnu pour la solution du conflit, et qui demeure non résolue. Il est, dès lors, de la plus haute importance que l’UNRWA puisse continuer à fournir aux réfugiés palestiniens la protection et les services essentiels nécessaires et à promouvoir leur résilience. L’Office continue d’apporter une contribution essentielle à la viabilité de la solution des deux États, qui demeure le seul moyen réaliste de parvenir à une paix juste et durable et ne peut être obtenue en définitive que par des négociations entre les parties. Tant qu’une telle solution ne sera pas trouvée, « nous continuerons d’appuyer l’UNRWA dans tous ses domaines d’activité, y compris à Jérusalem-Est », a martelé l’Union européenne.
Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a rappelé que l’Assemblée générale avait décidé, en 1948, de donner espoir à des centaines de milliers de réfugiés palestiniens en créant l’UNRWA, en attendant de trouver une solution à leur situation. Mais, 70 ans plus tard, cette solution se fait toujours attendre alors que les souffrances et le désespoir de ces réfugiés augmentent, a-t-elle regretté. La diplomatie jordanienne a toujours considéré la question des réfugiés palestiniens et de l’UNRWA comme une priorité, d’une part parce que la Jordanie accueille 42% des réfugiés enregistrés auprès de l’Office, mais aussi parce que la cause palestinienne demeure une préoccupation majeure des pays arabes. La Jordanie a toujours soutenu l’Office et ses services, a assuré la représentante pour laquelle il est impossible de nier le rôle important que joue l’Office au Moyen-Orient et sa contribution à la stabilité de la région.
Si l’Office n’est plus en mesure d’apporter ses services à ces réfugiés, cela ne fera qu’accroître leur désespoir et les pousser dans la radicalisation, a-t-elle mis en garde, en affirmant que l’UNRWA a toujours joué un rôle positif, en voulant pour preuve notamment que les élèves des écoles de l’Office obtiennent de meilleurs résultats que les étudiants internationaux. La Jordanie encourage l’Office, même avant la fin de l’enquête en cours, à poursuivre son travail. Dès lors, la délégation a refusé toute tentative visant à saper l’Office en l’absence d’une solution politique ou d’une fin de l’occupation, et réaffirme son attachement à la solution des deux États dans les frontières de 1967. La représentante a, en conclusion, appelé la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien financier à l’Office, à défaut de quoi ses écoles fermeront, ses soins de santé seront suspendus et ses salariés, dont la majorité sont palestiniens, ne seront pas payés.
M. VITAVA SRIVIHOK (Thaïlande) a appelé l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à poursuivre ses efforts pour trouver des moyens innovants pour financer durablement ses activités et élargir la base de ses donateurs. Il a jugé indispensable que la communauté internationale aide davantage l’Office à remplir pleinement son mandat. La Thaïlande aide financièrement l’UNRWA depuis 1978, et ce, de façon régulière, a-t-il expliqué, indiquant que cette aide « modeste » s’élève à 200 000 dollars pour la période allant de 2017 à 2021. Le représentant a également appuyé la réforme en cours de l’Office afin que celui-ci puisse renforcer ses capacités de gestion et maximiser l’utilisation de ses ressources.
M. FAISAL NASSER M. ALHAKBANI (Arabie saoudite) a encouragé le nouveau Commissaire général de l’UNRWA à faire comme son prédécesseur, à savoir faire son travail malgré les nombreuses campagnes de dénigrement pour nuire à la réputation de l’Office. Aujourd’hui il existe 11 camps de réfugiés et il faut continuer à répondre aux besoins humanitaires de ses résidents, a-t-il tranché, tout comme il faut mettre fin aux pratiques israéliennes illégales dont ils sont victimes. En tant que l’un des plus grands bailleurs de fonds de l’Office, l’Arabie saoudite a dit vouloir contribuer à la réalisation des aspirations des réfugiés palestiniens. Elle a estimé que l’UNRWA a aussi un rôle moral, ce qui justifie sa contribution de 900 millions de dollars entre 2000 et 2019 à l’Office et son annonce de contribution de 50 millions en septembre 2019. La délégation s’est prononcée en faveur du renouvellement du mandat de l’UNRWA et a appelé la communauté internationale à rejeter toute tentative visant à le modifier. Elle a souligné que la question des réfugiés est au cœur de la question palestinienne et que la seule solution est celle de la création d’un État palestinien, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, réaffirmant le droit au retour des réfugiés palestiniens.
M. NAMAZU HIROYUKI (Japon) a jugé « préoccupantes » les récentes allégations d’inconduite de la part de la direction de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il a, à cet égard, estimé important que l’ONU et l’UNRWA prennent de « manière transparente les mesures nécessaires » une fois que les rapports du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et les recommandations pertinentes seront finalisés. Il a reconnu que l’Office traverse une « période difficile », notamment après la démission de son Commissaire général. Toutefois, il est indéniable que l’aide de l’UNRWA aux réfugiés palestiniens joue un rôle crucial en matière humanitaire, mais aussi pour la stabilité de la région, a-t-il nuancé. C’est pourquoi, M. Hiroyuki a demandé au Secrétaire général et à l’UNRWA de prendre les mesures nécessaires pour assurer une « gestion responsable ».
Notant que, dans le cadre du processus du BSCI, il a été clairement établi que la fraude ou le détournement de fonds sont exclus, le Japon a indiqué qu’il continuerait d’appuyer les activités de l’UNRWA, de concert avec d’autres partenaires internationaux, par des contributions multidimensionnelles. Tokyo a déjà déboursé plus de 32 millions de dollars cette année, a-t-il dit, rappelant que son pays compte apporter prochainement une contribution supplémentaire d’environ 11 millions pour l’éducation, l’eau, l’assainissement en plus de l’assistance alimentaire. Le Japon croit fermement à la nécessité d’élargir la base des donateurs de l’UNRWA pour combler son écart financier. C’est pourquoi, son pays a initié, en 2013, avec des partenaires régionaux la Conférence sur la coopération entre les pays d’Asie de l’Est pour le développement de la Palestine en vue de soutenir la Palestine et son développement économique à travers les ressources et l’expérience de ces pays. Pour l’heure, un nombre de plus en plus important de pays ainsi que des partenaires de la société civile et du secteur privé ont rejoint cette initiative.
Pour Mme SHAMMA ALMURAIKHI (Qatar), l’UNRWA continue de jouer un rôle important pour réduire les souffrances des réfugiés palestiniens, en attendant un règlement pacifique de la question palestinienne. Les activités de l’Office dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux sont vitales pour les 5,5 millions de réfugiés enregistrés auprès de l’UNRWA, a-t-elle martelé. Dès lors, l’Office doit pouvoir compter sur un financement adéquat pour ne pas avoir à suspendre ses opérations. Face au déficit chronique de l’Office, le Qatar assume sa responsabilité puisqu’il a accru sa contribution annuelle de 80 millions de dollars, ce qui devrait permettre à l’Office d’ouvrir ses écoles, a expliqué la représentante. En tant que membre de la Commission consultative de l’UNRWA, le Qatar a l’intention de maintenir son soutien financier à l’Office mais aussi dans le cadre du Fonds pour les réfugiés palestiniens et du Fonds pour la reconstruction de Gaza, a-t-elle indiqué.
« Nous sommes convaincus du rôle central que joue l’UNRWA », a affirmé M. AHMED AL-DAWEESH (Koweït), en se réjouissant d’une bonne discipline « qui a permis de réduire le déficit de l’Office à 500 millions de dollars ». Il s’est en revanche inquiété des informations faisant état de « 50 élèves par classe et 100 patients pour chaque médecin ». Le représentant a ensuite demandé la levée du blocus de la bande de Gaza et le retrait des troupes israéliennes dans la limite des frontières de 1967. Le délégué a affirmé que son pays est favorable à la prolongation du mandat de l’UNRWA.
M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a regretté la décision des États-Unis de supprimer leur contribution financière à l’UNRWA, cette décision ayant pour conséquence directe de menacer la vie des personnes les plus vulnérables et de saper tout progrès vers la réalisation d’une paix israélo-arabe durable. Il a exhorté Washington à honorer des engagements internationaux vis-à-vis de l’Office, qui, en venant en aide quotidiennement à des millions de réfugiés, contribue également à créer les conditions d’une future autodétermination des Palestiniens. Le représentant a indiqué que son pays soutient financièrement l’UNRWA et, qu’aux côtés de l’Inde et du Brésil, il fournit une assistance humanitaire au peuple palestinien par le biais d’un fonds tripartite.
« L’UNRWA joue un rôle primordial pour protéger les droits et la dignité du peuple palestinien ainsi que la sécurité et la stabilité régionales », a affirmé M. SAUD HAMAD GHANEM HAMAD ALSHAMSI (Émirats arabes unis). Il a indiqué que son pays avait versé 100 millions de dollars à l’Office à la suite de la récente crise financière, permettant de maintenir les programmes éducatifs de 700 établissements scolaires. Le représentant a par ailleurs précisé que son pays avait versé 630 millions de dollars ces cinq dernières années à l’appui de services vitaux en Palestine, notamment dans le domaine médical.
Mme FATHIMATH NAJWA (Maldives) est revenue sur les allégations d’inconduites par certains individus au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), souhaitant que ces actes donnent lieu à une enquête rapide conformément aux règles onusiennes.
À cet égard, les Maldives appellent à plus de transparence et à l’établissement des responsabilités, a plaidé Mme Najwa. En même temps, son pays souligne la nécessité d’une assistance humanitaire continue et sans entrave en faveur des millions de réfugiés palestiniens. C’est pourquoi Mme Najwa a fait part de sa sérieuse préoccupation du récent déficit financier sans précédent de l’UNRWA. Tout en se disant encouragées de voir que plusieurs États Membres ont fourni le soutien financier pour combler le manque à gagner, les Maldives ont formé le vœu de voir le déficit en souffrance comblé sans délai.
M. ELTON KHOETAGE HOESEB (Namibie) a fait part de la préoccupation de son pays face à la situation extrêmement difficile des réfugiés palestiniens, dont nombre continuent d’être exposés aux difficultés issues des affrontements armés successifs, du blocus inhumain et de la violence disproportionnée. Cette situation est humainement incompréhensible, a-t-il dit, citant la détérioration des moyens de subsistance à Gaza, en Cisjordanie, en Syrie, au Liban et en Jordanie. À Gaza où près d’un million de réfugiés dépendent de l’assistance alimentaire de l’UNRWA, les tensions demeurent élevées. Sa délégation réitère dans les termes les plus fermes que les implantations israéliennes dans les zones occupées contreviennent aux droits des réfugiés palestiniens au regard du droit international, notamment la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité. M. Hoeseb a également fait part de sa préoccupation vis-à-vis des propositions d’annexion de la vallée du Jourdain. Il a, dès lors, appelé les autorités israéliennes à cesser immédiatement et totalement toutes les activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est. Pour finir, il s’est dit déçu de la récente annonce faite par la municipalité de Jérusalem de mettre fin aux opérations et activités de l’UNRWA à Jérusalem-Est occupée.
Pour M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba), l’absence de solution politique au conflit israélo-palestinien et le déficit financier chronique de l’UNRWA ont abouti à une crise généralisée. Il a souligné l’impact positif de l’Office en termes d’éducation et de santé, ainsi que les 38 000 personnes qui ont pu bénéficier de microcrédits, ou encore les financements pour la reconstruction de Gaza. Dès lors, Cuba estime que le travail accompli sur le terrain par l’UNRWA est remarquable malgré ses ressources limitées. Ses activités sont assurées dans un environnement souvent très hostile du fait de la Puissance occupante, Israël, a-t-il poursuivi avant de remercier les pays du Golfe d’avoir apporté « l’oxygène financier » nécessaire à la poursuite de ces activités.
On essaye d’affaiblir l’UNRWA avec des allégations à l’encontre d’un haut représentant de l’Office, alors même qu’il y a eu ni fraude, ni détournement de fonds, selon la première enquête, a constaté le représentant. Le Commissaire général aux prises avec ces accusations a déjà été remplacé par M. Saunders et, pour Cuba, il s’agit maintenant de poursuivre les efforts en faveur de la continuité des services assurés par l’UNRWA. Le délégué a regretté que « le pays qui était le principal bailleur de fonds de l’UNRWA » essaye aujourd’hui de l’asphyxier à coup de pressions financières et de campagnes de dénigrement. Ces efforts ont échoué, a-t-il affirmé sans ambages puisque l’Office existe toujours. Il faut maintenant lui apporter le soutien financier requis et renouveler son mandat. Compte tenu de la conjoncture actuelle au Moyen-Orient, Cuba redoute que la situation actuelle de l’UNRWA, « créée de toute pièce » ne contribue pas à la volatilité ambiante. La délégation a réaffirmé en conclusion son appui à la cause palestinienne ainsi qu’à la solution des deux États.
« Les souffrances des réfugiés palestiniens sont dues au déni israélien de leur droit au retour », a affirmé Mme ALIAA ALI (République arabe syrienne), ajoutant que l’UNRWA contribue à alléger les souffrances de cette communauté. Elle a dénoncé « l’incapacité de l’ONU à faire respecter ses résolutions » relatives au conflit israélo-palestinien. En Syrie, « nous traitons les réfugiés palestiniens sur un pied d’égalité avec nos citoyens, sans faire de distinction », a-t-elle affirmé. La représentante a dénoncé l’attaque des camps palestiniens de Syrie par des groupes terroristes « selon un plan visant à déplacer ces réfugiés ». « Israël est la seule source des souffrances des Palestiniens », a-t-elle insisté. Elle a rejeté toute baisse des services fournis par l’UNRWA aux Palestiniens et transfert de ces prestations à d’autres agences de l’ONU. La délégation a demandé, en conclusion, au Secrétaire général de l’ONU et aux bailleurs de fonds de faire quelque chose pour pallier la situation financière difficile de l’UNRWA.
Pour M. IBRAHIM MODIBBO UMAR (Nigéria), les services de l’UNRWA dans ses cinq zones d’activités restent indispensables tant qu’une solution juste et durable à la situation des réfugiés palestiniens n’aura pas été trouvée. Il y va, entre autres, de la réalisation des objectifs de développement durable et de la stabilité régionale, a souligné le représentant. La tentative récente de la « Puissance occupante » de remplacer les services de l’UNRWA à Jérusalem-Est sape, selon lui, le mandat de l’Office et représente une violation des résolutions pertinentes, et, dès lors, elle n’est pas acceptable pour la délégation. Le Nigéria a en outre demandé la levée de blocus de Gaza et appelé toutes les parties à travailler avec l’ONU et ses agences en vue de parvenir à une solution politique. Il a réaffirmé son plein appui aux droits fondamentaux des Palestiniens, dont leur droit inaliénable à réaliser leurs aspirations politiques, sociales et religieuses.
M. NASREDDINE NAOUALI (Tunisie) a salué le « rôle central » joué par l’UNRWA pour venir en aide aux réfugiés palestiniens, exprimant sa « grave préoccupation » face à sa situation financière. Il a pris note du risque posé par cette situation à la stabilité dans l’ensemble de la région. « Nous souhaitons le renouvellement de son mandat en attendant qu’une solution négociée soit trouvée au conflit israélo-palestinien », a-t-il plaidé, avant de rappeler le soutien de la Tunisie à la solution des deux États et à la création d’une Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale.
Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a salué les efforts en cours en faveur d’une nouvelle gestion de l’UNRWA, en particulier dans les domaines de la gouvernance, de la supervision et de la culture de responsabilités. La délégation s’est dite confiante que les mesures correctives du Secrétaire général permettront de garantir les normes les plus élevées de professionnalisme, de transparence et d’efficacité tout en permettant à l’Office de garder la flexibilité opérationnelle nécessaire à la réalisation de son mandat. Sri Lanka s’est ensuite déclarée favorable au renouvellement du mandat de l’Office pour trois ans, estimant que les services de l’Office apportent une certaine stabilité aux réfugiés palestiniens. La représentante a notamment félicité l’UNRWA pour les services rendus par ses écoles, ce qui contribue à pousser les jeunes à s’éloigner de la violence. Elle a fait part de ses préoccupations face aux nombreuses violations des droits de l’homme dans les territoires occupés, qui visent même les enfants. La crise financière que traverse l’Office ne fait qu’accroître la vulnérabilité des réfugiés palestiniens, a-t-elle déploré, en conclusion.
M. NAGARAJ NAIDU KAKANUR (Inde) a rappelé à son tour que plus de trois millions de réfugiés palestiniens dépendent des services de santé fournis par l’UNRWA, et que l’école de l’Office prend en charge chaque année 526 000 étudiants, la moitié étant des filles. Il est essentiel de permettre à l’UNRWA de fournir de tels services tout au long de l’année, a-t-il ajouté, rappelant que, par le passé, l’Office a su surmonter ses problèmes financiers en effectuant des campagnes de levée de fonds innovantes et en réduisant certaines dépenses internes. Pour marquer sa solidarité avec les réfugiés palestiniens, l’Inde a aidé financièrement l’UNRWA à hauteur de 5 millions de dollars en 2018, de 5 autres millions en 2019 et nous consacrerons la même somme en 2020, a fait valoir le représentant. Il a par ailleurs indiqué, qu’au titre d’un partenariat de développement avec la Palestine, 17 accords économiques ont été signés par les deux parties dans les domaines de l’agriculture, de la santé, des technologies de l’information, de l’autonomisation des femmes et de la diplomatie.
M. ÖNCÜ KEÇELI (Turquie) a déclaré que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a toujours été une partie de la solution, rappelant qu’elle a aidé les réfugiés palestiniens durant leurs moments les plus difficiles, proclamant qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de l’Office. M. Keçeli l’a rappelé, l’UNRWA a besoin de notre appui, politiquement et financièrement. Se tenant aux côtés de l’UNRWA, la Turquie a récemment transféré 10 millions de dollars à l’Office et travaille à mobiliser la communauté internationale. À cet égard, le Waqf de la Banque islamique de développement, désormais opérationnel, contribuera à fournir une aide financière durable à l’Office. Pour conclure, M. Keçeli a indiqué qu’il n’est pas possible de permettre à des discussions politiques de discréditer l’Office et son personnel, et qu’il est du devoir de la communauté internationale de supporter l’Agence et d’étendre son mandat.
La détérioration constante de la situation dans les territoires palestiniens occupés se poursuit, a constaté M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte), faute de solution politique et de mise en œuvre de la solution des deux États, mais aussi à cause de la poursuite de l’expansion des colonies de peuplement israéliennes et du bouclage de Gaza. Dans ce contexte, le rôle important de l’UNRWA mérite, selon lui, d’être mis en exergue et cela tant que les Palestiniens ne peuvent pas jouir d’un État indépendant dans les frontières de 1967. Depuis sa création en 1949, l’UNRWA s’efforce d’appuyer les réfugiés palestiniens, et l’Égypte a salué les efforts de ses personnels qui risquent parfois leur vie. Pourtant, d’aucuns restent indifférents à ces efforts, a regretté le délégué, et cherchent même à remettre en question la crédibilité de l’Office, allant jusqu’à demander qu’il soit mis un terme à l’UNRWA et à y trouver une alternative. L’Égypte a déclaré qu’elle s’oppose à ces tentatives et soutient la prolongation du mandat de l’Office pour trois années supplémentaires. Cette décision semble d’autant plus justifiée pour le représentant que le rapport préliminaire de l’enquête en cours atteste du fait qu’il n’y a pas eu de détournements de fonds.
Mme FARAH SIBLINI (Liban) a affirmé que le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés au Liban était de 465 000 au début de la décennie actuelle, et ce, avant l’arrivée de ceux en provenance de la Syrie. Elle s’est inquiétée de l’actuel déficit de financement de l’UNRWA, qui affecte sa capacité à dispenser une éducation et des soins aux réfugiés palestiniens. Elle s’est ensuite félicitée des annonces de contributions supplémentaires annoncées par des « pays amis ». « Le Président Michel Aoun a rappelé devant L’Assemblée générale son refus catégorique de toute modification du mandat de l’UNRWA », a-t-elle rappelé. L’Office constitue en effet un filet de sécurité pour des millions de Palestiniens, a affirmé Mme Siblini avant de conclure: « Les réfugiés ont droit au retour et nous condamnons toute attaque contre le rôle de l’UNRWA ».
Pour Mme LU CUI (Chine), l’UNRWA joue depuis longtemps un rôle important en termes de secours humanitaires et en allégeant la pression sur les pays hôtes des réfugiés palestiniens. L’Office contribue à la stabilité régionale et à la lutte contre la radicalisation des jeunes réfugiés, une contribution que reconnaît la communauté internationale et qui explique, selon elle, son appui financier à l’Office. Pour sa part, la Chine a augmenté sa contribution depuis deux ans et encourage toutes les parties à continuer de lui fournir des financements prévisibles et suffisants pour garantir son bon fonctionnement sans entrave. La Chine a réaffirmé son attachement à la solution des deux États, appelant à trouver une solution politique durable par le dialogue et la négociation.
Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal) a souligné l’incapacité de la communauté internationale à trouver une solution négociée et pacifique au conflit entre Israël et la Palestine « faute d’une volonté manifeste ». À cette aune, elle a estimé que le meilleur réconfort qui puisse être apporté aux cinq millions de réfugiés palestiniens est, « sans nul doute, de soutenir l’UNRWA », laquelle fournit, entre autres, une aide alimentaire à près de deux millions d’entre eux. La représentante a rappelé l’enjeu d’une aide permettant à l’Office d’exécuter pleinement son mandat: fournir des services de base dont des millions de personnes dépendent au quotidien « sans alternative viable ». Elle a ainsi affirmé que renouveler le mandat de l’UNRWA ne signifie pas que la communauté internationale fait une faveur aux Palestiniens mais, bien plus, qu’elle s’efforce de « corriger un tant soit peu les conséquences d’une tragédie humaine qui n’a que trop duré ».
« Il est impératif de s’attaquer aux problèmes humanitaires auxquels les réfugiés palestiniens font face aujourd’hui », a affirmé M. YASER ABDULRAZAAQ WAHIB WAHIB (Iraq), et ce « tant qu’il n’y aura pas solution à la question palestinienne ». Le délégué a réaffirmé le droit au retour des réfugiés palestiniens. « Israël tente de tuer l’UNRWA en lançant un appel aux États Membres à ne plus le financer ou en demandant sa fusion avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) », a-t-il estimé. Cependant, l’UNRWA ne peut être dissout avant que les réfugiés de Palestine ne rentrent dans leurs foyers, a-t-il affirmé, rappelant que le mandat de l’agence et le droit au retour des réfugiés immatriculés sont indissociablement liés et, qu’en conséquence, son rôle demeure hautement symbolique. « Les autorités israéliennes se rendent coupables du pire type de meurtres, notamment de femmes et d’enfants palestiniens », a-t-il accusé, avant d’ajouter: « Nous encourageons la communauté internationale à faire pression pour qu’Israël cesse ses violations des droits des Palestiniens
Mme NOA FURMAN (Israël) a affirmé d’emblée que son pays collabore, depuis 70 ans, avec la mission humanitaire de l’UNRWA. Tant que les Palestiniens ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins en services de base, il faudra que la communauté internationale continue de leur apporter le soutien dont ils ont besoin, a-t-elle ajouté, en précisant que même si Israël est très critique à l’égard de l’Office, il ne souhaite pas entraver l’assistance au peuple palestinien.
Année après année, des représentants israéliens ont participé aux débats sur l’UNRWA, contesté ses abus et ses motivations politiques et mis en garde contre sa corruption. Chaque année, a-t-elle dit, nous avons attiré l’attention sur le fait que l’Office cherche à détourner des fonds à des fins politiques, y compris en faisant campagne en faveur d’un supposé « droit au retour », plutôt que de se consacrer à l’aide humanitaire. Nous avons mis en garde contre le soutien de l’Office à une organisation politique qui aide des terroristes, a souligné la représentante, alors que nos questions à l’ex-Commissaire général Krähenbühl au cours de dialogues interactifs ont été ignorées et rejetées pendant que la communauté internationale faisait fi des abus de l’Office jusqu’au récent scandale de corruption qui l’a frappé. « Soyons clairs, l’UNRWA est corrompu et inefficace », a-t-elle tranché, et la corruption va bien au-delà « de quelques responsables qui se rendent à l’étranger en première classe en utilisant l’argent des donateurs ». Ce n’est que le sommet de l’iceberg, selon elle, et on ne saurait continuer de fermer les yeux, a tranché la représentante, en encourageant la communauté internationale et les donateurs de l’Office à se pencher de près sur ses activités et à se livrer à une inspection approfondie de l’allocation des fonds de leurs contribuables.
On est en droit de se demander si les prises de position politiques de l’Office contribuent à l’amélioration du sort de ses bénéficiaires ou plutôt à promouvoir la rhétorique anti-israélienne des Palestiniens et à prolonger le conflit, s’est interrogée la déléguée. Si l’UNRWA était réellement juste une organisation humanitaire, Israël ne parlerait pas ici aujourd’hui, a expliqué la délégation, pour laquelle l’Office est désormais devenu « une organisation palestinienne au service du récit palestinien ». Abordant ensuite la question du déficit budgétaire récurrent de l’Office depuis quelques années, la représentante a estimé que cette crise ne peut être réglée par une restructuration de son budget dans la mesure où elle découle de la définition même des « réfugiés » utilisée par l’Office. En 1948, date de la création de l’Office, il y avait 750 000 réfugiés palestiniens alors qu’aujourd’hui l’UNRWA avance le chiffre de 5,5 millions, amenant la représentante à se demander comment ce chiffre a pu augmenter de manière aussi drastique. Pour elle, cela s’explique par le fait que la définition de « réfugié » de l’UNRWA est différente de celle du Haut-Commissariat pour les réfugiés, qui détermine l’éligibilité de chaque réfugié à ce statut au cas par cas, alors que l’Office enregistre tous les descendants de Palestiniens qui sont devenus réfugiés en 1948. Comme si le fait « d’hériter de ce statut » ne suffisait pas, l’Office considère même comme réfugiés les personnes qui se sont installées dans un autre pays et en ont obtenu la citoyenneté en invoquant leur statut de réfugié, s’est indignée la déléguée. Une fois que l’on comprend l’absurdité de cette définition de l’UNRWA, il est facile de voir pourquoi les États donateurs sont sollicités à répétition pour augmenter leurs contributions, a-t-elle ironisé.
Alors que le HCR cherche à régler les problèmes de réfugiés et à en faire baisser le nombre, souvent par le biais de la réinstallation et de l’intégration dans des pays tiers, l’UNRWA cherche à gonfler ce nombre pour servir la cause palestinienne, a-t-elle affirmé. Cette approche est d’autant plus contre-productive, selon la représentante, qu’elle entretient le faux espoir de 5,5 millions de retourner dans « leurs maisons qui n’existent plus depuis longtemps ou dans lesquelles eux-mêmes n’ont jamais vécu ». C’est à la fois injuste pour les Palestiniens, qui restent dans un statut de réfugié éternel, et pour les Israéliens, pour lesquels le droit au retour, s’il se concrétise, équivaut de facto à la fin de l’État d’Israël en tant que foyer du peuple juif, a souligné la représentante. Elle s’est demandé dans la foulée combien de « soi-disant réfugiés palestiniens » il y aura d’ici à 10 ans à ce rythme, et pendant combien de temps encore la communauté internationale continuera de financer l’agenda politique de l’UNRWA? Israël a demandé au Comité consultatif de renforcer sa supervision des activités de l’Office, rappelant notamment qu’il y a deux ans, il était question de financer les salaires de l’UNRWA sur le budget ordinaire de l’ONU, sachant que l’Office est le plus grand employeur sous l’Autorité palestinienne. Certains d’entre vous soutenaient cette idée, a-t-elle lancé à la salle, en espérant que la dernière enquête du Bureau des services de contrôle interne de l’ONU leur servira d’avertissement. « Si vous voulez vraiment venir en aide aux réfugiés palestiniens il est temps de trouver de meilleures voies que l’Office », leur a-t-elle assené. Israël ne perd cependant pas espoir et souhaite toujours trouver une solution politique, a confié la déléguée, mais pour cela il va falloir mettre fin au mandat de l’UNRWA et réorganiser graduellement ses services humanitaires. Ceux dans le besoin méritent une véritable assistance humanitaire apolitique, a conclu la représentante.
M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a indiqué, qu’en raison des difficultés financières persistantes auxquelles fait face l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), son pays a augmenté l’an dernier sa contribution financière pour la porter à 27 millions de dollars. Il a estimé que l’élargissement de la base des donateurs de l’Office, couplée à la hausse des contributions des pays, doit permettre à l’UNRWA de sortir de la crise financière dans laquelle elle est plongée depuis au moins deux ans. Pour le délégué norvégien, il est en outre essentiel que la réforme en cours des modes de gestion de l’Office tienne étroitement compte des besoins et des droits des réfugiés palestiniens. À cet égard, il a considéré que l’extension du mandat de l’UNRWA est nécessaire pour que puisse être assurée, dans les meilleures conditions possibles, la fourniture de services essentiels et d’emplois à ces réfugiés.
M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a réaffirmé le soutien sans équivoque de son pays à la solution des deux États basés sur les résolutions des Nations Unies et les paramètres agréés au niveau international, soulignant que le sort des réfugiés palestiniens est une responsabilité partagée de la communauté internationale. C’est pourquoi il a souligné le rôle crucial de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui aide à maintenir l’espoir d’un avenir où les Palestiniens pourront vivre en paix dans leur propre État avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément au droit international et aux diverses résolutions des Nations Unies. Pour finir, il a souligné la nécessité de garder à l’esprit « nos obligations pour protéger et soutenir » l’UNRWA, qui continue de s’acquitter de son mandat non seulement dans un environnement de plus en plus violent, mais également dans le cadre d’une situation financière déplorable.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué les services fournis par l’UNRWA aux réfugiés palestiniens, regrettant que les causes historiques ayant mené à l’instabilité au Moyen-Orient continuent d’être exacerbées, d’où la demande croissante pour les services de cet Office « purement humanitaire ». Du fait de sa crise financière et des troubles qui agitent Gaza, une situation critique prévaut actuellement dans les territoires occupés et cela touche les réfugiés, a constaté à regret le représentant, pour lequel il faut financer l’Office de manière suffisante et prévisible, aussi longtemps qu’il n’y pas de solution politique durable à la question de Palestine.
M. RAJEEL MOHSIN (Pakistan) a estimé que les 5,5 millions de réfugiés palestiniens symbolisent la dépossession de leurs terres et de leurs biens et l’impossibilité du retour en raison de l’occupation israélienne illégale. Le délégué a appelé la communauté internationale à ne pas les abandonner. Il a indiqué que son pays avait alloué 250 000 dollars supplémentaires au budget de l’UNRWA, ces deux dernières années. Nous espérons que, sous peu, un État palestinien sera créé et que les réfugiés pourront rentrer chez eux, a-t-il conclu.
M. MUHAMMAD FALAH AZIZAN (Malaisie) a réaffirmé le soutien de sa délégation au travail et au mandat de l’UNRWA, expliquant que cette agence onusienne joue un rôle essentiel pour défendre les droits et la dignité des 5,5 millions de réfugiés palestiniens. Profondément préoccupé par la dégradation de la situation dans les territoires palestiniens occupés, notamment par la hausse de la violence qui a affecté les soins de santé et les services éducatifs dispensés par l’Office, la Malaisie a indiqué être également préoccupée par les restrictions et défis imposés au personnel de l’UNRWA sur le terrain. La délégation a appelé au respect du droit inaliénable des Palestiniens à créer un État indépendant et souverain dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, et rejeté toute tentative unilatérale visant à changer le statut final de Jérusalem, a précisé le représentant. Pour sa part, la Malaisie n’a cessé de soutenir les Palestiniens, à la fois au travers de l’UNRWA qu’à titre bilatéral. Elle s’est, en conclusion, déclarée favorable au renouvellement du mandat de l’Office pour une période de trois ans.
M. TATJANA KONIECZNY (Luxembourg) a déclaré que l’UNRWA est un partenaire fiable de son pays, lequel n’a cessé de lui apporter une aide stable ou accrue depuis 2011. Elle a noté, à son tour, la situation financière précaire dans laquelle se trouve l’Office et le contexte difficile où il intervient, dans les territoires palestiniens occupés mais aussi en Syrie, « où la liste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis contre la population ne fait que s’allonger ». Pour la représentante, l’appui à l’UNRWA, « à lui seul », n’est pas suffisant, et il est ainsi indispensable de trouver une solution durable et juste à la question des réfugiés de Palestine dans le cadre d’une paix négociée fondée sur la coexistence des deux États. Elle a conclu en encourageant l’UNRWA « dans ses efforts de réformes internes » et s’est dite confiante qu’il parviendra à surmonter ses difficultés actuelles.
M. TIMUR KIRABAEV (Fédération de Russie) a déploré les difficultés financières auxquelles l’Office est confronté, les attribuant à la décision américaine de cesser toute contribution à l’Office. Le représentant a ensuite estimé que l’UNRWA avait résisté aux tentatives de politisation. L’appui et l’aide à l’UNRWA sont, selon lui, essentiels tant qu’aucun règlement final du conflit israélo-palestinien ne sera atteint. Il a, en conclusion, réaffirmé le soutien de son pays à l’agence, se prononçant en faveur de la poursuite de son mandat.
Pour M. EDUARDO ALCIBIADES SANCHEZ KIESSLICH (Mexique), le travail de l’UNRWA est fondamental pour garantir le bien-être de réfugiés palestiniens et cela tant que la question de leur statut final n’est pas réglée. L’instabilité qui règne au Moyen-Orient a eu des conséquences graves sur les plans économique, social et humanitaire et affecte tout particulièrement les femmes et les enfants palestiniens, a-t-il constaté, en appelant la communauté internationale à conjuguer ses efforts à ceux de l’Office pour leur apporter l’assistance humanitaire dont ils ont besoin. Le représentant a également souligné que l’Office est une clef pour la stabilité régionale, regrettant que le manque de ressources affecte son bon fonctionnement sans entrave. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement mexicain envisage en ce moment d’augmenter sa contribution financière à l’Office. Sa délégation a déclaré restée attachée à la solution des deux États, et tous les États Membres doivent œuvrer à la solution politique au conflit israélo-palestinien et ne pas permettre la politisation qui érige de nouveaux obstacles qui entravent le processus politique, a conclu le représentant.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) s’est dit « gravement préoccupé » par la situation économique et sociale des Palestiniens, due en grande partie, selon lui, à l’occupation israélienne. « L’UNRWA est une planche de salut pour les réfugiés de Palestine », a-t-il martelé. Il a estimé essentiel de leur fournir une protection, alors que leur sort ne cesse de se détériorer, a-t-il affirmé. « Rien ne saurait justifier la mise en danger des personnels de l’UNRWA ni la destruction de ses installations », a-t-il insisté. « Nous appuyons vivement le renouvellement du mandat de l’UNRWA », a-t-il ajouté en conclusion.
Pour M. HENRY JONATHAN VIERA SALAZAR (Équateur), l’UNRWA contribue à la stabilité dans la région et à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a réaffirmé le soutien de sa délégation aux travaux et au mandat de l’Office, appelant la communauté internationale à assurer son financement prévisible durable, en rappelant que son déficit budgétaire atteint, ce mois-ci, 89 millions de dollars. La délégation a formé, en conclusion, l’espoir que les réformes en cours permettraient de renforcer la transparence dans les activités de l’Office.
« Nul n’ignore que le peuple palestinien continue de souffrir d’une situation tragique à cause de la réduction de l’aide apportée à l’UNRWA », a affirmé M. HUSNI MUSTAFA YAGOUB HUSNI (Soudan). Il s’est félicité que les écoles et les hôpitaux administrés par l’Office aient pu jusqu’à présent rester ouvert grâce à une politique de rationalisation financière qui a permis d’économiser 500 millions de dollars ces cinq dernières années. Le Soudan en a appelé à tous les bailleurs de fonds à soutenir l’UNRWA et à proroger son mandat.
Mme RAHMA SAMAI (Algérie) s’est félicitée des efforts considérables déployés par l’UNRWA pour apporter des services de base et assurer la dignité et un minimum de stabilité aux réfugiés palestiniens. Outre le sentiment de frustration ressenti par les réfugiés palestiniens dans tous les lieux où œuvre l’Office, notamment à cause du blocus de Gaza, l’Algérie a regretté de relever un gel des contributions à l’Office par plusieurs États Membres, en raison d’accusations d’inconduite à l’égard d’un de ses hauts fonctionnaires. Par conséquent, l’Algérie a appelé la communauté internationale à s’acquitter de sa responsabilité en vue de trouver une nouvelle structure qui permette de remédier à l’instabilité financière de l’Office. Étant donné le rôle crucial de l’UNRWA, il serait injuste, selon la représentante, de ne proroger son mandat que d’un an. Dès lors l’Algérie s’est prononcée en faveur d’un renouvellement de trois ans.
Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) fournit actuellement une aide humanitaire à 5,4 millions de Palestiniens, dont un tiers vivent dans 58 camps de réfugiés dans la région. Parmi les multiples défis auxquels fait face l’UNRWA, Mgr Auza en a souligné deux. Le premier est sa situation financière précaire, le financement de l’Agence étant menacé par des coupes dans les contributions des États donateurs. À ce sujet, Mgr Auza a appelé à éviter toute politisation de l’aide humanitaire. L’autre défi réside dans les tentatives de redéfinir les réfugiés palestiniens, à en limiter la désignation aux membres survivants de la génération de 1948 et à contraindre les descendants vivant ailleurs d’être traités comme des citoyens de leur pays d’accueil. Or, ceci priverait la grande majorité des réfugiés palestiniens de l’assistance dont ils bénéficient de la part de l’UNRWA, a observé le nonce. L’Observateur du Saint-Siège a conclu en soulignant l’importance pour les réfugiés palestiniens de faire confiance à la solidarité inébranlable de la communauté internationale à leur égard.
Mme NASRIA ELARJA FLITTI, qui s’exprimait au nom de la Ligue des États arabes, a salué la résilience de l’UNRWA malgré les déficits financiers auxquels il fait face. À la lumière de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix israélo-palestinien et de l’incapacité de la communauté internationale à faire valoir la légitimité du droit international par l’une des parties, la représentante a jugé important que la communauté internationale fournisse tout l’appui humanitaire nécessaire aux réfugiés palestiniens dans les cinq zones où opère l’Office. Faisant part de sa préoccupation face à la détérioration de la situation socioéconomique des réfugiés palestiniens, mais aussi aux déplacements forcés imposés par Israël et au blocus de Gaza, elle a réitéré l’importance du rôle et des services fournis par l’Office ainsi que sa contribution à la stabilité régionale. La Ligue a dit regretter les dernières accusations visant l’UNRWA, avant même que les résultats de l’enquête de l’ONU ne soient transmis, d’autant plus qu’aucune preuve de fraude ou de corruption n’a été trouvée. La délégation a insisté, en conclusion, sur l’importance de la restauration de la confiance de la communauté internationale dans l’UNRWA et lancé un nouvel appel pour qu’elle apporte son soutien aux services de l’Office et contribue généreusement à son financement. La Ligue des États arabes a rejeté la politisation de cette question par ceux qui ne font qu’alimenter l’animosité à l’encontre de l’Office, avant de se dire favorable à la prorogation du mandat de l’UNRWA pour trois ans.
Remarque de clôture
Prenant la parole pour des remarques de clôture, le Commissaire général adjoint par intérim de l’UNRWA, M. CHRISTIAN SAUNDERS, s’est félicité du soutien reçu par de nombreuses délégations. Il a mentionné un rapport mettant en avant la qualité du travail de l’UNRWA, soulignant au passage la qualité de l’enseignement, supérieure à la moyenne mondiale, et des soins dispensés par son organisation. « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a-t-il affirmé, ajoutant que « nous ne demandons rien d’autre que de pouvoir nous concentrer sur notre travail humanitaire ». En conclusion, le haut fonctionnaire s’est lancé dans un vibrant appel à l’aide internationale pour que l’organisation puisse poursuivre sa mission, avant de se demander où iraient les 250 000 élèves de Gaza s’ils trouvent les portes de leurs écoles fermées lors des prochaines semaines.
Droits de réponse
Réagissant aux propos israéliens, la représentante de l’État de Palestine s’est indignée qu’un tel discours puisse être prononcé dans cette enceinte de la diplomatie internationale alors même que les allégations qui y sont faites ont été prouvées sans fondement. Quant à l’existence prolongée de l’Office, la représentante a lancé à son homologue d’Israël qu’il existe pourtant une solution claire à ce problème: d’arrêter de violer le droit à l’autodétermination et au retour des Palestiniens et de les dédommager.
Les préoccupations d’Israël pour le bien-être de la communauté internationale semblent prendre fin avec l’utilisation des fonds de l’UNRWA, a-t-elle ironisé, sachant que par ailleurs, Israël fait fi du droit international et de ses responsabilités en tant que Puissance occupante. Pour la représentante, il est évident que la solution ne consiste pas à priver un peuple dans le besoin d’une assistance internationale. Elle s’est même interrogée sur le fait de savoir comment l’humanitaire peut être dissocié des droits de la personne. Pour la partie palestinienne, seul l’établissement des responsabilités d’Israël permettra de corriger cette injustice qui n’a que trop duré.
La délégation palestinienne a également rejeté la tentative israélienne de nier le statut de réfugié aux descendants palestiniens, réaffirmant qu’ils ont des droits bien réels, comme l’indique une série de résolutions pertinentes de l’ONU. Les réfugiés de Palestine ne font pas exception à la règle, s’est indignée la représentante, et ils gardent leur statut tant qu’une solution durable n’aura pas été trouvée. La déléguée a également catégoriquement rejeté les allégations israéliennes selon lesquelles l’UNRWA entretiendrait le problème des réfugiés palestiniens, et dénoncé ses tentatives de décrédibiliser leurs revendications légitimes. Elle s’est dite rassurée par les témoignages de soutien à l’Office et aux réfugiés palestiniens exprimés par les délégations aujourd’hui.
Le représentant d’Israël a réagi aux remarques de la Syrie, qui avait accusé Israël d’être la seule raison qui explique les souffrances des Palestiniens. Il lui a rappelé qu’Israël avait accepté le plan de partition en 1948, alors que la Syrie et d’autres pays arabes l’ont rejeté. Il a également demandé à son homologue syrien quel type de fraternité pratique la Syrie quand on sait que les Palestiniens y vivent depuis 70 ans dans des camps.