Session annuelle 2019,
matin & après-midi
CCP/134

Les défis économiques et sécuritaires du Sahel, du bassin du lac Tchad et de l’Union du fleuve Mano au menu de la session 2019 de la Commission de consolidation de la paix

La Commission de consolidation de la paix (CCP) a tenu, aujourd’hui, sa session annuelle 2019 sur le thème des « approches régionales de consolidation de la paix » pour permettre aux États Membres et à leurs partenaires clefs d’examiner les défis sécuritaires, économiques et environnementaux du Sahel, du bassin du lac Tchad et de l’Union du fleuve Mano.

Lors des déclarations liminaires, la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Mona Juul, de la Norvège, et son homologue de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Guillermo Roque Fernandez De Soto Valderrama, de la Colombie, ont mis l’accent sur la nécessité d’une meilleure coopération entre leurs deux institutions en raison de l’interdépendance entre « développement et paix ».  Cette session intervenait dans la foulée de leur réunion conjointe annuelle tenue hier sur la question des « conflits liés à la transhumance transfrontalière au Sahel ».

La valeur ajoutée de la coopération transfrontalière a été également au centre de la session, mise en avant par les chefs du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC), M. François Louncény Fall, et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohammed Ibn Chambas, ainsi que par le Secrétaire exécutif de la Commission du bassin du lac Tchad, M. Mamman Nuhu.  Ces hauts responsables ont aussi mis l’accent sur l’appropriation sous-régionale, nationale et locale qui est nécessaire pour faire face aux défis humanitaires, sécuritaires et économiques du Sahel, du bassin du lac Tchad et de l’Union du fleuve Mano.  En matière d’appropriation, tous ont rappelé la pertinence de la Stratégie 2014 de l’Union africaine pour la région du Sahel et ses trois principaux piliers que sont la gouvernance, la sécurité et le développement.

Le renforcement de la coopération entre l’ECOSOC et la CCP, dont les réunions conjointes sont désormais institutionalisées, a été recommandé par Mme Juul comme outil pour mieux conseiller le Conseil de sécurité.  Elle a dit apprécier les suggestions et exemples concrets fournis lors de la réunion d’hier, notamment l’idée de construire des puits le long des frontières.  « La coopération entre l’ECOSOC et la CCP est d’autant plus pertinente dans le contexte de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a-t-elle insisté avant de souligner l’importance d’une démarche associant toute la société, y compris les femmes et les groupes marginalisés. 

De son côté, M. Fernandez de Soto Valderrama a cité une série de réunions de la CCP sur la situation au Sahel qui ont vu la participation des pays de la région, de l’Union africaine, de l’Union européenne, du G5 Sahel et du système des Nations Unies.  Il a mis l’accent sur la nature transfrontalière des défis sécuritaires du Sahel, du bassin du lac Tchad et de l’Union du fleuve Mano.  Il s’est félicité des expériences observées par la CCP lors de ses visites de terrain en Sierra Leone, au Libéria et en Côte d’Ivoire et a insisté sur la nécessité de mettre en place des institutions inclusives et transparentes ainsi que des mécanismes de prévention des conflits au niveau des communautés. 

Le Chef de l’UNOWAS, qui participait à la réunion par visioconférence, a alerté sur une situation sécuritaire alarmante au Sahel et sur ses conséquences en termes d’instabilité au Burkina Faso, au Mali et au Niger.  « Avec 500 000 personnes déplacées, la situation menace aujourd’hui des États côtiers comme le Ghana, le Bénin et la Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté avant de saluer la tenue, le 14 septembre 2019, d’un Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour mieux coordonner la lutte régionale contre l’extrémisme et le terrorisme, en coopération aussi avec le Cameroun, le Tchad et la Mauritanie.  M. Chambas s’est aussi félicité de la décision de consacrer 100 millions de dollars sur deux ans à la lutte contre l’extrémisme violent au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

« La situation humanitaire, économique, sociale et sécuritaire dans le bassin du lac Tchad reste très préoccupante du fait des attaques de Boko Haram et des conséquences de la lutte contre le terrorisme », a déclaré à son tour le Chef du BRENUAC.  Il a prôné, aux niveaux régional et sous-régional, des approches plus durables par des moyens non militaires.  De plus, notant que les réponses sont plus efficaces lorsqu’elles sont transfrontalières, M. Louncény Fall a exhorté la CCP à soutenir les initiatives transfrontalières. 

Le Secrétaire exécutif de la Commission du bassin du lac Tchad a quant à lui rappelé les missions environnementales et sécuritaires menées par cette commission créée le 22 mai 1964 et qui comprend aujourd’hui six pays - le Cameroun, le Nigéria, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine et la Libye.  Il a cité la tenue, le 26 novembre, de la première réunion de coordination de la nouvelle Unité de stabilisation régionale, qui est le fruit de la collaboration entre le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la Commission du bassin du lac Tchad et l’Union africaine.  Dotée de 100 millions de dollars sur deux ans, cette unité a pour mission de stabiliser la sous-région en s’appuyant sur les objectifs de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  M. Nuhu a ensuite souligné l’importance du nouveau Forum des gouverneurs du bassin du lac Tchad pour la coopération régionale sur la stabilisation, la consolidation de la paix et le développement durable dans la région affectée par Boko Haram.  Ce forum a pour objectif de promouvoir le dialogue transfrontalier.  Enfin, M. Nuhu a appelé à la création d’un fonds multipartenaire pour financer la stratégie régionale pour le bassin du lac Tchad.

Cette session s’est articulée autour de deux débats interactifs consacrés, le matin, au Sahel et au bassin du lac Tchad, et l’après-midi, à l’Union du fleuve Mano.  Les conclusions et recommandations de cette session feront l’objet d’un examen dans le rapport annuel de la Commission.

La CCP est un organe consultatif chargé d’intégrer une approche stratégique aux initiatives internationales de consolidation de la paix tout en assurant leur cohérence.  Elle compte 31 États membres, dont 7 élus par l’Assemblée générale (Colombie, Égypte, El Salvador, Indonésie, Kenya, Mexique et République tchèque), 7 par le Conseil de sécurité (Bolivie, Chine, Côte d’Ivoire, États-Unis, Fédération de Russie, France et Royaume-Uni) et 7 par l’ECOSOC (Afrique du Sud, Belgique, Équateur, Italie, Nigéria, République de Corée et Roumanie).  En outre, 5 membres figurent parmi les principaux pays fournisseurs de troupes aux missions de l’ONU (Bangladesh, Éthiopie, Inde, Pakistan et Rwanda) et 5 autres parmi ceux dont les contributions aux financements de l’ONU et de ses fonds et programmes sont les plus importantes (Allemagne, Brésil, Canada, Japon et Norvège).

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