Sixième Commission: la menace du terrorisme reste omniprésente, témoignent les délégations en appelant à renforcer la coopération internationale
La Sixième Commission (chargée des affaires juridiques) a repris, aujourd’hui, son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international. Ce sont près d’une cinquantaine de délégations qui, déplorant la recrudescence des actes de terrorisme et leur effet destructeur sur le tissu et la stabilité des sociétés, ont rendu compte de leurs stratégies antiterroristes aux niveaux national et international.
Mais le débat a avant tout donné l’occasion à plusieurs pays directement touchés par la radicalisation et les violences de faire état de leur expérience, de décrire leurs actions tant militaires que préventives, de souligner l’importance d’une coopération régionale dans ce domaine, et de mettre en garde les États Membres contre un amalgame possible entre terrorisme et autodétermination des peuples.
L’Afghanistan est « le terrain d’activité de 20 groupes terroristes internationaux soutenus localement par les Taliban », a indiqué la représentante de ce pays, relevant toutefois que ses forces armées ont réussi à empêcher la prise de deux villes et rendu possible la tenue de l’élection présidentielle malgré les pressions sur la population. Déplorant l’afflux d’armes venues de l’étranger, et les refuges offerts aux combattants, elle a mis en valeur sa coopération régionale avec le Pakistan et les bons résultats du troisième dialogue des Ministres des affaires étrangères de l’Afghanistan, de la Chine et du Pakistan. Pour le Pakistan justement, la question du terrorisme doit être abordée tant du point de vue régional qu’international et « montrer du doigt certains pays » est néfaste et contre-productif. Le Pakistan, a assuré sa représentante, a réussi à maintenir sa stabilité, prouvant que « les armes ne sont pas la seule réponse à ce problème ».
« Sur la ligne de front » dans le conflit en Syrie, la Turquie a déclaré disposer d’une vaste « expertise » dans la lutte contre les terroristes voyageant depuis et vers les zones de conflit. « Cela a permis de faire avorter plusieurs complots terroristes et de libérer les frontières de la menace de Daech et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) », a fait valoir la représentante turque, ajoutant qu’il n’y a « pas de place pour la complaisance ».
Quant aux représentants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, ils ont, eux aussi, en tant que membres du G5 Sahel, loué une coopération régionale avec le Tchad et la Mauritanie, et une force conjointe qui a débouché sur des efforts communs en matière militaire, douanière et de protection des frontières. Le représentant burkinabé a rappelé qu’aucun État n’est en mesure de relever, à lui seul, les défis complexes posés par le terrorisme, et que « la question sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest est un enjeu majeur pour la communauté internationale », comme le prouve la décision de lever un milliard de dollars en quatre ans pour le développement et la lutte contre le terrorisme dans la région.
Le Nigéria, aux prises avec Boko Haram, a révélé des progrès dans sa lutte contre le mouvement terroriste et la reprise de territoires, et insisté lui aussi sur la collaboration avec ses voisins, citant la formation de la Commission du bassin du lac Tchad et d’une Force multinationale mixte. Les mécanismes internationaux, régionaux et sous-régionaux devraient continuer à jouer un rôle « vital » pour combattre ce fléau, a renchéri l’Éthiopie. Dénonçant les Chabab « qui déstabilisent la Corne de l’Afrique et tuent des milliers d’innocents », la représentante kényane a loué, à son tour, les partenariats de son pays avec la Communauté d’Afrique de l’Est et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), ainsi que le Processus d’Aqaba pour répondre aux menaces de l’extrémisme violent dans des discussions régionales informelles.
Un certain nombre de pays ont ainsi souhaité aborder les causes sous-jacentes de l’extrémisme violent et prôné la déradicalisation, notamment auprès des jeunes. Plusieurs ont insisté sur la nécessité de pacifier l’Internet où, selon le représentant chinois, « aucun terroriste ne devrait se sentir libre », et de promouvoir, par l’éducation et le développement, une culture de la paix capable, aux dires du représentant de Maurice, d’éteindre « les flammes du nihilisme et de la haine ».
Rappelant que les auteurs des attentats meurtriers du 21 avril dernier s’étaient radicalisés sur l’Internet, Sri Lanka a appelé les médias à promouvoir des valeurs propices à la diffusion de la paix. Dans le même esprit, le Mali a vanté les mérites du dialogue interreligieux et l’Afghanistan a préconisé la convocation d’une conférence entre les oulémas afghans et pakistanais. Convaincu comme beaucoup que l’une des causes principales du terrorisme est la pauvreté, le Burkina Faso a mis en relief le Programme d’urgence pour le Sahel, destiné à répondre aux besoins des communes où les terroristes sont les plus actifs.
D’autres problèmes ont été soulevés, tels que le retour dans leur pays d’origine ou la réinstallation ailleurs de personnes soupçonnées d’être des combattants terroristes étrangers et les liens accrus entre terrorisme et criminalité transnationale organisée.
La Sixième Commission se réunira demain, jeudi 10 octobre, à partir de 10 heures, pour terminer son débat consacré au terrorisme international, avant de se pencher sur la question de la responsabilité des fonctionnaires et des experts en mission des Nations Unies.
MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/74/151)
Déclarations
M. RISHY BUKOREE (Maurice) a indiqué que son pays a toujours veillé, dans ses efforts antiterroristes, à garantir les droits de la personne consacrés dans sa Constitution. Si Maurice n’a pas été frappée par une attaque terroriste, elle n’est pas à l’abri, a-t-il dit. Le délégué a passé en revue les mesures « strictes » prises par son pays pour tarir le financement du terrorisme. Le représentant a appelé à régler les causes profondes de ce fléau, à « éteindre les flammes du nihilisme et de la haine » et à forger une culture de paix et de tolérance. Tous les États doivent renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme, dans le respect du droit international, a conclu le délégué.
Mme MINE OZGUL-BILMAN (Turquie) a mis l’accent sur la nature évolutive du terrorisme, rappelant que, dans les années 1970, beaucoup de personnes ont péri et de nombreuses familles ont été brisées dans son pays après diverses manifestations de terrorisme. La Turquie, a-t-elle souligné, est « sur la ligne de front » dans le conflit en Syrie, et dispose d’une vaste « expertise » dans la lutte contre les terroristes voyageant depuis et vers les zones de conflit. « Cela a permis d’avorter plusieurs complots terroristes et de libérer les frontières de la menace de Daech et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). » La représentante s’est félicitée, que depuis l’attentat contre une discothèque en janvier 2017, la Turquie n’ait connu aucune attaque terroriste, et ce, grâce aux mesures prises et à la détermination des forces de sécurité turques.
« Aucun pays n’est immunisé ni protégé contre la menace et les horreurs du terrorisme », a poursuivi Mme Ozgul-Bilman. « Il n’y a pas de place pour la complaisance. » Elle a dit que la Turquie continuera à apporter l’appui nécessaire à la Stratégie antiterroriste mondiale et qu’elle reste l’un des grands contributeurs au programme pour la prévention du crime et la justice pénale de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Elle a salué le fait que l’un des thèmes prioritaires de la deuxième Conférence d’examen prévue en juin 2020 sera la problématique des victimes du terrorisme. Au niveau bilatéral, la Turquie entreprend des activités de renforcement des capacités avec plus de 70 pays. En conclusion, la représentante a invité à être « persistant et inclusif dans la lutte collective et le message contre le terroriste et sa propagande ». Elle a appelé l’attention sur le sort des enfants aux mains des organisations terroristes qui devrait, selon lui, être au centre des efforts de la communauté internationale. « En Turquie, les familles d’enfants enlevés par le PKK ont entamé une manifestation silencieuse pour leur retour », a-t-elle encore indiqué.
Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que la communauté internationale travaille depuis 10 ans à l’éradication du terrorisme mais que ce fléau se poursuit dans des formes toujours plus brutales en exploitant les divisions ethniques et religieuses. Elle a insisté sur la nécessité de « se concentrer sur la diffamation injuste et les perceptions fallacieuses dont souffrent les musulmans » et espéré que des outils juridiques adaptés permettront de faire cesser cette injustice. La représentante a aussi mentionné les causes sous-jacentes de violences, tels « les conflits gelés, l’occupation inique de certains territoires, le refus de l’autodétermination de peuples et les injustices socioéconomiques ».
Selon Mme Lodhi, la question du terrorisme doit être abordée tant du point de vue régional qu’international et implique une coopération à ces deux niveaux; elle ne peut se résumer à « montrer du doigt certains pays », ce qui est néfaste et contreproductif. Elle a ajouté que le Pakistan a réussi à maintenir sa stabilité, prouvant que « les armes ne sont pas la seule réponse à ce problème », et que son pays pourrait faire profiter d’autres États de son expérience en la matière. Elle a insisté sur la nécessité de renforcer l’aide, y compris financière, aux États dans leur lutte contre le terrorisme. Si elle a appuyé l’idée d’une convention générale sur le terrorisme international, elle a souligné que cette convention doit marquer une différence entre le terrorisme et la quête d’autodétermination, afin qu’elle ne se mue pas en un nouvel outil de répression d’aspirations légitimes. La représentante a conclu sa présentation en exhortant les États à ne pas se focaliser seulement sur les symptômes, mais plutôt sur les causes du terrorisme.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) s’est élevé contre la prolifération du racisme, de la discrimination et de la xénophobie, ainsi que les idéologies extrémistes qui mènent au terrorisme. De telles idéologies se répandent rapidement et facilement, grâce en partie à l’Internet et aux réseaux sociaux, et affectent des communautés entières, a-t-il déploré. Aucun pays n’est à l’abri de ce phénomène, a averti le représentant. De plus, l’accès aux armes puissantes et à la technologie aggrave cette menace. Les récents attentats à Christchurch et contre la communauté hispanique à El Paso, au Texas, en août dernier, en sont, à ses yeux, les meilleures preuves.
M. de la Fuente Ramírez a réaffirmé que l’extrémisme violent qui conduit au terrorisme ne peut et ne doit être lié à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. Il a, en outre, plaidé pour que les victimes du terrorisme aient non seulement un accès rapide à la justice et aux soins, mais qu’elles soient aussi traitées avec respect et dignité. Il a appelé à se pencher sur les causes sous-jacentes du terrorisme, tout en ouvrant la voie au dialogue et à l’édification de communautés résilientes. C’est dans cet esprit que le Mexique a rejoint le Groupe des amis des victimes du terrorisme et approuvé l’Appel à l’action de Christchurch. Dans la même veine, le Mexique a appelé pour que, cette année, la résolution consacrée à cette question attire davantage l’attention sur ces victimes et promeuve leur rôle en tant qu’éléments clefs dans la prévention et la lutte contre ce fléau. « Nous devons nous assurer que la lutte contre le terrorisme ne se fait pas aux dépends de l’assistance humanitaire », a-t-il ajouté, mettant en garde contre l’usage excessif de la force sous prétexte de la lutte contre ce fléau.
M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a réitéré sa volonté de combattre le terrorisme, quelles qu’en soient les motivations, y compris lorsque des États sont directement ou indirectement impliqués. Cuba soutient le travail du Bureau de lutte contre le terrorisme et est partie à 18 conventions internationales sur le terrorisme. Le pays est favorable à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international afin de surmonter « les vides juridiques » relatifs à la définition même du terrorisme. Il estime qu’une telle convention doit établir une définition exacte, claire et précise du crime de terrorisme international, en couvrant tous ses aspects, y compris le terrorisme d’État.
Cuba considère en effet que la pratique de certains États de financer, soutenir ou encourager des actes subversifs de « changement de régime », ainsi que les messages d’intolérance et de haine contre d’autres peuples, cultures ou systèmes politiques, violent les principes de la Charte des Nations Unies et le droit international. Encore une fois, le délégué a condamné les actes et mécanismes unilatéraux de certains gouvernements, comme les États-Unis, « qui s’estiment en droit de certifier des comportements et de dresser des listes politiquement motivées », et dénoncé « la rhétorique de colère et de haine » de l’Administration américaine.
Mme MAYSOUN HASSAN SALIM ALDAH ALMATROOSHI (Émirats arabes unis) a rappelé qu’aucun pays n’est à l’abri du terrorisme. Daech dispose encore de 300 millions de dollars, malgré sa défaite en Iraq et en Syrie. Elle a indiqué que les navires dans la région ont essuyé de récentes attaques, sapant la stabilité. La déléguée a prôné une culture de la tolérance et le renforcement des capacités pour lutter contre le terrorisme. Elle a mentionné la tenue d’une conférence, en 2020, dans son pays pour discuter de ces questions. « Mon pays souhaite devenir un modèle dans cette culture de la paix et de la tolérance. » Elle a ajouté que les Émirats arabes unis veillent à tarir le financement du terrorisme et qu’ils ont fourni 500 000 dollars à l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD), afin que les atrocités commises en Iraq ne restent pas impunies. Enfin, la déléguée a appelé les États qui financent des actes terroristes à rendre des comptes.
Mme SUSAN WANGECI MWANGI (Kenya) a exhorté à une « solidarité mondiale » reposant sur la coopération, la coordination et l’assistance mutuelle pour contrecarrer le terrorisme international, mettre en œuvre les conventions et les résolutions du Conseil de sécurité en la matière ainsi que les politiques et législations nationales de lutte contre ce fléau. Les stratégies kenyanes privilégient la lutte contre le financement du terrorisme et de l’extrémisme, a expliqué la représentante. Les lois relatives à la sécurité ont été amendées pour consolider le cadre législatif, et des agences spécifiquement chargées de prévenir toute menace terroriste ont été créées. Une unité antiterroriste a été mise sur pied au sein de la police, de même qu’une unité de désamorçage des bombes et une unité médico-légale d’investigation en ligne.
D’autre part, a continué Mme Mwangi, des mesures ont été prises pour aligner sa stratégie de lutte contre l’extrémisme violent avec la Stratégie antiterroriste mondiale et le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. À l’échelle régionale, le Kenya a conclu des partenariats avec la Communauté de l’Afrique de l’Est, l’Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD) et la région des Grands Lacs. Elle a salué l’Appel de Christchurch condamnant l’exploitation par les terroristes d’un Internet libre, ouvert et sûr. « La protection d’Internet est vitale pour accroître l’inclusion et favoriser la croissance économique », a-t-elle affirmé, en louant également le Processus d’Aqaba tendant à pallier les menaces de l’extrémisme violent par des discussions informelles et régionales.
Dénonçant ensuite les Chabab qui déstabilisent la Corne de l’Afrique et tuent des milliers d’innocents, la représentante a jugé qu’ils ont été en mesure de proliférer grâce à leur capacité de maintenir un flux constant de revenus à travers des moyens illégaux - impôts illicites, enlèvement contre rançon, dons aux sympathisants et détournement de l’assistance humanitaire. Elle a exhorté à « couper ce flux financier » par l’application de sanctions appropriées et des poursuites contre ceux qui financent ce groupe. Toute tentative de normaliser les Chabab ou de les qualifier autrement que comme une organisation terroriste mondiale affiliée à Al-Qaida créera « un monstre » qui détruira bien plus de vies, et pas seulement dans la région, a-t-elle averti.
M. HYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a déclaré que la lutte contre le terrorisme ne s’achèvera que lorsque ses causes profondes auront été prises en compte, ajoutant que les actions militaires et les sanctions ne suffiront pas à rompre le cercle vicieux de la terreur et de la violence. Il a prôné une stratégie intégrant la nation entière par un cadre juridique, rappelant que le Code pénal de son pays traite spécifiquement des actes de terrorisme mais qu’il préfère user de la dissuasion et de la prévention contre la menace terroriste.
Insistant sur une coopération bilatérale, régionale et internationale, M. Aidid a rappelé que son pays est partie à la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme ainsi qu’à 10 des 19 instruments juridiques internationaux pertinents. Préoccupé par le défi posé par le retour de combattants étrangers, il a précisé que la stratégie centrale de son pays consiste à « gagner les cœurs et les esprits » de ces anciens combattants et de la population par des mesures de sensibilisation et de déradicalisation. Favorable à la création d’un groupe de travail visant à finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international, il a ajouté que cette convention doit prendre en compte les actes commis autant par des États que par des acteurs non étatiques et opérer une distinction entre le terrorisme et la lutte légitime des peuples contre les occupations étrangères et pour l’autodétermination. Il a appuyé l’idée de tenir une conférence de haut niveau sur le terrorisme mais souhaité qu’une telle conférence ne repose pas exclusivement sur la conclusion de la convention. « Des efforts continus permettront de réduire les divergences et mener à une réussite », a-t-il conclu.
M. JUAN ÁVILA (République dominicaine) a réaffirmé sa condamnation totale de tous les actes de terrorisme, qu’il considère comme « criminels et injustifiables » et réitéré son engagement à intégrer l’application des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale, mentionnant la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent sur l’Internet, « où se propage un discours séduisant pour les groupes les plus vulnérables aux idéologies extrémistes ».
Le représentant a confirmé que son pays a ratifié la grande majorité des traités relatifs au terrorisme, y compris ceux qui régissent la répression de son financement, et poursuit des programmes de formation pour le personnel du Centre national contre le terrorisme et les forces armées. Un organisme spécial, la Commission nationale antiterroriste, se charge de la prévention et des poursuites judiciaires, a-t-il précisé, et des mesures de protection des personnes et biens affectés par « ces actes abominables ». Par ailleurs, il rappelé que la République dominicaine participe au niveau régional aux projets de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), en particulier pour la formation à la détection de passagers à risque dans les aéroports internationaux.
Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a exprimé l’attachement de son pays au droit international et rappelé qu’il avait adhéré à différents instruments multilatéraux, régionaux et bilatéraux destinés à lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. El Salvador a ainsi ratifié une série d’accords visant à prévenir le financement des organisations terroristes et s’emploie à promouvoir les échanges d’informations à cette fin, a indiqué la représentante. Elle applique en outre les recommandations du Groupe d’action financière et de mémorandums d’entente bilatéraux relatifs à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La déléguée a, d’autre part, estimé que tout projet d’accord général sur le sujet doit tenir compte des pratiques législatives et du droit national des États.
S’agissant de la prévention du terrorisme, a poursuivi Mme González López, le plan du Gouvernement salvadorien désigne la présence et les activités de structures terroristes comme l’une des principales causes d’insécurité dans le pays. C’est pourquoi, a-t-elle dit, l’Administration du Président Nayib Buleke a mis l’accent sur le renforcement des institutions afin de combattre le crime organisé et les groupes criminels. Une attention particulière est également accordée aux jeunes, par le biais de programmes éducatifs et d’offres d’emploi qui visent à empêcher leur recrutement.
Mme EMILY R. PIERCE (États-Unis) a réaffirmé l’engagement de son pays à mettre en œuvre tous les outils nécessaires pour mettre fin au terrorisme. Cependant, elle a aussi indiqué qu’il existe plusieurs défauts dans les récentes résolutions que son pays espère voir rectifiés. La mise en œuvre des résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017) du Conseil de sécurité, combinée avec la pression militaire de la coalition menée par les États-Unis, ont eu un impact en Syrie et en Iraq, et 7,7 millions de personnes ont été libérées de la loi brutale de Daech, a relevé Mme Pierce. Avec des milliers de combattants terroristes étrangers emprisonnés en Syrie, et leurs familles dans des camps, une concertation internationale quant à leur rapatriement, jugement, réhabilitation, et en fin de compte leur réintégration, est essentielle pour prévenir la radicalisation d’une nouvelle génération, a souligné la représentante américaine.
Aux États-Unis, la sensibilisation contre l’extrémisme violent et la radicalisation se poursuit. L’importance de contrer l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, tout en respectant les droits de l’homme dont la liberté d’expression, y a notamment été soulignée. Cependant, a poursuivi Mme Pierce, si éliminer le contenu en ligne est une part importante de la stratégie à court terme, cela constitue seulement une partie de la solution à long terme. Pour atteindre cette vision à long terme, il est nécessaire que tous les États Membres assistent et financent suffisamment les acteurs onusiens et autres, a-t-elle ajouté, appelant aussi à une coordination continue incluant les communautés locales et les organisations clefs de la société civile. Enfin, si les États-Unis appuient les instruments internationaux contre le terrorisme, ils ne considèrent pas que le Protocole de Montréal de 2014 amendant la Convention de Tokyo de 1963 relative aux infractions et à certains autres actes survenus à bord des aéronefs en fasse partie, au vu de « lacunes » contre-productives dans le texte.
M. HOTAKA MACHIDA (Japon) a rappelé que le Japon a accueilli, en juin à Osaka, un Sommet du G20 au cours duquel les dirigeants ont adopté une déclaration sur la prévention de l’utilisation d'Internet à des fins terroristes et de promotion de l’extrémisme violent. Dans ce droit fil, le Japon continuera de forger des partenariats public-privé, de renforcer les capacités et d’échanger les bonnes pratiques afin que l’Internet ne soit pas un « sanctuaire » pour les groupes terroristes, dans le respect des libertés fondamentales, a conclu le délégué.
Première victime du terrorisme, a affirmé Mme ADELA RAZ (Afghanistan), son pays est confronté à un réseau de plus de 20 groupes terroristes internationaux dont l’agenda va au-delà des frontières nationales et vise à déstabiliser la région et le monde. « Il est clair que ce sont les Taliban qui offrent un environnement favorable à tous ces groupes. » Cette année, s’est réjouie la représentante, les Forces de sécurité afghanes ont réussi à repousser plusieurs attaques, et l’échec des Taliban à prendre le contrôle des capitales des provinces du Kunduz et de Baghlan témoigne de leur détermination. Nos Forces, a-t-elle insisté, viennent de garantir la sécurité lors de l’élection présidentielle, qui a vu le peuple défier, une fois de plus, les menaces terroristes afin d’exercer son droit fondamental de déterminer son destin politique et de consolider la démocratie.
Sur le champ de bataille, les Taliban et Daech ont considérablement intensifié leurs attaques contre les institutions et infrastructures publiques, dont les écoles, les hôpitaux, les mosquées, les salles de fête ou encore les centrales électriques pour attirer l’attention des médias, créer une atmosphère de peur et empêcher le fonctionnement normal de la société, a poursuivi Mme Raz. Ces insurgés, a-t-elle accusé, reçoivent toujours un flux important d’armes, de financement et de main-d’œuvre de l’étranger et jouissent d’un refuge en dehors du pays. Pour résoudre cette question et voir des progrès plus visibles dans la coopération, l’Afghanistan a multiplié les contacts avec le Pakistan. La représentante a donc insisté sur la mise en œuvre des décisions prises dans les différentes plateformes dont le Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité, ou encore les résultats du Sommet de juin entre les leaders des deux pays et du troisième Dialogue des Ministres des affaires étrangères de l’Afghanistan, de la Chine et du Pakistan.
Sur le plan mondial, la représentante a dit attendre avec intérêt le septième examen, en juin 2020, de la Stratégie antiterrorisme mondiale des Nations Unies. En attendant, elle a appelé à un respect plus strict du régime des sanctions décidé par le Conseil de sécurité pour affaiblir les capacités opérationnelles des groupes terroristes. Pour contrer les idéologies extrémistes, la représentante a attiré l’attention sur le rôle des leaders religieux. Elle a d’ailleurs préconisé la convocation d’une conférence entre les oulémas afghans et pakistanais. Souhaitant une approche renouvelée dans la lutte contre le financement du terrorisme, la représentante a affirmé que son pays s’attaque au trafic de drogues, comme en témoigne le fait que la superficie des champs de pavot a diminué de 20%. En la matière, a souligné la représentante, il faut une approche globale et durable qui inclut le partage des informations, la coopération dans la gestion des frontières et le renforcement des cadres juridiques. La représentante a conclu en disant combien son pays a été honoré de faciliter l’adoption, cette année, à l’Assemblée générale de la résolution sur l’assistance aux victimes du terrorisme. Le 25 juin dernier, l’Afghanistan a aussi lancé avec l’Espagne, le Groupe des Amis des victimes du terrorisme dont la première Réunion ministérielle a eu lieu en marge du débat général ici à New York.
M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a condamné la récente attaque terroriste à El Paso, au Texas, qui a pris pour cible la communauté hispanique de la ville, ainsi que les attentats commis en Nouvelle-Zélande, en Afghanistan et à Sri Lanka. Il a appelé les États Membres à se doter de lois « plus rigoureuses » en matière d’accès aux armes conventionnelles, afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent à l’avenir. Le représentant leur a également enjoint d’utiliser l’enceinte onusienne de façon à harmoniser les efforts de mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. À ses yeux, cette Stratégie et les activités du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies contribuent à augmenter la visibilité de l’Organisation dans ce domaine et d’améliorer la coopération internationale pour identifier les sources de financement, les transactions anonymes et le détournement de ressources financières. Pour sa part, a ajouté le représentant, le Guatemala participe à un ensemble d’initiatives régionales et nationales visant à combattre le financement du terrorisme, à commencer par le blanchiment d’argent, en partenariat avec les banques locales.
M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a affirmé que les atrocités commises par Daech, Al-Qaida et le Front el-Nosra contre les Yézidi, les chrétiens et autres minorités ne doivent pas rester impunies. Il a salué, à ce titre, l’adoption de la résolution 2490 (2019) du Conseil de sécurité comme un pas essentiel afin que Daech rende compte de ses actes. Le représentant a dénoncé les atrocités commises contre la population arménienne des villes syriennes de Kessab et Deïr el-Zor et la destruction de monuments culturels et religieux par Daech et le Front el-Nosra. Selon lui, l’idéologie violente des groupes terroristes trouve un terreau fertile dans « la radicalisation de la société du fait de l’État, visant à la consolidation du pouvoir et d’une identité particulière, en faisant de certains groupes ethniques et religieux des boucs-émissaires ». Enfin, il a rappelé le rôle éminent que les organisations régionales jouent dans la lutte antiterroriste.
M. BAGNAME SIMPARA (Mali) s’est désolé que le Mali, terre d’hospitalité, de paix et de stabilité, fasse depuis janvier 2012 la triste expérience de cette idéologie violente et extrémiste, « qui sape tous ses efforts de développement et de stabilité » et n’épargne ni les enfants, ni le patrimoine historique du Mali. Le représentant a décrit les diverses mesures mises en place dans son pays, touchant à la réorganisation des forces de sécurité, les opérations civiles et militaires de désarmement et de renseignement et la fourniture d’aide médicale à la population, ajoutant à cette liste un volet de lutte contre le trafic de drogues.
Rappelant que « la solution durable ne saurait être exclusivement sécuritaire », M. Simpara a mentionné le soutien aux mécanismes de dialogue interreligieux, à la formation des leaders religieux et à l’enseignement d’une culture de paix, de droits de l’homme et de démocratie dans les programmes scolaires, ainsi que le financement de projets d’autonomisation des femmes et de la sensibilisation des jeunes. Le représentant a aussi insisté sur un programme d’investissements prioritaires dans les domaines de la sécurité, contenant une quarantaine de projets promouvant la gouvernance, la résilience et le développement humain afin de répondre par les opportunités économiques aux causes profondes de l’instabilité. Il a en outre mis en avant la coopération internationale, notamment par la création du G5 Sahel contre le terrorisme et la criminalité internationale, qui sévit aussi à travers le trafic de migrants. Enfin, il a insisté sur la nécessité de parvenir à une définition commune et consensuelle du terrorisme, gage de coopération internationale efficace.
M. HAU DO SUAN (Myanmar) a indiqué que son pays est partie à 15 des 19 instruments internationaux antiterroristes et s’attache à promouvoir la tolérance et le dialogue entre les communautés. Il a indiqué que la crise humanitaire actuelle dans l’État rakhine a été déclenchée par les attaques armées de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan en 2016 et 2017. L’ARSA n’a jamais établi de base permanente au Myanmar mais radicalise des musulmans et leur donne une formation militaire à l’extérieur du pays, a dénoncé le représentant. Il a ensuite insisté sur le lien entre l’ARSA et des groupes terroristes internationaux. L’ARSA aurait notamment reçu le soutien d’Al-Qaida et de Daech. La menace sécuritaire posée par l’ARSA est une entrave majeure au retour de la paix dans l’État rakhine, a dit le représentant. Les menaces de mort de l’ARSA à l’encontre de personnes déplacées dans les camps au Bangladesh ont par ailleurs rendu impossible l’entame du processus de rapatriement. « Tout soutien, y compris moral, aux groupes terroristes en particulier l’ARSA doit être évité. »
M. SEYDOU SINKA, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères et de la coopération du Burkina Faso, a rapporté les multiples attaques terroristes contre son pays et les opérations militaires lancées dans l’est et le nord du pays, ainsi que dans la région frontalière entre le Mali et le Niger. Il a rappelé qu’aucun État n’est en mesure de relever à lui seul les défis complexes posés par ce fléau, et que « la question sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest est un enjeu majeur pour la communauté internationale ». Selon lui, une coopération franche et conséquente est un impératif pour cette lutte, car « le terrorisme moderne est une conséquence de la mondialisation et de diverses variables communautaires ou locales ».
Citant l’appartenance de son pays au G5 Sahel et à sa force conjointe, M. Sinka a souligné des coopérations louables sur les plans douanier, policier, militaire et judiciaire avec les pays voisins et l’organisation du sommet Initiative d’Accra en février 2019 avec le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo en vue de l’harmonisation de leur combat contre le terrorisme. Sur le travail du G5 Sahel, il a mentionné son programme d’investissements prioritaires et sa Force conjointe, mais regretté que ses efforts soient affaiblis par « le manque de respect des engagements financiers des différents partenaires » et par « les réticences du Conseil de sécurité à inscrire le G5 Sahel sous le Chapitre VII de la Charte », ce qui garantirait son financement et son mandat.
Assurant que le terrorisme constitue une menace pour toute la sous-région, le représentant a salué le plan d’action antiterroriste du Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), tenu à Ouagadougou le 14 septembre dernier, qui justifie un appel de fonds d’un milliard de dollars sur quatre ans. Il a appelé l’ensemble des partenaires à soutenir les pays du Sahel contre le terrorisme et l’extrémisme violent « pendant qu’il est encore temps ». Enfin, M. Sinka, convaincu que l’une des causes principales du terrorisme est la pauvreté, a mis en relief le Programme d’urgence pour le Sahel, destiné à répondre aux besoins des communes du Sahel et du nord où les terroristes sont les plus actifs.
M. AL-JARBA (Iraq) a rappelé que c’est le peuple iraquien, par son sacrifice et sa volonté, qui a vaincu Daech. Les bailleurs de fonds et les soutiens des groupes terroristes doivent rendre des comptes. Il a souhaité un partage des informations et un contrôle des frontières renforcé pour tarir le flux des éléments terroristes. Tous les États doivent mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2170 (2014). Le fait que certains États ont déchu de leur nationalité des combattants terroristes, rendant leur extradition impossible, n’est pas de nature à vaincre le terrorisme, a estimé le représentant. Mon gouvernement a partagé ses informations sur des combattants terroristes étrangers avec plus de 100 pays, a-t-il dit. Le délégué a indiqué que ce qui s’est passé à Christchurch est un attentat terroriste motivé par la haine. Enfin, il a rappelé que seule une approche globale, associant États Membres et organisations régionales, permettra de vaincre les groupes terroristes, ces derniers étant loin d’être défaits.
Mme ANUKAM (Nigéria) a rappelé que le terrorisme reste une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales et déstabilise les structures de gouvernance, avec des effets négatifs sur le développement des pays affectés. Son pays, touché par Boko Haram, a mis en œuvre une stratégie nationale de la lutte contre le terrorisme et garde Boko Haram sous surveillance continue. La législation mise en place fournit des mesures pour la prévention, l’interdiction et la lutte contre les actes de terrorisme, mais aussi son financement. Les efforts du Nigéria ont permis d’améliorer les capacités de ses troupes, la reprise de territoires précédemment contrôlés par Boko Haram et la libération de victimes en captivité. Les poursuites à l’encontre des suspects ont commencé en 2017, a précisé la représentante. Plus de 1 321 cas ont été traités entre octobre 2017 et juillet 2018. Parmi eux, 366 suspects ont été reconnus coupables et emprisonnés, 882 suspects ont été libérés pour un programme de déradicalisation, réhabilitation et réintégration, et environ 73 cas sont en cours. Le Nigéria va également commencer les procès de 1 300 autres suspects.
La collaboration avec ses voisins a aidé le Nigéria à atteindre ce résultat, a précisé sa représentante, citant notamment la formation de la Commission du bassin du lac Tchad et d’une Force multinationale mixte. Le Nigéria, réaffirmant sa volonté de coopérer avec les efforts de l’ONU pour mettre fin au terrorisme et à ses manifestations, a souligné que la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée qu’en travaillant ensemble. Dans ce cet esprit, le Nigéria a mis en œuvre un projet sur le renforcement des capacités et la formation des forces de l’ordre sur les droits de l’homme, l’état de droit et la prévention du terrorisme.
M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a remarqué que bien des progrès ont été réalisés depuis les discussions de l’année dernière en vue d’éliminer le terrorisme international, comme le montrent les 54 instruments juridiques établis dont 35 sont des instruments régionaux. Il a noté avec satisfaction les multiples initiatives régionales dont beaucoup ne sont pas mentionnées dans le rapport du Secrétaire général. Mais, il a regretté la poursuite des actions terroristes et appelé la communauté internationale à prendre en compte les causes profondes du phénomène comme la pauvreté, le manque d’éducation, les inégalités politiques, économiques et sociales, et à s’assurer du respect du droit international.
Le représentant a précisé que son pays est partie à 15 traités universels sur ce sujet et sur la criminalité transnationale organisée, et qu’il participe au groupe de travail de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) sur le terrorisme. Le Viet Nam est également partie à la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme et à nombre d’accords bilatéraux d’assistance mutuelle en matière judiciaire et d’extradition. M. Pham a cité aussi des initiatives nationales, comme l’inscription dans le Code pénal du financement d’actes terroristes commis par des personnes morales et la coopération avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et INTERPOL sur la question des combattants étrangers, ainsi que le plan d’action national contre le financement du terrorisme, et la participation, depuis 2007, de son pays au Groupe Asie-Pacifique sur le blanchiment d’argent.
Mme LILA DESTA ASGEDOM (Éthiopie) a estimé que, bien que la responsabilité première dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies incombe aux États, les mécanismes internationaux, régionaux et sous-régionaux devraient continuer à jouer un rôle vital dans la promotion des coopérations antiterroristes. Elle a conseillé de se focaliser, en premier lieu, sur les causes sous-jacentes du terrorisme. La Corne de l’Afrique se heurte à un éventail complexe de menaces en termes de sécurité transnationale: terrorisme, criminalité organisée, piraterie, cybercriminalité, traite des personnes, trafic de drogues et d’armes. « Ces menaces transnationales sont à la fois interconnectées et liées », a-t-elle ajouté, soulignant que l’action collective est indispensable dans la lutte contre le terrorisme.
L’Éthiopie a ratifié 9 des 19 conventions et protocoles internationaux contre le terrorisme, ainsi que plusieurs instruments régionaux, et promulgué des lois contre le blanchiment des avoirs et le terrorisme, a encore indiqué la représentante. Parallèlement, le pays s’est lancé dans des réformes de fond pour favoriser le développement socioéconomique, élargir l’espace politique et garantir la primauté du droit, la liberté de la presse et le respect des droits de l’homme, y compris la révision de la Proclamation contre le terrorisme. Elle a néanmoins conclu que beaucoup de nations africaines font face à des contraintes dues au manque de ressources adéquates et de capacités techniques pour la mise en œuvre des instruments.
Évoquant le projet de convention générale sur le terrorisme international, M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a insisté sur la distinction entre terrorisme et lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale. Il est pareillement important, en vue d’une telle convention, de respecter les droits de l'homme, en particulier le droit à la vie, le droit de ne pas être torturé ou bien encore le droit d’accès aux tribunaux, a-t-il dit. Les droits des victimes du terrorisme devraient également faire partie intégrante d’une telle convention. Le délégué a aussi souhaité que la convention traite des causes profondes du terrorisme. Toute mesure antiterroriste doit respecter le droit international et ne doit pas aboutir à la marginalisation d’individus ou de groupes, qui est de nature à alimenter l’extrémisme, a-t-il ajouté. Enfin, il a insisté sur l’importance de renforcer les capacités des pays en développement dans la bonne mise en œuvre des initiatives internationales contre le terrorisme.
« Si on ne donne pas aux gouvernements aux prises avec le terrorisme les moyens de mener une politique antiterroriste efficace et durable en privant ces groupes de leurs armées et leurs sources d’approvisionnement et de financement, il est fort à craindre de voir se consolider non seulement un arc terroriste allant de la Mauritanie au Nigéria et se prolongeant jusqu’à la Corne de l’Afrique, mais aussi de voir se développer des îlots de non-droit, pour les trafiquants du monde entier », a averti M. ALBERT SHINGIRO (Burundi). Il a estimé qu’une convention générale sur le terrorisme international serait une contribution significative dans la lutte contre le terrorisme. L’adoption d’une définition commune et consensuelle favoriserait une compréhension commune de ce phénomène tout en favorisant une plus grande cohérence et efficacité. « Le manque de consensus à ce sujet fait le jeu des terroristes », a-t-il estimé.
M. Shingiro a insisté sur l’importance de renforcer les capacités des pays dans la bonne mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. Enfin, le délégué a souligné l’importance d’une compréhension commune du terrorisme, « depuis la phase de prévention jusqu’aux actes, en évitant notamment la politique de deux poids, deux mesures qui établit arbitrairement une distinction entre bons et mauvais terroristes à des fins politiques ».
M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a fait part des mesures législatives et pratiques que son pays a prises pour la prévention et l’élimination du terrorisme international. Ces mesures, a-t-il précisé, sont la ratification des instruments internationaux, régionaux et bilatéraux et leur intégration dans la législation et les politiques nationales. Le pays a aussi mis en place une commission interagences chargée de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne le gel des avoirs, l’interdiction de voyager et l’embargo sur les armes. Par ailleurs, la Géorgie a adopté en janvier dernier sa stratégie et son plan d’action triennaux qui donnent la priorité à l’action préventive, à travers la déradicalisation et la lutte contre la propagande terroriste, le financement du terrorisme et les combattants terroristes étrangers. La stratégie souligne le rôle spécial des femmes et des filles dans la prévention du terrorisme et de l’extrémisme.
Le représentant s’est félicité de la visite qu’a effectuée dans son pays, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, en juillet 2018. Il a estimé que le renforcement des capacités de tous les États et une approche coordonnée sont des éléments « vitaux » de l’effort mondial contre le terrorisme. Il a donc encouragé tous les États Membres à augmenter leurs contributions aux projets de coopération et d’assistance technique.
Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a estimé que la prévention est la meilleure manière de combattre le terrorisme et que les États doivent renforcer les institutions de lutte contre la criminalité. Il est également nécessaire de redoubler d’efforts pour en finir avec la marginalisation de communautés, en leur offrant éducation, santé et sécurité et ainsi les éloigner de la radicalisation, notamment les jeunes. Il faut promouvoir une culture de paix et de tolérance, a continué Mme Villalobos Brenes, et s’attaquer à l’intolérance, à la discrimination et aux discours de haine, principalement sur les réseaux sociaux. Selon elle, une autre façon de prévenir le terrorisme repose sur le renforcement de la sécurité aux frontières, qu’elles soient maritimes ou terrestres. Des frontières poreuses se prêtent en effet aux activités illicites qui favorisent le terrorisme, comme le trafic d’armes et le passage de combattants étrangers, a expliqué la représentante.
Pour sa part, le Costa Rica a récemment fait évoluer sa législation afin de renforcer les outils contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le pouvoir judiciaire a également mis en place un programme de formation pour les juges, les procureurs et la police judiciaire en matière de cybercriminalité, blanchiment de capitaux, traite et trafic de personnes afin de détecter le terrorisme. Quant à la coopération, elle est nécessaire et les organisations régionales et sous-régionales doivent s’impliquer pour éliminer le terrorisme international, a dit Mme Villalobos Brenes. Le transfert de technologie et les outils informatiques pour tracer les terroristes doivent être à la portée de tous les pays, de même que l’échange d’informations, a-t-elle conclu.
M. LUIS UGARELLI (Pérou) a rappelé que son pays avait été victime par le passé d’exactions commises par des groupes terroristes. Aussi le Pérou, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, est-il fermement attaché à la lutte contre le terrorisme, a expliqué le représentant. Il a souligné, dans ce cadre, l’importance de la résolution 2462 (2019) du Conseil de sécurité pour amoindrir les capacités logistiques et financières de groupes tels que Daech. Le représentant a également salué les efforts du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et du Bureau de lutte contre le terrorisme, encourageant ce dernier à coopérer étroitement avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme. Il a en outre appelé à contrer le financement des groupes terroristes et à développer des politiques adaptées pour réhabiliter et réintégrer les combattants terroristes étrangers. Il a enfin appelé à lutter contre la radicalisation et le recrutement de prisonniers par des groupes terroristes.
M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a rappelé qu’au cours des quatre années écoulées, son pays a été frappé par 11 attentats terroristes et que, durant les deux dernières années, leurs auteurs étaient des femmes et des enfants. Préoccupé par la propagation du terrorisme en ligne et dans les médias sociaux, il a indiqué que la législation antiterroriste a été révisée de façon à prévenir les menaces émergentes et l’utilisation de la technologie à mauvais escient. La législation sur les transactions électroniques et l’information et l’établissement d’un ministère spécialisé ont permis de faciliter la mise en place de mécanismes de vérification des comptes sur les médias sociaux par l’identification des numéros de téléphones actifs. De plus, les plateformes se sont engagées à traiter rapidement tout contenu terroriste, et les fournisseurs de services en ligne à filtrer leur contenu grâce à l’intelligence artificielle. Toutes ces mesures sont appuyées par une « cyberpatrouille » et par des mécanismes de suivi.
Le représentant a relevé que des clivages perdurent parmi les États Membres au sujet du projet de convention générale sur le terrorisme. Il a réitéré sa position selon laquelle la définition du terrorisme international doit être conforme au droit international, en particulier au droit international humanitaire. Il a recommandé par ailleurs de trouver un juste équilibre entre « approche musclée » et « mesures souples », tout en veillant au renforcement des capacités et à nouer des partenariats fondés sur le dialogue, l’autonomisation et des stratégies de réinsertion dans la lutte antiterroriste. Jugeant indispensable que les efforts de déradicalisation soient complétés par une lutte contre la radicalisation, il a préconisé des programmes impliquant les organisations de la société civile, les enseignants, les chefs de file religieux, les media (y compris sociaux), les familles, les femmes et les jeunes.
Préoccupé par la résurgence, du terrorisme international, M. LIU YANG (Chine) a rappelé que l’État islamique d’Iraq et du Levant n’a pas encore été vaincu et qu’il continue à élargir ses activités à des zones vulnérables en termes de sécurité. Il a également évoqué la montée du cyberterrorisme, le retour des combattants terroristes étrangers, ainsi que l’installation et la réinsertion de leurs familles. « Nous avons beaucoup à faire avant que le terrorisme ne soit éliminé », a-t-il averti. Le Ministre chinois des affaires étrangères a présenté en détail la position antiterroriste de son pays à l’occasion du débat ministériel des Nations Unies sur la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et la sécurité.
Il s’agit en premier lieu, a développé M. Liu, de renforcer la coopération, ce qui implique que les parties mettent de côté leurs intérêts géopolitiques et s’opposent, sans équivoque, au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. « Il nous faut fermement combattre les activités terroristes, indépendamment des acteurs, lieux, temps ou prétextes », a-t-il insisté, en appelant à éviter la pratique du deux poids, deux mesures et surtout la sélectivité. M. Liu a encouragé, en deuxième lieu, à adopter une approche multidimensionnelle pour s’attaquer à la fois aux causes et aux symptômes. Pour ce faire, la communauté internationale doit œuvrer à la résolution politique des conflits régionaux, promouvoir le règlement pacifique des différends et, par des mesures intégrées comme la promotion du développement économique et l’amélioration de l’éducation, aider les États Membres de l’ONU à réduire et à éliminer la pauvreté et à atteindre le développement durable, de façon à prévenir la tension et les troubles sociaux. D’autre part, « les terroristes ne doivent pas librement régner sur l’Internet », a-t-il encore déclaré, en appelant à se focaliser sur la lutte contre le cyberterrorisme, en particulier la propagation des idéologies extrémistes et l’incitation à des activités terroristes par des organisations.
Après avoir, en troisième lieu, appelé l’ONU à axer ses efforts sur la promotion de la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur la lutte contre le terrorisme et de la Stratégie antiterroriste mondiale, M. Liu a demandé le strict respect du droit international. Les opérations antiterroristes doivent respecter les buts et principes de la Charte, notamment la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays. Au niveau national, il a indiqué que la Chine était victime du terrorisme et qu’elle avait entrepris « des mesures de prévention et de déradicalisation », conformément au Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. Il a plus particulièrement cité « les menaces que représentent les forces terroristes du Mouvement islamique du Turkistan oriental (ETIEM), une organisation terroriste figurant sur la liste du Conseil de sécurité ».
M. LUIS XAVIER OÑA GARCÉS (Équateur) a rappelé que son pays n’est pas épargné par le terrorisme, citant des actes de violence commis au début de l’année 2018 par des groupes armés irréguliers liés au crime organisé qui, en une dizaine d’attentats, ont causé des morts et des blessés, et provoqué des déplacements de population et des dégâts aux infrastructures de l’État. En réponse, l’Équateur a créé un comité de sécurité et un plan de défense pour sa frontière nord conciliant politique de sécurité et développement local pour faire face aux complexes menaces transnationales du terrorisme.
Le représentant a ajouté que « la prévention du terrorisme est aussi importante que sa répression », et insisté sur les facteurs qui y contribuent comme l’intolérance politique, ethnique, religieuse et raciale, les inégalités économiques et sociales nationales et entre les pays, et les liens financier entre le terrorisme et le crime organisé. Citant le communiqué conjoint de la Conférence ministérielle de l’hémisphère sur le terrorisme, tenue à Buenos Aires en juillet dernier, M. Oña Garcés a souligné l’engagement des pays de la région à refuser les sanctuaires aux terroristes et à leurs bailleurs de fonds. Il s’est déclaré inquiet que « des terroristes puissent s’emparer de pays affligés par des conflits internes ou affaiblis dans leurs institutions, pour y renforcer leurs activités criminelles ».
M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que son pays est frappé depuis la fin des années 1980 par des attaques terroristes, en vue de concrétiser « des revendications territoriales infondées et illégales ». Il est curieux d’entendre les responsables d’actes terroristes et de massacres de civils parler ici de minorités ethniques et religieuses opprimées, a-t-il dit. « Une sélectivité aussi cynique est inacceptable et doit être rejetée. » Le délégué a rappelé que les territoires sous occupation militaire étrangère constituent souvent un terreau fertile pour les groupes terroristes. Il a ajouté que son pays entend œuvrer au consensus sur une convention générale sur le terrorisme international, laquelle viendrait compléter le cadre normatif existant. Enfin, M. Musayev a mentionné la tenue, en mai dernier, à Bakou, du cinquième Forum mondial sur le dialogue interculturel, qui s’est concentré sur le dialogue comme moyen de lutter contre les discriminations, les inégalités et les conflits.
M. YEDLA UMASANKAR (Inde) a condamné toute forme de terrorisme, « y compris le terrorisme transfrontalier soutenu par des États », et appuyé une politique de « tolérance zéro » à cet égard. Décrivant une menace terroriste multiforme, sans frontières, exploitant les libertés civiles, la tolérance religieuse et la diversité culturelle, le représentant a argué que les systèmes démocratiques en sont la cible principale et qu’ils ressortent vulnérabilisés par cette volonté de diviser et d’exploiter les tensions culturelles, tout en détruisant ces mêmes libertés.
La seule manière efficace de combattre le terrorisme pour l’Inde est de collaborer entre États, et l’ONU est la meilleure organisation pour développer ce genre d’effort transnational, selon elle. Cependant, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, débattue à l’Assemblée générale lors de la dernière décennie, n’a eu que peu d’impact sur le terrain, a regretté M. Umasankar. Les comités des sanctions du Conseil de sécurité « sont devenus des outils sélectifs à cause de l’opacité des méthodes de travail et de prises de décisions politiques ». C’est pourtant à l’Assemblée, forte de l’autorité morale de la communauté internationale tout entière, qu’il appartient de guider les efforts pour développer un cadre juridique international en vue d’agir contre le terrorisme, a conclu le représentant.
Mme MILICA PEJANOVIĆ ĐURIŠIĆ (Monténégro) a déclaré que, le terrorisme et l’extrémisme violent ne pouvant être associés à une religion, une nationalité ou une communauté ethnique, les États doivent tout mettre en œuvre pour lutter contre la xénophobie et renforcer l’inclusion sociale de tous. Elle a assuré que le cadre stratégique et juridique de lutte contre le terrorisme de son pays était adapté aux normes et recommandations internationales, y compris celles émanant du Groupe d’action financière sur le financement du terrorisme. La représentante a par ailleurs souligné que son pays, qui a été peu touché par les phénomènes de radicalisation et des combattants étrangers, n’en conduit pas moins des activités d’antiradicalisation et de sensibilisation au risque, cela en coopération avec les organisations de la société civile et les collectivités locales. Au plan régional, a-t-elle encore signalé, l’initiative de lutte contre le terrorisme des États des Balkans occidentaux, lancée en 2015 et soutenue par l’Union européenne (UE), permet de développer et d’apporter des réponses efficaces et coordonnées au terrorisme transfrontalier.
Pour M. DUNCAN MUHUMUZA LAKI (Ouganda), il faut être prêt à prendre des décisions difficiles pour lutter efficacement contre le terrorisme, y compris à s’accorder sur une définition globale du phénomène qui, au minimum, le distingue de toute les formes de lutte légitime. Le terrorisme est une menace majeure à la paix et à la sécurité; avec l’extrémisme violent, il continue de semer la mort et la souffrance chez les populations innocentes. Des groupes comme Daech, Al-Qaida ou Boko Haram sèment la mort et la dévastation. « Ils manipulent les jeunes esprits en exploitant des souffrances réelles et supposées. » Un combat général contre le terrorisme suppose de considérer les conditions dans lesquelles il frappe et, pour l’éradiquer, de bien identifier ses causes profondes, a dit M. Laki.
L’Ouganda, a poursuivi le représentant, soutient la Stratégie antiterroriste mondiale et, espérant aboutir à une convention générale sur le terrorisme, appuie la proposition de réunir une conférence internationale de haut niveau sous les auspices de l’ONU. Les efforts doivent être collectifs pour priver les terroristes de tout abri, éliminer les sources de financement, réduire les vulnérabilités des États et renforcer les capacités de riposte et de secours d’urgence. Par ailleurs, M. Laki a réitéré ses appels à répondre à la crise des déchets toxiques déversés sur les côtes de la Somalie: malheureusement, nos appels restent sans réponses, a-t-il déploré, en affirmant que la question concerne la communauté internationale. « Un jour ou l’autre, ces décharges serviront d’arsenal aux groupes terroristes s’ils ont pu recycler ces déchets pour se procurer des armes de destruction massive », a-t-il craint.
Face à un phénomène qui a des répercussions dans tous les pays, a déclaré M. HYUNSEUNG LEE (République de Corée), la communauté internationale partage la responsabilité de combattre le terrorisme de façon cohérente et coordonnée. C’est pour cette raison que la République de Corée soutient la Stratégie antiterroriste mondiale et qu’elle salue la publication, par le Bureau de lutte contre le terrorisme, de l’appel pluriannuel consolidé 2019-2020. Elle estime que ce document permettra d’améliorer le rôle de coordination du Bureau et d’éliminer la fragmentation des activités de l’ONU en matière de lutte contre le terrorisme.
Le représentant a également déclaré que son pays est partie à presque toutes les conventions internationales relatives à la lutte antiterroriste et qu’il remplit en outre toutes ses obligations découlant des résolutions onusiennes pertinentes. Pour cette raison, sa délégation estime que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent prendre en compte la nécessité de protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales, de telle sorte que les mesures restrictives ou peines sanctionnant le crime de terrorisme doivent être impérativement prévues et inscrites dans la loi, a-t-il dit. En ce qui la concerne, la République de Corée dispose de cadres juridiques spécifiques à la lutte contre le terrorisme, dont une loi contre le blanchiment d’argent et autres activités financière illégales.
Mme ENYOVI ADJO ZOHOU (Togo) a annoncé que son pays, devançant l’appel du Conseil de sécurité, s’est très tôt engagé dans la mise en œuvre des instruments juridiques universels et régionaux pertinents qui visent à contrer le phénomène du terrorisme. Ainsi, a-t-elle expliqué, la Cellule nationale de traitement des informations financières poursuit l’exécution de son mandat et, en mai 2018, la loi relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme dans les États membres de l’Union monétaire ouest-africaine a été adoptée par la représentation nationale. De plus, en mai 2019, un décret portant création d’un comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent a été adopté par le Gouvernement togolais. Enfin, l’Assemblée nationale a adopté, en août dernier, une nouvelle loi sur la sécurité intérieure.
« En alerte maximum face au fléau terroriste du fait de sa proximité avec des pays durement frappés », le Togo a sollicité l’expertise du Comité de lutte contre le terrorisme des Nations Unies afin de l’aider à évaluer les risques que présente l’extrémisme violent, a dit Mme Zohou. La visite dudit Comité, en juillet 2019, a permis de faire des recommandations et d’évaluer les besoins prioritaires en assistance technique. En conclusion, la représentante a espéré que la Commission pourra enfin régler les questions en suspens et finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international.
Mme SANDRA PEJIC (Serbie) a indiqué que l’ONU est l’enceinte idoine pour un « engagement actif » contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Elle a pleinement appuyé le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Elle a encouragé les États à parvenir à un consensus sur une convention générale sur le terrorisme international. S’agissant du retour des combattants terroristes étrangers, elle a indiqué que la participation de citoyens serbes à des conflits armés étrangers est érigée en infraction pénale. La déléguée a aussi mentionné une loi serbe visant au gel des avoirs en vue de prévenir des actes terroristes. La Serbie s’est toujours acquittée de ses obligations s’agissant de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité visant notamment des organisations terroristes, a assuré Mme Pejic.
M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a souligné la « flexibilité » de la notion de terrorisme, qui « offre aux États un outil privilégié permettant de justifier et de légitimer des politiques sécuritaires ». Il a insisté sur la nécessaire coopération entre les régions et entre les différents niveaux de l’Administration, et sur l’importance d’associer dans la lutte contre le terrorisme des partenaires non traditionnels, dont le secteur privé. Saluant le rôle joué par INTERPOL dans la détection, l’identification et l’arrestation de combattants terroristes étrangers, le représentant a appelé à faire en sorte que les informations sur ces combattants, y compris les dossiers passagers, parviennent en temps voulu aux services de sécurité et de renseignement, aux forces armées ou aux forces de l’ordre compétents.
« Les mesures de principe, préventives, répressives et militaires, sont nécessaires pour protéger la vie des citoyens, mais la lutte contre le terrorisme ne peut être gagnée par des moyens militaires seulement », a fait valoir M. Nyanid. Le Cameroun appelle donc à « agir sur les causes profondes qui poussent certaines personnes à se laisser séduire par le terrorisme que sont, entre autres, les conflits prolongés et non réglés, l’absence d’état de droit, les violations des droits de l’homme, la pauvreté, l’absence de perspectives et la marginalisation socioéconomique ».
Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a déclaré que son pays, marqué par les attentats meurtriers d’avril 2019 contre des églises chrétiennes le dimanche de Pâques, saluait le Plan d’action de l’ONU pour la protection des sites religieux. Sri Lanka, a-t-elle ajouté, explore la possibilité de mettre au point une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent et de renforcement des capacités de résilience des communautés. Rappelant que les auteurs des attentats du 21 avril s’étaient radicalisés sur l’Internet, elle a appelé les médias à promouvoir des valeurs propices à la diffusion d’une culture de la paix. La représentante a également souligné l’importance des actions menées par le Bureau de lutte contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, pour à la fois venir en aide aux pays touchés et réfléchir à des moyens de tarir les sources de financement des groupes terroristes. Pour faire échouer les réseaux internationaux de combattants terroristes étrangers, elle a plaidé pour une intensification du partage d’informations, en particulier de renseignements financiers.
Mme Samarasinghe a indiqué qu’au lendemain des attentats de Pâques, les autorités du pays avaient interdit trois organisations terroristes, cela au titre des lois nationales de prévention du terrorisme. « Ces trois entités ont été également listées, en plus de 26 individus suspectés d’activités terroristes ou de financement d’activités de ce type, au titre de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité. » Toutefois, a insisté la représentante, si les terroristes cherchent « à nous déshumaniser », la communauté internationale ne devrait renoncer sous aucun prétexte à renoncer à la commune humanité, cela en combattant le terrorisme de façon respectueuse, responsable et solidaire. Enfin, elle a appelé à son tour, alors que seront célébrées l’an prochain 75 années de coopération multilatérale, de parvenir à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a rejeté tout amalgame du terrorisme avec une religion ou une région en particulier. Toute lutte contre l’extrémisme violent doit prévoir un volet contre l’islamophobie, qui constitue une nouvelle forme d’extrémisme violent. Elle a demandé des efforts redoublés contre le terrorisme et salué, à ce titre, la création du Bureau de lutte contre le terrorisme. Elle a souligné le soutien de son pays à la Stratégie antiterroriste mondiale, laquelle conjugue prévention, traitement des causes profondes et renforcement des capacités. Il faut compléter ces efforts en avançant dans l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international, a-t-elle argué. Il faut se mettre d’accord sur une définition, tout en distinguant entre terrorisme et lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale, a-t-elle avancé.
La représentante a prôné une approche multidimensionnelle contre le terrorisme, rappelant les conséquences dévastatrices du terrorisme dans son pays dans les années 90. Il convient de lutter contre les facteurs d’exclusion sociale et d’injustice et de promouvoir une culture de paix, a-t-elle dit, précisant qu’il s’agit des axes de la politique menée par son pays sur le plan intérieur. Au niveau international, l’Algérie participe à une approche concertée en vue d’une amélioration de la coopération sécuritaire entre les pays du Sahel, a déclaré Mme Ighil. Elle a aussi insisté sur les proportions « alarmantes » prises par le lien entre terrorisme et activités criminelles transnationales organisées. Enfin, elle a évoqué l’attachement de son pays aux efforts internationaux contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
M. ALANSARI (Bahreïn) a insisté sur l’importance d’une coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, en particulier pour endiguer son financement, priorité d’une première réunion organisée à Manama, en 2014 et 2015, avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’ONU pour couper les sources de financement de Daech. L’usage de sanctions financières, la participation du Groupe d’action financière (GAFI) et de son équipe spéciale sur le blanchiment d’argent ont contribué au succès de cette opération.
Par ailleurs, en 2018, a eu lieu le huitième atelier sur le financement du terrorisme, auquel ont participé la Banque centrale de Bahreïn et les États-Unis, et qui a débouché sur un rapport considéré comme essentiel par le GAFI pour tarir ce financement. Citant la onzième réunion du GAFI en avril dernier, le représentant a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts des États pour mettre les terroristes hors d’état de nuire et a conclu sa présentation en vantant les travaux de son Ministère des finances sur « le rôle des organisations à but non lucratif dans la dissémination de fonds destinés à soutenir le terrorisme ».
M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a rappelé les propos d’un ancien Premier Ministre qui a affirmé que la formation de Daech avait découlé de l’invasion armée de l’Iraq par un pays spécifique. « Ce pays, qui a monté des invasions armées contre l’Iraq et la Libye, est en train maintenant de lancer, sous couvert d’antiterrorisme, ses tentacules au plus profond des conflits internes en Syrie et ne ménage aucun effort pour un changement de régime en appuyant des forces terroristes par un moyen ou un autre. » Les actes terroristes appuyés par un État en vue d’un changement de régime au sein d’un État souverain constituent des violations flagrantes de la Charte des Nations Unies. Il a affirmé que ce « terrorisme d’État » est une cause profonde de la prolifération des actes terroristes observés à l’heure actuelle. Enfin, rappelant que son pays est depuis longtemps sous la menace d’un tel terrorisme d’État visant à renverser son régime, le délégué a réitéré son plein soutien au Gouvernement et au peuple de la Syrie.
M. RABII ZENATI (Tunisie) a souligné la détermination de son pays, qui a été frappé par le terrorisme, à lutter contre ce fléau. Il a passé en revue les mesures prises à cet effet, mentionnant notamment la création en 2016 d’une commission de lutte antiterroriste. La législation tunisienne en matière antiterroriste respecte pleinement les droits fondamentaux. Le délégué a insisté sur l’importance de régler les causes profondes du terrorisme, telles que la misère et l’injustice. La Tunisie s’engage à travailler avec toutes les entités onusiennes de lutte antiterroriste, en particulier le Bureau de lutte contre le terrorisme. Enfin, le délégué tunisien a souhaité que des progrès soient accomplis en vue d’une convention générale sur le terrorisme international.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a voulu mettre l’accent sur la prévention du terrorisme. Il faut s’attaquer, a-t-il dit, aux causes sous-jacentes de ce fléau et aux raisons qui poussent les « jeunes esprits » à embrasser la violence. La pauvreté, le chômage, le manque d’éducation sont les principaux facteurs de la radicalisation des jeunes gens. Le représentant a donc appelé les gouvernements et la communauté internationale à accroître les investissements dans ces secteurs. De même, a-t-il poursuivi, nous devons travailler contre les injustices et l’exclusion sociale et traiter, de façon urgente, la place des femmes et des filles dans la société, qui sont vulnérables aux discours extrémistes. Le système des Nations Unies et les partenaires au développement peuvent faire plus pour complémenter les efforts nationaux en matière de création d’emplois et de formation des jeunes.
Le Népal, a rappelé M. Rai, est partie à six instruments internationaux contre le terrorisme et malgré ses ressources limitées et ses faibles capacités techniques, il déploie tous les efforts possibles pour les mettre en œuvre. Le représentant a insisté sur le partage d’informations et le transfert de technologies. L’assistance financière et technique peut aider des pays comme le mien à mieux collaborer avec d’autres dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il conclu.
Mme MARIA ANGELA ABRERA PONCE (Philippines) a rappelé que, depuis janvier, son pays a été frappé à trois reprises par des attentats terroristes dans des lieux de culte appartenant à différentes religions, ce qui, selon elle, atteste du caractère transnational du terrorisme. Pour venir à bout de ces éléments terroristes, les opérations militaires ou de police ne suffisent pas, elles doivent être assorties d’une approche sociétale permettant de comprendre ce qui pousse des individus à rejoindre des organisations extrémistes, a souligné la déléguée, assurant que telle est la doctrine du Plan national d’action sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent mis en place par son gouvernement. Adopté, cette année, en écho au Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent, ce dispositif a bénéficié de l’assistance du Gouvernement du Japon et de plusieurs agences onusiennes, dont le Bureau de lutte contre le terrorisme, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et ONU-Femmes. Cet effort s’accompagne de consultations avec des organismes gouvernementaux, des organisations de la société civile et de responsables religieux et universitaires, a précisé Mme Ponce.
La représentante a également fait état de progrès dans le combat que son pays livre au financement des réseaux terroristes. Elle a en voulu pour preuve l’adoption, en 2018, de la stratégie nationale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des 40 recommandations édictées par le Groupe d’action financière. Mme Ponce a par ailleurs indiqué que le Président Rodrigo Duterte avait créé « une force opérationnelle chargée de mettre fin aux atrocités commises par les terroristes communistes contre le peuple philippin ».
M. COUMBA GAYE (Sénégal) a rappelé que le terrorisme dans l’espace sahélien ces quatre dernières années, s’est traduit par 2 200 attaques, 11 500 morts et des milliers de blessés ainsi que des millions de déplacés et qu’il a affecté les activités économiques. Pour éradiquer ce fléau, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec le Tchad, le Cameroun et la Mauritanie ont, lors d’une réunion le 14 septembre dernier, décidé de mobiliser un milliard de dollars sur quatre ans, et réclament un soutien consistant de la communauté internationale.
Sur le plan interne, a poursuivi le représentant, le Sénégal a apporté des modifications à son Code pénal dans le but de durcir les peines, accru les pouvoirs des officiers de police judiciaire et pris des mesures de retrait des titres de voyage contre certains ressortissants étrangers suspects, toujours dans le cadre du respect des droits de l’homme. Des mesures sécuritaires d’ordre opérationnel ont été prises en tirant les enseignements des événements survenus à travers le monde, en mettant l’accent sur la nécessité de coordonner l’action des forces de défense et des forces spéciales d’intervention munies des équipements adaptés. Le représentant a enfin souhaité la tenue d’une conférence internationale de haut niveau sur le terrorisme pour avancer vers l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.
Mme OLENA SYROTA (Ukraine) a insisté sur la nécessité de finaliser la convention générale sur le terrorisme international, estimant que l’idée de traduire en justice non seulement les individus et les organisations mais aussi les États accusés d’organiser, de financer, d’encourager, de former ou d’appuyer directement ou indirectement, doit y être reflétée. La représentante a dénoncé l’intensification du « terrorisme d’État » qui est un obstacle aux efforts antiterroristes mondiaux. Ancrés, en toute impunité, dans la politique de certains États, le terrorisme et la criminalité ont conduit à des violations brutales du droit international, dont les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité « les plus odieux ».
L’Ukraine, elle-même, a déploré la représentante, subit ces conséquences, tout en repoussant l’agression « hybride » de la Fédération de Russie depuis plus de cinq ans. Or, les rapports de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Mission des droits de l’homme de l’ONU dans le pays confirment les flux constants d’armes, de munitions et de soldats russes dans les territoires temporairement occupés. Plus de 13 000 personnes ont été tuées et 30 000 blessées. Plus de 1,5 million de personnes ont été forcées de fuir et tous les jours la liste des victimes de l’agression russe s’allonge. Malheureusement, a dénoncé la représentante, « la situation actuelle de l’Ukraine montre clairement que la passivité ou la volonté d’apaiser l’agresseur ne conduit qu’à plus d’agressions encore ».
Mme LENILDE HENRIQUES MAIA PEREIRA (Timor-Leste) a souligné que la politique de son pays en matière de terrorisme se résume en une phrase: « tolérance zéro ». Pour combattre ce phénomène au niveau national, le Timor-Leste a promulgué un Code pénal qui régule et interdit tout acte terroriste, blanchiment d’argent ou actions extrémistes. À cet effet, son pays a adopté la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, et, en tant que membre actif du Forum régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), il est fermement aligné sur les plans d’action contre le terrorisme. De même, il a soutenu l’initiative du Kazakhstan visant à promouvoir un « code de conduite » pour la réalisation d’un monde exempt de terrorisme. Il s’agit là pour Timor-Leste de renforcer la coopération internationale, a dit la représentante.
Droit de réponse
Le délégué de la Fédération de Russie a demandé à son collègue ukrainien d’arrêter de spéculer sur de soi-disant activités terroristes dans l’est de l’Ukraine. « Les visées propagandistes de la délégation ukrainienne ne méritent pas d’être discutées au sein de cette Commission », a-t-il dit, en regrettant que l’attention de la Commission soit néanmoins ainsi détournée.