Cinquième Commission: piqûre de rappel aux délégations sur l’urgence de finaliser le budget 2020, au risque de « fermer toutes les opérations » de l’ONU
Le Contrôleur de l’ONU a administré, ce matin, aux États Membres une piqûre de rappel, les exhortant à assumer leur responsabilité d’approuver le budget de l’Organisation pour 2020 avant la date butoir du 1er janvier. Faute de quoi, a dit M. Chandramouli Ramanathan à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, le Secrétaire général sera contraint de « fermer » toutes les opérations financées par le budget ordinaire dans le monde et de maintenir un minimum de personnel pour la sécurité des locaux de l’ONU et de ses effectifs.
L’Organisation, a précisé, M. Ramanathan, accuse à l’heure actuelle un déficit de trésorerie de 190 millions de dollars et a juste assez de réserves pour payer les salaires du mois de décembre. Pour pouvoir mettre en recouvrement les contributions des États Membres nécessaires au paiement des salaires du mois de janvier 2020, a-t-il insisté, les États Membres doivent impérativement se mettre d’accord sur un budget avant la nouvelle année.
Les rappels du Contrôleur faisaient suite à une série de remarques alarmantes du Président de la Cinquième Commission concernant l’état des négociations sur le budget ordinaire. « Je vais être honnête avec vous », a annoncé M. Andreas Mavroyannis: « Le Président de l’Assemblée générale et les hauts responsables du Secrétariat sont vivement préoccupés par les retards dans nos délibérations, d’autant plus que nous n’avons pas encore commencé à examiner le budget. »
Dans ces circonstances, le Président a rappelé qu’il a demandé au Secrétaire général une levée « exceptionnelle » des mesures d’austérité prises en réponse à la crise financière de l’ONU, pour permettre à la Cinquième Commission de travailler en dehors des heures officielles, à savoir le soir et le weekend. L’objectif, a-t-il souligné, est de finaliser les travaux d’ici au 20 décembre. « L’échec n’est pas une option! » a martelé le Président. « Nous ne laisserons pas tomber l’Organisation des Nations Unis. »
Ce matin, les délégations examinaient une demande de subvention de 2 899 500 dollars pour financer les activités en 2020 du Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone. Entré en fonctions en janvier 2014, ce dernier a pris la suite du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, dont le mandat était de juger les principaux responsables des crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres violations graves commis dans le pays. Sur les 13 personnes mises en accusation, 3 sont mortes, 1 est toujours en fuite et 9 ont été condamnées à des peines d’emprisonnement, dont Charles Ghankay Taylor, l’ancien Président du Libéria.
Depuis la fermeture du Tribunal, c’est au Tribunal spécial résiduel que revient désormais la charge de superviser l’exécution des peines, de réviser les condamnations, de protéger les témoins et les victimes, de gérer les archives et d’engager des poursuites contre Johnny Paul Koroma, l’accusé en fuite.
Dans son rapport (A/74/352*), le Secrétaire général rappelle que l’Assemblée générale avait autorisé, en 2019, des dépenses de 2 537 000 dollars pour compléter le budget du Tribunal spécial résiduel, lequel est censé être financé par des contributions volontaires, soit 362 500 dollars de moins que l’enveloppe proposée pour 2020. Notant qu’une partie des ressources demandées pour l’an prochain concerne des procédures judiciaires qui pourraient ne pas être menées, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) recommande (A/74/7/Add.21) d’autoriser des dépenses identiques à celles de 2019.
Le Groupe des États d’Afrique et le Groupe des 77 et la Chine ont fermement appuyé la demande de M. António Guterres. Jugeant préoccupant le déficit chronique de contributions volontaires, les deux formations ont toutefois appelé à une solution durable et prévisible, via la création d’un mécanisme de financement reposant sur le budget ordinaire de l’ONU. Les acquis en matière de justice pénale internationale risquent d’être mis en péril si le Tribunal spécial résiduel n’a pas les moyens d’octroyer aux témoins la protection dont ils ont besoin, a déclaré la Sierra Leone, jugeant que les activités du Tribunal demeurent fondamentales pour la consolidation de la paix dans le pays.
La prochaine séance publique de la Cinquième Commission aura lieu vendredi 13 décembre, à partir de 10 heures, et portera notamment sur l’état d’avancement de l’exécution du plan-cadre d’équipement.