Assemblée générale: La levée immédiate du blocus imposé à Cuba réclamée, à la même majorité écrasante, pour la vingt-huitième année consécutive
Avec 187 voix pour, l’opposition du Brésil, des États-Unis et d’Israël, et l’abstention de la Colombie et de l’Ukraine, l’Assemblée générale a adopté ce matin, pour la vingt-huitième année consécutive, la résolution annuelle sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis, après avoir achevé son débat avec l’intervention du Ministre cubain des relations extérieures, M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla.
Dans le préambule de la résolution, l’Assemblée générale rappelle les mesures prises par le Gouvernement des États-Unis en 2015 et en 2016 afin de modifier certains aspects de l’application du blocus, lesquelles contrastent avec celles appliquées depuis 2017. En 2015, a rappelé la République-Unie de Tanzanie, le monde saluait la décision historique et mémorable des États-Unis et de Cuba de rétablir leurs relations diplomatiques. Pour beaucoup d’entre nous, a-t-elle avoué, c’était le début d’une coexistence harmonieuse pleine d’espoir et d’attentes. Malheureusement, avec le temps, les espoirs se sont estompés et les attentes sur la levée de l’embargo qui condamne le peuple cubain depuis de nombreuses années, se sont évanouies. Ces derniers mois, a confirmé le Ministre cubain, le Gouvernement du Président Donald J. Trump a intensifié son agression et ouvert la voie à des procès, devant ses tribunaux, contre des entités cubaines, nord-américaines et de pays tiers, en vertu du titre III de la loi « Helms-Burton ».
L’Assemblée générale se dit d’ailleurs préoccupée, dans sa résolution, par le fait que des États continuent d’adopter et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi dite « Helms-Burton » du 12 mars 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation.
M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a rappelé que des mesures coercitives sont appliquées contre plus de 20 nations, et des mesures spécifiques contre une dizaine d’autres. Dans sa résolution, l’Assemblée générale demande de nouveau aux États qui continuent d’appliquer des mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible, dans le respect de leur législation. C’est notre droit souverain de choisir avec qui entretenir des relations commerciales, se sont défendus les États-Unis, dénonçant les abus du « régime cubain » contre son peuple, contrairement à la Déclaration universelle des droits de l’homme qu’il a dûment signée. L’Assemblée générale se couvrira de honte si elle refuse de donner de la voix pour défendre les Cubains, ont tranché les États-Unis, sans oublier de reprocher à Cuba de collaborer avec « l’ancien régime de Maduro » au Venezuela.
Nous devons exiger la fin de l’ensemble des mesures coercitives unilatérales où qu’elles soient appliquées, a réclamé le Ministre des relations extérieures du Venezuela, dont la présence, a-t-il expliqué, atteste de l’importance que le Président Nicolás Maduro Moros attache à ce débat et au vote d’une résolution « juste et légitime » maintenant que le Gouvernement américain a renforcé le blocus. M. Jorge Arreaza Montserrat a demandé que soit mis fin aux « actes terroristes » contre Cuba et contre son propre pays.
« Le blocus contre Cuba est illégal. Le blocus est injuste. Le blocus est immoral », a déclaré, à son tour, avec force la Bolivie. Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de Cuba. Nous parlons de tout le système multilatéral menacé, a-t-il prévenu, en évoquant les assauts « délibérés et planifiés » contre le multilatéralisme. Soumis à des sanctions américaines depuis la Révolution islamique, l’Iran a diagnostiqué une addiction des États-Unis aux sanctions contre les États qui résistent à leur politique expansionniste. L’Iran et Cuba payent le prix de leur résistance et de leur détermination à échapper à la politique colonialiste des États-Unis.
L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain, vendredi 8 novembre à 10 heures pour des nominations aux sièges vacants de ses organes subsidiaires et son débat annuel sur la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies et la revitalisation de ses travaux.
NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE (A/74/91/REV.1)
Déclarations
M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a réitéré son « inébranlable et ferme » soutien au peuple et au Gouvernement de Cuba, soulignant que le blocus est contraire au droit international et à la Charte des Nations Unies. Ce blocus, a-t-il poursuivi, viole plusieurs droits fondamentaux du peuple cubain, y compris les droits à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, au sport, à la culture et au développement. Le délégué a rappelé qu’en 2016, les délégations présentes ici à l’Assemblée générale avaient exprimé l’espoir de voir le blocus prendre fin. Trois ans après, les mêmes délégations sont encore là, « frustrées » par les actes des États-Unis qui sont devenus encore plus agressifs.
Ainsi, l’année 2019 a vu de nombreux reculs, a noté M. Gertze, rappelant qu’en avril de cette année, l’Administration américaine a annoncé la décision de poursuivre devant les tribunaux nationaux des individus ou des pays tiers qui ont des relations d’affaires avec les entreprises qui avaient été nationalisées en 1960. Ainsi, aucun citoyen ou secteur de l’économie n’a pu échapper aux effets négatifs de cette politique unilatérale qui sape le développement de Cuba, a-t-il souligné. Il a invité les États-Unis à revenir sur cette loi, concluant qu’à défaut de l’isolation, la communauté internationale devra se lever pour promouvoir une culture de coopération plus solide, pour le bien-être des citoyens du monde, et dans le but de mettre un terme aux souffrances du peuple cubain.
M. AHMED (Égypte) a souligné les incidences négatives du blocus, en particulier du point de vue de la sécurité alimentaire et du développement socioéconomique. Il a réitéré l’importance qu’il y a à mettre en œuvre la résolution de l’Assemblée générale sur la nécessité de lever le blocus.
M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a souligné que sa présence atteste de l’importance que le Président Nicolás Maduro Moros attache à ce débat et au vote d’une résolution « juste et légitime » maintenant que le Gouvernement américain a renforcé le blocus. Nous devons exiger la fin de l’ensemble des mesures coercitives unilatérales où qu’elles soient appliquées. Quels que soient les obstacles posés par les États-Unis, le Venezuela et Cuba continueront à lutter main dans la main, a prévenu le Ministre.
Devant l’Assemblée générale, « l’organe le plus démocratique de l’Organisation », le Ministre a voulu réaffirmer l’attachement inconditionnel de son pays à Cuba dont le peuple est résolu à exercer son droit à l’autodétermination et à mener la politique qu’il s’est défini. Il faut dénoncer les velléités impérialistes de certains et respecter « la décision souveraine » du peuple cubain qui est d’ailleurs conforme aux principes de la Charte. Le Ministre a exigé la fin des actes terroristes contre Cuba et le Venezuela, car ce n’est pas par l’intolérance politique que l’on peut soumettre les peuples ni améliorer les relations internationales. Le blocus, s’est-il emporté, est « une pratique criminelle » et une punition collective assimilable à un crime contre l’humanité ». Ceux qui imposent à Cuba « l’état de siège » auront à répondre de leurs actes et à payer des réparations, a encore prévenu le Ministre.
S’agissant des effets extraterritoriaux du blocus, en particulier après son durcissement, « c’est du jamais vu », s’est écrié le Ministre, s’inquiétant des conséquences humaines « cruelles et inhumaines » qui perdurent depuis presque 60 ans, avec des pertes « gigantesques » pour les secteurs touristique, bancaire, financier et de l’investissement. Il a dénoncé les actes d’intimidation des institutions financières internationales, en violation flagrante des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Malgré le blocus, s’est-il félicité, Cuba a non seulement mis en place un système de développement social robuste, mais a offert aussi son assistance technique aux pays en développement. Il y a une semaine, s’est expliqué le Ministre, Cuba et le Venezuela ont signé un accord pour sauver la vie de milliers de Vénézuéliens. « Nous partageons le peu que nous avons » dans le cadre de la coopération Sud-Sud, a-t-il souligné.
Le Gouvernement américain, a-t-il poursuivi, s’est lui-même isolé de la communauté mondiale, avec son idée de remettre à l’ordre du jour « l’infâme » Doctrine Monroe. Or, l’Amérique latine et les Caraïbes sont une région libre, fière de ses réalisations et qui coopère avec tous les États sur la base de la tolérance. Le Ministre a réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme, qui est plus qu’une « action commune » mais bien un « instrument puissant et légitime » pour le règlement pacifique des différends, la promotion de la coopération internationale et la compréhension entre les peuples. En conséquence, les Nations Unies doivent mettre fin à l’hégémonie des États-Unis et défendre les principes sur lesquels elles ont été fondés. Il est temps de mettre fin à la « démence impérialiste » qui manipule le concept de liberté, a conclu le représentant.
Mme GHISLAINE VIVIENNE ANNE-MARIE WILLIAMS (Saint-Kitts-et-Nevis) s’est vantée des « très bonnes relations » de son pays avec les États-Unis, « plus proche et plus important partenaire ». Cependant, a-t-elle tempéré, nous voterons en faveur de la résolution, car nous sommes « déçus » par les mesures qui cherchent à « intensifier l’agression économique » contre Cuba. Ce dernier, s’est expliquée la représentante, est un « allié très proche » de Saint-Kitts-et-Nevis. Cuba nous a aidés dans notre développement socioéconomique, en particulier dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation et de la santé. Cuba, a pronostiqué la représentante, pourrait faire davantage si l’embargo était levé. Le fait que la grande majorité des États Membres vote traditionnellement en faveur de la résolution est bien la preuve que le sentiment selon lequel l’embargo est néfaste et largement partagé. Saint-Kitts-et-Nevis qui entretient de bonnes relations avec les deux pays espère qu’ils pourront améliorer leurs relations et entamer un processus de coopération, a conclu la représentante.
Comme tous les pays du monde, a argué Mme KELLY CRAFT (États-Unis), mon pays a le droit de choisir avec qui avoir des relations commerciales. « C’est notre droit souverain », a-t-elle clamé, jugeant inquiétant que la communauté internationale continue de contester ce droit. Il est encore plus inquiétant, a-t-elle poursuivi, de voir que, chaque année, l’Assemblée générale déclare de facto que le régime cubain n’a d’autre choix que d’abuser de son propre peuple, en réponse à l’embargo. Est-ce la politique américaine qui force le régime cubain à violer les droits de son propre peuple? Non, il faut dénoncer ces abus qui sont du reste contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme que Cuba a dûment signée.
La représentante a énuméré plusieurs articles de la Déclaration pour dénoncer les abus des autorités cubaines. Face à l’article 9 contre les arrestations arbitraires, Cuba a arrêté depuis 2010, 50 000 activistes. Un défenseur des droits de l’homme, M. Jose Ferrer, a été arrêté en octobre dernier, en raison d’accusations fabriquées de toutes pièces. L’article 4 qui proscrit la servitude n’empêche pas Cuba de confisquer les passeports de ses médecins déployés à l’étranger et de les obliger à verser presque la totalité de leur salaire au parti communiste. Le secteur privé est assailli de saisies arbitraires, de suspension des licences d’exploitation et de demandes de pots-de-vin, alors même que l’article 23 de la Déclaration universelle consacre le droit de choisir son emploi.
Ce n’est pas le blocus, a martelé la représentante, qui force le régime cubain à étouffer les efforts des entrepreneurs et à chasser les femmes et les hommes de leur domaine professionnel de prédilection. Quant à l’article 19 sur les libertés d’opinion et d’expression, la représentante a souligné que le seul parti légal à Cuba est le parti communiste, alors que les activistes sont réduits au silence et les médias mis au pas.
Le régime cubain, a-t-elle accusé, se départit de ses responsabilités: décisions économiques destructrices, répression de la diversité politique, déni des droits civils et politiques. À l’étranger, les autorités cubaines collaborent avec « l’ancien régime de Maduro », perpétuant ainsi la crise économique et humanitaire qui s’étend au-delà des frontières du Venezuela. Si le régime cubain ne peut agir avec responsabilité, l’Assemblée générale le peut, a déclaré la représentante, en invitant les délégations à dire sincèrement ce que le régime cubain fait puisque la vérité est, au bout du compte, l’enjeu de cette réunion. On ne peut, a-t-elle conclu, tenir les États-Unis responsables des abus du régime cubain contre son peuple. « Nous n’acceptons pas la responsabilité de ces abus et nous ne le ferons jamais », a-t-elle martelé, avant de souligner que sa délégation votera contre la résolution. L’Assemblée générale se couvrira de honte si elle refuse de donner de la voix pour défendre les Cubains, a-t-elle prévenu.
Mme JANICE MOSE (Îles Salomon) s’est réjouie des relations que son pays entretient avec Cuba, en particulier de l’aide à la formation médicale. Elle a donc déploré que le renforcement du blocus ait aggravé les difficultés des Cubains, les privant de ressources essentielles à leur développement. Elle a donc appelé à la levée du blocus et encouragé à la reprise des relations entre Cuba et les États-Unis au nom de la paix, et dans l’esprit et la lettre de la Charte.
M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a indiqué que son pays n’a promulgué aucune loi contre Cuba, « un pays frère ». La Guinée équatoriale, a-t-il dit, a toujours plaidé pour la levée du blocus qu’elle considère comme un obstacle au développement et une source de souffrances pour la population cubaine. Craignant pour les chances de Cuba de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le représentant a annoncé son vote en faveur de la résolution dont est saisie l’Assemblée générale.
M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a rappelé qu’en 2015, le monde a salué la décision historique et mémorable des États-Unis et de Cuba de rétablir leurs relations diplomatiques. Pour beaucoup d’entre nous, a avoué le représentant, c’était le début d’une coexistence harmonieuse pleine d’espoir et d’attentes. Malheureusement, avec le temps, les espoirs se sont estompés et les attentes sur la levée de l’embargo qui condamne le peuple cubain depuis de nombreuses années, sont évanouies. Ces sanctions, a noté M. Mero, sont injustes et condamnent l’économie cubaine à un blocage inacceptable qui rend pratiquement inefficace la plupart des interventions politiques. Il a exhorté la communauté internationale à militer pour la levée des sanctions. Avant l’embargo, a-t-il rappelé, les États-Unis et Cuba étaient deux partenaires commerciaux naturels. Il n’y a aucune raison de douter qu’une fois les sanctions levées, le partenariat ne s’épanouira pas immédiatement. Grâce à la raison et à la diplomatie, nous espérons que l’embargo contre Cuba sera totalement levé pour ouvrir la voie à une nouvelle ère, a conclu M. Mero.
« Le blocus est illégal. Le blocus est injuste. Le blocus est immoral », a affirmé dans une vibrante geste de solidarité avec Cuba, M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie). Il a attiré l’attention sur la Déclaration spéciale du cinquième Sommet de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC) sur la nécessité de lever le blocus. Cette Déclaration de 2017, a-t-il expliqué, rejette dans les termes les plus forts les mesures coercitives qui n’ont aucun fondement dans le droit international, appliquées à des fins politiques contre des pays souverains et conçues pour leur nier le droit de décider de leurs systèmes politique, économique et social.
Cette séance de l’Assemblée générale, a pronostiqué le représentant, résonne dans les universités, les lieux de travail et les maisons de tous les Cubains. Cette séance est la preuve de la solidarité du monde avec le peuple cubain. Cette séance est d’abord et surtout, a-t-il poursuivi, une séance de remerciements pour « l’énorme et merveilleuse » solidarité de Cuba avec les peuples du monde. Lorsque les Africains ployaient sous le joug du racisme et du colonialisme, Cuba a été à leurs côtés. Lorsqu’il a fallu lutter contre l’analphabétisme, Cuba a répondu présente. Lorsque l’Ebola et le paludisme s’attaquent aux plus pauvres de la planète, Cuba est là, comme il était là, a rappelé le représentant, au lendemain des ouragans qui ont frappé les Caraïbes. Lorsque les tremblements de terre ont secoué l’Asie, Cuba était encore là.
Le peuple cubain, a poursuivi le représentant en paraphrasant Nelson Mandela, occupe une place spéciale dans le cœur des peuples africains car les internationalistes ont apporté une contribution à l’indépendance, la liberté et la justice en Afrique. Le représentant n’a pas manqué de rendre hommage aux 30 000 professionnels de la santé que Cuba a déployés dans 85 pays. Aujourd’hui, a-t-il conclu, il ne s’agit pas seulement de Cuba. Nous parlons en réalité des menaces qui pèsent sur tout le système multilatéral, a-t-il estimé devant les assauts « délibérés et planifiés » contre le multilatéralisme. Il a cité, pour illustrer ses propos, la position américaine face à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, au Pacte de Marrakech, à la Cour pénale internationale, au Conseil des droits de l’homme et aux accords sur le désarmement nucléaire. Que devons-nous faire? Lutter et défendre le système multilatéral. Lutter et défendre l’ONU. Lutter et défendre le droit international et les principes et buts qui nous unissent en tant que communauté internationale, a énuméré le représentant, en appelant à voter massivement pour la résolution: « demandez, réclamez et exigez la levée du blocus », a-t-il scandé.
M. SOVANN KE (Cambodge) a exhorté Washington à mettre un terme à ses mesures économiques unilatérales à l’encontre de Cuba, au détriment des conditions de vie de la population et des efforts de son gouvernement pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable. Le représentant a appelé les parties concernées à instaurer un dialogue « ouvert, amical et constructif » pour trouver une solution appropriée à leur différend. « Il est temps de mettre fin aux souffrances du peuple cubain et de permettre à Cuba et à son peuple de prospérer », a-t-il conclu.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que les embargos unilatéraux et les sanctions coercitives décidés pour servir des intérêts nationaux ne peuvent que compromettre la paix. Les États, a-t-il diagnostiqué, ont une addiction aux sanctions quand ils voient des États résister à leurs politiques expansionnistes. L’Iran et Cuba, a estimé le représentant, payent en effet le prix de leur résistance et de leur détermination à échapper aux politiques colonialistes des États-Unis. L’Iran, a rappelé le représentant, est soumis à des sanctions américaines depuis la Révolution, il y a quatre décennies. Mais les sanctions se sont accentuées après que les États-Unis se sont retirés du Plan d’action global commun. Aujourd’hui, s’est amusé le représentant, les États-Unis veulent nous faire croire qu’ils se soucient du bien-être du peuple iranien, alors que la première mesure du renforcement des sanctions a été d’annuler la commande de plus de 200 avions civils. Travaillons à des solutions contre l’interventionnisme et l’unilatéralisme, a conseillé le représentant.
Mme ISABEL MUTINTA MATYOLA LEMBA (Zambie) a réitéré l’appel de son pays à la levée du blocus, estimant qu’une telle décision serait aussi dans l’intérêt des États-Unis et du monde en général. Elle a rappelé les chiffres du rapport du Secrétaire général sur le coût total du blocus et conclu: il est clair que le poids de l’embargo rend quasiment impossible la mise en œuvre complète du Programme 2030 par Cuba. Comment nous, s’est-elle demandée, la famille mondiale, pouvons alors faire respecter notre engagement de ne laisser personne sur le côté?
M. MUHAMMAD IMRAN KHAN (Pakistan) a indiqué que le Coordonnateur résident des Nations Unies a estimé que la levée du blocus constituerait un jalon vers l’amélioration de la qualité de vie du peuple cubain et de l’exercice de leurs droits fondamentaux, notamment celui au développement. Il a estimé que l’imposition de mesures unilatérales ne produisent pas le résultat escompté et contreviennent aux principes et buts de la Charte et au droit international. Ces mesures réduisent en outre la perspective de régler pacifiquement les différends entre États.
M. ORNAL BARMAN (Trinité-et-Tobago) s’est dit fermement convaincu que les pratiques commerciales discriminatoires et les effets extraterritoriaux des lois nationales sont une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Ils ne servent qu’à saper les ambitions collectives inscrites dans le Programme 2030. L’opposition à cette politique « anachronique » est universelle, a affirmé le représentant. Il a regretté que l’optimisme généré par la réouverture du dialogue direct entre les deux pays en 2015 n’ait pas fait long feu. Aujourd’hui, d’autres restrictions ont été ajoutées, dans le cadre de la loi Helms-Burton. Les défis auxquels le monde est confronté, a estimé le représentant, exigent des approches multilatérales et pas unilatérales. Il faut renforcer les partenariats fondés sur le respect mutuel et la coopération. Nous appuyons, a ajouté le représentant, les efforts sous-régionaux, régionaux et internationaux pour promouvoir un dialogue constructif visant la levée de l’embargo contre Cuba.
Le blocus continue d’avoir des conséquences catastrophiques sur les Cubains, en particulier les plus vulnérables, a déploré M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda), devant un embargo qui a « échoué » dans son intention de rompre le lien entre le peuple cubain et son gouvernement. Ce blocus, a fait observer le représentant, empêche mon pays d’entretenir des liens commerciaux avec Cuba et d’accroître l’assistance technique que ce dernier lui fournit « si généreusement ». Le représentant a appelé à la fin d’un embargo « qui dure depuis trop longtemps et qui n’a pas de visée positive ». Le Gouvernement cubain, a-t-il martelé, est toujours populaire et il continue de tirer sa légitimé de cette popularité. Personne ne devrait chercher à exercer des pressions sur un peuple tout simplement parce qu’il n’est pas d’accord avec la structure de son gouvernement. Pour Antigua-et-Barbuda, les États-Unis et Cuba sont « nations amies » et des partenaires essentiels en termes de commerce, de coopération économique, d’échanges culturels et de sécurité régionale. Le représentant a donc appelé à la levée d’un blocus qui empêche un partenaire de son pays à réaliser le Programme 2030.
Au cours de ces derniers mois, a accusé M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des relations extérieures de Cuba, le Gouvernement du Président Donald J. Trump a intensifié son agression contre Cuba, à l’aide de mesures non conventionnelles pour empêcher l’approvisionnement en combustible sur les différents marchés, en menaçant les navires, les navires de croisière et les compagnies d’assurance. En plus d’affecter l’économie, l’objectif avoué de cette politique est de porter atteinte au niveau de vie des familles cubaines. Depuis le mois d’avril dernier, le Gouvernement américain a ouvert la voie à des procès, devant ses tribunaux, contre des entités cubaines, nord-américaines et de pays tiers, en vertu du titre III de la loi « Helms-Burton ».
Le Gouvernement américain est « responsable » de la situation actuelle, s’est emporté le Ministre, en parlant aussi de la réduction du nombre des visas et des services consulaires, de l’annulation des services de voyage pour les ressortissants américains, de la baisse des ventes de billets d’avion et de la cessation des activités culturelles extérieures. L’application du titre III de la loi « Helms-Burton » ne vise qu’à accroître les carences et souffrances du peuple cubain.
Le Ministre a aussi accusé le Gouvernement américain de se livrer à une campagne de calomnie contre des programmes relevant de considérations purement humanistes et de la coopération Sud-Sud. Aujourd’hui, s’est-il énervé, la déléguée américaine n’a pas hésité à « manipuler » la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le blocus, a dit le Ministre, est un acte « génocidaire » car aucune famille cubaine n’est épargnée de ses répercussions. À cause de l’embargo, une personne souffrant d’une maladie cardiaque grave ne peut avoir accès aux médicaments ou à une greffe susceptible de lui sauver la vie. Le blocus empêche l’accès aux médicaments ou aux équipements de pointe qui sont exclusivement fabriqués par des compagnies américaines.
La délégation des États-Unis a manifestement une « forte dose de cynisme » pour « mentir » de la sorte, a poursuivi le Ministre. Cette délégation, a-t-il dit, devrait plutôt expliquer à l’Assemblée les conditions imposées aux Cubains lorsqu’ils s’acquittent de leurs factures: pas d’accès au crédit, ni officiel ni privé, il faut payer comptant les marchandises dans les ports, les banques chargées des transactions sont poursuivies et les navires cubains condamnés au point mort. Qui dans le monde a des échanges commerciaux de ce genre? Le Ministre a rejeté les manipulations politiques et les politiques de deux poids, deux mesures.
Analysant la situation aux États-Unis, il a dénoncé l’impunité du lobby américain des armes, véritable coupable des 250 attaques à l’arme à feu commises sur le sol américain. Il a aussi rappelé les plus de 2,3 millions de détenus ou encore l’application de la peine de mort, y compris aux mineurs. Qu’en est-il de la déportation de milliers de migrants, de la séparation des familles et de tant d’autres mesures contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme, s’est étonné le Ministre.
Il a dit ne pas comprendre pourquoi le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Département américain du trésor et le Bureau de l’industrie et de la sécurité du Département du commerce ont décidé de supprimer les permis accordés au titre des voyages éducatifs de groupe dits « de peuple à peuple » à partir du 5 juin 2019. Les permis temporaires aux vols commerciaux et aux bateaux de passagers et de plaisance, notamment les navires de croisière, sont également supprimés, avec les conséquences que l’on sait sur le tourisme.
M. Rodríguez Parrilla a souligné que le PIB de Cuba, qui aurait pu augmenter de 10% par an, a baissé. C’est le système le plus injuste et le plus sévère jamais appliqué contre un pays et « le Gouvernement américain en est le seul responsable », a-t-il martelé à l’adresse de la représentante américaine qui avait déjà quitté l’hémicycle.
Le Ministre s’est demandé si certains pays industrialisés et à la pointe technologique seraient capables de résister à un tel blocus, tout en travaillant au développement humain, comme le fait Cuba depuis des décennies. Le Ministre n’a pas manqué de rappeler que d’autres mesures coercitives sont également appliquées contre plus de 20 nations, et des mesures spécifiques contre une dizaine d’autres. Pour lui, cette situation participe d’une réactivation de l’agressive Doctrine de Monroe et de la « diplomatie des canonnières ». Pour les États-Unis, qui redéploient leur quatrième flotte et augmentent la présence et la puissance de leurs bases militaires dans la région, le seul moyen possible de soulever le peuple contre son gouvernement, c’est provoquer les pénuries, la faim et le désespoir pour obtenir la chute du système. C’est la Doctrine Monroe et le but même du blocus tel qu’expliqué par le Sous-Secrétaire d’État M. Lester Mallory. Le Ministre a conclu en fustigeant les propos « offensants » de la délégation américaine qui a fait preuve d’une ingérence « inacceptable » à l’égard du peuple « héroïque » du Venezuela.
M. JUKKA SALOVAARA (Finlande), au nom de l’Union européenne (UE), a indiqué que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture de l’économie cubaine, ce qui bénéficierait au peuple cubain. Il a déploré la reprise des restrictions dans les relations entre les États-Unis et Cuba, du fait de l’Administration américaine actuelle. Les restrictions sur les voyages et le tourisme réduisent les possibilités d’échange avec le peuple cubain et sont très négatives pour le secteur privé cubain en plein essor. Le délégué a souligné qu’au-delà de l’impact de l’embargo sur le citoyen cubain ordinaire, les sanctions unilatérales des États-Unis et d’autres mesures administratives et judicaires du même genre affectent également négativement les intérêts de l’Union européenne. Cette dernière, a-t-il rappelé, s’est toujours fermement opposée à de telles mesures, du fait de leur caractère extraterritorial et de leur impact sur elle, en violation des règles en vigueur du commerce international.
Nous ne pouvons pas accepter que des mesures unilatérales entravent nos relations économiques et commerciales avec Cuba, a déclaré le représentant. L’UE, a-t-il dit, rejette l’activation, en avril 2019, des titres III et IV de la loi « Helms-Burton ». Cet acte viole les engagements que les États-Unis ont pris dans le cadre de leurs accords de 1997 et 1998 avec l’UE. De ce fait, l’Union européenne entend prendre toutes les mesures qu’il faut pour riposter, dans le cadre de ses droits à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou par sa « loi de blocage » qui protège les citoyens, les entreprises et les organisations non gouvernementales (ONG) européennes résidant, travaillant ou opérant à Cuba, contre les ingérences indues et les problèmes.
Le dialogue est la voie à privilégier dans les rapports avec Cuba, a estimé le représentant, rappelant que le 1er novembre 2019 a marqué le deuxième anniversaire de l’application provisoire de l’Accord de dialogue politique et de coopération entre l’Union européenne et Cuba. Il a assuré que la question des droits de l’homme est l’un des piliers de ce dialogue et a réitéré l’appel de l’UE au Gouvernement cubain pour qu’il accorde à ses citoyens les droits et libertés civils, politiques et économiques reconnus dans le monde. De même, à la suite du changement « générationnel » à la direction du pays en avril 2018 et de la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, l’UE appelle Cuba à mener un programme de réforme et de modernisation, en tenant compte des intérêts de la population et en lui offrant davantage de chances de participer à l’avenir du pays. Il a conclu en disant que l’Accord de dialogue permet à l’UE d’offrir à Cuba un partenariat solide et sûr, alors que le pays est engagé dans la réforme de son modèle politique et économique, la mise en œuvre du développement durable et la recherche de solutions aux problèmes mondiaux. Entretemps, l’UE continuera à défendre vigoureusement la démocratie et le respect des droits de l’homme. L’embargo américain ne contribue pas à la promotion de ces objectifs bien au contraire et c’est la raison pour laquelle, l’UE entend voter en faveur de la résolution.
M. CHRISTIAN GUILLERMET-FERNANDEZ (Costa Rica) a dit que son pays a toujours voter en faveur du texte condamnant l’embargo contre Cuba. Nous entendons faire de même cette année, a souligné le représentant.
Explications de vote sur la résolution A/74/L.6
Le représentant de l’Argentine, qui a voté pour, a réitéré la nécessité de lever le blocus, compte tenu de son opposition à toute mesure coercitive unilatérale et à tout effet extraterritorial.
Pour le délégué de l’Uruguay, le blocus est contraire au droit international et viole les principes de la Charte des Nations Unies. L’Uruguay, a dit son représentant, ne reconnaît pas l’application extraterritoriale des lois étrangères. En votant en faveur du texte, nous avons voulu réitérer notre appui au multilatéralisme, a souligné le représentant.
Enfin, son homologue de la Malaisie a, à son tour, appelé à la levée du blocus qui sape le développement de Cuba et affecte négativement son peuple.