De nouveau confronté à un déficit financier, l’Office de secours pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) reçoit le soutien de près d’une trentaine d’États
« C’est un pas dans la bonne direction pour éviter la crise qui s’annonçait au cours de l’été », s’est félicité le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) en annonçant le montant provisoire* de 113 millions de dollars promis ce jour par une trentaine de délégations parmi celles qui ont pris part à la réunion de la Commission spéciale de l’Assemblée générale pour les annonces de contributions volontaires à l’UNRWA.
Alors que le déficit actuel de l’Office est de 211 millions de dollars, le Secrétaire général de l’ONU s’est voulu clair. Selon M. António Guterres, « nous savons ce qui est à risque: huit millions de visites de soins de santé par an; des secours d’urgence pour 1,5 million de personnes; et l’éducation pour un demi-million d’enfants ». Deux jeunes Palestiniens, Hanan et Hatem, représentants élus des 536 000 étudiants de l’UNRWA, étaient d’ailleurs présents à cette réunion pour rappeler aux donateurs que « l’éducation est leur oxygène ».
Sensible à leur appel, la Présidente de l’Assemblée générale a évoqué le devoir de solidarité avec « nos frères et sœurs palestiniens ». En effet, selon Mme María Fernanda Espinosa Garcés, financer les activités de l’Office n’est pas une affaire de charité. Il s’agit de responsabilité, de respect de la dignité humaine et de droits de l’homme, a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il s’agit également de tenir la promesse faite dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de « ne laisser personne de côté ».
L’UNRWA est une agence des Nations Unies créée par l’Assemblée générale en 1949 pour fournir une assistance humanitaire et une protection à 5,4 millions de réfugiés de Palestine enregistrés en Jordanie, en Syrie, au Liban, à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. L’Office, qui est presque entièrement financé par des contributions volontaires d’États Membres, est parvenu à combler un déficit de 446 millions de dollars en 2018 grâce au généreux soutien des États Membres.
En 2019, l’UNRWA a présenté un budget à croissance zéro de 1,2 milliard d’euros. Mais sans contributions supplémentaires, l’UNRWA sera confronté à un déficit de financement à la fin du mois de juin. Le Secrétaire général de l’ONU a rappelé qu’il y a un an, lors de la même réunion, on craignait le pire, soit la fermeture des écoles de l’UNRWA, l’épuisement des stocks de nourriture destinée aux réfugiés et la fermeture des cliniques. « Heureusement, cela n’a pas été le cas. » Ensemble, « grâce à votre générosité et au dur labeur de l’UNRWA, nous avons respecté les valeurs des Nations Unies consistant à aider les plus démunis et à ne laisser personne à la traîne », a constaté M. Guterres.
Le Commissaire général de l’UNRWA, M. Pierre Krähenbühl, a souligné qu’alors que l’année scolaire s’est achevée la semaine dernière, l’Office est de nouveau à court de fonds pour poursuivre ses programmes. Il a mis en garde contre une rupture d’approvisionnement de nourriture qui affecterait un million de personnes à Gaza ou empêcherait l’ouverture des écoles à la rentrée scolaire de septembre.
« Même si la perspective de rester à la maison rend joyeux de nombreux élèves du monde entier, pour le cas des élèves palestiniens au contraire, l’éducation est toute simplement la chose la plus importante », a déclaré Mme Hanan Abu Sabeh. L’éducation c’est même « notre oxygène », a renchéri le Président du Parlement des étudiants de Gaza. M. Hatem Hamdouna a, en effet, rappelé que les enfants de Gaza n’ont pas choisi de vivre dans cette région et qu’ils doivent travailler dur et apprendre leurs responsabilités et leurs droits, même s’ils ne peuvent pas toujours exercer ces droits, a-t-il déploré. Ces deux interventions ont été suivies d’une longue salve d’applaudissements.
Rappelant l’importance de l’Office, le Secrétaire général a expliqué que les services de santé innovants de l’UNRWA maintiennent des normes élevées et sont remarquablement rentables. De même, ses services d’urgence et sociaux répondent aux besoins fondamentaux de millions de personnes. De même, rien qu’à Gaza, un million de réfugiés palestiniens dépendent de l’UNRWA pour se nourrir. « Si nous sommes fiers de ces réalisations, nous devons les soutenir de manière concrète. »
Le Secrétaire général a aussi rappelé que ces cinq dernières années, l’UNRWA avait économisé 500 millions de dollars grâce à des mesures internes. La plupart des orateurs ont du reste félicité l’UNRWA pour les résultats positifs de l’évaluation 2017-2018 menée par le Réseau d’évaluation de la performance des organisations multilatérales (MOPAN).
Le Commissaire général de l’Office a en effet rappelé qu’à la suite de la crise institutionnelle et de financement à laquelle l’UNRWA a été confronté, celui-ci avait pris des mesures internes afin de réduire de 92 millions les dépenses de fonctionnement. Toutes ces mesures, ajoutées aux contributions de 42 États et entités, ont ainsi permis de surmonter le déficit de 446 millions de dollars auquel l’Office faisait face l’an dernier. Ce qui aura permis de stabiliser cette « région troublée » et notamment de garder opérationnelles les 708 écoles de l’UNRWA et ses 144 cliniques.
Pressé par les délégations de travailler à l’élargissement de sa base de donateurs, le Commissaire de l’Office a salué la décision, prise en mars dernier par les ministres des affaires étrangères de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui ont créé un fonds de dotation pour l’UNRWA à la Banque islamique de développement (BID).
M. Guterres a dit « applaudir cette décision qui permettra à l’UNRWA de compter sur un soutien financier solide et prévisible ». Cependant, a-t-il tempéré, il faudra encore plusieurs années pour que ces nouveaux efforts aboutissent à des résultats financiers significatifs. Par conséquent, pour le moment, l’Office dépend toujours des États Membres pour fournir le gros du financement.
Des orateurs, comme ceux de l’Union européenne ou encore de la Jordanie, ont en outre invité les donateurs à faire des contributions pluriannuelles afin de renforcer la prévisibilité et la durabilité du budget de l’Office. De nombreuses délégations ont aussi invité les donateurs traditionnels à augmenter leur contribution en faveur de l’UNRWA, tandis qu’ils ont demandé aux États Membres non contributeurs d’apporter leur soutien à l’Office en solidarité avec les réfugiés palestiniens.
L’État observateur de la Palestine s’est félicité de l’appui de la communauté internationale qui démontre que « notre système multilatéral est un outil essentiel pour relever les défis du monde ». Face à l’idée selon laquelle les réfugiés palestiniens se complaisent dans une vie d’assistance, la déléguée a fait valoir que ce sont des communautés dynamiques qui font montre de courage et de résilience.
Alors que plusieurs États ont mentionné l’importance du retour des réfugiés palestiniens, M. Guterres a réitéré l’importance de poursuivre les efforts de paix pour concrétiser la vision d’une solution des deux États, Israël et la Palestine, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité. Mais avant d’y parvenir, « la poursuite des travaux de l’UNRWA devrait être considérée non seulement comme une responsabilité commune, mais également comme une réussite commune », a-t-il déclaré.
Montants annoncés par les délégations
Après avoir fourni 179 millions de dollars en 2018, l’Union européenne avait promis une contribution initiale pour 2019. Aujourd’hui, elle a promis une contribution supplémentaire de 23,7 millions de dollars, portant ainsi à 121 millions de dollars le montant total que l’Union va fournir à l’UNRWA en 2019.
La Turquie a promis 10 millions de dollars à l’UNRWA et 1 million de dollars au Fonds Waqf de l’OCI et de la BID en soutien aux travaux de l’Office.
L’Autriche, qui a déjà donné 400 000 euros pour 2019, entend apporter 1,95 million d’euros de plus.
Les Philippines ont annoncé un don de 10 000 dollars, tandis que le Canada a promis une somme de 25 millions de dollars canadiens pour 2019.
L’Inde a promis 5 millions de dollars pour 2019 et entend garder le même niveau d’engagement chaque année.
La Suède avait fait, l’an dernier, un engagement pluriannuel afin de fournir 200 millions de dollars à l’UNRWA sur quatre ans (2018-2021). Cela permet d’estimer sa contribution pour 2019 à 50 millions de dollars. Elle a annoncé ce jour une contribution supplémentaire de 5 millions de dollars pour 2019.
Même engagement du côté de l’Islande qui a rappelé son engagement sur quatre ans, pris l’an dernier, à raison de 250 000 dollars par an. La France a, pour sa part, promis 20 millions d’euros.
L’Allemagne a annoncé 18 millions d’euros, sans compter les 29 millions d’euros sur plusieurs années que le pays entend débourser en faveur du plan d’urgence humanitaire alimentaire en faveur de Gaza.
La Nouvelle-Zélande s’est engagée à verser 3 millions de dollars néozélandais sur trois ans, ce qui correspond à 1 million pour 2019. Le pays alloue aussi 1 million et demi de dollar supplémentaire à l’action humanitaire à Gaza.
Le Japon a dit avoir déjà apporté 32 millions de dollars en 2019. De son côté, la Belgique a promis 13 millions de dollars pour 2019.
La Finlande a dit qu’elle avait planifié une contribution de 20 millions d’euros sur quatre ans, dont 5 millions pour 2019.
L’Australie a rappelé avoir prévu de débourser 80 millions de dollars australiens pour la période 2016-2020.
L’Estonie a promis 280 000 euros, tandis que l’Irlande a dit vouloir contribuer à hauteur de 22 millions de dollars en 2019.
La Norvège va apporter une somme supplémentaire de 2 millions dollars pour l’appel humanitaire d’urgence, complétant ainsi les plus de 26 millions déjà déboursés.
En plus du million de dollars que l’Indonésie fournit chaque année, le pays entend ajouter 200 000 dollars pour 2019.
Le Royaume-Uni compte débourser pas moins de 24 millions de dollars en 2019 dans le cadre de son plan biannuel 2019-2020 qui s’élève à 84 millions de dollars.
La Suisse entend verser 1 million de dollars en plus des 21 millions déjà versés en 2019 en faveur de l’UNRWA.
Le Kazakhstan a promis verser 50 000 dollars, alors que le Pakistan entend débourser 250 000 dollars.
Chypre a pris l’engagement de fournir 100 000 euros, la Malaisie 268 000 dollars, tandis que le Saint-Siège a promis 40 000 dollars à l’UNRWA en 2019.
Le Qatar s’en tient à sa promesse de 16 millions de dollars pour 2019-2020, alors que la Fédération de Russie a projeté de débourser 10 millions de dollars entre 2017 et 2021 en faveur de l’Office.
Une dizaine d’autres États ont en outre promis de faire des annonces de contributions ultérieurement.
*Le montant total des contributions sera publié sur le site Internet de l’UNRWA.