Soixante-treizième session -
75e séance plénière – matin
AG/12137

L’Assemblée générale entérine le Document final de Buenos Aires, une « vision optimiste » pour renforcer la coopération Sud-Sud

L’Assemblée générale a adopté à l’unanimité, ce matin, six résolutions dont la plus remarquée est peut-être celle qui entérine le Document final de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui s’est déroulée dans la capitale argentine du 20 au 22 mars 2019.  Si de nombreuses délégations ont salué la « vision optimiste » du texte pour redynamiser la coopération Sud-Sud, le Groupe des 77 et la Chine ont toutefois voulu que cette dernière ne vienne pas remplacer la coopération Nord-Sud.

Par sa résolution A/73/L.80, l’Assemblée entérine un document final qui appelle les pays développés et en développement à promouvoir davantage le transfert des technologies grâce aux coopérations Sud-Sud et triangulaire.  Il demande aux institutions financières et de développement d’allouer plus de ressources financières et techniques à la promotion de ces coopérations et prie le système des Nations Unies pour le développement d’aider les pays du Sud à trouver des partenaires de coopération.

La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont des outils puissants, a réaffirmé la Présidente de l’Assemblée, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, qui a qualifié le texte de Buenos Aires de « jalon » important et de « feuille de route » pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La Conférence a en effet fourni une occasion « sans pareil » de progresser sur la voie du Programme 2030, a estimé l’Argentine, saluant la « vision optimiste » du Document final.  Les points clefs de ce texte « tourné vers l’action », a-t-elle souligné, ont trait à la nécessité de convertir les plateformes régionales et interrégionales en « facilitateurs d’alliances de développement », d’améliorer le processus de recueil des données sur la coopération Sud-Sud et d’intégrer cette coopération dans les plans de développement nationaux. 

Le texte incite également à réduire les « brèches structurelles » de la coopération internationale au développement, ont déclaré les pays membres du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA).  La mise en œuvre du Document final sera cruciale, a ajouté l’Ouganda, qui accueillera l’an prochain le troisième Sommet sur la coopération Sud-Sud.  Dans cette perspective, le pays a appelé à intégrer le Document final de Buenos Aires à tout le travail de l’ONU lié au Programme 2030.

Il convient toutefois de préserver « l’indépendance » de la coopération Sud-Sud et de ne pas la soumettre à des cadres rigides qui pourraient saper ses principes », a nuancé l’Égypte qui a appelé au respect de la souveraineté nationale, de la non-conditionnalité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  La coopération doit donner lieu à des avantages mutuels.  La coopération Nord-Sud, ont renchéri le Groupe des 77 et la Chine, doit demeurer la « principale avenue » du développement. 

La coopération Sud-Sud n’est ni une « alternative » ni une forme d’aide publique au développement (APD), a martelé le Groupe, qui a en outre regretté que le Document final mette en avant certains objectifs de développement durable, au détriment de tous les autres.  Le concept « d’efficacité du développement » aurait également dû être évacué car il est incompatible avec la coopération Sud-Sud, a estimé le Groupe.  La Fédération de Russie a attiré l’attention sur l’inexactitude de la version russe qui parle de « 17objectif de développement », au lieu des « 17 objectifs de développement ».

L’Assemblée a aussi adopté à l’unanimité la résolution A/73/L.81 dans laquelle elle appelle à poursuivre le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  L’Azerbaïdjan a émis des réserves sur les éléments du texte ayant trait au dix-septième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’OIF, qui s’est tenu en 2018 à Erevan, la capitale de l’Arménie, et dont le thème était « Vivre ensemble dans la solidarité, le partage des valeurs humanistes et le respect de la diversité ».  L’intolérance qui prévaut en Arménie est « contraire au thème « Vivre ensemble » du Sommet, a estimé l’Azerbaïdjan, accusant Erevan d’« effacer l’héritage culturel et linguistique des Azéris dans le territoire occupé du Haut-Karabakh » et d’empêcher leur retour dans leur pays. 

L’Arménie a regretté les « accusations graves » et les « informations mensongères » de l’Azerbaïdjan.  Le Document final du dix-septième Sommet de l’OIF reflète l’engagement en faveur des droits de l’homme et du multilatéralisme, a-t-elle argué, alors que la France saluait les efforts et la patience de l’Arménie qui a laissé lors du sommet « toute sa place au dialogue » et permis à toutes les délégations d’exprimer leurs vues.  Les États-Unis ont émis des réserves sur les dispositions concernant la Cour pénale internationale (CPI) et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  La résolution reflète bien les valeurs fondamentales défendues par l’OIF, qui se positionne comme une force d’action et de proposition, a estimé l’observatrice de l’OIF.  L’Organisation et l’ONU ont été appelées par le Canada à insuffler un nouvel élan à leur coopération. 

L’Assemblée a également adopté sans vote quatre résolutions recommandées par sa Cinquième Commission*, chargée des questions administratives et budgétaires, concernant le Corps commun d’inspection (A/73/826), le financement du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (A/73/670/Add.1), l’examen de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’Organisation (A/73/687/Add.1) et le budget-programme de l’exercice biennal 2018-2019 (A/73/686/Add.1).

Après l’adoption de cette dernière résolution qui prévoit l’ouverture d’un crédit de 2,9 millions de dollars pour financer en 2019 le Mécanisme de surveillance de l’aide humanitaire en Syrie, la République arabe syrienne a exprimé ses réserves.  Ce mécanisme, a-t-elle dit, constitue une « violation flagrante » de la Charte des Nations Unies dont les principes de souveraineté nationale et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

*AG/AB/4318

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