En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/18932-SC/13245

Syrie: en dépit des difficultés, de la méfiance, des soupçons et des calculs, la mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) reste possible, selon M. Guterres

On trouvera ci-après le discours du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, à la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, aujourd’hui:

Je suis venu faire rapport au Conseil sur l’application de la résolution 2401 (2018), qu’il a adoptée à l’unanimité le 24 février.  Ce faisant, je reste parfaitement conscient que le carnage en Syrie entre dans sa huitième année.  Je voudrais, en cet anniversaire le plus sombre de tous, souligner un seul fait brutal, à savoir que 2017 a été l’année la plus meurtrière pour les enfants en Syrie depuis que le conflit y a éclaté.  Je suis profondément attristé par les énormes pertes en vies humaines en Syrie et par les souffrances en cascade endurées par les Syriens.  Et je suis vivement déçu par tous ceux qui, au fil des ans, par action ou par inaction, délibérément ou par indifférence, ont permis que cela ait lieu.

Ma douleur et ma frustration sont rendues plus aiguës par tout ce je sais des Syriens.  En tant que Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés au lendemain de la guerre d’Iraq, j’ai été le témoin de la remarquable hospitalité démontrée par les Syriens en accueillant 1,5 million de réfugiés, non pas dans des camps mais au sein de leurs communautés partout dans le pays. La Syrie était un endroit où les réfugiés pouvaient vivre en sécurité et où ils s’attachaient à reconstruire leurs vies et à subvenir aux besoins de leurs familles.  Aujourd’hui, beaucoup de ces Syriens généreux qui ont tant donné sont eux-mêmes forcés d’abandonner leurs foyers, devenant des réfugiés ou des déplacés à l’intérieur de leur propre pays.  Dans les pays voisins, dont j’ai aussi été témoin de l’énorme hospitalité mais qui sont accablés par l’énormité des besoins auxquels ils doivent répondre, la majorité des réfugiés syriens vivent en dessous du seuil de pauvreté.  De nombreux Syriens qui se sont aventurés plus loin encore de chez eux en quête de sûreté se sont vus refuser la porte qu’ils avaient autrefois ouverte à d’autres. Un pays connu pour sa civilisation ancienne et un peuple connu pour sa riche diversité ont été trahis, et la Syrie saigne, de l’intérieur comme de l’extérieur.  Nous devons tous avoir un seul objectif commun: mettre fin aux souffrances des

Syriens et trouver un règlement politique au conflit. Et le Conseil a une responsabilité particulière à cet égard.

Je voudrais en venir maintenant à l’application de la résolution 2401 (2018) et à la question du respect de ses dispositions par toutes les parties concernées en Syrie.  Je le fais tout en mettant en garde.  L’ONU suit de près l’évolution de la situation, mais nous n’en n’avons pas une idée complète du fait de notre présence réduite et de l’accès limité sur le terrain.  La résolution 2401 (2018) exige que toutes les parties « cessent les hostilités sans délai et s’engagent immédiatement à assurer la pleine mise en œuvre … de façon à instaurer une pause humanitaire durable d’au moins 30 jours consécutifs sur l’ensemble du territoire syrien », tout en continuant de lutter contre Daech et les autres groupes terroristes désignés comme tels par le Conseil.  S’il est vrai que dans certaines régions, comme Deir el-Zor et Douma où a été décrétée une cessation des hostilités sur laquelle je reviendrai plus tard, le conflit diminue en intensité, il n’y a pas eu pour autant de cessation des hostilités. Les violences se poursuivent dans la Ghouta orientale et au-delà, notamment à Afrin, dans certaines parties d’Edleb ainsi qu’à Damas et ses banlieues.  Dans la Ghouta orientale en particulier, les bombardements aériens, les tirs d’obus et les offensives terrestres se sont intensifiés depuis l’adoption de la résolution, coûtant la vie à des centaines de civils.  Certains rapports estiment à plus d’un millier le nombre de victimes.

La résolution exige aussi que l’on permette « d’acheminer durablement, en toute sécurité et sans entrave l’aide humanitaire et les services connexes ». Malgré quelques livraisons effectuées par un nombre limité de convois, la fourniture de l’aide et des services humanitaires n’a été ni sûre, ni sans entrave, ni durable.  La résolution demande « à toutes les parties de lever immédiatement le siège des zones peuplées, notamment dans la Ghouta orientale, à Yarmouk, à Fouaa et à Kafraya ».  Aucun siège n’a été levé.  La résolution exige l’évacuation sanitaire des personnes gravement malades et des blessés.  À notre connaissance, aucune personne gravement malade ou blessée n’a été encore évacuée. Mais j’en reparlerai tout à l’heure, en lien une récente annonce. La résolution demande une nouvelle fois, « en particulier aux autorités syriennes, que toutes les parties s’acquittent sans délai des obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international des droits de l’homme, le cas échéant, et le droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils ».  Et je rappelle à tous ceux qui sont concernés que mêmes les efforts visant à lutter contre les groupes désignés comme terroristes par le Conseil n’annulent pas ces obligations.  Pourtant, nous sommes témoins de violations flagrantes, d’attaques aveugles et d’absence de protection des civils et des infrastructures civiles.

Depuis l’adoption de la résolution 2401 (2018), mon Envoyé spécial Staffan de Mistura et moi-même nous sommes attachés à créer les conditions favorables à une cessation des hostilités dans la Ghouta orientale où, comme je l’ai dit au Conseil il y deux semaines, les gens vivent l’enfer sur terre (voir S/PV.8185). Comme l’Envoyé spécial l’a dit au Conseil il y a quelques jours, la situation dans la Ghouta orientale est la plus pressante, car c’est là où nous avons clairement le plus de possibilités de soutenir en pratique la désescalade, et parce que nous avons en fait été approchés.  Le 26 février, la Fédération de Russie a annoncé une pause humanitaire de cinq heures par jour dans la Ghouta orientale.  J’y reviendrai à la fin de mes observations.

Le 27 février, le Président du Conseil de sécurité et moi-même avons reçu une lettre du Comité national syrien, transmettant une autre lettre de trois groupes de l’opposition armée présents dans la Ghouta orientale – Jeïch el-Islam, Feïlaq el Rahman et Ahrar el-Cham – dans laquelle ils font part de leur volonté de « respecter pleinement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2401 (2018) », et de chasser de la Ghouta orientale « les groupes armés que sont Hay’at Tahrir el-Cham, le Front el Nosra et Al-Qaida et tous ceux qui leurs sont affiliés ».  Ils ont également promis d’assurer l’accès humanitaire et de faciliter le travail des organismes des Nations Unies. Dès réception de la lettre, le Bureau de l’Envoyé spécial a ouvert des canaux de communication avec ces trois groupes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’enclave.  Les commandants respectifs ont ensuite envoyé d’autres lettres, exprimant leur volonté de négocier avec la Fédération de Russie à Genève.

En parallèle, mon Envoyé spécial et moi-même avons pris contact avec les autorités compétentes de la Fédération de Russie.  Mon équipe sur le terrain a fait de même et a également pris langue avec le Gouvernement syrien.  Nous leur avons proposé les bons offices de l’ONU en vue de faciliter et d’observer toute réunion entre les représentants des groupes d’opposition armés, le Gouvernement syrien et la Fédération de Russie. Malgré tous nos efforts, il n’a pas été possible, pendant quelques jours, d’organiser une telle réunion. Entre-temps, le 6 mars, le Gouvernement syrien a adressé au Président du Conseil de sécurité et à moi-même une lettre dans laquelle il indiquait que la Syrie s’était félicitée de la résolution 2401 (2018), car elle « souligne un attachement ferme à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’État syrien, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies, et appelle à la mise en œuvre d’une trêve humanitaire sur l’ensemble du territoire syrien afin de permettre d’acheminer durablement, en toute sécurité et sans entrave l’aide humanitaire ».

Le même jour, mon Envoyé spécial a informé la Fédération de Russie de son intention d’inviter les trois groupes d’opposition armés à une réunion avec la Fédération de Russie à Genève trois jours plus tard.  Le 7 mars, ses interlocuteurs lui ont répondu qu’ils ne pensaient pas qu’une réunion à Genève était la meilleure option et qu’ils cherchaient à nouer des contacts sur le terrain avec les groupes d’opposition armés concernés.

Pendant que ces efforts diplomatiques étaient menés, les combats se sont poursuivis.  Le Gouvernement syrien et ses alliés ont intensifié les frappes aériennes et lancé une offensive terrestre, reprenant progressivement le contrôle de certaines parties de la Ghouta orientale, leur emprise passant d’environ 10% de l’enclave le 3 mars à plus de 60% aujourd’hui.  L’offensive a eu lieu dans des zones peu peuplées au début, mais a ensuite pris pour cible les centres urbains, provoquant des déplacements massifs de population.

À la suite des efforts que je viens de décrire, il a été possible d’organiser deux réunions, les 8 et 10 mars, entre des responsables russes et Jeïch el-Islam à la périphérie de la Ghouta orientale, avec l’ONU en tant qu’observatrice. Au cours de ces réunions, des progrès ont été accomplis en ce qui concerne le retrait d’un certain nombre de membres du Front el-Nosra, ainsi que d’autres aspects, notamment la possibilité d’instaurer un cessez-le-feu et d’améliorer l’accès humanitaire. Le premier groupe de combattants du Front el-Nosra et leurs familles ont depuis été évacués de la Ghouta orientale.

Il n’a, toutefois, pas été possible de faciliter le contact entre les autorités russes et Faylak Al-Rahman. Le Groupe a insisté pour que la réunion ait lieu à Genève.  La Fédération de Russie voulait, pour sa part, qu’elle se tienne sur place.  Le 10 mars, les forces gouvernementales ont intensifié leur offensive, capturant la ville de Misraba dans le cadre d’une opération visant à diviser l’enclave en trois zones distinctes.  Dans la soirée du même jour, la Fédération de Russie a informé l’ONU qu’un cessez-le-feu unilatéral aurait lieu à minuit, en relation avec Jeïch el-Islam à Douma.  Il a été convenu qu’une réunion serait organisée le 11 mars avec le concours de l’Organisation des Nations Unies.  Ce jour-là, le cessez-le-feu entre le Gouvernement et les forces de Jeïch el-Islam étant largement respecté à Douma, la réunion a eu lieu, suivie d’une autre aujourd’hui.

À l’heure où je m’adresse au Conseil aujourd’hui, je n’ai pas encore reçu un rapport complet sur les résultats de la réunion d’aujourd’hui, mais j’ai été informé par notre personnel à Damas, au moment où j’entrais dans la salle, qu’il y avait eu des progrès en ce qui concerne les évacuations de civils et l’aide humanitaire.  De plus, je prends note de la déclaration publiée aujourd’hui par Jeïch el-Islam:

« [d]ans le contexte des résolutions 2254 (2015) et 2401 (2018) du Conseil de sécurité, un accord a été conclu avec la partie russe par l’entremise de l’Organisation des Nations Unies pour une évacuation sanitaire humanitaire des blessés afin qu’ils puissent se faire soigner en dehors de la Ghouta orientale. »

Nous entendons également parler de tentatives faites tant par des chefs tribaux que par la Fédération de Russie pour prendre contact avec d’autres groupes sur le terrain. Je tiens à souligner à quel point il est urgent que les évacuations médicales, la protection des civils et un accès humanitaire complet, durable et sans entrave soient assurés dans les plus brefs délais.  Entre-temps, les attaques contre d’autres parties de la Ghouta orientale se poursuivent, l’enclave étant désormais scindée en trois poches.  Durant tout ce temps, les bombardements de Damas depuis la Ghouta orientale se sont poursuivis, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les civils, voire près d’une centaine d’après certaines informations.  Mon Envoyé spécial et moi-même avons été tenus informés à chaque étape des efforts diplomatiques, offrant notre appui et nos conseils pour assurer la mise en œuvre de la résolution, aussi bien dans la lettre que dans l’esprit.  En bref, comme mon Envoyé spécial l’a dit au Conseil, nous ne ménageons aucun effort pour tenter d’amener toutes les principales parties prenantes à la table des négociations et contribuer concrètement à trouver une solution durable pour l’application de la résolution 2401 (2018).

Alors que la situation continue d’évoluer, l’offensive turque à Afrin, menée avec des alliés des groupes d’opposition armés, s’est intensifiée par voie de frappes aériennes et d’avancées terrestres contre les combattants du Parti de l’Union démocratique et des Unités de protection du peuple, lesquels reçoivent des renforts d’éléments qui combattaient Daech dans l’est de la Syrie.  Des forces favorables au Gouvernement syrien ont également été déployées à l’intérieur d’Afrin.  Les combats ont provoqué d’importants déplacements de civils et auraient fait de nombreuses victimes et causé de nombreux dégâts aux infrastructures.  Avec la coopération des groupes d’opposition armés syriens, les forces turques ont créé une zone dite tampon à l’intérieur du territoire syrien, qui relie les faubourgs nord d’Alep et Edleb et encercle Afrin de trois côtés.  L’offensive se rapproche de plus en plus de la ville, qui compte une importante population civile.

Je voudrais maintenant en venir aux efforts que nous déployons pour faire face à la crise humanitaire.  Lorsque la résolution 2401 (2018) a été adoptée, l’ONU et ses partenaires humanitaires étaient prêts à acheminer de l’aide. Des plans étaient en place pour dépêcher plusieurs convois chaque semaine aux endroits convenus, en réponse aux besoins évalués de manière indépendante.  Malheureusement, les livraisons effectuées ne correspondent pas à ce qui nous avions prévu.  Qu’il me soit permis de décrire ce qu’il a été possible de faire ces deux dernières semaines.

Le 1er mars, les organisations humanitaires ont acheminé une aide à quelque 50 000 personnes dans les zones difficiles d’accès d’Afrin et de Tell Rifaat, au nord d’Alep.  Le 4 mars, un convoi de 19 camions organisé par l’ONU, le Croissant-Rouge arabe syrien et leurs partenaires a atteint Dar el-Kabiré, dans le nord de la province de Homs, et fourni une assistance à 33 500 personnes sur les 40 250 figurant dans la demande. Toutefois, le Gouvernement syrien n’a pas permis la livraison de médicaments vitaux, comme l’insuline, ni d’articles essentiels, tels que des lampes solaires, des seringues et des balances pédiatriques.

Comme je l’ai déjà dit, dans la Ghouta orientale, la Fédération de Russie a annoncé unilatéralement une trêve humanitaire quotidienne de cinq heures, qui devait commencer le 27 février, afin d’éviter de nouvelles victimes civiles et de permettre aux civils de quitter l’enclave.  En réalité, peu d’entre eux sont partis.  D’une part, les conditions de protection requises n’étaient pas réunies pour permettre leur départ volontaire.  D’autre part, les groupes armés en ont empêché certains de partir.

Dans ce contexte, même si les cinq heures étaient insuffisantes pour permettre d’acheminer durablement, en toute sécurité et sans entrave l’aide humanitaire et les services, comme demandé dans la résolution, l’ONU a envoyé, le 5 mars, un convoi interinstitutions de 46 camions à Douma, dans la Ghouta orientale, avec de la nourriture pour 27 500 personnes, ainsi que des fournitures sanitaires et nutritionnelles.  Ces 27 500 personnes ne représentaient toutefois qu’un tiers des bénéficiaires figurant dans la demande, tous ayant désespérément besoin d’aide.  De plus, la plupart des fournitures sanitaires ont été retirées par les autorités syriennes, notamment des médicaments de base, des traitements de dialyse, et du matériel chirurgical et de traumatologie, tels que des pansements pour les brûlures et de l’adrénaline, malgré les dispositions du paragraphe 8 de la résolution 2401 (2018).

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, seul 30% environ du matériel médical du convoi a été autorisé à passer. Le personnel du Bureau de la coordination des affaires humanitaires accompagnant le convoi s’est, lui, vu refuser l’accès à la Ghouta orientale.  La violence a rendu cette opération extrêmement périlleuse, malgré les assurances préalables fournies par les parties au conflit. L’insécurité a contraint l’équipe à interrompre malgré elle le déchargement des convois et à retourner à Damas, avec une bonne partie de l’aide alimentaire toujours dans les camions.

Le 9 mars, un convoi de 13 camions a atteint Douma, fournissant le reste de l’aide alimentaire qui n’avait pas pu être déchargé quatre jours plus tôt.  Une fois encore, des bombardements ont eu lieu à proximité, malgré les assurances fournies par toutes les parties.  Dans ces circonstances difficiles, je rends hommage au courage des travailleurs humanitaires qui risquent leur vie pour fournir aide et protection aux personnes dans le besoin.

Nous sommes toutefois loin de l’acheminement durable, en toute sécurité et sans entrave de l’aide humanitaire, comme l’exigent la résolution 2401 (2018) et d’autres résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Ainsi, la situation humanitaire et des droits de l’homme s’aggrave de jour en jour.  À Douma, les travailleurs humanitaires qui ont atteint la ville la semaine dernière ont décrit des conditions qu’ils jugent choquantes et accablantes. La population se réfugie dans des caves surpeuplées.  L’accès aux vivres, à l’eau et à l’assainissement est limité.  En ce qui concerne Douma, nous tenons prêt un convoi dont j’espère qu’il sera autorisé à s’y rendre dans les jours à venir, en particulier après la tenue de la présente séance.

Comme dans toutes les situations de conflit, les besoins spécifiques des femmes ne font pas l’objet d’une attention suffisante, notamment l’accès à des espaces sûrs, aux services de santé critiques, aux médicaments et au lait maternisé pour leurs enfants.  Dans la Ghouta orientale, les partenaires des services de santé qui se trouvent sur le terrain ont fait savoir que plus de 1 000 personnes doivent être évacuées d’urgence pour raisons médicales.  L’ONU est prête à procéder à ces évacuations médicales, en coopération avec le Croissant-Rouge arabe syrien et d’autres partenaires.  Une liste prioritaire des cas les plus urgents, principalement des enfants, a été transmise aux autorités syriennes.  Je les exhorte à répondre favorablement, en espérant que la présente séance permettra de prendre immédiatement les mesures nécessaires à cet effet.

Le Croissant-Rouge arabe syrien a annoncé son intention d’envoyer un convoi humanitaire à Afrin dès que les conditions de sécurité le permettront.  Une mission humanitaire des Nations Unies attend l’autorisation du Gouvernement pour se rendre immédiatement à Raqqa afin d’évaluer les conditions de sécurité et les besoins.  De nouvelles allégations préoccupantes ont par ailleurs vu le jour en ce qui concerne l’utilisation de gaz chloré.  Même si nous ne pouvons pas les vérifier, nous ne pouvons les ignorer.  J’exhorte une fois de plus le Conseil à s’unir sur cette question.

Tout cela étant dit, j’estime qu’en dépit de toutes les difficultés, de l’absence de confiance, des soupçons mutuels et des froids calculs, il devrait être possible de mettre en œuvre la résolution 2401 (2018). Il devrait être possible de faire cesser les hostilités.  Il devrait être possible d’acheminer l’aide.  Il devrait être possible d’évacuer les malades et les blessés.  Il devrait être possible de lever les sièges.  Il devrait être possible d’accélérer le déminage humanitaire dans toute la Syrie.  Il devrait également être possible de retirer les combattants terroristes désignés par le Conseil de sécurité des zones de conflit sans que soient commises des attaques massives et aveugles contre les civils et les infrastructures civiles.

Nous ne pouvons abandonner, dans l’intérêt du peuple syrien.  J’appelle toutes les parties à garantir la pleine mise en œuvre de la résolution 2401 (2018) sur l’ensemble du territoire syrien.  L’ONU est prête à contribuer à tout effort déployé à cette fin.  J’appelle tous les États qui ont de l’influence à l’exercer pour appuyer les efforts de l’ONU et la mise en œuvre de la résolution.  J’espère que la réunion ministérielle qui doit avoir lieu cette semaine à Astana, à laquelle participeront les garants de la désescalade, permettra de rétablir concrètement les accords de désescalade et de prendre des mesures tangibles en ce qui concerne les personnes incarcérées, enlevées ou disparues.  La situation dramatique que j’ai décrite –la catastrophe qui frappe tout le pays, les rivalités, le cynisme, la cruauté– fait ressortir la nécessité d’un règlement politique.  Mon envoyé spécial continue d’œuvrer à la pleine mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

Jeudi, le conflit entrera dans sa huitième année.  Je refuse d’abandonner l’espoir que la Syrie renaîtra un jour de ses cendres, une Syrie unie et démocratique qui sera capable d’éviter la fragmentation et le sectarisme et dont la souveraineté et l’intégrité territoriale seront respectées, dont le peuple pourra décider librement de son avenir et choisir ses dirigeants politiques.

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