La Commission de la condition de la femme examine les mesures prises par la Slovaquie pour combattre la violence sexiste et notamment la cyberviolence
La Commission de la condition de la femme a entendu, ce matin, le dernier exposé volontaire national présenté au cours de la session, celui de la Slovaquie, ce qui a permis d’évaluer la participation et l’accès des femmes slovaques aux médias et aux technologies de l’information et des communications (TIC) en tant qu’outils de leur autonomisation.
Comme les 12 États qui se sont prêtés à cet exercice hier, la Slovaquie a tiré la sonnette d’alarme face à l’étendue du phénomène de cyberviolence, un problème qui affecte particulièrement les femmes. Le cyberharcèlement, notamment, touche 30% des femmes slovaques, ce qui constitue le taux le plus élevé dans les pays de l’Union européenne où la moyenne est de 5%.
Experte de l’égalité des sexes du Ministère du travail, des affaires sociales et de la famille de la Slovaquie, Mme Lubica Rozborova s’est attardée sur le mode de vie de la « Generation Z » qui, née dans les années 90, n’a aucun souvenir de la vie sans téléphones portables, ou médias sociaux.
Préférant un monde peuplé de photos et de vidéos postées sur Instagram, Snapchat et autres réseaux sociaux, la jeunesse actuelle se retrouve exposée à des images qui véhiculent des normes de beauté artificielle et qu’il est inespéré d’atteindre, ce qui fait peser une énorme pression sur les filles et les femmes, a-t-elle indiqué.
Mme Rozborova s’est notamment inquiétée du « cyberstalking* », du « sexting », de la « pornographie de revanche** », autant de formes de violences commises en ligne qui compromettent la sécurité des femmes et des filles. Les photos de filles sont généralement diffusées à plus large échelle que celles de garçons, ce qui a une incidence notable sur leur bien-être, a-t-elle aussi signalé.
Face à cette situation, le Ministère a lancé la campagne Because I Say No pour combattre la violence sexiste. Ainsi, des messages diffusés à l’intention des jeunes cherchent à les inciter à rejeter toute forme de violence, en soulignant que « seul l’auteur est coupable, jamais la victime ». La campagne, qui se décline en une série de spots vidéo, met l’accent sur le consentement et avertit notamment les jeunes hommes que la violence sexiste est un acte criminel. Elle repose aussi sur une forte utilisation des réseaux sociaux et de services tels que Spotify. Des conférences audiovisuelles ont aussi été organisées dans les universités.
Réagissant à cet exposé, le représentant du Brésil a signalé que son pays avait mis les TIC au service du changement grâce au hashtag « mon premier abus ».
Son homologue des Pays-Bas a dénoncé le fait qu’aucun progrès n’avait été réalisé ces 10 dernières années pour améliorer la représentation des femmes dans les médias. Il a voulu connaître les initiatives menées en ce sens par la Slovaquie.
Pour remédier au nombre extrêmement réduit des femmes expertes dans les médias, la Slovaquie a établi une base de données pour les recenser. « Comme ça, les journalistes ne pourront pas prétendre qu’ils ne pouvaient pas en trouver », a argué la représentante. Le Ministère travaille aussi avec les journalistes au cas par cas pour les sensibiliser à la problématique femme-homme, a-t-elle ajouté, cette approche étant plus efficace que des formations de groupe. En outre, la Slovaquie attribue un « antiprix » aux publicités jugées les plus sexistes dont la diffusion répétée favorise les stéréotypes et parfois pire, en espérant avoir un impact sur le point de vue du public.
La représentante du Mali a ensuite pris la parole pour mettre en avant les aspects positifs des TIC et leur impact sur l’autonomisation des femmes. Elle a cité les grandes lignes d’un projet de création de télécentres, regroupant radio, télévision, Internet et presse écrite, dans 48 communes maliennes pour permettre aux femmes de profiter pleinement des TIC.
Autre projet au Mali: « Parlons ensemble », une plateforme qui permet aux femmes de faire le plaidoyer de questions qui les touchent, comme la santé reproductive. La délégation malienne a en outre mentionné la mise en place d’une initiative, grâce à un partenariat qui facilite l’intégration des femmes les plus marginalisées dans les organes de presse. Malgré ces efforts, les contraintes sociales, culturelles et économiques auxquelles se heurtent les femmes posent un défi notable sur la voie de leur autonomisation, a relevé la représentante malienne, en citant en plus l’analphabétisme et leur accès limité aux instruments financiers.
La Commission a poursuivi son débat général à l’issue de cet exposé. Elle continuera ses travaux demain, vendredi 16 mars, à partir de 10 heures.
* L’utilisation d’Internet ou d'autres moyens électroniques pour traquer ou harceler un individu, un groupe ou une organisation.
** Le fait de publier en ligne des photos intimes d’une personne dans le but de l’humilier.