En cours au Siège de l'ONU

8375e séance – matin
CS/13544

Conseil de sécurité: un regain de tensions éloigne Israéliens et Palestiniens de la solution des deux États, met en garde le Coordonnateur spécial

Au lieu de retrouver le chemin des négociations qui leur permettrait de devenir « maîtres de leur propre destin », Israël et la Palestine prennent une direction différente, vers « un seul État », caractérisé par une occupation « perpétuelle » et une violence de part et d’autre qui desservent la paix, a constaté, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov.

Présentant la situation au Moyen-Orient au cours du mois écoulé, le haut fonctionnaire est intervenu par visioconférence dans le cadre d’un débat public auquel une cinquantaine de délégations ont pris part, en présence des représentants israélien et palestinien.  Ces derniers ont affiché leurs divergences profondes dans l’analyse des crises qui sévissent en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza, laquelle est en train « d’imploser » selon M. Mladenov.  Une affirmation qui ne relève en rien de l’« hyperbole » ou d’un quelconque « alarmisme », mais est bel et bien une « réalité », a-t-il assuré.

À Gaza, les manifestations de Palestiniens le long de la clôture se sont multipliées, y compris « la nuit », pendant que le Hamas et d’autres militants continuent de lâcher cerfs-volants et ballons incendiaires en direction du territoire israélien, provoquant en représailles la dispersion de manifestants à balles réelles, a décrit le Coordonnateur spécial.  Vendredi dernier, ils étaient 20 000 à se rendre près de la frontière avec Israël: 7 d’entre eux ont perdu la vie et 150 autres ont été blessés par des tirs.

« Ces violences de part et d’autre ont été perpétrées au moment où nous entrons dans une phase cruciale des efforts déployés par l’Égypte pour surmonter les divisions entre factions palestiniennes », a rappelé M. Mladenov, en arguant qu’avant d’être « humanitaire », le problème à Gaza serait « politique ».  Le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Yerzhan Ashikbayev, a renchéri, en invitant l’Autorité palestinienne et le Hamas à s’engager sérieusement dans un dialogue avec l’Égypte sur leur réconciliation et à progresser vers la mise en œuvre de l’Accord commun du Caire en date du 12 octobre 2017.

Le Coordonnateur spécial s’est toutefois voulu rassurant en faisant part aujourd’hui de l’émergence d’un consensus parmi les acteurs régionaux et internationaux concernés sur la nécessité d’agir de manière décisive devant la « poudrière » qu’est devenue Gaza.  En témoigne le montant des fonds –122 millions de dollars– récoltés par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) le 27 septembre dernier lors d’une réunion ministérielle.  Mais « nous devons briser ce cycle perpétuel de réponses formulées dans l’urgence et mesures de court terme », a-t-il ajouté.

« Défendre ses droits ne devrait jamais être considéré comme un manque de respect envers quiconque ou une provocation.  Au contraire.  C’est en réalité une expression de respect pour les droits et la dignité des personnes, peu importent les conséquences qui en découlent », a déclaré quant à lui l’Observateur de l’État de Palestine.  Dans son intervention, M. Riyad Mansour a aussi dénoncé l’expansion continuelle des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée et « l’emprisonnement à ciel ouvert » de deux millions de ses compatriotes à Gaza, une expression également reprise à son compte par le Directeur exécutif de l’ONG israélienne B’Tselem, M. Hagai El-Ad.

Ceux qui appellent à des négociations « ne doivent pas excuser le fondamentalisme, les lois racistes, discriminatoires et ségrégationnistes qui présentent un peuple comme supérieur à l’autre et lui octroient des droits exclusifs », a plaidé l’Observateur.  Israël, « la Puissance occupante », choisit « toujours » la violence, la brutalité contre les Palestiniens et la colonisation, et ce, avec le soutien des États-Unis, s’est lamenté M. Mansour.

Le représentant d’Israël a rétorqué que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, prenait des mesures concrètes pour radicaliser son peuple et poussait le Hamas et Israël vers la guerre.  M. Danny Danon s’est lancé dans une diatribe contre l’endoctrinement supposé de la jeunesse palestinienne, qui se ferait à grands renforts de manuels scolaires propageant une « culture de haine ».

Près de la moitié de chaque dollar que « vous, chacun d’entre vous », a martelé le représentant israélien à l’adresse des délégations présentes dans la salle du Conseil, dépensez pour bâtir des routes et des écoles pour les Palestiniens se retrouve « dans la poche d’assassins de Juifs »: « Voilà à quoi sert votre argent! » a tonné M. Danon.

Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont exprimé leurs préoccupations devant le sort de la communauté bédouine de Khan el-Ahmar.  D’après le Royaume-Uni, le Pérou, les Pays-Bas ou encore la Pologne, la décision de démolir ce village, qui a été confirmée par la Cour suprême israélienne, compromettra encore davantage la viabilité d’un futur État palestinien et, par conséquent, la réalisation même de la solution des deux États, à laquelle la quasi-totalité des orateurs ont apporté leur soutien aujourd’hui.

Si la plupart des interventions ont porté spécifiquement sur le conflit israélo-palestinien, certains membres du Conseil et délégations ont élargi la focale à d’autres foyers de tension au Moyen-Orient, à commencer par les États-Unis, qui ont dénoncé l’envoi à l’étranger par Téhéran d’enfants-soldats, certains d’origine afghane, pour combattre en Syrie, un « crime barbare » que la République islamique d’Iran n’hésiterait pas à commettre, d’après la représentante américaine.

Quant au Liban, sa représentante a assuré que son Premier Ministre désigné, M. Saad Hariri, œuvre à la formation d’un gouvernement d’unité nationale, alors que près de 1,5 million de Syriens déplacés par le conflit voisin pèsent sur l’économie locale, de même que les réfugiés palestiniens qui y sont installés.  Elle a fait état de menaces qu’aurait brandies, « la semaine dernière », Israël, qui envisagerait de prendre pour cible des installations libanaises.  Aussi la déléguée a-t-elle lancé un appel: il faut éviter de donner le moindre prétexte à Israël de se lancer dans une « agression » contre son pays.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. NICKOLAY EVTIMOV MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a rappelé que, mois après mois, il vient s’exprimer devant ce Conseil sur la manière dont l’expansion des colonies de peuplement sape les fondations des structures mêmes d’un État palestinien souverain.  « Chaque mois, nous appelons les dirigeants politiques des deux côtés à retrouver le chemin de la table des négociations, à inverser les tendances négatives sur le terrain et à rétablir l’espoir que des négociations pacifiques, et non la violence, permettront aux Israéliens et aux Palestiniens de coexister, maîtres de leur propre destin », a-t-il déclaré.  M. Mladenov a cependant constaté, jour après jour, que la situation prend une direction différente, vers « un État », caractérisé par une occupation perpétuelle et une violence qui desservent la paix.

Poursuivant son exposé mensuel sur la situation en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, il a indiqué que les violences sont en hausse et que les autorités israéliennes continuent à démolir et confisquer des structures appartenant à des Palestiniens.  « Selon l’OCHA, 39 structures ont été démolies ou saisies en Cisjordanie, dont 5 à Jérusalem-Est, provoquant le déplacement de 33 personnes et anéantissant les moyens de subsistance d’une centaine d’autres », a précisé le haut fonctionnaire, avant d’évoquer le sort de la communauté bédouine de Khan el-Ahmar, dont le village est sur le point d’être démoli après la décision de la Cour suprême israélienne, laquelle ouvrira la voie à la construction d’une nouvelle colonie. 

Le Coordonnateur spécial s’est ensuite alarmé de la recrudescence d’incidents violents en Cisjordanie occupée, notamment celui, en date du 7 octobre dernier, au cours duquel un couple israélien a été tué par un assaillant palestinien, qui est toujours en fuite.  Le 12 octobre, une Palestinienne a été tuée près d’un point de passage au sud de Naplouse, à la suite des blessures causées par des pierres manifestement jetées par des Israéliens, a relaté M. Mladenov, qui a fait état d’une hausse des violences perpétrées par les colons israéliens, avec 23 attaques au cours du mois écoulé.  En outre, depuis le début de l’année, selon l’OCHA, plus de 1 600 arbres appartenant à des Palestiniens ont été vandalisés à travers toute la Cisjordanie. 

À Gaza, les manifestations le long de la clôture se sont multipliées, y compris la nuit, pendant que le Hamas et d’autres militants continuent de lancer des cerfs-volants et des ballons incendiaires en direction du territoire israélien, des actions auxquelles les Forces de défense israéliennes ont répondu en dispersant les manifestants et en faisant usage de balles réelles, a décrit le Coordonnateur spécial.  Vendredi dernier, le 12 octobre, environ 20 000 Palestiniens ont pris part à la manifestation organisée ce jour-là, et sept d’entre eux ont été tués tandis que plus de 150 autres ont été blessés par des tirs, a déploré M. Mladenov.  Au cours de la période à l’examen, deux roquettes ont été tirées en direction d’Israël.  Les forces de défense israéliennes ont répondu par 45 tirs de missiles et de mortiers visant la bande de Gaza.

« Ces violences de part et d’autre ont été perpétrées au moment où nous entrons dans une phase cruciale des efforts déployés par l’Égypte pour surmonter les divisions entre factions palestiniennes », a rappelé le haut fonctionnaire, en adressant deux messages au Conseil de sécurité.  Le premier, c’est que Gaza est en train « d’imploser », une affirmation, a-t-il précisé, qui ne relève en rien de l’« hyperbole » ou d’un « alarmisme »: c’est une « réalité ».  La Banque mondiale a prévenu tout récemment que l’économie gazaouie est « en chute libre », avec un taux de chômage de 53% et plus de 70% parmi les jeunes, et une personne sur deux vit en-dessous du seuil de pauvreté, a-t-il ajouté.  « La gravité de la situation sur place exige une action décisive », a mis en garde le haut fonctionnaire. 

Le second message, « prudemment optimiste », qu’il a tenu à adresser au Conseil, c’est l’émergence d’un consensus parmi tous les acteurs régionaux et internationaux concernés pour qui il est devenu indispensable de désamorcer la situation potentiellement explosive qui règne à Gaza.  En témoigne la levée de fonds qui a récolté 122 millions de dollars pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) lors d’une réunion ministérielle le 27 septembre dernier.  M. Mladenov a assuré en outre que les objectifs définis le même jour par le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens à Gaza sont « réalisables ».  L’atténuation des souffrances humanitaires permettra de réduire les risques d’escalade et donnera de la marge de manœuvre aux efforts égyptiens pour rétablir le Gouvernement palestinien légitime à Gaza, une approche, d’ores et déjà, soutenue par le Quatuor pour le Moyen-Orient, a-t-il assuré, en rappelant que le problème de Gaza est avant tout « politique ».  « Nous devons briser ce cycle perpétuel de réponses formulées dans l’urgence et mesures de court terme. »

M. Mladenov a par ailleurs brièvement évoqué la situation au Liban, un pays qui vient d’entrer dans son cinquième mois consécutif sans exécutif, cependant que le Premier Ministre désigné Saad Hariri poursuit ses consultations en vue de former un gouvernement d’union nationale.  S’il s’est dit préoccupé par la rhétorique à l’œuvre entre Israël et le Liban, s’agissant de la situation près de la Ligne bleue, le haut fonctionnaire s’est en revanche dit plutôt encouragé par celle qui règne sur le Golan syrien, en particulier dans le secteur bravo, où les niveaux d’activité militaire des deux côtés ont été faibles le mois dernier.

M. HAGAI EL-AD, Directeur exécutif de B’Tselem, a d’emblée jugé très difficile, voire impossible, de rendre compte de l’indignation et de la souffrance d’un peuple privé de ses droits humains depuis plus de 50 ans.  Depuis sa dernière intervention devant le Conseil, voici près de deux ans, il a dénombré 317 Palestiniens tués par les forces de sécurité israéliennes et 13 Israéliens tués par des Palestiniens.  Israël a démoli 294 maisons de Palestiniens, et a continué à pratiquer des arrestations quotidiennes, y compris de mineurs, a-t-il ajouté, évoquant également les exactions des colons et les longues attentes aux postes de contrôle. 

Tout cela est souvent qualifié de « statu quo », mais cette réalité n’a rien de statique, a fait valoir M. El-Ad.  Pour lui, il s’agit d’un processus délibéré et calculé de division d’un peuple visant à séparer Gaza et Jérusalem-Est de la Cisjordanie et à morceler la Cisjordanie en petites enclaves encerclées par des colonies israéliennes, comme des bantoustans.  M. El-Ad y a vu pour exemple l’attitude d’Israël lors des récentes manifestations à Gaza et ses plans pour raser Khan el-Ahmar, une communauté de bédouins palestiniens à l’est de Jérusalem, sous prétexte que leurs installations ont été construites « illégalement ».  Or il est impossible pour les Palestiniens d’obtenir des permis de construire en raison du régime de planification israélien en Cisjordanie, qui vise à soutenir les colons et à déposséder les Palestiniens, a souligné le directeur de B’Tselem.  Quant aux « propositions de transfert si généreusement offertes à cette communauté », il a indiqué qu’un site se trouvait près d’une décharge d’ordures et l’autre près d’une usine de traitement des eaux, ce qui l’empêcherait totalement de travailler.

En venant à la situation dans la bande de Gaza, M. El-Ad l’a qualifiée de « prison à ciel ouvert de près de deux millions de personnes ».  Il a parlé d’étranglement en accusant le blocus imposé par Israël depuis plus d’une décennie, qui a conduit à un effondrement de l’économie et à un désespoir profond.  Depuis le 30 mars, plus de 5 000 Palestiniens ont été blessés par des tirs à balles réelles israéliennes et plus de 170 tués, dont au moins 31 mineurs, a-t-il rappelé.  Comme dans le cas de la communauté de Khan el-Ahmar, la Cour suprême israélienne a estimé que la politique d’Israël vis-à-vis de la bande de Gaza est « légale » sur plusieurs points, allant du blocus aux récentes règles autorisant les tireurs d’élite israéliens à continuer à tirer, à une certaine distance, sur les manifestants dans Gaza.  « Le seul problème est que rien de cela n’est légal, ou moral, ou même vaguement acceptable », a lancé M. El-Ad.  Tant que ce processus ne suscite pas l’indignation internationale, Israël peut rester dans cette contradiction qui consiste à opprimer des millions de personnes tout en étant toujours considéré comme une démocratie, a-t-il ajouté, estimant qu’« Israël a eu tout le temps de parfaire cette mascarade bien huilée derrière une façade de légalité ».

Aucune de ces actions n’a à voir avec la sécurité, contrairement à ce qu’affirme Israël, a assuré M. El-Ad.  En revanche, a-t-il estimé, elles sapent le processus de paix au Moyen-Orient, dont les soi-disant résultats sont en réalité dictés, jour après jour, par les actions unilatérales israéliennes.  Il a encore interpellé les membres du Conseil sur le fait que les Palestiniens restent des non-citoyens, qui ne disposent d’aucune représentation dans les institutions israéliennes alors que celles-ci prennent des décisions qui affectent leur vie.  M. El-Ad a, là encore, fait une analogie avec l’apartheid en Afrique du Sud. 

Par ailleurs, l’intervenant a noté que des mesures sont en cours pour légiférer contre les organisations de défense des droits de l’homme israéliennes, estimant que cela va dans le sens des accusations de trahison contre ceux qui s’opposent à l’occupation.  Mais, a-t-il lancé à l’adresse du Premier Ministre Benjamin Netanyahu, « vous ne nous ferez jamais taire, pas plus que les centaines de milliers d’Israéliens qui rejettent un présent fondé sur la suprématie et l’oppression et défendent un avenir construit sur l’égalité, la liberté et les droits de l’homme ».  « Je ne suis ni un traître ni un héros.  Les héros sont les Palestiniens qui endurent l’occupation avec courage et persévérance. »  Le Conseil de sécurité doit agir, a-t-il conclu.

M. RIYAD H.  MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré que « défendre ses droits ne devrait jamais être considéré comme un manque de respect envers quiconque ou une provocation.  Au contraire.  C’est en réalité une expression de respect pour les droits et la dignité des personnes, peu importent les conséquences qui en découlent. »  Citant le « patriote » américain Patrick Henry, qui a dit « donner moi la liberté ou donner moi la mort », M. Mansour a dit qu’en prononçant ces paroles, Patrick Henry ne manquait de respect à personne et ne provoquait personne.  Ces paroles ont même été considérées comme un acte d’héroïsme, un courage moral et une vénération à la liberté due à toute personne humaine et à l’humanité.

M. Mansour a également affirmé que la Charte des Nations Unies reconnaît le droit de tous les peuples du monde à l’autodétermination.  « Pourquoi le peuple palestinien devrait attendre d’être traité différemment et accepter de se soumettre pour toujours à la domination étrangère et coloniale? », a-t-il demandé.  Citant la Représentante permanente des États-Unis qui aurait déclaré au Council on Foreign Relations que « la paix ne peut être atteinte si elle est isolée des droits de l’homme », M. Mansour a dit être du même avis qu’elle, ajoutant que la situation en Palestine ne doit pas être différente.  Pourtant, en dépit de cette position, on assiste en Palestine à la mise en œuvre de « politiques inhumaines à courte vue.  Israël, la Puissance occupante, choisit toujours la violence, la brutalité contre les Palestiniens et la colonisation, et ce, avec le soutien des États-Unis », a dit M. Mansour.

Mais en ce qui le concerne, l’État de Palestine rejette catégoriquement ces politiques punitives, de même que le narratif qui les accompagne et mine la légitimité du peuple palestinien.  L’État de Palestine ne peut pas accepter de telles politiques et rhétoriques, en dépit du coût énorme de sa prise de position.  Il rejette aussi les prétextes qui continuent de nier les droits du peuple palestinien et d’exempter Israël de ses responsabilités, pas plus qu’il ne peut continuer d’accepter les hésitations à le rendre responsable de ses actes.  L’État de Palestine ne peut pas non plus continuer d’accepter le soutien verbal au processus de paix, pendant qu’Israël continue de montrer la vacuité de ses engagements, notamment pour négocier la mise en œuvre de la solution des deux États, a dit son observateur.

Il a également déclaré que ceux qui appellent à des négociations devraient clairement dire que ces négociations doivent être basées sur les paramètres, termes et références des résolutions des Nations Unies.  Ils ne doivent pas continuer d’excuser ou de trouver des justifications à une colonisation flagrante à la Palestine, y compris Jérusalem-Est, en violation de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, pas plus qu’ils ne doivent justifier l’emprisonnement de deux millions de Palestiniens à Gaza.  Ils ne doivent pas excuser le fondamentalisme, les lois racistes, discriminatoires et ségrégationnistes, qui présentent un peuple comme supérieur à l’autre et lui octroient des droits exclusifs, a encore déclaré M. Mansour. 

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a dénoncé l’ironie selon laquelle la Bolivie, « pays doté d’un terrible bilan dans le domaine des droits humains », préside une séance consacrée à la situation dans son pays.  « Trouvez-moi un Bolivien ou un Palestinien qui viendrait diffamer son propre gouvernement devant le Conseil de sécurité!  Dans le meilleur des cas, il finirait en prison », a-t-il tranché. 

Le représentant a donné lecture d’un extrait d’un manuel scolaire réservé aux enfants palestiniens, où de supposés « héros » seraient décrits comme des modèles à suivre pour la jeunesse, à laquelle il serait rabâché qu’« il vaut mieux tuer un Juif plutôt que de garder un emploi ».  Loin d’être un partenaire pour la paix, M. Mahmoud Abbas, « qui a approuvé ces manuels », est un obstacle à la paix, a martelé M. Danon.  Des milliers de manifestants sont déployés près de la clôture avec Israël pour lancer des attaques, a assuré le délégué, en affirmant qu’Israël vient de détruire le quinzième tunnel illégal construit à Gaza depuis octobre 2017.

M. Abbas, a-t-il poursuivi, prend des mesures concrètes pour radicaliser son peuple et pousse le Hamas et Israël vers la guerre.  Le taux de chômage parmi les Palestiniens atteint 53% et lorsqu’un pays arabe offre de régler la facture d’électricité de Gaza, « Abbas refuse », comme il a refusé l’aide d’Israël, des États-Unis et de la communauté internationale, préférant instrumentaliser la situation dans ce territoire à des fins politiques, a accusé M. Danon. 

Dans son budget annuel, M. Abbas a alloué 355 millions de dollars, « soit 7% du total », au Fonds des martyrs de l’Autorité palestinienne, destiné à encourager l’« assassinat des Juifs », s’est élevé le représentant.  « Massacrez des Israéliens innocents et soyez récompensés à vie », s’est-il exclamé.  Près de la moitié de chaque dollar que « vous, chacun d’entre vous », a-t-il déclaré aux délégations présentes dans la salle du Conseil, dépenser pour bâtir des routes et des écoles pour les Palestiniens se retrouve « dans la poche d’assassins de Juifs », a tonné le représentant: « Voilà à quoi sert votre argent! »  S’il y avait un dirigeant palestinien véritablement soucieux de son peuple, peut-être y aurait-il la paix, a-t-il plaidé, avant de dire que pour changer la situation, il faudra changer l’« équation » et « tarir » la culture de haine qui commence dans les livres.

Mme NIKKI R.  HALEY (États-Unis) a déclaré que le représentant de B’Tselmen a présenté une réalité biaisée de la situation en Palestine, comme à chaque fois que la situation au Moyen-Orient est évoquée aux Nations Unies.  Mais, sa délégation souhaite présenter une autre réalité du Moyen-Orient, notamment le recours aux enfants par le « régime iranien » pour combattre à l’étranger.  Alors que le recrutement d’enfants soldats est considéré comme un « crime barbare » la République islamique d’Iran n’a aucune hésitation à le faire.  Depuis 2015, des enfants, certains afghans et d’autres n’ayant même pas 14 ans, sont recrutés, entraînés et envoyés se battre en Syrie, pour le compte de l’Iran.  Voilà la réalité du Moyen-Orient, a-t-elle dit.

Elle a également assuré que les États-Unis s’efforcent de combattre ce phénomène, notamment en coupant les sources de financement de ces activités criminelles.  Le trésor américain a ainsi identifié une vingtaine d’entreprises basées en Iran, en Europe et ailleurs impliquées dans le financement desdites activités.  Parmi ces dernières, il y a la plus grande entreprise d’acier en Iran.  Des sanctions financières et bancaires ont été prises contre elles, a indiqué la représentante, prévenant que tous les États, personnes ou entreprises travaillant avec les entités identifiées seront, elles aussi, sanctionnées par les États-Unis. 

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a réitéré le soutien de son gouvernement au principe de la solution des deux États, appelant à la reprise, dans les meilleurs délais, des négociations bilatérales et sans préconditions entre Israël et la Palestine.  En ce qui concerne la situation à Gaza, il a vivement encouragé les forces de défense israéliennes à faire un usage proportionné de la force – laquelle devrait être employée en dernier recours – contre les Palestiniens, parmi lesquels de nombreuses victimes ont été faites au cours des derniers mois. 

Il a également demandé que les Palestiniens cessent leurs provocations et que des enquêtes soient ouvertes sur l’ensemble des incidents qui se sont produits lors des manifestations près de la clôture avec Israël.  En outre, le Vice-Ministre des affaires étrangères kazakh a encouragé l’Autorité palestinienne et le Hamas à s’engager sérieusement dans un dialogue avec l’Égypte sur leur réconciliation et à progresser vers la mise en œuvre de l’Accord commun du Caire en date du 12 octobre 2017. 

Il a ensuite appuyé l’appel lancé par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) aux autorités locales à Gaza pour qu’elles fournissent une protection efficace à ses personnels et à ses locaux.  S’agissant de la Syrie, le Kazakhstan a estimé que le processus d’Astana présente un potentiel important pour orienter les pourparlers entre Syriens vers une paix durable et revitaliser le processus de Genève. 

Au Liban, le Vice-Ministre a espéré la formation d’un gouvernement très prochainement, avant d’annoncer que son pays est en train de déployer un contingent au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), conjointement avec l’Inde. 

Enfin, en ce qui concerne le Yémen, il a appelé au lancement d’un dialogue élargi à l’ensemble des acteurs nationaux pour mettre fin aux hostilités. 

M. MA ZHAOXU (Chine) a déclaré que la poursuite de la colonisation menace la réalité de la solution des deux États, tout comme la situation à Gaza ne favorise pas le retour aux négociations.  Toutes les parties doivent faire preuve de retenue et éviter l’escalade.  Compte tenu de cette situation, la communauté internationale doit avoir le sentiment d’urgence et réaffirmer la nécessité de mettre en œuvre la solution des deux États, reprendre les négociations de paix et mettre en œuvre la feuille de route.  Tout cela doit se faire dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, afin que cesse la colonisation et que soit relancés les pourparlers de paix. 

La Chine, en tant que soutien du peuple palestinien, continuera de jouer son rôle pour parvenir à cet objectif.  Elle continuera également d’appuyer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), en lui versant des contributions financières pour qu’il remplisse son mandat, a déclaré le représentant. 

M. TAYE ATSKESELASSIE (Éthiopie) a constaté que les provocations continuaient sur le terrain, attisant les tensions et perpétuant le cycle de la violence.  Condamnant les attaques et la perte de vies civiles innocentes, il a appelé les parties à la retenue maximale, et soutenu tout effort atténuant les tensions, comme ceux fournis par l’Égypte et les Nations Unies pour restaurer le calme et faciliter un retour à un cessez-le-feu.

Préoccupé par la situation à Gaza et les sentiments de frustration et de désespoir qu’elle provoquait côté palestinien, il a déploré qu’apporter de l’aide à Gaza demeure un « défi décourageant », et appelé la communauté internationale à combler le manque de financement dans ce secteur, pour renforcer l’autonomie des autorités palestiniennes légitimes à Gaza et répondre aux besoins humanitaires.

Tirant les enseignements de la réunion du Comité de liaison ad hoc, l’Éthiopie a réitéré son soutien à l’Autorité palestinienne pour qu’elle gouverne de nouveau à Gaza, et que la Palestine soit réunifiée sous l’égide d’une seule et même autorité.  L’Éthiopie a rappelé sa position claire: soutien au droit à Israël de vivre en paix et en sécurité, soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination, soutien au droit à la Palestine d’exister en tant qu’État libre et indépendant.

Considérant la solution des deux États comme la seule possible, dans le meilleur intérêt des parties, mais aussi de tout le Moyen-Orient, M. Atskeselassie a appelé à un retour des discussions en direct entre les parties, et invité le Conseil de sécurité à soutenir cette approche. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a dénoncé les violations répétées des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité que constituent l’expansion des colonies de peuplement israéliennes et les démolitions de structures palestiniennes, dont les conséquences humanitaires et politiques sont considérables.  Il s’est tout particulièrement dit préoccupé de leur impact sur la viabilité d’un futur État palestinien.  Abordant la situation à Gaza, le représentant a déclaré que la zone de pêche au large de Gaza ne doit pas être réduite davantage, sous peine de peser sur la situation économique déjà précaire dans ce territoire.  M. Meza-Cuadra a d’ailleurs regretté l’annonce d’une possible fermeture d’un bureau de l’UNRWA à Gaza.  Il a en conclusion encouragé les parties à reprendre les négociations directes en vue de parvenir à une solution politique permettant de réaliser la solution des deux États. 

M. MANSOUR AYYAD SH.  A.  ALOTAIBI (Koweït) a déclaré qu’Israël, la puissance occupante, doit cesser de mettre en œuvre des politiques qui ont été condamnées par les résolutions des Nations Unies et qui violent les conventions internationales.  De nombreux appels ont été lancés en ce sens, a-t-il rappelé en déplorant qu’ils n’aient malheureusement eu aucun écho, puisqu’Israël a continué ses pratiques.  Parmi celles-ci, il a mentionné la poursuite de construction de colonies à travers tout le territoire palestinien.  Récemment le Gouvernement a autorisé la construction de nouvelles implantations à Hébron, a regretté le représentant, estimant que cette politique a pour objectif de porter atteinte à la continuité territoriale de l’État de Palestine. 

M. VASSILY A.  NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que la complexité de la situation au Moyen-Orient exige une réponse collective, sur la base de la Charte des Nations Unies.  Aussi s’est-il dit préoccupé de la référence faite dans les résolutions du Conseil de sécurité à un certain nombre d’accords et d’initiatives qui n’ont pas été entérinées par cet organe.

En ce qui concerne la situation sur le terrain, le représentant s’est inquiété de l’escalade des tensions à Gaza en particulier, rejetant par principe toutes les formes de terrorisme.  M. Nebenzia a souligné la nécessité du financement durable de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), affirmant aussi que la question des réfugiés relève d’un « dialogue bilatéral » et n’est pas « arbitraire ».  Des mesures unilatérales ne peuvent permettre de parvenir à une paix durable et permettre la réalisation des aspirations des Palestiniens et de la sécurité des Israéliens, a-t-il assuré. 

La délégation a ensuite proposé la tenue d’un « sommet des dirigeants israéliens et palestiniens » en Fédération de Russie, qui s’est dite favorable à la reprise des activités du Quatuor pour le Moyen-Orient.  « Nous pensons que la séance qui a eu lieu en juin dernier sous notre présidence sur les situations au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a permis de se pencher sur les causes profondes des crises dans ces deux régions », a estimé le représentant.  « Notre conception du renforcement de la sécurité dans le golfe Persique demeure d’actualité, et pourrait être élargie à d’autres États », a-t-il ajouté. 

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a souligné la nécessité de retourner à un processus de paix concret et inclusif et de mettre fin à l’occupation et de résoudre toutes les questions en suspens sur le statut final.  Il est indispensable que tout futur plan de paix repose sur le droit international, les résolutions pertinentes des Nations Unies et les accords antérieurs, a-t-il ajouté, affirmant également que les questions sur le statut final ne pourront être retirées de la table que lorsqu’elles auront été résolues par des négociations entre les deux parties.  « La détérioration rapide et continue de la situation sur le terrain brise les espoirs. 

La solution des deux États est malheureusement chaque jour plus éloignée », a constaté le représentant suédois, pour qui il est de la responsabilité des Israéliens et des Palestiniens d’inverser, d’urgence, cette tendance. 

M. Orrenius Skau s’est alarmé de la violence mais aussi du rétrécissement de l’espace de la société civile et de la possibilité de promotion des droits de l’homme des deux côtés.  Du côté palestinien, on se sert des lois pour limiter la liberté d’expression; et du côté israélien, on délégitimise les représentants des organisations de la société civile, ce qui limite le champ d’exercice de leur importante tâche. 

Il a appelé les responsables palestiniens et israéliens à appuyer, respecter et à permettre à la société civile d’opérer et d’exprimer librement ses vues.  Il a noté que dans la génération dite « post-Oslo », également des deux côtés, rares sont ceux qui espèrent encore qu’une paix est possible.  « Il nous faut montrer aux jeunes qu’il existe une alternative au conflit, à la violence et à la détérioration constante de la situation sur le terrain; et il faut entendre les voix des jeunes israéliens et palestiniens, conformément à la résolution 2419 (2018), a-t-il déclaré. 

Gaza étant au « bord du précipice », le délégué a aussi exhorté toutes les factions palestiniennes à une intensification des efforts de réconciliation et au plein retour de l’Autorité palestinienne à Gaza.  « Seule la réconciliation conduira à un leadership palestinien unifié et à la réunification de gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, a estimé le représentant suédois. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé l’importance accordée par son pays à ce que les autorités israéliennes, comme les autorités palestiniennes, veillent à préserver un espace pluraliste et ouvert au sein de leurs sociétés respectives.  Il a fait un triple constat tragique, à savoir que « le faux statu quo que nous avons sous les yeux recouvre en fait une dégradation quotidienne de la situation, liée notamment à la politique de colonisation »; que cette situation, qui produit aussi son lot quotidien de violences, pouvait dégénérer à tout moment en crise ouverte; et que lorsque la paix reculait sur le terrain, elle reculait également dans les esprits.  Constatant que, 25 ans après les accords d’Oslo, seule une petite moitié des Israéliens et des palestiniens y croyaient encore à la solution des deux États, il a jugé qu’il n’y avait pas d’alternative à cette solution. 

Concernant Gaza, la France a condamné les tirs aveugles visant le territoire israélien quels qu’en soient les auteurs, de même qu’elle a condamné l’usage d’engins incendiaires et la construction par le Hamas de tunnels offensifs.  Louant les efforts de l’Égypte et les démarches du Coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient à la mi-août pour parvenir à une désescalade, il a inscrit les pics de tension dans un contexte d’effondrement humanitaire et d’impasse politique dans la bande de Gaza. 

M. Delattre a intimé la communauté internationale de répondre à l’urgence humanitaire à Gaza, et appelé tous les acteurs à coordonner leurs efforts pour parvenir à une levée du blocus, tout en s’assurant que les sécurités nécessaires pour Israël soient garanties.  Qualifiant le rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) « d’indispensable », il a appelé à la poursuite de la mobilisation internationale pour son financement.  Pour sa part, la France s’est engagée à doubler sa contribution pour l’année 2019.  Arguant qu’il n’y aurait pas de solution humanitaire sans solution politique, et que celle-ci passerait par le retour complet de l’Autorité palestinienne dans ce territoire, la France a appelé l’ensemble des parties à poursuivre le dialogue dans le cadre de l’accord conclu au Caire il y a un an pour relancer le processus de réconciliation. 

La gravité de la situation à Gaza ne doit pas faire oublier celle en Cisjordanie, a appuyé M. Delattre, « où les avancées critiques de la colonisation sont en train de créer une situation sans retour ».  Il a évoqué le cas du village bédouin de Khan el-Ahmar, dont la destruction prochaine décidée par le Gouvernement israélien est contraire au droit international humanitaire selon lui, et « aura des efforts potentiellement irréversibles sur le plan politique ».

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré que tout ce qui vient d’être présenté sur la situation dans la région montre qu’elle est « intenable. »  En tant qu’ami d’Israël, le Royaume-Uni estime que la situation à Gaza y est « intenable », a-t-elle répété, indiquant que son pays continue d’appuyer l’objectif du retour de l’Autorité palestinienne dans cette partie.  Le Royaume-Uni appelle aussi Israël à ne pas démolir le village de Khan el-Ahmar.  Ce village est situé dans un endroit stratégique du territoire palestinien et sa démolition risquerait de porter atteinte à sa continuité territoriale, a fait valoir la représentante.  Mme Pierce a dit qu’« en tant qu’ami d’Israël et des Palestiniens », le Royaume-Uni pense que l’avenir de ces deux pays est lié.  Elle a ainsi expliqué la nécessité de tenir compte non seulement des besoins sécuritaires d’Israël, mais également de la question du retour des réfugiés palestiniens.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a exprimé sa consternation devant la persistance du conflit israélo-palestinien et l’impasse des négociations sur les conditions susceptibles de mener à la création d’un État palestinien.  Face à la violence qui prévaut depuis tant d’années, il a invité Israéliens et Palestiniens à admettre la réalité qui veut que leurs deux peuples soient toujours côte-côte, et qu’ils le veuillent ou non, il leur faudra bien se résoudre à une coexistence pacifique et harmonieuse.  Leurs dirigeants respectifs doivent procéder à une analyse politico-morale quant à l’avenir qu’ils désirent pour leurs peuples, en gardant bien à l’esprit qu’il n’y aura pas d’avenir meilleur pour les Israéliens que celui de la création d’un État palestinien indépendant ni d’État palestinien qui ne garantisse pas la sécurité d’Israël.

Depuis 1947, les Nations Unies n’ont pas été en reste s’agissant de la question palestinienne, d’où l’importance de l’application des résolutions tant de l’Assemblée générale que du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, en appelant ce dernier, et la communauté internationale, à s’engager de façon plus unie et positive.  Elle a attribué l’insécurité et la tension à Gaza au « grand vide » laissé par l’Autorité nationale palestinienne dans cette enclave, ce qui risque de faire le lit des organisations extrémistes en les rapprochant de la population juvénile, ce qui ne fera qu’accentuer l’insécurité dans la région. 

Elle a recommandé à la communauté internationale d’appuyer l’initiative égyptienne et d’autres acteurs internationaux au sujet de la réconciliation interpalestinienne, en prenant en compte le fait que l’Accord de paix signé en octobre dernier par le Hamas et le Fatah n’a quasiment pas été respecté. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a demandé à Israël de respecter le principe de proportionnalité dans son usage de la force, tout en déclarant que les manifestations le long de la frontière de Gaza avec Israël, « nourries par le Hamas et le djihad islamique », sont responsables de la violence qui touche les parties de chaque côté.  Après s’être émue du sort d’une Palestinienne tuée par lapidation en Cisjordanie, et de deux Israéliens morts aux mains d’un de leur collègue palestinien, la représentante a attiré l’attention sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, qu’elle a jugée alarmante.  Le risque d’effondrement de Gaza est réel, a-t-elle prévenu, en exhortant les deux parties à faire preuve de la plus grande retenue.  Seul le retour à des négociations bilatérales de bonne foi, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies et du droit international, peuvent ouvrir la voie à la réalisation de la solution des deux États, a assuré la délégation.  Elle a placé ses espoirs dans « la proposition de paix des États-Unis », laquelle « lorsqu’elle sera dévoilée, pourrait aider à revitaliser le processus de paix au Moyen-Orient ».  Mme Wronecka s’est toutefois dite inquiète des conséquences de la démolition prochaine du village bédouin de Khan el-Ahmar, qui compliquerait encore davantage la viabilité d’un État palestinien.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a déclaré constater avec regret la rupture de l’accalmie due à la reprise des violences entre Israéliens et Palestiniens dans la bande de Gaza.  Face à cette situation, la délégation reste cependant d’avis qu’il n’y pas d’autre possibilité qu’une solution négociée à la crise.  Elle exhorte donc les parties à la retenue et créer les conditions favorables à une paix juste et durable. 

La Côte d’Ivoire attache du prix à la sécurité d’Israël, mais aussi au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.  Elle réaffirme donc son soutien à la solution des deux États et à l’ouverture des négociations en vue de la levée du blocus de Gaza, dont les conséquences sont désastreuses pour les populations, a dit son représentant. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a fait remarquer que les exposés de MM. Mladenov et El-Ad étaient truffés d’évènements troublants en Cisjordanie qui montrent que la région est en chute libre vers la réalité d’un seul État.  Il a réitéré la ferme opposition de son pays à la politique de colonies de peuplement et aux mesures prises dans ce contexte, y compris la démolition de projets financés par l’Union européenne, les évictions et les transferts forcés de communautés locales.  Il s’est dit plus particulièrement préoccupé par la décision prise dimanche par les autorités israéliennes de poursuivre ses plans d’expansion des colonies à Hébron.  Les colonies sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix et menacent la solution des deux États, a-t-il affirmé, ajoutant que la politique israélienne et le déni de chances au développement palestinien dans la zone C rendent la paix plus ardue.  Khan el-Ahmar est un cas d’espèce, a souligné M. van Oosterom, qui a émis des craintes que la démolition envisagée et le transfert forcé des habitants entament la confiance en une solution négociée des deux États, et ouvrent la voie à davantage d’expansion.  Il a tout autant condamné les récentes attaques violentes en Cisjordanie qui illustrent la nécessité d’une solution permanente instaurant la paix et la sécurité pour Israël et évite une résurgence du terrorisme.  « Une solution qui apporte la sécurité aux Palestiniens, respecte leurs droits et prouve que l’occupation a cessé. »

En ce qui concerne Gaza, il a appelé tous les acteurs impliqués à faire preuve de retenue afin de prévenir toute escalade, estimant, à cet égard, que la fermeture des points de passage frontaliers et la réduction de la zone de pêche ne sont nullement une réponse à cette situation et ne feront qu’approfondir le désespoir humanitaire à Gaza.  Il a également invité à la conduite d’enquêtes indépendantes et transparentes sur les incidents ayant fait tant de victimes au cours des derniers mois lors des manifestations à la frontière.  Il a encouragé Israël à achever sa propre enquête aussi tôt que possible en demandant que ses conclusions soient totalement transparentes.  Pour arriver à une solution durable, M. van Oosterom a mis l’accent sur une réconciliation entre Palestiniens pour que l’Autorité palestinienne puisse retourner à Gaza, et salué les efforts égyptiens.  Il a en outre assuré qu’avec d’autres donateurs, les Pays-Bas s’efforceront de réduire le manque à gagner de l’UNRWA, et a encouragé tous les partenaires à traduire leurs contributions pour cette année en un appui pluriannuel prévisible.  Il a enfin appelé toutes les parties impliquées dans le conflit à retourner à la table des négociations et à relancer un véritable processus de paix menant à la solution des deux États. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) s’est vivement opposée à la violence extrême, injustifiée, des forces de défense israéliennes pour réprimer la population civile palestinienne.  Les mesures illégales du Gouvernement israélien, en particulier ses politiques de colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés sont un obstacle et une menace à la stabilité dans la région. 

En tant que membres du Conseil de sécurité, il est de notre responsabilité inéluctable d’agir pour éviter qu’Israël reste un État impuni, a déclaré la représentante.  Elle a aussi rejeté l’intention manifeste du Gouvernement israélien d’altérer la composition démographique et le caractère territorial de l’État de Palestine sous occupation depuis 1967, notamment de Jérusalem-Est.  Ces mesures sont illégales et violent les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, notamment l’inadmissibilité de l’acquisition de terres par la force, réaffirmé par la résolution 2334 (2016). 

La représentante a aussi condamné la politique d’expansion et d’annexion d’Israël dont l’exemple le plus récent est l’intention de démolir le village bédouin de Khan el-Ahmar dans la zone C, dans le nord-est de Jérusalem-Est en Cisjordanie.  Elle a exhorté la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à ne reconnaître aucune « altération ou modifications de lignes délimitées en 1967 ». 

La bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, constitue un seul territoire, a insisté la représentante, qui a ensuite dénoncé le régime de « punition collective » imposé à Gaza et prive les Palestiniens de l’accès à l’eau et à l’assainissement, restreint les droits de l’homme à la santé, à l’accès à des sources de travail décent, à la libre circulation et à une longue liste d’exactions dont « tous ceux qui se trouvent dans la salle du Conseil ont été les témoins de mois en mois et d’année en année ».  Elle a exprimé son plein appui à tous les efforts internationaux tendant à une solution pacifique de l’occupation de la Palestine. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a évoqué le débat général de cette soixante-treizième session de l’Assemblée générale durant lequel se sont fait jour des inquiétudes sur le multilatéralisme et la nécessité de le défendre, comme l’illustre la situation palestinienne.  Les bases d’une solution politique sont minées et il faut insister sur le fait que seul le multilatéralisme peut apporter une solution, a précisé la représentante.  Le Liban a toujours considéré que la solution des deux États est la seule durable, avec la mise en place d’un État palestinien indépendant dans les frontières d’avant 1967 et le retour des réfugiés. 

Malgré les difficultés, le Liban travaille à la composition d’un gouvernement d’unité nationale et la représentante a espéré qu’il permettrait de renforcer les institutions dans le pays.  En effet, 1,5 million de Syriens déplacés se trouvent au Liban, ce qui pèse sur l’économie et les infrastructures, et les réfugiés palestiniens continuent d’arriver.  En outre, Israël continue de violer la souveraineté du territoire libanais, de même que son espace aérien tous les jours.  Le Gouvernement tient à réitérer son engagement envers la résolution 1701 (2006) et coopère avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) afin de parvenir à un cessez-le-feu permanent. 

La représentante a indiqué qu’il travaille aussi à maintenir la stabilité de sa frontière sud mais que son homologue israélien a menacé la semaine dernière de prendre pour cible des installations libanaises.  Elle a fait valoir qu’il fallait éviter de laisser tout prétexte à Israël de lancer une agression menaçant l’intégrité du Liban.

M. TAREK FATHI MOHAMED MOHAMED TAYEL (Égypte) s’est dit nullement surpris par les violations subies par le peuple palestinien.  Si les discussions sur le sujet pouvaient paraître ennuyeuses car répétitives au Conseil de sécurité, le représentant a assuré qu’il ne s’agissait pas de simple rhétorique ou de statistiques creuses, mais d’un vécu, d’une réalité subie par des générations entières de réfugiés palestiniens qui ont été expulsés, ont perdu leur maison, ou sont nés sans patrie. 

Notant que la question palestinienne était « aussi vieille que ce conseil », il a rappelé que les résolutions de l’ONU adoptées depuis 1967 formaient un cadre suffisant pour agir, et qu’elles étaient très claires en ce qui concerne la colonisation et la destruction de maisons.  L’Égypte a réitéré que ces facteurs ne disparaissaient pas avec le temps, et que les droits des Palestiniens étaient des droits inaliénables. 

Arguant que la solution au conflit existait, qu’elle était connue de tous et qu’elle était conforme aux principes juridiques et humanitaires du droit international, il a noté que ce qui manquait était la capacité pour les mettre en œuvre.  « L’oubli des droits inaliénables des Palestiniens est un échec de la communauté internationale », a-t-il déclaré.  Au sujet de la tragédie humanitaire subie par les habitants de la bande de Gaza, le représentant a souligné que Gaza faisait partie intégrante du territoire palestinien. 

Mettant en garde contre la possibilité d’une escalade à cause de multiples facteurs - crise énergétique, affrontements à la frontière, difficultés pour pénétrer dans le territoire - il a appuyé qu’en dépit des conditions sécuritaires précaires, l’Égypte avait ouvert le passage de Jaffa à Gaza.  Mais ces mesures ne suffiront pas, selon lui, « si Israël ne se conforme pas au droit international ». 

Déployant des efforts assidus pour éviter de nouveaux affrontements à Gaza, l’Égypte a remercié le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, pour son travail, et appelé l’Autorité palestinienne et les membres de la communauté internationale à appuyer ses efforts. 

Souhaitant réfléchir à la manière d’agir en prenant en compte des expériences passées, le représentant a enfin noté que si la cause palestinienne était une donnée centrale pour le Moyen-Orient, « il ne fallait pas lier la cause du peuple palestinien à d’autres causes défendues dans la région ».

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a demandé « combien de temps encore l’occupation israélienne des territoires arabes doit-elle durer et faire de victimes pour que l’on estime que le Conseil de sécurité doit se saisir de la question ».  Il a ensuite déclaré que grâce à l’appui des États, membres permanents du Conseil de sécurité qui tentent de légitimer cette occupation, Israël continue d’occuper ces territoires, y compris « une partie chère à la Syrie », à savoir le Golan. 

Les « forces d’occupation » y appliquent leurs lois et y abritent même des groupes terroristes.  Elles ont, par exemple, décidé de condamner à 11 ans de prison un activiste syrien pour la simple raison qu’il avait documenté le soutien apporté par Israël au Front el-Nosra dans la zone de désengagement.  Aucune des puissances qui ont pris la parole ici n’a mentionné ces faits, alors qu’ils sont capables de documenter le lancement d’un cerf-volant depuis la bande de Gaza, a déclaré le représentant. 

Le représentant a également demandé « pourquoi 37 ans après son adoption, la résolution 497 (1982) du Conseil de sécurité n’est pas mise en œuvre ».  Or tout le monde sait que c’est le manque de mise en œuvre de cette résolution qui est la raison de toutes les violences dans la région, a-t-il affirmé.  C’est à cause de cette absence de mise en œuvre de ladite résolution que le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a pu prononcer devant l’Assemblée générale le 8 octobre dernier que « la présence israélienne dans le Golan est justifiée et une réalité que la communauté internationale doit reconnaître.  Tant que je serai vivant, Israël restera au Golan pour toujours », a affirmé le représentant, jugeant cette déclaration « inacceptable ». 

Quoi qu’il en soit, la Syrie n’entend pas pour sa part renoncer à ses droits sur tout l’ensemble de son territoire, consacré par les résolutions des Nations Unies.  Elle tiendra cette dernière, le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble responsables des conséquences de son refus d’appliquer les résolutions régulièrement adoptées et reconnues, a conclu le représentant. 

Mme LINDA ANNE SCOTT (Namibie) s’est dite préoccupée par les conclusions du Coordonnateur spécial et a rappelé la nature illégale en droit international de ces colonies, qui entravent la voie de la solution des deux États.  Elle a aussi déploré la destruction de structures palestiniennes ces cinq derniers mois par les autorités israéliennes, destructions qui ont conduit au déplacement de 145 Palestiniens dont 82 enfants.  Dénonçant un « usage disproportionné de la violence » par les forces israéliennes lors des manifestations le long de la frontière entre Gaza et Israël, elle a remercié l’ONU et l’Égypte d’être intervenus en faveur d’une désescalade.  Mme Scott a constaté que cette violence rend la situation encore plus critique à Gaza, menacée « d’effondrement », avec 53% de la population sans emploi, des foyers limités en électricité (seulement trois à quatre heures par jour), un accès à l’eau potable insuffisant, et un système de santé sous pression.

Regrettant la décision américaine d’arrêter de financer l’UNRWA, « une force stabilisatrice dans la région », et la décision du maire de Jérusalem de stopper les activités de l’UNRWA dans la ville, elle a aussi fustigé le Gouvernement des États-Unis pour avoir reconnu Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël et y avoir transféré son ambassade.  Elle a en outre qualifié la décision américaine de fermer le bureau de Washington de l’OLP de « contre-productive ».  Avant de conclure, Mme Scott a réitéré son soutien au combat pour l’autodétermination de la Palestine et son appel à Israël d’arrêter d’établir des colonies en Cisjordanie et de se retirer « de manière complète et inconditionnelle » des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté le fait que, 25 ans après les accords d’Oslo, l’optimisme engendré par la solution des deux États a laissé place au désespoir.  Alors que des éléments fondamentaux de cette solution sont en voie d’être démantelés « sous les yeux de la communauté internationale », les résolutions du Conseil de sécurité relatives au statut de Jérusalem continuent d’être bafouées, a-t-elle estimé.  L’expansion « illégale » des colonies israéliennes dans les territoires occupés et le démantèlement récent de la communauté de Khan al-Ahmar constituent autant d’exemples du déplacement forcé des Palestiniens de leurs terres et de la négation de leur existence en tant que peuple, a déploré la représentante. 

Après avoir dénoncé les « champs de la mort » de Gaza, Mme Lodhi s’est insurgée contre la décision d’un « important donateur » de mettre un terme à son appui financier à l’UNRWA, menaçant ainsi la viabilité de nombre de ses programmes.  Il incombe donc à la communauté internationale d’assurer la pérennité de ces services, et de préserver la solution des deux États.  « Les souffrances des Palestiniens sont aussi vieilles que les Nations Unies », a poursuivi la représentante, qui a vu dans le règlement de ce conflit la condition à l’établissement d’une paix durable dans la région. 

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déclaré qu’une femme palestinienne, mère de deux enfants, a récemment été tuée par un groupe de colons israéliens, par lapidation et par le simple fait qu’elle était Palestinienne.  Ce crime horrible rejoint d’autres crimes de la même nature commis par les colons et l’armée israélienne, comme celui qui consiste à vouloir détruire le village de Khan al-Ahmar, a dit le représentant.  L’Arabie saoudite réitère le caractère arabe et musulman des territoires palestiniens, y compris de Jérusalem-Est.  Elle rejette également l’occupation du Golan syrien et des territoires libanais. 

Cependant, l’Arabie saoudite continue de dénoncer le « régime qui a perdu toute légitimité et toute humanité » en Syrie.  Elle redit son impatience à voir le comité constitutionnel commencer ses travaux afin de rédiger une nouvelle constitution et préparer la transition politique en Syrie.

L’Arabie saoudite dénonce également l’ingérence iranienne dans les pays de la région, notamment son intervention en Syrie et au Yémen.  Les preuves du soutien de ce pays aux milices houthistes existent a assuré le représentant, citant le transfert d’armes lourdes à ces milices rebelles.  L’Arabie saoudite condamne également l’occupation iranienne des îles Grande Tunb, Petite Tunb et Abu Moussa appartenant aux Émirats arabes unis, a dit son représentant. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a estimé que la situation actuelle aurait pu être évitée et qu’elle est le résultat d’actions délibérées, comme la pression croissante sur la vie quotidienne des Palestiniens, le maintien du blocus, l’usage excessif de la force contre des civils, les restrictions imposées aux musulmans, le déplacement de villageois, un effort systématique pour saper les droits inaliénables du peuple palestinien.  Chacun a le droit d’avoir son opinion mais, a rappelé la Turquie, d’après le droit international, les Palestiniens ont le droit à un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale. 

Pour la Turquie, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dont les services sont essentiels pour les besoins de base des réfugiés, est la plus récente cible des efforts visant à punir collectivement les Palestiniens. 

Alors qu’elle assure la présidence de la commission consultative de l’UNRWA et son groupe de travail sur le financement, la Turquie a augmenté sa contribution annuelle et a demandé aux bailleurs de fonds de se mobiliser pour l’aider.  La communauté internationale doit remplir sa responsabilité morale, a conclu le représentant.

M. KORO BESSHO (Japon) a réaffirmé l’attachement du Japon à la solution des deux États: « nous continuons à croire que la solution la plus réaliste est celle de deux États souverains vivant côte à côte le long de frontières sécurisées et reconnues ».

Notant que la confiance était rompue entre les parties, il a estimé que chaque État Membre avait un rôle à jouer pour surmonter l’impasse.  Pour sa part le Japon reste engagé à construire la confiance et à créer une atmosphère positive, et a noté que « le rôle des États-Unis restait important ».

M. Bessho a relevé que la crise humanitaire à Gaza devait être résolue.  Il a salué les efforts du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, et son équipe pour réduire la violence, et soutenu l’application du programme du Comité de liaison ad hoc, et demandé à Israël et l’Autorité palestinienne de s’assurer qu’il bénéficiera au peuple de Gaza.  Il a aussi qualifié de « crucial » le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza.

Le Japon a vivement critiqué Israël pour sa politique de colonisation dans les territoires palestiniens ainsi que pour la destruction de structures palestiniennes, parce qu’elles « minent l’espoir du peuple palestinien ainsi que la viabilité d’une solution des deux États ».

Souhaitant investir dans les générations futures, le Japon va démarrer un programme annuel d’échanges entre professeurs de la bande de Gaza et du Japon.  Dans la même veine, le Japon a loué le rôle de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et annoncé une aide supplémentaire de 4,5 millions de dollars à l’agence pour résoudre les problèmes de coupures d’électricité à Gaza. 

S’agissant de la Syrie, M. Bessho a noté que l’accord entre la Russie et la Turquie avait amené à un cessez-le-feu provisoire à Edleb; il a souhaité qu’il devienne permanent, compte tenu de la menace planant sur plus de trois millions de civils.  Appelant à une avancée du processus politique, il a salué les efforts du Représentant spécial du secrétaire général, y compris la mise en place d’une commission constitutionnelle. 

M. Bessho a enfin assuré que le Japon continuerait à apporter une assistance humanitaire à tous les Syriens en difficulté, peu importe qui contrôle le terrain. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré que sa position sur la question palestinienne est constante, à savoir que le peuple palestinien frère a droit à son État, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité.  En tant que gardien des lieux saints musulmans, la Jordanie condamne les tentatives d’annexion de Jérusalem-Est et met en garde contre la nature explosive de cette initiative israélienne.  S’agissant de la Syrie, la Jordanie appelle à une résolution politique du conflit, d’autant qu’il n’y pas de solution militaire.  Elle estime que la paix ne peut être atteinte que par la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et le processus de Genève.  Elle rejoint également le communiqué du « Small group » appelant au lancement rapide des travaux du comité constitutionnel, a conclu la représentante. 

Mme JOANNE ADAMSON, Chargée d’affaires de l’Union européenne, a rappelé que l’Union européenne était le plus important bailleur de fonds de l’UNRWA, au budget duquel ses États membres ont contribué à hauteur de 146 millions d’euros depuis le début de l’année.  L’Union, a-t-elle dit, continue d’exhorter Israéliens et Palestiniens à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de remettre en cause les négociations ou mettre en péril la viabilité d’un futur État palestinien.  Après avoir exprimé sa préoccupation devant la démolition annoncée du village bédouin de Khan al-Ahmar, la représentante a déclaré qu’il fallait renverser les tendances à l’œuvre sur le terrain et retrouver le chemin de la solution des deux États.  Évoquant la situation en Syrie, la représentante a rappelé que la responsabilité première de la catastrophe humanitaire sur place incombait au Gouvernement syrien.  L’Union, a-t-elle ajouté, espère que le mémorandum d’accord signé à Edleb par les parties au conflit sous les auspices des garants d’Astana sera pleinement mis en œuvre. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a réitéré son soutien à la solution des deux États, dans les frontières de 1967 internationalement reconnues et conformément au droit international, à la Charte des Nations Unies, aux résolutions pertinentes et aux directives du processus de paix. 

L’expansion des colonies de peuplement israéliennes en Palestine, qui sont illégales au regard du droit international, et la rhétorique violente des deux côtés continuent d’empêcher de parvenir à une paix durable dans la région, a déploré le représentant.  Il a également exprimé sa grande préoccupation quant à la situation humanitaire dans la bande de Gaza, estimant que l’escalade de la violence ces derniers mois souligne l’urgence d’une solution politique au conflit, qui implique une réconciliation interpalestinienne. 

Au sujet de la situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le Brésil a souligné, comme membre de sa commission consultative, le rôle essentiel que joue l’agence pour garantir la santé, l’éducation et d’autres services de base à près de 5,3 millions de réfugiés et a appelé toutes les parties à s’abstenir de toute action qui puisse mettre en jeu sa capacité à remplir son mandat. 

En venant à la situation en Syrie, le Brésil a salué l’accord visant à créer une zone démilitarisée entre les forces de l’opposition et du gouvernement dans la région d’Edleb.  Il a renouvelé son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura, et aux négociations de Genève pour parvenir à une solution politique inclusive, conformément à la résolution 2254 (2015) et en tirant parti des conditions offertes par le processus d’Astana. 

Enfin, le Brésil a déploré la grave crise humanitaire provoquée par la guerre civile au Yémen et s’est alarmé des allégations répétées de violations du droit international humanitaire.  Il a exprimé sa préoccupation à propos de la situation dans le port d’Hodeïda et a appelé toutes les parties à s’assurer qu’il reste opérationnel afin d’éviter une aggravation de la situation humanitaire.  M. Vieira a assuré l’Envoyé spécial, M. Martin Griffith, de son soutien à ses plans de relance des négociations politiques et a appelé toutes les parties à chercher une solution négociée au conflit. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé son soutien constant à la solution des deux États, la seule qui soit viable à son avis et capable de répondre aux attentes de coexistence pacifique des Israéliens et des Palestiniens.  Il s’est dit inquiet des faits rapportés par le Coordonnateur spécial et a appelé Israël et la Palestine à faire preuve de sagesse, de responsabilité et de volonté politique pour arriver à un accord de paix historique.  Le nonce a demandé aux voisins de la région et aux autres États impliqués de soutenir le processus de paix au lieu de lui faire obstacle ou de le saborder pour leurs propres intérêts. 

Mgr Auza a réaffirmé le statut historique de Jérusalem et rejeté toute mesure unilatérale visant à le modifier, souhaitant que l’ONU l’examine avec soin, comme recommandé par l’Assemblée générale dans sa résolution 181 (1947).  Pour le Saint-Siège, la Ville sainte devrait être un lieu de convergence et de paix, où les fidèles des trois religions monothéistes puissent jouir d’un accès libre et sans entrave aux lieux saints.  « Qu’elle devienne vraiment ce qu’elle signifie: Ville de paix », a-t-il lancé.  Le nonce a conclu en plaidant pour que l’UNRWA puisse continuer à fonctionner, ce qui éviterait que la situation dans la région n’empire, et en faisant remarquer que les organisations de l’Église catholique fournissent elles-mêmes des services sociaux, d’éducation et de santé aux Palestiniens.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a déclaré que la communauté internationale semble être « spectatrice impuissante qui ne ressent plus rien des crimes et actes illégaux » commis par une occupation qui dure depuis trop longtemps. 

L’Indonésie qui soutient la cause palestinienne est consciente que la Charte des Nations Unies n’offre pas au Conseil un mécanisme chargé de vérifier que ses résolutions sont bien appliquées.  Mais ce dernier est informé qu’elles ne le sont pas s’agissant de la Palestine, a dit la représentante, invitant le Conseil de sécurité à ne pas faire de « deux poids, deux mesures ». 

M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a appelé le Conseil de sécurité à mettre un terme à « la détérioration continue » de la situation dans les territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est.  C’est d’autant plus urgent, a-t-il estimé, que 51 ans après le début de « l’occupation israélienne », les Palestiniens demeurent confrontés à « l’absence d’un horizon politique clair », susceptible de conduire à une solution « juste durable et pacifique ». 

Bien au contraire, l’expansion des colonies de peuplement israéliennes sapent, selon lui, la continuité du territoire palestinien et entrave les droits fondamentaux du peuple palestinien.  À cela s’ajoute la persistance des Israéliens à déplacer de force des civils palestiniens et à s’emparer de leurs terres, a dénoncé M. Niang, citant la démolition récente d’un village bédouin à Khan al-Ahmar.  Le Président du Comité a également déploré la prise de « mesures unilatérales » susceptibles de remettre en cause le consensus sur les questions relevant du statut final, y compris Jérusalem. 

M. Niang est revenu sur la situation socioéconomique et humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza, autant de facteurs qui risquent selon lui de conduire à une nouvelle escalade militaire.  Le Président du Comité a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à œuvrer en faveur de la désescalade des tensions.  Tout en exhortant Israël à lever le blocus en cours depuis 11 ans, M. Niang a appelé les États Membres à renforcer leur soutien financier envers l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

S’agissant de l’actualité la plus récente, M. Niang a rappelé que les manifestations en cours avaient fait de nombreuses victimes civiles palestiniennes à Jérusalem comme à Gaza.  Il a appelé à relancer les efforts multilatéraux pour sortir le processus de paix de l’impasse, en vue de parvenir à la solution des deux États.  Le Président du Comité s’est dit heureux de constater que 139 États avait à ce jour reconnu l’État de Palestine. 

De même, il s’est réjoui de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 73/5, qui accordent des prérogatives supplémentaires temporelles à l’État de Palestine, dans la perspective de son accès à la présidence du Groupe des 77 et la Chine, en janvier 2019.

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a déclaré que l’expansion des colonies de peuplement israéliennes, et la belligérance des forces de défense israéliennes ne font rien pour créer les conditions nécessaires à la reprise des pourparlers de bonne foi entre les parties au conflit.  Elles sont plutôt de nature à exacerber les « externalités négatives », comme la crise des réfugiés palestiniens, a-t-il précisé.  C’est la raison pour laquelle la délégation a invité à reconnaître le travail fourni par l’UNRWA en faveur de cette population.  L’Afrique du Sud a salué à cet égard les récentes annonces de contribution faites pour le financement des activités de cette agence onusienne. 

Revenant au processus de paix, le représentant a réaffirmé que la responsabilité de la paix repose entre les mains des peuples d’Israël et de la Palestine.  Il a appelé ces peuples à reprendre leurs négociations sur la base des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, ainsi que des principes de Madrid, de l’Initiative de paix arabe, et de la feuille de route du Quatuor pour le Moyen-Orient.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh), s’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a exigé que le droit international soit respecté à propos de la question palestinienne et que la communauté internationale prenne des mesures collectives dans ce but.  Regrettant « l’absence d’actions judiciaires ou politiques sérieuses » que le Conseil de sécurité pourrait prendre en charge, il a estimé que le fait de ne pas faire assumer ses responsabilités par Israël exacerbait la souffrance du peuple palestinien, et créait une situation volatile et insoutenable. 

L’OCI a prévenu que cette impasse politique n’était ni viable, ni acceptable.  Pour elle, le Conseil de sécurité ne doit plus se contenter d’observer « alors qu’Israël persiste dans sa politique d’occupation illégale et destructrice » menaçant les projets d’une solution des deux États le long des frontières de 1967, sans compter que, selon lui, « cette politique est en violation flagrante des droits légitimes du peuple palestinien » et « constitue à plusieurs égards des crimes de guerre ».  M. Bin Momen a réclamé la mise en application de la résolution 2334 (2016) pour sauver la solution de deux États et raviver le processus de paix. 

Évoquant les « attaques fréquentes » de la police et de colons israéliens sur des fidèles musulmans à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem comme des facteurs aggravants qui menacent de transformer Jérusalem en « capitale de la haine, du fanatisme et de la violence » au lieu de la capitale de la tolérance, l’OIC a aussi dénoncé « l’offensive militaire brutale israélienne » le long de la bande de Gaza « sur des manifestants pacifiques, y compris des enfants », et réitéré son appel au Conseil de sécurité pour que soit levé le « blocus israélien illégal » sur Gaza.  Enfin, déplorant les manques de fonds alloués à l’UNRWA, M. Bin Momen a réitéré son soutien à la structure onusienne dont il a loué le « rôle vital ».

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a réitéré son inébranlable soutien à la « juste cause » du peuple palestinien, en particulier dans la conjoncture actuelle, qui demande une solution urgente, conformément au droit international, aux résolutions pertinentes de l’ONU et à la Charte des Nations Unies.  La délégation a rappelé la responsabilité claire qui incombe au Conseil: défendre ses obligations dans le cadre de la Charte et agir pour défendre ses propres résolutions. 

Favorable à la réussite d’une solution pacifique, juste et durable, le Mouvement a lancé un appel pour intensifier les efforts nécessaires à l’échelle régionale et internationale pour mettre fin à plus de 51 ans d’occupation israélienne de la Palestine, y compris Jérusalem-Est.  Il considère que la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité constitue la voie la plus viable vers la paix et matérialise la solution des deux États. 

La délégation a également réitéré son appel au plein respect et à la mise en œuvre de toutes les autres résolutions pertinentes et à des actions immédiates pour réduire les tensions et favoriser un climat propice à la recherche de la paix, en évitant d’adopter des mesures unilatérales et arbitraires qui ne servent qu’à encourager les pratiques illégales d’Israël dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est.  Elle a déploré que le Conseil se soit montré incapable de respecter son mandat en raison de l’utilisation du veto de l’un de ses membres permanents. 

Au sujet de la profonde crise de financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), la délégation a réaffirmé l’urgence de lui fournir un soutien prévisible et ininterrompu, en particulier après la décision punitive et injustifiée des États-Unis de mettre un terme à leurs contributions à l’organisme, ce qui non seulement affecte l’assistance humanitaire mais menace aussi la stabilité de toute la région. 

Quant à la situation à Gaza, elle préoccupe gravement le Mouvement, qui a réitéré son appel à la levée totale du blocus israélien de la bande de Gaza, qui provoque des souffrances économiques, sociales et humanitaires pour plus de deux millions d’enfants, de femmes et d’hommes palestiniens. 

De plus, étant donné qu’Israël a clairement abandonné ses obligations en tant que puissance occupante de protéger la population civile palestinienne, en application des dispositions de la IVe Convention de Genève, le Mouvement a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle assure cette protection afin d’empêcher toute nouvelle perte de la vie d’un innocent.  À cet égard, le Mouvement a fait part de sa préoccupation quant à l’absence de reddition de comptes pour les violences commises par Israël, ce qui encourage l’impunité et réduit les perspectives de paix. 

Enfin, le Mouvement des pays non alignés a exigé une fois de plus qu’Israël respecte la résolution 497 (1981) et se retire totalement du Golan syrien occupé dans les lignes du 4 juin 1967.

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a commencé par se féliciter de la désignation, entérinée par un vote à l’Assemblée générale, de l’État de Palestine comme président du G77 et la Chine.  Il est à espérer que cela soit un signe de bon augure pour une plus grande reconnaissance de l’État de Palestine, a-t-il déclaré. 

Le représentant a rappelé que Jérusalem jouit d’un statut particulier.  Jérusalem a « une place juridique inviolable » reconnue par les résolutions de l’ONU.  Il faut donc se garder de modifier son statut juridique, au risque de miner la solution des deux États et d’aggraver les tensions, a-t-il prévenu, réitérant le soutien de son pays à la cause palestinienne et à son droit d’avoir un État dans les frontières de 1967. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré non seulement l’absence de progrès en faveur de la juste cause du peuple palestinien mais aussi la détérioration de la situation sur le terrain et les décisions arbitraires telles que le retrait du soutien financier à l’UNRWA de la part d’un État Membre.  Elle a jugé déplorable que le Conseil de Sécurité n’ait même pas condamné l’escalade de violence et les événements tragiques dans la bande de Gaza depuis le 30 mars en raison de l’obstruction de l’un de ses membres.  Mme Rodríguez Abascal a réitéré son rejet catégorique de l’utilisation disproportionnée de la force par Israël contre des civils palestiniens, en violation grave et flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire.  Elle a condamné la construction illégale de colonies israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, la démolition de propriétés palestiniennes et le blocus, invoquant la quatrième Convention de Genève.

La représentante a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il assume ses responsabilités de maintien de la paix et de la sécurité et qu’il exige d’Israël la fin immédiate de l’occupation, des politiques agressives et des pratiques colonisatrices, de même que le respect des résolutions sur la situation au Moyen-Orient.  Elle a également condamné la décision unilatérale des États-Unis d’installer leur ambassade à Jérusalem, ce qui accroît les tensions dans la région, et a appelé à soutenir la proposition du Président Mahmoud Abbas d’organiser une conférence internationale de paix.  Enfin, Cuba a demandé une nouvelle fois le retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que la situation au Moyen-Orient demeure instable, et que la question palestinienne est centrale à cet égard.  Une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient doit reposer sur l’Initiative de paix arabe et le retour aux frontières d’avant 1967, a-t-elle affirmé.  Le blocus injuste contre Gaza se poursuit et ses habitants vivent une tragédie humaine, a-t-elle dénoncé, en soulignant que son pays avait versé 50 millions de dollars au programme scolaire de l’UNRWA, une démarche qui s’inscrit dans le cadre des efforts consentis par le Qatar pour réunir les conditions propices à la paix.  Par ailleurs, cela fait plus d’un an qu’un blocus a été imposé au Qatar, une situation qui a rompu l’unité régionale pourtant nécessaire dans la résolution des crises, s’est élevée la représentante, qui a moqué les « agissements irresponsables » de certains pays contre son Gouvernement et son peuple.  « Nous sommes prêts à négocier de bonne foi », a-t-elle réitéré, en faisant toutefois valoir le principe de souveraineté nationale du Qatar.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Ligue des États arabes) a déclaré que la paix sur le terrain est menacée par des actions unilatérales qui sapent la légitimité internationale.  Parmi ces actes, il a cité l’annexion de Jérusalem-Est ou encore les attaques contre les institutions défendant les droits des Palestiniens, notamment l’UNRWA.  Face à cette situation, une protection juridique est nécessaire aux Palestiniens, a réclamé le représentant en demandant notamment qu’ils soient protégés non seulement de la violence israélienne, mais aussi des lois racistes adoptées par Israël.  Il faut également protéger les lieux saints, a dit l’Observateur, appelant le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à soutenir le plan de paix arabe. 

M. TORE HATTREM (Norvège), très préoccupé par l’escalade militaire à Gaza, a condamné les tirs de roquette depuis cette région vers Israël.  Il a appelé toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue, et déploré les récentes tentatives de saper la mise en place rapide d’un programme humanitaire de l’ONU à Gaza.  Décrivant un territoire au bord du chaos, il a qualifié « d’urgents » l’accès amélioré à l’eau potable et à l’énergie, la création d’emplois, et la liberté de circulation des biens et des personnes dans la bande de Gaza.  La Norvège continuera à travailler avec l’ONU, l’UE et des donateurs clefs pour assurer la mise en application de tous les éléments du programme d’aide humanitaire, a souligné M. Hattrem, qui a aussi jugé qu’il serait crucial que l’OLP collabore avec les Nations Unies et la communauté internationale sur ce point. 

Jugeant que le Hamas portait une grande part de responsabilité dans la situation actuelle à Gaza, il a appelé l’organisation à cesser ses provocations, et rappelé que c’était l’Autorité palestinienne et la communauté internationale qui procuraient de l’aide au peuple de Gaza.  À son avis, l’Autorité palestinienne devrait gouverner de nouveau le territoire et réunifier la Palestine sous une seule autorité. 

Il est contre-productif, a-t-il dit, d’arrêter d’aider financièrement Gaza et d’appauvrir davantage la population; il faut donc selon lui qu’Israël fournisse de nouveau des vivres à Gaza, élargisse la zone de pêche, et lève ses restrictions contre la circulation des personnes et des biens en direction et depuis Gaza. 

Déplorant le déclin de l’économie palestinienne en 2018 due à la baisse des contributions internationales, à l’évasion fiscale et aux restrictions multiples, M. Hattrem a réclamé une hausse des contributions, y compris à l’UNRWA, pour que l’économie palestinienne demeure viable.  Il a enfin appelé le Gouvernement israélien à ne pas détruire le village bédouin de Khan al-Ahmar pour préserver la contiguïté territoriale du futur État palestinien.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a affirmé que la situation en Palestine continue de se détériorer, le nombre de manifestants tués étant passés à 200 et le nombre de blessés à 22 000.  « Pourquoi manifestent-ils? », s’est-il demandé.  À cause de la violation systématique de leurs droits inaliénables au cours des 70 dernières années, de l’occupation de leur territoire, du siège « inhumain » de Gaza, de la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale, de la « légalisation » du racisme par Israël, de la démolition de leurs foyers, et de la construction de colonies de peuplement, a énuméré le représentant. 

« Mais pourquoi Israël tue-t-il les Palestiniens? » a encore lancé M. Khoshroo.  Parce qu’ils sont palestiniens, qu’ils n’ont pas de droits à ses yeux, et parce qu’« Israël est complètement accro à la cruauté, au crime, à la mort et à la destruction », a accusé le représentant.  Il a également accusé les États-Unis d’avoir inconditionnellement protégé Israël de la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016), donnant à Tel-Aviv l’audace de se livrer à des « crimes internationaux ». 

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a rappelé la recommandation, il y a « un demi-siècle », du Secrétaire général concernant la solution des deux États, ainsi que les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité à cet effet.  Estimant qu’il en va de crédibilité de l’ONU et de la légitimité du Conseil à préserver la paix et la sécurité internationales, il a exhorté les États Membres à respecter ces résolutions.  Le mois dernier, les tribunaux israéliens ont rejeté une pétition visant à empêcher la démolition d’un village de Cisjordanie, a-t-il rappelé, tout en demandant que les responsables des « violations multiples du droit international » répondent de leurs actes. 

Plus de sept ans après le début de la guerre en Syrie, M. Mohamed a demandé aux parties au conflit de respecter les droits de l’homme et de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.  Face aux groupes terroristes qui continuent de semer la destruction dans toute la région, il a appelé à l’intensification de la coopération internationale et du partage de l’information, ainsi qu’à l’adoption de stratégies communes de lutte contre l’extrémisme violent. 

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a constaté qu’en dépit des multiples initiatives internationales, aucune solution n’a encore été trouvée à la question palestinienne.  Or la seule qui soit viable est la mise en œuvre de la solution des deux États, a dit le représentant, avant de regretter que les développements sur le terrain montrent qu’il sera difficile de constituer un État palestinien.  Pour autant, et en tant qu’ami d’Israël et des Palestiniens, l’Uruguay est d’avis que des mesures nécessaires à la reprise des pourparlers sont à prendre, notamment la cessation d’activités considérées comme terroristes, comme le tir d’engins explosifs depuis Gaza.  Il faut également cesser les activités de colonisations et libérer les prisonniers palestiniens, a réclamé le délégué.  Il faut par ailleurs préserver le contexte multiculturel et multi religieux autour de Jérusalem, a encore cité le représentant.  Les gouvernements ne peuvent pas tourner le dos aux solutions présentées par la communauté internationale, a-t-il conclu. 

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a constaté que la majorité des États Membres ont exprimé leur préoccupation devant la situation à Gaza, appelant de leurs vœux la solution pacifique des deux États.  Le bilan des victimes palestiniennes cette année révèle une hausse très nette s’agissant du nombre de manifestants tués près de la frontière entre Gaza et Israël, a-t-elle déploré.  La représentante a espéré que la mission d’établissement des faits dépêchée par le Conseil des droits de l’homme pourra mener une enquête approfondie sur les crimes commis.  L’Équateur a souligné en conclusion la nécessité de lutter contre l’impunité et les causes profondes du conflit.

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a déclaré que les parties doivent  s' abstenir de tout acte unilatéral de nature à entraîner des actes de violence sur le terrain.  En tant que soutien traditionnel du peuple palestinien, la position de l’Iraq est que la crise doit se résoudre par la création d’un État de Palestine.  Pour cette raison, la délégation appuie le plan de paix proposé par l’Autorité palestinienne et les résolutions des Nations Unies relatives à la protection des civils palestiniens.  À ce titre, la délégation estime aussi qu’il ne faut pas porter atteinte au mandat de l’UNRWA. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est dit préoccupé par la situation au Moyen-Orient, en particulier par le conflit prolongé entre Israël et la Palestine, mais aussi par les situations en Syrie, au Yémen, en Iraq et en Afghanistan.  Il a réaffirmé le soutien de sa délégation à la lutte légitime du peuple palestinien pour leurs droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination et à l’établissement d’un État souverain et indépendant.  Le représentant a exhorté toutes les parties concernées à respecter le droit international, à faire preuve de la plus grande retenue et à cultiver le dialogue.  Nous appelons Israël à mettre fin à toutes les colonies de peuplement et à agir pour protéger les civils et à améliorer les conditions de vie des Palestiniens, a ajouté M. Quy.

M. MOHO AINI ATAN (Malaisie) a également appelé les parties à la retenue pour éviter toute escalade de la situation.  Au Conseil de sécurité et à la communauté internationale dans son ensemble, il a demandé d’obtenir d’Israël qu’il respecte ses obligations internationales, y compris celles au titre du droit international et des résolutions des Nations Unies.  Le représentant a enfin assuré de la disponibilité de son pays à aider le peuple palestinien, dont il soutient la cause. 

M. HAMOOD SALIM ABDULLAH AL TOWAIYA (Oman) a rappelé l’existence de l’initiative « Terre contre paix », en soulignant le fait que les pays arabes n’avaient ménagé aucun effort pour faire prévaloir la paix.  Cependant, Israël tergiverse et refuse de respecter le droit international, a regretté le représentant, qui a salué la résolution 2334 (2015) du Conseil de sécurité, laquelle représente un premier pas dans la bonne direction.  Il s’est élevé contre l’ouverture d’ambassades ou de représentations diplomatiques à Jérusalem-Est.  Sa délégation a constaté, en conclusion, la situation financière déplorable que connaît l’UNRWA, ce qui n’a pas empêché cette agence de fournir une aide considérable aux réfugiés palestiniens. 

Alors que des millions d’êtres humains continuent d’être affectés par les conflits armés au Moyen-Orient, M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a dénoncé la poursuite d’une « tragédie humanitaire aux proportions scandaleuses » qui constitue un « affront à l’humanité ».  Il a exhorté le Conseil de sécurité à exercer « pleinement » son mandat de préserver la paix et la sécurité internationales, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies.  S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a exprimé sa vive préoccupation face à l’escalade des tensions et aux provocations des deux parties.  Il a condamné les expropriations de terres et la construction de nouvelles colonies, notamment à Khan el-Ahmar, arguant que de telles actions sont contraires au droit international et ont pour effet de saper les fondements de la solution des deux États.  « Chaque nouvelle colonie construite dans les territoires occupés est un nouvel obstacle qui se dresse sur le chemin de la paix », a expliqué M. Carazo. 

La situation financière « sans précédent » de l’UNRWA a pour effet d’aggraver la détresse de la population de Gaza, a poursuivi le représentant, tout en saluant la tenue, en septembre dernier, d’une réunion ministérielle destinée à mobiliser les appuis politiques et financier en faveur de l’agence.  Seuls les instruments diplomatiques et multilatéraux peuvent mener à une paix juste et durable, a conclu M. Carazo. 

Reprenant la parole, le représentant d’Israël a déclaré que l’Iran est le principal soutien du terrorisme au plan international.  Ce pays dépense 7 millions de dollars par an en soutien à divers groupes et organisations terroristes à travers le monde, en plus des livraisons d’armes fabriquées dans ce pays.  L’Iran assassine en outre des citoyens étrangers, européens notamment, a accusé le représentant.

Répondant à la délégation syrienne, il a dit que ses déclarations ne détourneront pas l’attention du monde sur ce qui se passe dans son pays.  Quant au Liban, il n’est pas étonnant de l’entendre critiquer Israël, étant donné que « des représentants du Hezbollah, responsables de tirs de roquettes contre Israël, font partie de son gouvernement », a-t-il conclu.

À son tour, le représentant de la République islamique d’Iran a reproché aux États-Unis d’être « accros » à la désinformation, de la même façon qu’ils sont « accros » aux sanctions économiques.  La déclaration faite contre son pays ne vise qu’à dissimuler les crimes d’Israël.  S’agissant des enfants iraniens, « quelle est la réalité? » a demandé le représentant.

Répondant à sa propre question, il a déclaré que des centaines d’enfants iraniens sont morts par la faute des armes chimiques de Saddam Hussein, fournies essentiellement par les États-Unis.  L’organisation terroriste des moujahidin du Peuple (MKO) a également tué des centaines d’enfants iraniens et a aujourd’hui trouvé refuge aux États-Unis, après avoir été retirée de la liste des organisations terroristes tenue par ce pays.  Par ailleurs, en 1998, les États-Unis ont abattu un avion civil iranien, tuant 290 passagers, dont 66 enfants.  De plus, les sanctions illégales américaines contre l’Iran tuent des enfants iraniens.  « C’est ainsi que les États-Unis protègent les enfants iraniens », a ironisé le représentant.

S’adressant cette fois à l’Arabie saoudite, il a déclaré que « ce pays de la terreur » n’a aucune légitimité à parler des îles iraniennes situées dans le golfe Persique.  « Oui, le golfe Persique, puisque c’est comme ça qu’il s’appelle et non autrement », a conclu le représentant.  

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