De retour de RDC, en pleine phase préélectorale, la délégation du Conseil de sécurité présente un pays « à un moment charnière de son histoire »
Tout juste de retour de la République démocratique du Congo (RDC), où le Conseil de sécurité l’avait dépêchée, une délégation formée de la Bolivie, de la France et de la Guinée équatoriale a fait aujourd’hui aux autres membres du Conseil un compte rendu de sa mission dans un pays en pleins préparatifs de ses élections présidentielle, législatives et provinciales prévues le 23 décembre prochain.
Cette mission, qui s’est déroulée du 4 au 8 octobre à Kinshasa, a permis au Conseil de s’entretenir de la situation politique préélectorale avec un grand nombre d’acteurs, à commencer par le Président, M. Joseph Kabila, son Premier Ministre, des représentants de la majorité présidentielle et de l’opposition, un groupe de femmes candidates, mais aussi la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), des représentants des mouvements de défense des droits de l’homme, et des associations humanitaires, ainsi que la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC, la MONUSCO.
« La RDC est à un moment charnière de son histoire: pour la première fois, une transmission pacifique du pouvoir à l’issue des élections est possible, ouvrant la voie à la consolidation de la stabilité dans le pays et à la création des conditions propices à son développement. C’est un réel motif d’espoir, mais sa réalisation nécessite que toutes les forces politiques parviennent à s’unir pour répondre au souhait du peuple congolais », a assuré le représentant français, M. François Delattre. « Le dialogue reste la seule voie pour surmonter les différends qui subsistent », a-t-il ajouté.
En effet, si la délégation du Conseil a pu prendre la mesure des avancées dans les préparatifs électoraux, sa visite lui a aussi permis d’exprimer l’importance d’effectuer des pas supplémentaires pour créer la confiance et les conditions du consensus le plus large possible sur l’organisation tant politique que technique des élections. « Il revient aujourd’hui à l’ensemble des forces politiques de s’assurer que le pays reste sur la voie de la paix et du renforcement des institutions démocratiques », a souligné le représentant français qui a ajouté « des compromis seront nécessaires de part et d’autre, et nous espérons que l’esprit de responsabilité des acteurs politiques prévaudra ».
La délégation a encouragé les parties à mettre en œuvre dans son intégralité l’Accord du 31 décembre 2016 et les mesures de décrispation lesquelles, a précisé M. Delattre, devront s’accompagner d’un débat politique libre et constructif, où la liberté d’opinion, de réunion, un accès équitable aux médias seront garantis et les libertés fondamentales respectées. La délégation a d’ailleurs salué, à cet égard, le bon déroulement de la réunion de l’opposition le 29 septembre et a appelé les autorités congolaises à lever dès maintenant l’interdiction de manifester.
De son côté, la représentante de la Bolivie, Mme Verónica Cordova Soria, a attiré l’attention sur les situations humanitaire et sécuritaire en RDC, en particulier dans les provinces de l’Ituri, du Nord et Sud-Kivu et des Kasaï, théâtres de rivalités autour des ressources naturelles, d’affrontements entre groupes armés et communautés, et de violences interethniques.
La délégation, a-t-elle souligné, a appelé le Gouvernement de la RDC à enquêter sur toutes les allégations d’actes de violence, y compris sexuelle, dont celles relatives à la participation possible de la police nationale ou des forces armées, et l’a exhorté à traduire les responsables en justice.
Mme Cordova Soria a en outre encouragé la RDC à faire davantage, avec l’appui de la MONUSCO, pour mettre fin à la menace posée par les groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF). En raison de cette déplorable crise, le budget de l’aide humanitaire a doublé, a-t-elle constaté à regret, en se félicitant de la coopération démontrée par les partenaires internationaux jusqu’à présent pour financer la réponse, au moment où le pays est également confronté à la réapparition d’Ebola.
Abordant quant à elle la question de la MONUSCO, la représentante de la Guinée équatoriale, Mme Susana Radegunda Edjang Mangue, a expliqué que la délégation du Conseil avait conclu que la Mission avait fait des efforts significatifs pour améliorer son efficacité et ses performances, s’adapter aux nouveaux défis et « devenir plus robuste et plus flexible ». Elle a réitéré la confiance totale du Conseil à cette « phase d’adaptation ».