8349e séance – matin
CS/13499

Le Conseil de sécurité discute des différentes initiatives pour améliorer la performance du personnel de maintien de la paix

Près de six mois après de lancement de l’initiative « Action pour le maintien de la paix », le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a passé au crible, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les mesures prises pour améliorer l’efficacité de ce pilier emblématique du travail de l’ONU, tout en soulignant que le maintien de la paix ne pourra pas réussir sans l’engagement et la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes, « à commencer par les États Membres ».

« L’amélioration du maintien de la paix est une tâche collective qui exige de tous les acteurs concernés qu’ils améliorent leur performance, en bénéficiant du soutien des uns et des autres », a déclaré M. Jean-Pierre Lacroix.

Intervenant quelques jours avant la tenue, le 25 septembre, de la manifestation de haut niveau sur l’« Action pour le maintien de la paix », M. Lacroix a appelé les États Membres à se joindre aux 55 pays qui ont endossé la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix.  Il a aussi assuré que le Secrétariat de l’ONU veille à la mise en œuvre du Plan d’action pour renforcer la sécurité et la sûreté des Casques bleus, leur dispensant une formation plus ciblée et leur assurant les équipements nécessaires.

Les effets de ces efforts collectifs commencent à se manifester mais beaucoup reste à faire, a reconnu le Secrétaire général adjoint.  Il faut rester vigilant et mobilisé même s’il est vrai, a-t-il témoigné, que les Casques bleus réagissent de manière plus efficace aux menaces et aux attaques et protègent les civils plus efficacement.

Pour renforcer la performance des Casques bleus, les États-Unis ont présenté les « trois priorités très simples » du projet de résolution qu’ils comptent soumettre.  Ce texte exigerait un processus « en temps et transparent » de communication au Conseil de sécurité et aux États concernés sur tout échec.  Il créerait aussi des mesures de responsabilité contre les mauvaises performances et reconnaîtrait en outre le rôle des données pour améliorer la performance. 

« Mieux informés, le Conseil, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et de personnel de police et les donateurs pourront travailler ensemble pour recruter et retenir les plus qualifiés et les plus compétents », ont expliqué les États-Unis.

De nombreuses délégations ont en effet insisté sur l’importance de la formation du personnel qui doit s’adapter à des environnements de plus en plus complexes, comme l’a dit la Côte d’Ivoire, au nom de la Guinée équatoriale et de l’Éthiopie.  Elle a toutefois fait observer qu’en l’absence de ressources adéquates, il sera difficile pour les contingents de s’acquitter de leurs tâches.

Pour la France, la performance passe par des mandats « clairs, séquencés et priorisés, au service d’objectifs politiques bien définis et transparents » mais aussi « débarrassés » des dispositions relatives aux droits de l’homme, a argué la Fédération de Russie, avant que le Royaume-Uni ne souligne le caractère « essentiel » de ces dispositions, les violations des droits de l’homme étant souvent les signes avant-coureurs des conflits.

La performance, c’est aussi, pour les pays contributeurs de contingents, comme le Sénégal, le Pakistan, les Fidji ou encore le Bangladesh, des consultations triangulaires « régulières » entre eux, le Conseil de sécurité et le Secrétariat sur les mandats.  Mais l’évaluation de ces performances doit être juste.  Le Pakistan a, par exemple, parlé des restrictions imposées par les pays hôtes d’une opération qui peuvent être invoquées par un pays contributeur de troupes pour refuser d’agir, laissant le soin à celui qui choisit d’ignorer ces injonctions de faire tout le travail.  Cela ne peut que créer des attentes « disproportionnées ».

L’amélioration de l’efficacité opérationnelle des missions, a argué avec d’autres le Canada, c’est également l’augmentation du nombre des femmes à tous les niveaux.  « Malheureusement, nous ne sommes pas en voie d’atteindre les cibles fixées pour le déploiement accru des femmes par la résolution 1325 (2000) », a déploré le Canada.  Principales victimes de l’exploitation et des atteintes sexuelles, les femmes « sont les plus à même d’identifier les meilleures solutions », a soutenu la Pologne.

Des témoignages de ce fléau ont été rapportés par la Présidente de l’ONG « Keeping Children Safe » qui a parlé des femmes contraintes de se prostituer auprès des Casques bleus pour subvenir aux besoins de leur famille ou des jeunes filles abusées par eux et mises au ban de la société.

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a souligné que l’amélioration du maintien de la paix est une tâche collective qui exige de tous les acteurs concernés qu’ils améliorent leur performance, en bénéficiant du soutien des uns et des autres.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il indiqué, le Secrétaire général a lancé l’initiative « Action pour le maintien de la paix », au mois de mars dernier, et a soumis pour approbation aux États Membres la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix. 

Le Secrétariat de l’ONU, a-t-il ajouté, est pleinement engagé à faire sa part pour répondre aux défis.  Il continue donc à améliorer sa performance, en particulier par la mise en œuvre du Plan d’action pour renforcer la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Cette mise en œuvre, a-t-il précisé, a permis de changer l’état d’esprit, de renforcer la préparation opérationnelle et de modifier notre posture.  Le Secrétariat renforce aussi les capacités des Casques bleus en leur dispensant une formation plus ciblée et faisant tout pour qu’ils aient les équipements nécessaires.  Le Secrétariat améliore ses mécanismes d’établissement des responsabilités et veille à ce qu’en cas d’incident, les Casques bleus reçoivent les meilleurs soins possibles.

Les effets de ces efforts collectifs commencent à se manifester mais beaucoup reste à faire, a reconnu le Secrétaire général adjoint.  Le nombre de morts parmi les Casques bleus est passé cette année à 17 contre 26 l’année dernière durant la même période.  Mais il faut rester vigilant et mobilisé même s’il est vrai, a-t-il témoigné, que les Casques bleus réagissent de manière plus efficace aux menaces et aux attaques et protègent les civils plus efficacement.  Une structure robuste a été créée au Siège et sur le terrain pour assurer une bonne mise en œuvre du Plan, à savoir le Bureau du partenariat stratégique pour le maintien de la paix qui travaille avec le Bureau des affaires militaires.

Le Secrétariat s’attèle aussi à un examen indépendant des missions de maintien de la paix dont les recommandations inspirent les propositions faites par le Secrétaire général au Conseil de sécurité.

Le Secrétaire général s’efforce également de faire avancer la réforme de l’architecture paix et sécurité du Secrétaire général pour avoir une analyse plus intégrée et de meilleures stratégies au niveau des pays et des régions.  Il s’agit aussi de commencer la mise en œuvre de la réforme de la gestion du Secrétaire général qui donnera plus de pouvoir aux opérations sur le terrain et permettra au Secrétariat d’être plus réactif et plus agile. 

Le Secrétaire général poursuit enfin le renforcement de sa coopération avec les partenaires clefs, comme l’Unions africaine et l’Union européenne, sans oublier d’y insérer des éléments de coopération triangulaire.

L’objectif est aussi de mieux évaluer les performances.  Des politiques et un système d’évaluation sont en train d’être mis en place pour permettre à tous de mieux calibrer les efforts de renforcement du maintien de la paix et de mieux appuyer les personnels civil et militaire.  Des ressources significatives sont consacrées à la mise sur pied du cadre intégré de la politique de performance réclamé par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  La collecte des données est un élément intégral de cette approche.  Le nouveau système global d’évaluation des performances permettra de mieux évaluer la performance des missions dans leur ensemble grâce à la collecte et à leur analyse.  Trois missions pilotes ont été lancées, et il est prévu que l’ensemble des missions de l’ONU soient dotées de ce système d’ici au mois de juillet 2020.  Des mécanismes destinés à renforcer à l’établissement des responsabilités ont aussi été élaborés pour parer à toute éventualité.  Un système de commissions indépendantes a été créé pour faire lumière sur les causes et les circonstances des incidents qui pointent sur des manquements graves dans la mise en œuvre des mandats. 

Mais, a prévenu le Secrétaire général adjoint, le maintien de la paix de l’ONU ne pourra pas réussir sans l’engagement et la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes, à commencer par les États Membres.  Il s’est félicité des partenariats triangulaires dans lesquels des États offrent aux pays contributeurs de troupes et de police des formations avant déploiement.  Il a aussi parlé du nouveau Plan de formation qui, a-t-il prévenu, nécessite des contributions volontaires.

M. Lacroix a également appelé les États qui ont les capacités militaires les plus avancées à déployer plus de personnels et d’équipements dans les opérations de maintien de la paix et contribuer davantage de troupes et de policiers à l’ONU.  L’engagement des États est également important pour augmenter le nombre de femmes Casque bleus, a-t-il souligné, notant que les femmes ne représentent que 21% de l’ensemble du personnel du maintien de la paix. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite estimé que le respect des normes de conduite les plus élevées doit être au cœur des efforts collectifs.  Outre les efforts déployés ces dernières années pour renforcer la redevabilité, la transparence, l’appui accordé aux victimes ou encore la sélection du personnel, le Secrétaire général a nommé l’an dernier Mme.  Jane Connors au poste de « Défenseur des droits des victimes ».  De plus, après l’adoption de la résolution 2272, le Secrétariat a établi un comité pour examiner les preuves sur les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles « répandus et systémiques » ainsi que sur les cas où des États n’auraient pas pris les mesures adéquates pour enquêter sur des allégations et tenir les auteurs pour responsables. 

M. Lacroix a également souligné que le réseau d’ONG et de la société civile qui opèrent sur le terrain représentent un des partenariats les plus essentiels de l’ONU pour prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles.  Afin de renforcer les politiques de redevabilité de l’ONU, les équipes d’enquêtes doivent dorénavant achever leurs enquêtes dans un délai de six mois, de même que les pays contributeurs de troupes.  Le délai est de 90 jours pour les cas jugés particulièrement urgents, a-t-il ajouté.

M. Lacroix a ensuite souligné qu’aucun effort ne sera épargné pour mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de la Déclaration d’engagements communs qui, s’est-il félicité, a été endossée par 55 États Membres.  Il a espéré que cette Déclaration bénéficiera de l’appui d’autres États à l’approche de la tenue, le 25 septembre, de la manifestation de haut niveau sur l’« Action pour le maintien de la paix ».

Mme SARAH BLAKEMORE, Présidente de « Keeping Children Safe », a expliqué que la création, en 2002, de son ONG avait coïncidé avec les révélations sur les cas généralisés d’exploitation et atteintes sexuelles commis par des Casques bleus et le personnel de plus de 40 organisations humanitaires dans des camps de réfugiés en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone.  Depuis, en partenariat avec l’Université de Reading, l’ONG cherche à identifier des solutions aux abus commis dans le contexte du maintien de la paix, en mettant notamment l’accent sur la prévention, le respect des droits de l’homme et le bien-être des victimes. 

Après avoir reconnu que la plus grande majorité des Casques bleus s’acquittent de leurs responsabilités avec « courage et professionnalisme », Mme Blakemore a indiqué qu’une grande partie des abus commis par certains d’entre eux l’étaient sur des enfants.  Elle a insisté sur le pouvoir qu’a le personnel du maintien de la paix sur les personnes qu’il est censé protéger et exigé la mise en place de systèmes robustes de protection.  Trop souvent, a-t-elle rappelé, les victimes n’ont aucun recours pour signaler les abus, sans compter qu’elles n’ont aucun accès aux soins médicaux ou psychosociaux et encore moins à la justice. 

Mme Blakemore a cité le cas d’une mère en Haïti contrainte de se prostituer pour nourrir ses enfants et celui d’une femme en République démocratique du Congo (RDC) qui a raconté qu’outre l’argent, certaines femmes sont payées en nourriture ou autres produits qu’elles ne peuvent obtenir ailleurs.  Lorsque qu’un enfant naît d’une telle « union », les femmes n’ont bien souvent aucune ressource pour subvenir à leurs besoins ou alors les moyens de subsistance disparaissent une fois que le père quitte le pays, comme l’illustre l’exemple d’une jeune femme en République centrafricaine (RCA) qui n’a plus rien pour élever son enfant, sans compter la stigmatisation dont souffrent les enfants nés de ces « unions ».

Mme Blakemore a aussi affirmé que les cas d’exploitation et atteintes sexuelles commis contre des enfants sont bien connus des communautés auxquelles ils appartiennent.  Elle a cité le témoignage d’une jeune fille de 13 ans en RCA qui a indiqué que certains hommes leur demandent de se dévêtir pour les prendre en photos.  « Certains cherchent à nous aider, mais quand on tombe enceinte, ils trouvent quelqu’un d’autre. »

Loin d’être cachés, les actes d’abus sont connus de tous: une jeune fille de 12 ans, en Haïti, a dit qu’elle ne peut plus aller à l’école « car tout le monde sait.  Personne ne veut s’approcher de nous.  Les enseignants ne veulent pas de nous.  Tout le monde sait qui est sorti avec un Casque bleu ».

« Keeping Children Safe » appelle les dirigeants du monde à veiller à la protection des enfants et à exiger des organisations impliquées dans le maintien de la paix qu’elles mettent en œuvre les normes internationales les plus élevées de protection de l’enfance, dont la désignation de défenseurs des droits des victimes.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que les Casques bleus sont des hommes et des femmes, comme les autres, donc « imparfaits » qui ont fait des choses positives, en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, ou encore au Soudan du Sud, des pays dans lesquels de nombreux civils leur doivent la vie.  Malheureusement, certains Casques bleus ont foulé au pied les idéaux de l’ONU, a-t-elle dit.  Au Soudan du Sud, à Djouba, en 2016, des Casques bleus ont échoué à protéger les civils, malgré les appels à l’aide qui leur ont été adressés.  Mme Haley a demandé le respect de l’obligation de rendre des comptes dès qu’un Casque bleu a failli.  « Le Conseil est responsable de ce que les Casques bleus font de la confiance qui leur est accordée. »

Mme Haley a mentionné les atteintes sexuelles commises par des soldats de la paix, en République centrafricaine, par exemple, où des femmes ont été violées.  Elle a rappelé la résolution adoptée il y a deux ans par le Conseil pour un meilleur établissement des responsabilités en cas d’allégations d’atteintes sexuelles.  « Deux ans, plus tard, nous attendons toujours que justice soit rendue aux victimes », a-t-elle asséné.  Elle a appuyé l’initiative du Secrétaire général visant à rapatrier les contingents accusés d’atteintes sexuelles, tout en ajoutant que « nous devons faire plus ».  Certaines allégations datent de plusieurs années et certains contingents accusés sont toujours dans les opérations de paix, s’est-elle indignée. 

La représentante a défendu des normes claires et objectives et la promotion d’une culture de bons résultats pour que les Casques bleus ne soient pas vus comme une menace lorsqu’ils arrivent quelque part.  Elle a présenté les principaux éléments du projet de résolution dont son pays est auteur et visant à accélérer les progrès sur la performance des Casques bleus.  Notre résolution, a-t-elle affirmé, promeut « trois priorités très simples » et d’abord elle demande un processus « en temps et transparent » de communication au Conseil de sécurité et aux États concernés de tout échec dans les performances.  On ne peut apporter de solutions à un problème dont on ignore l’existence, s’est-elle expliquée.  Mieux informés, le Conseil, le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et de police et les donateurs pourront travailler ensemble pour recruter et retenir les plus qualifiés et les plus compétents. 

La résolution, a poursuivi la représentante, crée aussi des mesures de responsabilité contre les mauvaises performances et des mesures concrètes d’encouragement.  La responsabilité n’est pas « un gros mot », s’est impatientée la représentante, comptant sur des Casques bleus compétents, professionnels et soucieux d’accomplir leurs tâches.  Mais, a-t-elle reconnu, nous devons faire plus pour reconnaître, récompenser et répéter les bonnes performances.  La résolution met tout le poids du Conseil de sécurité derrière cet objectif.  Enfin, le texte reconnaît le rôle des données pour améliorer les performances des troupes et mettre le bon soldat ou le bon policier au bon endroit.  La formation et l’état de préparation doivent être nos critères de déploiement et pas la politique, a souligné la représentante. 

Également au nom de la Guinée équatoriale et de l’Éthiopie, M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a souligné que le maintien de la paix est avant tout « une responsabilité partagée ».  Le maintien de la paix n’est donc pas l’apanage des seuls pays contributeurs de troupes et les efforts de réforme, pour être efficaces, ne doivent pas seulement se focaliser sur ces derniers.  C’est pourquoi le représentant s’est réjoui du nombre croissant d’États qui adhèrent à la Déclaration d’engagements communs élaborée à l’issue d’une consultation avec tous les États Membres.

Le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix, que préside la Côte d’Ivoire, a servi de cadre d’échange sur des thématiques aussi pertinentes que la réforme du maintien de la paix, l’amélioration de la coopération triangulaire, la protection des civils ou le rôle des femmes.  Le représentant a, en particulier, salué les mesures importantes qui ont déjà été prises par le Secrétariat en vue d’améliorer le processus de constitution stratégique des forces et de capacités des Nations Unies. 

Il a également pris note des efforts en cours pour améliorer les performances et l’efficacité des opérations de maintien de la paix, conformément à la résolution 2378 (2017).  Il a jugé impératif de veiller à ce que le personnel civil et en uniforme dispose des compétences et de la formation adéquate, pour s’adapter à des environnements de plus en plus complexes.  En l’absence de ressources adéquates, il est difficile aux contingents de s’acquitter des tâches pour lesquelles ils ont été mandatés.  « Par conséquent, nous ne pouvons demander plus avec peu », a-t-il dit.

L’un des piliers importants de la réforme en cours consiste à renforcer les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, en particulier avec l’Union africaine, a fait valoir le représentant.  À ce sujet, a-t-il relevé, les pays africains sont satisfaits des progrès réalisés dans le cadre du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine.  Ils attendent avec intérêt le cadre de politique global et intégré sur la performance que le Secrétariat s’emploie à élaborer à la demande du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.

« La nécessité d’accroître la prévisibilité, la durabilité et la flexibilité du financement des opérations africaines de paix autorisées par le Conseil de sécurité est unanimement reconnue », a poursuivi le représentant.  Des efforts considérables ont été déployés en vue du renforcement des mécanismes d’élaboration des mandats, de gestion, de contrôle et de redevabilité des opérations africaines de paix, de même que la finalisation des cadres en matière de respect des droits de l’homme, de conduite et de discipline.  Ces préoccupations ont été parfaitement prises en compte dans le dernier rapport du Secrétaire général, s’est-il félicité.  « Nous estimons qu’il est temps que le Conseil traduise en actes concrets son intention de financer les opérations africaines de paix, au cas par cas », a-t-il conclu. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a salué la Déclaration d’engagements communs du Secrétaire général, que son pays entend approuver, avec une réserve néanmoins sur les droits de l’homme et la protection des civils.  Les performances et la bonne discipline du personnel onusien est une question cruciale, a-t-il dit, en invitant les pays contributeurs, le Secrétariat et le Conseil à avoir une discussion claire sur ce sujet.  Le délégué a demandé des mandats « clairs, épurés », débarrassés de dispositions relatives aux droits de l’homme.  Les normes de performance doivent également s’appliquer au Secrétariat, a-t-il dit.  Le rapatriement des contingents accusés d’abus doit se fonder sur des informations impartiales, a-t-il prévenu et la « tolérance zéro » doit aussi s’appliquer aux soldats de la paix non onusiens et aux ONG accréditées auprès des Nations Unies.  Toute réforme des opérations de maintien de la paix, a martelé le représentant, doit satisfaire aux principes fondamentaux de consentement des parties, d’impartialité et de non recours à la force sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat.  Le représentant a en effet mis en garde contre une interprétation « souple » de ces principes « même pour une noble cause ».  Il s’est une nouvelle fois opposé à l’idée que les Casques bleus participent pas à des opérations antiterroristes, « ce qui en ferait des cibles ».  Quant au projet de résolution américain, il a rappelé que, s’agissant des opérations de paix, tous les textes doivent recueillir le consentement « de tous les membres du Conseil et pays contributeurs ». 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a expliqué la proposition de son pays sur une stratégie en trois volets pour prévenir et répondre à des situations de conflit, qui combine le nexus sécurité-développement avec de nouvelles approches régionales.  Dans ce cadre, le représentant a souligné le caractère « subjectif » de certains objectifs des missions, citant à titre d’exemple les notions d’état de droit et de bonne gouvernance, rendant encore plus souhaitable l’évaluation des performances.  Les mandats des OMP vont bien souvent au-delà « des attentes raisonnables ».  Il faut des objectifs réalistes et un suivi tout au long du cycle de vie d’une opération pour apporter les ajustements et modifier les stratégies et plans de sortie.  « Succès pour qui »? s’est-il demandé devant les multiples parties-prenantes des opérations de maintien de la paix.  Il faut, a-t-il suggéré, « une convergence d’objectifs ».  L’évaluation des performances doit s’appliquer à tous, à savoir à tous les échelons du système des Nations Unies.  Le représentant a prôné une coopération plus soutenue entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales pour mettre en œuvre des stratégies de prévention et de règlement de conflits bien définies, avec des investissements adéquats dans le développement.  Il a encouragé de nouveaux partenariats élargis avec l’Union africaine, l’Union européenne, l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), la Ligue arabe, l’Organisation de Shanghai pour la coopération (OSC) et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC).  Il a annoncé que le Kazakhstan est disposé à augmenter sa contribution aux opérations et cherche à faire certifier par les Nations Unies les cours de formation dispensés par le Centre KAZCENT.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a constaté que les solutions politiques doivent être prioritaires et a appelé au respect de la souveraineté des États dans le cadre de la réforme du maintien de la paix.  Le représentant a aussi reconnu la nécessité d’évaluer les efforts collectifs de l’ONU et des pays contributeurs de troupes et de police pour bien identifier les lacunes et y remédier.  La formation du personnel, sur le plan technique et linguistique est également capitale.  Il a rappelé qu’au cours des 70 derniers années, de nombreux succès ont été enregistrés, saluant notamment le travail effectué par Mission d’observation des Nations Unies pour l’Iraq et le Koweït (MONUIK).  Ce mois-ci, des engagements communs ont été proclamés et un plan d’action a été élaboré, s’est-il aussi félicité.  S’agissant des cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles, il a estimé qu’une synergie s’impose pour éradiquer ce fléau.  Une réaction rapide et ferme des pays concernés est plus que nécessaire, a-t-il indiqué, soulignant que la population d’un pays doit se sentir en sécurité en présence des Casques bleus.

M. OLOF SKOOG (Suède) a considéré que, pour que le Conseil s’engage plus efficacement dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits, un accès en temps opportun aux informations et à des analyses complètes est nécessaire.  Il a donc jugé particulièrement intéressant la proposition du Secrétaire général de coordonner et d’élargir la diffusion des informations.  Il s’est également félicité de ce que la réforme envisagée par le Chef de l’Organisation comprend une délégation du pouvoir sur le terrain, ce qui suppose un leadership soigneusement entraîné et formé.  Le maintien de la paix, a rappelé le représentant, est un effort multidimensionnel aux composantes militaire, civile, policière, au sein duquel toutes les parties prenantes doivent être actives.  Les personnels en uniforme et leurs pays doivent être tenus responsables de leur comportement dans les zones de déploiement, a-t-il souligné, avant d’ajouter que la sensibilisation préalable au déploiement est nécessaire. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a souligné la responsabilité de ce Conseil d’assurer la sécurité des Casques bleus déployés sur le terrain.  Il a insisté sur le caractère « essentiel » des dispositions relatives aux droits de l’homme dans les mandats, étant donné que les violations de ces droits sont souvent les signes avant-coureurs des conflits.  Les mandats doivent être réalistes, nourris des échanges constructifs entre le Secrétariat, le Conseil et les pays contributeurs.  Il faut aussi une bonne coopération entre les entités de l’ONU qui sont par exemple au nombre de 27 au Darfour.  Il ne faut pas non plus oublier le rôle de premier plan que les femmes doivent jouer au sein des opérations de paix, a poursuivi Mme Pierce, en appuyant l’objectif de doubler leur nombre d’ici à 2020.  La déléguée a demandé une évaluation solide des manquements des Casques bleus et soutenu la politique de tolérance zéro du Secrétaire général.  Le Royaume-Uni, a-t-elle précisé, a versé la somme de trois millions de dollars pour appuyer les efforts du Secrétaire général contre les atteintes sexuelles dans les opérations de maintien de la paix. 

En tant que pays contributeur de troupes, le Pérou souligne l’importance de la coordination et de la coopération entre les pays contributeurs, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, a déclaré M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou).  À cet égard, il a salué l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général et rappelé que, d’après la résolution 2378 (2017), les données relatives aux performances des opérations de maintien de la paix doivent être centralisées par le Secrétariat.  De même, le représentant a considéré que l’appui à un processus politique déterminé doit suivre une stratégie intégrale coordonnée avec les acteurs pertinents, y compris régionaux. 

La performance d’une mission doit être évaluée à l’aune des capacités réelles dont elle dispose pour remplir son mandat, a poursuivi le délégué.  En outre, les opérations de maintien de la paix doivent être équipées pour pouvoir protéger les civils, notamment les femmes, les enfants, les personnes déplacées et les minorités ethniques.  Il a prôné une meilleure participation des femmes, qui représentent déjà 15% du personnel péruvien déployé sur le terrain.  Compte tenu de la complexité croissante des mandats, il a souligné la nécessité d’améliorer la planification et les capacités des missions. 

Plus de 50 États, dont la France, ont déjà souscrit à l’initiative « Action pour le maintien de la paix », s’est réjoui M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Parmi les éléments de la réforme engagée par le Secrétaire général, la question de la performance des opérations de maintien de la paix est essentielle à la crédibilité de l’action des forces de maintien de la paix, a dit le représentant.  À cette fin, il a souligné trois composantes clefs.

Tout d’abord, a expliqué M. Delattre, la formation en amont et au cours des missions.  Les Casques bleus déployés sur le terrain doivent pouvoir bénéficier de formations garantissant un niveau de performance maximal, notamment en cas d’évolution du mandat.  La France soutient la formation de près de 30 000 soldats francophones africains chaque année. 

Le deuxième axe, c’est celui d’une nécessaire amélioration de la génération des forces: la meilleure mobilisation des forces armées et de police, l’accroissement de leurs capacités de projection et de leur mobilité et l’augmentation de la proportion de femmes au sein des contingents sont des éléments essentiels. 

Troisièmement, a poursuivi le représentant, « il est essentiel qu’une véritable évaluation de la performance soit mise en place et que les cas de sous-performance soient traités ».  Cela suppose notamment la « tolérance zéro » à l’égard de Casques bleus et personnels civils coupables d’agressions sexuelles. 

La performance ne pouvant être jugée hors contexte, M. Delattre a rappelé « l’impérieuse nécessité pour les opérations de maintien de la paix de bénéficier d’un mandat clair, séquencé et priorisé, au service d’objectifs politiques bien définis et transparents ».  Par ailleurs, il a recommandé de mettre « au plus vite » en place un soutien des Nations Unies aux opérations africaines de paix. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a souligné que l’information et l’analyse des données sont essentielles pour améliorer le maintien de la paix, notant qu’une meilleure connaissance situationnelle permet d’améliorer la planification et l’identification des seuils.  De même, des plans réalistes permettent de mieux guider les pays contributeurs de troupes dans leur formation et de ce fait d’assurer une mise en œuvre plus efficace des mandats.  Elle a insisté sur l’importance d’une formation adaptée à chaque situation opérationnelle, politique et géographique et sécuritaire.  La représentante a salué l’ouverture et la transparence qui ont caractérisé les consultations sur l’Action concernant le maintien de la paix.  Il ne faut pas non plus oublier le « pouvoir de la communication » lorsqu’il s’agit d’exercer une pression politique sur les parties prenantes.

La représentante a aussi voulu que l’on renforce les capacités des femmes pour les hisser aux postes de leadership.  Étant les principales victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles, les femmes devraient jouer un rôle actif au sein du système de suivi en la matière, notamment en participant pleinement à la définition des peines.  La Pologne appuie pleinement la création d’unités de suivi dont les postes les plus élevés seraient réservés aux femmes « qui sont les plus à même d’identifier les meilleures solutions ».

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a rappelé le rôle joué par son pays pour promouvoir l’initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Mettant l’accent sur la performance, il a commencé par souligner l’importance d’accroître le nombre de femmes en uniforme.  Il a ajouté qu’il faut améliorer la gestion de la performance, notamment aux niveaux de la collecte de données, du renseignement et de la prise de décisions.  À cet égard, il a encouragé les examens stratégiques indépendants.  Enfin, M. Van Oosterom a jugé essentiel que les missions disposent de personnels bien formés et bien équipés, capables de réaliser les tâches mandatées par le Conseil.  Aussi l’ONU doit-elle continuer de développer ses programmes de formation, en coordination avec les États Membres, pour améliorer la génération de forces. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a demandé que les missions soient réformées pour mieux les adapter aux menaces.  Les missions de paix de l’ONU doivent recevoir le consentement du pays hôte, être impartiales, respecter tous les principes fondamentaux du maintien de la paix, œuvrer à une paix durable et ne pas être considérées comme une force appelée à s’éterniser, a-t-elle dit.  Elle a souligné la nécessité pour ces missions de respecter la souveraineté des pays hôtes et d’être dotées d’un mandat clair et réaliste.  Les missions qui n’atteignent pas leur objectif doivent être réévaluées, a-t-elle dit, estimant qu’il n’est plus possible d’avoir des opérations « qui durent des décennies ».  Les missions doivent respecter les normes établies par l’ONU et être composées des contingents les mieux formés.  La formation incombe à l’ONU, pas seulement aux pays contributeurs, a-t-elle martelé, avant d’insister sur l’importance des organisations régionales et rappelé que les limites budgétaires entravent la bonne exécution des mandats. 

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que le théâtre dans lequel opèrent les opérations de maintien de la paix se complexifie de plus en plus et a espéré que l’initiative du Secrétaire général permettra de renforcer leur efficacité.  Il a appelé au respect des buts et principes de la Charte, insistant notamment sur l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense.  Il a aussi insisté sur le respect des pays hôtes et une meilleure communication avec eux.  Le représentant a également appelé à plus d’efforts pour aider les pays hôtes à préserver un environnement propice au maintien de la paix et à l’avancement des processus politiques.  Les opérations doivent être dotées de ressources suffisantes et une action s’impose pour aider l’Union africaine à mettre sur pied sa force de réaction rapide. 

En toutes choses, les pays contributeurs de contingents doivent avoir leur mot à dire, et d’ailleurs l’amélioration des performances passe par une meilleure coopération entre ces pays dont il faut renforcer les capacités.  À ce jour, plus de 2500 Casques bleus chinois sont déployés sur le terrain.  La Chine a aussi mis sur pied une force d’appoint de 8 000 soldats et policiers.  Le représentant a aussi parlé du Fonds chinois pour la paix qui finance, entre autres, la sécurité des Casques bleus.  Par ailleurs, la création récente du Fonds de coopération Afrique-Chine permettra de financer 50 projets de maintien de la paix.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observateur permanent de l’Union africaine (UA), s’est félicitée de la reconnaissance croissante de l’« avantage comparatif » de l’UA pour protéger les civils et protéger la stabilité dans les théâtres de conflit.  Elle a également souligné l’importance des partenariats engagés entre l’Union et l’ONU, consacré en avril 2017 par la signature d’un cadre renforcé sur la paix et la sécurité par le Secrétaire général et le Président de la Commission de l’Union africaine.  L’Observateur permanent a toutefois plaidé pour des mécanismes financiers durables et prévisibles de nature à répondre aux défis qui se posent sur le plan sécuritaire.  C’est la raison pour laquelle l’UA a pris une décision, lors de la vingt-quatrième session ordinaire de l’Assemblée de l’UA, celle de financer 25% des coûts représentés par les efforts de paix et de sécurité, y compris des opérations de maintien de la paix. 

Par ailleurs, a poursuivi l’Observateur permanent, la mise en œuvre du partenariat stratégique sur le maintien de la paix a permis de renforcer la coopération et les consultations entre les deux institutions.  Depuis 2003, l’UA et l’ONU ont facilité le développement du concept d’opérations, ce qui a permis d’affiner les analyses, la planification, et la coopération entre les deux secrétariats.  Cependant, davantage doit être fait, pour apporter une plus grande cohérence et une meilleure convergence des principales questions et préoccupations d’intérêt commun pour les deux organisations concernées.  Enfin, a-t-elle dit, l’expérience somalienne a présenté d’importantes leçons à tirer pour notre partenariat stratégique aux niveaux opérationnel, stratégique et politique.  « Ainsi, tandis que le rapport conjoint ONU-UA de 2018 a identifié des préoccupations cruciales des deux organisations s’agissant de la situation en Somalie et de l’AMISOM, le Conseil de sécurité, en adoptant la résolution 2431 (2018) n’a pas clairement et explicitement reconnu des questions importantes relatives au rôle politique de l’UA en Somalie », a conclu l’Observateur permanent. 

L’Observateur permanent a souligné, qu’indépendamment des progrès réalisés jusqu’à présent sur l’accès de l’Union africaine aux quotes-parts de l’ONU, le débat tend à se focaliser sur une approche fondée sur des conditions, avec des appels répétés au renforcement des systèmes de responsabilité en matière financière et de droits de l’homme au sein de l’Union.  Or, selon elle, le Conseil de sécurité devrait adopter une résolution « qui règle cette question déjà ancienne et ouvre la voie à l’opérationnalisation d’un cadre international pour prévenir et répondre à l’instabilité et aux conflits d’une façon prévisible et effective ». 

M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, de l’Union européenne, a déclaré que l’organisation régionale qu’il représente soutient vigoureusement les initiatives du Secrétaire général pour rendre plus efficace la présence de l’ONU sur le terrain, en particulier l’Action pour le maintien de la paix, qui met l’accent sur la performance.  À cet égard, l’Union a salué l’élaboration d’un cadre politique global de performance en matière de maintien de la paix par le Secrétariat, cadre qui devrait s’efforcer de forger le consensus autour des objectifs stratégiques décrits dans des mandats de maintien de la paix plus efficaces.  « Une des leçons tirées de ces 70 dernières années, c’est la nécessité d’harmoniser les normes et critères d’évaluation de manière à retirer toute ambiguïté qui serait de nature à faire échouer la mission des Casques bleus.  Des normes et directives harmonisées et intégrées sont indispensables sur le terrain », a préconisé M. De Almeida.

Dans ce contexte, une formation pertinente et adéquate demeure selon lui la pierre angulaire de tout cadre politique destiné à améliorer la performance, condition préalable à toute concrétisation des réformes et à l’opérationnalisation de notre engagement à déployer des opérations de paix plus efficaces.  Le représentant a en outre salué le Secrétaire général pour avoir renforcé l’établissement des responsabilités en cas d’exploitation et/ou d’atteintes sexuelles.  Enfin, il s’est félicité des efforts pour accélérer le déploiement plus systématique de femmes au sein des opérations.  Il a souligné l’engagement de l’Union européenne à œuvrer aux côtés du Secrétaire général pour parvenir à doubler leur nombre dans les composantes militaires et policières au cours des cinq prochaines années.

En tant que représentante d’un pays fournisseur de contingents et du personnel de police, Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a appuyé le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne un cadre général intégré pour l’évaluation de la performance.  D’après elle, le Conseil de sécurité devrait faire en sorte que les mandats définissent clairement les capacités et les responsabilités du personnel civil et en uniforme.  Mme Rugwabiza a rappelé que les Principes de Kigali sur la protection des civils peuvent contribuer à améliorer la performance des opérations tout en fournissant des règles relatives au principe de responsabilité.  En cas de défaut d’exécution, le Secrétariat devrait mener des enquêtes détaillées, avec l’appui des pays contributeurs.  Par ailleurs, la représentante a plaidé en faveur d’une participation accrue des femmes au maintien de la paix.  Elle a conclu en soulignant l’importance de l’appui, de la coordination et de la coopération entre le Conseil, le Secrétariat et les États Membres. 

MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a déclaré que le fait d’accroître la participation des femmes à tous les niveaux peut améliorer l’efficacité opérationnelle des missions.  Malheureusement, nous ne sommes pas en voie d’atteindre les cibles fixées pour le déploiement accru des femmes par la résolution 1325 (2000), a déploré M. Blanchard, en soulignant la nécessité d’un engagement politique au plus haut niveau pour y parvenir.  Il a indiqué que le Canada offre des « cours de développement de commandement » afin de préparer plus de 130 policières à exercer un rôle de leadership dans les missions de l’ONU.  En novembre dernier, le Canada a lancé l’Initiative Elsie sur les femmes dans les opérations de paix, convaincu qu’une combinaison réfléchie d’assistance technique, de formation, d’incitations financières et de recherche peut contribuer à accélérer le changement transformationnel. 

M. Blanchard a ensuite pleinement appuyé la politique de tolérance zéro face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles, tout en estimant que le message « catégorique » du Secrétaire général dans ce domaine ne s’est pas encore traduit par des efforts concrets dans l’ensemble des opérations de l’ONU.  « Seul un leadership solide peut en venir à bout. »  Il faut en faire plus pour préciser le rôle du Défenseur des droits des victimes et réfléchir à la façon dont une approche centrée sur les victimes peut être formulée dans la politique et la pratique, a-t-il poursuivi, en plaidant pour une révision fondamentale de « notre approche collective ».  Enfin, M. Blanchard a jugé indispensable que les pays contributeurs de troupes et de police coopèrent pour assurer la disponibilité fiable et prévisible des capacités et répondre aux besoins cruciaux des opérations. 

Pour M. CHEIKH NIANG (Sénégal), la mise en œuvre effective des mesures préconisées pour la modernisation des équipements et l’amélioration de la prise en charge financière des opérations devrait leur permettre de franchir une nouvelle étape.  Il a plaidé pour un dialogue triangulaire élargi à tous les acteurs, pour poursuivre le processus de réforme en cours.  De plus, il est impératif d’adapter les opérations aux défis propres à chaque théâtre d’opération pour obtenir une meilleure performance.  À titre d’exemple, il a cité le cas du Mali, où le Sénégal a déployé pendant deux ans, deux unités blindées pour assurer l’escorte des convois entre Gao et le secteur Nord sans perte en vies humaines. 

Le Sénégal insiste sur un meilleur accès à la technologie de détection et aux programmes d’atténuation des menaces liées à l’utilisation d’engins explosifs improvisés, sur la collecte d’information et sur l’amélioration de la résilience par le développement de capacités dans les domaines de la mobilité et du soutien médical, autant de facteurs qui pourraient permettre aux opérations de fonctionner de manière sûre et efficace.  Les cas des Missions au Mali, en République démocratique du Congo (RDC) et en République centrafricaine ont démontré qu’une utilisation responsable de ces outils modernes induit des effets multiplicateurs bénéfiques, a rappelé le représentant. 

Il a également mis l’accent sur l’importance de la formation des troupes, justifiant en partie ce besoin par leurs domaines d’intervention multidimensionnels comme l’assistance humanitaire, la protection des droits de l’homme, l’aide aux personnes déplacées et réfugiées, l’implication dans les processus politiques, la réforme des systèmes judiciaires, la formation des forces de police, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants ou encore la consolidation de la paix.  Le Sénégal, a-t-il conclu, s’est doté d’un centre de formation, construit aux normes de Nations Unies.  Le centre forme les contingents avant leur déploiement.

Il est également essentiel d’accorder la primauté aux questions politique, en veillant à ce que les missions reposent sur une stratégie politique claire et qu’elles aient des mandats ciblés, clairs et réalistes.  Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à renforcer sa coopération avec les États voisins et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier avec l’Union africaine avec laquelle le Conseil doit poursuivre ses discussions sur la question du financement prévisible et durable de ses opérations de soutien à la paix. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a demandé de faire attention à ce que le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes, les gouvernements hôtes et le Secrétariat du maintien de la paix soient sur la même longueur d’onde, car le maintien de la paix est une entreprise collective qui exige un dialogue régulier entre tous ces acteurs.  En ce qui concerne les mandats des missions, il a mis en garde contre l’idée d’en faire des substituts des missions politiques spéciales.  Les capacités nécessaires doivent être développées pour que les Casques bleus puissent se protéger eux-mêmes tout en protégeant la population locale, a-t- ajouté en recommandant de mieux former et équiper le personnel.

L’Indonésie, en tant que l’un des plus grands fournisseurs de contingents, refuse que le système d’évaluation des performances ne donne lieu à une concurrence entre pays contributeurs.  Le représentant a conclu, en soulignant, à son tour, l’importance cruciale de la participation des femmes au maintien de la paix, « pour augmenter les chances de succès ».  L’implication de femmes Casques bleus a été d’ailleurs particulièrement efficace pour la prévention et la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles.

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a annoncé que le Brésil endosse l’initiative « Action pour le maintien de la paix », se félicitant notamment de sa dimension inclusive.  Une formation intensive avant et pendant le déploiement est essentielle pour répondre aux cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  La politique de tolérance zéro, a-t-il ajouté, doit savoir combiner des mesures préventives et punitives, être financée de manière adéquate et prévoir une formation « sur mesure » en fonction des pays contributeurs de troupes et de chaque mission.  Le représentant a en effet estimé que la question des pertes en vies humaines parmi les Casques bleus est liée aux conditions politiques d’un pays donné et aux décisions politiques incarnées par les mandats du Conseil de sécurité.

Après avoir rappelé que le Brésil est le principal pays contributeur de troupes à la Mission en Haïti, le représentant a estimé que le succès de celle-ci est dû à l’accent porté sur l’efficacité à toutes les étapes, de la sélection à la formation des troupes, en passant par l’appui logistique.  Il a toutefois estimé que l’amélioration de l’efficacité ne dépend pas uniquement des approches militaires ou opérationnelles, mais aussi voire surtout du niveau de confiance avec les communautés locales.  Il ne faut pas non plus perdre de vue que dans la plupart des cas, le dialogue politique et le développement économique sont des éléments-clefs du maintien de la paix.  Aussi, les projets à impact rapide de la Mission en Haïti ont-ils été un outil essentiel pour stabiliser le processus, servant de passerelle entre les efforts de développement à moyen et à long terme.  Pour ce qui est de la protection des civils, le délégué a privilégié une approche politique et axée sur la personne.  Les mandats mal conçus sont contre-productifs et peuvent compromettre la crédibilité de l’ONU aux yeux de la société.

En matière de maintien de la paix, M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a estimé qu’il est crucial, au niveau national, que les législateurs comprennent le manque de performance de manière à faire les investissements et les améliorations nécessaires.  Dans ce domaine, le Secrétariat a la responsabilité de dire au Conseil de sécurité ce qu’il doit entendre et non ce que le Conseil veut entendre.  Les mandats doivent être clairs, réalistes et réalisables pour que les troupes déployées puissent les exécuter.  Il faut des consultations triangulaires entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat qui seraient des « exercices de routine » avant l’examen par le Conseil de la prorogation d’un mandat.  Après avoir souligné l’importance de ressources suffisantes pour obtenir les résultats attendus, le représentant a estimé que « la culture de la performance » doit se fonder sur la transparence et la responsabilité de toutes les parties concernées.  L’évaluation de la formation doit être une partie intégrante de celle des performances.  Au Bangladesh, tous les contingents sont soumis à un entraînement spécifique six mois avant leur déploiement, a affirmé le représentant.

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) s’est félicité des initiatives comme la Déclaration d’engagements communs et l’Initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Il a insisté sur l’importance qu’il y a à bien définir les mandats et à veiller à la bonne formation des Casques bleus, une tâche essentielle pour la protection des civils.  Il faut aussi renforcer la présence des femmes au sein de missions.  Quatre-vingt-seize femmes uruguayennes sont actuellement déployées sur le terrain, mais elles ne représentent que 7% de l’ensemble des effectifs du pays, a-t-il indiqué.  Il a ensuite salué les efforts déployés pour combattre le fléau de l’exploitation sexuelle.  Pour ce qui est de la sécurité du personnel déployé, le représentant a souligné que chaque mission doit disposer de l’équipement dont elle a besoin, quels que soient les pays contributeurs de troupes.  Une action s’impose également contre ceux qui attaquent délibérément des contingents de l’ONU et par exemple, des mesures de défense passive ou la modification des règles d’engagement.  Le délégué a aussi insisté sur la coopération des pays hôtes, soulignant que toute violation de l’accord sur le statut des forces met en danger la vie des Casques bleus.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a commencé par rappeler les défis du maintien de la paix des dernières années, notamment la primauté du politique, c’est-à-dire que les opérations sont là pour servir un processus politique et ne peuvent se substituer à celui-ci.  Il a également rappelé que les soldats de la paix deviennent la cible d’attaques, « ce qui est inacceptable ».  Le troisième problème est celui du non-respect de plus en plus fréquent des principes élémentaires du droit international humanitaire alors que les missions sont de plus en plus souvent mandatées pour assurer la protection de civils.

S’agissant de la réforme en cours de mise en œuvre, il a salué le consensus sur le diagnostic ainsi que celui sur la réponse à y apporter à commencer par les mesures « énergiques » prises au cours des 12 derniers mois, notamment le Rapport Dos Santos Cruz, le Plan d’action pour en mettre les recommandations en œuvre, l’initiative « Action pour le maintien de la paix», la Déclaration présidentielle du Conseil de sécurité sur l’initiative du Secrétaire général mais aussi un Comité spécial des opérations de maintien de la paix qui a dégagé un consensus sur des sujets cruciaux comme celui de la performance.  Pour la Belgique, les réformes adoptées ces derniers mois sont autant d’étapes vers une efficacité accrue du maintien de la paix, qu’il s’agisse de celle de l’architecture de paix ou de la gestion.  Si ces chantiers sont en voie d’achèvement, « il en est d’autres qui nécessitent un soutien plus large des États Membres », a poursuivi le représentant, citant les questions liées à la conduite et à la discipline, et en particulier l’exploitation et les atteintes sexuelles. 

À ce titre, il a suggéré d’étendre les pactes mis en place entre l’ONU et certains pays contributeurs de troupes à tous les États Membres, rappelant que ces pactes contiennent des engagements réciproques.  Il faut aussi veiller à ce que les pratiques nationales de poursuite judiciaire donnent des résultats convergents.  Le représentant a également appuyé la Déclaration d’engagements communs un document « équilibré » que son pays a déjà signé.

La représentante a ensuite soumis des propositions pour aller au-delà des réformes et notamment ouvrir l’accès des membres du Conseil et des pays contributeurs de troupes aux résultats des examens stratégiques ou encore instituer un suivi obligatoire de la formation des personnels.  L’intégration des différentes composantes des missions doit également se poursuivre, a conclu le représentant, sans oublier de proposer la signature de pactes politiques avec les autorités nationales pour s’entendre sur les objectifs communs et poser les bases d’une coopération fructueuse.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a noté que le maintien de la paix de l’ONU avait permis de sauvegarder et de protéger des dizaines de millions de vies.  Le maintien de la paix, a-t-elle ajouté, a été l’action la plus réussie de l’ONU, comme en témoigne la fermeture des Missions au Libéria, en Sierra Leone et en Côte d’Ivoire.  Depuis les années 60, a-t-elle poursuivi, le Pakistan a déployé plus de 200 000 Casques bleus dans 43 missions, et 156 d’entre eux y ont laissé leur vie.  La représentante a salué l’accent porté sur la performance et a estimé que son amélioration devrait générer de meilleurs résultats sur le terrain et améliorer la sécurité et la sûreté des Casques bleus.

Elle a estimé quant il créée ou modifie des mandats, le Conseil de sécurité doit fonder ses décisions sur une analyse des besoins financiers.  Elle a aussi voulu que l’on rationalise et que l’on hiérarchise les tâches mandatées, s’inquiétant notamment de ce que la Mission au Soudan du sud croule sous 209 tâches différentes.  En outre, une formation commune et standardisée avant le déploiement est essentielle.  Le Pakistan a d’ailleurs élaboré des modules de formation obligatoire qu’il est prêt à partager avec le Secrétariat et d’autres pays contributeurs de troupes.

Mme Lodhi a aussi estimé qu’une plus grande transparence entre les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat serait de nature à générer de meilleurs résultats au lieu de toujours accuser et blâmer.  Elle a également souhaité que le Système de préparation soit élargi aux déploiements de routine.  La représentante a souligné que les restrictions imposées par les autorités d’un pays hôte peuvent aussi compromettre la performance.  Elles peuvent être invoquées par un pays contributeur de troupes pour refuser d’agir, laissant le soin à celui qui choisit d’ignorer ces injonctions de faire tout le travail.  Cela ne peut que créer des attentes disproportionnées, a souligné la représentante qui a dit « des règles du jeu équitables sont une condition préalable à une évaluation juste des performances ».

M. ION JINGA (Roumanie) a appelé à une concertation des efforts pour développer des normes plus élevées, appliquer le principe de responsabilité et déployer des troupes bien équipées et bien formées.  La Roumanie soutient pleinement le Plan d’action car une approche collective » s’impose.  L’examen indépendant des différentes missions est un outil précieux pour mieux définir les priorités.  La Roumanie est également un fervent partisan de la politique de tolérance zéro face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles et appelle les États à poursuivre les auteurs de tels actes.  Le Président de la Roumanie fait d’ailleurs partie du « Cercle du leadership » du Secrétaire général sur la prévention et la réponse à apporter à l’exploitation et aux atteintes sexuelles dans les opérations de maintien de la paix.  En tant que pays contributeur de troupes depuis 1991, la Roumanie soutient les efforts de la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens pour le maintien de la paix.  Elle salue la mise en place du Groupe de la planification stratégique et du suivi au sein du Cabinet du Secrétaire général et est favorable aux nouvelles initiatives comme les « contributions intelligentes » et le codéploiement.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji) a déclaré que sa délégation soutient la réforme entreprise par le Secrétaire général pour renforcer et améliorer l’architecture de sécurité et de maintien de la paix.  « Beaucoup doit être fait.  L’argent et le temps sont des données importantes.  Un mandat excessivement détaillé, ou insuffisamment, peut condamner les opérations de paix de l’ONU à l’échec, a observé le représentant, avant de préconiser de faciliter l’accès du Secrétariat aux dernières technologies en date, et aux analyses les plus poussées du maintien de la paix, de la consolidation de la paix, et de la prévention des conflits.  Les Fidji ont également considéré que l’ONU doit se montrer plus ambitieuse dans la manière de faire de l’aide au développement aux pays touchés par les conflits un moyen de mieux intégrer paix et développement.  

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