Sahel: De retour d’une « mission tripartite de solidarité », trois femmes leaders dépeignent, devant le Conseil de sécurité, une région « entre espoir et désespoir »
De retour d’une « mission tripartite de solidarité », qui l’a conduite au Soudan du Sud, au Tchad, puis au Niger, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, est venue défendre, ce matin, au Conseil de sécurité le rôle des femmes dans les processus de paix en cours au Sahel, région fragilisée par les effets conjugués de l’insécurité et des changements climatiques.
À ses côtés sur le terrain comme au Conseil, figuraient l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Mme Bineta Diop, et la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström qui, présidant la séance du Conseil, a résumé son sentiment en disant que le Sahel oscillait « entre espoir et désespoir ».
La numéro 2 de l’ONU a commencé par rappeler que femmes et filles paient le plus lourd tribut aux conflits qui sévissent dans la région, ce qui est tout particulièrement vrai des Sud-Soudanaises, victimes de violences aussi bien dans les camps de personnes déplacées qu’en dehors. Mais Mme Mohammed a également attiré l’attention sur le sort des Tchadiennes dans les zones rurales, visées par les agissements de Boko Haram, qui enrôle de plus en plus souvent de femmes pour commettre des actes terroristes.
Le paradoxe, c’est que les investissements réalisés sur le plan sécuritaire par les États concernés se font au détriment des « investissements dans les structures sociales », a relevé de son côté l’Envoyée spéciale de l’Union africaine, qui a expliqué que le désœuvrement et le sentiment d’abandon de la jeunesse du bassin du lac Tchad font d’elles une « proie facile » pour des groupes extrémistes comme Boko Haram.
Pour la Ministre suédoise des affaires étrangère, le cas de la jeune Halima, mariée de force à l’âge de 15 ans et entraînée par cette organisation terroriste à commettre des attentats-suicides, avant de s’engager dans la prévention de l’extrémisme violent et de devenir le « symbole » de ce que peuvent faire les femmes pour la paix et la sécurité, révèle l’importance de doter la lutte antiterroriste d’une approche « genre » et droits de l’homme.
Dans les trois pays visités, les femmes rencontrées ont vigoureusement plaidé pour leur « inclusion, représentation et participation » aux processus de paix et de prise de décisions, et aux mécanismes de gouvernance, à tous les échelons de la société, alors qu’elles ne sont que 3% à prendre part à l’application de l’Accord de paix au Mali, par exemple.
Cette implication commence au niveau communautaire, où les femmes, lorsqu’elles se réapproprient l’Islam comme « instrument de paix », peuvent faire échec aux organisations terroristes, a argué la Vice-Secrétaire générale de l’ONU. Sur ce point, l’Envoyée spéciale de l’UA a cité en exemple la « stratégie innovante » des femmes leaders religieux au Tchad qui luttent contre la radicalisation des jeunes en investissant notamment dans l’éducation et la diffusion d’une interprétation inclusive du Coran.
Conscient du rôle et de la place qui reviennent aux femmes dans le développement et la gestion des crises, le Tchad, a affirmé son Ministre des affaires étrangères, M. Cherif Mahamat Zene, a entrepris d’importantes réformes pour éliminer d’ici à 2030 toutes les inégalités, les discriminations et les violences basées « sur le genre », avec un accent particulier sur l’éducation des filles et l’alphabétisation des adultes.
Son intervention a toutefois révélé les difficultés auxquelles se heurtent les gouvernements de la région, leurs capacités étant rognées par les engagements militaires consentis dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel. Dans ce contexte, le Chef de la diplomatie tchadienne s’est félicité de la révision de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel à travers le plan d’appui, qui devrait associer les États concernés et tenir compte de leurs priorités.
Après des décennies d’assistance humanitaire et au développement, s’est expliqué le Ministre, « nous sommes au regret de constater que les résultats en termes d’impact sur les populations civiles sont très loin des attentes ». Le Ministre Tchadien des affaires étrangères a donc annoncé que, tirant les leçons du passé, le Tchad entend désormais évaluer l’action des partenariats au développement par des « résultats concrets et quantifiables » en termes d’amélioration des conditions de vie des populations.
Le Ministre a espéré que cette mission tripartite ouvrira « une nouvelle page dans notre partenariat », loin de « l’approche compartimentée » mise en cause aujourd’hui par la déléguée du Royaume-Uni.
« La sécurité a un coût, et trop souvent il s’impose au détriment de la population », a reconnu la Vice-Secrétaire générale. « Le Président du Niger, par exemple, nous a présenté son ‘‘plan de renaissance’’ pour répondre aux besoins de base de la population nationale, mais il a été entravé par la chute des prix de l’uranium et du pétrole, et les dépenses relatives au maintien de la sécurité dans le pays », a expliqué Mme Mohammed.
De son côté, la représentante des Pays-Bas a porté à l’attention des membres du Conseil l’existence d’un conflit exacerbé par les changements climatiques dans le bassin du lac Tchad, celui qui oppose cultivateurs et éleveurs, et qui « aurait déjà tué plus de femmes que Boko Haram ».
PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE
Déclarations
Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a fait le compte rendu de la mission qu’elle a effectué ces derniers jours au Soudan du Sud, au Niger et au Tchad, la deuxième de la sorte, après celle de l’an dernier au plus haut niveau au Nigéria et en République démocratique du Congo (RDC). Quatre problématiques se sont imposées à elle, ainsi qu’à l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Mme Bineta Diop, et à la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström. La première, c’est la nécessité de réagir au coût élevé que les femmes et les filles paient dans ce conflit, une conclusion qui a paru particulièrement évidente au Soudan du Sud, où elles se sont confiées sur les violences auxquelles elles sont confrontées aussi bien dans les camps de personnes déplacées qu’en dehors. Mais des femmes vivant dans les zones rurales du Tchad se sont également fait l’écho de l’insécurité causée par les agissements de Boko Haram, qui recourt de plus en plus souvent à des femmes pour commettre des attentats-suicides.
Par ailleurs, les membres de la délégation ont entendu des appels répétés pour qu’il y ait davantage d’inclusion, de représentation et de participation dans tous les secteurs de la société. Les femmes veulent être parties prenantes aux processus de prise de décisions. « Au Soudan du Sud, elles demandent que leurs voix soient prises en compte dans les processus de paix en cours à Djouba, Addis-Abeba et Khartoum. Au Tchad et au Niger, elles plaident pour la mise en œuvre de la législation relative à un quota pour leur participation politique, et la reconnaissance de leur rôle dans l’économie et dans la prévention de l’extrémisme violent », a précisé la numéro 2 de l’ONU. Une meilleure représentation au niveau communautaire est impérative, a-t-elle insisté. Les femmes qui sont des leaders religieux au sein de leurs communautés respectives sont une voix puissante contre l’inégalité entre les sexes et les attaques visant les droits des femmes qui sont au cœur de la stratégie des organisations terroristes. « En enseignant le Coran, elles adressent un message selon lequel le Coran et l’Islam sont à la fois pour les hommes et les femmes, et que c’est une religion de paix », a-t-elle lancé.
En outre, il faut absolument veiller à ce que les pays fragilisés aujourd’hui n’échouent demain. Au Tchad et au Niger, les gouvernements font face à des défis qui leur ont été imposés de l’extérieur, notamment sur le plan sécuritaire, ou qui ne connaissent pas de frontières, comme les changements climatiques, et dont l’impact sur leurs économies est profond. « Le Président du Niger, par exemple, nous a présenté son ‘‘plan de renaissance’’ pour répondre aux besoins de base de la population nationale, mais il a été entravé par la chute des prix de l’uranium et du pétrole, et les dépenses relatives au maintien de la sécurité dans le pays », a poursuivi Mme Mohammed. « La sécurité a un coût, et trop souvent il s’impose au détriment de la population. »
« Dans ce contexte, il est déterminant que nous nous mobilisions », a-t-elle plaidé, en particulier en augmentant l’aide au développement dans ces pays en difficulté. Il s’agit d’une question de dignité humaine, mais aussi de paix et de sécurité, selon elle. Enfin, au cours de son déplacement, la délégation a ressenti le besoin urgent d’opérationnaliser les politiques, cadres et programmes mis en place par la communauté internationale sur la question « femmes, paix et sécurité », en faisant notamment référence à la résolution 1325 (2000) et aux sept résolutions qui l’ont consolidée, ainsi qu’à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, a expliqué que la Mission tripartite de solidarité ONU-UA-Suède, à laquelle elle a participé au Soudan du Sud, au Tchad et au Niger, avait mis en exergue les réalités poignantes des femmes et des filles confrontées à la radicalisation et l’extrémisme violent. Rappelant que les régions du lac Tchad et du Sahel sont frappées de plein fouet par les extrémistes de Boko Haram et d’autres groupes radicalisés, elle a évoqué la mobilisation des pays régionaux pour combattre ce mal qui frappe aveuglément au-delà des frontières.
Cependant, les investissements faits en matière de sécurité par les États qui font partie des pays aux plus faibles revenus sur le plan mondial se font au détriment des investissements dans les structures sociales, a-t-elle souligné. Illustrant son propos, elle a remarqué que les succès enregistrés contre Boko Haram avaient permis le retour de nombreux jeunes dans la région du lac Tchad, mais ces jeunes y sont confrontés au manque d’offres d’emploi et se sentent délaissés, constituant ainsi à nouveau des « proies faciles pour les groupes radicalisés ».
Au Niger, elle a pu constater les effets dévastateurs de la pauvreté et le manque d’opportunité des familles, et leur impact sur les jeunes, en particulier les jeunes femmes. Elle a été particulièrement touchée par l’importance de la pratique des mariages précoces dans cette région, avec pour conséquence des corps complètement meurtris par des fistules, et des jeunes filles ostracisées, stigmatisées et abandonnées à elles-mêmes. Dans la seule clinique disponible, il n’y avait qu’un seul médecin pour réparer les corps de ces jeunes filles, a regretté Mme Diop. Tout en reconnaissant que cette pratique existait avant l’essor de la radicalisation, elle demeure convaincue que son exacerbation s’explique par la pauvreté des familles déplacées par les conflits qui les pousse à donner leurs filles en mariage de façon précoce.
À côté de cette réalité troublante, la Mission tripartite a également pu apprécier la résilience des femmes et leur détermination à contribuer à la recherche de solutions. À titre d’exemple, elle a cité la stratégie innovatrice des femmes leaders religieux au Tchad qui luttent contre la radicalisation des jeunes en investissant notamment dans l’éducation et la transmission d’une interprétation inclusive du Coran. Au Niger, les femmes utilisent le plan d’action national sur la résolution 1325 pour se faire entendre dans les processus de prise de décisions sur la paix, la sécurité et le développement.
Les femmes sont certes victimes des violences liées aux conflits, mais elles sont aussi des moteurs pour des initiatives visant à répondre aux défis posés, a estimé Mme Diop. Elle a souligné que les réponses aux défis sécuritaires de cette région passent par des investissements dans le développement de l’être humain pour éviter la radicalisation et l’extrémisme qui frappent le Sahel. Les femmes ont souligné l’importance des investissements dans l’éducation et la nécessité de renforcer les capacités des femmes et des jeunes avec la création d’emplois. Elles ont appelé à une présence plus soutenue de l’État et de la communauté internationale pour subvenir aux besoins de base comme les soins, l’eau, la nourriture, dont le manque est utilisé par les groupes extrémistes pour gagner certaines franges de la société à leur cause.
Mme Diop a appelé la communauté internationale à soutenir les efforts du Tchad et du Niger dans la lutte contre l’extrémisme violent, en partie pour éviter que les investissements sur le plan sécuritaire ne se fassent au détriment des besoins de la population. Les initiatives comme la plateforme ministérielle de coordination des stratégies pour le Sahel permettent de mobiliser des ressources et définir les priorités régionales. L’Union africaine a également défini une stratégie pour la région du Sahel qui offre un cadre inclusif pour une action coordonnée de l’Union africaine.
Mais, pour Mme Diop, la bataille sécuritaire passe aussi impérativement par des investissements permettant de répondre aux besoins des populations de la région, notamment les femmes et les jeunes. La prévention s’impose, notamment par des investissements dans l’éducation, la gestion des ressources naturelles, la création d’emplois, la protection de la femme et de la jeune fille et la promotion de leur rôle de leadership dans la recherche de la paix. Pour Mme Diop, les femmes sont des partenaires de choix et elles doivent être armées pour pouvoir dire non au mariage précoce et à l’extrémisme. « Elles doivent pouvoir lire le Coran et transmettre à leurs enfants le message de paix qui en découle. »
Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a rendu compte de la mission qu’elle a effectuée au Sahel aux côtés de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU et de l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, Mme Bineta Diop. Les pays que j’ai visités, a-t-elle constaté, oscillent « entre espoir et désespoir ». Espoir, parce que le Sahel est béni par une abondance de ressources humaines, culturelles et naturelles, dont l’énergie solaire et son spectaculaire potentiel de croissance, et par la population la plus jeune au monde, 64,5% des habitants ayant moins de 25 ans. La Ministre a aussi rencontré une société civile « vibrante et déterminée ».
Mais elle a vu du désespoir, compte tenu du sous-développement chronique, du terrorisme et de l’extrémisme violent, du peu de respect des droits de l’homme et des effets négatifs du changement climatique. Quelque 2,4 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire et l’insécurité croissante a aggravé les vulnérabilités. Les budgets nationaux sont presqu’en totalité consacrés à la sécurité, au détriment de l’éducation et de la santé. La Ministre, qui a attiré l’attention sur l’assèchement du lac Tchad et ses conséquences socioéconomiques, s’est réjouie qu’au Niger comme au Tchad, elle a vu des femmes rassembler leur force pour s’attaquer ensemble à leurs problèmes, y compris le manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive et aux services sociaux de base.
La mission conjointe, a souligné la Ministre, portait sur tous les aspects du travail des Nations Unies: la paix et la sécurité, les droits de l’homme, l’assistance humanitaire et le développement. La mission a donc souligné l’importance de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de son plan d’appui pour réaliser les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes sont d’ailleurs l’une des cinq priorités de la Stratégie, a rappelé la Ministre.
Prises ensemble, ces questions ne concernent pas seulement les femmes. Ce sont des questions de paix et de sécurité, a souligné la Ministre. Évoquant la jeune Halima, mariée de force à 15 ans et formée par Boko Haram aux attentats-suicides, avant de s’engager dans la prévention de l’extrémisme violent et de devenir le symbole de ce que peuvent faire les femmes pour la paix et la sécurité, la Ministre a estimé que la lutte contre le terrorisme doit adopter une approche « genre » et des droits de l’homme, qu’il s’agisse de la prévention de la radicalisation, des opérations antiterroristes ou de l’appui aux victimes.
Que peut-on faire de plus, à la veille du vingtième anniversaire de la résolution 1325? La Ministre a répondu en lançant quelques défis au système des Nations Unies et à tous les États Membres pour que d’ici à 2020, les opérations de maintien de la paix et les missions politiques exécutent avec efficacité le mandat « femmes, paix et sécurité ». Le Conseil de sécurité, a-t-elle dit, doit faire entendre la voix des femmes à la table des négociations de paix mais aussi dans cette salle. Les mandats des missions doivent inclure une perspective « femmes, paix et sécurité » et être bien financés. La perspective « genre » doit systématiquement être incluse dans les rapports et le suivi des missions. La Ministre a annoncé qu’à l’occasion du débat annuel sur la résolution 1325, la Suède compte organiser un forum de la société civile.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est préoccupé du sort des femmes et des filles du Sahel qui sont particulièrement touchées par l’insécurité alimentaire, la pauvreté, les conflits armés, l’extrémisme violent, la discrimination entre les sexes et les violences sexuelles. Cette situation, a-t-il dit, exige une stratégie intégrale et coordonnée qui s’attaque à ses causes profondes et promeuve l’autonomisation de la femme, l’égalité de genre et l’accès à la justice. Le Pérou est convaincu que la participation des femmes à la vie politique et aux prises de décisions est cruciale pour la résolution des conflits et le maintien de la paix. Cela passe par l’éducation, la création d’emplois et la lutte contre l’impunité, mais il faut pour cela que les victimes aient confiance dans les institutions nationales.
Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité reste uni sur la question du développement progressif et de la mise en œuvre du programme sur les femmes, la paix et la sécurité. Il a aussi appelé à renforcer le travail en commun des différentes organisations de femmes avec le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, que le Pérou préside conjointement avec la Suède. Autre élément important pour la délégation, tenir compte de la perspective genre dans l’exécution des activités de la Force conjointe du G5 Sahel. De même, dans le cadre de la réforme des opérations de maintien de la paix, il a conseillé de veiller à la compétence des Casques bleus en matière de protection des droits de l’homme pour les femmes et les filles.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a salué l’initiative de l’UA visant à rendre progressivement transversale la problématique du genre dans l’architecture de paix et de sécurité. Il a insisté sur le fait qu’il faut traduire dans les actes les engagements pris en faveur des femmes d’Afrique, plaidant notamment pour un environnement protecteur qui va renforcer la sécurité des femmes et leur offrir la justice, dont des services appropriés pour les survivantes des violences sexuelles liées aux conflits. Le Kazakhstan souhaite également voir le respect de l’approche genre dans toutes les composantes de la Force conjointe du G5 Sahel, conformément à la résolution 2391 (2017). Le représentant a relevé que beaucoup reste à faire pour la mise en œuvre des recommandations des Nations Unies relatives à l’inclusion des femmes dans les pourparlers de paix afin de résoudre la crise du Sahel. Les processus de prise de décisions et la vie politique au Sahel doivent comprendre 30% de femmes et 15% des budgets nationaux doivent être alloués au développement et à la consolidation de la paix, dont la promotion de l’égalité des genres.
Le délégué a relevé que le financement des initiatives relatives aux triptyque femmes-paix-sécurité reste insuffisant. Il faut fournir les fonds nécessaires pour veiller à ce que le maintien de la paix et les missions politiques aient suffisamment d’expertise, d’autorité et de capacités en matière de genre. Combler le fossé du financement peut se faire par de plus grandes réformes, a-t-il suggéré, en proposant aussi une meilleure coordination des stratégies au sein du système onusien et une collaboration renforcée avec des partenaires externes. De plus, une meilleure collecte des données et de meilleurs rapports sont tout aussi importants pour le succès de la promotion de l’initiative femme, paix et sécurité. Il faut donc davantage de données nationales ventilées par sexe sur la mise en œuvre des divers engagements.
M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a attiré l’attention sur trois questions d’importance relatives aux femmes, à la paix et à la sécurité au Sahel: les implications sécuritaires des changements climatiques sur les femmes; les défis posés par l’étendue des conflits entre cultivateurs et éleveurs; l’importance de la participation des femmes dans les processus de prise de décisions. Les changements climatiques affectent de manière disproportionnée les femmes au Sahel, que ce soit sur le plan sécuritaire, ou sur celui de la raréfaction des moyens de subsistance. Par ailleurs, a poursuivi la délégation, dans la région du lac Tchad et plus largement au Sahel, femmes et filles sont les premières victimes du conflit entre cultivateurs et éleveurs, exacerbé par les changements climatiques: des veuves sont chassées de leurs terres; des femmes et des filles deviennent vulnérables aux assauts sexuels et à la pression économique. « Ce conflit aurait déjà tué plus de femmes que Boko Haram », a affirmé la représentante. Elle s’est en conclusion prononcée en faveur de l’augmentation du nombre de femmes dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali, où elles ne représentent que 3%, « un chiffre scandaleusement faible ».
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a remercié la Ministre des affaires étrangères de la Suède pour l’impulsion qu’elle a donnée aux travaux du Conseil de sécurité pour qu’il « tourne la page de l’approche compartimentée qu’il a eue jusque-là ». Elle a encouragé des visites plus fréquentes de cette nature. La participation des femmes aux processus de paix et de prise de décisions est essentielle, a-t-elle dit, se disant particulièrement marquée par le message des femmes rencontrées lors de cette visite tripartite notamment leur volonté d’occuper des postes politiques pour être mieux représentées. La question de l’autonomisation économique des femmes et l’exercice de leurs droits sont autant d’éléments à garantir pour permettre aux pays concernés de prospérer. Pour la représentante, le lien entre sécurité et développement est réel et les femmes doivent participer tant à la politique qu’à l’économie de leurs pays.
Le Royaume-Uni envisage de renforcer sa présence dans la région du Sahel, a annoncé la représentante, précisant qu’il s’agit, entre autres, d’aider ces pays à progresser sur le front de l’égalité femmes-hommes. Il s’agit aussi d’aider les déplacés et les réfugiés et de contribuer à l’amélioration des services de planification familiale et des programmes contre les changements climatiques. Face à la déscolarisation de millions d’enfants, due, en partie, aux groupes terroristes, avec un impact disproportionné sur les filles, également victimes des mariages précoces, la représentante a souligné que l’éducation est un domaine prioritaire pour son gouvernement. Le Royaume-Uni contribue activement au Fonds « Education cannot wait ».
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a rappelé que malgré les progrès dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), les femmes sont toujours victimes de l’insécurité qui règne dans plusieurs régions du monde, dont le Sahel. Il a dit placer beaucoup d’espoirs dans la Force conjointe du G5 Sahel et a fermement appuyé la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, s’agissant en particulier de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Si les débats annuels du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité nous permettent de suivre les progrès réalisés dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes, il est nécessaire de tenir compte de la spécificité de chaque situation, a estimé le représentant, soulignant que la responsabilité première de la protection des femmes incombe aux gouvernements.
Mme Nikki R HALEY (États-Unis) a expliqué que tout au long de sa carrière elle a cherché à encourager les femmes à faire entendre leur voix. Reconnaissant que cette approche soit également celle des Nations Unies, elle a rappelé que pour ce qui est de la région du Sahel, le Conseil de sécurité a dit à plusieurs reprises que la seule solution est une approche globale, incluant l’autonomisation des femmes. Lorsque les femmes participent à la consolidation de la paix, les accords comprennent les priorités sociales, a-t-elle souligné. En autonomisant les femmes, on réduit les besoins de maintien de la paix et on promeut le bien-être, l’éducation, la santé, a affirmé la représentante, ajoutant « tous ces facteurs se conjuguent ».
Les États-Unis, a-t-elle poursuivi, sont déterminés à autonomiser les femmes et veillent à ce que l’aide américaine leur bénéficie directement « pour que ces pionnières, ces femmes extraordinaires qui changent le visage de leurs sociétés, puissent s’épanouir ». Les autres investissements américains, par exemple, dans les économies émergentes visent à élargir l’accès des femmes aux capitaux et au microcrédit, a encore expliqué la représentante. S’agissant de la lutte contre l’extrémisme violent, elle a, à son tour, prôné le renforcement de la présence des femmes dans les processus de prise de décisions. « Tous ces efforts sont liés par un fil rouge: autonomiser les femmes conduit à des sociétés plus prospères et plus pacifiques ».
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a attiré l’attention sur le sort des populations au Sahel, dont certaines vivent dans des zones privées des services de base en raison des changements climatiques et de l’insécurité. Relevant que les femmes sont les premières victimes de ces fléaux, il s’est élevé contre l’utilisation de plus en plus fréquente par Boko Haram des femmes pour perpétrer des attentats-suicides ou des attaques terroristes. Pour relever de tels défis, le représentant a rappelé à la communauté internationale la nécessité de redoubler d’efforts dans la mise en œuvre des instruments pertinents que sont le Plan d’action de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur les femmes, la paix et la sécurité, la Force conjointe du G5 Sahel, la Vision 2020 de la CEDEAO, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
M. YAO SHAOJUN (Chine)a salué la visite conjointe ONU-Union africaine-Suède au Sahel, une région qui connaît de nombreux défis politiques et économiques avec un impact négatif sur la paix et la sécurité. Le représentant a mis en avant le rôle des organisations régionales et les processus nationaux qu’il faut aider, en tenant compte de l’opinion des femmes. La communauté internationale doit aussi investir dans le renforcement des capacités antiterroristes nationales. Après s’être félicité du plan de suivi de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, le représentant a insisté sur la coopération de la communauté internationale avec les mécanismes régionaux et infrarégionaux ». Il faut, s’est-il expliqué, respecter la souveraineté de l’Afrique et l’aider à gérer ses crises, par un soutien à la Force conjointe G5 Sahel. C’est ce que fait la Chine, a conclu le représentant.
Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a assuré que de nombreux pays d’Afrique ont pris des mesures pour développer des plans nationaux relatifs à la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité. Pour l’Éthiopie, la protection des femmes du Sahel passe par la gestion des causes profondes des conflits. La déléguée a donc proposé la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et des actions pour faire face aux impacts négatifs des changements climatiques. Elle a salué le Plan des Nations Unies pour le soutien au Sahel lancé récemment à Nouakchott, arguant que cette évolution, couplée au G5 Sahel, et à la Stratégie intégrée des Nations Unies pourra produire des résultats durables, y compris l’amélioration de la vie des plus vulnérables, dont les femmes et les enfants.
Mme Guadey a salué la coopération entre l’ONU et l’UA, laquelle s’est manifestée à travers la visite conjointe au Sahel. Elle a estimé que cette collaboration pourrait par exemple être axée sur la participation active des femmes et groupes de femmes aux processus de paix, à la prévention des conflits et à la protection des droits de la femme en temps de conflit ou dans les situations post conflit. Selon elle, il faudrait explorer la possibilité de mener ce genre de visite conjointe dans d’autres régions d’Afrique affectées par des conflits et qui font partie du programme de travail du Conseil de sécurité. Mme Guadey a également proposé la possibilité d’utiliser les bons offices de l’Envoyée spéciale du Président de la Commission de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité, afin de faire avancer cette problématique au niveau du continent.
Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a relevé que la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) continue de se heurter à des difficultés, comme en témoigne la situation au Sahel, région où les femmes sont vulnérables aux problèmes d’insécurité posés par les organisations terroristes et la criminalité transnationale organisée. Dans le bassin du lac Tchad, les « pratiques » de Boko Haram sont « intolérables » et doivent être punies, a tranché la représentante, en apportant son soutien à l’approche holistique privilégiée par la Force conjointe du G5 Sahel. Par ailleurs, au Soudan du Sud, le rôle joué par l’Autorité intergouvernementale du développement (IGAD), dans le cadre du Forum de revitalisation a permis de donner aux femmes de la société civile un rôle dans le processus de paix en cours. Tant que celles-ci ne seront pas des acteurs de premier plan dans ces processus, la paix ne sera pas garantie, a prévenu la délégation.
Également au nom de l’Allemagne, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que la visite conjointe de la Vice-Secrétaire générale et de l’Envoyée spéciale de l’Union africaine est un exemple concret de la mise en œuvre de l’agenda « femmes, paix et sécurité ». Seule une action combinée sur les plans politiques, sécuritaire, du développement et des droits des femmes est à même de favoriser une stabilisation durable du Sahel, a estimé le représentant, ajoutant que la France et l’Allemagne sont résolument engagées en faveur de la paix et la sécurité dans cette région. À cet égard, il a évoqué l’engagement de la France à travers son rôle de médiation internationale, aux côtés de la MINUSMA, en soutien à la mise en œuvre de l’Accord de paix au Mali. Sur le plan sécuritaire, le représentant a rappelé le déploiement de l’opération Barkhane ainsi que le soutien apporté à la montée en puissance de la Force conjointe G5 Sahel. De son côté, l’Allemagne apporte une forte contribution à la MINUSMA et une aide au développement et humanitaire. Cet engagement pour la paix et la sécurité au Sahel est essentiel pour lutter efficacement contre les violences auxquelles les femmes sont trop souvent exposées dans la région, a expliqué M. Delattre.
L’Alliance pour le Sahel, qui a été lancée en juillet 2017 par la France et l’Allemagne, en partenariat avec les principaux bailleurs de fonds et les pays de la région, entend favoriser une aide plus rapide, plus coordonnée et mieux ciblée en faveur des groupes défavorisés, y compris les femmes. Le représentant a précisé que cette Alliance s’inscrit dans le cadre plus général fixé par la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Le représentant a reconnu que la participation des femmes aux processus de paix dans la région « reste encore insuffisante ». Au Mali, par exemple, la résolution durable de la crise dépend d’une implication de l’ensemble de la société malienne, notamment des femmes, qui doivent être impliquées au sein du Gouvernement mais aussi du Parlement et au niveau local. Elles doivent participer à la mise en œuvre de l’Accord de paix.
La France et l’Allemagne soutiennent l’initiative prise par l’Union africaine d’établir un Réseau de femmes leaders africaines et encouragent tous les États Membres à s’associer à cette initiative, par exemple en devenant membre du Groupe des Amis de ce Réseau, qui est coprésidé par le Ghana et l’Allemagne. La France et l’Allemagne saluent également l’engagement de l’Organisation internationale de la Francophonie et ses efforts pour soutenir les initiatives des femmes francophones, a conclu le représentant.
M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a indiqué que les nouveaux défis sécuritaires tels que la montée du terrorisme, l’extrémisme violent, la radicalisation et les changements climatiques ont un impact négatif sur la capacité des femmes à jouer pleinement leur rôle dans le domaine de la paix et de la sécurité. Il a rappelé que face aux défis des femmes du Sahel, le Conseil de sécurité avait adopté la résolution 2349 (2017) qui intègre la triple dimension sécuritaire, humanitaire et de développement à long terme, s’attaquant aux causes profondes de la crise que sont, notamment, la pauvreté, le sous-développement, les inégalités ou encore la détérioration de l’environnement. Il a aussi salué le lancement par les Nations Unies, depuis le 30 juin 2018, d’un plan d’appui intitulé « Sahel, terre d’opportunités », en vue de promouvoir une paix durable et une croissance inclusive dans la région du Sahel, ainsi que pour autonomiser les femmes et les jeunes.
Au plan sous-régional, M. Djédjé a rappelé que le triptyque « femmes, paix et sécurité » bénéficie d’une attention particulière du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel qui travaille en étroite collaboration avec la CEDEAO, notamment sur la promotion de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et des résolutions subséquentes. Il a également plaidé pour que les pays du bassin du lac Tchad et la communauté internationale veillent à la protection des femmes qui demeurent le plus souvent les premières victimes des conflits. Dans cet élan, ils doivent garantir leur participation dans tous les efforts de consolidation de la paix, étant entendu que la participation des femmes aux processus de paix permet d’en garantir la pérennité et l’inclusivité. La Côte d’Ivoire salue également la création du Réseau des femmes leaders africaines en 2017, une structure qui vise à accroître la contribution des femmes à la stabilisation sur le continent, dans l’optique de la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des objectifs de développement durable.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué le fait que les femmes constituent 22% des effectifs des Casques bleus de la MINUSMA. Il a condamné les opérations criminelles de Boko Haram et de Daech au Sahel, dont les femmes sont les premières victimes. Le représentant a apporté son soutien à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, qui fait de la participation des femmes aux processus de paix et électoraux une priorité de son mandat. Il a estimé qu’il y a une chance de rétablir la paix dans la région, et qu’elle passe par une synergie entre l’Union africaine et l’ONU.
M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et de mobiliser plus de ressources en sa faveur. Le représentant a en outre estimé que la résolution 2349 (2017) sur le bassin du lac Tchad représente un pas important vers l’inclusion des femmes dans la paix et la sécurité de la région ainsi que l’Appel à agir, adopté lors de la Conférence de haut niveau sur les femmes, la violence et le terrorisme en Afrique, organisée à Dakar en avril 2018. Le représentant a encouragé les Nations Unies et le Conseil de sécurité, en particulier, à promouvoir le rôle des femmes en tant qu’agents du changement. Il a d’ailleurs appelé à l’évaluation régulière du « cadre normatif » mis en place par le Conseil de sécurité, au cours de ces 18 derniers mois. Il a insisté sur des mesures visant à favoriser la participation des femmes aux élections démocratiques, aux processus de prise de décisions et aux négociations de paix. La dimension « genre » et la participation des femmes doivent être dûment incluses dans les mécanismes d’alerte rapide, de médiation et de règlement de conflits, a insisté le représentant.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la coopération internationale et de la diaspora du Tchad, a souligné que la visite de terrain dans une région où se concentrent des réfugiés et des déplacés internes -en majorité des femmes et des enfants- a permis à la délégation conjointe ONU-UA de toucher du doigt les conséquences dramatiques de l’effet conjugué des attaques terroristes et des changements climatiques sur les populations vulnérables. Les conflits et crises autour du Tchad ont entraîné notamment l’afflux de réfugiés et de déplacés estimés à plus de 700 000 sur l’ensemble du territoire, a-t-il indiqué, en notant que « des femmes courageuses avec un esprit de résilience et une forte détermination bravent chaque jour tous les obstacles pour assurer la survie de leur famille ».
Conscient du rôle et de la place des femmes dans le processus de développement et dans la gestion des crises, le Gouvernement tchadien, a affirmé le Ministre, a entrepris d’importantes réformes pour éliminer d’ici à 2030 toutes les inégalités, les discriminations et les violences basées sur le genre. Le Gouvernement met un accent particulier sur l’éducation des filles et l’alphabétisation des adultes sans lesquelles la compréhension de la portée des réformes sera limitée.
Mais les difficultés économiques auxquelles fait face le Tchad limitent ses capacités d’action déjà fortement réduites par les engagements militaires dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad et dans le Sahel. Le Ministre a donc lancé un appel à tous les partenaires au développement dont les Nations Unies pour un changement d’approche en vue de passer de l’aide humanitaire « classique » à des efforts conjugués axés sur le développement durable et la résilience. Il s’est donc félicité de la vision consistant à revoir la Stratégie des Nations Unies pour le Sahel à travers le plan d’appui et souligné la nécessité d’impliquer fortement les pays concernés et de tenir compte de leurs priorités.
Après des décennies d’assistance humanitaire et au développement, s’est expliqué le Ministre, « nous sommes au regret de constater que les résultats en termes d’impact sur les populations civiles sont très loin des attentes ». Il a donc annoncé que, tirant les leçons du passé, le Tchad entend désormais évaluer l’action des partenariats au développement par des résultats concrets et quantifiables en termes d’amélioration des conditions de vie des populations. Le Ministre a espéré que la visite de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU ouvrira « une nouvelle page dans notre partenariat ».
Reprenant la parole, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a salué la réaction encourageante des membres du Conseil de sécurité à la visite conjointe qu’elle a menée avec l’Union africaine et la Suède. S’adressant au Ministre tchadien, elle a reconnu l’importance de remanier la Stratégie intégrée, un élément qui ne saurait être sous-estimé. Elle a insisté sur une action conjointe assortie d’investissements suffisants. Il s’agit en effet d’intervenir dans des pays fragilisés et de se retrouver parfois dans une situation où il n’y a qu’une clinique débordée. Le Plan en 8 points pour le Niger, a rappelé la Vice-Secrétaire générale, était suffisamment financé mais le pays a dû gérer la crise créée par Boko Haram qui, il faut le reconnaître, « devient une alternative à ce que les gouvernements n’arrivent pas à offrir à leur peuple ». Il faut absolument inverser cette tendance, a prévenu la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, qui a appelé à soutenir l’Initiative pour le bassin du lac Tchad et le Réseau des femmes leaders africaines. Il faut agir maintenant, a pressé la Vice-Secrétaire générale, confiante que la réforme du système des Nations Unies pour le développement mènera à une meilleure cohésion des efforts. Le cadre Union africaine-Nations Unies pour la paix, la sécurité et le développement s’inscrit précisément dans cette optique, a-t-elle souligné.
À son tour, l’Envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes, la paix et la sécurité s’est faite l’écho des préoccupations des Sud-Soudanaises qui veulent faire partie du processus de paix et des mécanismes nationaux de gouvernance. Mon bureau, a-t-elle indiqué, soutient actuellement 22 plans nationaux. Il faudrait qu’au moins la moitié des pays africains se dotent d’un tel plan à l’avenir et que leur mise en œuvre soit évaluée à l’échelle du continent.