En cours au Siège de l'ONU

8301e séance – matin
CS/13403

La Commission de consolidation de la paix veut aligner son action sur les activités du Conseil de sécurité pour plus d’efficacité

Le Conseil de sécurité de l’ONU a suivi aujourd’hui un compte rendu sur le rapport* annuel de la onzième session de la Commission de consolidation de la paix (CCP), tenue du 1er janvier au 31 décembre 2017, qui a mis en exergue la qualité de l’interaction entre la CCP et le Conseil de sécurité, indispensable pour la pérennisation de la paix et pour renforcer les actions des Nations Unies en ce sens.

Il est nécessaire « d’aligner l’action » de la Commission sur les « activités » du Conseil, a insisté son ancien Président, M. Cho Tae-yul, tandis que l’actuel Président, M. Ion Jinga, a souligné le rôle consultatif de la CCP illustré dans la « qualité de l’interaction et de la dynamique » avec le Conseil de sécurité.  Il a aussi indiqué que la priorité sera accordée à la région du Sahel.

Les deux intervenants faisaient le point après l’adoption, il y a deux ans, puis le 26 avril** dernier, de résolutions identiques, à la fois par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, promouvant le concept de pérennisation de la paix, dans le contexte des réformes globales engagées par le Secrétaire général.  Ils ont relevé, à cet égard, l’élan politique accru pour améliorer l'activité de la Commission.

Au cours de cette séance, les deux responsables se sont employés à souligner les enjeux et perspectives de cet organe, soulignant que la pérennisation de la paix constitue une tâche et une responsabilité partagées.

De fait, a fait observer la représentante de la Guinée équatoriale, qui s’exprimait également au nom de l’Éthiopie et de la Côte d’Ivoire, « l’appui à la souveraineté des États est la pierre angulaire de la consolidation de la paix, afin de renforcer leur résilience et soutenir leur développement durable ». Pour elle, il faut faire le lien entre diverses activités de l’ONU, et garantir la coordination institutionnelle et opérationnelle au sein de l’Organisation, en veillant à y garantir une place de choix pour la consolidation de la paix.  Il s’agit là d’une des exigences de la réforme engagée par le Secrétaire général et que soutiennent les pays africains, a-t-elle rappelé.

À noter que le rapport examiné, qui a d’ores et déjà fait l’objet d’une présentation devant l’Assemblée générale en mai dernier, a été établi en application de résolutions identiques concernant l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU, par lesquelles l’Assemblée et le Conseil ont engagé la CCP à réviser son règlement intérieur provisoire par l’intermédiaire de son comité d’organisation et à envisager la possibilité de diversifier ses méthodes de travail pour accroître l’efficience et la souplesse de son action au service de la consolidation et de la pérennisation de la paix.

Pour MM. Cho Tae-yul et Ion Jinga, le renforcement de la coopération avec le Conseil de sécurité, permet réellement de promouvoir la pérennisation de la paix.  Ils ont illustré leur propos en citant les pays inscrits à l’ordre du jour des deux organes.

Aujourd’hui, outre les six pays dont elle est saisie (Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, République centrafricaine, Sierra Leone), la CCP est déployée de façon flexible dans de nouveaux États tels que la Gambie et les Îles Salomon, ou encore la Sri Lanka et la Colombie.  La Commission s’intéresse en outre à la situation qui prévaut dans les régions du Sahel, des Grands Lacs et dans le bassin du lac Tchad.  Elle a également inscrit à son ordre du jour des questions thématiques portant notamment sur la prise en main du programme par le pays, l’égalité des sexes, la jeunesse, le financement et la mise en place d’institutions.

Le Président actuel de la CCP a promis un travail en synergie dans le cadre d’une démarche globale pour faire face à la menace multidimensionnelle qui entrave la consolidation de la paix.

Il a annoncé que la Commission réunira dès l’automne prochain les États Membres de l’ONU, de hauts représentants des Nations Unies, les pays de la région, les institutions financières et la société civile, dans le cadre de partenariats fructueux, l’objectif étant d’examiner des voies nouvelles pour consolider la paix.

* S/2018/83

** CS/13319

CONSOLIDATION ET LA PÉRENNISATION DE LA PAIX

Déclarations

M. CHO TAE-YUL, qui est intervenu en sa qualité d’ancien Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), est revenu sur les réalisations de la Commission en 2017.  Il a mis en exergue l’action de celle-ci grâce à l’élan imprimé à travers l’adoption des résolutions identiques du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ce qui a contribué, a-t-il dit, à améliorer son travail.  Il s’est à cet égard félicité que le Conseil ait reconnu l’importance du rôle fédérateur de la CCP, saluant, dans ce contexte, la qualité de l’interaction et de la dynamique entre les deux organes.  Ce renforcement de la coopération avec le Conseil de sécurité est illustré en particulier s’agissant des pays inscrits à l’ordre du jour des deux organes, comme le Burundi ou le Libéria.  À la demande du Conseil, la CCP a également discuté de la situation dans la région du Sahel, a-t-il rappelé.  Il a mentionné le renforcement des partenariats de la Commission avec d’autres acteurs clefs, tels que la Banque mondiale ou encore l’Union africaine.  Un financement adéquat des efforts de consolidation de la paix requiert des partenariats forts et une cohérence des flux financiers, a-t-il fait observer, en appelant à un financement accru du Fonds pour la consolidation de la paix.

L’ancien Président a insisté sur la flexibilité des méthodes de la CCP, celle-ci ayant élargi son travail au-delà des formations pays pour porter notamment assistance à la Gambie à un moment critique de sa transition.  La CCP a ainsi délibéré pour la première fois de la situation dans les Îles Salomon, en Colombie et au Sri Lanka à la demande de ces pays.  Enfin, il s’est dit encouragé par le fort soutien politique et moral apporté aux pays en transition inscrits à l’ordre du jour de la CCP et a appelé à la poursuite de ce soutien.  Il a conclu en émettant quelques observations pour permettre une plus étroite action entre le Conseil de sécurité et la CCP, estimant nécessaire d’aligner l’action de celle-ci avec les activités du Conseil.  De même, il a préconisé à ces organes de travailler de concert notamment avant et pendant les transitions des opérations de maintien de la paix.

M. ION JINGA, Président de la Commission de consolidation de la paix, a salué le processus d’examen du dispositif de consolidation de la paix qui vise à améliorer la souplesse et la réactivité de la CCP.  Durant son mandat, il a l’intention de poursuivre sur cette voie, a-t-il dit.  Il a prédit que 2018 serait une autre année remarquable pour la Commission, qui appuie activement les efforts pour consolider et pérenniser la paix.  « Notre action s’inscrit dans l’objectif de renforcer les actions des Nations Unies. »  La priorité sera accordée à la région du Sahel, a-t-il annoncé, rappelant à cet égard que le Conseil avait souligné l’importance de la Commission dans les efforts de consolidation de paix dans la région, dans l’objectif de promouvoir la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  La sixième réunion de la plateforme de coordination pour le Sahel, en mars dernier, a insisté sur un travail en synergie ainsi que sur une démarche holistique pour faire face à la menace multidimensionnelle qui pèse sur la région.

La Commission, a poursuivi M. Jinga, réunira dès l’automne prochain les États Membres, de hauts représentants des Nations Unies, les pays de la région, les institutions financières et la société civile, avec pour objectif d’examiner des voies nouvelles pour consolider la paix, et ce, dans le cadre de la stratégie de l’ONU qui sera présentée en juillet prochain.  Le Président de la CCP a insisté, à cet égard, sur l’appropriation nationale et la participation des jeunes et des femmes dans la résolution des conflits.  « Les partenariats ont toujours été une priorité pour la CCP et nous pouvons imaginer une telle démarche avec le secteur privé qui peut contribuer, pour sa part, aux efforts de paix. »  Pour finir, M. Jinga s’est félicité que la CCP continue de renforcer la synergie avec le Fonds pour la consolidation de la paix.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale), s’exprimant également au nom de l’Éthiopie et de la Côte d’Ivoire, a affirmé que l’appui à la souveraineté des États est la pierre angulaire de la consolidation de la paix, afin de renforcer leur résilience et soutenir leur développement durable.  Elle a aussi noté que la prévention des conflits doit être une priorité et non une option, avant d’insister sur le fait que la paix et sécurité, le développement et le respect des droits de l’homme sont intimement liés.  C’est pourquoi il faut faire le lien entre diverses activités de l’ONU, et garantir la coordination institutionnelle et opérationnelle au sein de l’Organisation, a-t-elle plaidé, ajoutant qu’il fallait aussi veiller à y garantir une place de choix pour la consolidation de la paix.  La déléguée a rappelé qu’il s’agit là d’une des exigences de la réforme engagée par le Secrétaire général, et que soutiennent les pays africains.

La représentante a aussi souligné l’importance du Fonds pour la consolidation de la paix, notamment dans le cadre de la réalisation d’activités de développement dans les pays sortant de conflit.  De même, la mise en œuvre du Fonds pour la consolidation de la paix de l’Union africaine (UA) atteste de l’engagement de l’UA pour la paix.  Toutefois, étant donné la complexité des conflits actuels, il est important de passer par une collaboration à l’échelle mondiale, a fait observer la représentante.  Il faut aussi renforcer la collaboration avec les parties intéressées, notamment les organisations régionales et sous-régionales, les institutions financières internationales et d’autres partenaires clefs.  Elle a aussi salué le travail de la CCP en Afrique de l’Ouest et dans la région des Grands Lacs, proposant des initiatives similaires pour d’autres régions du continent qui en ont besoin.  Elle a ainsi rappelé que l’Afrique centrale accueille deux missions de maintien de la paix, et que cette région a également besoin du même niveau d’attention que les autres du continent.   

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