Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient appelle à appuyer les infrastructures de Gaza pour éviter une nouvelle guerre
Huit jours après avoir fait le point sur les affrontements mortels à Gaza, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov, a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à mettre en œuvre d’urgence des projets clefs pour appuyer les infrastructures de Gaza, atténuer les souffrances de la population et éviter ainsi une nouvelle guerre.
Intervenant par visioconférence depuis Jérusalem, M. Mladenov a averti que les infrastructures à Gaza sont sur le point de s’effondrer, notamment en ce qui concerne l’électricité, l’approvisionnement en eau et les soins de santé. Si l’on ne met pas immédiatement en œuvre, dans les 6 à 12 mois, un ensemble de projets modestes, réalisables, et qui plus est, déjà approuvés par les parties prenantes, et parfois même déjà financés, l’on s’expose au risque d’une crise humanitaire amplifiée, avec de moins en moins de moyens pour y faire face.
Le Coordonnateur spécial s’est engagé à agir sur quatre fronts: accorder la priorité aux projets identifiés par le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens; adopter une procédure rapide de mise en œuvre; renforcer la coordination avec l’Autorité palestinienne, Israël et l’Égypte pour surmonter tout obstacle politique, administratif et logistique; exiger le respect du cessez-le-feu conclu en 2014 et que toutes les factions de Gaza s’abstiennent d’accumuler des armes illégales et de toute activité militante.
« Si nous agissons présentement, les possibilités d’une confrontation armée et d’un autre conflit dévastateur seront amoindries », a souligné M. Mladenov.
« Nous créerons par là même les conditions pour assouplir les restrictions de mouvements et d’accès, préserverons les liens qui s’effilochent entre Gaza et la Cisjordanie et appuierons les efforts de réconciliation de l’Égypte. Qui plus est, nous donnerons aux Gazaouis la bouffée d’air dont ils ont tant besoin. »
Le Coordonnateur spécial a précisé être en pourparlers avec les principales parties prenantes pour faire avancer cette stratégie. À cet égard, il a salué la décision du Président égyptien, M. Abdel Fattah Al Sisi, de maintenir le point de passage de Rafah ouvert pendant le mois du Ramadan. Il a aussi reconnu les efforts déployés par Israël pour assurer la livraison d’articles vers Gaza, et ce, en dépit des dommages causés au point de passage de Kerem Shalom, pour ensuite saluer la décision du Gouvernement palestinien de fournir des articles médicaux et des médecins à Gaza après les événements tragiques du 14 mai.
Soulignant que ces derniers évènements viennent rappeler la rapidité avec laquelle la violence peut se propager à Gaza, M. Mladenov a appelé une nouvelle fois à condamner dans les termes les plus forts les actions qui ont provoqué tant de pertes en vies humaines à Gaza.
Israël, a-t-il souligné, ne doit utiliser la force létale qu’en dernier recours. Et Hamas ne doit pas se servir des manifestations pour dissimuler des tentatives de provocation et placer des bombes le long du barbelé, ni cacher ses militants parmi la foule. Conscient du fait que les manifestations risquent de se poursuivre pendant le mois de juin, il a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue.
« Les membres du Conseil de sécurité parlent souvent de la nécessité de prévenir la guerre et le Secrétaire général a placé la diplomatie préventive au cœur de son agenda. Le moment est à présent venu de transformer nos paroles en actes à Gaza », a-t-il affirmé.
Au cours de son intervention, M. Mladenov a par ailleurs réitéré la position de l’ONU concernant Jérusalem, à savoir que le statut final de la Ville sainte devra être examiné par les parties à travers des négociations.
Le Coordonnateur spécial a préconisé d’adopter une approche unifiée pour modifier la situation actuelle sur le terrain à Gaza, tout en soulignant qu’il revient en premier lieu aux dirigeants de toutes les parties impliquées dans le conflit de faire preuve de la volonté politique et de la détermination nécessaires pour réaliser de véritables progrès.
« Gaza fait partie intégrante d’un plus grand puzzle et le succès de toute initiative à Gaza est lié à un horizon politique crédible qui unisse tous les Palestiniens », a-t-il conclu.
En même temps, a souligné M. Mladenov, « nous ne pouvons pas ignorer la Cisjordanie, où les activités de peuplement se poursuivent et où la situation reste précaire ». À cet égard, a-t-il estimé, le Quatuor pour le Moyen-Orient demeure essentiel pour débattre des perspectives de résolution du conflit.
Seul membre du Conseil de sécurité à prendre la parole, le Kazakhstan, par la voix de son Ministre délégué des affaires étrangères, a déclaré que la reprise immédiate des négociations et la mise en œuvre des accords permettront de résoudre le problème du manque de confiance, tout en facilitant l’ouverture d’un dialogue plus ouvert entre les deux parties. Il faut donc identifier des principes mutuellement acceptables pour faire avancer le processus de paix israélo-palestinien, a souligné M. Galymzhan Koishybayev, qui a par ailleurs estimé que les discours antisémites sont inacceptables et ne servent en rien les intérêts du peuple palestinien.
Le Ministre a également insisté sur l’importance de l’unité interpalestinienne, plaidant pour l’édification d’institutions palestiniennes fortes, la promotion des réformes des secteurs de sécurité et judiciaire et la promulgation de nouvelles lois afin de renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance. Il a aussi souligné l’importance de soutenir l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), et a promis de verser une contribution supplémentaire de 50 000 dollars à l’Office.